Le monde est petit, ça je l'ai très bien compris, et malgré mes efforts pour rester optimiste, souriante, compréhensive, il y a aussi des moments où ça ne se passe pas comme je le voudrais. Il y a même une ribambelle de moment comme ça, désagréables, mais qui dans le fond fait de vous ce que vous êtes. On dit souvent que le hasard fait bien les choses, et ceux qui croient au destin, vous diront que rien n'est le fruit du hasard justement et que c'était « écrit »... J'aimerais bien savoir moi, si quelqu'un avait écrit qu'un jour je retomberais sur Nate Rose. Et si ce quelqu'un avait existé je l'aurais sans doute égorgé. Pourquoi tant de violence de ma part vous demandez vous sans doute... Je sais, je sais, ça ne me ressemble pas. Je ne suis pas quelqu'un de violent, on m'a déjà qualifiée de tolérante, même si je ne pense pas que ce soit une réelle qualité chez moi. Cependant voilà, il y a des choses qui ne passent pas, et ne passerons jamais. Comme l'histoire avec Nate, qui, après toutes ses années est toujours pour moi source de tourment. Je ne saurais pas dire avec exactitude depuis combien de temps j'ai coupé les ponts avec lui. 2 ans peut être maintenant. Et j'ai tout fait pour ne plus jamais, au grand jamais avoir de nouvelles de lui. Je suis gentille c'est un fait, mais je n'apprécie pas qu'on se joue de moi et mes sentiments.

Et pourtant, la journée avait plutôt bien commencé... Pas cours avant 10h, j'avais donc put dormir, histoire de me remettre de tout ce travail qui m'accable en ce moment. Je ne vais bien sûr pas me plaindre d'avoir des choses à faire, je sais très bien que je ne tiens pas en place si je ne fais rien, cependant le rythme c'est intensifié avec les préparatifs du voyage au bureau, et puis il y a toujours les cours, et puis mon activité principale à côté de tout ça : jouer.
Qui dit lourd emplois du temps, dit donc esprit bien occupé, et je ne crache donc pas sur quelques heures de sommeil en plus.
Et le reste de la journée était aussi agréable jusque là, pas d'embrouille, des cours géniaux comme d'habitude, et voilà que pendant un battement d'un peu plus d'une heure, j'avais décidé qu'il était temps que je reprenne mes crayons, et que je m'adonne au dessin, chose que je n'avais pas faite depuis un petit bout de temps en fait.
C'est donc mon carton sous le bras, avec tout le matériel dans mon sac que je me suis dirigée vers la salle d'art plastique. Je peux parfaitement dessiner dans ma chambre, mais il n'y a pas la belle vue sur le parc de ma chambre, ni même autant d'espace. Et j'aime pouvoir dessiner dans un espace libre de tout mouvement, et puis il y a peu d'élève qui fréquente ses lieux. Je n'aime pas la solitude c'est vrai, sauf que j'ai rapidement compris que quand je dessine ou peins le monde extérieur est incapable de m'approcher, alors autant profiter de ce peu de solitude.

Assise devant mon esquisse je décide de la remplir au pastel, alors que je farfouille dans la salle pour trouver ce dont j'ai besoin pour mon dessin, la boite de pastel gras m'échappe d'entre les doigts, et vient gentiment faire du coloriage sur mon débardeur blanc. Horrifiée je n'ose pas baisser les yeux pour contempler le massacre. Au bout de quelques secondes je finis par me résigner, et soupire en regardant mon tee shirt, je crois qu'il est bon pour la poubelle. Finalement ça me décide à arrêter là... Il faut de toute façon que je me change pour aller travailler, je ne peux définitivement pas sortir comme ça.
C'est donc déçue, que je range mon attirail, et reprends le couloirs pour aller dans ma chambre pour réparer les dégâts. J'ouvre la double porte qui insonorise complètement l'espace des salles d'art -à cause des salles de musique souvent bruyante- et reste figée quand je tombe sur un visage que je connais bien. Mon premier réflexe et de refermer la porte, tant pis si il se la prend sur le nez. Je m'appuie de dos contre elle, pas dans l'espoir que ça l'empêche de pénétrer dans le couloir, mais juste pour me convaincre que non ce n'est pas un fantôme, non ça ne peut pas être Nate, non... Non... Et non.
Ok, on se calme, tu as du faire erreur, et la personne derrière la porte doit te prendre pour une cinglée, Bravo Sawyer !
Malgré tout je cherche une échappatoire. Je sais c'est puéril, mais rien ne me vient à l'esprit que de m'enfuir oublier momentanément tout ce que je pense de lui, et le fait que ça ne devrait pas être à moi de le fuir, mais bien à lui ! Après tout je ne lui ai jamais fait de mal... Mais lui...
J'avance dans le couloir sans me retourner, priant pour qu'il y est une issue quelconque. Mais non ! C'est un cul de sac. Je reste face au mur vitré face à moi, à rien ne me sert de bouger, j'entends dejà les pas dans le couloir.