ℓa nuit commençait à reprendre ses droits sur le campus de Berkeley, et Lucia détestait ça. Les journées plus courtes annonçaient l'hiver, et donc la fin des grandes chaleurs. Bref, il faisait déjà bien sombre quand la jeune fille sortie du bâtiment principal de ce qui constituait à présent son nouvel établissement scolaire. La jolie brune accéléra le pas. Des tâches de lumières, produites par les lampadaires commençaient à former un petit chemin éclairé. Et Lucia n'avait qu'une seule envie : suivre cette piste balisée qui la ramènerait directement dans sa chambre douillette.

ses cheveux étaient négligemment remontés au dessus de sa nuque, de sorte à constituer un chignon un peu sauvage. Elle portait un sous-pull noir, surmonté d'une tunique grise à grosse maille, qui lui arrivait jusqu'à mi-cuisse, ainsi qu'un collant noir opaque, couvrant ses longues jambes. La touche finale : un petit blouson en cuir, très vintage et rock'n'roll à la fois. Le tout donnait l'aspect d'une étudiante chic et spontanée; ce qu'elle était.

вien qu'elle ne soit pas seule à arpenté ce long chemin - bien au contraire, qui faisaient le lien entre les dortoirs et les amphithéâtres, Lucia avaient les pensées ailleurs. Sans même y faire attention, elle slalomait habillement entre les étudiants, se glissaient entre les groupes,… jusqu'à s'entrechoquer violemment avec une personne non identifiée.

« Oups, désolée, je… »

αprès avoir ramassé rapidement le livre qui lui avait échappé des mains, elle leva les yeux vers l'homme qu'elle avait bousculé. La faible clarté l'empêcha de le reconnaitre tout de suite, mais ces traits lui étaient étrangement familiers. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle écarquilla les yeux, pour être sûre que son cerveau et les jeux de lumière ne lui joue pas des tours.

« …JULIAN ? »

••• ℓucia porta instinctivement la main à sa chevelure chocolat pour replacer une de ses mèches rebelle derrière son oreille. Elle avait l'impression d'être au centre d'un plateau de tournage, d'être l'actrice de la scène. Pourtant, ces émotions se bousculaient dans sa tête. Elle avait l'impression d'avoir oublié sa réplique. Bien que Julian ne soit pas bien éclairé, la jeune fille n'avait pas eu de mal à le reconnaitre. Sa barbe de trois jours, ses yeux charbonneux à la fois profond et perçant, ses cheveux revêches, son air arrogant et son odeur… elle connaissait chaque cm² de ce corps pour avoir eu le plaisir d'y « goûter ».

comme dans le film de sa vie, elle eu un flash back. Cette soirée douce d'août, il y a deux ans. C'était juste avant qu'elle ne quitte l'Italie pour aller étudier à Berkeley. Elle avait trouver un petit job dans un bar typique du centre ville de Sienne, pour se faire un peu d'argent. Ce soir là, elle avait fait la connaissance d'un garçon. Il n'était que de passage. Elle l'appris. Elle ne voulu pas s'attacher. Et pourtant. Lucia ne croyait pas au coup de foudre. Bon, bien sûr, comme toutes les filles, elle avait un infime espoir de trouver un jour son prince charmant. Mais elle était loin d'être niaise et naïve. Et puis, quand bien même, malgré son physique ravageur, Julian n'était pas le parfait stéréotype du prince charmant sur son noble destrier. Il était bien au dessus de tout ça. Il entretenait un brin de mystère… c'est d'ailleurs ce qui avait excité la curiosité de la jeune italienne. Et puis ils s'étaient quittés. Brutalement, masi d'un commun accord. En même temps, ils n'avaient pas le choix. Lui repartait à la conquête du monde, elle, à la conquête de Berkeley. Bien sûr qu'elle avait été amoureuse. Sans trop d'effusions, quand même. Elle savait que lui n'était pas du genre à s'engager. Et puis il était inutile de souffrir pour rien.

« Lucia… Salut ! »

wouw, même dans ses plus beaux rêves, elle n'avait pas songer à des retrouvailles aussi… incongrues. Elle connaissait assez la gent masculine pour savoir que les hommes n'étaient absolument pas du genre à vous sauter dans les bras. A moins qu'ils soient gays. Mais la question ne se posait même pas pour Julian. Elle hésitait. Elle aurait volontiers foncé sur lui, pour l'embrasser, ou, au moins, le serrer dans ses bras, ressentir son odeur, presser sa joue douce contre son torse, comme au bon vieux temps. Mais là, elle était totalement déstabilisée. Peut-être ne se souvenait-il même plus d'elle. Ou, tout au plus, de son prénom. Le doute l'envie. Sa merveilleuse histoire ne serait donc qu'une banal petit flirt de passage pour lui ? Même si c'était le cas, elle ne voulait rien laisser transparaitre.

« Eh bien. Je m'étais attendue à des retrouvailles plus chaleureuses ! Enfin, dans la mesure où je n'avais jamais imaginé te recroiser un jour, c'est peut-être un peu… »

elle marqua un temps d'arrêt. Lui semblait à la limite de l'ennui. Entre la réserve et l'indifférence, il n'y avait qu'un pas. Julian semblait l'avoir franchi. Son cœur se serra. Elle leva un sourcil.

« Je me souviens que tu étais un peu plus démonstratif et entreprenant, il y a deux ans… »

••• ιl était difficile pour Lucia de concervoir une réponse si froide. Elle se demanda durant une fraction de seconde si son esprit n'avait pas déformé les paroles. Mais non. Les paroles de Julian virent la frapper comme un poignard. Son visage trahit sa déception, pendant une fraction de seconde. Où était passé celui qu'elle avait apprécié pendant une semaine ; certainement une des semaines les plus heureuses de sa vie ? Elle savait que Julian n'était pas du genre à s'attacher. Elle savait qu'il était arrogant et fier, elle savait qu'ils ne voulaient jamais trahir la moindre émotion. Mais là, il n'était même plus question de trahir ses sentiments : il avait été blessant, point barre.

mais Lucia n'avait aucune intention de fondre en larmes devant lui. Premièrement, elle était bien trop écœurée pour. Deuxièmement, elle était bien trop fière, elle avait bien trop d'amour-propre pour ça. Et troisièmement, elle ne voulait pas donner à Julian ce plaisir. Elle planta ses prunelles dans celles de l'intéressée. La rancœur perçait dans sa voix, quand elle dit :

« Oh, j'imagine que je n'est dû être qu'un numéro, c'est vrai. Excuse moi de m'être emporté. J'avoue être tout à fait honorée que tu te sois rappelé mon nom, c'est tellement… touchant. »

elle s'arrêta. Ce dernier mot avait sembler lui écorché la bouche. Une boule s'était formé dans sa gorge, et ne voulait plus en partir. Elle ressera un peu plus sa poigne autour de la bandoulière de son sac. Sans quitter les yeux sombres de son interlocuteur, elle ajouta avec hargne :

« Je te souhaite d'excellentes années d'étude à Berkeley. Tu verras, tu vas très vite te sentir à l'aise : toutes les cultures y sont représentés. Tu adores ça, non, la variété ? Une allemande au réveil, une brésilienne au petit déjeuner, une française à midi, une australienne à quatres heures, une italienne en soirée et une suédoise pour finir en beauté ! N'est-ce pas magnifique ? »

malgré le ton faussement enjoué qu'elle avait voulu injecter à ses paroles, elle était littéralement effondrée. Même si elle n'en laissait rien voir, elle était atrocement déçu. Le seul être capable d'incarner l'idéal masculin à ses yeux (si on excluait son père, qu'elle avait considéré comme l'homme le plus génial de la Terre jusqu'à ses 10 ans) s'avérait être un petit macho arrogant. Cela ne faisait qu'un rêve brisé de plus…

••• julian avait réussi son coup. Il avait jouer la carte de l'indifférence pour se montrer encore plus blessant qu'il ne l'était déjà. Lucia ravala ses larme, et tenta de comprendre. Comment un garçon qu'elle avait tant aimé pouvait-il se montrer aussi… insensible, en l'espace de deux ans ? Il est vrai qu'un bon nombre de choses pouvaient se produirent en l'espace de deux années… Les rouages de son cerveaux accélèrèrent. Elle ne savait pas ce qui lui était arrivé, en deux ans. Mais elle n'avait aucune envie de le savoir. Elle n'avait aucune envie de le faire passer au banc de la victime. La victime dans l'histoire, jusqu'à preuve du contraire, c'était actuellement elle. Pas pour très longtemps, cependant.

elle regarda le jeune homme lui tourner le dos et partir sans rien dire. Pas même une phrase blessante pour ponctuer son attitude de simple salaud. Lucia planta son regard dans le dos de Julian. Si elle avait suivi son impulsion, sa main aurait déjà eclaté contre sa joue. Elle aurait même fait attention à le frapper avec la main droite, là où se trouvaient deux bagues, histoire d'accentuer la douleur avec une ou deux griffures, pour la forme. Mais à la place, elle se contenta de murmurer pour elle même.

« Fuire. C'est tout ce dont tu es capable. C'est bien la seule chose qui n'a pas changer chez toi, avec ton égo surdimensionné. »

ℓa jeune étudiante leva la tête et se rendit compte que les teintes orangés du coucher de soleil avaient laissé place à un ciel couleur encre. Elle passa sa main sur sa gorge, et réajusta sa petite écharpe, puis se mit à marcher en direction des chambres universitaires. Elle marcha le plus vite possible, slalomant entre les autres étudiants, esquivant les regards interrogateurs… Elle ne voulait penser à rien, juste au bain chaud qu'elle se réservait. Cela ne la réchaufferait peut-être pas, après la douche froide qu'elle venait de se prendre en pleine figure, mais peut-être que cela l'apaiserait. Elle tentait de se convaincre quand elle aperçu, au détour d'un virage, la silhouette de Julian, assit par terre, une bouteille d'alcool à la main.

« Tiens, il a trouver l'accessoire qui lui manquait. Le voilà devenu un pauvre type à part entière » pensa-t-elle.

elle détourna le regard, et ce demanda ce qu'elle avait bien pu y trouver, à ce mec. Il n'était en fait rien de plus qu'un de ces clochards. Ils l'avaient a coup sûr manipulé, et l'avait oublier comme un vieux mouchoir usager. Petit à petit, la haine monta jusqu'à ses yeux. Elle avait une irrésistible envie de pleurer et de crier un bon coup. Par pour cet idiot, là-bas, qu'on allait probablement ramasser à l'aube et expulser, mais pour elle-même : comment avait-elle pu être aussi naive ?

••• son cœur se figea, quand elle entendit les quelques mots provenant de la bouche de Julian. Les premiers mots dénués d'indifférence, depuis qu'elle l'avait reconnu. Elle aurait souri, elle se serait retourner vers lui, elle lui aurait jeter un regard lourd de sens. Et elle serait parti sans se retourner, le laissant seul. Elle aurait fait tous ça, si elle n'était pas éperdument attachée à Julian. Chacun de ses mots lui transpercèrent le cœur. Elle ne savait plus comment agir. Comment réagir.

rassemblant tout son calme, elle se retourna vers Julian. Elle n'avait pas l'intention de parler. Elle lui avait dit ce qu'elle avait à lui dire. Ou presque. Ses yeux noisettes, obscurcis par la nuit, virent se poser sur le visage du jeune homme assis par-terre. A présent, le visage de la jeune italienne n'exprimait plus rien. Elle ne voulait plus que Julian joue avec ce détail. Etant une personne très émotive, elle eu beaucoup de mal à se canaliser. Pendant une fraction de seconde, elle fut prête à ouvrir la bouche et à deverser toute sa deception. Les mots lui seraient venus à la bouche tout seuls. Mais elle ne savait, si elles ouvrait la bouche, elle n'aurait plus le contrôle de soi-même, et dans les circonstance actuelles, c'est bien ce qu'elle souhaitait éviter.

« … »

elle n'espérait plus rien de cet inconnu assis en face d'elle, une bouteille à la main. Elle savait qu'il avait trop de fierté pour s'excuser ses erreurs, ou ne serait-ce que les reconnaitre. Il lui avait sûrement demander de se retourner pour mieux savouer « l'emprise » qu'il avait sûr elle. Elle ne pouvait pas le nier, quelque chose en Julian l'attirait. Pas seulement « quelque chose » mais bien toute sa personne. Lucia eu soudainement envie de se gifler. Elle voulait détester cet homme qui l'avait blessé, elle voulait le haïr, elle voulait le faire souffrir, mais elle savait aussi qu'elle n'y parviendrait pas. Alors qu'elle s'apprêta à reprendre son chemin, Julian ouvrit la bouche. Les mots qu'ils allaient prononcer allaient marquer un tournant définitif dans leur relation. C'était évident.

[ Désolée pour ce post minable, je me rattraperais ]