Hurry ! It's an Emergency !

Invité

❝ .It might be hard for a surgeon to admit, but there's no shame in simply being human. It can be a relief to stop hiding, to accept who you really are. A little self awareness never hurt anyone. Because when you know who you are, it's easier to know what you're about, what you really need. ❞

Depuis le jour où elle s'était plongée dans cette atmosphère stérile, elle avait l'impression que sa vie avait été désinfectée. Microbes, agents pathogènes, bactéries, tous avaient été évincés et elle se rapprochait d'un état de bien être moral et physique des plus estimables. Certains humoristes lui clamaient qu'elle buvait et mangeait la médecine, mais ces plaisantins étaient bien loin de la vérité, elle cuisinait la médecine. Et pour répondre à leur question, elle ne la dormait pas, elle la rêvait. La majeure partie de la nation s'émerveillait une fois la tête sortie du boulot. Dans les bureaux de la ville, une fois la grande aiguille glissée vers le 5 pm, ses lecteurs semblaient en proie à une grande révélation, se précipitant vers la sortie des bâtisses avec pour projet de sillonner les bars, s'installer dans les cinémas, courir à Central Park. Ils quittaient ce mode veille du travail pour s'allumer dehors où la stimulation était plus vive. Charley Jymee Livingstone s'éteignait à la fin de sa garde. Elle se plongeait dans des pavés de trois mille pages en attendant le lendemain d'une impatience agacée. Elle avait déjà réfléchi à lâcher son appartement situé au coeur de Madison Avenue et s'installait dans les sous-sol de l'hôpital mais la peur de faire des vagues avait freiné ce songe tsunamien. Elle était assoiffée de savoir mais elle avait beau avaler des litres, elle demeurait déshydraté malgré toutes ces pages tournées sur le système rénal et la physiologie pulmonaire. Elle avait l'ambition de pouvoir tout guérir, de faire naître des vaccins précocément sans que leur maladie ne soit encore apparue et de réaliser des chirurgies où le moindre tremblement était synonyme de mort. En clair elle était folle, azimutée par tous ces scalpels, ces clamps et ces perfusions. On atterrit dans quelques minutes. Elle se tourna vers le siège passager de cette classe économique et hocha la tête d'approbation. L'avion n'avait jamais été d'une réassurance extrême, les doigts enfoncés dans les accoudoirs depuis le début du vol, elle imaginait l'oiseau métallique piquer vers le sol sans aucune raison apparente. Ses rêves se promenaient entre attaque par missiles, le pigeon qui se niche dans l'une des turbines, le pilote schizophrène s'étant attardé sur fast and furious la veille et multiples scénarios baroques où la faucheuse les fauchait. Son esprit faisait des noeuds et aucun coup de peigne n'arrivait à la décrisper. Elle concentra alors ses idées sur la médecine et le travail qu'il l'attendait une fois Las Vegas atteint. Son internat avait débuté quelques mois plus tôt mais elle s'était déjà écrite dans les bonnes grâces de quelques professeurs et avait saisi l'occasion quand l'un de ces derniers lui avait proposé de venir avec lui à quelques congrès et assister à une reconstruction faciale exécutée par l'un de ses collègues. De plus, il l'avait autorisé à se mélanger aux autres internes pour ne rien perdre de son enseignement. Elle convulsait presque de bonheur à la pensée de découvrir un nouvel hôpital, elle fêtait noël cinq mois en avance et priait pour qu'il y ait de la bonne bûche et du sang.

Ils venaient tout juste de pénétrer dans l'hôpital que son professeur lui fût immédiatement dérobé. Lui adressant un dernier signe de main, il lui avait donné pour consignes de s'occuper des entrées aux urgences avec quelques autres internes. Après quelques éclats de rire échangés avec deux-trois membres de l'équipe, elle s'empara d'un biper et se dirigea vers les lits vides. Mis à part le bras cassé du lit numéro trois, l'endroit été calme et la journée s'annonçait horriblement reposante. Le peu de patients présents étaient déjà pris en charge et il ne lui restait plus qu'à explorer les archives de l'hôpital derrière un ordinateur, à la recherche d'une lecture juteuse. Ses iris se faufilaient parfois entre les lignes de complications chirurgicales et parfois sur les visages de ses nouveaux camarades qui constituaient l'équipe. Un instant, son regard céruléen s'attarda sur la silhouette d'un mec bien bâti et elle songea qu'il devait jouer au baseball ou pourquoi pas le football vu la taille de ses mollets que l'on pouvait deviner à travers son uniforme. Elle ne pût le contempler à loisir, un brancard venait de surgir à pleine vitesse et elle se précipita vers la paire de secouristes. Qu'est-ce qu'on a ? Ses yeux détaillèrent les blessures du nouvel arrivant et ses doigts s'activaient déjà à prendre ses constantes. Il a perdu le contrôle de son véhicule sur l'autoroute après apparemment plusieurs tonneaux. Il était déjà conscient sur place mais légèrement paniqué pour se dégager du véhicule tout seul. Elle hocha la tête une fois son inspection finie. Son état était stable mais le malchanceux avait l'air d'avoir subit plusieurs traumatismes qu'elle devait déterminer. Merci, je m'en occupe. Elle balaya la pièce des yeux et ses prunelles tombèrent à nouveau sur le supposé footballeur qui se trouvait cette fois-ci de face. Elle lut brièvement son badge. Darren, c'est bien ça ?, le héla-t-elle, attendant qu'il se rapproche. Tu peux venir avec moi t'occuper de ce patient ? Je dois l'emmener en salle de radios mais je connais encore mal cet hôpital. Pour ne pas dire pas du tout. Le bâtiment s'annonçait comme un immense labyrinthe et elle n'avait guère le temps de l'explorer gentiment, le malade faisait peut-être une hémorragie interne qui devait être immédiatement décelée par une radio. Comment vous appelez-vous ? Son attention s'était à nouveau reporter vers l'accidenté qui, à sa grande joie, tâchait cette journée trop reposante.