Il était huit vingt six minutes exactement quand je décidais d'aller en cours, sans aucune motivation et sans l'envie de voir qui que ce soit. La raison était simple, cela faisait exactement cinq ans que mes amis étaient morts dans un accident de voiture. Cinq ans jour pour jour. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit, principalement occupé à vidé une bouteille de vodka, dans le noir. Il n'était pas difficile de voir que j'avais passé une nuit merdique : mes yeux étaient rouges et je donnais l'impression d'être un vrai déchet avec mon regard endormi. Mais resté enfermé fans cette chambre n'était pas la meilleure des solutions; boire non plus d'ailleurs. Mais cela me faisait oublier cette nuit, cette horrible nuit. Je m'en souviens comme si c'était hier. Une soirée bien arrosée, moi qui refuse de monter dans la voiture avec ma copine et du regard, je regardais la voiture s'enfoncer dans la nuit, avec tous mes amis à bord. Et le lendemain, ce coup de fil que je n'aurais jamais voulu avoir. Je me demandais comment les parents avaient réagit quand ils avaient su que j'étais avec eux, mais que j'avais survécu. Ils devaient m'en vouloir, ils avaient sans doute souhaité ma mort un million de fois et m'avaient maudit. A présent, je savais comment les jours suivants allaient être. J'allais me bourrer la gueule pour tout oublier, prendre de la merde sans réfléchir puis tout redeviendrait comme avant.
En sortant de ma chambre, j'évitais tout le monde, ignorant la plupart des personnes présentes et feignant de ne rien entendre. J'avais seulement besoin d'air frais, de fraicheur et à peine le pied dehors, j'allumais une cigarette et en tira une grande aspiration. « Quelle journée de merde ! » Sac sur l'épaule, je continuais de tirer sur ma clope et en alluma une autre. Ma bouteille d'alcool me manquait déjà. En réalité, plus j'avançais, plus l'envie d'aller en cours se faisait rare et je décidais de m'installer sur un banc, en retrait, le temps de laisser passer la première heure de cours. En réalité, dans l'histoire, j'avais été un vrai salaud. J'avais laissé mes amis prendre la route en sachant qu'il y avait un risque et j'avais détruit encore plus ma petite amie. Elle qui devait déjà subir le choc devait gérer la fin de notre relation. Je n'avais pas réfléchi, comme d'habitude. Et je me demandais ce qu'elle était devenu. Elle qui souhait tout comme moi venir dans cette université, je n'avais plus de nouvelle d'elle et ne l'avait pas du tout croisé sur le campus. C'était rare que je pense à elle, j'en avais surtout pas envie, pas pure égoïsme. Mais tout cela, c'était fini. Cette histoire m'avait changé, totalement.
Alors que la première heure de cours s'apprêtait à finir, je me mis en route vers le bâtiment principal tout en finissant ma quatrième cigarette. Tout en me rendant vers la salle de cours, je sortis mon portable de ma poche et décidais d'envoyer un message à mon frère, afin de prendre de ses nouvelles. Cela faisait un bon moment que je n'avais plus de ses nouvelles et la dernière fois, il avait sois disant rencontré la femme de sa vie. Mais mon frère était comme moi, un vrai tombeur, il faut bien l'avouer. Plongé dans mon message, je ne fis guère à la jeune fille qui se dirigeait vers moi et je lui rentrais littéralement dedans, faisant tomber ses livres. Mais ma mauvaise humeur lui tomba dessus. « Bordel, tu sais pas regardé où tu vas ? Merde ! » Mais je me rendis rapidement compte que c'était nullement sa faute et qu'encore une fois, c'état la mienne.  « Désolé, c'est de ma faute, je ne regardais pas où j'allais... » Alors que je m'abaissais pour l'aider à ramasser ses bouquins, je remarquais une feuille jaune pâle avec deux grands "AA", juste en dessous était inscrit "Alcooliques Anonymes". Je fixais un instant la feuille avant de croiser le regard de la jeune inconnue. « Tu es... » Aborder un tel sujet avec une personne que l'on ne connaissait pas n'était pas chose facile. Je la regardais, sans rien dire, m'attendant à ce qu'elle parte sans rien dire mais je décidais de prendre les devants. « Mon cours commence dans dix minutes, tu viens, je vais fumer une cigarette sur le toit. »