Mercredi après-midi au parc.

Ce qu’il y a de bon dans les parcs c’est que l’on peut se balader et profiter un peu plus du soleil. J’avais un livre sur la ville dans la main, et je marchais dans les quartiers afin de savoir ce qu’il y avait de bon à visiter en ville. Je trouve qu’il faut que je fasse sans doute un effort afin de m’intégrer dans cette ville bien que mon pays me manque énormément. Je trouve aussi que ce nouveau climat va être assez sympa à supporter. Je me demande bien ce que je peux faire pour m’occuper à nouveau. Je me balade dans le parc, mais j’ai envie de m’asseoir un petit peu afin de calmer mes jambes. Je me trouve un banc, et je sors mon livre pour lire un peu. Je ne sais pas pourquoi mais pour le moment, je préfère aussi essayer de faire mon passetemps.

J’ouvre mon livre. Il parle de mon pays, l’Irlande. Je le lis en gaélique. Cela ne me dérange pas du tout d’ailleurs de le lire dans cette langue. Cela fait longtemps que je ne l’ai pas parlé. Je trouve qu’il y a de la poésie dans ces mots. Enfin, je passe le temps à lire la page lorsque j’ai un ballon qui arrive à mes pieds. Je le rends à l’enfant et je continue ma lecture. De toute façon, je ne pense pas qu’une personne ou qu’un objet va me gâcher ma journée. Je me dis qu’il serait bien aussi que l’on puisse être un peu associable et égoïste par moment.

Je lis mon livre et là j’entends une personne. Je lève la tête. Je tente de voir de qui il s’agit, j’ai le soleil dans les yeux. Puis en y regardant de plus près, je vois une personne qui ne m’est pas du tout inconnu. Je vois Phil ! Je ne dis rien, je me demande bien ce qu’il fait ici…Mais bon, je ne dis rien, cela fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds à San Francisco. Je ne dis rien de plus, je me dis que pour le moment, je dois juste me calmer. Je ferme mon livre, et je ne sais pas si je me trompe de personne ou pas. En tous les cas il s’agit de son portrait craché….

Mercredi après-midi au parc.

Je suis assise sur le banc, je vois le jeune homme m’appelait par mon prénom. Je ne pense pas rêver. Je fronce les sourcils, je ne sais pas vraiment ce que je dois penser. Je préfère une nouvelle fois attendre. Phil me parle. Je lève les yeux de mon livre une nouvelle fois, je lui dis : « Phil ? Cela fait longtemps que l’on ne s’est pas vu. Tu deviens quoi ? » Je referme mon livre, je me demande bien ce que je peux lui dire de plus, je me pousse pour lui laisser la place sur le banc. Souriante, je ne sais pas si je peux aborder avec lui cette fois-ci notre passé. Je sais que je dois aussi faire attention à ce que je dis. Je comprends que pour le moment, je dois aussi trouver une chose à dire. Sauf que pour le moment, je n’accepte guère parler. Je me demande même ce que je dois dire. Je n’ai plus mon alliance, veuve, je préfère ne rien dire. Je suis calme, je trouve qu’il faut aussi que cela puisse être pour moi une façon de dire les choses.

Maintenant, je comprends que je dois aussi essayer de lui parler. « Phil, je suis surprise de te voir ici. Tu vas bien ? J’ai complètement oublié de te poser la question. » Un peu surprise de constater que pour le moment, je ne vois pas trop si tout va aller. Enfin, je comprends que vu la situation cela va sans doute être un peu tendu. Je ne dis rien, je regarde mes mains, j’hésite, je sais que je dois aussi dire les choses, je tente de formuler mes mots. Je rajoute tout simplement : « Je suis de retour en ville pour un bon moment, on risque de se croiser parfois. Je tiens à te dire que le passé est le passé, et qu’il n’y aura rien d’autre. » Je ne sais pas s’il va accepter cela ou pas, mais bon, je trouve que pour le moment, il va être amusant de parler avec une personne que je connais un peu plus.

Mercredi après-midi au parc.

« Je suis prof de droit à cette université maintenant, je fais encore un remplacement.  »

Je l’entends me parler, je sais que je ne vais pas aborder ma vie privée avec lui, je lui réponds quand même : « Cela peut aller, tout va bien.  » Avocate et très persuasive, cela n’est pas bien compliquée pour moi de mentir lorsque j’en ai envie. Je l’écoute un peu plus, je souris à ses propos, ils me font rires, je sais que je ne dois pas en rire. Mais bon, je comprends maintenant que je peux avant toute chose avoir la chance de parler avec une personne sans qu’elle me saute dessus.

Je regarde mon livre et je lui réponds en souriant : « Il s’agit d’un livre écrit en gaélique. Il est assez intéressant, c’est une enquête policière comme je les aime. » Je ne vais pas non plus me précipiter de suite, je sais juste que je peux continuer de lui parler, je lui pose une nouvelle question : « Et toi, tu lis aussi ? » Je ne sais pas s’il va me répondre ou pas de suite, mais bon, autant continuer la conversation.

Les gens passent dans le parc, il y a du monde, toute la bonne humeur me dit que cela va bien se passer. Je sais que je peux de nouveau tenter de faire les choses biens. Je reste là assise sur le banc, je constate tout simplement que pour le moment, je dois trouver comment continuer la conversation. Je ne sais pas trop pourquoi est-ce que je suis comme ça, mais bon, parfois, les retrouvailles ne sont pas trop biens.