Callie prit place dans le siège de droite face au bureau de l’avocat. Elle fouilla dans son sac de cours la chemise qui contenait des propositions de contrats que des recruteurs lui avaient envoyé ou lui avaient glissé dans les mains quand elle avait quitté la patinoire après un match. Comme son précédent rendez-vous avait été annulé elle se retrouvait avec un nombre de papier plus important qu’à l’accoutumée. Pour le moment elle garda la chemise sur les genoux et étendit sa jambe blessée devant elle en prenant garde à ne pas toucher à Cooper.

« J’imagine que vous savez déjà pourquoi je suis là » répondit-elle à sa dernière question

Elle souleva la chemise bleue et enchaîna :

« C’est la foire aux recruteurs ! »

Cela n’était guère étonnant. La fin de la saison approchait à grands pas et l’équipe de Callie était d’ors-et-déjà qualifiée pour les play-offs. Leur entraîneur leur avait dit qu’à partir de maintenant, ce serait un autre type de personne qui viendrait les aborder. Pendant cette phase de la saison, les grosses équipes qui s’étaient réservées jusque là commençaient à s’intéresser à ce qu’il se passait dans le hockey universitaire. Ils pensaient qu’une sélection s’était opérée et qu’à présent les meilleurs éléments étaient en lice. Ce n’était pas tout à fait la réalité. Il y avait parfois d’excellents joueurs dans des équipes non qualifiées mais malheureusement ces gens là n’étaient pas du même avis.

La Iota tendit finalement la chemise ouverte à l’avocat. La jeune femme eut un sourire en voyant la tête qu’il afficha en voyant la petite pile de feuilles.

« Et encore ne vous plaignez pas, j’ai raté les derniers matches à cause de ma blessure, cela vous fait toujours ça de moins à éplucher »

A partir de maintenant, Callie n'avait plus qu'à attendre le verdict de Copper.

« En toute franchise je ne sais pas où je voudrais aller. J’ai du mal à me projeter en sachant que je dois d’abord terminer mes études ici avant de pouvoir aller jouer dans ces équipes. Si tout se passe bien j’en ai encore pour deux ans. Seulement mon entraîneur ne cesse de nous répéter qu’il faudra tôt ou tard qu’on se décide si on souhaite avoir une chance de jouer parmi les meilleures »

Callie se laissa aller contre le dossier de son siège l’air nettement moins joyeux qu’à son arrivée dans le bureau. Les examens approchaient à grands pas et elle n’avait guère le temps de se préoccuper de la question de son avenir quand elle voyait la tonne de livres et d’articles de psychologie qu’elle avait à lire avant le début des épreuves. Les professeurs leur mettaient la pression et bien que la hockeyeuse tirait avantage de sa convalescence pour ne pas accumuler trop de retard, elle voyait le ratio temps/travail à fournir jouer en sa défaveur.

« Dans l’idéal il faudrait que je puisse répondre d’ici deux voire trois semaine maximum mais je ne sais pas si ça vaut le coup que je m’engage maintenant. J’ai peur de faire le mauvais choix et de m’embarquer sur le mauvais bateau. »

Si la jeune femme expérimentait ce que c’était de devenir une adulte, elle avait cependant peur de mettre en l’air la belle carrière à laquelle elle était promise depuis son plus jeune âge dans le monde du hockey sur glace. L’expérience de son père en tant que joueur dans l’équipe nationale ne l’aidait pas forcément à se diriger. Il lui tenait à quelques mots près le même discours que son coach et cela ne l’aidait pas tellement à y voir plus clair. Quant à sa mère, elle était en relation tendue avec elle à ce propos, et elle désirait que sa fille ne se consacre qu’à ses études et sa carrière hors hockey.

« Qu’en pensez-vous vous ? »

Après tout, en tant qu'avocat, Liam était habitué à faire des choix, à mettre au point des stratégies pour parvenir à son but et à faire gagner son client dans un procès. Peut-être que son expérience dans la profession ou dans sa vie personnelle pourrait l'éclairer.

Callie parut réfléchir un moment aux propositions de l’avocat. Elle trouvait qu’il n’avait pas tort mais cela allait un peu à contre sens avec ce que son entraîneur disait. Cooper avait l’expérience du métier qui parlait et dans son intérêt professionnel il ne chercherait sans doute pas à lui prodiguer de mauvais conseil. Au moins la hockeyeuse avait l’assurance qu’en cas de souci elle pourrait toujours se tourner vers lui pour éviter d’avoir des ennuis. Callie se dit qu’elle devait peut-être s’accorder du temps avant de prendre une décision qu’elle soit dans le sens de ses études ou dans un engagement auprès d’un club.

“J’ai l’impression d’être en fin de collège et que mon professeur principal me harcèle pour que je lui dise vers quelle voie je souhaite me diriger. A 13 ans je savais que je voulais faire du Hockey, comme mon père je voulais faire carrière dans ce sport. Mais on me répondait que ce n’était pas un métier alors j’ai du chercher autre chose pour les satisfaire... Alors il y a ces fameux tests d’orientation dont les résultats diffèrent d’un questionnaire à l’autre. Pour moi, ces contrats, ces engagements dont je ne comprends pas la moitié d’entre eux pour certains, c’est la même chose.”

Elle soupira et grimaça. Son genou commençait à l’élancer, elle devait songer à rentrer pour se reposer, il avait été suffisamment sollicité aujourd’hui entre les divers escaliers des bâtiments et amphithéâtres où elle avait eu cours. Tandis qu’elle se levait pour prendre congés, son téléphone portable sonna. Le numéro qui s’afficha sur l’écran était celui du recruteur de Sacramento. Elle tourna l’écran de son téléphone vers Cooper pour qu’il puisse voir l’identité de l’appelant.

“C’est la cinquième fois qu’il m’appelle depuis la semaine dernière. A force, je ne sais plus si je dois répondre, il me demande toujours si j’ai fait mon choix et il devient de moins en moins sympathique à chaque fois. Vous pensez que je devrais faire quoi avec lui ?”

Elle préféra raccrocher pour cette fois pour laisser cet homme discuter s’il le désirait avec sa boîte vocale. Elle entreprit de ranger son téléphone mais à mis chemin vers la poche de son sac il sonna de nouveau. Encore lui. Il rappelait.