J’avais l’espace d’une seconde imaginé que lui révéler la cause de mes tourments me permettrait d’aller mieux. Pourtant, c’était tout l’inverse qui se produisait, j’avais du mal à penser que cette discussion mènerait à autre chose qu’une dispute, ou pire. Je ne devrais peut-être pas être aussi pessimiste, après tout, il paraît que les miracles existent. Dans ce cas précis, le miracle s’appellerait divorce, s’il était prononcé un jour, vu le temps que mettent les procédures de ce genre. Je détestais avoir des pensées aussi noires, ça n’apportait rien de bon, à part encore plus de tristesse et de désarroi. Mais que pouvais-je faire pour m’en empêcher ? J’avais déjà songé à toutes sortes de possibilités. Faire la fête, boire, faire du shopping, prendre l’air, j’avais tout essayé. Je ne pensais pas à ce foutu mariage le temps de mon occupation, mais une fois au repos chez moi, il revenait au galop pour me martyriser l’esprit. Je n’exagérais pas, cette histoire me perturbait vraiment et ce n’était pas normal ! Pourquoi fallait-il que je sois attiré par un professeur ! Comme s’il n’y avait pas déjà assez d’étudiants masculins à BCU…

ESTRELLA « Elle ne m’a rien dit de plus. C’est quoi exactement l’histoire ? Vous avez bu, dansez, couchez et avez décidé de passer par la case chapelle pour fignoler le tout ? Remarque, vous avez peut-être fait ça dans le sens inverse ! »

J’étais allée trop loin cette fois, je le savais pertinemment. Mais de sortir des insanités me faisait du bien, au moins l’espace d’une seconde. Pourtant ce n’était pas dans mon caractère, et ça ne devait pas commencer à l’être. Je passai une main dans mes cheveux puis soupirai avant de baisser les yeux, honteuse de mes paroles.

ESTRELLA « Désolée… ça ne me regarde pas de toute façon. »

Comment pouvais-je lui avouer ce que tout ça représentait pour moi après ça ? C’était complètement impossible. Il finirait bien par comprendre par lui-même que si ce mariage me touchait à ce point il devait y avoir une raison valable. Raison que j’avais du mal à cerner moi-même pour le moment alors… Enfin, je décidai de lui donner un indice, pour ne pas le faire mariner trois heures, et ainsi abréger cette discussion éprouvante pour tous les deux. Il finit par ouvrir les yeux et sa réponse ne me surprit qu’à moitié. Néanmoins, j’étais bien partie pour faire ma chieuse maintenant, autant la faire jusqu’au bout alors !

ESTRELLA « Ha vingt ans ! J’oubliais que toi tu en avais cinquante ! Bizarrement tu n’avais pas fait cette remarque à Naomi devant l’autel ! »

Je me tus une nouvelle fois, mais là encore, j’en avais suffisamment dit pour blesser. Tout ça à cause de la pression que j’avais emmagasiné ces derniers jours. Nath ne devrait pas être la cible de ma colère, qu’il en soit ou non le fondateur. Je repris d’une voix plus douce, afin de me rattraper.

ESTRELLA « Je ne te demande rien Nath, j’ai bien compris que c’était risqué voire même carrément n’importe quoi. Mais ose me dire que tu n’y avais jamais songé, que cette idée ne t’avait pas au moins une fois effleuré l’esprit. Parce que moi j’y pense tout le temps, et ça me rend dingue ! Je ne veux pas t’attirer d’ennuis, je te le jure. Mais je ne sais plus quoi faire ! »

Ce n’était pas le moment de craquer, je me devais de rester forte pour entendre ce qu’il avait à me dire. Mais c’était difficile. Difficile de l’avoir si prêt de moi sans avoir la possibilité de me laisser aller. En plus de son travail, Naomi se trouvait elle aussi entre nous à présent. C’était certainement la voix de la raison, seulement je n’ai jamais réussi à être raisonnable…

En repensant à mes paroles, je m’en voulus d’avoir été aussi impartiale. Je détestais juger les autres, pourtant je venais de le faire sans vraiment m’en rendre compte. Et pour couronner le tout j’avais réussi à employer les bons mots pour blesser. Qu’est-ce qui me prenait de lui demander s’il avait couché avec Naomi, en quoi cela me regardait ? Après tout, légalement ils étaient mariés, ils pouvaient donc faire ce qui leur plaisait. En ce qui concernait Naomi, c’était déjà fait, elle ne semblait pas préoccupée plus que ça par ce mariage bidon, puisqu’elle m’en avait parlée d’une façon désinvolte. En même temps je ne l’aurais pas du tout vu en femme mariée, je la trouvais encore trop jeune pour ça. Oh bien sûr j’étais ravie pour les couples qui sautaient le pas aussi tôt, s’ils pouvaient trouver en le mariage un accomplissement de leur amour, tant mieux pour eux. Pour ma part, je trouvais que c’était précipité, après tout, la vie est faite pour être vécu, pas pour mener une vie pépère chez soi. Du moins pas les trente premières années. Mais bon ce n’était que mon avis. Après si je trouvais la perle rare pourquoi pas…

Pour en revenir à ce mariage, j’avouais qu’il m’affectait plus que la normale. J’avais fini par m’y faire, je ne trouvais néanmoins pas encore le moyen de gérer toutes ces émotions qui m’assaillaient quand j’y repensais. Avec du temps peut-être y arriverais-je, qui sait ? Mais pour le moment, être en face de Nathanaël m’empêchait de réfléchir convenablement et c’était la raison de mon impulsivité poussée.

ESTRELLA « Je le sais très bien. Le problème c’est que ce n’est pas avec n’importe qui. Naomi est mon amie, et le seul fait de t’imaginer avec elle… »

Un frisson me parcourut. Je ne préférais pas prolonger ces pensées, elles ne faisaient que me faire souffrir. Or si je souhaitais aller au terme de cette conversation, je me devais d’être un minimum forte et imperméable à ces émotions. Mais je devais avouer que Nath ne m’aidait pas vraiment à me soulager. Il semblait coupable de son acte, ce qui était rassurant dans un sens. Mais comment pouvais-je continuer à lui en vouloir s’il affichait clairement sa culpabilité ?

ESTRELLA « Tu ne me dois rien Nath. Et non, ça ne me soulage pas de te balancer des méchancetés. Au contraire. J’ai juste envie de comprendre, mais je crois qu’il faudrait d’abord que j’arrive à digérer ce mariage. Et c’est pas gagné. »

A présent, il avait enfin compris pourquoi je réagis aussi violemment face au lien qui le reliait avec Naomi, pourquoi ça me rendait dingue de le savoir marier avec une autre. J’étais jalouse, tout simplement. Pourtant je ne pensais pas être amoureuse de lui, pas encore du moins, mais mes sentiments étaient de loin trop forts pour être ignorés. Cette fois, c’était lui qui jouait le plus raisonnable de nous d’eux. Cependant, m’énumérer les raisons pour lesquelles nous ne devrions pas tenter une relation tous les deux ne m’empêchait pas de penser l’inverse. Et lorsqu’il finit par me dire ce qu’il ressentait vraiment, sans chercher à me ménager, je restais bouche bée. Je ne m’étais pas du tout attendue à ce qu’il mette en mot ce que je pensais être la seule à ressentir. Je ne croyais pas cela réel, c’était comme inconcevable.

ESTRELLA « A quoi tu joues là ? Tu… attends, tu… t’es sérieux ? »

C’était plus fort que moi, j’avais du mal à le croire. C’était presque surréaliste suite au petit discours qu’il venait de me faire. Pourtant, il ne s’amuserait jamais à me dire une chose qu’il ne penserait pas si ? Je m’avançais vers lui, pour n’être qu’à quelques centimètres. Je n’avais qu’à bouger ma main pour le toucher, mais ce n’était pas mon intention, pas encore. J’avais d’abord autre chose en tête.

ESTRELLA « Prouve le. Prouve moi que je t’obsède. »

Je le laissais libre pour faire ce qu’il souhaitait, je ne m’y interposerais pas. Tout ce que je cherchais, c’était de confirmer ses dires, trop beaux pour être vrais.

Éviter d’y penser. Si seulement je pouvais suivre son conseil. Je pouvais avoir toute la volonté du monde, je continuais à l’imaginer une bague au doigt, sa jumelle disposée au doigt de Naomi. Bien entendu, aucun d’eux ne la portait, je ne savais même pas s’ils avaient pris la peine de s’en offrir une. Surement, sinon comment auraient-ils su qu’ils étaient mariés ? C’était ce genre de questions qui n’arrêtaient pas de trotter dans ma tête, m’empêchant tout simplement de penser à autre chose. Pas étonnant que je devienne folle et irritable. Mon frère avait remarqué mon état avant que je ne lui dise quoi que ce soit, juste en me regardant. En même temps, il me connaissait mieux que personne. Le moindre regard, le moindre geste pouvait le faire comprendre que quelque chose clochait. C’était la même chose pour moi, je voyais bien qu’il était soucieux depuis qu’il avait appris qu’il deviendrait papa. Moi-même j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire, mais à présent, j’étais sereine et le réconfortais dans ses moments de faiblesses, l’écoutais et le calmais quand c’était nécessaire.

ESTRELLA « C’est plus facile à dire qu’à faire tu vois… »

Je n’avais aucune raison de demander des éclaircissements quant à la fin de sa phrase il me la donna plus tard. Que je compte différemment que Naomi me faisait plaisir, plus que je ne pouvais le dire, et en même temps ça m’effrayait. En fait, je ne savais pas ce que je voulais, j’étais paumée dans ce que je considérais comme des sentiments. J’avais des doutes, des questions, des appréhensions et du mal à mettre de l’ordre dans mes idées. Nath tenta alors de me rassurer en m’expliquant qu’il était en plein divorce. Je m’en doutais déjà, même si aucun des intéressés ne m’en avait vraiment parlé jusque là. Certes ça me faisait du bien d’entendre ça, pourtant, je n’en étais toujours pas sereine.

ESTRELLA « Si… peut-être. Je sais pas en fait… Ca va durer combien de temps ? »

Le fait de savoir combien de temps il allait encore appartenir à une autre m’aiderait peut-être à me faire à l’idée que ce n’était qu’une passade. Il n’aimait pas Naomi, il me l’avait certifié, ça changeait les choses. Pourtant ils auraient toujours ce lien particulier, que rien ne pourrait effacer. Je savais pertinemment que ça ne me servait à rien d’être jalouse de cela, c’était même puéril puisque nous n’étions même pas ensemble. Je ne pouvais néanmoins pas m’en empêcher. J’hochai donc simplement la tête lorsqu’il me dit que mes craintes n’avaient pas raisons d’être puisque c’était du passé. Quelque chose changea cependant suite à ses déclarations. Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il me dise tout ça, c’était trop beau, trop … trop tout. Je ne réalisais tout simplement pas que les questions que je m’étais posée avaient été les mêmes que les siennes. Je fis alors quelque chose que je ne contrôlai pas. M’approchant de lui, je lui demandai de me prouver ses dires. Ce que je voulais, c’était qu’il m’embrasse. Je le défiais, voulais voir jusqu’où il était capable d’aller. Mais s’il ne le faisait pas, je ne lui en aurais pas voulu, parce que je comprenais sa position. Il n’était pas facile pour lui d’être proche d’une de ses élèves, surtout que je n’étais pas celle qui était la moins connue. Les sentiments étaient incontrôlables, venaient n’importe quand, sans qu’on ne s’y attende, et ce n’était pas toujours facile à gérer.

Il me prit la main, envoyant par la même occasion une décharge électrique dans tout mon corps. Mon cœur se mit à battre la chamade et il était impossible pour moi de me contrôler. Le coup d’œil qu’il lança vers la porte close me fit comprendre ses intentions. Il n’allait pas se défiler, bien au contraire. Ca me fit sourire, moi qui pensait qu’il serait resté raisonnable, je m’étais agréablement trompée. Mon regard ne quittait pas ses yeux hypnotisant, cherchant à savoir à quoi il pensait. J’étais curieuse de nature, mais là, j’avais une toute autre chose en tête. Quant enfin nos lèvres se touchèrent, une sensation étrange me prit au ventre. Ma main gauche se posa sur celle qu’il avait sur ma joue, tandis que l’autre alla rejoindre son cou pour le garder près de moi. Je pouvais sentir les pulsations de son cœur à mon toucher, en accord avec les miennes. Notre baiser restait doux, presque innocent, ça ne m’empêchait pas de le savourer pleinement. Je ne saurais dire combien de fois j’avais rêvé poser mes lèvres ainsi sur les siennes. Ca en était devenu obsessionnel et à présent que je pouvais réaliser mon vœu, je n’avais qu’une envie : recommencer, encore et encore pour ne jamais m’arrêter. Il fallait néanmoins nous séparer à un moment donné, ne serait-ce que pour ne pas mourir asphyxier. Je n’éloignai mon visage que de quelques centimètres, posant mon front sur le sien, un sourire bienheureux au visage. Je n’arrivais pas à décrire toutes les sensations que j’éprouvais devant lui. Je reprenais doucement mon souffle, tout en passant mes deux bras autour de ses épaules. J’étais bien, si bien.

ESTRELLA « Je veux être avec toi Nath… » murmurai-je

Ça mettait sorti tout naturellement, cependant je savais pertinemment qu’il allait falloir y réfléchir. Peser le pour et le contre, sachant qu’il risquait sa carrière si il acceptait. Pour ma part, ce serait sans aucun doute mal vu aussi que je sorte avec mon prof, mais là tout de suite, je n’en avais absolument rien à faire ! Je ne voulais qu'être dans ses bras et ne plus en partir.

Plus on discutait du mariage, et plus j’arrivais à me faire à l’idée. Pas au point de faire comme si de rien n’était, mais au moins je n’avais plus cette boule au ventre comme avant. J’étais angoissée, pour de bonnes raisons, mais il me manquait une partie des explications, et donc j’avais laissé place à mon imagination, qui ne m’avait pas montrée beaucoup de belles choses. Je me souvenais d’un de mes cauchemars, c’était la nuit suivant la confession de Naomi sur sa relation avec Nathanaël. Je les voyais tous les deux, main dans la main en train de se dévouer corps et âme à leur amour. Je m’étais réveillée en sursaut et n’avais plus réussi à fermer l’œil, de peur de revoir ses images horribles. Et depuis, je continuais à me faire des films, ne sachant pas exactement la nature de leur relation. Après tout, ils auraient très bien pu tomber amoureux une fois mariés, se découvrant tout un tas de points communs, des affinités. Pourtant ça ne s’était pas fait d’après Nath, j’en étais rassurée, très rassurée. Si ça en avait été autrement, je ne savais pas comment j’aurais réagi. Je ne me serais jamais dressée contre eux, ça c’était certain. L’amitié que j’entretenais avec Nao en aurait pâti, pour sûr, et celle avec Nath également. Mais à présent, toutes ces craintes étaient oubliées, bien placées au fin fond de ma mémoire. Je demandai alors une idée de temps que mettrait le divorce entre eux à être prononcé. Je savais qu’une telle procédure était longue à entreprendre, mais comme je n’avais aucune idée de quand ils l’avaient entrepris, je pouvais toujours espéré qu’elle s’achève vite. Mais Nath était tout aussi ignorant que moi à ce sujet, ce qui voulait dire que ça pouvait encore mettre des semaines voire des mois à être officialisé. Raison de plus pour ne rien précipiter entre nous. Si quelque chose devait être précipitée du moins…

ESTRELLA « D’accord… je l’espère aussi. »

Le sujet du mariage et du futur divorce laissa place à une distraction beaucoup plus intéressante. Si on m’avait dit que nous en arrivions à nous embrasser en arrivant, je ne l’aurais certainement pas cru. J’étais dans un tel état d’anxiété et de colère que je ne pouvais pensé à autre chose qu’à la relation privilégiée que Naomi entretenait avec notre professeur. A présent, j’étais comme dans un état second, comblée par le baiser que nous avions échangé. Il m’avait permis d’oublier un instant tous les problèmes avec lesquels j’étais entrée dans sa salle de classe. Et je ne demandais qu’à retenter l’expérience, qui fut si douce et savoureuse. Un vrai moment de bonheur. Quand nos lèvres se séparèrent, mon cœur s’exprima à travers des mots simples mais clairs. Oui je voulais être avec lui. Sortir avec lui, être avec lui. Plus qu’avant, d’une autre façon qu’avant. Pour certains, mon vœu pouvait paraître irréalisable vu le statut que tenait Nathanaël, mais qui n’avait jamais transgressé une règle ? Je n’avais pas choisi d’être attirée par mon prof plutôt que par un étudiant, mais quelle importance ? Je prenais ça comme un signe. Nath était le premier homme avait qui j’avais réellement envie de fonder quelque chose depuis mon arrivée à Berkeley. Et même avant, je n’avais vécu que très peu de relations stables et longues. Or c’était exactement ce que j’envisageai pour nous deux. Restait plus qu’à le convaincre, et à me convaincre moi-même que je ne nous mettais pas en danger avec mes pulsions. Comme je l’avais prédit, le grand et beau brun qui m’entourait de ses bras posa les questions à laquelle je n’avais, pour le moment, pas la moindre réponse précise. Je savais seulement ce que mon cœur voulait, après le reste…

ESTRELLA « Ma carrière n’est pas un problème. Je l’ai mise entre parenthèses pour mes études. Et quand bien même, j’ai le droit d’être avec qui je veux. Pour la tienne par contre, je n’ai pas de solution, à part comme tu dis, garder cette relation secrète, comme tu l’as fait avec Naomi. »

Ce n’était pas quelque chose de simple, je savais pertinemment qu’à un moment ou à un autre, quelqu’un découvrirait la vérité, si ce n’était pas en nous surprenant en ville le soir, ce serait durant un de ses cours. Comment voulez-vous que je reste de marbre alors que le prof qui faisait cours était mon petit ami ? Je m’en sentais incapable, pourtant, il allait bien falloir faire comme ça si nous voulions de cette relation. Et pour ma part, je ne désirais rien de plus cher. Il parla ensuite du Spring Break, auquel je n’avais même plus penser. Ça remarque me fit néanmoins sourire. Mes mains lui caressaient tendrement les cheveux tandis que je répondais pour le taquiner :

ESTRELLA « Tu as l’intention de faire la bringue pendant les vacances c’est ça ? C’est gentil de me prévenir de tes intentions… »

Je ne le laissais pas répliquer, lui volant un autre baiser avant qu’il ne puisse réagir à mes paroles. Jamais le prendre au dépourvu, surtout maintenant que mon esprit s’était d’un coup allégé. Je repris tout de même mon sérieux ensuite :

ESTRELLA « Ta crainte est tout à fait justifiée. Après tout, les Omegas sont réputés pour être des fêtards, dans tous les sens du terme. Et je peux comprendre que tu n’es pas encore suffisamment confiance en moi pour t’engager avant les vacances. De toute manière, je ne te demande rien, à part réfléchir. Je peux attendre. »

Je lui souris, afin qu’il sache que j’étais sincère. Je n’avais pas l’intention de l’obliger à faire quelque chose contre sa volonté, il pouvait donc parfaitement refuser. Seulement avant qu’il ne décide si oui ou non il voyait lui aussi un avenir avec moi, je voulais qu’il se prenne le temps de réfléchir. Ce que j’allais faire aussi, même si je ne changerais certainement pas d’avis.

Mes intentions étaient claires, pas forcément réfléchies, mais au moins je savais ce que je voulais. Ce qui était pour moi déjà un bon début. Je savais que je voulais être avec lui, pas seulement comme une amie, mais comme sa petite-amie. Si cela se réalisait, je ne pourrais qu’être heureuse. Bien sûr il allait falloir faire des concessions, trouver des solutions et tenter de rester discrets le plus possible, mais ça en valait la peine. Je m’imaginais déjà dans cette situation et je ne regrettais absolument rien. A présent, le plus dur allait être d’attendre sa réponse à lui, car la mienne était déjà toute trouvée.

ESTRELLA « Je sais, mais j’ai confiance en nous. »

C’était la première fois que j’employais ce terme à haute voix devant lui, et ça me donna des frissons. C’était si doux et si intense en même temps. J’aurais volontiers réitérer l’expérience, mais un autre sujet vint à la surface, celui du Spring Break. Je n’y avais pas pensé, pourtant je comprenais son point de vue. Du coup, je lui proposai tout simplement qu’on utilise ces deux semaines de vacances pour réfléchir à notre avenir à tous les deux, si oui ou non nous allions nous embarquer dans cette histoire. J’allais avoir du mal à attendre, je le savais pertinemment mais je lui avais promis et je tenais toujours mes promesses. Notre accord était donc passé.

ESTRELLA « Très bien. On en reparle après les vacances alors. »

Peut-être qu’une illumination me viendrait durant ces deux semaines, je trouverais peut-être une solution idéale pour notre situation qui sait ? Du moins j’allais tout faire pour. J’allais l’embrasser une troisième fois quand la sonnerie familière de mon portable attira mon attention. Je dus me détacher de ses bras pour le récupérer dans mon sac. Comme par hasard, il s’agissait de Naomi. Nous avions décidé de nous voir ce week-end avec Keven et je supposais que c’était pour l’organisation qu’elle me demandait. Je déclinai l’appel, sachant pertinemment qu’elle me rappellerait dans la minute. J’en profitai néanmoins pour prendre mes affaires et expliquer à Nath que je devais partir avant qu’on se pose des questions sur ma disparition. Je l’embrassais furtivement sur la joue avant de sortir de la salle, le cœur encore battant. Avant de rejoindre mes proches, j’allais devoir passer par la case toilettes pour apaiser mes joues rosies et mon état d’excitation pas très normal. Sans parler de mon sourire béat. Au moins, ce serait un excellent exercice de théâtre. Mon portable me redemanda de l’attention alors je décrochai tout en rejoignant l’entrée de l’université.

ESTRELLA « Oui Nao. Désolée j’étais aux toilettes, j’arrive tout de suite. »