Un peu de shopping au San Francisco's Mall, un Frappucino à la main et une paire de Jimmy Choo aux pieds, voilà comment Cinnamon Wellingthon voyait sa journée parfaite. D'ailleurs, si elle avait proposé à Judy, sa meilleure amie, de se retrouver au Starbucks pas loin du centre commercial ce n'était pas pour rien. Revenons donc à leur rencontre ou devrais-je dire leur première conversation téléphonique. La jolie blonde stressée avait décidé d'appeler une certaine Judy, une étudiante qui allait devoir lui présenter l'université. Ayant un petit peu peur de se retrouver avec une intello qui ne lui ferait découvrir que la bibliothèque du campus, elle avait en réalité été très contente de tomber sur une jeune femme qui lui ressemblait vraiment. Les seules vraies différences restaient tout d'abord leur couleur de cheveux et ensuite leur confrérie.

C'est donc un sourire aux lèvres qu'elle s'était réveillée ce matin. A noter que son très cher réveil parlant étant cassé. L'étudiante avait donc du mettre son portable sur vibreur et en guise de petite musique, elle avait eu le droit à un vibrement de sa table de chevet à sept heures. Ce n'était peut-être pas glamour mais au moins ça changeait de cette voix stridente criant tous les matins "il est sept heures, il faut se lever". D'ailleurs c'est sans doute la seule fois depuis le début de l'année que Cinnamon s'était réveillée à l'heure pile. Elle avait ce petit sentiment que les filles ont lorsqu'elles ont un rendez-vous avec leur amoureux ou tout simplement lorsqu'elles vont au concert de leur star préféré.

Son colocataire n'étant pas là, la jolie blonde avait pu substituer un peu plus d'eau chaude que d'habitude pour prendre sa douche. Dans sa trousse de toilette se trouvait un gel douche qu'elle venait d'acheter chez Bath & Body Works sa boutique préférée. Il faut dire qu'à peine arrivée à San Francisco, l'étudiante avait cherché sans cesse cette boutique et c'est finalement une amie qui lui avait dit d'aller au San Francisco's Mall. Voilà une nouvelle raison du pourquoi elle aimait tant aller là-bas.

Après avoir pris une bonne douche, Cinnamon s'était fait un brushing puis un lissage pour parfaire sa coiffure. Ses cheveux prêts, elle avait déposé une touche de laque de manière à ce que cette coiffure parfaite tienne en place. Elle s'était ensuite attaquée à la partie qu'elle préférait: le maquillage. En général, l'étudiante n'en mettait pas trop mais aujourd'hui, elle avait décidé de ne pas s'arrêter après la touche correcteur. Au lieu de mettre du fond de teint, Queen C avait poudré son visage ce qui lui donnait une tête quelque peu bronzée sans tourner à l'orange. Sa touche de khôl terminée, elle avait fini par se mettre du mascara et un peu de rouge à lèvre de chez Lancôme. Après une heure dans sa salle de bain, elle était enfin parfaite!

Il fallait maintenant trouver la tenue parfaite. Dans ses souvenirs, elle se rappelait avoir dit à Judy qu'elle porterait un collier doré ainsi que des chaussures Jimmy Choo. Malheureusement pour elle, elle ne se souvenait plus si elle avait parlé de bottes ou d'escarpins.

*Merde!*

Après quelques secondes d'hésitations, elle avait finalement opté pour les bottes. En guise de vêtement, elle avait mis une robe noire qui faisait ressortir son collier ainsi que ses cheveux. Sexy mais naturelle voilà comment elle se trouvait. Il ne lui restait plus qu'à se mettre une touche de parfum. Chanel, Gucci, Prada? C'est finalement pour un body splash à l'ananas qu'elle avait opté. Ce n'était pas vraiment du parfum mais au moins ça sentait bon!

Une fois ses bottes enfilées, Cinnamon avait appelé un taxi. Pour une fois, elle n'était pas en retard et c'est avec deux minutes d'avances qu'elle était arrivée au Starbucks.A peine sortie d'une taxi, Cinnamon avait senti son portable vibrer.



Citation :

Excuse moi C, j'ai une urgence. Je ne pourrai pas venir.
Sorry!


N'était ce pas rageant de recevoir ce genre de message alors qu'on avait galéré toute une matinée à trouver la tenue parfaite ? Sans même s'en rendre compte Cinnamon avait jeté son iPhone par terre de "rage".

-Et merde !

*J'espère que l'écran est intacte*

Quand on porte le nom de Cartwright, il n'y a rien de laisser au hasard. Ça peut paraître fade de tout prévoir à l'avance, de savoir ce que l'on va dire avant même que les sons ne sortent de la bouche, mais c'est un mode de vie comme un autre. Slevin portait ce nom. Un nom trop souvent utilisé pour l'appeler, pour le montrer du doigt ou même pour crier de plaisir lorsqu'il s'agissait des femmes. Sauf que contrairement à ce qui a été dit un peu plus haut, l'étudiant en droit ne suit pas à la lettre le fonctionnement de ce nom de famille. Disons qu'il intègre un mixte des deux, alliant le hasard au calcul, le destin à la prévision.

Les jours débutent néanmoins toujours de la même manière. Placé du coté de la fenêtre, orienté plein Est, le jeune homme n'a pas besoin d'un réveil pour ouvrir les paupières. A peine son visage sent-il les premières lueurs du soleil qu'il ouvre les yeux automatiquement. Sans aucune fatigue, il s’attelle à mettre un short, enfiler ses baskets, nouer ses lacets, placer une casquette sur la tête et partir pour un footing matinal. Personne ou presque n'est alors au dehors, et lorsque Cartwright revient, c'est uniquement pour se mêler aux autres pour une douche – bien mérité le concernant. Alors seulement la journée pouvait débuter.

« Tu veux savoir pourquoi j'me tire ? Parce que tu m'saoules. Et si je reste plus longtemps en ta présence je vais finir par t'en coller une. C'est suffisamment clair ? » La main sur la poignet de la porte, Slevin regardait avec une colère certaine son camarade de chambre qui lui faisait tout un flan à propos d'une fille. Une fille que l'étudiant aux longs-cheveux s'était faite la veille et que le colocataire avait en ligne de mire. Comme quoi, même chez les delta tout n'est pas toujours rose. Son index pointé sur son adversaire du moment, Slev' était à deux doigts de sortir de ses gonds. Il aurait fallut une remarque de plus pour qu'ils en viennent aux mains. Ça ne fut pas le cas, la porte claqua sèchement et Cartwright se retrouva seul avec sa mauvaise humeur à traînailler sur le campus.

En tant normal, il se serait rapidement consoler. Soit dans les bras d'une demoiselle facile, soit dans sa boisson favorite : l'alcool. Sauf qu'à cette heure précise, même pour lui, se retrouver avec une bière à la main n'était pas la meilleure chose à faire. Trop de monde au dehors, imaginer un peu que l’entraîneur de l'équipe de football l'aperçoive. C'en serait fini de sa saison, déjà que les beuveries du soir était à la limite du tolérable. Une seule boisson pourrait alors lui redonner l'envie de finir sa journée en beauté. Mais ça n'était pas sans risque. « Je prendrais le meilleur café que vous me proposerez. Et si l'envie vous dit d'y laisser votre numéro, n'hésitez pas... » Le meilleur sourire de Slevin pouvait lui ouvrir toute les portes. Un peu de culot en plus, le sourire gêné de la serveuse montrait au moins qu'elle n'était guère indifférente aux charmes du jeune homme. Même si elle ne lui laissait pas son numéro de cellulaire par manque de temps, le beau brun eut quand même son café. Et puis, le Starbucks était quand même un endroit privilégié des étudiants. Des avances, elle devait en avoir beaucoup.

Mais, Slevin ne sortit pas immédiatement du stand. Les yeux posés sur un taxi garé juste devant, il observa la cliente en sortir. Une robe sombre, la chevelure dorée s'alliant parfaitement au collier pendu autour de son cou, le tout lui donnant une classe folle... qui suffit à faire esquisser un sourire sournois à Cartwright. Un sourire qui s'accompagna d'un haussement de sourcils lorsqu'elle jeta son téléphone au sol suite, probablement, à la lecture d'un message. Plusieurs scénarios se dessinèrent dans la tête de l'étudiant, qui but une lampée de son café. Il l'imaginait bien s'être fait poser un lapin par son petit-ami, ou alors être largué par texto, ou même encore – et là c'est l'instinct pervers de Slevin qui parlait – recevoir des photos d'elle nu par un psychopathe en puissance. Bref, une proie qui lui semblait facile à aborder, sans défense, et qui finirait par tomber dans le piège d'un Delta habitué à la séduction.

« Excuse-moi. Quelque chose ne va pas ? » C'est étonnant comme Slevin peut avoir une facilité pour s'adapter à la personne a qui il s'adresse. Il n'y a encore pas si longtemps, il était à deux doigts de cogner son locataire et là, il semblait doux comme un agneaux. S'abaissant au sol, il ramassa l'iPhone délicatement et posa ses yeux émeraudes sur le regard angélique de la blondinette. « En tant que militant anti-violence envers nos amis les cellulaires, je devrais te lancer des éclairs et un regard noir. Mais je m'abstiendrai si tu me dis ce qui t'as rendu aussi rageuse. » Un sourire en coin, Cartwright jugea qu'un trait d'humour ne serait pas de refus. Peut-être même cela permettrait-il d'instaurer une discussion convenable, puis une rencontre, puis un échange de numéro. Et voilà que ressortait le coté calculateur du Delta. Un mixte de hasard et de prévision, c'était ce qu'on avait dit non ?

Si porter le nom de Cartwright est un prestige, porter celui de Wellintghon est tout un art. Etre une Wellingthon ne s’arrête pas à un nom. Quand on s’appelle Cinnamon Wellingthon on est une fille de la City. Une fille, que dis-je, une femme qui se doit de porter les plus belles choses tout en ayant la classe et l’intelligence d’une lady. Etre une Wellingthon ce n’est pas être une femme soumise voulant se marier avec un homme riche. Etre Cinnamon, c’est avoir l’intelligence d’étudier pour devenir une avocate de prestige ; tout en étant à la recherche de l’homme beau et riche qui pourra vous apporter un peu de luxure. Le luxe est à porté de main, la luxure est une toute autre chose. Porter ce nom et les choses qui s’ensuivent ne vous donne pas l’option se faire « plaquer » par sa meilleure amie alors qu’on est déjà sur le lieu de rendez-vous.

En cette matinée, les pensées haineuses jaillissant de l’esprit de Cinnamon auraient presque pu faire écrouler le monde. Pour le moment, seul son iPhone en avait payé le coup. La petite bête noire qui lui avait coûté la modique somme de 500 dollars jaillissait au sol... La jolie blonde allait sans doute devoir s’en racheter un autre -et- de ses propres sous ce qui l’embêtait quand même un peu. La perspective d’un nouvel achat la faisait tout de même rêver. En quelques fractions de secondes, Cinnamon s’imaginait déjà la couleur de son prochain achat, son futur écran de veille, les applications qu’elle allait rajouter ect. Cela était tellement excitant que la Wellingthon espérait maintenant avoir détruit son téléphone. Fourbe et fille à papa pouvait ainsi définir la blonde au visage d’ange.

L’étudiante se demandait quelle sonnerie elle allait bien pouvoir choisir lorsqu’un joli brun vint interrompre ses pensées. Il voulait savoir si tout allait bien ce qui fit sourire Cinnamon. D’après ses connaissances en la matière, le jeune homme était gentil ou alors il s’apprêtait à la draguer. Remettant une mèche de cheveux blonds en place, elle finit par lui répondre.

-Je teste mon iPhone. Le vendeur m’a dit qu’il était incassable.

Elle venait de le dire d’un ton neutre. Cinnamon n’était pas vraiment d’humeur à rire, elle ne voulait cependant pas lui faire peur. Reprenant son téléphone des mains de l’inconnu, elle l’écouta parler et gloussa en entendant le « défenseur » de téléphone. Elle regarda ensuite l’état de l’écran et soupira. L’achat d’un nouvel iPhone pouvait être remis à plus tard. Il était intact !

-Il semblerait qu’il ait eu raison….

Elle laissa un blanc pendant un instant inspectant son téléphone. Ses yeux bleus se posèrent ensuite sur le visage du garçon. Il lui était familier, mais elle ne pouvait pas dire où exactement elle l’avait déjà vu.

-Au fait, je m’appelle Cinnamon… Je fais partie de la ligue des lovers/haters de téléphone comme tu peux voir.

Entre les téléphones portables et les filles, c’était et c’est toujours une grande histoire d’amour – en règle générale. Que ce soit les fameux iPhones, qu’ils s’agissent des Blackberry ou autres marques que le consommateur apprécie, une fille ne sortira absolument jamais sans son moyen de communication préféré. L’utilité d’un tel objet n’était plus à présenter. Contacter ses amis rapidement via texto, appeler les dépanneurs en cas de besoin, ou bien même recevoir les alertes et les horaires des rendez-vous important de la journée – voir de la semaine complète. Pour un garçon, c’est différent. Certes, c’est toujours utile mais à moindre effet. En fait, pour Slevin Cartwright, le téléphone sert uniquement de prétexte ou d’avant-première, pour se retrouver en compagnie d’une belle demoiselle au cours d’une soirée. L’objectif primaire d’être joignable en permanence se retrouvait donc secondaire.

L’iPhone était intact. Le choc avait été brutal, le beau brun s’en était aperçu depuis sa position première. Mais visiblement, la marque de la pomme avait bien fait son boulot. Objet bien en main, Slevin n’avait porté que peu d’intérêt à sa conception et aux dégâts qui auraient pu être caché. En réalité, il avait simplement senti de ses doigts experts que rien de bien méchant n’était arrivé à ce téléphone – si on peut encore appeler comme ça vu les nombreuses caractéristiques qu’il possède. L’étudiant en droit était plus concentré sur cette blonde aux allures plutôt superficielles, disons-le clairement, que sur la moindre chose aux environs. De plus, comme il n’avait aucune petite amie, il n’avait pas la crainte de voir débarquer une nana jalouse qui lui ferait une scène en lieu bondé. Malgré tout ce que l’apparence de Cinnamon semblait dire d’elle-même, Slevin n’avait d’yeux que pour son visage angélique. Belle. Non, parfaite. Et divine lorsqu’elle replaça d’elle-même cette mèche blonde en place. Prochaine étape, sa voix. Il existe certaine personne qui possède l’apparence d’un ange, mais dont le timbre de voix suffit à vous envoyer vous terrer dans un trou, de peur de l’entendre à nouveau. Ça ne fut pas le cas ici. Cartwright lui tendit le téléphone pour qu’elle juge d’elle-même la qualité de son cellulaire. « Au prix où l’on trouve ces petites bêtes là, j’imagine qu’être solide est la préoccupation première des concepteurs. » Aucun intérêt. Blablater sur les téléphones n’était aucunement l’envie de l’étudiant en droit. Il fallait trouver autres choses s’il voulait garder la miss Wellington à ses côtés encore un peu plus longtemps.

Le court silence qui s’installa rendit la situation presque inconfortable. Malgré tout, Slevin gardait sa mine joviale. Exit les problèmes avec sa colocation, maintenant qu’une jolie blonde inconnue était devant lui, il en viendrait même à s’excuser de tous ses problèmes. Il la contemplait, simplement et sans insistance. Il aurait même l’air relativement mignon à attendre de la sorte, quasiment à genoux, son regard levé vers la princesse aux yeux azurs. Et lorsqu’elle croisa son visage, il esquissa un sourire charmeur tout en se relevant. Dès lors, sa stature était différente. On devinait clairement le sportif sous ses vêtements de texan. Il passa une main dans ses longs-cheveux, les replaçant à l’arrière puis écouta la blondinette se présenter. « Cinnamon ? C’est un joli prénom. » C’était dit d’une manière si simple et naturelle qu’on ne pourrait croire à une tactique de séduction. Il disait la vérité. Slevin s’approcha alors de la belle en prenant sa main valide entre les siennes. « Je suis Slevin. Slevin Cartwright. Etudiant en droit, footballeur dans l’équipe du campus de Berkeley. » Présentation faite, le beau brun évita le baisemain. Passer pour un gentilhomme, c’était une chose. Passer pour un ringard, c’en était une autre. « Je pense que je peux t’éviter de sérieux ennuis avec le syndicat des iPhones. Mais en contrepartie, tu dois m’offrir quelque chose. » Moins de sérieux, plus de sourire et de détente. Slevin pencha légèrement la tête et observa la belle blonde de haut en bas. Radieuse. Elégante. N’y avait-il que des qualités à lui mettre sur le front ? De même qu’elle semblait financièrement à l’aise. La demande de Cartwright aurait surement une allusion certaine, mais pour faire bon genre, il récupéra son gobelet de café, qu’il secoua juste à côté de son visage. « Je n’ai plus de carburant. » Finit-il par lui avouer en haussant les sourcils. Imposant, Slevin l’était à coup sûr.