Un court métrage à réaliser en deux mois. Cela restait une tache tout à fait à la portée de Violett qui ne manquait jamais d’idées lorsqu’il s’agissait d’assembler des images et d’y exprimer ses idées. Ce projet était drôlement bien organisé. Il rassemblait plusieurs filières de l’université. En effet, elle avait besoin de quelques acteurs pour qui il allait s’agir d’un bon entrainement et de quelques assistants l’aidant pour la mise en place du matériel lors des scènes d’intérieur par exemple. Violett était cependant une grande adepte des plans caméra en main à qui elle trouvait toujours un certain charme. Elle avait donc la plus grande partie du travail à réaliser seule. Elle venait d’achever le script et de choisir les acteurs qu’elle allait diriger. Son court métrage était très simple, il racontait l’histoire d’une rencontre amoureuse manquée, perdue dans le flot de la vie que les individus s’efforcent de suivre.

La jeune femme s’était ainsi rendu en fin de soirée à la salle informatique qui lui était pour l’occasion prêtée. Un tas d’appareils qu’elle ne maitrisait pas le moins du monde occupait la pièce. Son matériel était entreposé au milieu d’ordinateurs hors service et de circuits électriques démontés. Elle attendait en réalité l’arrivée du jeune assistant qu’on lui avait attribué, qui devait venir vérifier le bon fonctionnement du matériel et lui préciser les quelques précautions d’usages qu’elle ignorait peut-être encore. Violett portait un jean délavé, un top féminin et son vieux blouson favori. Elle lança négligemment son sac ainsi que ses clés sur le grand bureau qui se tenait au milieu de la pièce. Elle ne put s’empêcher de remarquer l’état déplorable dans lequel se trouvait cette dernière. Elle entendit alors des bruits de pas s’approcher, elle se redressa et l’observa entrer. Violett n’était pas vraiment douée dans l’art de déguiser ses émotions et ne put ainsi retenir un haussement de sourcils. Elle l’avait déjà rencontré auparavant, quelques jours plus tôt, dans un endroit beaucoup plus rempli, plus sombre, plus bruyant. En boite de nuit. Il avait tenté de la « brancher », elle qui n’était pas vraiment d’humeur avait fièrement repoussé ses avances. Oui, la jeune étudiante se plaisait à croire qu’elle maitrisait grandement ses relations avec le sexe opposé. Quelle poisse. Elle avait pourtant besoin de lui. C’est à cet instant qu’elle remarqua, trop tard malheureusement, la poignée manquante de leur côté de la porte. En effet, le jeune technicien venait de la pousser avec son sac, les enfermant tous deux.

Violett n’avait aucune idée de la façon de gérer cette situation, qui, elle l’avouait, était tout de même plutot amusante.
« Hum, je crois que cette fois je ne vais pas vraiment pouvoir fuir… » déclara t-elle alors avec un sourire quelque peu amer, désignant du doigt la porte sans poignée, désormais fermée.
Elle n’était pas enchantée à l’idée d’être enfermé en sa compagnie, mais elle détestait les tensions. Et le meilleur moyen de les éviter était encore d’établir un contact. Elle aurait pu paniquer, frapper contre la porte, hurler à plein gosier. Seulement, elle n’avait vu personne en entrant et elle doutait de voir du monde passait dans le coin, un dimanche, à une heure pareille.
« Je suis donc Violett. Tu n’avais pas l’air de tellement t’intéresser à mon prénom l’autre soir… Tu es ? »
Oui, les banalités d’usages. Elle avait besoin de mettre un nom sur ce visage qu’elle allait avoir le temps de précisément détailler. Après tout, il devait bien avoir quelques qualités. De toute manière, elle avait besoin de lui pour son projet, elle devait donc être habile.