Shawn avait eut une belle surprise. Une surprise qu’il eut un mal à croire. Une demi sœur. La famille lui avait toujours paru primordiale. Alors savoir qu’un père et une sœur l’attendaient quelque part lui avait passé un peu de baume au cœur. Bien sûr, Angela, sa cadette, n’avait pas été aussi enthousiaste que Shawn. Il avait donc eut un souci avec l’adolescente. Paniquée à l’idée de perdre son frère ainé, la jeune demoiselle avait débarqué chez lui à l’improviste et s’était faite agressée dans la ruelle juste en dessous de son appartement.

Shawn avait passé la matinée à la rassurée pour qu’elle ose enfin quitter la chambre d’ami puis avait eut toute la patience du monde pour la convaincre de retourner à New York en fin de semaine. Malheureusement, Angela était réellement inquiète et avait piqué une crise d’angoisse quand Shawn avait enfilé sa veste pour sortir. Le petit corps entre ses bras, Shawn essaya tant bien que mal de la calmer. Il ne voulait pas qu’elle se rende malade parce qu’elle craignait de voir sa place prise par une autre fille. Il lui avait répété des milliers de fois qu’elle serait toujours sa sœur et que ca ne changerait absolument rien. La jalousie ne se contrôlait pas très bien. Elle avait été bien assez perturbée pour qu’il se permette de la chambouler plus encore. Alors qu’il était prêt à annuler le rendez vous pour conduire sa cadette toujours en crise à l’hôpital, Aengus pointa le bout de son nez et sembla trouver une méthode miracle pour calmer Angela. Entre les mains de la blonde, l’adolescente retrouva lentement sa sérénité.

Shawn pu donc attraper son manteau et le mettre sur ses épaules dans les escaliers. Il était très en retard et n’avait pas pu envoyer de message pour prévenir. Il en composa un rapidement et l’envoya au numéro de son nouveau paternel. Il expliquerait les raisons de son retard une fois sur place. Le message était donc court et clair, un simple « j’arrive. »

Enfin sur place, il referma la portière du taxi et pénétra dans le restaurant. Il portait toujours sa tenue de travail mais il n’avait pas eu le temps de se changer. Entre Angela et le boulot, il n’avait plus trop de temps pour lui. Il portait donc un pantalon droit, noir, une chemise grise, une veste noire et des chaussures cirées noires. Il ne portait aucune cravate, jugeant le tout trop formelle. Il aurait préféré une tenue plus adaptée pour les circonstances. Il avait l’impression d’aller au boulot. Il trouva enfin la table, impatient de croiser enfin tout le monde. Il tendit une main à cet homme avec qui il partageait la moitié de ses gènes puis s’occupa d’Emy.

« Navré pour le retard. » Déclara t il en renouant le bouton de sa veste pour s’assoir. « Ma cadette ne vit pas très bien la situation. »

Autant être honnête. Il n’avait pas l’intention de cacher Angela, sa cadette. Pour les autres rencontres, il prévoyait de faire faire se rencontrer Angela avec le reste de la famille. Il ne désirait pas la laisser à l’écart. Aujourd’hui, il était simplement venu s’assurer que tout se passerait bien, qu’il n’avait pas pour parents des fous ou qu’ils ne seraient pas infréquentables pour une jeune fille de 16 ans. Shawn était surprotecteur avec sa petite sœur, prêt à écraser le nez du premier crétin qui s’amuserait à la faire souffrir. Après avoir perdu sa femme, son fils et son bébé, Shawn avait perdu sa mère dans la foulée. C’était l’idée d’avoir Angela à protéger et à élever qui lui avait permit de tenir le coup. Alors autant que tout le monde soit informé que l’adolescente risquait de donner du fil à retordre à tout le monde, Emy en premier.

Shawn était loin de se douter de tous les troubles qu’avaient pu avoir la douce cadette qu’il avait sous le nez. Il se contenta de saluer tout le monde comme il le devait. C’était toujours délicat d’entamer une relation, étrange de se saluer avec tant de distance qu’imposait une poignée de main alors qu’on se tenait devant son père.

Bien sûr, il aurait fallu qu’il s’angoisse un peu pour cette rencontre. Néanmoins, il ressentait bien plus encore les effets de l’impatience sur son organisme que de l’angoisse d’un éventuel mauvais pas. L’unique petit point noir de la situation : sa famille. C’était autant son point fort que son point faible. Il savait que les questions d’usages continueraient de se poser. Qu’on lui demanderait ce qu’il faisait dans la vie et avec qui il la partageait. Car il ne lâchait pas son alliance, toujours présent à son doigt. Il refusait de la laisser. C’était sa femme, son amour et il ne voulait pas l’abandonner…pas encore une fois. Il ne supportait pas de parler d’elle ou de son fils décédé. La colère le gagnait à chaque évocation de sa femme ou de son fils. Il avait réussi à force de travail sur lui-même à ne pas défoncer tout sur son passage à l’évocation de sa petite famille mais il redoutait toujours d’éventuelles questions qui pourraient éveiller sa douleur.

« Enchanté. » Déclara simplement Shawn.

Shawn tira sa chaise pour s’assoir lorsque son paternel bis et sa sœur eurent retrouver leur place. C’était assez impressionnant en réalité. Il avait la sensation de passer un entretien d’embauche. Emy semblait le dévisager et un instant il se demanda s’il avait un truc sur le nez. Bien…le silence commençait à se faire sentir et Shawn ne savait absolument pas quoi dire. C’était le cas lorsque l’on rencontrait pour la première fois de parfait inconnu. Si sa cadette était timide, ils étaient mal parti. Shawn ne savait jamais réellement comment prendre les timides. Le plus imposant dans l’affaire restait l’homme, le père. Shawn se sentait redevenir un gamin face à trop de grandeur…

« Vous habitez San Francisco ou vous êtes juste là de passage ? » Demanda enfin Shawn en fixant l’un puis l’autre.

Autant commencer les histoires avec des choses plus simples. Lui n’avait pas eut le temps de découvrir la ville. Sa vie battait à 200 à l’heure actuellement. Il s’étonnait presque d’avoir le temps de connaitre sa nouvelle famille. Il détacha la veste de son uniforme comme il aimait l’appeler pour se sentir moins oppressé. Son regard jongla un instant du visage de son paternel à celui de sa cadette comme pour en retenir les similarités mais surtout pour savoir lequel allait parler en premier.

Shawn n’était pas venu avec un pression sur le dos. Il n’y avait aucune obligation pour personne. Il ne tenait pas à remplacer un père qu’il avait déjà autant qu’il tenait à ne pas fragiliser plus encore le socle familial. Il restait ouvert d’esprit puisque sa famille avait déjà été secoué avec violence en peu de temps. Tout les membres restaient encore marqué par les départs précipités et inattendu. Entre la crise cardiaque de sa mère et l’assassinat de la famille de Shawn, il avait fallu se serrer les coudes. Si Shawn regrettait son enfermement durant des années autant que son emportement et sa violence à cette époque de sa vie, il savait en revanche remercier son père d’avoir toujours su garder une porte ouverte pour son fils ainé. Il ne savait sur quel pied danser. Entre la crainte de voir son équilibre fragile se brisé et l’envie d’en savoir plus et d’ouvrir la famille à de nouveaux arrivants.

Shawn n’était pas dérangé par les propos d’Emma. Elle pouvait appeler son père « mon » père puisqu’il était bien le sien. L’agent n’avait pas encore envie d’appeler cet inconnu papa et de le serrer dans ses bras. C’était encore un parfait étranger et Shawn ne voulait pas bruler les étapes. Il la regarda un instant, perplexe. Elle s’emportait, alignait les mots les uns derrières les autres comme pour passer un message important ou se débarrasser d’une angoisse. Il n’eut pas d’autre choix que d’attendre patiemment qu’elle finisse sa tirade. Il ne pu retenir un rire amusé. Levant doucement la main pour montrer qu’il ne désirait en rien me moquer. Elle faisait preuve d’une sincérité aussi touchante et que gênante. Il agissait comme à son habitude, avec simplicité. Il savait et il avait compris qu’elle avait besoin d’être rassuré quant à ses intentions. Il ne voulait pas lui promettre la lune pour autant. Il laissa donc passer un sourire rassurant avant de déclarer :

« Je… comprend bien. » Il se retrouvait coincé entre la réaction très enthousiaste de sa demi sœur et son envie, à lui, de faire les choses doucement, pour Angela. Il ne voulait pas rejeter cette nouvelle sœur ou même qu’elle se sente rejeter mais il ne voulait pas se précipiter. Si ca ne tenait qu’à lui, il se serait permit plus de fantaisie mais Angela était à prendre en compte. « Je crois que nous en sommes tous à se demander comment ca va se passer et si l’entente sera au rendez vous. »

Il ne savait pas quoi lui dire de plus. Il ne la connaissait pas assez pour se permettre d’être rassurant ou tranquillisant avec elle. Il ne savait déjà pas ou poser les pieds dans la discussion. Heureusement, une autre question tomba et il pu reprendre la parole plus aisément.

« Je vivais à New York. Je suis arrivé à San Francisco il y a quelques semaines. J’ai postulé pour être professeur à la faculté de Berkeley. Mais vous connaissez probablement déjà l’endroit. »

Reprendre un échange banal pour faire connaissance ne lui plaisait pas autant que la franchise d’Emy. Pourtant, il faudrait faire avec. Surtout qu’il n’avait pas tout saisi de son propos. Et voilà, il ne tenait déjà plus en place et commençait à sentir les fourmillements au bout des doigts. Un signe de son envie de bouger. C’était désagréable de ne jamais être capable de tenir en place. Il s’occuperait les doigts en pliant la serviette pour la peine. Faire des origamis lui semblait un jeu d’enfant. D’ailleurs, commença à plier et replier, sans même regarder, un ticket de métro. Comme le ticket était rectangulaire, comme tout bon ticket, rien de plus simple que de faire un rectangle à partir du carré et profiter ainsi des replis qui en résultent pour faire les changements de couleur de la futur forme : un renard. Il pouvait le faire les yeux bandés s’il le fallait. Il passait son temps à plier du papier quand il ne pouvait pas bouger de sa chaise. Parfois, il gribouillait ou tapotait de ses doigts sur la table. Bref, il devait continuellement s’occuper les mains sous peine de ne plus pouvoir se concentrer sur la conversation. Parfois, ca semblait bien incorrect mais toujours mieux que de répondre à coté de la plaque.

Spoiler:

Shawn tourna son regard vers l’homme qui lui faisait face. Sa stature imposante laissait parfaitement deviner un homme dont les habitudes de commandement faisaient part entière du personnage. Le temps de le détailler et Shawn reprit tranquillement, cherchant toujours à occuper un esprit qui travaillait trop.

« J’enseigne la chimie. »

Il se contenterait de cette réponse. Nul besoin d’expliquer qu’il s’était spécialisé dans les armes chimiques. Ca pouvait jeter un froid dans l’ambiance déjà difficile à lever.

« Quels cours suivez vous ? »

En réalité, c’était étrange de vouvoyer Emy mais il ne se sentait l’applomb du paternel à tutoyer tout le monde. Il supposait qu’Emy ne faisait pas parti des scientifiques qui courraient les couloirs de la faculté. Quant à l’origami, Shawn se contenta de sourire au compliment. Il aimait en faire mais en discuter. Personne n’était parfait.
Shawn avait toujours bien mangé mais le repas que commanda Monsieur Convay lui sembla gargantuesque ! Il sourit cependant. Dans certaine culture, un homme devait bien manger pour prouver sa puissance et son pouvoir. Cette idée le fit sourire. Lorsqu’Emy retira les fruits de mer, réclama une viande bien cuite et retirer le fromage, il sourit. Elle lui faisait penser à sa femme lorsqu’elle attendait leurs enfants. Il fut tenté de poser la question mais l’étonnement dont fit par le paternel le rappela à l’ordre. Il avait dû faire fausse route. Malgré lui, le regard coula sur le ventre d’Emy comme pour savoir si oui ou non, il avait de la vie là dedans mais il se reprit rapidement.

« Et bien, l’assiette de charcuterie, le steack bleu, et la double ration de dessert, s’il vous plait. » demanda t il simplement avec un sourire.

La politesse n’avait pas été son point fort mais il savait se tenir. Il les laissa un instant discuter tout les deux avant d’être attiré par la conversation d’Emy.

« Oui, elle a seize ans. » Un instant, Shawn douta. Est-ce que Monsieur Conway était informé du dècés de son ancienne amante ? Une crise cardiaque, il avait de cela quelques mois à présent. La nouvelle d’avoir perdu ses petits enfants et sa belle fille l’avait affaibli. Bien qu’elle avait toujours été très absente, elle restait la mère de Shawn et avait donc une place particulière dans sa vie. « Angelina est descendue pour quelques semaines à San Francisco. J’envisage de la faire rester ici sur un plus long terme. »

Elle serait bien mieux qu’avec un père maintenant sénile.