Sydney resplendissait aujourd'hui, et pour cause : elle avait la chance d'aller à Paris une nouvelle fois. Pour certains qui, avec ou sans argent, pourraient être blasés de visiter plusieurs fois la capitale française, la jeune femme ne s'en laissait pourtant jamais… elle ne roulait pas sur l'or, s'était habituée à un train de vie faisant en sorte que seule sa garde-robe soit l'objet de ses grosses dépenses et n'avait pour habitude que de fantasmer sur les défilés et les boutiques des grands créateurs français, mondialement connus pour leurs tenues haute couture si originales. Paris est un rêve pour toute fashionista qui se respecte, le creuset de la mode par excellence en dehors de l'Italie… et ce rêve devenait une fois de plus réalité grâce à l'un de ses amis : Maxence.
Fraîchement débarquée à San Francisco, il faut reconnaitre que la vie californienne était assez différente de la vie new-yorkaise… et très vite livrée à elle-même, la belle s'était sentie un peu perdue. Fort heureusement, son job de réceptionniste lui avait permis de croiser la route de ce beau brun, Delta qui plus est. Le courant passa vraiment très vite entre eux, sans doute alimenté par une tension physique on ne peut plus plaisante… il la guida et l'aida à trouver ses marques très rapidement. En contrepartie, la jolie blonde décréta haut et fort que si jamais l'étudiant en médecine avait le moindre besoin administratif, elle se ferait un plaisir de le faire passer bien avant les autres. Un régime de faveur au secrétariat ? Il le valait bien… Sydney adorait donnait des privilèges et en retirer, comme n'importe quelle secrétaire au monde.

Quoiqu'il en soit, ce n'était pas la première fois qu'ils se rendaient en France tous les deux et, pour être honnête, ils y trouvaient tous les deux leur compte : sur un plan plus sérieux, Maxence avait parfois à faire dans la capitale parisienne et Sydney en profitait pour dévaliser les Champs-Elysées ou s'en mettre plein les yeux lors des défilés… mais ce qui les amusaient le plus, c'était de profiter de ce temps libre loin de l'agitation de Berkeley ou de San Francisco pour jouer avec la forte tension qui les animent en permanence. Maxence est un Delta, un homme qui, par définition, prend du bon temps avec les femmes sans chercher pour autant une relation sérieuse à chaque fois. Sydney était dans l'exacte même psychologie avec les hommes… mais pour une raison encore obscure, ils ne couchaient jamais ensemble en Californie. Seul le charme français parvenait à les débrider totalement pour qu'ils se cèdent enfin l'un l'autre sans la moindre inhibition. Ce fait les amusait bien plus que cela les frustrait et Syd' en était même venue à penser que Maxence ne l'amenait pas à Paris uniquement pour ses histoires de mode… et il avait bien raison, si c'était le cas !
Voilà pourquoi elle avait catégorisé le beau brun comme son "french lover", un homme unique dans son carnet d'adresses ou sur son tableau de chasse. Comme quoi, les français n'ont pas que le vin qui soit remarquable. Il y avait aussi de charmants vignerons… Bref. Après avoir déposé leurs affaires pour ce petit week-end à Paris, la miss Khelos avait insisté pour tirer son compagnon en direction des Champs-Elysées, passage obligé à chacune de leurs escales. "Ne tires pas cette tête, je n'en ai pas pour très longtemps…" dit-elle en mettant un pied dans la boutique Dolce & Gabbana. Si Sydney avait été Pinocchio, son nez se serait allongé d'au moins six mètres : elle ne mettait jamais "pas très longtemps" dans une boutique.

Ainsi, environ une bonne heure et demi plus tard, elle ressortait du magasin avec le jeune homme… et vous voulez savoir ce qui est pire ? C'est qu'elle n'avait absolument rien acheté. Avec un sourire, l'égyptienne déposa un baiser sur la joue de Max' en enroulant son bras autour du sien comme elle le faisait avec tout le monde. "Allez, je suis sûre que si je ne venais pas avec toi, tu te contenterais de t'ennuyer comme un rat mort à Paris, mmm…?" Lorsqu'ils furent à nouveau dans la rue, la blondinette leva la tête et aperçut la Tour Eiffel… peu habituée au voyage, autant dire qu'elle faisait une touriste parfaite dans tous les sens du terme. A la différence que devant chaque monument, il fallait absolument qu'elle soit sur la photo, autrement elle ne la trouvait pas formidable… narcissisme, quand tu nous tiens.
Tandis qu'ils déambulaient dans la rue, profitant d'un instant de calme paradoxalement à la foule qui tourbillonnait sans cesse autour d'eux, la jeune femme tourna la tête vers lui avec un petit sourire. "Au fait, tu ne m'as pas dit pourquoi tu devais aller à Paris ? Non pas que je m'en plaigne, je te remercie encore de m'avoir invitée… j'ai toujours l'impression d'être une petite princesse quand je viens ici avec toi…" ajouta-t-elle en donnant du volume à ses cheveux tout en affichant un air profondément arrogant. Depuis le temps, il devait être habitué au caractère si particulier de la future étudiante en mode. "Mais j'imagine que tu as quelques affaires à régler ici, non ? Ou c'est juste pour le plaisir de t'afficher au bras de la plus splendide créature que tu pourras croiser ici ce week-end…?" Et ça continue, quand on aime, on ne compte pas. En attendant sa réponse, elle lui fit un clin d'œil taquin.

Paris. Maxence inspira un grand coup l'air. Il lui semblait qu'il pouvait percevoir la différence de l'air entre San Francisco et Paris. Bien qu'il se sente parfaitement chez lui à Berkeley, Paris avait ce charme des villes natales qui ne peuvent que nous émouvoir et nous rappeler des souvenirs. Pour ressentir cette sensation, et honorer quelques obligations familiales de amicales, Max revient souvent dans la capitale française et cette fois-ci, il avait convié une amie un peu particulière, Sydney. Ils s'étaient rencontrés à BCU quand elle venait de débarquer et il lui avait montré tous les bons coins à connaître qu'on lui avait lui-même montré deux années auparavant. En contre partie, elle lui avait proposé d’accélérer quelques dossiers, de l'aider quand il serait engloutit de paperasse administrative.Ils y trouvaient tous les deux leur compte et s'appréciaient réellement. Néanmoins, quand ils allaient à Paris, cette amitié devenait... étrange. Ils ne pouvaient s'empêcher de finir leurs virées au lit et Maxence se surprenait presque à devenir romantique sur certains aspects. Ainsi, un de ses collègues Beta-Delta n'aurait pas compris ce qu'on avait du Maxence Leo Penrose qui réussissait à draguer toute femme majeure sans limite d'âge, de style, de classe sociale, de confrérie, d'études... Oui, Paris est magique en un certain sens mais il ne faut pas non plus oublier qui est Maxence et, certes, il avait invité Sydney, mais ce n'était pas pour cela qu'il allait la présenter à ses parents.

A peine qu'ils avaient posés leurs valises dans le plus bel hôtel de Paris avec vue sur la tour Eiffel, que Sydney déclara qu'il fallait qu'elle aille faire un tour sur les champs Elysées. Soupirant, Max reposa la bière qu'il s'apprêtait à décapsuler dans le mini bar de l'hôtel et décida de se laisser faire. Après tout, il n'avait rien de prévu aujourd'hui, pourquoi pas passer quelques heures dans un grand magasin ? Max n'en avait aucune envie mais il se laissa conduire docilement.
Ils se retrouvèrent dans un magasin sans que le jeune Parisien n'eut le temps de lire la marque présente dans les rayons. Et pourtant, il eut le temps de regarder toutes les étiquettes du magasin. Une heure et demi plus tard - que Sydney qualifiait aisément de "pas beaucoup" - ils sortirent sans rien n'avoir acheté. Sydney, à sa façon très particulière, s'excusa : "Allez, je suis sûre que si je ne venais pas avec toi, tu te contenterais de t'ennuyer comme un rat mort à Paris, mmm…?" Maxence eut un petit sourire, tourna la tête vers sa compagne du jour et lui répondit d'un air malicieux « Tu crois vraiment qu'il n'y a que toi ici qui puisse me retenir toute une journée ? ». Ils se détournèrent de la tour Eiffel que Max ne regarda même pas, tellement habitué à cette dame de fer qui hantait la capitale française. Il n'était plus du tout admiratif de cette architecture complètement folle et, pour tout dire, il la trouvait plutôt moche. Mais ce n'était pas ce genre de chose que l'on disait à une américaine folle de tous les attributs et symboles de la France !

Au détour d'une rue, elle lui demanda : "Au fait, tu ne m'as pas dit pourquoi tu devais aller à Paris ? Non pas que je m'en plaigne, je te remercie encore de m'avoir invitée… j'ai toujours l'impression d'être une petite princesse quand je viens ici avec toi…". Max rit un petit peu avant de répondre « Tu mérites bien ça. La France t'aime tellement ! », évitant au passage de répondre à la première question, un peu trop personnelle à son goût. « Je ne peux pas me passer de toi, tu le sais bien... » répondit d'un air coquin le jeune homme. Il se pencha vers Sydney et lui susurra dans l'oreille « Et toi non plus apparemment... ». Il se détacha d'elle et fit un sourire en coin, très malicieux.

Allez savoir pourquoi Paris était le seul et unique théâtre des ébats de deux tempéraments de séducteurs en puissance comme l'étaient Maxence et Sydney… de mémoire, elle n'avait jamais eu le moindre souci à draguer ou coucher avec quelqu'un à n'importe quel moment ou dans n'importe quel lieu, même les plus insolites. Surtout, les plus insolites, d'ailleurs. Si l'étudiant en médecine appartenait à la confrérie des Delta, cela signifiait qu'il en allait très certainement de même pour lui… alors pourquoi avaient-ils "besoin" de Paris pour pouvoir se céder mutuellement ? Pendant qu'ils marchaient sur les Champs-Elysées, cette pensée continua de faire sourire l'égyptienne au bras de son compagnon du week-end. La capitale française avait des siècles et des siècles de réputation romantique derrière elle et, bon public pour ce genre de choses, Sydney en concluait que le magnétisme si spécial de cette ville devait très certainement influer sur eux. Il n'était pas question de sentiments, c'était certain… mais une étrange complicité était née entre eux, autant sur le plan physique que moral, donc autant l'entretenir en s'amusant !
Par ailleurs, il faut remarquer que malgré le compte en banque sans doute conséquent du beau brun, jamais la belle ne s'était mis en tête d'en profiter en se servant de ses charmes… Peut-être que cela n'aurait pas marché avec Max, mais bon nombre d'hommes lui cédaient volontiers sur à peu près tout ce qu'elle désirait juste parce qu'elle leur offrait des moments inoubliables dans une chambre… appelez ça de la prostitution si ça vous chante, Sydney préférait y voir un profit maximisé. Quoiqu'il en soit, il faut croire que ses conversations avec Logan portaient leurs fruits : elle n'avait jamais vu son cher "french lover" comme un potentiel pigeon, loin de là. "Bien sûr qu'il n'y a que moi… je suis assez fabuleuse pour éclipser toutes les autres raisons possibles." Est-il nécessaire de préciser que le jour où la belle parviendra enfin à se payer un cursus à Berkeley dans la mode, elle visera certainement la confrérie des Bêta, les homologues féminines des Delta ? Après tout, le rôle de petite reine du campus narcissique au possible lui allait à la perfection, vu son caractère… ce qui n'était pas pour déplaire à beaucoup d'hommes, qu'ils soient ou non de la trempe du jeune homme qu'elle avait à son bras aujourd'hui.

Après avoir donné un peu de mouvement à ses cheveux avec un geste léger de la main, la réceptionniste tourna la tête en direction de Maxence et plissa un peu les yeux. "Oui, c'est vrai… je fais une très bonne ambassadrice californienne." répondit-elle en pensant à ce qu'il lui avait répondu. Toutefois, même si les flatteries avaient toujours l'art et la manière de la distraire assez longtemps pour éviter les questions gênantes, elle était loin d'être aussi idiote qu'elle le laissait entendre : Max n'avait pas répondu à sa question. Qu'à cela ne tienne, elle n'était pas du genre à lâcher l'affaire… elle retentera sa chance à un autre moment. Après tout, Paris les rapprochait très nettement, Sydney était convaincue qu'elle pourrait amener le Delta à se confier un peu à elle si l'envie l'en prenait.
Ses yeux trahirent un instant l'amusement tout particulier qu'elle éprouvait face à l'attitude qu'il avait, la belle ne put d'ailleurs s'empêcher de frissonner de plaisir en l'entendant murmurer à son oreille. "Tu marques un point…" Elle tourna la tête et lui fit un clin d'œil. On parle souvent des français comme des amants ou des romantiques reconnus et jusqu'ici, elle devait reconnaître que le charme de Maxence était loin de laisser les femmes indifférentes. Non pas qu'elle soit du genre à se fier aux origines des gens pour les juger à ce niveau-là, mais elle avait l'impression d'avoir affaire à un homme qui joue sur son terrain, à Paris.

Quoiqu'il en soit, vu son regard, son sourire et les dernières heures passées à le traîner dans les boutiques, Sydney commençait peu à peu à se dire qu'il devait avoir autre chose en tête que des virées shopping. Et à vrai dire, elle aussi. Ca y est, l'aphrodisiaque parisien commençait à mettre ses hormones en ébullition, c'était toujours ainsi que ça commençait. "Toi qui connais bien la ville… quel est l'endroit qui te plait le plus, ici ? Hormis les chambres d'hôtel, bien évidemment…" ajouta-t-elle en lui adressant le sourire le plus provocant qui soit. "Je me disais qu'un type de ton envergure doit avoir quelques coins originaux en tête pour pimenter ses journées ici, je me trompe ?" L'égyptienne adorait les surprises, la nouveauté, la découverte… et ici, en compagnie de Maxence, elle avait à peu près tout ça sans qu'il ait besoin de trop se forcer. Comme on l'a dit, en touriste, on ne fait pas mieux que Sydney.