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Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie.

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MessageSujet: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyDim 12 Avr - 21:19


“ Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. ”

Il avait fait vite, pour se décider. Encore qu’un mois, ce ne soit pas si rapide que ça quand on y pense. J’aurai aimé assister à la discussion qu’il avait eu – ou pas d’ailleurs – avec sa fille pour la convaincre de le laisser me retrouver. J’aurai aimé la rencontrer tout court pour savoir si elle était aussi excentrique sa sœur ainée. Enfin, là n’était pas le propos. « Oncle Brad’, oui c’est Beni, qui tu veux que ce soit d’autre ? » C’est marrant qu’à chaque fois qu’on s’adresse la parole, ce soit pour se lancer des vannes. A croire que notre relation était plus cordiale qu’il n’y paraissait. Il faut dire qu’au départ, après nous être battus comme des chiffonniers, on était pas tout à fait sur la même longueur d’ondes. « Bon, t’es où là ? » Heureusement, nous avons fini par apprendre à nous connaître. Et la surprise est de taille, vous pouvez me croire, lorsque vous vous apercevez que l’ours mal léché qui vous sert d’oncle, lit en vous comme dans un livre ouvert. Que vous êtes mutuellement des miroirs l’un pour l’autre, à quelques nuances près. « Tu fais chier, merde ! Tu vas finir par louper l’avion si… ...ça va, inutile de me crier dessus, tant mieux si t'es déjà dedans ! » Pourquoi je suis nerveux alors que d’ordinaire…je suis aussi nerveux, mais à l’intérieur. Peut-être parce que ce que je m’apprêtais à faire en compagnie de Bradford était précisément ce que je redoutais depuis une semaine que j’avais organisé ce voyage. Peut-être parce que je n’en dormais plus, à faire des cauchemars qui finissaient tous par me projeter dans la salle de bain, à me regarder livide devant la glace, à me poser cent milles questions et surtout me demander si je n’étais pas en train de commettre la plus belle connerie de ma vie. Bah vous savez quoi ? Tout ces peut-être maintenant, ils servent plus à rien. Parce que maintenant, il est dans l’avion, direction San Francisco.

Il est trois heures du matin. Cinq heures de vol sans escale. Il débarque à 8h. Juste le temps de passer prendre une douche à l’hôtel, que je me morfondre devant le miroir de mon ancienne chambre, de finir par lui hurler dessus au téléphone et il serait chez Joe pour le déjeuner. Je n’avais aucune idée de la façon dont ce dernier allait réagir, mais je parierais ma chemise que ça allait mal finir. Pour Brad, comme pour moi. Enfin, pour toutes les personnes présentes, puisqu’il y aurait aussi les enfants vu qu’on est dimanche, et que j’avais téléphoné à Babouchka pour lui annoncer que je passerais dans le coin pour faire la surprise à Joe, et savoir si elle pouvait être présente. Contrairement à son cadet, Babou avait bien accueilli la nouvelle, quoique surprise et désireuse de comprendre la raison qui m’avait poussé à retourner sur mes pas, six ans après le drame qui m’avait fait m’enfuir loin des miens. Je lui avais évidemment promis de tout lui raconter et omis de lui signaler que j’amenais un invité surprise. Tu parles d’une surprise ! Mes bonnes résolutions étaient en train de fondre comme neige au soleil. Dire que j’avais morigéné Bradford un mois auparavant parce qu’il était resté dans l’ombre durant ces vingt dernières années. Bon sang, quel crétin j’ai pu être ! Je me rends compte maintenant combien ça pouvait être difficile à annoncer comme nouvelle. Comme dit le proverbe, tant que t’es pas dans la merde, t’en sens pas l’odeur.

Ca fait quoi ? Vingt-quatre heures que je n’ai pas fermé l’œil et je n’ai toujours pas sommeil, trop stressé pour songer à autre chose qu’à la tête que ferait mon père en voyant que j'avais mis sa maison à sac et à sa réaction lorsqu’il se rendrait compte de qui allait bientôt sonner à la porte. La cerise sur le gâteau aurait été de lui amener Bradford en cadeau le jour de son anniversaire. Ou comment se faire tuer en trois leçons. Premièrement, disparaissez du jour au lendemain. Deuxième, ne dîtes rien à votre père. Et pour finir, réapparaissez comme une fleur avec un secret de famille vieux de vingt ans entre les mains. Garantie assurée. « Il va me détester, Babou. » répétai-je pour la énième fois depuis mon arrivée, tandis que ma grand-mère tentait vainement de me rassurer. On s'était arrangé elle et moi pour que mon père et les enfants ne soient pas présents aujourd'hui, histoire que j'ai le temps de tout organiser pour son retour, prévu à midi pétante. La table du jardin était dressée, les couverts mis, les plats fumaient dans le four ou sur le comptoir. J'étais d'ailleurs assez fier de ne pas avoir fait explosé le four ou toute la maison pour l'occasion. Les cadeaux n'étaient pas sous le sapin mais encore bien emballés dans ma valise, à l'étage, et j'avais même eu le temps de regarder quelques photos avant d'aller prendre une douche. N'empêche, c'est fou ce que cette ville m'avait manqué quand j'y pense. Evidemment New-York n’était pas surnommée la Grosse Pomme pour rien et lorsqu’on pense aux Etats-Unis, on pense directement à la statue de la liberté, mais SF avait un côté « bon chic bon genre », un peu provinciale, qui je trouve, manque à mon nouveau quartier général. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle est autant plébiscitée des Européens. Ses maisons victoriennes alignées sur ses rues en pente, le marché couvert qui mariait quantité d’ethnies, de cultures, de saveurs et de couleurs qui ravissent les sens, le quartier de Chinatown, presque désert en cette belle matinée et ses commerces rouges aux toitures relevées…

Passons à l'habillage maintenant. Je n’avais emporté que des costumes plutôt distingués, aux teintes feutrées et sobres. Or, il s’agissait d’une réunion de famille. Enfin, d’une surprise familiale plutôt. Bon, ça fera l’affaire. Au final, j’opte pour une chemise verte en coton qui fait ressortir la couleur de mes yeux, ainsi qu’une veste et un pantalon marron assorti. La ceinture et les chaussures sont également de cette couleur, quoique plus foncée. Enfin, je m’attaque à ma tignasse rousse qui refuse obstinément de rester collée sur mon crâne. Bien, ce sera un catogan alors. J’ai toujours quelques mèches qui veulent s’isoler du groupe mais finalement, tout tient plus ou moins correctement. Le temps de passer un dernier coup de fil à mon oncle pour savoir s'il compte arriver avant la prochaine saison, et mon sang se glace lorsque j'entends les rires de mon frère derrière la porte d'entrée. Toujours à l'étage, à la fois heureux et apeuré, je ne fais plus un bruit ni ne bouge un cil, laissant à Babou, comme convenu, le temps d'expliquer à Joe ce pourquoi on dînerait dans le jardin aujourd'hui, entre autres petits détails qui, je l'espérais, n'allaient pas me faire passer par la fenêtre une fois qu'il les aurait assimilés. Welcome to hell.


∞everleigh
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyLun 13 Avr - 20:28



"Je t'ai préparé à manger pour tout le week-end, là, dans le frigo. Tu as six brioches dans le placard, avec d'autres... Hein ? Non j'en ai pas fait trop, on n'a jamais trop de nourriture, tu sais." Pourquoi Hope me regarde avec un sourire en coin ? J'aime pas quand elle fait ça. Elle se moque de moi. D'ordinaire, rien n'est capable de me déstabiliser, mais depuis ce matin, je dois reconnaître que j'ai le palpitant qui bat à cent à l'heure. "J't'appelle toutes les heures, alors assure-toi de répondre à ton téléphone. Et si tu t'imagines que je ne saurais pas si tu as fait venir un garçon ici... Surtout ce blondinet, là. Non, je ne suis pas injuste ou parano !" Elle me coupe et vient m'enlacer, alors je me calme presque automatiquement. Mes bras puissants font le tour de son corps et ma main rejoint sa chevelure blonde. C'est aussi dur pour elle, mais je n'ai pas souhaité qu'elle vienne cette fois. Je dois d'abord régler ça en tant que frère et fils, avant de risquer d'amener Hope. Si elle se fait rejeter ou regarder de travers, je sais que je perdrai mon calme et que je ne supporterai pas qu'elle souffre. "Eh, ne le répète pas, mais je... Je t'aime, gamine." Ses bras se resserrent autour de moi. Heureusement qu'elle est là. Nous nous détachons et je pars avec mon sac sur l'épaule, sans me retourner après ce mouvement de la main. Oui, j'ai presque les larmes aux yeux, et il est hors de question qu'elle le voit. Non seulement j'angoisse à l'idée de retrouver ma famille au grand complet, mais je m'en fais aussi à l'idée d'être à l'autre bout de l'Etat en laissant Hope seule. Ne me reste qu'à méditer patiemment dans ce satané avion alors que j'ai le mal de l'air. "Tu vas arrêter de crier, j'y suis dans ta connerie d'avion, là !! C'est bon, t'es content ? J'te rappelle quand j'atterris." Je raccroche après ces quelques échanges amicaux avec mon neveu et, en secouant la tête, je peine à réprimer un léger sourire tandis que mes yeux courent sur le hublot, indifférent aux regards effrayés des autres passagers qui m'ont entendu rugir. Si nous étions partis du mauvais pied, il faut reconnaître que les choses n'ont pas manqué de rentrer dans l'ordre assez rapidement. Je n'ai jamais éprouvé le manque de n'avoir pas de fils tant j'ai été occupé et comblé par Hope, mais ce grand gaillard est un personnage que je suis fier de compter parmi les membres de ma famille. Ce dimanche sera également un jour assez complexe pour lui. Son père, son frère, sa sœur... Et surtout sa fille. Retrouver tout ce beau monde risque de faire un séisme dans la famille. En un sens, lorsque Beni m'a parlé de ce projet de réunion, je me suis dit qu'il serait plus simple de tout faire d'un coup. Ensemble. Au moins, nous serons deux dans cette galère. Je regarde l'heure sur l'horloge électronique... Non, en réalité, je regarde plutôt l'hôtesse qui me fait clairement de l'œil, puis je souffle. Plus que quatre heures et cinquante-sept minutes en enfer, et je pense que je vais passer au moins une petite heure avec cette ravissante demoiselle en cabine.

Il est onze heures passées lorsque Joe s'étire dans les draps de sa conquête d'hier. En s'arrachant aux draps sous le regard affamé de la jolie brune qui le dévisage de dos en se mordillant la lèvre, il se laisse mener jusqu'à la salle de bains. Déjeuner à midi chez lui, et c'est sa mère qui tenait à s'en charger, apparemment. L'idée l'avait séduit, d'autant plus qu'elle lui avait permis de déposer les enfants chez la baby-sitter et s'offrir une soirée de rêve. En à peine une demi-heure, il sort de la salle de bains, tiré à quatre épingles. Un tantinet plus décontracté, il a troqué le costume pour une chemise cintrée en soie, bleu ciel pour faire ressortir ses yeux azur, un pantalon beige et des chaussures italiennes montantes en cuir. Une pression de parfum et un peu de discipline dans ses cheveux plus tard, il quitte la maison et monte dans son Aston Martin dernier modèle pour passer prendre Connor, Camille et Natacha. Lorsque il arrive, la porte s'ouvre sur la petite troupe au grand complet. Connor, âgé de 15 ans, a poussé d'un coup et n'a pas fini sa croissance. Il porte solidement sa sœur de six ans sur ses épaules. Le portrait craché de sa défunte mère, Sophie. C'est frappant. Sauf pour les yeux, aussi clairs et bleutés que ceux de son père. Quant à son attitude altière, c'est comme voir une diablesse habitant le corps d'un ange : Joe a trouvé l'héritière qui reprendra son empire de l'édition lorsque l'heure sera venue de rendre les armes. Enfin, plus calme mais non moins jolie, Natacha tient la main de Connor, son doudou dans l'autre main. Une chevelure rousse aux boucles soyeuses, une frimousse rêveuse, des yeux pétillants... Natacha, une petite fille qui, malgré les circonstances, est devenue une ravissante boule de bonne humeur. "Allez, en voiture mauvaise troupe, votre grand-mère attend. - Faudrait pas qu'elle fasse un infarctus... - Connor, je t'ai déjà dit que cela n'avait rien de comique. Camille, frappe ton frère." Un "aïe" plus tard, le businessman règle la baby-sitter et prend la direction de sa maison. Peu de temps après s'être retrouvé avec Natacha en plus sur les bras, il avait décidé de prendre un logement plus spacieux, mais aussi qui lui ressemble davantage. Il a donc fait appel à un architecte pour dessiner les traits d'une demeure luxueuse, à flanc de colline, avec une vue imprenable sur la baie de San Francisco. Garés dans la grande cour, toute la troupe descend et court vers la porte sous le regard mi blasé mi amusé du paternel. Rapidement, la porte s'ouvre sur un visage familier : Martha Shark. De taille relativement petite, les gens se demandent encore comment un si petit brin de femme a pu donner naissance à un garçon aussi bien bâti. Dame de fer dans un gant de velours, elle incarne la lady anglaise dans toute sa splendeur. Avec le snobisme en moins, ça, Joe l'a développé tout seul comme un grand. "Bonjour, Maman." Les enfants passent tous embrasser leur grand-mère - arrière grand-mère pour Natacha - et lorsque vient son tour, il entend la voix de Camille s'élever depuis l'extérieur. "Pourquoi il y a des tas de couverts sur la table de la terrasse ?" L'anglais fronce les sourcils en se redressant tandis que sa mère l'amène sur la terrasse également. "Il y a une surprise qui vous attend tous, alors installez-vous à table, ça arrive tout de suite." Joe et les enfants s'exécutent, tandis que le quadragénaire remarque la présence de deux couverts supplémentaires. "J'ai horreur des surprises et des inconnus, tu le sais ?" Qui sont ces deux personnes ?

Une voiture pile juste devant moi alors que je m'engage sur le passage piéton. Immobile, je fixe le conducteur avec un regard qui l'enfonce dans son siège. Tu te fais oublier direct si tu tiens à tes dents, bonhomme. Je prends le temps de traverser et j'arrive à l'adresse que Beni m'a donné, dans le quartier de Sea Cliff. J'arque un sourcil et demeure bouche bée dans la cour intérieure. Une Aston Martin que je n'aurais sans doute jamais les moyens de me payer, un terrain immense parfaitement entretenu et, surtout, une baraque qui doit faire l'équivalent du quintuple de mon bar. Quand je me disais que mon frère avait réussi sa vie, j'étais loin du compte. Vraiment. L'espace d'un instant, je suis tenté de prendre mes jambes à mon cou, surtout quand je me regarde. Moi qui pensais avoir fait un effort avec une chemise en coton à carreaux et un jeans flambant neuf acheté par Hope, j'ai finalement encore l'air d'un clodo. Quant à mes cheveux, on va dire que ça fait effet coiffé décoiffé, ça donnera l'impression que je m'en suis occupé. Je gratte ma barbe puis j'appelle sur le portable de Beni, déjà à l'intérieur de la maison. Ou du palais, comme vous voulez. "Je... J'suis devant la porte. Enfin, je crois que c'est la bonne, faut dire qu'elles ont toute la tête de ma porte d'entrée, format XXL." Complexé, moi ? Si peu. "Tu viens m'ouvrir ?" La porte s'ouvre finalement sur mon neveu et, lorsque je le détaille de la tête aux pieds, je lâche un sourire sarcastique. "Moi qui pensais avoir l'air d'un plouc, j'me sens moins seul." Désolé, c'est juste pour faire descendre la pression. J'entre sur l'invitation du jeune homme, les mains enfoncées dans les poches. Le cœur qui bat à toute vitesse. Vite, allons-y car depuis hier, aucune de mes techniques de méditation n'a fonctionné pour que je me calme.
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyLun 13 Avr - 21:23


“ Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. ”

Thank god, personne n’a la mauvaise idée de monter à l’étage où je me cachais toujours. Il faudra pourtant bien que je redescende un jour. Le bon moment arrive lorsque Babou les accompagne au jardin, fait asseoir mon père sur une chaise, et les enfants à ses côtés. Maintenant, plus personne ne bouge. Juste le temps que je repasse de l’eau froide sur mon visage, et que je descende avec une lenteur les marches des escaliers, sur la pointe des pieds – quitte à être ridicule autant y aller à fond – et ne demeure posté en garde à vous devant la porte d’entrée, jetant des petits coups d’œil rapides au jardin, et sur le perron, jusqu’à ce mon téléphone ne vibre au fond de ma poche de veste. Vous savez comment reconnaître une personne à bout de nerfs ? C’est celle qui fait un bond de kangourou géant en disparaissant derrière un vase pour éviter qu’on ne la voie répondre au téléphone. « T’es oùù ? » demandai-je à voix très trèèss basse. Limite inaudible, recroquevillé derrière la fougère du hall. « J’arrive. » Une fois la porte ouverte, je ne me formalise pas sur sa tenue vestimentaire, trop heureux qu’il soit présent à mes côtés pour affronter the Shark. L’union fait la force à ce qu’on dit. « La ferme. » grognai-je en le repoussant d’une main, mais appréciant sa tentative d’humour. « Chttt…p'tin tu fais un de ces vacarmes quand tu marches toi alors ! » arguai-je en montrant ses pompes de l’index. « Bon écoute, voilà ce qu’on va faire. Je vais y aller le premier, histoire de les préparer, okay ? » Les deux mains posées sur les épaules de mon oncle, je le fixe avec un air à la fois tendu et soucieux de bien agir. « Ou alors, on entre tous les deux. » Cette fois, mon regard est vide, signe que j’étais en pleine réflexion. Quelle solution risque le moins de causer un arrêt cardiaque à Babou ? Ou à donner des envies de meurtres à son fils cadet ? « Non, j’y vais le premier c'est plus prudent. » Je vais finir par prendre une décision, t’inquiète pas. Laisse-moi juste le temps d’avaler ma salive, de remettre ma cravate qui avait tendance à s’éclipser à force de la desserrer et de la resserrer, et d’avancer, pas à pas, jusqu’à ma destinée. « Et n’oublie pas, tu attends que je t'appelle pour débarquer surtout. » J’expire un bon coup, ferme les yeux pour me préparer à l’affronter, et finit par reprendre un peu de contenance en songeant que ce jour aurait de toutes façons fini par arriver. Certes, le fait que Bradford soit ressuscité pesait beaucoup dans la balance, mais ce n’était pas comme si je n’avais pas vécu entre temps certaines expériences qui m’ont rendu plus adulte, responsable et moins à même que par le passé d’assumer mes actes.

Alors, comme dans les films, la porte s’est ouverte lentement, dessinant d’abord mon ombre puis toute ma silhouette dans son encadrement. Le visage grave, les traits tendus mais le regard fier, j’entre d’abord dans le champ visuel de mon frère qui, ébahi, ouvre grand la bouche et me contemple comme s’il n’en croyait pas ses yeux. Puis, je vois les deux plus jeunes : Camille et Natacha. Trop jeunes encore pour se souvenir de mon identité sans doute. Malgré tout, un imperceptible sourire prend place sur mes lèvres alors que je les dévisage brièvement, admirant à la fois la beauté de leurs mères respectives que je trouvais en elle, et la bonne éducation que semblait leur avoir inculqué mon père. Mon père. Celui que je découvrais en dernier, et dont la réaction était celle que je craignais le plus. Les poings serrés le long de mon corps, droit comme un militaire au garde à vous, je l’observe sans sourciller, gardant mon idéal de retrouvailles dans un coin de mon esprit pour me concentrer sur le présent. Bonjour aurait été un bon prélude, si les mots avaient une quelconque utilité dans la situation présente. Au fond, les mots n’ont aucune importance, puisque tout passait par le regard, les expressions et la gestuelle.


∞everleigh
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyMar 14 Avr - 14:11



Quoi, qu'est-ce qu'ils ont, mes pieds ? Je les regarde et je finis par hausser les épaules sans trop comprendre à quel moment j'ai fait trop de bruit. Il est parano, oui, c'est tout. Ceci dit, ce n'est pas la première fois qu'on me fait remarquer que j'ai l'air d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, en règle générale. Je fronce les sourcils en voyant les mains de mon neveu se poser de part et d'autre de mes épaules, comprenant par là qu'il est stressé. "Eh, ça va aller. Toi, il savait que t'étais pas mort." Humour un peu noir, je vous l'accorde, mais dans le fond, ça résume à peu près ce qu'on peut attendre de ces retrouvailles. J'opine du chef, décidé à rester ici jusqu'à ce qu'il ne me fasse signe de venir à mon tour, puis je presse solidement son épaule dans ma main pour l'encourager. Pas de grande déclaration, c'est pas le moment. Adossé contre une poutre, j'en profite pour observer la décoration, le mobilier, ainsi que les quelques photographies disposées ici et là, témoins d'un passé que j'ignore encore totalement.

Lorsque l'entrée vers le jardin en terrasse révèle un jeune homme, Joe tourne la tête et jauge la personne qui se présente. Un silence pèse, s'installe et commence à durer. Cela a beau faire six ans, il ne l'a pas oublié et l'aurait reconnu entre mille. Benedikt. Son fils aîné. Croyant en premier lieu à une hallucination, l'Anglais demeure immobile et observe Connor se lever le premier pour foncer droit dans les bras de son frère. La rancœur et lui, ça fait deux. Pour ça, c'est le portrait craché de sa mère. "C'est Beni, il est revenu ! Camille, c'est notre frère ! Natacha, viens voir, c'est lui ton papa, c'est lui qu'on t'a montré sur les photos !" Timide, la petite fille n'ose bouger jusqu'à ce que Martha ne vienne à sa rencontre. Douce et prévenante, la vieille dame sait s'y prendre pour s'emparer de la main de l'enfant et l'inviter gentiment à l'accompagner jusqu'à son père. Autant dire qu'elle fait les choses bien, même si Natacha ne semble pas tout comprendre. À son âge, comment réagir autrement ? Camille, elle, semble contente mais ne l'exprime pas trop non plus. À ses yeux, il n'est probablement rien de plus qu'un lointain parent dont elle ne se souvient même pas en regardant les fameuses photos. Le seul qui, ici, peut se réjouir pleinement, c'est bel et bien Connor. Soudain, le paternel daigne enfin se lever de sa chaise. Comme par réflexe, les enfants se détachent de Benedikt et s'éloignent pour leur laisser de la place. Joe avance sans lâcher son aîné des yeux, un requin s'approchant lentement de sa proie. Imperturbable. Une fois face à lui, pas un mot. Un sifflement puis un bruit sec. Une gifle. Les enfants sursautent suite à un geste qu'ils n'ont guère l'habitude de voir. Malgré toutes les bêtises qu'ils ont pu faire, jamais Joe n'a levé la main sur eux. Enfant battu lui aussi étant jeune, et témoin des coups que sa propre mère a subi, jamais il ne s'est laissé aller à de telles extrémités. Toutefois, cela avait tout l'air d'être la première réponse appropriée non pas à de la colère, mais à une profonde inquiétude mêlée à de l'incompréhension. Dans les deux secondes qui suivirent, Joe s'avança et serre alors son fils dans ses bras, l'enfermant dans une étreinte chaleureuse, sincère et même tendre, pour un homme connu en raison de sa froideur perpétuelle. Le visage tendu de Martha se calme, tandis qu'un sourire ému flotte sur ses lèvres. "Tu m'as manqué, fils..." souffle Joe au creux de l'oreille du Russe. Une main puissante plonge dans ses cheveux longs et rapproche son visage du creux de son épaule, comme pour s'assurer de ne plus le laisser filer. Après la sévérité, la tendresse d'un père envers son enfant.
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyMar 14 Avr - 19:09


“ Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. ”

Naturellement, mes bras s’étaient immédiatement ouverts pour accueillir mon frère une fois qu’il s’était levé de table. Il y en avait au moins un qui serait toujours content de me voir, quoiqu’il arrive. « Oui petit frère, je suis revenu. » répétai-je pour moi-même en passant une main affectueuse dans ses cheveux. Il n’a beaucoup changé en six ans. Excepté qu’il a pris au moins cinq centimètres, que sa voix commence à muer, et qu’il a remplacé cet air innocent –un peu- d’antan pour des traits et un regard plus malicieux. La puberté qui s’annonce, sans nul doute. Heureux de savoir que je lui avais manqué autant que lui, mais gardant une certaine distance au regard de la suite des évènements, j’essaie tant bien que mal de le freiner dans son élan charitable à vouloir me présenter à sa sœur, qui m’avait sans doute oublié, elle n’était qu’un bébé à l’époque, et …à Natacha. Si je suis touché de savoir qu’elle avait entendu parler de moi, je n’en demeurais pas moins incapable de la regarder en face, malgré l’évidente démarche de ma grand-mère pour que nous fassions plus amples connaissances. Gêné, mal à l’aise, je fais même un pas en arrière pour éviter que la petite ne me touche. Je n’ai jamais eu peur de vivre dans la boue, de me ramasser des coups, jusqu’à un certain point, et j’étais le premier à faire le coq quand il s’agissait de provoquer mon monde. Et là, devant cette petite poupée, je me sentais totalement impuissant, et fragile, d’une certaine manière. Si j’étais revenu, c’était certes pour la retrouver, mais pas de cette manière. Et plus les minutes passaient, plus j’avais l’impression que ce rôle n’était pas fait pour moi. Que je n’y arriverais pas.

Finalement, le chef de famille se lève à son tour, droit comme un I, le visage fermé comme une porte de prison. Si je ne m’attendais pas à ce qu’il me pardonne si facilement, je m’attendais en revanche à sa réaction. La joue rouge, l’air penaud et les épaules voûtées, j’ose à peine le regarder, jusqu’à ses bras m’enlacent, et que mes mains se rejoignent entre elles pour le serrer contre moi à leur tour. « Toi aussi, p’pa. » C’est fou à quel point. Il n’avait pas l’air d’avoir vieilli. De toutes façons, serait fou ou suicidaire celui qui oserait prétendre que le poids des années a un effet sur le grand requin blanc. Il avait toujours autant de distinction, la belle allure, et de la poigne si j’en juge par cette embrassade. « Je suis désolé. Je pouvais pas rester. Après l’incendie, je pouvais plus la regarder. » murmurai-je pour que seul lui puisse m’entendre, en jetant un œil discret à ma fille, debout aux côtés de Connor et de Camille. J’espérais qu’il comprendrait mon point de vue. D’ailleurs, il n’avait pas tellement changé en six ans. « Si tu pouvais te souvenir de ça dans les minutes qui vont suivre, ça m’arrangerait. » Un brin d’humour pour me convaincre que les retrouvailles se passeraient dans la joie et la bonne humeur, et je repousse lentement quoique fermement l’étreinte de mon père, avant d’aviser mon frère des yeux. « Connor, j’ai rapporté des petits cadeaux pour tout le monde. Ils sont dans le salon, devant la télé. Tu voudrais pas aller les déballer avec ta sœur et… » Heureusement, je n’ai pas besoin de prononcer son prénom que mon frère m’a déjà interrompu, un sourcil surélevé. « T’essaierais pas de te débarrasser de nous par hasard ? Tu me prends pour un imbécile ? » Soupir. « Connor, tu le veux ce cadeau ou pas ? » Ni une ni deux, mon frère opine du chef, et sans plus de formalités, place ses deux mains dans celles de Camille et de Natacha, pour rejoindre le salon. « Babou…tu devrais t’asseoir. » « PAPAAAA, y’a un homme dans le salloooonnn !! » #✯è% ☠ !!! « Oui, il est…avec moi. » toussotai-je en reculant peu à peu jusqu’à la porte du jardin. « Papa, toi aussi tu devrais peut-être t’asseoir. » C’est que je n’avais pas envie que le choc soit trop rude pour que ses jambes deviennent toutes molles et l’empêchent tout à coup de bouger. Quoique…ce serait peut-être la solution que pour Bradford survive, quand on y pense ? « C’EST BON, TU PEUX VENIR ! » criai-je à l’attention de mon oncle en retrouvant tout à coup mon attitude grave d’il y a dix minutes.


∞everleigh
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyMar 14 Avr - 21:44



Afin d'oublier une part de l'angoisse qui me tord l'estomac, je marche très lentement dans le grand salon afin de regarder les photographies qui s'y trouvent. Sur l'une d'entre elles, je reconnais Benedikt ainsi que son père, chacun à bord de leur propre moto. Casques sous les bras, ils sont souriants. Je ne sais pas qui a pris cette photo, mais cette personne a su capturer le bon moment. À côté, un petit garçon blond joue au foot. Je présume qu'il doit s'agir de son second fils. Je m'arrête ensuite sur le portrait encadré d'une jolie petite frimousse rousse qui me fait sourire en coin. Mignonne. Je me penche légèrement pour mieux détailler les traits de son visage et, soudain, je commence à relier quelques points selon ce que mon neveu a bien voulu me dire de son passé. C'est donc elle, sa fille ? Je comprends encore mieux pourquoi il a dû être difficile pour lui de laisser un tel petit ange. Oui, j'ai beau avoir l'air d'un bûcheron un peu rustre, je n'en suis pas moins un homme sensible quand il est question des enfants. Après quelques pas, mes yeux tombent sur une photographie qui attire tout spécialement mon attention. Joey est assis sur un rebord en pierre, et une femme s'est installée contre son torse, encadrée par ses cuisses, et tient probablement l'appareil pour prendre la photo. Mon frère est tout sourire, les lèvres tendues contre la tempe de cette femme, lunettes de soleil sur les cheveux. La jolie brune a sans doute immortalisé un éclat de rire alors qu'il doit la chatouiller. Mon index vient à la rencontre de ce visage, comme pour essayer de se l'approprier et comprendre. Le visage de Joe est un poil plus jeune que ce que j'ai pu voir récemment dans certains journaux, mais cela ne m'en dit pas plus sur l'identité de cette femme. J'entends soudain du bruit dans le salon et, lorsque je me retourne, je me retrouve nez à nez avec une triplette d'enfants. Un ado, la fille de Beni et probablement ma nièce. Le plus vieux me dévisage et je vois venir la bêtise vitesse grand V. "Non, boucle-là, moucheron..." Trop tard. Je grogne en secouant la tête, les yeux brièvement fermés. En même temps, quand on voit un parfait inconnu dans son salon, on ne la ferme pas forcément. À charge de revanche. Je me retrouve alors scruté de toutes parts, pris en flagrant délit de stationnement dans un domicile qui n'est pas le mien, jusqu'à ce que l'accent russe de mon neveu ne résonne jusqu'à mes oreilles. Merde. C'est maintenant. Je déglutis et contourne les enfants avec lenteur, avançant doucement comme un taureau vers l'abattoir. J'ai les mains moites, et je ne sais pas ce qui me fait le plus peur. D'un côté, je suis rassuré que Joe n'ait visiblement pas l'air d'avoir tenu rigueur de quoique ce soit à son fils pour le moment. Lorsque je franchis l'encadrement menant à la terrasse, je tombe nez à nez avec les deux seuls membres de ma famille. Mon frère et ma mère. Leurs visages font remonter des dizaines de souvenirs que j'ai enfoui profondément pendant plus de deux décennies. Des sentiments anciens et pourtant encore forts... "Maman... Joey... C'est moi, Bradford." À voir leurs mines, je sais que je n'ai pas besoin d'en rajouter davantage. C'est d'ailleurs presque trop à en juger la réaction de Martha : elle recule et manque de trébucher sur une chaise. Je me précipite et la rattrape pour l'aider à s'asseoir, puis je m'accroupis à côté d'elle. Elle est en état de choc. Sa respiration est rapide, son corps tremble, ses yeux brillent. Inquiet, je m'apprête à parler, mais ses mains se placent de chaque côté de mon visage, le contraignant à une immobilité totale. "B... Bradford... Brad', chéri, c'est... C'est impossible... C'est vraiment toi...?" Je souris, les larmes aux yeux, et j'opine la tête. Je saisis une de ses mains et la serre entre mes paumes. "Bradford Charles William Shark. Oui, maman, c'est moi... Bien en vie." Impossible d'en rajouter, elle fond en larmes et me serre dans ses bras. Elle bredouille des "on m'a rendu mon fils", "seigneur", "merci" et j'en passe. Je ne l'ai jamais vue dans un tel état, elle qui a toujours été un modèle de contrôle et de maîtrise de ses émotions. C'est probablement ce que doit ressentir une mère dont le fils vient de ressusciter, en quelque sorte. Je m'enivre de son parfum quelques secondes, puis je me détache d'elle tout en délicatesse. Elle me regarde de haut en bas, une main contre sa bouche, incapable de prononcer un mot de plus. Il y en a un autre qui est très silencieux, c'est Joe. Je me tourne vers lui et, en silence, nous nous jaugeons. J'esquisse quelques pas vers lui, mais un mouvement de tête m'arrête dans ma progression et me fait froncer les sourcils. Contrairement à Martha, je ne ressens aucune chaleur, aucune forme de joie. Le vide intersidéral. Méfiant, je ne bouge plus et le laisse approcher lentement. Je ne saurais même pas dire s'il est en colère, il a l'air d'être tout simplement... interdit. "Joe, c'est moi." Aucune réaction. Même notre mère commence à s'inquiéter, elle fronce les sourcils. Mon cadet se retrouve pratiquement nez à nez avec moi, il me scanne du regard sans se laisser déchiffrer par qui que ce soit. "Comment ?" Un simple mot, prononcé comme une mise à l'épreuve. Je comprends que je n'ai pas le droit de me tromper. Droit dans mes bottes, je lui réponds avec une même assurance. "J'suis pas mort dans la jeep... Les extrémistes ont traîné mon corps avec eux et j'ai été fait prisonnier. J'ai réussi à m'échapper alors que... - Quand ?" Ça y est, j'ai compris. Et Beni m'avait prévenu. Je relève le menton, et je consens à dire la vérité. "Il y a vingt-quatre ans." Ses yeux ne me lâchent pas, je le sens soumis à un paradoxe extrême. Celui d'une joie viscérale, prise au piège par un capharnaüm de colère, de tristesse et d'une impression de trahison. Je le connais comme si je l'avais fait. Son regard brille, sa lèvre inférieure aussi. "Joe, j'pouvais pas vous le dire, j'étais poursuivi, et j'ai dû m'occuper de..." Il lève une main pour m'interrompre, alors je change mon fusil d'épaule. "Je sais que tu as essuyé pas mal de revers à cause de moi, j'm'en veux, mais j'avais pas le choix. Si tu voulais bien..." À quoi ça sert de parler ? Je pourrais parler à un mur que celui-ci serait plus loquace. Il me contourne, comme si je n'existais pas, et approche de son fils. Ça sent mauvais. "Que tu disparaisses parce que tu es trop lâche pour me dire en face ce que tu viens de me dire il y a deux minutes, je peux encore le concevoir, aussi difficile que cela puisse paraître." Je fronce les sourcils en pivotant, regardant Beni être contraint de reculer face à un paternel dont j'ai l'impression à l'instant de voir une réincarnation, un souvenir de celui qui nous a soi-disant élevé. "Mais ça... Tu réapparais après plus de six années, et avec ça comme cadeau ?" Ok, donc je n'existe pas, il ne parle qu'à son fils. "Un frère qui nous a abandonné quand notre mère se faisait battre, qui a disparu des radars pendant vingt-quatre ans, que j'ai enterré ?! Tu sais ce que j'ai fait pour vous protéger de ceux qui voulaient SA peau, et encore, je ne t'ai pas tout dit... Et toi, tu... Tu oses me... Tu le fais venir dans ma... Avec..." Ses poings tremblent, ses épaules se crispent... Vite, agir. Il va craquer. J'ai à peine le temps de bondir pour séparer le père de son fils en le forçant à lâcher le col de la chemise de Beni. Je chasse presque rudement mon cadet et me place entre les deux pour qu'il ne laisse pas éclater sa colère sur le Russe. Joe recule, surpris, mais nous fusille du regard. Ancré dans le sol, je lui fais comprendre que je ne vais pas le laisser faire n'importe quoi. "Gamin, tu ferais bien d'emmener ta grand-mère à l'intérieur avec les gosses... Vite." Je sais, il n'aime pas que je l'appelle ainsi, mais vieux réflexe. Les poings serrés, je ne lâche surtout pas Joe des yeux. Je sais que ça va vite virer au drame, et je ne veux aucun dommage collatéral.
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyMar 14 Avr - 22:30


“ Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. ”

Re-soupir. Tu parles d’une entrée. Je crois que de hurler « Surprise ! » à Joey et à Martha aurait eu un effet moins dévastateur. Campant près de la porte d’entrée, j’observe la scène qui se déroule sous mes yeux. Je n’ai pas à réagir, ni à parler, juste à observer. Je sais que les retrouvailles vont être difficiles entre les deux frères, mais je comptais sur leur mère pour les aider à surmonter la crise. Babou avait toujours été la plus sage et médiatrice d’entre nous. Un moment, l’inquiétude m’a paralysé en découvrant la réaction de ma grand-mère, hagarde et tremblante. Finalement, je n’ai pas eu besoin d’accourir pour appeler les urgences, ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre. Une scène touchante, qui m’a fait sourire, et que je garderais précieusement en mémoire jusqu’à la fin de mes jours. A Joe maintenant. On savait tous. Même si j’aurai pensé qu’il se serait jeté sur Bradford pour l’étrangler. Je crois même que j’aurai préféré. Son silence m’angoisse. Plus encore que la lenteur de ses mouvements. Une approche féline qui intercepte l’avancée de son aîné tandis qu’il le jauge du regard. Un regard insondable. Je ne l’avais jamais vu ainsi. Autrefois, il y avait toujours quelque chose de perceptible dans l’attitude de Joe. Colère, tristesse, joie, …mais là, c’est le néant. Les sourcils froncés, je sens venir la tempête. Particulière et violente, à sa manière. Des questions. Des mots plus que des phrases. Il parlerait en monosyllabe si cela avait un sens. Je comprends que le dialogue soit difficile. Que la conversation n’est pas à l’ordre du jour. En revanche, je fus surpris par ses yeux…qui me scrutèrent sans prévenir. Moi ? Pourquoi moi ? Il n’écoutait pas. Ni son frère, ni les soupirs de sa mère, ni les cris de joie des enfants en découvrant leurs cadeaux. Et moi qui avais bloqué la porte en posant ma main sur la bouche de Connor qui s’était jeté à l’extérieur afin de montrer à son père ce qu’il avait reçu. Non, chtt petit frère. Tais-toi, ce n’est pas le moment. Refermant la porte en le repoussant à l’intérieur de la résidence, lui priant de commencer à jouer, le plus loin possible, avec Natacha et Camille, je reste d’abord stoïque face à l’évident mécontentement de mon père. Il m’a traité de lâche. Moi qui pensais qu’il m’avait pardonné mon erreur, je vois que ce n’était qu’une illusion. Blessé au cœur mais toujours fier, je garde les yeux ancrés au sien, attitude presque altière. Mais à mesure que les mots sortent, que la colère gronde, la lâcheté semble retrouver sa vigueur d’antan, puisque mes pas s’éloignent malgré moi. Sans dire qu’il m’effraie à proprement parler, je ne m’attendais pas à de telles accusations. D’ailleurs, je n’en comprends pas les fondements. Il parle de sa mère qui était maltraitée par son mari, je dirige mon regard vers Babou, cherchant dans ses yeux le pardon, mais aussi une forme d’aide. Que puis-je dire pour ma défense ? Je désirais te ramener un fils, et pour toi un frère. Pas que vous me détestiez pour ma conduite. Et pourquoi m’interroger moi ? C’est à lui qu’il faut t’adresser. Je n’en sais pas beaucoup plus que toi, tu sais. Il n’écoute pas. Je n’ai rien dit, c’est vrai, puisqu’il ne cesse de me couper dans mon élan. Et puis, cette force que je n’avais pas songé pouvoir se retourner contre moi lorsque ses mains se sont emparées de mon col. Je n’ai même pas eu le temps de réagir que mon oncle s’est mis au travers. Ca y est, c’est foutu. Je voulais arranger les choses et voilà le résultat. Bradford avait raison depuis le début. C’était pas une bonne idée. « Viens Babou…viens… » Malgré l’emploi du terme « gamin » - je le lui ferai payer plus tard en le traitant d’antiquité – je le contourne pour passer mes bras autour des épaules de ma grand-mère, l’obligeant à me suivre à l’intérieur de la résidence. Là, je referme la porte derrière moi, calant mon dos contre le métal froid et dur, les yeux fixés sur un point imaginaire, absents. « Restez ici. Babouchka, ne sors pas, s’il te plait. Personne ne sort. Et n’ouvrez la porte que lorsque je vous le dirai. » insistai-je avec fermeté, l'emploi du terme "Babouchka" plutôt que son diminutif démontrant bien combien je ne plaisantais pas. Hors de question que je reste en sécurité à l’intérieur alors qu’ils règlent leurs comptes dehors. D’accord, ça ne regardait qu’eux, d’accord je ne faisais le poids ni contre l’un ni contre l’autre. Mais puisque j’avais été traité de lâche une fois par mon père, il était hors de question que je lui fasse le plaisir de me conduire comme tel. Rien que pour lui prouver qu’il a tort, et je me fiche de savoir si ma démarche était stupide ou inconsciente, je vais lui montrer que le gamin qu’il a connu jadis, a bien changé depuis. Et si je peux dans le même temps les empêcher de s’entre-déchirer, je ferai d’une pierre deux coups. Quant à mon oncle, désolé de te désobéir, mais ce choix ne t’appartient pas, et t’aurais fait la même chose à ma place.

Une fois à l’extérieur, avec une atmosphère lourde et un silence de mort en toile de fond, je prends sur moi pour ne pas les séparer de suite. Ils ont besoin de s’expliquer, alors qu’ils le fassent. Mais en parlant. Ou en gueulant, s’ils préfèrent. Je suis juste là pour veiller à ce qu’il n’y en ait pas un qui ressorte les pieds devant… « Tu devrais écouter ce qu’il a à dire. » me risquais-je à énoncer en fixant mon père.


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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptyMer 15 Avr - 15:01



J'attends que Benedikt prenne la peine de faire sortir ma mère de ce que je pressens être un champ de bataille voué à encaisser la colère latente de Joe. Je ne lâche pas ce dernier des yeux, comme si la moindre seconde d'inattention pouvait lui offrir le loisir de me rentrer dedans. Enfants, je n'ai jamais rechigné à me bagarrer avec lui... mais ce regard m'invite à la plus grande prudence. La porte se referme sur le jeune homme, mais rien ne semble troubler le silence qui s'installe. Il a beau se montrer imperturbable, je sens qu'il est en proie à un vif paradoxe. La joie et la rancœur. Ainsi que toutes les déclinaisons possibles de ces sentiments. Ça fait deux décennies que j'essaie d'anticiper les raisons pour lesquelles mon frère pourrait m'en vouloir, reste à mettre ces réflexions à l'œuvre. Beni revient, ce n'est peut-être pas une si bonne idée. "Je ne parle pas aux revenants." Non. Vraiment pas une bonne idée. "T'arrives pourtant à les regarder." Le poing de Joe se serre, il me fusille du regard. On va tenter l'approche "rentre dedans" à la Bradford, j'ai le sentiment que, comme à l'époque de notre adolescence, c'est la seule chose qui va fonctionner. "J'ai vécu pratiquement comme un nomade pendant plus de vingt ans pour échapper à ces extrémistes que tu connais, pour garder ma fille en vie, et ne jamais vous recontacter de peur qu'ils se servent de vous pour m'atteindre. C'est la loi du talion, pour eux, vous tuer leur aurait paru logique." Tiens, il penche la tête sur le côté. "Et ce pseudo héroïsme devrait excuser un deuil fait en vain ? Un départ patriote de la maison alors que notre mère se faisait battre ?" J'hausse les épaules. "Pour toi, peut-être pas, mais on sait tous les deux que t'es l'meilleur pour voir une situation uniquement comme ça t'arrange." J'ai l'impression que ses yeux vont sortir de leurs orbites. Je devrais peut-être m'arrêter là, mais je poursuis. "T'as une belle situation, une baraque de président, des enfants... Tu crois que t'es à plaindre ? Redescends, Joey. J'me suis toujours demandé la manière dont tu réagirais si je revenais vers toi... Faut croire que la réaction du gosse contrarié, c'est toujours dans ton top 5, parce que pour une fois, c'est pas sur toi qu'on braque les projos." Ça, c'était la goutte d'eau. Dans un rugissement que je ne lui connaissais pas, il se jette sur moi à la manière d'un fauve. J'accuse le coup et roule au sol. Bon dieu ! C'est qu'il pèse aussi son poids, le bestiau ! Je le repousse d'un coup de coude, puis me relève. Lorsqu'il revient à la charge, un corps à corps s'engage : poings, coups de pieds et esquives, c'est une pluie de parades qui s'enchaînent. À son visage, je comprends qu'il est très surpris de ma manière de me battre, tout comme je le suis de la sienne. Visiblement, les années lui ont bien réussi de ce côté-là. Finalement, je le bloque avec une clé dans le dos, mon autre main vissée fermement sur sa gorge. "T'es calmé ?" Il fixe Benedikt avec une rage meurtrière qui fait briller ses yeux de ce qui semble être des larmes. "Non !" Je me retrouve fauché, au sol, et roué de coups alors qu'il se jette sur moi, sans me laisser d'ouverture. J'ai beau être solide et redoutable, je lui reconnais une plus grande rapidité. Après un coup dans les côtes, je titube en voulant reculer après un crochet du gauche dans la mâchoire. "Tu cognes encore comme une fillette..." Là, j'avoue, c'est surtout mon ego blessé qui parle. Il est sacrément amoché lui aussi : du sang coule de sa narine et de sa tempe, un bleu s'est formé autour de son œil droit, et sa respiration difficile laisse entendre que les coups à l'abdomen ne l'ont pas laissé de marbre. Debout, en position de combat, je l'entends enfin me hurler dessus. "Est-ce que tu as une idée du mal que j'ai eu à encaisser ta mort ?! Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi mon fils avant ton propre frère ?!" Là, je préfère jouer sur un tableau différent. "J'ai pensé que passer par un intermédiaire faciliterait les choses... J'ai peut-être eu tort." Je regarde le jeune Russe et lui intime d'un regard de la boucler à ce sujet. Si son père apprend que c'est lui qui a eu la démarche de me retrouver, il lui fait la peau et le renie. Pour sûr. Joe essuie sa bouche après avoir craché au sol un peu de sang puis avance lentement, le poing levé. Je franchis la distance qui nous sépare d'un pas et, après avoir bloqué ses bras, je l'attrape par le col et le plaque contre un mur. Autour de nous, la table est brisée en deux, les verres cassés au sol, idem pour le reste de la vaisselle. Une chance, personne n'est tombé de la falaise. Les yeux dans les yeux, front contre front, je hausse le ton, de sorte que ma voix résonne et se répercute sur les flancs abrupts alentours. "C'est pas plus simple d'avouer que tu es content, hein ?" Je le secoue et le plaque à nouveau contre le mur, malgré sa tentative pour se débattre. "Regarde-moi ! Ose dire que tu n'es pas heureux que ton frère soit vivant... Ose me le dire !!" Joe me fixe droit dans les yeux, haineux... Mais j'aperçois tout de même une lueur de soulagement. De bonheur. Il est heureux. Cependant, l'orgueil est bien l'un de nos plus grands défauts : il me repousse d'un coup de genou et me fait reculer. La porte finit par s'ouvrir, c'est Martha qui entre sur la terrasse, choquée par le carnage qui vient de se dérouler. J'allais me tourner vers elle, mais Joe fut plus rapide : il saisit un pied de la table au sol, ne me laissant que le temps de ramasser une bouteille en guise de défense. Au moment où le verre éclate sur la tête de mon cadet, le bout de bois me frappe au front. Nous tombons au sol ensemble, assommés. J'ai juste le temps d'entendre Martha crier à Beni de faire venir une ambulance, puis je sombre dans l'inconscience.
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MessageSujet: Re: Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. EmptySam 18 Avr - 9:14


“ Ecoute, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'envoie. ”

J’aurai dû réagir. Faire quelque chose, esquisser un geste, dire un mot, n’importe quoi pour qu’ils arrêtent de se taper dessus. Au lieu de ça, j’ai joué les spectateurs. Effaré, mais pas effrayé, si je n’avais pas eu le réflexe de les séparer, c’était parce que j’estimais que tôt ou tard, la confrontation visuelle qui avait commencé entre eux allait se finir dans le chaos. C’était trop prévisible et leurs caractères respectifs n’auraient pas pu se contenter d’un simple échange verbal. De plus, ils étaient frères, alors que je n’étais « que » le fils de, le neveu de… Je n’avais pas le droit d’intervenir, même si sur le moment, j’avais retenu mon bras plusieurs fois pour ne pas avoir le réflexe d’aller secourir l’un ou l’autre. Non, pour ça, ils s’étaient très bien débrouillés sans moi. En revanche, si mes gestes étaient restés impuissants, je n’avais pas perdu une miette de leur dispute verbale, me retenant encore une fois souvent d’intervenir pour éviter d’envenimer la situation. C’est simple, je n’étais d’accord ni avec l’un, ni avec l’autre. Et maintenant que nous étions à l’hôpital, qu’ils étaient couchés dans un lit avec l’interdiction formelle de bouger sous peine de rouvrir les points de suture qu’on avait dû faire à l’un et à l’autre, bien que je sois certain que ce n’était pas ce détail qui allait les empêcher de se sauter la gorge au besoin, nous allons enfin pouvoir avoir une discussion sérieuse et adulte. Non parce qu’on avait beau me traiter de gamin, gamin par ci, gamin par là, ils ne valaient pas mieux que moi sur ce coup. Une preuve de plus qu’on était du même sang.

« Crétins…pas un pour rattraper l'autre…pouvaient pas régler leurs problèmes comme tout le monde, évidemment…non mais je te jure …d’toutes façons, je savais que c’était pas une bonne idée de le ramener …cinq heures de vol pour ça… ont intérêt de m’écouter cette fois …pas possible d’être aussi bornés quand même ! » Voilà une heure exactement que je ruminais dans mon coin, passant en revue chaque fragment de la scène qui s’était déroulée sous mes yeux. Babouchka, une fois le choc passé, c'est-à-dire après que les médecins nous aient informé qu’ils avaient la peau dure – ça, on le sait déjà – qu’on avait dû leur faire quelques points et que dans l’ensemble, tout allait bien, qu’ils allaient pouvoir sortir d’ici demain matin, avait attrapé Camille d’un côté, et Natacha de l’autre à la recherche d’un déjeuner convenable pour les enfants. Puisqu’évidemment, grâce aux hommes Shark, personne n’avait eu le temps ni la possibilité de déjeuner. « Quand je pense que je me suis fait ch*** à faire une tarte tatin… » bougonnai-je à nouveau alors que de son côté, Connor était en pleine crise de fou rire. L’adolescence, ne cherchez pas à comprendre.  « Et donc, t’étais passé où pendant tout ce temps ? » « C’est pas le moment, Connor. » « Ce sera quand le moment ? Quand tu disparaîtras à nouveau ? » osa me demander mon frère en me fusillant du regard. Au fond, il m’en voulait quand même un peu d’avoir disparu du jour au lendemain sans laisser de traces. Et je ne pouvais pas le lui en vouloir. « J’ai pas l’intention de commettre une seconde fois la même erreur de jeunesse. » répliquai-je à mon tour en passant une main affectueuse dans ses cheveux. « Ouais, y’a intérêt ! » Je rêve où ce microbe me menace ? Un sourire amusé et attendri éclaire mes joues. Il avait grandi. Et pendant deux minutes, il avait réussi à occuper ma concentration sur autre chose que mes prochains démêlés avec Joe et notre oncle. « Sinon, tu le trouves comment ton oncle ? » « Bof, j’sais pas trop. Il ressemble un peu à papa mais en plus grand, et plus bouseux aussi. » Bouseux, tiens je crois que ça va lui faire plaisir de s’entendre qualifier de cette manière. C’est sûr que comparé à Joe, Bradford avait plus l’allure d’un baroudeur que d’un homme d’affaires tiré à quatre épingles. « A part ça il a l’air cool. » Je me demande sur quels critères il peut se baser pour juger de sa personnalité. « J’ai regardé une émission sur les Corrida en Europe hier soir. » Quel rapport ? « Il te fait penser au toreador, c’est ça que tu veux dire ? » « Non, au taureau. » dit-il avec un air très sérieux. Ca aussi ça va lui faire plaisir.

« Monsieur Benedikt Shark ? » « Beni. » « Beni. » Merci Connor. « Monsieur Beni Shark, pardon. Votre oncle et votre père sont réveillés. Si vous souhaitez aller les voir...Un médecin passera vous voir d'ici quelques minutes. »  Hm, il faudrait peut-être que j’attende Babouchka, non ? « Vas-y, j’attends là. Quand grand-mère reviendra, je lui dirai que t’es dans l’arène. » ironisa Connor, parvenant même à m’arracher un sourire. « Tu sais que tu m'as manqué toi ? » Je remercie l’infirmière d’un léger mouvement de tête avant d’entrer, recouvrant un air grave. Après quoi, j’attrape une chaise qui traîne par là, la place en plein milieu du couloir, juste entre les deux lits, et j’attends, bras croisés sur mon torse, les fixant du regard un à un, moralisateur.

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