Un temps detestable était en train de s'installer sur San Francisco. Cela se voyait aux gros nuages noirs qui se rassemblaient dans le ciel. Le déluge allait s'abattre sur la ville. Bon, ok, j'exagerais peut-être un peu. Mais une chose était certaine, la pluie allait tomber dans la soirée. Même pas peur ! La tempête pouvait bien venir, j'adorais quand le temps était vraiment mauvais, surtout que je regardais un bon film sur l'ordinateur tout en descendant les coktails et les chips.
Ce temps se préparait depuis le matin. J'avais pu suivre son évolution durant la journée. J'avais d'ailleurs passé plus de temps à regarder par les fenêtres des classes plutôt que je prendre des notes. Je ne me faisais pas vraiment de soucis pour mon inatention. J'avais déjà travaillé une bonne partie de ce que les profs auraient pu dire aujourd'hui et en plux j'avais un super cerveau qui enregistrait tout. Il me suffirait de me concentrer un peu pour me souvenir de tout.
A la sortie de mon dernier cours, le temps n'était pas encore trop mauvais. La pluie semblait loin. Je décidais donc de partir en ville pour acheter quelques ingrédients dont je pourrais avoir besoin. Quel bel euphémisme... La vérité était que mon frigidaire était complètement vide. Je n'avais plus rien à manger.
Je pris le volant de ma belle voiture et partis en expedition courses. Je me marrais tout en parcourant les rayons. Mon père aurait été complètement anéanti s'il savait que je faisais moi-même mes achats. Pour lui, les gens de notre classe ne devrait jamais avoir à mettre les pieds dans un lieu tel que le supermarché. Mais je m'amusais follement. Mais j'aimais vraiment enfreindre tous les codes sociaux. Personne n'avait à savoir que mon père était riche. Et puis, il n'était pas connu dans le pays, du moins en Californie, donc personne ne savait ce que signifiait le nom Asher-Grey. J'évoluais donc incognito dans les couloirs de Berkeley. Après avoir ranger mes achats dans la voiture, j'appelais un restaurant pour réserver une table pour le soir même. Comme j'étais un client régulier, j'obtins sans problème ce que je voulais. Je passais donc rapidemment à mon appartement pour déposer mes affaires et changer mon tee-shirt en pull, en prévision du mauvais temps.
Une fois dans l'établissement, je me dirigeais vers le bar. J'avais une très forte résistance à l'alcool, mais je ne consommais qu'un whisky. Je ne voulais pas que l'adrénaline de l'alcool me fasse faire une bétise lorsque je rentrerais chez moi. Je passais du temps à discuter avec le barman, c'était un de mes potes. A force d'écumer les bars de la ville j'avais fini par me faire connaitre auprès d'eux. J'arrivais même à savoir quelques détails personnels sur chacun d'eux. Au moment où je passais à table, les premières gouttes de pluie s'abattaient sur la ville. Je voulais rentrer avant que le déluge ne se soit vraiment trop installer, je commandais donc le plat du jour, m'accordant tout de même un petit plaisir en prenant un tiramisu pour le dessert.
Quand je sortis du restaurant, les quelques gouttes s'étaient multipliés et elles rendaient la visibilité quasiment nulle. Ce n'était pas la pluie mais une tempête, ou du moins cela y ressemblait beaucoup. Mais je voulais à tout pris rentrer alors je ne pris pas en compte le facteur risque et je démarrais ma voiture. Au début, tout allait bien, je roulais lentement pour éviter de faire de l'aquaplanage, je n'avais pas spécialement envie d'abimer ma belle sportive. Les flaques étaient assez volumineuses et partout les voitures étaient garées et les gens en sortaient. Les hotels allaient être pris d'assaut par tous les californiens qui ne voudraient pas prendre de risque. Mais je ne faisais pas parti de ces personnes, je continuais ma route.
Je ne voyais rien. Je ne voyais rien jusqu'à ce qu'une voiture arrive en face de moi. Je vis ses phares lumineux et puis plus rien. Choc frontal. Ma tête partis à tout vitesse en direction du volant, mais l'airbag, remplissant son office se déplia et je me heurtais à de l'air. J'étais sonné, vaguement conscient que je venais d'avoir mon premier accident de voiture depuis que je conduisais et conscient aussi qu'il fallait que je sorte de ma voiture pour aller voir l'autre conducteur. Je ne devais pas être dans mon état normal parce qu'une image de mon jumeau flottait à coté de moi et me conseillait de rester eveiller jusqu'à ce que les secours arrivent. J'allais l'écouter, même si en géneral quand on entends parler les morts c'est qu'il y a un problème...
Je m'approchais de la voiture. Et je vis le conducteur. Inconscient. Comme mort. Je vis défiler dans ma tête tous mes cauchemards, ceux où je vois l'accident de Cameron se produire en direct et où mon frère meurt sans que je ne puisse l'aider. Je ressens la même impuissance face à cet homme. Je ne peux rien faire pour lui. Je vois qu'il respire. Cela me permet de me ressaisir, il faut que je prévienne les secours. Ce que je fais en utilisant mon portable. Et puis, je me laisse glisser contre la carrosserie de l'inconnu. Et je lui parle. Je ne peux rien faire en attendant les ambulances, et il ne peut pas m'entendre puisqu'il est inconscient, mais je parle quand même : "Salut. Je suis Maël, on vient d'avoir un accident. Les secours vont bientôt arriver, je les ai appeler. Tu sais, faut que tu te battes pour ta vie. Mon jumeau a perdu la sienne dans un accident de moto et c'était vraiment moche. J'ai eu du mal à me remettre de ça. Je suis sûr qu'en partant, tu briseras des coeurs. Il faut t'accrocher à la vie. Et si tu vois le bout d'un tunnel ou bien une lumière blanche, faut que tu cours à l'opposé. S'il te plait ne meurt pas." Et je continue de divaguer tout seul. Mais ma voix est flaiblissante, mes paupières se baissent contre mon gré. Je sais que Cameron veut que je reste éveillé, mais si je ferme les yeux juste cinq petites secondes, cela ne peut pas me faire de mal. Dans ma tête un ange et un démon se battent. Ce dernier me dit que je peux dormir tandis que le premier me le déconseille. Je ne sais pas qui écouter. Alors, je me laisse porter par la vague de fatigue qui s'abbat et je ferme définitivement les yeux.
Et soudain retentit la tonalité d'une ambulance. Et je vois à travers mes paupières des lumières bleus et rouges. Je murmure un "Nous sommes sauvés avant de sombrer complètement dans l'inconscience.