« C'est quand on s'y attend le moins que les choses nous tombent dessus. »


FEATURING APPIE LAWNDENSON && ROMAN MONTABONEL

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Il était onze heures du matin, un samedi. Samedi. Encore peinarde dans son lit, ça fit pourtant TILT dans la tête de la blondinette. Samedi rimait avec ' pas cours aujourd'hui '. Appie ne serait pas obligée de traîner les pieds jusqu'aux salles de classe, et ne passerait pas la journée à s'ennuyer, les fesses posées sur une chaise, à sagement écouter les professeurs déblatérer pendant leurs cours. Car même si mademoiselle Lawndenson se débrouillait bien pour l'instant dans ses études, il n'empêche qu'elle pensait comme la majorité des autres étudiants : les cours, ça craint, le week-end, c'est bien. La jeune femme allait enfin pouvoir profiter de ses journées comme elle l'entendait. Et donc Appie allait devoir se trouver une occupation. Joyeuse et énergique comme elle était, Appie aurait très bien pu décider d'aller faire un footing comme dh'abitude, ou se prévoir une soirée en boîte avec ses copines, ou encore aller embêter les gens comme elle aimait et savait si bien le faire. Mais pas aujourd'hui. Non, aujourd'hui, c'était la journée où elle avait besoin de se ' ressourcer ' comme elle disait. Vous savez, prendre le temps de réfléchir, faire une mise au point histoire de ne pas péter une durite au moment où il ne faut pas. Appie était dotée d'un self-control énorme, mais les moments comme ça où elle pouvait être tranquille était de temps à autres privilégiés. Pas quetion de rester cloîtrée dans sa chambre, c'était trop ... Nul. Une destination s'imposait donc : River Court, à Nort Beach. Un lieu paisible qu'Appie affectionait tout particulièrement.

Une heure et quelque plus tard, après avoir longuement choisi ses vêtements - on ne sait jamais sur qui on peut tomber, après tout -, la jolie blonde était sur place, vêtue d'un short en jean, d'une large chemise à carreaux et de ses converses. Le tout ne rendant pas trop mal, avis d'étudiante en stylisme. Elle avait amené son Ipod, qu'elle ne quittait pratiquement jamais, ainsi que son portable, qu'elle gardait dans sa poche au cas où, mais qu'elle ne comptait pas utiliser. Allant s'asseoir sur un banc à l'ombre, Appie observa le ciel tout en enfonçant ses écouteurs dans ses oreilles et en lançant sa musique favorite afin de camoufler le bruit encore audible de la cité, Downtown ne se trouvant qu'à quelques centaines de mètres de Downtown. Il faisait particulièrement beau. De plus, il n'y avait pas grand monde ici aujourd'hui, mis à part quelques passants que la jolie blonde ne connaissait pas, et c'était tant mieux. La demoiselle ferma les yeux et se laissa aller et vagabonder dans ses pensées, comme elle le faisait rarement.

Quand elle rouvrit enfin les yeux, trois chansons de sa playlist étaient passées, et alors qu'Appie observait de ses yeux bleus les allées et venues des passants qui étaient un peu plus nombreux, une silhouette en particulier retint son attention. Un homme ... Qui lui semblait étrangement familier, et qui s'approchait du lieu où elle se trouvait sans l'avoir remarquée. Elle l'avait déjà vu quelque part, elle en était sûre, mais ce moment et son nom lui échappaient encore ... Si ! Le petit frenchie qu'elle avait laissé tomber pendant son voyage en France ! Lui ici ? Etait-ce vraiment possible ? En tout cas, il lui ressemblait fortement, d'après les souvenirs que la jeune femme avait de cette journée. Appie continua à l'observer, hésitant à aller le voir. En attendant, Appie restait patiemment assise, troublée par cette présence inattendue.

Appie Lawndenson & Roman Montabonel

« I never had a 'Summer of 69'
Never had a Cherry Valance of my own
All these precious moments
You promised me would come in time
So where was I when I missed mine? »

Les Bravery résonnaient dans la tête de Roman, qui écoutait leur album qu’il avait ouvert les yeux. Il s’était motivé pour travailler mais commençait à en avoir marre de son écran d’ordinateur. Il jeta un coup d’œil à l’horloge et passa une main dans sa nuque. Il s’y remettrai plus tard, là il avait besoin d’air frais. De profiter un peu du dehors, il détestait rester enfermé, même pas temps de pluie, il fallait qu’il passa une partie de sa journée à l’extérieur où cela l’énervait. Il s’étira puis retira son jogging et enfila un jean, des converses et un tee-shirt noir par-dessus lequel il passa une veste american apparel, grise. Il quitta le campus pour explorer un peu San Francisco. Son correspondant, Toonye, lui avait parler d’un coin tranquille sur North Beach. Il ne lui restait plus qu’à trouver, ce qui ne s’avérerai probablement pas bien compliqué. Il marcha un peu avant de héler un taxi. Il monta dans ce dernier et indiqua la direction qu’il voulait prendre.

Il regardait défiler devant lui les rues, bien trop penchées à son goût de la ville, et les maisons colorées qui s’enchaînaient comme sur de vieux tableaux psychédéliques. Le temps était radieux malgré la saison et la température actuelle lui rappelait Bonifacio. Il souriait à cette pensée, sa ville, son monde à lui, toutes ses ruelles qu’ils connaissaient par cœur. Il en aura fait des conneries sur les pavés de la citadelle accompagné de Charles Edouard. Son enfance corse, il ne l’échangerait pour rien au monde. La nostalgie de son île le prit quelque peu au dépourvu et fut bien heureux lorsqu’il sentit la voiture s’arrêter. Il paya le chauffeur et vissa les écouteurs à ses oreilles. Quoiqu’il n’en alluma pas la musique, il s’occupait finalement à écouter l’étrange symphonie qui s’élevait dans les airs, le monde, les rires des enfants, le bruit du vent et le brouhaha de la ville pas si lointaine. L’endroit était plaisant et agréable, Toonye ne lui avait pas mentit.

Il marchait sans trop savoir où et au hasard d’un chemin aperçu, seule sur un banc, une jeune femme qui semblait l’avoir remarqué. Fine, joliment habillée, les cheveux blonds, il la connaissait mais impossible de remettre un nom sur son visage, il pensait d’ailleurs qu’il s’était forcé à l’oublier, ce prénom qui tout à coup lui revint, comme un baffe, Appie. Elle lui avait plu, beaucoup même, ils s’étaient rencontrés en lors d’un voyage de la jeune femme. Elle avait disparu. Comme ça, du jour au lendemain et il ne l’avait pas apprécié. Et si se venger un peu n’était une mauvaise idée ? Rien de bien méchant, juste histoire de lui faire passer le message, qu’il n’avait pas vraiment apprécier son départ précipité. Il s’assit à côté d’elle.

- Alors belle blonde, on ne part pas en courant ?

Même pas trente secondes après qu'elle ait remarqué la présence du jeune homme, celui-ci vint lui parler. Elle ne s'était donc pas trompée. Appie n'avait pas rêvé. C'était lui : Roman, l'homme qu'elle avait planté de façon assez dégueulasse l'année passée lors d'un voyage en France afin de ne pas commettre l'irréparable, c'est-à-dire coucher avec lui. Et avoir des regrets par la suite pour de multiples raisons : devoir retourner à Berkeley, avoir eu une relation sexuelle avec quelqu'un qu'elle connaissait à peine. Alors elle avait dit stop aux possibles regrets : elle avait fuit. Bien qu'il lui plaisait, qu'elle le trouvait très charmant, drôle ... Bien que c'était un mec comme elle les voulait. Et si elle avait su qu'elle le recroiserait ici, elle aurait peut-être agi différemment ... Sauf qu'elle n'avait aucun moyen pour changer le passé. D'après ses premières paroles, il ne semblait pas avoir vraiment apprécié sa petite escapade. Avec un sourire complètement confus dessiné sur ses lèvres, la blonde ouvrit la bouche ... Et la referma instantanément. Bizarrement, elle ne savait pas quoi lui raconter. En réalité, elle était trop stupéfaite de sa présence ici pour parler. Combien de chances y avait-il pour qu'il se retrouve au même endroit qu'elle, au même moment ? Qu'il soit à San Francisco, d'accord ... Mais là ça faisait beaucoup de coincidences. Se reprenant, elle rétorqua.

- Non, c'est pas au programme aujourd'hui. J'ai assez fait de sport cette semaine, mes jambes refusent de bouger.

Le silence s'installa de nouveau entre les deux étudiants. Un silence troublant, gênant, qui mettait Appie dans une situation incofortable, qu'elle n'avait pas l'habitude d'affronter. Elle qui était toujours joyeuse, une vrai rayon de soleil, était prise au dépourvu. Ne souhaitant pas avoir l'air mal à l'aise - ce qui était pourtant déjà fait -, la demoiselle reprit :

- Je peux savoir ce que tu fais ici, à Berkeley je veux dire ?

La question sous-entendait en fait : qu'est-ce que tu fiches ici, en Californie, à côté de moi, entrain d'essayer de me faire culpabiliser au lieu d'être en France ? Car Roman était la dernière personne qu'elle s'attendait à voir apparaître à ses côtés. Déjà qu'elle ne pensait pas croiser des personnes qu'elle connaissait de Berkeley en ce lieu ... Alors l'homme avec qui elle avait échangé à peine quelques paroles il y a plusieurs mois de cela, tu penses ! Elle ne comptait pas s'excuser. Pas de suite en tout cas, car lui présenter ses excuses revenait à avouer la raison de sa fuite, à savoir qu'il lui avait plu, et que dans un sens, ça lui avait fait peur. Alors plutôt devenir Cruella que de l'avouer, là, tout de suite.

• Direction, corbeille du RP, nettoyage de printemps.