Ils pensaient savoir. Ils croyaient savoir ce à quoi Aengus pensait, à quoi elle accordait de l’importance. Mais rien n’avait d’importance ni Maëlle et son ventre arrondi, ni son rendez-vous avec la direction, ni James, ni personne. Aengus se moquait bien de ces toutes petites choses de la vie. Comme si Maëlle pourrait changer la donne, comme si le monde serait moins noir parce qu’elle passait sur sa route, comme si Maëlle avait la moindre chance de parvenir à quoique ce soit dans l’univers pourri dans lequel Aengus évoluait. Les dés avaient été jetés depuis des années et jamais la blonde ne parviendrait à percevoir les choses autrement. Sa mémoire lui faisait défaut. Très bien, elle se fichait donc de ce que les autres attendaient d’elle. Ils avaient tous pensés qu’Aengus resterait Aengus parce que c’était ancré en elle. Elle s’était pliée à ce qu’elle imaginait être et ce que le monde attendait d’elle. En réalité, le monde l’avait recraché. Aujourd’hui, elle avait donc décidé d’être elle et seulement elle. Si autrefois Maëlle avait eu de l’importance, à l’heure actuelle, elle n’en avait plus aucune. Elle faisait partie d’une ancienne vie tout comme son petit ami, la sœur de celui-ci et l' ancien ami Rayan. Aengus avait tiré un trait sur ce qui l’avait faite.

Occupée avec son téléphone portable, Aengus cherchait un bon plan pour la soirée. Une fête, un truc tranquille… peu importe. Peut-être irait-elle voir Erwan.

« Hum hum. » Annonça Aengus plus occupeé à fouiner ses sms pour savoir quoi faire de sa minable soirée.

Femme enceinte ou non, la blonde s’en moquait bien. Elle avait envoyé Kirby à l’hopital alors qu’elle était enceinte. Faire pareil avec Maëlle ne la troublerait pas. Faire du mal à un pauvre et innocent petit bébé ? Elle s’en foutait aussi. A l’âge de deux ans on la kidnappait et l’enfermait dans une pièce noire, seule et dans le froid. Personne ne s’occupait du sort d’un enfant et Aengus ne ferait pas mieux. Ca s’appelait la sélection naturelle. Aengus en avait payé les frais durant l’été. Elle serait probablement morte si elle n’avait pas séduit les bonnes personnes, si elle n’avait pas eu de force mentale. Mais sa vie s’accrochait à son faible corps. Quand l’ascenseur se bloqua, Aengus daigna redresser le regard vers les malheureuses portes. Quelle merde.

« On dirait bien que personne ne s’en va nulle part » Annonça Aengus avec nonchalance. « Et pour ta gouverne, quand une mouche m’emmerde, je l’écrase. Particulièrement quand cette dernière a essayé de me faire la peau. »

Finalement, la gamma se cala dans un coin de l’ascenseur. L’un de ses pieds trouva le rebord pour se maintenir. Quel ennui!

« Reste dans ton coin de l’ascenseur ou je t’en colle une.» Finit-elle sans plus d’intérêt pour Maëlle tout en rangeant son portable pour avancer vers les portes de l’ascenseur, bien décidée à sortir de là. Pas tout ça, mais elle n’avait pas le temps d’attendre ici. Elle avait un rendez-vous important. Il était plus question de se libérer, que d’aider Maëlle. Non. Elle pouvait agoniser à ses pieds qu’Aengus ne bougeait pas le petit doigt. Enfin, juste assez pour éviter qu’on ne l’accuse d’avoir rien fait. Dans tous les cas, les doigts de la blonde glissèrent dans la fente des portes de l’ascenseur pour en écarter une partie.

« Mademoiselle ! Non, ne touchez pas aux portes ! » S’écria un garçon de l’autre côté, probablement le concierge.
Mais Aengus glissait déjà une épaule entre les portes pour ensuite appuyer son dos d’un côté et de l’autre pousser avec son pied.

« Tagle!» Grinça-t-elle.

Aengus détestait être enfermée que ce soit par des conventions sociales, une émotion ou par une cage d’ascenseur. Elle avait besoin d’air et de liberté. Elle pourrait mourir autrement. Par expérience, la gamma savait pertinemment que personne ne viendrait la sauver. Il fallait se sauver soi-même, sinon on finissait par crever comme un chien.
 
« Mademoiselle si l’ascenseur redémarre… » Se plaignit le concierge avant de pousser Aengus vers l’intérieur et ainsi anéantir ses efforts en une micro seconde. Noter dans un coin de sa tête, pourrir sa caisse ! Et voilà, la colère revenait à la charge, prête à tout exploser à coups de poings. Où était Alec quand elle avait besoin de son punchingball favori ?

« C’est toujours pareil avec toi. Tu viens me provoquer et quand je te réponds, tu sors ton joli discours tout prêt pour te sentir supérieur. » Soupira Aengus en plongeant l’une de ses mains dans la poche de sa veste.

Le regard s’assombrissait. L’azur de ses prunelles passait à l’orage. Que tenait-elle dans sa main exactement ? Menaçante, Aengus estimait avoir suffisamment prévenue Maëlle. Combien de fois lui avait-elle demandé de rester loin d’elle, de ne pas lui parler et de se contenter de l’ignorer ? Combien ? Maëlle se sentait obligée de revenir à la charge. Continuellement. Se faire persécuter plaisait à Maëlle. Chacun aurait pu rester de son côté. Chacune aurait pu continuer sa vie loin de l’autre. Mais cette brune entêtée revenait à la charge ; une provocation qu’Aengus supportait de plus en plus mal. Si elle s’était montrée indulgente jusqu’à présent, ce n’était que pour éviter les ennuis avec James. Aujourd’hui, James ne représentait plus rien pour Aengus. Il n’était plus qu’un pervers sexuel, un détracté mental et sexuel. Aussi, elle décolla son dos du mur pour venir méthodiquement vers Maëlle, ronger son espace vitale et l’acculer. La brune ne pouvait reculer, déjà dos contre la cage d’ascenseur. Elle ne pouvait pas plus utiliser sa main tenant le portable. La main d’Aengus plongée dans la poche de sa veste laissait envisager la présence d’une arme.

« Je pourrais faire pareil. » Annonça Aengus dans un souffle. Son avancée restait posée, proche du félin envers sa proie. « Te dire que si tu reviens continuellement à la charge, c’est parce que je te manque. Que si tu craches autant sur mon comportement, c’est parce que, tu ne supportes pas ta vie misérable et que tu envies la mienne. Que tu as besoin d’adrénaline et qu’une fille comme moi t’apporte ta dose. » La main libre se tendit délicatement vers le ventre arrondi. « T’es frustrée, c’est ça ? Tu aurais envie que je te baise contre la cage d’ascenseur ? De flirter avec le danger ? » Les doigts caressèrent doucement le ventre pour remonter le long du flanc. Non, elle ne toucherait pas la poitrine de la Bêta. « Tu aurais toujours l’excuse des hormones. »

Un bruit derrière elle annonçait que, bientôt, l’ascenseur allait redémarrer. La blonde se moquait du moment où l’appareil repartirait tant qu’elle se payait la tête de Silverwood. Finalement, l’engin reprit son chemin et Aengus recula d’un pas pour laisser Maëlle respirer. Aengus avait surtout envie de réduire le petit minois de son interlocutrice en mille morceaux. Pourquoi se retenir ? Hum ? Elle pouvait parfaitement lui en coller une et l’arme dans sa poche serait un atout non négligeable. Finalement, la blonde reprit sa place initiale, puisque les portes ne tarderaient plus à s’ouvrir. Tout pouvait être dit dans une réflexion sans base scientifique et théorique. Tout pouvait être avancé sans la moindre base concrète. Aengus venait de le prouver. Maëlle ne faisait que tirer des conclusions hâtives sur les raisons du comportement d’Aengus. Elle se basait uniquement sur ses impressions, son vécu et sa façon de voir le monde. Non, la gamma ne se considérait pas comme malheureuse. Elle s’amusait souvent et de tout. Son univers restait riche et varié.

« Tu vois ? On peut en raconter des conneries dans un joli discours. Maintenant passe à l’acte et oublie moi. Sinon, je te conseille de te rappeler grâce à qui ce machin » Elle pointa du doigt le ventre arrondi de Maëlle « a pu être en vie, qui te défonçait à coup de poings et surtout quel effet ca fait de se prendre des coups dans le ventre. Parce que je ne perdrai plus mon temps avec tes belles paroles. Je me contenterai de te rendre la monnaie de ta pièce ; pour mon frère, pour tes incessantes interventions dans ma vie et pour ton dernier cadeau à l’hôpital. »

Elle était prévenue. Aengus ne tolérerait plus aucun écart de la part de Maëlle. Après tout, elle ne possédait plus la moindre valeur. La blonde ne se rappelait de rien concernant Silverwood, rien que des horreurs accumulées au fil des années. Maintenant, Aengus se détachait de ce que Maëlle avait pu être avant son amnésie et de la personne à qui elle est rattachée. Maëlle pouvait faire l'innocente concernant l’hôpital. Aengus n'était pas dupe. Elle l'avait vu tourner autour de son lit, s'occuper de la perfusion la dernière !

La gamma resta dans son coin sans rien dire de plus. Le spectacle était terminé. Maëlle avait assez joué à ses dépens. Pas de taquinerie aux yeux de la blonde. La situation restait trop complexe et douloureuse pour laisser sous-entendre que Maelle puisse la taquiner. Aux yeux d’Aengus tout ça n’était que de la méchanceté pure. Aussi, elle ne tenait pas à revoir Maëlle. Cette peste avait tenté de la tuer et Aengus ne comprenait toujours pas les raisons qui poussaient tout le monde à la laisser en liberté. Elle aurait voulu lui faire payer cette horreur. Mais non. Encore fois, Aengus devait avoir tort. A chaque fois, tout redevenait exactement pareil. Maëlle ne lui causait que des ennuis. Aussi, la gamma se fichait bien de savoir si elle allait bien ou non, qui était son petit ami et quelles seraient les répercussions de son acte. Eloigner Maëlle pour de bon semblait primordial pour la blonde. Enfin, elle pourrait reprendre une vie paisible et tranquille sans avoir ce boulet qui ne cherchait qu’une chose : la couler. Elle avait suffisamment réussi jusqu’à présent.

Sans grande attente, les portes s’ouvrirent et chaque personne présente dans l’ascenseur finit par être libre de choisir avec qui discuter. Et Maëlle ne fut pas le premier choix d’Aengus, bien au contraire. Elle ne la détestait pas, pour autant. Non, elle était juste hermétique à sa présence. Aucun intérêt ne semblait provenir de la brunette. En passant devant le concierge Aengus souffla un « bouh » qui le fit sursauter et qui arracha un sourire à la blonde. Habituellement, elle n’aimait pas provoquer la peur. Malheureusement, c’était l’unique moyen pour Aengus de parvenir à se faire une place dans le monde. Pauvre idiot pensa Aengus avant de s’engouffrer dans l’escalier. Au moins, elle ne risquait pas d’être bloquée. Il ne manquait qu’un étage avant de terminer à son lieu de rendez-vous. Elle supposait vaguement que l’aspect financier de son inscription serait au cœur de la discussion. Comment pourrait-elle justifier son revenue ? Comment pourrait-elle blanchir l’argent qu’elle gagnait au black ? Elle ne désirait pas payer d’impôt sur sa petite entreprise de jambes en l’air et fellations rémunérées. Peut-être aurait-elle dû songer à tout cela. Pourtant, Aengus restait naïve lorsqu’il était question d’argent. Et voilà, la porte de la direction s’ouvrait et Aengus s’engouffrait à l’intérieur.
De son côté, Maëlle entrait sur le parking de l’université. Le pas élancé dans son dos ne tromperait personne, en tout cas, pas Maëlle. Le même son, à l’identique, que celui de son agression. Le pas tombait parfaitement. Arrivée à sa voiture, la bêta remarquerait facilement le rétroviseur explosé en mille morceaux. Mais sa préoccupation première ne serait certainement pas celle-là. Et à peine fut-elle proche de sa voiture que tout mouvement lui fut interdit. Le bras d’attrapé, elle fut plaquée contre sa propre voiture. L’homme avait dû longtemps pratiquer un métier dans les forces de l’ordre pour plaquer ainsi Maëlle. Il agissait exactement comme un policier le ferait avec un délinquant. Impossible de répliquer. Il s’était assuré de sa prise avant tout. Des années de métier faisaient l’affaire. Mais Maëlle n’aurait pas besoin des présentations.

« Bonjour, Maëlle. Ca fait bizarre de savoir ton prénom cette fois. Et toi ? Ca te fait quel effet d’avoir envoyé un innocent en prison ? » Interrogea l’homme dont le visage restait un parfait mystère.

A la voix, il semblait particulièrement amusé par la situation. Pour prouver son propos, il plia et déplia sa main à la cicatrice sous le nez de la brune. Qu’elle observe. Il était là. Il avait la preuve que c’était bien lui. Il souhaitait qu’elle le reconnaisse. Il ne souhaitait que ça, d’ailleurs. Elle pouvait admirer en détail la vilaine marque et les doigts abimés. Pourtant, malgré ses blessures, il gardait une imposante dextérité. Par conséquent, Maëlle n’avait pas intérêt à bouger. L’autre main aurait vite fait de lui casser le bras si elle osait tenter le moindre mouvement. L’homme possédait une poigne forte et ferme. Il devait être particulièrement musclé et de grande taille. Il semblait loin de se fatiguer, loin de perdre le contrôle malgré la situation, malgré le grain qui lui servait de cerveau.

« Je ne savais pas qu’ils acceptaient les êtres dans ton genre à la faculté de médecin. Dans mon métier, on accepte très bien les meurtriers. Tu devrais essayer. » Poursuivit-il en maintenant de nouveau sa prise avec fermeté. « Je t’avais remarqué dans ce bar. Si brulante, si sauvage, si belle…»

Il se jouait d’elle et il appréciait l’idée. Il savait que sans elle, il n’aurait jamais pu être libre encore et encore alors qu’un autre croupissait en hôpital psychiatrique à sa place. Si seulement, il pouvait recommencer encore une fois, il serait parfaitement content. Il était là. Mais pourquoi ? Certainement pas uniquement pour lui rendre une petite visite. Est-ce qu’il l’avait suivi ? Est-ce qu’il essayait de lui faire peur ? Est-ce qu’il voulait lui faire du mal à nouveau ? Probablement que non. Il était là pour la narguer. Maëlle pouvait le sentir au son de sa voix. Cependant, il veillait parfaitement bien à camoufler le reflet de son visage dans la vitre de la voiture ou dans les rétroviseurs. D’ailleurs, il l’avait cassé au préalable.

« Elle me l’a payé cette salope. Elle me l’a payé. Pourquoi tu l’as voulu elle plutôt que moi ? Hein ? Pourquoi t’as couché avec cette pétasse plutôt que de me regarder dans ce foutu bar ? Personne. Personne ne m’a vu. »

Un fou. Voilà ce qui se trouvait derrière elle. Il lui faisait parfaitement sentir qu’il était prêt à tout. Son propos pouvait paraître décousu de tout bon sens. Il sentait à plein nez divers médicaments mélanger à l’alcool.

« Je pouvais pas la… je ne pouvais pas te garder si elle était là. Je pouvais. Mais maintenant. Couches toi par terre. A plat ventre au sol. Doucement. Avance un peu, ne t’allonge pas dans le verre. »

Le bras tordu fut tiré délicatement en arrière. A croire qu’il ne ferait aucun mal. Soigneux dans son geste, attentif à ne pas se dévoiler ou se mettre en danger, il savait exactement ce qu’il faisait. Il imposa la courbure à Maëlle pour la pousser à s’allonger sur le sol. Qu’elle reste calmement ainsi. Il n’avait pas l’intention de lui faire du mal. Il n’aurait pas pris toutes ses précautions s’il avait voulu la tuer ou la tabasser. Si Maëlle suivait le raison, par cette démarche, l’homme souhaitait s’assurer que Maëlle ne puisse se retourner trop vivement et l’entrevoir. Il s’assurait de ne pas être reconnu et poursuivit. Dans le fond, il devait avoir conscience de son méfait pour prendre autant de précautions. Après tout, il avait laissé un homme prendre sa place et partir en prison pour lui. Pourquoi ne tenterait-il pas de nouveau sa chance alors que la chance semblait lui sourire ? La première fois, il avait perdu la manche à cause de la gamma. Il avait été obligé de relâcher prise en sentant le gaz lacrymogène lui bousiller les yeux. Il n’avait pas su quoi faire en tombant sur cette gamine. Il avait été pris de cours parce qu’il ne pourrait jamais gérer une O’Griffin. Le nom de famille et l’appartenance au clan Irlandais d’Aengus avait plus joué que son poids plume. Il aurait pu l’envoyer balader et la maîtriser mais Maëlle aurait fui. Il aurait perdu sa précieuse petite chose. Et surtout, Aengus avait réagi de façon étrange et avait endormi l’animal pour doucement faire renaître l’homme. Aujourd’hui, il ne ruminait à l’idée que son attaque ait si lamentable échoué à cause d’une femme. Lui, le macho de première n’avait pas pu laisser une gonzesse prendre le dessus. Il devait réparer cette injustice. Maintenant que Maëlle s’allongeait sagement au sol, il se redressait rapidement pour mieux fuir d’un pas rapide. La bêta pourrait se relever, bien sûr. Mais avec sa grossesse, elle prendrait plus de temps que la moyenne. Il avait déjà disparu, ne laissant qu’une vague silhouette se découpant dans la luminosité du soleil. Après tout, il avait simplement voulu discuter, et uniquement discuter. Maëlle s’en sortait bien. Peut être aurait-elle dû laisser O’Malley la protéger comme il savait si bien le faire. Elle aurait probablement évité bien des ennuis avec un gorille sur les talons pour veiller à sa protection. James en avait une montagne sous la main et certains étaient parmi les meilleurs de la profession. Sûr qu’il aurait fait l’effort de lui mettre une femme si Maëlle s’était sentie plus à l’aise. Maintenant, elle devait subir les folies d’un homme trop fou pour réaliser qu’il vivait dans le fantasme et la haine. Il ne laissait qu’une sensation sur le bras et une odeur particulière derrière lui.

« Qu’est ce que tu fais ? » Interrogea une voix placide et froide.

Une paire de talons aiguilles approchèrent dans un claquement particulier. A la couleur sombre et à la voix, Maëlle reconnaîtrait sans mal, Cailin Watson. Elle avait d’ailleurs entamé de s’accroupir vers Maëlle pour l’interroger.

« Des secours te seraient-ils nécessaire ou tu préfères que j’appelle James ? »

Après tout, ce n’était pas tout les jours que l’on trouvait sa petite copine par terre, à plat ventre dans un parking. Pourtant, Cailin gardait son sang et sa voix froids.

« A moins que ce ne soit un fantasme étrange millionnaire. »

Plaisanterie ou non ? Elle ne le saura pas. Après tout, Cailin ne laissait pas facilement deviner son ressenti et ses émotions, surtout depuis que son univers avait été chamboulé trop de fois pour lui laisser des repères et des certitudes.

Spoiler:

Aucune réaction ne venait troubler Cailin. Parfois, la question lui traversait l’esprit : avait-elle toujours des émotions ? Est-ce possible de se changer en sociopathe ou attraper une maladie mentale empêchant toutes formes d’empathie et d’intérêt pour ses congénères ? Dans le fond, la rouquine aurait repris sa route si elle ne se sentait pas obligé de rester. Si elle s’éloignait comme si de rien n’était, elle était sûre et certaine que le ciel lui ferait payer.

Aussi, elle resta plantée un moment devant Maëlle, le temps de laisser sa consœur bêta faire son petit discours. Très intéressant oui… Peut être qu’elle écoutera un jour. En attendant, la rouquine ne voyait pas la raison qui la poussait à être ici et surtout rester. Maëlle avait piqué la place de Cheryll et il ne restait pas l’ombre d’une miette dans le cœur de James pour ce que cette femme, la grande amie de Cailin, représentait. Si Watson avait été en mesure d’être en colère ou rancunière, elle savait qu’elle aurait dû haïr Maëlle. C’était uniquement pour respecter ce qu’elle était autrefois que la rouquine restait. Peut-être que Maëlle saurait éveiller une émotion quelconque. Elle y parvînt. L’ennui rattrapa rapidement la journaliste.

« J’ai pas de temps à perdre avec tes histoires. » Trancha Cailin en ramassant les clefs de Maëlle.

Toujours aussi neutre, Watson ne semblait rien ressentir à moins qu'elle soit trop siliconé pour pouvoir faire mouvoir son visage sous une émotion. Si la jeune femme avait les mains qui tremblaient autant, Cailin pouvait être sûre que, non, quelque chose n’allait pas. L’envie de partir devînt plus forte encore. Chacun sa merde non ? Mais maintenant qu’elle était ici, pourquoi aller ailleurs ? Ce serait la question qu’on lui poserait s’il arrivait malheur à Maëlle et qu’elle n’avait pas bougé le petit doigt.

« Je ne te laisserai pas conduire. Tu risquerais d’abimer ma voiture en sortant. »

Après tout, c’était elle qui avait les clefs de voiture de Maëlle et sa caisse se trouvait juste à côté de la sienne. Cailin envoya son menton en direction du rétroviseur cassé.

« On dirait que quelqu’un ne t’aime pas. » Affirma-t-elle en faisant le tour de sa voiture pour ouvrir le côté conducteur. « Je te ramène ou pas ? »

Elle aurait pu ressentir un peu de compassion, quelque chose. Mais non. Cailin regardait vaguement Maëlle de l’autre côté en attendant la réplique cinglante de la brunette. Et après ? Elles pourraient enfin avancer et chacune repartir de son côté ? Vivement ! L’assistante ne désirait pas s’étendre dans plus de discussion. C’est pour cette raison qu’elle lui laissait le choix de monter dans sa voiture pour que Cailin la ramène ou de se démerder, mais sans ses clefs de voiture.

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