Qui dit nouvelle année, dit changement ! Et quel plus grand changement pour Hermès que de retourner vivre dans la maison des Gamma ? Lui qui y avait passé ses 2 premières années, avant de décidé de la quitter pour se prendre un appartement avec d’autres étudiants. Et Dieu sait s’il avait adoré ces moments-là. Il avait passé de très bons moments avec ses colocataires, il ne le reniera jamais. Alors pourquoi revenir à la Confrérie ? La raison est simple : son appartement lui coûtait trop cher, et ses rapports avec ses colocataires s’étaient détériorés ces derniers temps. Il faut dire que coucher avec l’une d’elle, alors qu’elle sort avec l’autre mec de l’appart’, c’est pas une très bonne idée. Hermès le savait, mais que voulez-vous, elle était vraiment trop sexy, aussi, il avait été incapable de lui résister. L’avait-il seulement voulu ? Pas vraiment, en fait, car pour être honnête, cela faisait des mois qu’il avait envie de la mettre dans son lit. Il ne supportait pas les regards suffisants de son colocataire lorsqu’il la prenait dans les bras, l’air de dire : « Hey, toi, t’es même pas capable de te faire une fille comme ça ! » Autant dire qu’il l’avait défié... Et qu’il avait perdu... Une bonne quinzaine de fois, en fait, si on veut être un brin plus précis.... Mais là n’est pas le sujet, le Gamma était à présent de retour à la Confrérie, et cela lui faisait du bien. Il s’y était bien amusé ses deux premières années, et savait que ses comparses allaient encore le faire mourir de rire, et organiser des soirées encore plus débiles... Et là, il n’aurait pas à prendre sa voiture pour s’y rendre, il serait directement sur place ! De même s’il voulait aller à une fête d’une autre Confrérie... Ouais, c’était le bon plan !

Hermès avait passé sa matinée à sortir ses multiples cartons de sa voiture, pour les amener dans ce qui serait sa chambre au cours de cette nouvelle année. Certains de ses comparses, les plus anciens, bien entendu, lui avaient filé un coup de main. C’est également à cause de ça qu’il avait mit autant de temps, parce que les étudiants avaient passé plus de temps à bavarder qu’à amener les cartons, en fait... Mais qu’importe, cela avait distrait Hermès !

A présent, il était seul, n’ayant plus qu’un seul carton dans sa voiture. De ce fait, il avait laissé ses comparses partir, ne voulant les embêter plus longtemps. Alors qu’il allait prendre son dernier carton, son téléphone sonna. Agacé, il attrapa son mobile, et fut contraint de répondre en voyant qu’il s’agissait d’un appel de ses parents. Cela faisait pas mal de temps qu’il ne les avait contacté, et il savait que sa mère allait s’inquiéter s’il ne prenait pas l’appel. Il mit donc son kit main libre, afin de pouvoir monter son carton sans souci. C’est donc tout en parlant qu’il entra dans le bâtiment, en faisant attention à ne croiser personne. Il poussa un soupir en commençant à monter les escaliers, regrettant presque d’être à présent en 5ème année, et de ne plus pouvoir être au 1er étage. Mais son regret ne dura pas longtemps, car il avait à présent droit à un petit appartement plutôt sympa, donc, il ne pouvait pas vraiment se plaindre !

Il rassura sa mère sur son état de santé, lui promettant de passer la voir au plus vite. Il n’avait été en Angleterre que 3 semaines, en juillet, et était retourné en Amérique par la suite, y ayant trouver un petit job d’été. Et sa mère estimait visiblement qu’avoir passé 3 semaines avec son fils n’était pas assez pour elle...

Il était au milieu de l’escalier qui menait au 2ème étage lorsqu’il rentra dans quelqu’un. Pas de manière violente, car il était en train de marcher. Toutefois, cela suffit à l’énerver, et à lui faire pousser un gros :

« Merde quoi ! Nan, m’man, c’est pas à toi que j’parle ! »

Il grimaça, tout en voyant dans qui il venait de rentrer : Nicolaï, un Gamma, d’origine russe également, avec qui ils avaient prit un très mauvais départ, et depuis, le duo n’avaient de cesse d’essayer de déterminer qui était le plus intelligent. Enfin, c’était bien entendu plus du fait d’Herm’, qui détestait rencontrer des gens aussi brillants que lui...

« M’man, faut que je te laisse, je te rappel plus tard ! »

Lorsque sa mère eut raccroché, il foudroya Nicolaï du regard.

« Quel plaisir de te voir ici, Nicolaï ! T’es encore venu aider un élève en lui racontant des sornettes plus grosses que toi, ou tu viens juste emmerder ton monde ? »

Il arqua un sourcil, le carton toujours dans les bras, et son kit main libre toujours dans l’oreille. Oui, il était puéril de détester autant des gens aussi brillants que lui, alors qu’il pourrait au contraire s’en faire des amis. Mais il avait passé son enfance entouré d’idiots, qui n’avaient eu de cesse d’admirer son intelligence, tant et si bien qu’il en avait développé un énorme égo... Car il ne fait aucun doute que les deux étudiants pourraient être amis, si Hermès cessait de se montrer si désagréable avec lui. Mais ça n’est pas prêt d’arriver, il n’est pas prêt de changer d’attitude...

C’était dans des jours comme ça que l’anglais détestait sa confrérie. Autant, il y avait des personnes qu’il appréciait, avec qui il pouvait déconner n’importe quand, à n’importe quel sujet, et ce, même si c’était la première fois qu’ils se voyaient. Autant il y en avait qu’il... méprisait.... Ca, vous me direz, c’est comme dans la vie, n’importe où, on rencontre des personnes, on les apprécie ou on les déteste, mais on fait avec. Hors, là, ce qui agaçait l’anglais, c’était que ce soit un autre Gamma. Quelqu’un qu’il était amené à voir souvent... Même si, fort heureusement, ils ne se voyaient pas si souvent que cela, car le campus était grand, et la confrérie également. De surcroît, ils ne fréquentaient pas forcément les mêmes étudiants, ni les mêmes Gamma... En dépit de cela, Hermès ne pouvait supporter de le voir, même si c’était rare, parce que... C’était bien trop de fois à son goût ! Certes, c’était puéril, mais Hermès était ainsi : élevé au rang de génie par ses parents, toujours considéré comme le meilleur élève de sa classe, et aujourd’hui comme un brillant étudiant en droit, parvenir à se faire à l’idée que des gens puissent lui arriver à la cheville, c’était... Pourtant réaliste, mais inacceptable pour lui...

Evidemment, Nicolaï ne put s’empêcher de lancer une pique à l’anglais, à son tour. Cela lui valu un regard noir d’Hermès, qui avait la soudaine envie de lui balancer son carton sur la tronche pour lui faire ravaler sa petite moue moqueuse. Fort heureusement, il parvint à se retenir... Au lieu de quoi, il décida de prendre la parole, au lieu des poings :

« Oh, tu sais, ma mère, ça fait des années qu’elle me dit que je suis mal élevé, et ça fait des années que je lui dis que j’en ai rien à foutre, alors... Et si moi je dois regarder où je marche, ça peut s’appliquer à toi aussi ! Dans cette collision, on était deux, il me semble ! »

Oui, sa mère désespérait de savoir que son fils avait un tel comportement. Mais elle avait bien dû s’y faire, après tout, le sale caractère d’Hermès s’était manifesté très tôt... Déjà, en primaire, Herm’ se faisait coller parce qu’il répondait à ses instituteurs, ou qu’il se bagarrait si on l’énervait trop... Pourquoi ? Il ne l’avait jamais vraiment su... Sans doute cette impression de s’ennuyer en cours, de n’être entouré que d’imbéciles... Et oui, on avait finit par s’aperçevoir qu’il avait un QI bien plus élevé que la norme, ça pouvait sans doute expliquer son insolence, et son mauvais caractère. Mais même en l’ayant découvert, Hermès n’avait pas cessé d’être... chiant... Et la mort de son frère n’avait rien arrangé... Mais là n’est pas le sujet, revenons donc à Nicolaï, qui lui faisait remarquer qu’entre Gamma, se croiser dans leur confrérie était plus que... probable...

« Oui, je sais... Mais bon, t’as pas un appartement en ville ? Alors qu’est-ce que tu viens encore foutre ici ? »

Comment savait-il pour son appartement ? Oh, il était observateur, et écoutait les conversations, lorsqu’il était à la confrérie, et que ses oreilles traînaient. Même sans le vouloir, en fait... Il pouvait lire avec attention un bouquin, et écouter une discutions, voir même l’entretenir... Il trouvait cela particulièrement absurde d’avoir deux logements, à moins que ça ne soit un peu de jalousie qui s’exprime à travers cette remarque, car il ne pouvait se permettre d’en faire de même... Oui, Hermès enviait les gens qui pouvaient utiliser leur argent comme bon leur semblait, lui qui ne pouvait le faire. Il les enviait, tout comme il les méprisait, car c’était un fils de riche, de très riche, qui avait tué son frère...

L’altercation avait visiblement attirer quelques étudiants, car certains observaient la scène. Pourtant, le ton n’avait pas monté. C’était sans doute l’écho des voix agacés qui les avaient attiré, à moins que certains n’aient envie d’aller dans les escaliers, qui était pour l’instant... Bloqué...

« Je crois que certains de nos confréres aimeraient emprunter les escaliers », fit-il remarquer en se collant contre le mur pour les laisse passer, sachant que Nicolaï ne se déplacerait pas pour le laisser monter si facilement. « Alors, sois gentil, bouges-toi, qu’ils puissent passer ! Et estimes-toi heureux, je te laisse m’incendier encore un peu ! J’suis trop gentil, je sais, me remercie pas ! »

En fait, c’était surtout qu’il n’avait pas envie de forcer le passage. Ca l’ennuyait d’avance... Devoir supporter Nicolaï, c’était déjà bien assez gonflant comme ça, pas la peine d’en rajouter une couche et de prendre le risque que ça dégénère, il n’en valait pas la peine ! Toujours collé contre le mur, Hermès préférait donc observer les étudiants qui prenaient à présent les escaliers, que poser encore son regard sur l’autre imbécile.... D’autant plus qu’une étudiante plutôt pas mal de se trouvait dans le lot ! Alors, entre une jolie fille, ou un mec qui l’énervait, le choix était vite fait pour Herm’ ! Toutefois, rassurez-vous, il la regardait pas comme un pervers, l'anglais n'était pas ce genre ! En fait, il la regardait même d'un air blasé, parce qu'il savait qu'il avait un certain succès auprès des filles en général, et ça avait tendance à l'agacer, à lui faire perdre un peu de l'attrait au jeu de la séduction...

Amusé, Hermès réussit à sourire à la réplique de Nicolaï. Ca n’était pas parce qu’il ne l’appréciait pas que le jeune anglais ne pouvait reconnaître qu’il disposait de bonnes réparties. Toutefois, ça n’était pas suffisant pour parvenir à le faire changer d’avis à son sujet... Oui, le Gamma était parfois borné lorsqu’il s’y mettait, et là, en l’occurrence, il lui faudrait pas mal de choses pour le faire changer d’avis sur lui...

« Ouais, la prochaine fois que tu me croiseras, tu sortiras peut-être ton insecticide, qui sait, ça fonctionnera peut-être sur moi... Pas dis par contre que ça en aille de même avec mon égo, mais bon... »

Un nouveau sourire s’afficha sur le visage d’Hermès. Il avait un énorme égo, il le savait, on lui faisait souvent la remarque. Et à vrai dire, ça le faisait rire. Bien souvent, il soulignait d’ailleurs que lui avait des raisons d’avoir un égo aussi important, contrairement à d’autres idiots qui sont fiers car ils ne savent rien faire, juste parce qu’ils sont riches à millions, ou qu’ils sont populaires... Complètement stupide selon lui ! Toutefois, il est sûr que se retrouver face à Nicolaï qui n’hésitait pas à le remettre en question était fort utile à Hermès, espérons que cela parvienne à lui faire perdre un peu de son immense certitude d’être l’une des plus brillantes personnes qui existent de nos jours...

« Après tout ce temps tu me poses encore la question, tu devrais savoir pourtant que je me languis de toi lorsque nous sommes séparés … Ça va les chevilles ? »

Inutile de dire qu’à ce moment-là, le sourire d’Hermès se fit plus grand. Il secoua la tête, comme s’il avait enfin une réponse à une grande question.

« Ah, enfin tu l’avoues ! C’est pas si compliqué ! Et, de toi à moi », dit-il à voix basse, comme s’il faisait une confidence, « je commençais à avoir des doutes ! Tu craques complètement pour moi, normal !», s'écria-t-il en souriant, se la jouant, une fois de plus, prétencieux, à croire qu'il s'agit là de son leitmotiv... « Et concernant mes chevilles, comme tu peux le voir, elles se portent très bien », ajouta-t-il en lui montrant ses chevilles, « merci de te soucier de leur santé, ça me touche ! »

Oui, souvent, Hermès divague... Mais on l’aime bien quand même, enfin, on essaie, du moins, on n’a pas trop le choix, en fait... Il est parfois bizarre de voir qu’on est devant un génie en herbe, qu’il est aussi super malpoli, et qu’il ne se prend pas, mais vraiment pas, au sérieux... Il retrouva toutefois son visage sérieux lorsque son comparse lui fit savoir qu’il ne semblait pas au fait, concernant la drague...

« Tiens, ça, ça pourrait être marrant, que tu me donnes des leçons ! »

Et le pire, c’est qu’il était sérieux... Ouais, ça pourrait en effet être marrant, de voir comment Nicolaï s’y prenait pour faire craquer les filles, et qui sait, peut-être qu’avec un peu de chance, il pourrait donner des astuces utiles à Hermès, même si celui-ci en doutait fortement.

« Puisque tu sembles bien plus doué que moi, accepterais-tu de me prendre comme jeune padawan, ôh grand maître Jedi de la drague ? »

Oulà, faut croire que le déménagement ne réussissait guère à Hermès, pour qu’il ose lancer une telle chose. Cependant, il savait fort bien que ça n’était que plaisanterie, l’autre Gamma n’allait quand même pas accepter un truc si... Débile, tant l’ironie était présente, nan ? Cependant, par jeu, le regard qu’Hermès lançait à Nicolaï était on ne peut plus sérieux, désireux qu’il était de voir à quel point celui-ci croyait ses méthodes de drague meilleures que les siennes.