Et un et deux et haut la voix

Le soleil tapait sur ma fenêtre alors que mon horloge sonnait les neuf heures. Et oui, même en vacances, c’était ça la vie d’une cheerleader. Ou du moins la mienne étant donné que le reste des étudiants profitaient de leurs matins pour dormir ou alors continuer la fête de la veille. Je restai dans le lit encore quelques minutes à profiter de ma couette encore chaude. Quand je me levai enfin, j’allai prendre un yaourt aux fruits dans le réfrigérateur de mon studio au campus et m’assis devant mon ordinateur pour voir ce qu’il y avait de nouveau. Des camarades à moi encore partageants au monde ce qu’ils faisaient à chaque moment de la journée comme s’ils étaient le milieu de l’univers. Je fermai bien vite tous les réseaux sociaux et fini tranquillement mon yaourt en mettant une musique que j’aimais bien. J’attachai mes cheveux en une queue de cheval mal faite et allai me laver dans ma petite salle de bain. Encore une fois, je me réjoui de ne pas avoir de colocataire. J’avais peut-être un des studios les plus petits du campus mais au moins j’étais tranquille le matin. Je mis un peu de crème autour des yeux, refit ma queue de cheval qui était cette fois parfaite et haute, comme se devait être celle d’une cheerleader. Un peu de laque et j’étais prête. Je retournai dans la petite pièce qui me servait de chambre et mis mon uniforme en tachant de ne pas défaire mes cheveux. Une dernier regard dans le miroir, mon sac sur l’épaule et j’étais partie en direction du terrain de sport où avaient lieu les entrainements. J’aimais y aller tous les deux jours, vers dix heure du matin quand le soleil n’était pas encore très fort, pour m’y entrainer en paix. Ce n’est pas que mes coéquipières étaient méchantes ou quelque chose, mais je préférai toujours m’entrainer toute seule, c’était juste plus calme et relaxant qu’au lieu d’avoir des filles qui parlent de leur dernière fête ou du gars qu’elles ont réussi à séduire. Je secouai la tête en marchant, ne pas voulait penser à des choses négatives ou du moins qui ne m’étaient pas agréables. Je marchais lentement dans les couloirs en chantonnant silencieusement le cri de joie de notre équipe universitaire. Soudain je me souvins que j’avais oublié ma bouteille d’eau dans ma chambre. Je décidai de passer par la cantine où nous avions des distributeurs de boissons. En direction de celle-ci je m’assurai que personne ne trainait dans le corridor et me mis à danser quelques pas qui me venaient à l’esprit, mes longs cheveux rebondissant dans mon dos. Arrivée à destination je mis quelques pièces dans la machine et une petite bouteille d’eau fraîche sortie de ce que j’aimais appeler la bouche du robot. Je souris légèrement et me dirigeai vers le grand terrain en passant par le reste des longs couloirs. Je passai devant les différentes salles, de danse, de musculation, quelques bureaux administratifs où il y avait déjà des lèves tôt. Quand je passais devant la salle de musique j’entendis quelqu’un jouer du piano. C’était très joli et rafraichissant, reposant même, et bientôt une voix féminine se fit entendre accompagnant l’instrument. Je m’approchai doucement de la porte et tendit l’oreille, hésitante : est-ce que j’ouvre la porte ? est-ce que je continue mon chemin ? Mais ma curiosité pris le dessus, l’envie de connaître l’identité de cette chanteuse était trop forte. Elle savait ce qu’elle faisait, ça s’entendait de loin, sa jolie voix allant dans les hauts pendant le piano jouait une mélodie qui vous faisait vibrer de bonheur. J’ouvris la porte le plus délicatement possible en espérant ne pas couper la jeune fille dans sa chanson. Je pouvais à présent voir une tête blonde de devant l’instrument. Elle n’avait pas l’air de remarquer ma présence ce qui me fit avancer de quelques pas dans la salle. Je me sentis comme une enfant qui espionnait ses parents pendant qu’ils se disaient des mots doux, et une montée d’adrénaline monta en moi. Et si la fille se fâchait ? Je la vis sursauter et dans l’espace de quelques secondes l’envie de me partir en courant m’envahi. Mais je la vis me regarder et je repris tout de suite mon calme. Je n’arrivai pas à voir de là où j’étais si elle était agacée par le fait que je l’avais coupé ou si elle était curieuse de savoir qui je suis comme moi je l’étais il y a à peine une minute. Elle s’excusa tout de suite de ne pas m’avoir attendu, me vouvoyant ce qui me mit encore plus mal à l’aise. J’approchai un peu pour la voir de plus près ; elle n’avait pas l’air plus jeune que moi. On devait avoir le même âge. Elle me demanda si je voulais utiliser la salle pour répéter et je me rappelais que les élèves de musique avaient le droit de réserver la salle de musique pour toute une journée. Je secouai la tête rapidement. « Hum non, c’est moi qui suis désolée, je ne voulais pas te déranger ! » Je fis une pause me demandant si je devais avancer encore un peu vers elle ou si je restais la où j’étais. Je restai finalement à ma place et continuai. « Je passais par là, pour aller au terrain quand je t’ai entendu chanter. » Je lui souris amicalement. « Tu joues très bien. Et tu chantes encore mieux ! Je m’appelle Aylen au fait. » Puis je repris mes esprits. « Excuse-moi… Hum, je peux tout de suite partir si je te dérange. » Je montrai la porte du doigt. Après tout je l’avais coupé dans son entrainement à elle. D’habitude quand on me coupe moi lors de mes entrainements personnels je suis du genre à être assez méchante avec la personne. Il fallait être réaliste, elle ne devrait pas être très enchantée de devoir arrêter sa chanson parce qu’une curieuse a fait intrusion dans la salle de musique.


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Et un et deux et haut la voix

Les entraînements privés, répétitions, ou autres de ce genre sont des événements très intimes pour les personnes qui les pratiquent. C’est pour eux un moment solitaire, où ils peuvent se donner à fond dans leur passion. Un moment où ils n’ont pas besoin de se comparer à leurs coéquipiers ou pour les artistes, collègues. Un moment où ils sont les seuls dans le centre de la lumière. C’est pour ça qu’avec les secondes qui passaient je m’en voulais de plus en plus d’avoir interrompu la répétition de la chanteuse assise au piano en face de moi. Elle n’avait pourtant pas l’air fâchée, ce qui me soulagea un peu. Toutefois, cela ce voyait sur son visage qu’elle n’avait pas l’habitude d’être observée pendant son chant. Ce n’était pas facile après tout, avoir des yeux perchés sur vous alors que vous étiez censés vous donner à fond dans votre passion. Pour ma part c’était différent, étant donné que j’étais dans une équipe avec des personnes avec lesquelles je partageai la mienne. Mais bon, il lui fallait bien de l’entraînement d’être observée à la demoiselle si elle voulait faire une carrière de sa passion.
Elle avait l’air ravie de me voir en fait. Elle me dit que ça lui faisait plaisir d’avoir un avis sur sa voix de quelqu’un qui ne la connaissait pas. Je lui souris, ravie à moi tour de pouvoir l’aidé ou du moins la conseillé.
Elle me complimenta sur mon prénom, sans pour autant me dire le sien. Elle me confia ensuite que je pouvais rester avec elle, étant donné qu’elle voulait faire une pause histoire de reposer sa voix. Elle me demanda aussi quelles étaient mes passions. Elle me sourit à son tour, et je pense que nous étions toutes les deux ravies de pouvoir discuter tranquillement avec quelqu’un sans toutes les tensions habituelles autour. Je l’observai avant de prendre la parole. C’était une jolie fille, elle devait avoir mon âge, portant une chemise claire et un jean. Elle avait de longs cheveux blonds, un peu ondulés, et des yeux noisette. Je souris à nouveau. « L’équitation, principalement. » Je pensais à ma jolie Cara. Elle était vielle maintenant, son heure approchait vite. Je ne remercierai jamais assez Billy pour me l’avoir offerte lors de mes trois ans. La jument avait maintenant dix-huit ans, mais elle était très fatiguée. Et puis il y avait Eden. Son petit, qui n’était plus très petit du haut de ses quatorze ans. Il était magnifique lui aussi avec sa petite tache blanche sur la patte gauche. Je continuai, nostalgique. « J’ai deux chevaux au Texas : Cara et Eden, son petit. Ensuite le cheerleading. J’en fais depuis la 3ème. Je suis dans l’équipe de l’université. » Je me demandais si elle m’avait vue lors des matchs de football. Peut-être pas, trop occupée à surveiller le jeu en soi-même. Je devais beaucoup au cheerleading. C’est après tout une des raisons pour lesquelles j’ai reçu la bourse pour entrer à Berkeley. Je me demandai la quelle des deux disciplines je choisirai si il le fallait. Surement l’équitation. Juste la pensée que je ne pourrai plus monter Eden ou encore Cara me donnait la chair de poule. C’était juste impensable. « Et toi ? A part la musique évidemment. »



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