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Sacha est assis dans le coin du salon, ma mère essaye de le faire lever pour qu'il vienne manger. Non, rien à faire, il trouve ça beaucoup plus intéressant d'envoyer des sms avec son tout nouveau portable dans son coin de pièce. Il pourrait faire ça à table aussi, il a peur de quoi ? Que je lui carotte pour le revendre ? Ou plutôt que je me foute de la gueule de sa nouvelle nana parce que vu la demie portion que c'est mon frère, ça m'étonnerait qu'elle soit aussi grande et blonde qu'il me la décrit. J'vois plus la gamine de sixième avec la raie au milieu, les deux grandes briques de cheveux châtain qui tombe sur son acné. Pauvre petit va, il a encore le temps avant de s'en trouver une vraie. Ma mère continue de l'appeler en criant et l'autre con, de l'autre côté de la table, affalé sur sa chaise en bois avec la bière à moitié vide commence à s'exciter. J'le vois à ses jointures qui commencent à blanchir, j'le vois à son air d'ivrogne. S'il se lève pour choper Sacha et le ramener à table il va dérouiller. J'lui lance un regard mauvais, pause ma fourchette sur le rebord de la table et me lève pour chercher le gamin. J'lui fout une claque derrière la tête et il a vite fait de planquer le portable. « Allez gamin, tu vas t'remettre à table tout de suite. » Il me lance un regard brillant, avec un sourire chiant, celui qui prépare le plan foireux. Ah non, c'est vraiment pas le moment de me faire chier là, surtout avec le père derrière qui commence à trembler sur sa chaise. Il veut pas bouger, même pas d'un centimètre, juste son sourire mafia sur les lèvres. Je le chope par le col pour le faire bouger. J'entends ma mère soupirer derrière, me dire de le lâcher, s'il veut pas manger, il mange pas. Je lâche Sacha, retournant me poser à table. « On est en famille. Il vient manger en famille. » La voix grasse de mon père se fait entendre, instaurant le silence aux premiers mots. Je baise la tête sur mon assiette, mordant ma lèvre inférieure pour garder mon calme. Je le supporte pas ce type, je supporte pas ce qu'il est devenu, et je supporte même pas l'idée qu'il est en train de forger dans sa tête d'alcoolique. Sa peau d'ukrainien si blanche en général a pris une teinte rouge cramoisie, on dirait qu'il c'est coincé un truc dans la gorge et qu'il est sur le point de clamser. J'avoue que ça arrangerait tout le monde qu'il passe l'arme à gauche. Il finit par se lever, avec sa carrure d'ex militaire, prêt à aller chercher Sacha. Il commence à chanceler, à cause de l'alcool, se stabilise, et pointe Sacha du doigt. J'relève la tête, lance un coup d'oeil au gamin qui ramène moins sa tête de vainqueur tout d'un coup. Il ose même plus bouger. « Sacha, tu viens. » Je me lève, pousse mon père rapidement. « J'ai pas non plus envie de manger. » Le vieux s'accroche à la table. Allez, passe tes nerfs sur moi enfoiré.

Elle est où sa putain de porte ? Milky bay, pourtant un appart de bourg' comme le sien ça devrait se repérer non ? Ma joue me fait un mal de chien, j'ai l'impression qu'on m'a brûlé l'arcade aussi. Il n'y est pas allé de main morte cette fois, il a tapé comme si je lui avais volé tout son fric. L'enculé. Mais il est partit s'écrouler dans l'canapé après, et Sacha a filé s'enfermer dans la chambre. J'ai jamais envie de rester dans cet appart. C'est pas comme si je pouvais l'étaler lui, c'était mon père, et mine de rien, l'armé l'avait rendu fort comme un boeuf. Je savais pas où aller, alors j'ai débarqué dans le quartier un peu uppé, là où je serai sûr d'avoir porte ouverte. Quoi que, si ça se trouve il est entouré de deux nanas à moitié à poil, en train d'en pelotonner une pendant que la deuxième se sert une rasade de vodka. D'la vodka, j'aurais peut être dû passer chez l'épicier et m'envoyer une cuite, ça aurait fait passer la douleur. Je monte les escaliers quatre à quatre malgré la douleur de mes côtes. Devant la porte d'Andreas, je marque une pause, histoire de m'observer quelques secondes dans le reflet de la fenêtre. J'suis pas en bon état, on dirait qu'un gang est venu me casser la gueule : lèvre fendue qui c'est enfin arrêtée de saigner, arcade ouverte, du sang mâché se mêlant à mon sourcil, un futur coquard, et sûrement quelques bleus sur les côtes et le torse. Je sais pas pourquoi je viens le voir lui, et je me déteste un peu plus à chaque fois que mon poing s'écrase sur sa porte pour le faire bouger.

.SOAN & ANDREAS.

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Allongé sur mon canapé, torse nu et le chat ronronnant sur mon abdomen, je zappe sur toutes les chaines de la télévision. C'est vrai que j'aurais très bien pu passer ma soirée en compagnie de ma charmante petite-amie, mais je n'en avais pas la moindre envie. Non, je préférais glander dans mon canapé à picoler ma bière, fumer et regarder la télévision. Bref, un programme très ennuyant il faut bien l'avouer. Il n'y a rien. Absolument rien à cette heure aussi tardive. Après avoir zappé sur toutes les chaines possibles, j'ai dû me rendre à l'évidence : je me fais royalement chier. Je m'emmerde tellement que je regarde bêtement la reproduction des hippocampes, avant de passer sur la chaine Chasse et Pêche. Bordel c'est pour les vieux c'est trucs là. Je râle et envoie valser le chat qui dormait paisiblement à l'autre bout de la pièce. Je fais claquer la télécommande sur la table de salon et attrape ma bière pour avaler une énième gorgée. Je soupire et passe une main derrière mon crâne, observant le plafond de mon salon. Activité qui s'avère être très passionnante je l'avoue. Encore plus intéressante que la reproduction des bestioles aquatiques. La bouteille de bière coincée entre mon pouce et mon majeur je la secoue légèrement et fait remuer le liquide de celle-ci. Ouais je m'occupe comme je peux. Passant une main dans mes cheveux je me redresse et reste assis sur le rebord du canapé. Je jette par la même occasion un regard circulaire à la pièce. J'me sens complètement blasé tout d'un coup. Mon appartement ressemble à une décharge. Il y a des cadavres de bières et de cartons à pizza qui trainent un peu partout dans la pièce. Le seul qui trouve son bonheur dans tout ce foutoir c'est le chat. Moi et le rangement ca fait 83105496498461. Il faudrait que je pense à embaucher une femme de ménage en fait. Après tout ce n'est pas comme si j'étais fauché. Loin de là même. Alors autant en profiter. Le seul problème étant que pour le moment je n'en ai pas et qu'il va falloir que je range tout par moi-même. Dans la seconde qui suit je me redresse sur mes deux jambes, avalant la dernière gorgée de ma bière et balance la bouteille à la poubelle au lieu de la laisser trainer dans un coin du salon. C'est décidé, je vais faire du grand ménage ! Non pas de printemps mais d'hiver. Alors j'enfile mon tablier sur lequel est inscrit « SuperCleaner » et commence à ranger tout mon bordel. On aurait dit une sorte de remake de C'est du propre version junkie. Cookie fou le bordel derrière mon dos et ca m'énerve. Alors j'attrape la bête en poils et l'enferme dans la salle de bain, le temps que je puisse faire tout ce que j'ai à faire. Maintenant que je suis dans ma lancée avec mon plumeau rose, plus rien ne peut m'arrêter ! En a peu près une bonne heure et demie d'effort intensif j'ai redonné un peu d'allure à mon appartement. Bon, j'ai juste quatre sacs poubelle remplis à ras bord mais ce n'est qu'un détail.

Après avoir fumé une clope sur le rebord de ma fenêtre, je me suis alors dirigé dans la salle de bain afin de prendre une bonne douche. Je suis resté au moins trois quart d'heure sous le jet d'eau brulant. Et en ouvrant la porte un épais nuage de vapeur en ressortit. La serviette de bain négligemment nouée autour de ma taille, je file droit dans le salon lorsque j'entends quelqu'un frapper à ma porte. Oui j'ouvre régulièrement la porte en étant presque à poils. Certainement mon côté nudiste qui veut ca. Je tourne alors la poignée et ouvre la porte tout en m'appuyant contre la jointure avant de balancer sur un ton charmeur « Que me vaut cette visite charmant jeune homme ? » Non en fait je n'ai pas du tout dit ca. En réalité j'ai dit – voir même hurlé « PUTAIN SOAN QU'EST-CE QU'IL T'ES ARRIVE ?!! » Je reste bien quelques secondes les yeux écarquillés, observant de haut en bas Soan qui est franchement dans un sale état. « Tu ne vas pas rester sur le palier. Aller entre. » J'attrape son bras et l'attire à l'intérieure. « J'vais m'habiller je reviens. Et moi qui pensait que c'était une jolie demoiselle...J'me suis planté. » Que je dit avec un brin d'amusement, tout en allant dans ma chambre. Je reviens quelques minutes plus tard, vêtu d'un jean noir et d'un haut sans manche noir quatre fois trop grand pour moi, et qui laisse apparaître mes tatouages. Toujours la serviette à la main j'essuie ma chevelure encore trempée et m'installe dans le canapé aux côtés de Soan. Je m'allume une clope et le fixe du coin de l'oeil « C'est encore ton paternel qui t'as fait ca j'suppose. » Que je lui dit sur un ton plutôt affirmatif, qu'interrogatif. Je tire une bonne latte sur ma clope afin de me calmer les nerfs. Ce n'est pas bon pour mon coeur que je m'énerve. Plutot ironique quand on connait ma capacité d'énervement. « Tu peux rester là le temps qu'tu veux. » Que je lui balance en me levant du canapé pour aller droit vers la salle de bain et y récupérer la trousse de secours. « J'adore jouer les infirmières. » Que je lui réplique avec un sourire en coin, commençant à déballer le coton et l'alcool à 90. « Il t'as pas raté ce con. » Silence « Ca risque de piquer. ».

Je tend l'oreille mais il n'y a aucun bruit à l'intérieur. Au moins il est pas au pieu avec sa nana, quoi que, avec mes tempes qui sonnent comme un concert de metallica, j'suis peut être devenu sourd. Je penche la tête en avant, cherchant une clope dans mon futal pour détendre mes nerfs, il est encore temps de partir, de tourner les talons et d'aller sonner chez Emma ou quelqu'un d'autre à la confrérie. Quoi que non, mauvaise idée, j'ai pas envie qu'ils me posent des questions, déjà que passer pour le type boursier c'est pas la gloire, si on rajoute à ça qu'il se bat, je vais être couvert de rumeurs. Passer pour la racaille ça va bien cinq minutes, avec le travail que je fournis, j'vaux bien mieux que la plupart des élèves de Berkeley. Il y en a combien qui savent pour mon père ? Andy Parce que je me tapais sa demie sœur et lui avec par la même occasion, et qu'elle et moi ça avait duré un bout de temps, ce qui pousse aux confidence. Quand ton mec se ramène la moitié du temps avec le nez en sang, on peut pas ne rien dire. Taylor, ma seule relation sérieuse, prétexte pour voir le tatoué. Merde, et s'il pensait que je venais pour le voir lui ? J'voulais l'asile c'est tout, pas qu'il me cajole et me fasse des câlins. Il se tapait peut être autant de mecs que de nanas, ça le regardait. C'était dégueulasse, les mecs sont fait pour aller avec les nanas, il y a pas d'autres possibilités. Deux secondes, l'idée de voir Andreas dans les bras d'un type musclé me donne la gerbe ; l'image est vite remplacée par les souvenirs, je le revois torse nu, couché sur le lit, ma tête posée sur son torse. Pff, de toute façon il était partit à New York, c'était qu'une erreur de gamin, fallait tout tester dans la vie. Je redonne un coup sur la porte, commençant à m'impatienter sur le palier. J'entends des pas lents. Il est pas pressé en plus, je pourrais être en train de me faire tuer dehors, rien à foutre, il viendra pas avant d'avoir remis ses cheveux en place. Andreas ouvre enfin, le rayon de lumière du salon me fait fermer les yeux quelques secondes. Andy, à demi nu, sans gêne comme à son habitude, met quelques secondes à me réagir. Il voulait quoi ? Que j'ouvre les bras en criant surprise, j'passe la nuit chez toi ! Avec son retour de New York, je l'avais un peu évité, je voyais plus sa demie sœur et sa belle famille de bourg' qui ne m'avait jamais supporté. J'avais peur qu'il me reparle de notre aventure d'ado. Que ça recommence. Non, c'était pas possible, il avait une copine maintenant, et il devait plus rien en avoir à faire du p'tit mec de banlieue. Passe temps comme un autre pour le Dom Juan qui testait toutes les nouvelles mst de la ville. « PUTAIN SOAN QU'EST-CE QU'IL T'ES ARRIVE ?!! » Tu vas rire, je suis tombé dans tes escaliers du con ! Il était obligé de gueuler ? J'ai un mal de crâne qui veut pas passer. « Tu ne vas pas rester sur le palier. Aller entre. » En fait là, j'me tâte pour partir, pour lui dire que j'étais juste venu dire coucou. Pas sûr qu'il me croit, ou sinon il va m'enfermer chez lui, quitte à m'arracher le bras pour pas que je reparte. Je dis rien, le laissant m'attraper et refermer la porte. Et ben, quel appart bien rangé ! Ça lui ferait faire un peu de sport d'aller vider ses poubelles, parce que sur le corps qu'il me présente là, sans aucune gêne, j'vois aucun muscle. Je baise les yeux, balayant l'appartement pour m'empêcher de mater le corps de rêve du tatoué. « J'vais m'habiller je reviens. Et moi qui pensait que c'était une jolie demoiselle...J'me suis planté. » Ahah. « J'peux te laisser avec youporn si c'est ton truc. »

J'me pose deux secondes sur le canapé, à la recherche d'une bière … sans succès. Andy ressort de sa chambre, vêtu d'un tee shirt beaucoup trop grand et d'un jean, un peu le même style que le miens. « C'est encore ton paternel qui t'as fait ca j'suppose. » Je hausse les épaules, histoire de lui faire comprendre que j'ai pas franchement envie d'en parler. « Tu peux rester là le temps qu'tu veux. » Sourcil arqué, je lui lance un regard moqueur. Andy c'est transformé en l'Abbé Pierre là ? J'pensais pas qu'il me proposerait de dormir chez lui. « C'est chou. » Il me renvoie pas chier, courant jusqu'à la salle de bain pour jouer aux infirmiers avec son truc ridicule de premier secours. J'échappe un petit ricanement moqueur quand il me dit « J'adore jouer les infirmières. ». « T'as le déguisement caché sous ton lit ? ». Laisse moi faire allez, j'suis un grand garçon, j'ai pas besoin d'une nounou pour me soigner. Prêt à attraper les cotons, il est plus rapide. « Il t'as pas raté ce con. » Ça c'est sûr. Silence « Ça risque de piquer. ». Hé ? Il approche sa main avec le coton prêt à vraiment jouer le docteur mamour. « J'demandais pas l'hosto, juste le canap' pour dormir. » Je me décale un peu, pour pas qu'il retente une approche avec son coton. J'suis de mauvaise humeur, j'ai mal, et j'suis pas à mon aise. Mal à l'aise d'être à côté de lui, parce qu'au final, j'l'ai pas oublié et j'en ai honte. Pire que honte même. J'attrape une clope et un briquet qui traîne sur la table, histoire de passer mes nerfs. Réaction con mais j'aurais limite préféré qu'il me claque la porte au nez tout à l'heure, plutôt que de m'ouvrir et de jouer au bon saint maritain.

Plus d'une fois j'me suis fait refaire le portrait par des types plus baraqués que moi. En même temps, faire plus maigre que ma carrure de déporté c'est difficile je le reconnais. Mais bon ca fait parti de mon charme parait-il de me pointer avec une lèvre ouverte et un oeil au beurre noir. Mais bon ce sont les filles qui disent ce genre de truc. Et Dieu sait à quel point les gonzesses racontent comme conneries. Enfin bon j'me fais pas toujours cassé la gueule. Non, j'ai peut-être une gueule d'anorexique, mais je tiens la route lorsqu'il s'agit de baston. En même temps je me bat depuis que je suis en maternelle. J'ai toujours eu un gros problème avec la violence. C'est peut-être un gêne défaillant que m'a refilé mon paternel inconnu. Ouais, ca doit être une connerie dans le genre. Bref, j'vais pas m'étaler sur la génétique j'y connais rien. J'suis pas le professeur Tournesol, moi j'suis qu'un simplement petit fils de bourge qui passe son temps à se bastonner avec le premier type qui le gonfle. Ouais quelqu'un qui me tape sur le système j'lui fou mon poing à la figure voilà tout. Ouais jamais vraiment su communiquer avec les gens que par la violence. La parole pour régler les problèmes ce sont les nanas qui font ca, ou bien les tapettes. Comme quoi les cours de guitare que m'a payé ma mère n'ont pas servit à grand chose, puisque ma guitare je l'ai éclaté sur la tête d'un élève qui m'énervais. Ce qui m'agace le plus à ce moment même, c'est de savoir qu'un imbécile a osé frapper Soan. MON Soan. Alors évidement je gueule comme un con sur le palier, quitte à réveiller les voisins. Je l'attire à l'intérieur de l'appartement et referme la porte illico. J'voudrais pas qu'il s'enfuie comme un voleur le temps que j'aille me saper. Je lui balance un sourire à moitié pervers face à sa remarque sur Youporn et file dans ma chambre. J'ai de la chance, Soan ne s'est pas tiré avec mes clopes et mes bières lorsque je reviens dans le salon.

Il est là, assis dans le canapé avec sa tête de boxeur. En même temps il à la tête de l'emploi avec sa dégaine de p'tit branleur. Je l'ai toujours connu comme ca. Adolescent c'était pareil. Le nombre de fois où je l'ai retrouvé avec la lèvre ouverte et des bleus parce que son paternel avait tendance à avoir la main légère sur lui. D'ailleurs je lui demande si il s'agit bien de son père pour être certain. Parce que si jamais ce n'était pas son père, j'aurai toujours pu aller casser la gueule au type qui lui avait fait ca. Mais quand on voit la carrure du père Wilshire, moi à coté de lui j'suis une allumette qu'il briserait avec deux doigts. Je me contente de soupirer face au silence qui pèse et à la tête qu'il tire face à ma question. « Désolé pour toi mec mais...J'me vois mal aller défoncer ton père...Ouais c'est un peut Rambo contre Amy Winehouse. Et malheureusement je suis Amy Winehouse. » Que je lui dit avant de balancer ma serviette de bain dans un coin de la pièce. « C'est chou. » Je m'arrête comme un couillon, la trousse de secours à la main et le fixe avec un sourcil levé. « Nan nan nan...J'suis tout sauf chou Amour. » Que je lui répond aussitôt en faisant non avec mon doigt. Avoir l'air chou n'a jamais été mon but. Ca c'est le délire des filles, comme celui du « bad boy ». Je les vois deja les gourdasses avec leurs yeux en coeur « haaaaan il est trop chou ! » Ca m'agaaaaaace ! Sans perdre de temps, je retourne prendre place à coté de lui et commence à sortir tout le nécessaire de soin. « T'as le déguisement caché sous ton lit ? » Je relève la tête et toise Soan avec un regard en coin. « J'savais bien que c'était ton fantasme inavoué de me voir en infirmière. Je prends en note Amour. » Je réplique aussitôt avant de laisser échapper un rire. Ca peut être marrant comme déguisement pour halloween ca. J'suis tellement à fond dans mon délire d'infirmière – oui je préfère le féminin – que je me la joue Docteur House, voir même Urgences en sortant le coton et l'alcool à 90. « J'demandais pas l'hosto, juste le canap' pour dormir. » voilà tout ce qu'il me trouve à dire ce con. Pour une fois que j'me montre serviable et pas trop salaud, lui il m'envoie sur les roses comme si j'étais le dernier des abrutis. Soan se décale de moi. Je fronce les sourcils, sentant la colère bouillir en moi. Il a peur de quoi ? Que j'le viole ? Je pose alors brutalement le coton et le désinfectant sur la table avant de me lever du canapé. « Va te faire foutre pauvre homo-refoulé. J'vois pas pourquoi t'es venu chez moi si c'est pour me la jouer vierge effarouchée. » Que je lui cingle en allant fumer une clope sur le rebord de ma fenêtre. « T'as qu'à te démerder toi et ta connerie. Tu m'emmerdes. » Que j'enchaine. Voilà, il m'énerve à faire son numéro de mec « propre » avec tout ce qu'il s'est passé entre nous.

« Désolé pour toi mec mais...J'me vois mal aller défoncer ton père...Ouais c'est un peut Rambo contre Amy Winehouse. Et malheureusement je suis Amy Winehouse . » Mon père, en quelques années, j'ai eu le temps de m'en faire une idée. Je vais pas lui trouver des excuses, ça servirait à rien, c'est qu'un sale con mal dans sa peau. C'était pas notre faute, à Sacha et moi, si Ser' c'était planté en voiture , pas notre faute s'il avait trop bu et c'était pas réveillé pour venir nous chercher, que son plus grand fils avait pris ses clés et était allé cherché les plus petits, qui se gelaient sur les escaliers de l'école. La remarque d'Andy sur son physique par rapport à celui de mon père me fait rire, pas trop quand même, ma lèvre me fait mal. Ça me fait repenser aux fois où il s'excitait tout seul dans sa chambre, en le menaçant de tous les noms. Il aurait rien pu faire en face de lui, comme il le disait si bien, c'était Rambo contre Amy. Mais moi j'préférais Amy, elle était beaucoup plus bonne que l'autre musclé. Et j'préférais Andreas, parce qu'il me faisait rire à chercher la bagarre avec tout le monde, à sauter dans le tas quand il y avait une baston, ou a aller provoquer des mecs dans la rue juste parce qu'il était de mauvaise humeur. Une putain de boule de nerf. Il aurait pas été cardiaque, il serait sûrement déjà mort tabassé, il y en avait pas mal qui voulait lui faire la peau. Sa maladie, ça l'aidait un peu à se calmer, à un peu plus réfléchir avant de massacrer un type. Ouais, fallait penser aux potes derrières quand on taillait n'importe qui. Il y avait toujours une revanche. Et là ce soir, j'suis encore chez lui, à me faire soigner. Ado, j'venais souvent le voir quand mon père avait trop bu et m'avait passé à tabac. Juste pour me poser sur son lit, le regarder hurler, et sentir son bras autours de mes épaules, ses doigts faire le tour des bleus qui tatouaient mes côtes. Donc ouais, Amy elle me bottait plus que Rambo, même si elle avait un putain de problème avec la violence. Même si Amy, elle cachait sûrement des trucs sous son lit. « J'savais bien que c'était ton fantasme inavoué de me voir en infirmière. Je prends en note Amour. . » Ça m'étonnerait même pas de retrouver des trucs louches sous son lit. S'il a bel et bien un problème avec la violence, j'crois qu'avec le sexe aussi. Et c'est quoi cette manie de m'appeler amour à toutes ses fins de phrases. Ça me fait encore plus stresser, j'veux pas qu'il me donne des surnoms, juste qu'il me donne une grande claque dans le dos et qu'il m'appelle mon pote.

A l'autre bout du canapé, il me manque plus qu'à me décaler d'un centimètre et j'ai le cul par terre. Tête baissée, cigarette coincée entre les lèvres, j'évite son regard, et je l'entends commencer à s'énerver, en reposant son attirail de médecin sans frontière. Il se lève et gueule. « Va te faire foutre pauvre homo-refoulé. J'vois pas pourquoi t'es venu chez moi si c'est pour me la jouer vierge effarouchée. » Deux secondes, j'ai pensé qu'il allait m'en mettre une par dessus, il en serait bien capable. J'nie pas qu'il c'est passé quelque chose entre nous … j'évite juste d'en parler. Et si personne pouvait le savoir, ça serait encore mieux. Comme machine, ma confidente, qui c'était mise à en parler à ses potes, juste pour avoir leur avis sur la question, hop, à dégager, fallait même plus qu'elle croise mon chemin. Homo-refoulé … Il y avait eu que lui, ça faisait pas de moi un homo pour autant. Et Kay aussi. Putain de merde. Je tire une nouvelle taff sur la clope. Elle a aucun goût, j'sens même pas la nicotine passer dans mes poumons. C'était une putain de mauvaise idée de venir ici. J'sais pas pourquoi c'était pas comme avant, quand on était ado. Quoi qu'même là, ça se faisait en secret … j'imagine même pas ce qui me serait arrivé, dans mon lycée de banlieue, si on avait lancé ne serait ce qu'une rumeur sur mon sexualité. « T'as qu'à te démerder toi et ta connerie. Tu m'emmerdes . » J'vais me casser, me barrer d'ici, traîner dans la rue avec ma gueule de camé défoncé, et finalement rentrer chez moi. C'est ça que j'vais faire, et tant pis si l'autre m'attend au tournant. J'préfère encore affronter mon père que la vérité. « C'est toi qui m'emmerde. C'qui c'est passé entre nous c'était une connerie. J'veux pas d'un mec, j'veux une nana. J'en ai une d'ailleurs. J'sais même pas pourquoi j'ai frappé à ta porte. » Dernière latte avant d'écraser ma clope. S'il me déteste, ça sera peut être moins dur à supporter non ? Plutôt que de faire semblant d'être de simples amis. J'me lève, pose ma main sur le mur pour tenir en équilibre. Putain, mes côtes me font souffrir comme jamais, j'espère qu'il m'en a pas foulé une. « T'sais quoi ? J'préfère encore me barrer que de rester chez une tantouze comme toi. » J'm'approche de la porte. Elle est fermée. Et elles sont où les clés ? « Putain, ouvres cette porte. » Je donne un coup dedans.

Amour. J'aimais bien l'appeler comme ca le Wilshire. Parce que je savais très bien que ca le foutait mal au fond. Que ca le mettait mal à l'aise. Qu'est-ce que ca me faisais marrer intérieurement de le voir la tête baissé, comme un gamin qui a fait une connerie et qui ose pas le dire à ses parents de peur qu'on lui en colle une. Alors j'continue à l'appeler comme ca à chaque fin de phrase. En plus j'trouve ca mignon. Et puis c'est pas comme si je me la jouais gamine de quinze ans amoureuse de son professeur de géographie. J'ai pas les yeux en coeur et tout le tralala. Non il y a une pointe d'amusement dans ma façon de faire. Et puis ca détend un peu l'atmosphère tout ca. Parce que depuis que j'étais revenu de New York ca avait un peu changé entre nous. Il y avait plus ce lien qu'on avait comme quand on était ados et que je pétais mon câble sur son paternel que je traitais de tous les noms parce qu'il s'en était pris au mec que j'aime. Parce que Soan je l'aime. Même si maintenant il y a April qui a pris une place importante dans ma vie et dans mon coeur. Mais bon, à ce qu'il paraît ce sont les aléas de la vie. Alors je fais comme si de rien n'était, même si je dois bien le reconnaître, ce n'est pas l'envie qui me manque de le prendre dans mes bras et de lui dire que ca va aller. Mais j'peux pas faire ca. Ce serait montrer ma faiblesse et je ne suis pas quelqu'un de faible. J'aime bien mon image de gros salaud qui couche à droite et à gauche, garçons et filles confondus. Et là, tout dérape. Soan devrait pourtant le savoir depuis le temps qu'on se connait, qu'il y a des choses à pas me dire. Que je pars en cacahuète trop rapidement. Alors oui je gueule en me levant d'un bon de mon canapé. Je lui balance des trucs qu'il n'apprécie surement pas, mais qui sont pourtant vraies. Pour être franc, ce n'est pas l'envie qui me manque de lui en coller une pour le faire réagir un peu. De toute façon vu dans l'état qu'il est, il n'est plus à une droite près hein. Afin d'éviter de partir trop vite en freestyle, je pars me réfugier comme un pigeon sur mon perchoir – qui est accessoirement le rebord de ma fenêtre – et m'en allume une. La clope c'est le seul moyen que j'ai de me calmer les nerfs. Avec l'héroïne. Mais ca, je consomme que lorsque je suis seul. J'ai pas envie que Soan me voit entrain d'me piquer. Ouais ca casserait un peu le mythe Andreas. Quoi que, si il est pas fou, il a bien du voir que mes bras étaient loin d'être lisses avec les trous qu'il y avait dedans.

« C'est toi qui m'emmerde. C'qui c'est passé entre nous c'était une connerie. J'veux pas d'un mec, j'veux une nana. J'en ai une d'ailleurs. J'sais même pas pourquoi j'ai frappé à ta porte. » Je laisse un rire nerveux s'échapper. C'est plus fort que moi, faut que j'extériorise ma colère. Et il vaut mieux que je ris, plutot que je fracasse tout ce qu'il me tombe sous la main. « Je t'ai pas demandé un rapport détaillé de ta vie amoureuse. J'vois pas pourquoi t'es venu me les briser, alors que ta Girlfriend pouvait te la jouer Adriana Karembeu pour te chouchouter. » Que je lui rétorque sur un ton sec. Non mais sérieux qu'est-ce que j'en ai à taper ? Moi aussi j'ai ma copine et alors ? Je le regarde du coin de l'oeil tituber en se dirigeant vers la porte. Je roule des yeux tellement il m'exaspère. Mais qu'est-ce qu'il peut être con par moment ce mec bordel ! « T'sais quoi ? J'préfère encore me barrer que de rester chez une tantouze comme toi. » Je crache ma fumée en laissant apparaître un sourire amusé au coin de mes lèvres. Soan me fait trop rire. La clope coincée entre mon pouce et mon majeur je le regarde en souriant, affichant mes belles dents blanches « Mais ouais c'est ca, tire-toi. T'es aussi hétéro que mon taux d'alcoolémie est à zéro. » Que je lui balance avec un air « je m'en foutiste ». C'est vrai. Si lui est hétéro, moi j'suis bon à aller m'enfermer à l'église pour devenir curé. Il m'énerve à faire le mec bien dans sa tête, limite il voudrait me faire croire qu'il vit à la campagne, qu'il a une maison avec une barrière blanche, un chien et une femme à la Marie Ingalls qui l'attend sagement. Non mais sérieux ! « Putain, ouvres cette porte. » Qu'il me gueule en cognant dans ma belle porte. Je me lève alors de ma fenêtre et attrape les clefs au passage, tirant une grande latte sur ma clope, et je balance les clefs à la figure de Soan « Bah casse-toi ! J'te retiens pas ! Tu sais encore ouvrir les portes à c'que je sache non ? Tu savais bien le faire quand on était ados pour aller te caler dans mon lit. » Que je lui balance tout en m'affalant dans mon canapé. Qu'il se tire j'en ai rien à faire.

Je sais pas si c'était l'effet du prêtre, le dimanche, qui nous répétait les divers volontés du seigneur, qui m'était resté, ou si c'était les blagues sur les tantouzes qui courraient d'un bout à l'autre de la salle de classe au lycée, mais j'avais toujours eu un sacré problème avec ma sexualité. Parce qu'il fallait être comme les autres et pas autrement, parce qu'il fallait surtout pas mater ses camarades de sport dans les douches. Bordel. Je sais même plus comment je m'étais laissé faire par Andreas, ce qui avait réussi à me débloquer un temps. C'était lui qu'était venu me chercher, c'était forcément lui, je serais pas allé me foutre dans ses bras de mon plein gré. Sa sœur d'abord, enfin sa demie sœur, la jolie brunette toute douce qui avait pété sa crise d'adolescence et qui avait voulu d'un bad boy comme compagnon, pour emmerder papa et maman. Et je sais plus, j'm'étais sûrement retrouvé dans la chambre d'Andy, un soir, et sous le coup de la fatigue je m'étais laissé embrassé. Ou je l'avais embrassé. Je voulais pas y penser de toute façon. Je voulais pas penser à lui, à son corps et ses baisers qui en m'avaient jamais quittés. Parce que moi aussi je l'aimais. Et la seule fois où j'étais tombé amoureux, la seule et unique putain de fois où il avait fallu que j'ai des sentiments pour quelqu'un, c'était un mec. Un mec, comme moi. Avec des couilles, des muscles, et une bière à la main. Fallait que ça change, j'sais pas, je pouvais me faire un remake de film pour adolescent, en me rendant compte qu'Emma, ma fausse petite amie, est en fait la femme de ma vie. Blockbuster américain, happy end. Ou pas happy end. J'avais trop envie de cet espère de connard pour tomber amoureux de quelqu'un d'autre. Baise et amour ça se mélange pas. « Je t'ai pas demandé un rapport détaillé de ta vie amoureuse. J'vois pas pourquoi t'es venu me les briser, alors que ta Girlfriend pouvait te la jouer Adriana Karembeu pour te chouchouter. . »

Je reste le poing appuyé sur la porte, à attendre qu'il daigne m'envoyer ces putains de clés. J'ai pas a espérer qu'il m'attrape la main en pleurant pour me dire de rester. J'ai pas non plus a espérer qu'il va gentiment me les passer en me souhaitant bonne route. Non, faut qu'il me les balance dans la gueule. Tu trouves pas que je suis assez amoché ? Et ça aurait été trop beau qu'il s'arrête là, qu'il me laisse partir avec le reste de dignité que j'ai. « Bah casse-toi ! J'te retiens pas ! Tu sais encore ouvrir les portes à c'que je sache non ? Tu savais bien le faire quand on était ados pour aller te caler dans mon lit . ». Quel enculé. J'crois jamais avoir rencontré quelqu'un d'aussi détestable, et j'dois avoir un léger côté maso, en plus de mon putain de côté tapette, pour pouvoir aimer un pourri comme lui. Je devrais me retourner et le pousser de sa fenêtre. D'ailleurs, clés en mains, c'est ce que je m'apprête à faire. Doigt pointé vers sa tête de vainqueur, je hurle aussi fort que lui. « Putain, mais tu sais faire que ça ? Rabaisser les gens ? Y a vraiment que ça qui t'fais jouir connard ? ». J'en ai les larmes aux yeux de crier. Chaque inspiration, toujours plus forte que celle qui précède, m'appuie sur les côtes. J'ai mal mais j'ai pas envie de m'arrêter d'hurler. De lui déballer des horreurs comme lui peut m'en balancer. « Tu juges toi ? Alors qu't'as toujours eu c'que tu voulais ? Regardes ton appart, il est plus grand que celui de ma famille. Et même elle, ta famille t'es obligé de la pourrir. Même le mec qui t'aime t'es obligé de le descendre juste pour la forme. » J'm'approche un peu plus de lui, affalé qu'il est dans son canapé. Le truc, c'est que tout ce que je peux lui dire, ça risque de ne pas l'atteindre. Il en a rien à cirer de sa famille, tout ce qu'il veut c'est son fric, et je suis sûr qu'il en rien non a foutre de moi. Plan cul comme un autre pour passer le temps. Et j'ai mal. Je sais pas comment j'ai fais pour me traîner jusqu'à sa porte mais j'en peux plus. Tant pis, j'ai qu'à mourir sur son fauteuil, c'est lui qui me trainera dehors. Doucement, je m'assieds sur le fauteuil à côté du canapé, lui jetant un regard mauvais avant de prendre une clope. J'ai encore envie d'hurler, de balayer sa table du revers de la main pour tout foutre en l'air. J'ai besoin de me passer les nerfs, parce que la soirée n'a pas été facile, parce que le mois non plus. En fait rien n'est facile depuis que je l'ai rencontré, et depuis Ser'. J'lui en veux pas d'être riche, j'en ai strictement rien à foutre. J'lui en veux pas non plus d'avoir une famille. Mais qu'il me jarte de chez lui, qu'il fasse comme si rien n'avait d'importance si. Et je lui dis que je l'aime, histoire de voir s'il réagit, ou s'il a vraiment qu'un putain de cœur de glace. Je prends ma tête entre mes mains, avec toujours ce mal de crâne et fini par soupirer. « Et tu sais quoi ? Laisse tomber, je peux pas bouger, désolé pour toi. Va te coucher, j'serai parti avant que tu te lèves. J'vais dormir sur le fauteuil. » Ça me blase, totalement.

J'ai toujours autant aimé les garçons que les filles, et cela n'a jamais été un problème pour moi. Depuis que je suis adolescent j'enchaine les conquêtes féminines et masculines. A vrai dire je trouve ca plus avantageux que de rester fixer bêtement sur des personnes du sexe opposé tout cela parce que c'est « contre nature ». Bah ouais on a plus de choix en étant bisexuel qu'en étant hétéro. Ce qui me chagrine le plus c'est que Soan soit pas foutu de s'assumer. J'vois pas où est le problème moi. Je suis super à l'aise avec ma sexualité et je pense que tout le monde doit être au courant pour le fait que j'aime les hommes et les femmes. De toute façon si ca dérange quelqu'un, je l'emmerde voilà tout. Alors oui j'aimerais bien le secouer, pour qu'il réagisse, pour qu'il assume le fait qu'il ait une par en lui qui aime les hommes. Mais ce n'est qu'un pauvre abruti borné d'ukrainien. Ce n'est pas que je me sens investi d'une mission, ou bien que je me prends pour le Messie, mais je vais tout faire pour qu'il affronte enfin la vérité. Et que Soan se l'avoue à lui-même. C'est grâce à mon idiote de frangine que je l'ai rencontré ce « bad boy ». Taylor avait dû faire sa crise ce jour là pour nous ramener un mec pareil à la baraque. Moi même j'étais sur le cul de la voir débouler avec un type comme Soan. Nos vieux avaient failli faire une syncope dans la cuisine. Je revois encore la tête de la mère. Mais bon, ce n'était pas pire que le jour où je me suis ramené tatoué de partout. Non ca c'était encore l'étape au dessus. Bref, pour en venir à ce cher Wilshire, je me souviens avoir passé mon temps à le fixer avec mon regard de pervers. Je trouvais ca marrant parce que ca le mettait affreusement mal à l'aise. Et puis finalement on s'est retrouvé tous les deux dans ma chambre et par la suite dans mon lit. Ce n'était pas ma première relation avec un garçon, mais la notre avait été la meilleure. Peut-être parce qu'en plus d'un désire physique il y avait de l'amour. Ouais ca devait être un truc comme ca. Et puis tout avait volé en éclat après mon départ de San Francisco pour New York. J'ai vécu ce que j'avais à vivre là-bas et maintenant que je suis revenu, je crois qu'on a pas mal de choses à régler lui et moi.

Comme à mon habitude je m'énerve, je m'emporte et lui balance plein de trucs à la gueule. Je suis dégueulasse je le sais, mais j'ai toujours agis de cette façon. Que les gens me trouvent détestable me rassure. C'est complètement stupide, mais je préfère ca, plutôt que les gens s'attachent à moi. Affalé dans mon canapé et après avoir balancé mes clefs à la tête de Soan je tire sur ma clope comme un pompier. J'en ai rien a foutre qu'il se tire, qu'il se refasse péter la figure au coin de la rue. C'est pas mon problème. Qu'il aille retrouver sa nana, je m'en tape royalement à vrai dire. Mais avant qu'il ne passe la porte, je me dois en bon Andreas Luka Benson, de lancer une phrase cinglante. Ah. Le voilà qui réagit enfin. Il était temps, je commençais sérieusement à m'ennuyer de le voir s'apitoyer sur son sort depuis déjà cinq minutes. Je laisse échapper un rire et le regarde s'exciter tout seul. « Putain, mais tu sais faire que ça ? Rabaisser les gens ? Y a vraiment que ça qui t'fais jouir connard ? » « Envoyer des piques et les vannes c'est un domaine dans lequel j'excelle et tu le sais. » Que je lui rétorque avec un large sourire. Franchement j'aurais un mec comme moi, en face de moi, je crois qu'il y a deja longtemps qu'il se serait pris mon poing en pleine gueule. Soan à mal et ca se voit à sa tête. Ca se voit qu'il souffre le martyre à cause de son crétin de paternel qui lui a mis une sacrée dérouillée. Je reste poser dans mon canapé, l'air décontracté tout en l'écoutant péter son cable tout seul. « Tu juges toi ? Alors qu't'as toujours eu c'que tu voulais ? Regardes ton appart, il est plus grand que celui de ma famille. Et même elle, ta famille t'es obligé de la pourrir. Même le mec qui t'aime t'es obligé de le descendre juste pour la forme. » Je bloque pendant quelque secondes, la clope pendue à mes lèvres. Je fixe bêtement la bouteille de bière, avant de lever un sourcil. De cette longue tirade je n'en retiens que la fin. C'est la partie la plus intéressante. Mais je ne dis rien. Me contentant de jubiler intérieurement face à une telle révélation. Du coin de l'oeil je suis Soan prendre place sur le fauteuil. Je souris face au regard mauvais qu'il me jette et fini par écraser la fin de ma clope dans le cendrier posé sur le rebord de la table. « Et tu sais quoi ? Laisse tomber, je peux pas bouger, désolé pour toi. Va te coucher, j'serai parti avant que tu te lèves. J'vais dormir sur le fauteuil. » Je fais une moue boudeuse avec ma bouche et croise les bras tout en m'affalant dans mon canapé. « Arrête de faire ta tête de con tu m'énerves. » Que je lui réplique dans la seconde. « J'vais pas te laisser pioncer dans mon salon. J'ai une chambre j'te signale, et vu dans l'état dans lequel tu es, il vaut mieux que ce soit toi qui prenne ma chambre. J'vais dormir là. J'ai pas envie que tu penses que j'veux te violer ou une connerie dans le genre. »

Je sais que ça l'amuse, de me voir au plus mal. Pas les coups de mon paternel, ça il en a jamais rigolé, j'pense même que ça lui faisait un peu de peine... j'parle de ma gêne, de me retrouver avec lui, ou avec d'autres mecs bandants. Parce qu'il y en avait eu. Et un pédé refoulé au final, tu remarques que lui quand il essaye de se cacher. Combien de fois, autours de la table familiale, Andreas m'avait lancé des regards en biais, avec des sourires pervers, une main baladeuse sous la table pour me faire avaler mon bout de viande de travers. Il était doué à ce jeu là, pour mettre son entourage mal à l'aise, trouver le point faible et creuser la plaie béante. Déjà que la famille ne m'aimait pas trop … comme si j'allais lui mettre une cuillère de coke sous le nez à leur fille. Comme si c'était ma faute si Andy c'était ramené avec des tatouages ou des coquards ! Il avait pas voulu m'imiter sur le coup, il était assez grand pour prendre ses décisions, et Taylor assez conne pour m'acheter ma dope. Ils devaient tous avoir un sacré problème psychologique dans cette famille. Parfois, quand j'attendais dans le canapé du salon que la brunette soit prête pour sortir, j'avais la mère qui s'asseyait avec un livre en face de moi, me détaillant de haut en bas avec ses yeux de rapace. J'avais envie de lui hurler que j'étais pas un délinquant. C'est vrai je sortais, je dealais, j'allais et venais en GAV mais j'étais pas là pour pervertir ses enfants, assez atteints à la base pour avoir besoin d'mon aide. Au début phénomène de foire, j'avais finalement été accepté par les gamins, surtout la plus petite, Cha', qui jouait parfois avec Sacha. Andreas aussi m'avait adopté, prenant bien soin d'me garder au chaud, dans son lit. Je savais comment il marchait à force, qu'il était possessif à l'extrême. Et je savais qu'il me balancerait pas dehors si je revenais. J'pouvais très bien partir ce soir, aller m'écrouler devant une autre porte et refrapper demain matin pour prendre le petit déjeuner. Tant qu'il avait sa victoire tout allait bien : il prendrait mon retour pour une forme de soumission, il penserait qu'il me manque beaucoup trop, que je peux rien faire sans lui même si je l'avouais pas, en me servant mes céréales. C'est faux ; j'peux très bien me débrouiller sans lui. J'crois que ce qu'il voudrait c'est le monde a ses pieds. Qu'on lui mange dans la main. Il avait toujours eu une forme d'emprise sur moi, je sais pas comment il se débrouillait mais les périodes ou « j'étais avec lui », les autres disparaissaient petit à petit de ma vie sociale. Soit ils se détournaient, soit ils tombaient sous le charme d'Andy. Benson c'était un putain d'aimant, un piège.

Je serre la clope entre mon index et mon majeur, écrasant un peu le filtre orangé. Il rit, comme d'habitude. Et rien de ce que je lui ai balancé ne l'a touché. Tant pis, la prochaine fois qu'on a ce genre de dispute, je me casse. Pour de bon... Et je reviens le lendemain. « Envoyer des piques et les vannes c'est un domaine dans lequel j'excelle et tu le sais . » A force de m'en prendre plein la gueule, j'avais développé la technique de l'autruche qui consistait à passer outre, à ne plus écouter en se concentrant sur autre chose. Parfois c'était beaucoup trop mauvais, et fallait que je me détourne de tout ce qu'il pouvait me balancer sur ma sexualité. Je tire une latte sur la cigarette, regarde mes mains et ma peau rougie deux secondes. J'suis crevé et blasé. Je relève les yeux, croise deux secondes son regard et j'me met à sourire doucement. Sa gueule de vainqueur me fait marrer. « Arrête de faire ta tête de con tu m'énerves. J'vais pas te laisser pioncer dans mon salon. J'ai une chambre j'te signale, et vu dans l'état dans lequel tu es, il vaut mieux que ce soit toi qui prenne ma chambre. J'vais dormir là. J'ai pas envie que tu penses que j'veux te violer ou une connerie dans le genre. » Lui ? Rester dormir sur son canapé alors qu'il a un lit deux places ultra confortable à quelques mètres ? Je tire une dernière latte de ma clope avant de l'écraser dans le cendar. « Tu bats les r'cords de gentillesse ce soir. C'est l'effet gueule cassée ? » J'lui lance un regard amusé. Les disputes durent jamais très longtemps, et j'ai surtout pas envie de m'étaler sur mon sort. « On peut cohabiter. Dans ton lit. T'as pas du prendre un clic clac, doit y avoir la place. » Je détourne les yeux. Je regrette direct ce que je viens de dire, j'devrais rester sur le canapé, il est aussi confortable que mon lit chez mes parents. « J'te refais le portrait si jamais t'oses me toucher. » Pour rire bien évidemment. Quoi que non, je sent ne serait ce qu'une main se balader sur mon torse tout à l'heure et j'lui fait un maquillage de panda.