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This is an all British Christmas, darling.

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MessageSujet: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 5:27



Les fêtes de Noël. Cadeaux, sapin, lumières, éclats de rire, chocolats… Quel est l'idiot qui a décrété que ces fêtes étaient incontournables dans la vie d'une famille ? Noël, jusqu'à ce que Connor ne débarque dans ma vie, je le passais au lit, avec quelques splendides créatures qui trouvaient amusant de se déguiser en tenue coquines de Mère Noël. C'est tellement plus distrayant que de se coltiner des foules entières pour les achats de cadeaux… Moi qui avait déjà une sainte horreur de mettre les pieds dans un magasin, cette période n'était décidément pas ma favorite. Et exceptionnellement, je n'avais même pas pu envoyer Marc faire mes achats à ma place à cause d'une grippe qui l'avait cloué au lit. Tant pis pour lui, je lui ai sucré sa prime de fin d'année… ça lui apprendra à se faire porter souffrant pour un petit rhume et à peine 39 de fièvre. Toujours est-il que cette année, c'était un peu spécial. L'ambiance familiale allait être au rendez-vous dans la mesure où j'avais annoncé que la famille Shark passerait les fêtes en Angleterre, dans la campagne verdoyante bordant les alentours de Londres. Nous allions passer notre séjour d'une semaine chez la matriarche de la famille, Martha. Ma mère. Un mois plus tôt, lors d'un bref passage chez elle avec Connor, elle m'avait expressément demandé - voire exigé - de venir passer les fêtes avec elle et mes deux fils. Oui, je lui avais parlé de Benedikt, non sans une certaine angoisse à l'idée que son fils ait mis une camarade enceinte pendant ses années étudiantes sans le savoir… Mais elle ne l'avait pas si mal pris. Quelques remontrances, cela va de soi, mais sans plus. Dès lors, elle avait fait preuve d'une immense curiosité.
"P'pa, pourquoi Beni il fait la tête ? Beni, dis, pourquoi tu veux pas parler à P'pa ?" Le hic est là. Sans doute parce que Tacha n'a pas su tenir sa langue, mon fils aîné a appris que j'avais fait preuve d'un chantage à l'encontre de la jeune femme : je lui avais interdit de reprendre contact avec Benedikt sous peine de la faire enfermer pour de bon, en raison de ses délits. Une violente dispute avait éclaté entre nous et depuis, silence radio. Bornés et orgueilleux comme des lions d'une fierté maladive, nous ne faisions aucun pas l'un vers l'autre. Il me voyait comme un monstre injuste et insensible… je le voyais comme un enfant fragile et rebelle. Allez régler nos soucis père/fils, après ça. "Parce que la langue de ton frère a pris froid à force de claquer dans le vide." lâchai-je sur un ton laconique en tournant pour m'engager sur une route moins fréquentée à la sortie de Londres. En prime, les répliques interposées ne manquaient pas, elles brisaient de temps à autres le silence glacial qui régnait. Ca promet pour les vacances.
Après une bonne trentaine de minutes de route pour nous enfoncer dans la campagne londonienne - trajet que Connor mit à profit pour rappeler l'interminable liste de cadeaux qu'il avait faite depuis le début du mois de décembre, au cas où nous l'aurions oublié - nous arrivâmes aux abords de Southampton. Petite ville sans prétention, mais qui regorge de villages isolées, de fermettes charmantes… quand on aime ce style. Ce n'était pas entièrement mon genre. A peine engagés sur une petite route entre deux champs enneigés, nous voilà bloqués par une vieille voiture qui roulait à allure d'escargot. "Avances avec ta carcasse, paysan !" Le coup de klaxon fit sursauter le vieillard au volant, tant et si bien qu'il manqua de finir dans le fossé alors que je le doublais brutalement en pestant après le troisième âge qui devrait se contenter de déambulateurs pour seuls véhicules. Une autre demi-heure plus tard, nous voilà arrivés en Enfer. Pas une âme qui vive hormis les chaumières et fermettes alentours, 200 têtes de bétail pour à peine une petite quinzaine d'être humains. Un cauchemar pour le citadin que je suis, un paradis pour Connor qui trépignait d'impatience de pouvoir courir dans les champs et à flanc des quelques collines enneigées qui encerclent le domaine modeste dans lequel vit sa grand-mère. Je coupais le moteur après m'être garé dans la cour bordant la bâtisse. J'avais acheté cette petite ferme avec mes premiers salaires dignes de ce nom, afin de pouvoir loger ma mère dans la maison de ses rêves. Seule avec ses quelques animaux de basse-cour, à l'abri du brouhaha de la ville et des quartiers pauvres dans lesquels nous avions subsisté du temps où mon paternel se prenait encore pour le chef de famille. Je l'avais installée ici et depuis, je veillais à distance à ce qu'elle ne manque de rien. J'avoue avoir tendance à mettre ma mère sur une sorte de piédestal, un monument dont il faut s'occuper avec grand soin, car c'est en grande partie grâce à elle que j'ai pu réussir avec un mental de vainqueur. La maison était grande, ancienne, charmante. Une maison de campagne avec du cachet. A l'intérieur, la décoration était sobre et classique, quelque chose d'assez chic sans tomber dans du tape-à-l'œil. Connor sauta de la voiture et courut à pleine vitesse vers la porte de la maison pour aller sonner à la cloche comme un malade. "Mummy !! Mummy, on est lààà !!" Discrétion, bonjour. Je levais les yeux au ciel avec un très mince sourire en coin tout en marchant plus modestement vers l'entrée à mon tour. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit enfin sur Martha Shark. "Mon petit ange, viens me voir…" Une femme âgée, de petite taille… mais à la santé de fer. Vous vous souvenez de Tatcher ? Une main de fer dans un gant de velours ? Martha Shark aurait pu être sa sœur. Une femme au caractère fort, parfaitement mesuré et d'une perspicacité hors normes. Elle savait se montrer affectueuse et exigeante à la fois, un véritable modèle de femme de caractère. Connor lui fit un baiser sur la joue avant de foncer vers son frère et le tirer par la main pour faire lui-même les présentations, sous mon œil légèrement anxieux, malgré un détachement britannique affiché. "Mummy ! R'gardes, c'est Beni, c'est mon grand frère ! T'as vu, t'as vu ?" Je soupirais légèrement. Bien sûr, qu'elle l'a vu, elle n'est ni aveugle ni sourde. Mais voir ce petit bonhomme de neuf ans, le torse fièrement bombé à l'idée de présenter son aîné, avait quelque chose d'assez touchant, il faut le dire.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 10:08


Sa valise était prête. Quelques tee-shirts, deux shorts, une paire de chaussures et de santiags, déodorant et parfum, on passera sur les sous-vêtements, aucun bijou si ce n’est son pendentif qu’il ne quittait de toutes façons jamais, ainsi qu’un bracelet fait main que lui avait confectionné une certaine amie du temps où il était encore à l’orphelinat, sans oublier les cadeaux, évidemment, et la famille Shark quitta la maison, puis le sol américain, direction : l’Angleterre. Ce qu’il y a de bien quand on est Russe, c’est que l’on supporte très bien les températures extrêmes. Ben par exemple, n’avait eu aucun problème à quitter l’été de la Californie, pour l’hiver du pays de son père. Il n’avait même pas emporté de pull. L’hiver de l’Angleterre était pour lui, la plus tiède des saisons. Connor en revanche, avait préparé écharpes et doudounes, mitaines et bonnets, pour éviter d’attraper froid et devoir rester cloué au lit durant ses grandes vacances. Quant à Joe … il n’en savait rien, et s’en fichait pas mal à dire vrai. Depuis cette histoire avec Tacha, Benedikt n’avait plus aucun contact verbal avec le patriarche, si ce n’est pour l’envoyer paître du mieux possible par des réflexions souvent empruntes de sous-entendus, aussitôt renvoyées à leur propriétaire. Tiens, en voilà un bon exemple. « Parce que celle de ton père m’en veut de l’avoir dérangé, alors qu’elle explorait des territoires encore vierges. Ou pas d’ailleurs, les sentiers battus lui vont aussi. » répliqua à son tour Benedikt. Non, il n’en avait jamais voulu à Joe d’avoir de nombreuses conquêtes, détrompez-vous. Mais puisque le paternel lui cherchait des poux, il n’allait pas se laisser faire, non mais oh ! Assis derrière, aux côtés de son jeune frère, qui leur remémorait sa liste de cadeaux – il lui avait fallu trois feuilles, s’il avait bonne mémoire, pour tout noter – d’un air guilleret, Benedikt observait le paysage étonnamment semblable aux plaines de la Russie profonde. De la verdure, des forêts à perte de vue, des vaches, des chevaux, peut-être même des loups qui sait … et la neige. Ahh, ce que cet épais manteau blanc lui avait manqué. Le bon air du Nord. Indifférent au pauvre paysan qui avait frôlé la crise cardiaque, tandis qu’à ses côtés, Connor semblait surpris et outré par l’attitude de son père, le Russe songea bientôt à cette femme qu’il allait rencontrer. Cette … Martha. La mère de Joe. Sa grand-mère. Déjà qu’il avait été surpris d’apprendre que son père était sorti d’un utérus humain – non non aucun rapport avec le fils de Satan, je vous assure – l’angoisse était à son paroxysme depuis qu’il savait qu’elle souhaitait le rencontrer. Pourquoi faire ? Sans doute avait-elle appris pour sa naissance non désirée, par le fait que son père ignorait tout de sa venue au monde, et que sa mère, droguée et prostituée, l’avait élevé dans le plus grand secret. Dans la plus grande misère. Joe le lui en avait-il parlé ? Car il avait cru remarquer une lueur étrange dans le regard de l’Anglais la première fois qu’il avait prononcé le nom de ‘Martha’. Comme … une affection dissimulée mais profondément sincère. Comme un fils pour sa mère. Même le Diable a des sentiments, parait-il. On va bien voir. Il craignait lui d’être un intrus, le fardeau d’un père. Et même si en ce moment, l’envie d’embêter Joe se faisait de plus en plus sentir, face à une femme, face à une mère, la sienne ou une autre, Benedikt n’aurait jamais ce genre de comportement grossier et rebelle. Bien au contraire. Parce que sa relation avec sa propre génitrice avait toujours été difficile, que ses souvenirs étaient confus, il avait du mal à exprimer ses sentiments devant une autre. Seule Sophie, grâce à Connor en grande partie qui l’avait initié à être un fils, avait su gagner sa confiance. Les autres, il les fuyait comme la peste, de peur de retomber dans l’enfance, ou de faire ressurgir d’anciennes douleurs.

Ils étaient arrivés. Il n’avait même pas entendu les pneus crissés. Dehors, il faisait beau, même si la neige recouvrait toujours le sol terreux. Une ferme. Il aurait pensé à tout, sauf à ça. Joe ne détestait-il pas les animaux ? La terre ? La poussière ? Les bouses de vaches ? L’odeur des prés ? L’air pur ? L’absence de civilisation ? Il faut croire que sa mère était … différente. Espérons-le. Il ne se voyait pas se battre avec un deuxième Shark de la même trempe que son père. Détaillant le paysage alentour, en s’arrêtant en dernier recours sur la maison fermière, Benedikt ne bougea pas d’un pouce, collé à la portière de la voiture, les mains moites, et le regard témoignant de son anxiété. Là, la porte s’ouvrit. Une femme d’un âge avancé, des cheveux blancs coupés courts, un visage fin, des yeux en amande, une silhouette ronde mais fière. La mère de Joe. Il ne l’avait pas du tout imaginé comme ça. Plus grande, plus élancée, plus … snob. Une Shark au féminin. Au lieu de ça, cette femme respirait la bonté d’âme. En apparence, en tous cas. Déglutissant lorsque Connor, ce petit monstre, le tira par la manche vers sa grand-mère, Benedikt fit quelques pas pour lui faire plaisir, avant de se planter dans le sol, à trois mètres au moins de l’entrée, devant un Connor intrigué qui, malgré sa force herculéenne, fut bien obligé d’abandonner l’idée de le faire avancer plus encore. Le plus étrange fut sans doute le regard inquiet de Beni pour son père qui était resté en arrière, comme s’il recherchait son aide. « Euh… bonjour. Madame. » murmura t'il avec un fort accent russe, les joues soudainement rouges, et les yeux baissés sur ses chaussures, la peur au ventre à l’idée de recevoir une leçon de morale sur la conduite indécente de sa mère, vingt et un ans auparavant.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 11:06



Bien envoyé, petit. Voilà la pensée qui m'avait traversé l'esprit en entendant le grognement de Benedikt dans la voiture, tout à l'heure. Je mets ma langue où ça me chante, contrairement à toi qui devrait songer à ta santé au lieu de fréquenter une criminelle dépravée qui n'a de respectable que l'université qu'elle fréquente. Une fois arrivés dans la cour de la maison de campagne où vivait ma mère, j'avais assisté à l'éternel débordement d'affection de la part de Connor envers sa grand-mère mais également pour son frère aîné qu'il cherchait à mettre à l'aise à sa manière. Dear god... Mais comment ai-je pu engendrer pareille boule d'émotions sans qu'il soit pourvu d'un seul soupçon d'insensibilité made in Shark ? A part le nom de famille et le patrimoine génétique, je me demande toujours ce qu'il peut tenir de la branche paternelle, ce bonhomme. Je reste en retrait tandis que Martha quitte le parvis de la maison pour marcher jusqu'à Beni que je trouve étonnamment silencieux. Pour une fois, s'il en fallait si peu pour lui clouer le bec... Non, sois gentil, Joe. Gentil Shark. La voix de Noah résonnait presque dans mes oreilles, c'était particulièrement perturbant. Martha marcha jusqu'à lui et le regarda droit dans les yeux, un regard bleu particulièrement perçant et pénétrant. Voilà pourquoi je n'avais sans doute jamais réussi à avoir le moindre secret pour cette femme : elle a cette manière d'être qui vous fait vous sentir minuscule. Si facile à déchiffrer. Une Lady anglaise par excellence dont la classe tranchait assez nettement avec le lieu rural dans lequel nous nous trouvions. Elle mit ses mains dans les poches de son grand gilet puis esquissa l'ombre d'un sourire au coin de ses lèvres, creusant quelques nobles rides. "Benedikt, si j'ai bien compris ?" demanda-t-elle en glissant un regard complice vers Connor. L'enfant hocha vigoureusement la tête. Cette manie qu'il avait de mettre son grand frère sur un piédestal... Enfin, passons. Martha l'inspecta attentivement puis posa une main sur son épaule. Douce et ferme à la fois, montrant par là que l'hypocrisie n'était pas un défaut dont elle s'encombrait inutilement. "Je suis enchantée de faire ta connaissance, mon garçon. Charmant accent, soit dit en passant." Elle lui fit un petit sourire puis le contourna pour me rejoindre. Il ne s'agissait en rien d'une moquerie. Ancienne professeur de langues à temps partiel, ma mère avait toujours eu cette étrange fascination pour les accents étrangers, quels qu'ils soient. "Ne sois pas si timide, tu vas bientôt devenir aussi rouge que le bout du nez de ton frère." ajouta-t-elle en posant le bout de son index sur Connor qui loucha automatiquement pour regarder le bout de son nez. J'avançais jusqu'à elle avant de me pencher pour la serrer délicatement dans mes bras en déposant un baiser sur sa joue. "Maman, c'est un plaisir de te revoir. - Quel menteur... tu te demandes déjà comment tu vas t'occuper dans ce trou à rats." Son regard sévère et malicieux à la fois se posa sur moi, tant et si bien que je secouais la tête en maugréant. Bon, d'accord, elle n'avait pas tort. C'est agaçant de ne pas pouvoir dissimuler ses pensées à quelqu'un. Mais sa taquinerie soulignait quand même que j'étais ravi de pouvoir me poser un peu au pays, avec ma famille. Au complet, n'en déplaise à Benedikt avec qui la Guerre Froide était de mise. Alors que je partais chercher les bagages de tout le monde, Martha déposa ses deux mains dans le dos de ses petits-fils pour les inviter à aller à l'intérieur. A leur suite, j'entre dans la maison. Une délicate odeur boisée ressort avec le feu de cheminée qui baigne l'ensemble de la bâtisse dans une chaleur particulièrement agréable. Le bois crépitait à l'oreille. L'intérieur était décoré avec goût et classe, dans un style purement britannique. Rien d'excentrique, tout en finesse, et des matières nobles. La vieille dame s'arrêta sur Benedikt en regardant sa tenue. "Tu es bien réchauffé, ma foi." T-shirt en peine campagne avec des températures quasi négatives dehors... rien à voir avec Connor qui avait presque l'air d'un cosmonaute avec le pull que son père l'avait obligé à porter alors qu'il n'avait voulu porter lui aussi qu'un t-shirt, comme Beni. Contrairement à lui, l'enfant était loin d'être habitué à des climats aussi rudes. "J'ai préparé du thé pour tout le monde, un quatre-quart... - Je vais défaire les valises avant. - ... et une tarte tatin. - Finalement, je ne suis pas contre une petite pause." J'ignorais avec superbe le regard amusé de ma mère tandis que je déposais les valises pour mettre la table. Quatre assiettes, des couverts et des tasses. Martha s'arrêta au niveau de Benedikt puis le regarda pour lui parler à voix basse. "J'ai fait en sorte que tu puisses manger de tout, ton père m'a dit que tu avais quelques petits problèmes de santé. Alors ne t'en fais pas, tu n'auras pas besoin de faire trop attention à la composition des plats." Petite attention particulière sans tomber dans le mélodrame. Elle préféra ne pas s'étendre sur le sujet, il y a plus intéressant pour apprendre à faire connaissance, mais au moins elle voulait progressivement tenter de mettre le jeune homme à l'aise. Une fois que tout le monde fut installé, Martha prit la parole en tournant son thé. "Alors, vous avez fait bon voyage ? Je vous ai attendu pour faire le sapin." précisa-t-elle alors que Connor avait les yeux rivés sur le grand arbre trônant dans le salon, vierge de toute décoration.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 11:52


La mère de Joe s’était alors approchée pour l’observer de plus près. Ce fils venu d’ailleurs. Elle n’avait sans doute pas idée à quel point son regard bleu, inquisiteur, tranchait avec celui de Benedikt, apeuré. Il faisait même un effort terrible pour ne pas regarder ailleurs, de peur de paraître impoli. Pire que celui de Joe, il n’arrivait pas à soutenir le regard de sa grand-mère. « Oui, madame. Moi aussi je suis ... enchanté. Et... j'vous remercie.. » Que de murmures et de paroles étranglées, comme s’il voulait paraître le plus ‘normal’ possible, le moins rebelle. Minuscule à ses yeux. Et Connor qui ne devait rien comprendre de cet étrange échange. Un frère qui avait l’habitude de ne pas se laisser faire, ni oralement, ni physiquement et qui soudain devenait aussi muet qu’une tombe, aussi raide qu’un piquet, aussi poli qu’un Anglais. Et ce mot ‘madame’. Il avait presque envie de lui dire qu’il pouvait l’appeler ‘mummy’, comme lui, mais se tut devant l’insistance de son frère à demeurer stoïque. Lorsque la main de Martha se posa sur son épaule, inconsciemment, Beni eut un mouvement de recul, et une sorte de frisson dans tout le bras. Ce n’était pas à cause du froid. Il revoyait le geste au ralenti, passant près de son visage. Le même que sa mère avait fait avant elle, mais qui avait alors une toute autre destination. Martha Shark aurait bien du mal à le convaincre de ses bonnes grâces. Et elle ignorait encore jusqu’à quel point. « Pardon. Madame. » Toujours ce ‘Madame’, il ne savait quoi dire d’autre. Elle était sa grand-mère pourtant, mais il avait l’impression de ne pas être à sa place. De n’exister sous son toit que par la volonté de Joe et de la sienne, mais aussi, à cause de l’erreur de sa mère. Cette femme ne pouvait avoir pardonné un tel geste. Remettre en cause la réputation de son fils, son honneur … Et pourtant, elle n’avait encore rien dit à ce sujet. Peut-être plus tard, lorsqu’ils seraient seuls, pour éviter que Connor ne prenne la défense de son aîné.

Une fois à l’intérieur, Beni ne put s’empêcher de sourire devant la chaleur qui transpirait des murs de cette maison. Sobre et chic, douillette et accueillante. Une sorte de cottage moderne qui le rendait pantois. Il fit quelques pas, à droite puis à gauche, emporté par la main de Connor qui avait décidé de se muer en guide pour l’occasion, et revint vers la cheminée. Son lieu de prédilection à l’avenir. « Pourquoi tu regardes la cheminée comme ça ? » demanda d’ailleurs son petit frère, étonné par ses traits alors détendus. « Ca me rappelle mon pays. Il fait très froid là-bas et … à l’orphelinat où j’étais, tous les enfants avaient l’habitude de s’asseoir près de la cheminée, et de raconter des histoires. » expliqua le Russe en se laissant bercer par la langueur des flammes. « Oui je … j’ai l’habitude, c’est pour ça. » ajouta t-il pour Martha qui n’avait pas pu l’entendre parler de son pays, de là où elle était, ni Joe d’ailleurs, en s’apprêtant à aider les valises à la suite de son père. De la tarte tatin. Le dessert préféré de son père. Sa réaction fit d’ailleurs sourire tous les visages, quoiqu’il fit semblant de n’avoir rien remarqué. « Oh je … vous n’auriez pas dû … merci. » Il n’en revenait pas. Comment savait-elle … ? Joe lui avait promis de ne rien dire de sa maladie à personne ! Exception faite de Noah et de Sophie, bien entendu. Surpris d’abord, et plus que gêné à l’idée qu’il avait donné du travail en plus à Martha, Benedikt finit par s’asseoir, non sans jeter à son père un regard incendiaire. Traître.

Du thé, un quatre quart, de la tarte…. Délicieux. Mais il n’avait pas très faim. Connor par contre, engloutissait tout à une vitesse phénoménale. Un vrai ventre sur pattes. Laissant à son père le soin de répondre à la question de sa mère, Benedikt se retourna à son tour pour voir le fameux ‘sapin’ qui attirait Connor depuis tout à l’heure. C’était donc ça, un sapin. Il connaissait Noël. Sa symbolique, la fête commerciale. Mais ne l’avait jamais fêté. Voilà pourquoi il avait tellement hésité à accompagner Joe – finalement vainqueur grâce aux gémissements intempestifs de Connor dans ses oreilles – pour les fêtes. « Je mets les boules, toi les guirlandes, d’accord ? » énonça bientôt l’enfant en lui tendant la main, les lèvres pincées et les sourcils froncés. Une sorte de convention tacite pour que l’un n’empiète pas sur le territoire de l’autre. « Les guirlandes ? C’est quoi ? Oui oui, ok, d’accord. » Vu l’air menaçant de son frère, il avait plutôt intérêt à dire oui. « Et c’est moi qui poserai l’ange tout en haut. » Nouveau regard menaçant, cette fois à l’égard de toute la famille, au cas où l’un d’eux aurait dans l’idée de profiter de sa grande taille d’adulte pour lui piquer son petit bonheur d’enfant. « C’est très bon. » Aucun rapport. Benedikt avait seulement voulu complimenter la maîtresse de maison pour leur collation. Sans pour autant l’avoir regardé plus de dix secondes d’affilée. Secondes dont il profita pour essuyer la bouche de son frère, tâchée de sucre.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 16:17



Le regard que m'avait lancé Benedikt ne m'avait absolument pas échappé, ce à quoi je répondis par un regard tout aussi aimable. Pensait-il sincèrement que j'allais m'abstenir de dire à ma mère de ne pas nous préparer des plats pouvant lui être néfastes ? Nous ne nous adressions plus la parole sauf pour nous envoyer paître, mais je n'irais tout de même pas jusqu'à l'empoisonner. Officiellement, je répondrais que je n'avais pas envie de dépenser de l'essence pour l'emmener jusqu'à l'hôpital en cas de crise. Officieusement, je voulais qu'il puisse manger la même chose que nous sans m'avoir sur le dos à surveiller son assiette... mais ça, évidemment, je m'abstenais de le dire. On ne cessait de me répéter qu'il fallait que je sois un peu plus ostensible dans ma manière d'aimer mon fils aîné, mais je n'y parvenais pas. Ma pudeur et quelques craintes aux raisons privées m'empêchaient d'agir "normalement" avec lui. Toujours est-il que pour les fêtes, Benedikt n'aurait pas droit à un repas spécial pour lui : tout le monde aurait la même chose à manger que lui, afin qu'il ne se sente pas "exclu" ou qu'il culpabilise à l'idée d'être surprotégé. Idée de Martha en personne qui, après le remerciement qu'il lui fit, hocha la tête avec un air entendu. La cuisine était de loin l'une des choses qu'elle réussissait le mieux, elle allait donc prouver qu'on pouvait passer des fêtes dignes de ce nom sans se gaver de plats trop gras ou riches, n'en déplaise à un certain requin blanc que tout le monde connait. "Manges doucement, Connor." repris-je en fixant mon cadet avec un air sévère. La dernière fois qu'il avait mangé comme ça, il avait failli s'étouffer avec un morceau de pain d'épice géant concocté par son oncle... et visiblement, manquer d'air pendant plusieurs secondes qui parurent interminables ne lui avait pas suffi. Tandis que je répondais à ma mère pour l'informer des circonstances du voyage, Connor discutait business en regardant le grand sapin - roi des forêêêêts... ok, je sors. - avec Benedikt. J'avais vu la façon dont il observait les gens à San Francisco, face à toutes ces décorations à acheter, ces cadeaux à emballer... il parlait peu de sa vie en Russie, avec sa mère, mais je présumais que Noël ne devait être qu'une journée parmi tant d'autres dans sa vie de petit garçon. C'est aussi pour cette raison que Sophie n'avait pas hésité à s'effacer exceptionnellement pour Noël. Depuis son réveil, elle devait renouer le contact avec sa famille et elle avait compris qu'il me fallait un peu d'espace pour mettre cette période à profit afin de permettre un tant soit peu à notre relation père/fils de progresser. Je tenais mes positions actuelles concernant Tacha, mais avant tout, je voulais lui offrir un Noël. Son premier vrai Noël familial. Et pour éviter d'avoir à tout gérer seul ou que cet effort soit trop évident, j'avais noyé le poisson en annonçant que nous passerons Noël ici. Prétexter une rencontre familiale pour couvrir mes élans paternels et émotifs. Le regard que nous jeta Connor me fit arquer un sourcil. "C'est bien, bonhomme. Imposes-toi." lançai-je sur un ton de défi. Même si ce n'était pour qu'un ange, j'aimais voir le petit se mettre à jouer les gros durs de temps à autres... Toujours prêt à endurcir mon fils, pour bâtir un Shark digne de ce nom. Martha hocha la tête pour remercier Benedikt de son compliment, et plissa légèrement les yeux. Elle l'observa en silence essuyer le coin de la bouche de Connor pour en retirer le sucre brillant. Je n'y prêtais pas attention, mais elle si. Un quart de seconde, et elle sourit de façon discrète. Ce geste paraissait peut-être anodin, mais il éveilla en elle un élan de curiosité.

"Bon, on attaque le sapin, alors ?!" Patience, encore ce manque de patience... Connor bondit de sa chaise une fois son goûter terminé, puis il s'avança vers le grand arbre qui trônait dans le salon. "Tu ne l'as quand même pas amenée toute... - Mais non, Joe, voyons... Le voisin me l'a installé hier." J'émis un léger soupir de soulagement. Je savais ma mère robuste et toujours volontaire pour les travaux manuels, mais de là à amener un sapin de cette envergure toute seule, jamais je ne l'aurais supporté. Je m'éclipsais vers les chambres pour y déposer la valise de Benedikt, celle de Connor puis la mienne, chacun dans sa chambre respective. Et non, je n'avais pas eu l'intention de fouiller dans les affaires de Benedikt dès son arrivée ici... je l'avais déjà fait avant de partir de la maison. Quoi ? Je suis son père, c'était juste pour vérifier s'il n'avait rien oublié... et retirez-moi ces regards narquois, c'est indécent. Pendant ce temps, Martha s'attelait à la préparation du dîner. Un dîner léger, vu le réveillon de demain. Elle se promettait d'avoir une conversation en prvé avec Benedikt avant d'aller se coucher. Ne restait donc plus que les deux frères pour mettre le sapin en forme. Connor déballa rapidement les guirlandes pour les présenter à son aîné en lui expliquant soigneusement la façon de procéder. "Tu mets les guirlandes qui clignotent avant, sinon c'est pas pratique. En fait, 'faut que ça enroule tout le sapin de haut en bas. Et après, tu mets les aut' guirlandes comme tu veux !" Chef préposé au sapin, j'ai nommé Connor, suivi de son plus fidèle vice-président, alias Benedikt. Alors que je redescendais les escaliers, je m'arrêtais un instant pour les regarder de loin, l'air de rien.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 17:53


Il confirmait pour la cuisine. Modeste dans ses propos, mais le fait qu’il est tout bien mangé et que son assiette soit propre de toute miette, prouvait que Martha avait un incontestable talent pour la cuisine, et qu’elle avait réussi à l’amadouer, au moins sur ce point-là. Quant au sapin, il préférait ne pas s’en approcher … avant avoir eu l’autorisation des deux ‘adultes’, particulièrement la maîtresse de maison, pour sortir de table, et suivre son énergique mais non moins attendrissant, petit frère. Ce n’était pas tant l’avis de Martha qui lui importait, que le fait de ne pas avoir envie de la décevoir, ou de l’énerver. Qu’il soit le plus discret, le plus invisible possible à ses yeux, voilà qui lui ferait immensément plaisir. Finalement, après que tout le monde s’en soit allé à ses occupations, Benedikt consentit à se lever de table pour accompagner Connor dans sa décoration. Horrifié devant une telle palette de couleurs, amusé de voir que l’enfant lui, prenait ce ‘travail’ très au sérieux. « Les guirlandes qui clignotent, c’est noté. » Et au bout de dix minutes à chercher les maudites guirlandes dans toute la boîte. « Euh…c’est lesquelles ? » Comme quoi, les années n’ont pas toujours raison de la connaissance. « Celles-là, tiens. Ah, la boule bleue que je voulais … elle ira très bien ici… » Bon, alors, comment mettre les clignotants – pardon, les guirlandes clignotantes – sur cet arbre maintenant ? Il n’avait pas envie de faire d’erreur. Connor semblait tellement concentré dans la décoration que quelque chose lui disait qu’il le prendrait très mal s’il ratait ne serait-ce qu’une branche de ce sapin. Noël était-il un jour si important que cela ? Il avait du mal à comprendre ce qu’un enfant pouvait ressentir à l’idée d’être entouré de cadeaux, mais aussi, de sa famille. De tout ce que ce jour représentait. Les rires, les souvenirs des grands-parents, les nuits blanches, les feux d’artifices … il n’avait jamais rien connu de tout ça. « Bon ok, je crois que j’ai compris. » C’est vrai que c’est tellement dur de comprendre comment enrouler une guirlande autour d’un sapin, Ben. La ferme. « C’est bon, comme ça ? » Première guirlande, et il était déjà fier comme un coq. Manquait un peu de rouge par là-bas. Ah, et du jaune aussi. Et puis du bleu, faut pas oublier le bleu. Où est passé le orange ? T’as pas vu le vert ? L’argenté est trop belle ! Passons sur les détails des commentaires entre les deux frères, pour apprécier le résultat une fois fini. Un magnifique arbre de noël que tous les deux admiraient, béats.«Attends, attends ! J'ai oublié l'ange ! Tu m'aides à le mettre s'te plait, chui trop petit pour arriver là-haut ! » soupira l'enfant en marmonnant. Peut-être avec une chaise. Mais par peur d'abîmer les meubles, mieux valait demander au grand frère. « C'est bon, t'as réussi ? » « Presque. Un peu plus à gauche. » « Et là, c'est bon ? » « Deux s’condeuuhh !! » « Ouais mais t'es lourd, tu te rends pas compte ! » « Même pas vrai, d'abord ! » « Si ! » « Non ! » « Si. » « Non ! » « Si. » « Blebleble. » Traduction : moquerie de Connor qui avait finir par poser l'ange sur le sommet du sapin, et de retomber dans les bras de son grand frère. Tous les deux se roulant ensuite par terre en se chatouillant, et riant comme des enfants pendant deux bonnes minutes, avant de se relever pour admirer leur oeuvre. « C’est ça un sapin de noël ? » Et devant le regard de Connor qui hoche vigoureusement la tête, attendant son verdict avec inquiétude et impatience. « J’aime bien. » Sachant qu’un ‘j’aime bien’ avec Beni, veut plutôt dire ‘ j’adore’, il était heureux. « Et tu vas voir, quand y’aura plein de cadeaux dessous le sapin, c’est encore plus beau ! Et puis, on pourra mettre des bougies, ou des papi… aaahh, je vais demander à Mummy si elle a des papillotes pour mettre dessus !! » Aussitôt dit, aussitôt fait. Il n’avait même pas eu le temps d’en placer une que Connor avait d’ores et déjà disparu dans la cuisine, laissant son frère ainé, seul au salon, toujours contemplatif de ce défilé de couleurs. Le reflet dans l’une des boules attira bientôt son attention. En se retournant, son regard croisa celui de son père, perché en haut de l’escalier, en train de le regarder. Depuis combien de temps était-il là-haut ? Est-ce qu'il avait assisté à toute la scène ? A ce déballage d'émotions entre deux frères ? Il n'avait pas intérêt. S'il y avait bien une chose que Beni avait du mal à cadrer en ce moment, c'était ses émotions. Plus encore en famille. Ce pourquoi, son sourire avait immédiatement disparu pour laisser place à une moue renfrognée. S’il croyait que c’était avec ce genre d’artifices qu’il allait recouvrer sa confiance, il se mettait le doigt dans l’œil. « Qu’est-ce t’as ? Pourquoi tu m’regardes ? » lança t-il d'un air agressif à son paternel, s’éloignant le plus possible du sapin, pour se rapprocher des marches des escaliers. Il allait bien falloir qu’il descende à un moment donné, non ?!
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 18:55



Accoudé à la rampe de l'escalier, je regardais de loin Connor et Benedikt préparer le sapin. L'un était expert, l'autre ne demandait qu'à apprendre. Sans pour autant jouer au cheftain complet, notre petit blondinet donna rapidement quelques tuyaux à son aîné pour qu'il puisse comprendre le complexe travail d'architecture que représente la confection d'un sapin de Noël. Une fois que l'un fut occupé avec les boules à placer ici et là, Benedikt trouva rapidement le coup de main pour placer les guirlandes de manière harmonieuse, sans pour autant qu'il soit trop chargé. Mon menton reposait dans le creux de ma main et, chose exceptionnelle, un sourire habitait mon visage. Un sourire de fierté. Les voir tous les deux si proches me donnait presque l'impression de ne pas être trop mauvais dans mon rôle de père, auquel cas ils ne s'entendraient peut-être pas si bien. Malgré les difficultés incroyables que je rencontrais avec le plus grand des deux, ils avaient tissé un lien fraternel très fort qui n'était pas sans me rappeler celui que j'avais entretenu avec le mien avant qu'il ne meure en Égypte. Un brin de nostalgie m'envahit, tant et si bien que je ne voulais pas briser leur moment privilégié. Je me revoyais à leur place, bataillant avec Bradford pour savoir qui allait mettre l'ange au sommet de l'arbre. Les mêmes, trente ans plus tôt. Je ne me lassais pas de les voir ainsi tous les deux… comme quoi, ce n'est peut-être pas si terrible, d'avoir des enfants. En retrait, je pouvais les observer sans intervenir. Les voir heureux me faisait tout simplement sourire. J'étais d'ailleurs bien de trop captivé par leurs chamailleries pour remarquer que ma mère avait surpris ce moment d'émotion qui se lisait dans le fond de mes pupilles bleu lagon. Elle épluchait une carotte avec un très subtil sourire au coin de la bouche, silencieuse. Martha avait toujours été ainsi : elle pensait à beaucoup de choses, mais ne montrait pas ostensiblement le fond de chacune d'entre elles. Mon attention se reporta bientôt sur le sapin, myriade de couleurs savamment réparties par les deux nouvelles meilleures recrues d'un certain vieillard barbu en Laponie généralement costumé de blanc et de rouge. Un regard m'arracha à ma contemplation : Benedikt. Il venait de me griller et rapidement, toute trace d'apaisement se dissipa de mon visage pour que ce dernier reprenne à nouveau une apparence parfaitement neutre et insensible. Un masque. En le voyant approcher vers moi, je descends quelques marches à mon tour, juste pour lui rappeler que ce n'est pas ça qui va m'impressionner. Pourquoi je te regarde ? Parce que je me dis que tu fais vraiment partie de la famille, parce que j'aime bien te voir aussi heureux, même si c'est en la présence de ton frère plutôt que la mienne. Parce que dans des moments comme celui-ci, je m'aperçois que l'affection que j'ai pour toi, ce n'est pas seulement lié à tes soucis de santé. C'est viscéral. Mais ma bouche semble m'interdire de lui adresser ces mots qui trancheraient trop nettement avec mon attitude en général. "Parce que je me dis que t'offrir un sens artistique, à Noël, ça n'aurait pas été de trop." lançai-je avec un dédain purement britannique en le regardant lui et les guirlandes qu'il a mis dans le sapin. Blessant. C'est la seule chose que je parviens à être dès qu'on cherche à me piquer dans ma fierté alors que je m'adonne à un brin d'émotivité. En plus, je suis un parfait menteur, car ce sapin est l'un des plus beaux que j'ai vu. Et c'est objectif, je ne dis pas ça parce qu'il a été fait par mes fils. Je descends les marches et passe à côté de lui sans le lâcher des yeux, comme un lion interdisant au lionceau de défier le dominant de la meute sous peine de finir en charpie. "Joe, tu veux bien aller me chercher du bois pour entretenir le feu cette nuit ?" J'acquiesce puis attrape une veste avant de sortir en claquant la porte assez sèchement derrière moi. Une fois dehors, j'enfonce mes mains dans mes poches et je marche d'un pas décidé jusqu'à la grange pour aller couper du bois, en pestant de façon complètement inaudible. Je sais que c'est sûrement injuste de le priver de fréquenter cette Tacha, mais s'il compte me le faire payer aussi longtemps, il se fatiguera avant moi. Je suis comme un parasite : plus on cherche à se débarrasser de moi, plus je reviens en force. J'arrive dans la grange, j'attrape la hache puis après m'être approché du tas de bois, je décide d'en découper de plus petits morceaux pour faire redémarrer les braises demain matin. Le tranchant de la hache s'abat de façon impitoyable contre le billot, fendant les buches avec une précision parfaite. On va dire que je joins l'utile au presque agréable : ça me détend. Et au cas où vous vous poseriez la question, non, je n'imagine pas la tête de Benedikt à la place de ces morceaux de bois. Celle de Tacha, à la rigueur, pourquoi pas. A la maison, Martha tourna la tête vers la fenêtre, entendant les sons répercutés par la cour de la hache qui fend les buches de façon régulière et brutale à la fois. Elle pinça ses lèvres puis tourna la tête vers Connor et Benedikt. "Je pense que vous devriez aller déballer vos affaires, le voyage a dû vous fatiguer. Je vous appellerai pour le dîner." Sa voix était calme et affectueuse… mais en réalité, elle cherchait à maintenir un semblant de stabilité dans sa demeure. L'aîné des fils a de sérieux griefs envers son père, je l'avais prévenue… mais pas à ce point. Et en entendant les sons violents de la hache à l'extérieur, elle avait une bonne idée de la dose d'hostilité qui régnait entre nous. Autant ne pas jeter de l'huile sur le feu, nous ne cherchions même pas à faire le premier pas pour arriver à faire la paix. "C'est un très joli sapin, en tout cas, vous avez bien travaillé." ajouta-t-elle avec un sourire très léger avant de se retourner pour reprendre l'épluchage des légumes. Connor, tout sourire et inconscient du stratagème de sa grand-mère, vit seulement l'opportunité de faire visiter l'étage à son grand frère. Il prit donc la main de Beni pour l'entraîner avec lui pour lui montrer les chambres, la salle de bains et le reste.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 19:45

Ce regard. Celui d’un requin. D’un tueur. Celui que l’on ne voudrait jamais croiser. Il avait le même, mais bien moindre. Entre tigre et requin, qui gagnerait selon vous ? Entre l’élève et le maître ? Joe descendit une à une les marches des escaliers avec un dédain visible sur ses traits, semblable à l’apparente haine qu’éprouvait aujourd’hui Benedikt pour cet homme insensible et froid. Et les mots fusèrent. Tranchants. Blessants. Au départ, il ne dit rien, se contentant d’une légère crispation des mâchoires, se tournant même brièvement vers son sapin, celui qu’il avait mis tant de temps à préparer avec Connor, avant de revenir à lui. Touché. « Qu’est-ce que t’y connais toi, à l'art ?! » maugréa Benedikt en fronçant le nez, l’air mauvais, juste avant de remarquer la présence de la mère de Joe, à deux pas de là, qui les observait depuis un moment déjà. Sa mauvaise humeur s’évanouit presque aussitôt. Enfin, disons seulement qu’il avait baissé les yeux au sol, soudainement bien silencieux et soumis, comme honteux d’avoir montré son côté sombre à cette femme qui l’avait si gentiment hébergé. Quelqu’un de sa famille en plus. Et il n’était pas non plus idiot, loin de là. Il savait que si Joe avait été envoyé à l’extérieur, c’était uniquement pour éviter un bain de sang. Tout était de sa faute. S’il savait se comporter en homme civilisé, en ado ordinaire plutôt qu’en animal sauvage, Martha n’aurait jamais dû envoyer son fils couper du bois, ni assister à ce genre de scène, à l’approche des fêtes de Noël. Il avait honte. Mais plus encore que la honte, Joe l’avait blessé. Plusieurs fois, alors que chacun avait le dos tourné, Benedikt avait regardé son beau sapin. Il savait qu’il avait voulu le toucher. Il avait visé juste. Pour une fois que Benedikt découvrait Noël, pour une fois qu’il préparait ce grand évènement, Joe avait tout gâché. Non. IL avait tout gâché par sa rancœur. Déçu finalement de son ‘travail’, malgré le compliment de Martha, et le sourire de son frère qui avait débarqué au bon moment, Benedikt hocha la tête, silencieux, avant de monter à l’étage, et de s’arrêter soudainement à mi-chemin. « Madame Shark … » Il avait envie de s’excuser. Il se devait de lui dire qu’il n’était pas cet adolescent insupportable et sans cœur qu’elle avait entrevu. Qu’il ne détestait pas son fils, loin de là. Mais les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge. Il n’y arrivait pas. Pas parce qu’il n’y croyait pas, mais parce que le regard azur de la mère de Joe à qui il avait manqué de respect tout à l’heure, le fixait trop intensément pour lui permettre d’ouvrir la bouche. C’est vrai qu’elle lui rappelait étrangement sa mère, au fond. Raison de plus pour se taire. « Rien… à tout à l’heure. » réussit néanmoins à articuler le Russe avant de courir dans les escaliers pour échapper à ce regard qui le paralysait, et se retrouver dans la chambre de son jeune frère. Il y en avait au moins un qui était heureux. « Connor, tu peux me rappeler où se trouve la salle de bain, déjà ? » Non pas que la maison était trop grande pour qu’il perde son sens de l’orientation, mais il n’avait pas écouté un traître mot du petit au cours de la visite guidée. « Au fond du couloir, sur ta gauche. Pourquoi, tu vas prendre un bain ? » Bien pensé, frangin. « Oui, j’ai les muscles tout endoloris à cause du froid. » La faute à qui s’il avait voulu porter des tee-shirts ? « Ah et … si jamais Joe ou ...ta Mummy monte et demande où je suis, t’as cas dire que chui allé faire un tour, ok ? » « Bah, pourquoi ? » « S’te plait, Connor ? » « Bon, d’accord. » Il n’était pas très contrariant ce môme. Tant mieux remarque. Il n’avait pas envie de lui expliquer la raison qui le conduisait à s’isoler.

Une fois dans la salle de bain, retirant un à un ses vêtements, ne gardant que son sous-vêtement, parce qu’il n’avait nullement l’intention de prendre un bain, Benedikt s’observa longuement devant le miroir, pensif et sujet à de nombreuses interrogations. La plupart concernant tout naturellement, sa famille. Il repensait à cette nuit-là, au commissariat, lorsque Joe l’avait ramené. A Tacha qu’il ne verrait pas pendant les fêtes. Les souvenirs remontaient à la surface. La Russie, sa mère. Depuis qu’il avait rencontré Martha, son visage lui revenait en mémoire. Son visage, et tout le reste. Sa main suivit le tracé d’une cicatrice courant sur le devant de ses hanches. Longue et profonde. Pas très épaisse mais qui avait mal cicatrisé. Une blessure qu’il lui devait. Ce n’avait pas été un accident. Joe ne l’avait jamais su. Joe n’avait jamais rien su à propos de sa mère, si ce n’est leur lien de parenté. C’était peut-être mieux comme ça. Il n’avait pas envie qu’il la tienne pour responsable de ce qu’il était devenu. Même si le constat était là. Il l’avait prouvé tout à l’heure. Il était en train de gâcher les fêtes. Il n'aurait jamais dû venir. « T’es qu’un con, Ben ! T’es vraiment con ! » grogna le Russe en se lavant le visage dans le lavabo, frottant encore et encore, comme s’il voulait effacer toute trace de ce passage. En vain.
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MessageSujet: Re: This is an all British Christmas, darling. This is an all British Christmas, darling. EmptySam 8 Déc - 22:11



Lorsque je sentais la chaleur envahir mon corps tout entier et mon front luire, je fis une pause en m'asseyant sur le billot avec un air plus renfrogné que jamais. Voilà pourquoi je n'arrivais jamais à faire un effort payant pour me rapprocher de Benedikt. J'avais une façon parfois extrémiste de réguler certaines choses dans la vie de mes proches, mais dès que je baissais un peu la garde, j'avais l'impression que mon fils aîné bondissait sur l'occasion pour pointer ce moment de faiblesse au lieu d'en profiter pour lui aussi se dévoiler un peu. J'avais beau faire, les sentiments n'étaient clairement pas le domaine dans lequel j'excellais, loin de là. C'est entre autres la raison pour laquelle je préférais souvent laisser Noah jouer au tonton adorable et gâteau... il rattrapait tout ce que je n'arrivais pas à être ou ce que je n'osais pas être. Sophie avait été la seule personne au monde - exception faite de Noah - face à qui j'avais réellement baissé ma garde... et elle s'était enfuie. Je l'avais particulièrement mal vécu, depuis lors, je ne m'accordais pas la moindre incartade à ce régime d’insensibilité totale. Je m'en voulais pourtant atrocement d'avoir menti sur ce fichu sapin, d'avoir gâché son moment de complicité avec Connor, d'avoir ruiné son apprentissage de l'esprit de Noël. Je restais assis pendant un moment dans la grange, à ne rien faire. A respirer. A essayer de me calmer pour pouvoir rentrer à la maison dans de meilleures conditions. Le fait que ma mère m'envoie à l'extérieur sous ce prétexte aurait pu me vexer, mais ce n'était pas le cas. Je sortais mon téléphone portable de ma poche, machinalement. Pas de réseau, formidable. Ces vacances vont vraiment être longues. Je tourne la tête vers une partie de la grange avant de baisser légèrement les yeux... peut-être que c'est moi, le problème. Il ne comprendra jamais que je n'ose pas lui parler "gentiment" par peur qu'il en profite et qu'il me rejette encore davantage. Peut-être qu'au fond, il n'y a que sa mère qui aura compté pour lui. Peut-être qu'elle l'a conditionné en quelque sorte à ne pas m'aimer et que, quoique je dise ou fasse, il m'en voudra toujours. Je me rappelle pourtant de notre conversation dans l'avion qui le ramenait de Bogotol... est-ce que ça n'avait été que du vent ? Je soupirais en baissant les yeux. Allez, ramenons le bois, ça va finir par se voir vraiment que je boude dans mon coin comme un gosse contrarié.
Je ramène six ou sept bûches massives dans mes bras jusque dans la maison. Je les dépose à côté de la cheminée puis je vais accrocher ma veste au porte-manteau. "Joe, ne sois pas si dur envers ce garçon. - Ne commences pas, Maman. Ne commences pas." l'avertis-je en lui lançant un regard empreint d'une colère qui ne demandait qu'à ressortir. Je soupire puis viens la rejoindre pour l'aider à préparer le dîner. Cuisiner, un domaine dans lequel je suis bon, mais que j'ai horreur de pratiquer en général. Ma mère garde le silence un petit instant, puis se décide finalement à reprendre, consciente que quoiqu'il advienne, je n'oserai jamais lever le ton après elle. "Je t'ai vu sourire, en les regardant faire le sapin. Pourquoi c'est si dur de leur parler ? - Parce que tu m'as très bien élevé." Je ne la regardais pas, mais elle, oui. Elle savait exactement de quoi je voulais parler. De ce père alcoolique, violent, tyrannique qui nous avait honteusement exploité pour ne pas avoir à travailler lui-même après s'être fait renvoyer. Des efforts qu'elle avait fourni pour faire de moi un jeune garçon rapidement mature, insensible, détaché. Elle m'avait bâti jusqu'au jour de ma majorité où j'ai trouvé le courage d'attraper cette ordure par le col de sa chemise sale pour le jeter hors de notre domicile. Si j'étais cet homme aux sentiments réfrénés et contrôlés, c'était en grande partie grâce à elle. Ce n'était pas une accusation, juste un constat. D'ailleurs, elle préféra ne rien répondre. Pour ma part, alors que j'étais un perdu dans mes pensées, le couteau ripa et une petite entaille me ramena à la réalité. J'étouffais un juron avant de quitter la cuisine pour aller chercher un pansement à la salle de bains. Sur le chemin, une petite tête blonde bondit de sa chambre pour se placer devant moi. "Où tu vas, p'pa ? - A la salle de bains. - Pourquoi ? - Parce que je me suis coupé. - Pourquoi tu t'es coupé ? - Bon, Connor, tu me laisses passer ? - Non. Parce que... euh... le... la... Puis d'abord, tu passeras pas tant que tu n'auras pas répondu à une petite devinette ! Qu'est-ce qui est jaune et qui se..." Ce gamin ne manque pas d'audace. Je le prends par les épaules, le décolle de quelques centimètres du sol puis l'écarte comme s'il s'était agi d'un banal obstacle, suite à quoi je lui adresse un vif haussement de sourcils. Quand tu seras taillé comme un rugbyman, tu pourras éventuellement prétendre à ne pas vouloir me laisser passer, demi-portion. J'arrivais donc devant la salle de bains pour rentrer sans plus attendre. Je levais finalement la tête de mon doigt ensanglanté puis fronçais les sourcils en voyant Benedikt. Seul, en simple boxer, devant le lavabo à frotter son visage avec véhémence. "Je venais juste pour un pansement." Non, je ne te harcèle pas, si c'est ce que tu crois. Je m'approche de l'armoire à pharmacie, puis soudain, un détail me saute aux yeux. Une cicatrice. "Où tu as eu ça ?" lançais-je sans détour en désignant cette marque sur sa chair. La seule fois où j'avais pu voir quelques unes de ses cicatrices sous ses tatouages, c'était lors de notre retour de Bogotol vers San Francisco, lorsque les médecins l'avaient examiné. Et encore, c'était peu de choses. Mais, invariablement, je me sentais à la fois inquiet et outré à l'idée que quelqu'un ait pu faire une telle marque sur la chair de ma chair. Benedikt répondrait-il docilement ? Rien n'est moins sûr. En attendant, je terminais de mettre mon pansement sur l'entaille désinfectée au préalable.
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