the great escape
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« Never put a Shark in prison. Rule number one. »

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MessageSujet: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyDim 7 Oct - 12:43



"Alleeez, ce sera chouette ! Je suis sûre qu'elle est toute mignonne ! - Tu ne lâcheras pas l'affaire ? - Nooon !" lança Sophie avec son adorable sourire d'ange. Je levais les yeux au ciel avant de mettre mon clignotant pour changer de route. Au lieu de la déposer chez elle avec Connor, je prenais la direction de la maison de Noah. Elle tenait à passer voir mon frère de coeur, sa... compagne, et la petite larve baveuse qu'ils avaient coutume d'appeler bébé. Il y a un jour ou deux, j'avais décidé d'accepter de venir à cette fête qu'il comptait organiser pour fêter la naissance de la petite. Ma petite nièce. Bonjour le coup de vieux. Les seuls qui semblaient trépigner d'impatience à cette idée étaient Connor et Sophie. Comme d'habitude, je passais pour l'Anglais blasé et taciturne de service. Un rôle qui m'allait à la perfection. Une preuve de mon empressement tout relatif pour aller voir ce monstre en couche-culotte ? Pour une fois, je roulais en respectant les limitations de vitesse. Mieux : je roulais à dix km/h en dessous des cinquante autorisés. Malheureusement, nous finîmes tout de même par arriver à bon port. J'allais essayer de me forcer pour renouer un contact entre nous. J'avais déjà envoyé balader mon fils aîné en le jetant hors de la maison, on va essayer de garder un semblant de vie sociale parmi les proches ou la famille. Une fois garé devant la maison, j'entendis des clics résonner dans la voiture. "On ne se détache pas tant que je n'ai pas éteint le moteur !!" Je tournais la tête vers Connor qui était pourtant attaché. C'est en entendant un clic juste à côté de moi que je compris. Le sourire innocent et gêné de Sophie ne trompait pas. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Je soupirais puis retirais la clé du contact, assistant avec condescendance à la ruée de mon cadet et de sa mère hors de la voiture vers la porte d'entrée de mon Bichon. "Eh, pour éviter d'avoir l'air bête : comment elle s'appelle, déjà, leur morv... Oh tiens, salut mon Bichon." J'affichais un sourire très particulier en voyant Noah qui venait d'ouvrir la porte et qui avait apparemment entendu la question que j'allais poser, vu son regard réprobateur. Oui, bon, j'ai pas la mémoire des prénoms... ou je ne fais pas l'effort de m'en souvenir. Comme les anniversaires, d'ailleurs. Il n'y avait que le mien que j'arrivais à retenir à coup sûr. Égoïste ? Pas du tout.
Sophie fit la bise à Noah et Connor se jeta contre lui pour le serrer dans ses bras. "On est venus voir Eléonora ! Joe a beaucoup insisté pour venir en avant-première ! - Quel humour, j'en ai mal au ventre..." lançais-je avec un profond dédain, arquant un sourcil circonspect. Finalement, je posais une main sur l'épaule de Noah pour marquer mon contentement... et... "Qu'est-ce que c'est que ça...? Oh God..." Du renvoi de bébé, sur sa chemise, pile à l'endroit où j'avais appuyé ma main. Je haïssais déjà cette petite usine au système digestif incertain. Mine de rien que je t'embrouille, je passais une main dans le dos de Connor. Quoi ? Je n'avais pas de torchon sous la main... et puis son sweat était déjà sale, de toutes manières.

Sophie et Connor se précipitèrent au-dessus du berceau, gagatisés devant la petite qui gazouillait joyeusement. Sophie et son côté maternel, tout un programme. "Ooooh, Joe, tu veux pas lui faire un bisou ? Elle est trop chou ! - Sans façons. - Tu la trouves pas mignonne, quand même ?" Allez, fais un effort, Shark, c'est la fille de ton frère de coeur. Techniquement, elle n'est pas de lui, mais bon, légalement, c'est la sienne. Je soupirais puis affichais un petit sourire contrit. "Si, si, très... pour un bébé, elle est... spéciale." Voilà, c'est bon, j'ai donné pour à peu près une semaine de compliments.
Je laissais Noah papoter avec Sophie et Connor de sa nouvelle vie de papa, distrait par une part de gâteau renversé à l'ananas sur la table du salon. Ce serait bête de la laisser là, à la merci du premier venu... repartir le ventre vide de chez Noah, c'est presque criminel. Et ça faisait si longtemps que je n'avais pas mangé quelque chose de vraiment sucré... Je profitais d'une inattention de la part des trois protagonistes pour dévorer cette part à la vitesse de l'éclair et m'écarter de l'assiette vide tout aussi discrètement. Mmm... divin. Si je met la main sur le gâteau en entier, je fais un massacre. Je lorgnais déjà la cuisine du coin de l'oeil comme un matou devant une poissonnerie, après trois semaines de jeûne.

Soudain, mon téléphone vibra. Je m'écartais un peu pour ne pas les déranger. "Oui, Marc ? Attends, parles moins vite, je ne comprends rien... Maaarc, je vais raccrocher si tu..." Je m'interrompis en comprenant enfin son charabia. Quel petit enfoiré. Benedikt. Ca y est, il avait trouvé et il avait frappé. "Et où ils sont ? Tu leur as dit où j..." Sonnerie à la porte de Noah, suivie très rapidement de coups. "Police, ouvrez !" lança une voix forte depuis l'extérieur. Trop tard. Je fermais brièvement les yeux, tâchant de garder un calme absolument parfait. J'approchais de Sophie qui me regardait avec inquiétude puis chuchotais à son oreille. "Emmènes le petit dans la cuisine et occupes-le." Je ne voulais pas qu'il voit ça. Je savais très exactement ce qui allait se passer."Mais Joe, tu... - Fais-le ! - Papa, qu'est-ce qui se passe ?" Et voilà, trop tard. Rapidement, je m'accroupis à son niveau pour le regarder droit dans les yeux. "Vas dans la cuisine de tonton No' et choisis une sucrerie à manger. Ta préférée. Je reviens vite. Très vite." Chose inhabituelle, je déposais un baiser sur son front avant que Sophie ne l'emmène dans la cuisine. Ne restait que Noah et moi dans le salon, face à la porte où on tambourinait toujours avec véhémence. Je regardais Noah et restais silencieux. Que dire ? Rien. Rien pour le moment ne me venait à l'esprit. Je m'avançais donc pour aller ouvrir la porte et faire face à quatre policiers armés. "Joe Shark ? - Oui. - Veuillez sortir de cette maison." Après une inspiration profonde je m'exécutais : à peine un pas en dehors, on m'attrapa par l'épaule pour me plaquer contre le mur de la maison et me menotter dans le dos. "Vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Norah Taylor." C'est ici que la fuite s'arrête. Une fuite de plusieurs mois parfaitement maquillée, stoppée par un fils désireux de se venger. A n'importe quel prix.
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyDim 7 Oct - 17:09

« SYDNEY, tu n’aurais pas vu la chauss … non, rien, c’est bon. » Tout occupé à jouer avec sa fille, Noah cherchait dans le même l’une de ses chaussures qui lui manquait au pied. Ni sous le berceau, ni sous le fauteuil du salon, ni dans la cuisine, mais dans la gueule de Socrate qui prenait un malin plaisir à mâchouiller tout ce qui appartenait à Eléonora depuis qu’elle était née. Une façon pour l’animal de faire comprendre à son maître qu’il n’y avait pas que l’enfant qui avait besoin de câlins. « Ohh, Socrate, tu es insupportable, allez donne ça … » Un miaulement de protestation plus tard, et un ronronnement affectueux suite à des papouilles sur le ventre du gros chat avait finalement suffi pour récupérer la dite chaussure. Une chance qu’Eléonora ne soit pas allergique aux poils de chats. Remarque, les premiers signes d’asthme ou d’allergie arrivaient généralement bien plus tard, d’ici un ou deux ans. « Qui c’est mon bébé ? C’est qui la plus jolie ! Oh tu es à croquer mon cœur… » Noah en papa gâteau, ça donnait ça : un homme incapable de contrôler son instinct paternel, protecteur à souhait et terriblement joueur lorsqu’il s’agissait d’amuser la petite. Que ce soit avec les jouets qu’il ramenait constamment à la maison et qui débordaient déjà de la chambre, ou en faisant le clown. Il adorait l’entendre, ce rire de bébé. Et lorsqu’elle ne lâchait plus son pouce de ses petits doigts potelés… Et quant elle dormait, les poings repliés, toute petite chose dans un lit trois fois plus grand et épais que son corps d’enfant … combien de photos avait-il pris de ce spectacle si attendrissant … combien de fois l’avait-il veillé jusqu’à ce qu’elle s’endorme, tout en lui chantant une berceuse made in England ? Si souvent qu’il ne comptait même plus. De préférence, quand maman n’est pas à la maison. Il avait beau ne pas être d’une pudeur excessive, il savait qu’il frôlait tellement le ridicule lorsqu’il était avec la petite qu’il ne valait mieux pas être vu de sa petite-amie. Leur libido en prendrait sûrement un sacré coup… même si lui, ne pensait plus à rien d’autres, encore moins à une relation charnelle, avec Sydney, depuis qu’il avait ce petit bout à pouponner.

Un bruit de voiture qui se gare devant l’entrée, pour le plus grand bonheur d’un certain blondinet qui attendait de revoir son frère de cœur depuis des lustres. Soit, plus d’une semaine. Sydney étant occupée en cuisine – si la maison flambe, on saurait qui accuser. – ce fut l’Anglais qui s’empressa d’aller ouvrir au couple, fronçant déjà les sourcils en entendant au loin la remarque de Joe concernant sa fille. « Elle s’appelle Eléonora. Encore une fois. La dixième au moins depuis que nous nous sommes parlés au téléphone. » soupira l’écrivain en embrassant Sophie sur les deux joues, la complimentant en même temps sur sa forme et sa garde de robe, avant d’attraper Connor ‘au vol’, pour un nouveau câlin. « Vous allez tous bien ? Ouch… tu as pris du poids, poussin. C’est les gâteaux de Tonton qui te font cet effet là ? » Depuis que Sydney s’était mise en tête de faire un régime pour perdre le surplus de kilos qu’elle avait pris durant la grossesse, le blondinet était contraint de suivre le rythme en évitant systématiquement de la tenter par sa cuisine soit disant ‘trop sucré’. Force est de constater qu’elle n’avait peut-être pas tout à fait tort, finalement. « Oh, je le savais. Il a toujours eu le béguin pour les bébés, n’est-ce pas mon chat ? » Avec Sophie, ils formaient le duo parfait pour déjouer les plans de ce cher Shark. Adorables, mais terriblement patients quant il s’agit de lui faire entendre raison. C’était d’ailleurs pour cela que Noah s’était tout de suite entendu avec la jeune femme qu’il ne connaissait pourtant que depuis son réveil, soit, pas plus de deux mois. « Oh, désolé … je n’ai pas encore eu le temps de me changer. Elle vient de déjeuner. » Il aurait peut-être dû lui dire avant. Tant pis, ce n’était que de la bave avec un peu de lait régurgité de toutes façons, pas la mer à boire. Mais Joe, fidèle à son tempérament d’emmerdeur, ne le voyait évidemment pas de cette manière. « Je vais te donner une ser… JOE ! » Trop tard, Connor venait de servir de tampon. Et le pire, c’est que le petit était tellement pressé de voir sa petite petite cousine qu’il n’avait même pas remarqué l’attitude de son père. Sophie non plus d’ailleurs, auquel cas, elle aurait sûrement grondé son cher et tendre ex petit-ami.

Une fois à l’intérieur de la maison, fier comme un paon devant la vision de la petite en train de babiller, Noah réussit à faire retirer à Connor son tee-shirt, et de lui en rapporter un autre. Pas question qu’il se trimballe du lait caillé dans le dos, et puis quoi encore ! « Spéciale ? Intéressant choix de mots, Joe. Enfin, tu n’as rien dit de bien méchant, ce qui est déjà un exploit en soi, c’est le principal. » ironisa Noah en prenant la petite dans ses bras pour la mettre ensuite dans ceux de Sophie qu’il sentait tout émoustillée à l’idée de jouer à tata poule. « J’ai préparé deux trois petites choses, pas grand-chose, si vous avez faim. Connor, mon poussin, qu’est-ce que tu veux boire ? Coca, jus de fruit, lait, limonade ? » Il aurait pu ouvrir un supermarché tellement la maison était remplie de victuailles. Et puis, sans prévenir, le téléphone de Joe s’était mis à vibrer. Personne n’y avait fait attention, tout le monde savait que Joe avait du mal à rompre avec son travail, même lorsqu’il était en famille. Pourtant, le ton de sa voix avait fait réagir Noah. Les yeux grands ouverts, l’impression que son frère de cœur avait un problème lui traversa aussitôt l’esprit. Et juste après, une autre voix, plus grave et impérieuse juste derrière la porte qui les avait tous fait sursauter. « Joe, tu as ENCORE défoncé la clôture du voisin parce que son chien a pissé sur tes pneus ? Je t’ai déjà dit que ce n’était qu’un animal, et qu’il n’avait par conséquent, pas conscience du prix de tes jantes. Tu exagères quand même ! » Nouveau soupir. Sauf que tu n’y es pas du tout, Noah. Le simple fait que Joe veille épargner Connor, et de l’avoir embrassé sur le front, lui qui n’était vraiment pas amateur de sentimentalité, les avait tous étonné. « Viens, poussin. Sophie, emmène-le s’il te plait. Sydney doit être de l’autre côté du jardin, on a préparé une table. Vas-y, on vous rejoint. » insista à son tour l’écrivain en comprenant que quelque chose n’allait pas. Sur ce, Joe avait ouvert la porte d’entrée, tombant nez à nez avec quatre policiers. Quatre pour un pv ? Non, il y avait sûrement autre chose. « Qu… quoi ? Comment ça ‘veillez sortir de cette maison’ ? » Le problème avec la police, c’est qu’elle se croyait toujours tout permis. « Non. Non Joe, reste là. Mais qu’est-ce que vous lui voulez ? » Ebahi, le blondinet tenta de rattraper l’éditeur, malgré l’un des policiers qui lui agrippait fermement les deux bras. « Mais qu’est-ce que vous faîtes ? Vous êtes tombés sur la tête,… c’est sûrement une erreur… Joe n’a jamais…. Nous ne connaissons même pas de Norah Taylor, d’accord ?! Alors je vous prierai de lui enlever ses menottes. Et vous, lâchez-moi, vous me faîtes mal ! » s’exclama l’Anglais en parvenant enfin à se dégager de l’emprise du policier. De vraies brutes ne s’y seraient pas prises autrement. Ce qui le frappa encore, ce fut le silence de Joe. Il n’avait pas dit un seul mot depuis tout à l’heure, même pas protesté. Lui qui avait pourtant l’habitude de trop parler, dût-il en devenir blessant, humiliant même parfois. « Joe, mais dis-leur … tu … dis-leur que tu n’as rien fait … » le supplia son frère de cœur, cherchant à croiser son regard, complètement perdu dans cette histoire de fou. « J….Joe….pourquoi tu ne dis rien ? »
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyDim 7 Oct - 18:15



Cette fois, je ne pourrais pas m'en tirer avec de la corruption, de l'argent ou même un déménagement d'un continent à un autre maquillé en ambition professionnelle et personnelle. Sans signe avant-coureur, j'étais directement arrêté pour meurtre. Les preuves de Benedikt devaient être béton, j'avais été négligent malgré une vigilance de tous les instants. A cet instant, je devais reconnaitre qu'une pointe de fierté malsaine m'avait envahi. Il avait le potentiel d'un Shark, d'un véritable requin capable de piéger ses plus virulents opposants en se servant de leurs propres secrets. Ce que j'appréciais moins, c'était la situation dans laquelle il m'avait mis... moi et d'autres personnes plus ou moins liées au dossier de Norah. Si je voulais m'en sortir, j'allais devoir ruser. Depuis notre départ d'Angleterre avec Noah et Connor, j'avais préparé dans le plus grand secret quelques plans dans lesquels me retrancher au cas où les choses tourneraient mal comme c'est le cas en ce moment. J'allais devoir jouer finement pour échapper à la prison à perpétuité. Meurtre avec préméditation, c'était bien la perpétuité qui m'attendait, ni plus ni moins. La ruse était mon seul salut si je voulais espérer ne pas passer le restant de mes jours derrière les barreaux. Car ça, clairement, je ne le supporterai pas. Et je n'attendrai pas de m'éteindre de vieillesse.

Tandis que les policiers qui m'avaient interpelé resserraient un peu plus les menottes autour de mes poignets, je regardais Noah se débattre pour que les autres agents le lâche, criant que je n'avais rien à voir avec cette histoire, qu'il y avait erreur, que nous ne connaissions pas de Norah Taylor. Une boule serra ma gorge. J'allais le décevoir. J'allais vraiment le décevoir. Lui, le défenseur de l'humanité par excellence, celui qui s'indignait du moindre accès de violence. Il était l'ange là où j'étais démon. Mon silence s'expliquait de plusieurs manières. La procédure voulait que le suspect soit à l'extérieur d'une propriété privée pour être interpelé - même si, dans l'absolu, ils auraient pu forcer le passage - et de deux... "Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous." Voilà. La formule d'usage. Cependant, au lieu de lui répondre, je le fixais droit dans les yeux pour lui faire comprendre le fond de ma pensée. Laisses tomber, Noah. Abandonnes. Ils m'emmènent car j'ai commis un meurtre. Si j'avais été innocent, les choses se seraient passées différemment. J'avais peur de sa réaction, mais il était trop tard pour pouvoir faire machine arrière, tout lui avouer. Il se demandait les raisons qui me poussaient à être aussi mauvais depuis que nous avions mis le pied sur le sol américain. J'étais déjà une ordure en temps normal... mais j'avais dû apprendre à être une ordure avec un secret à cacher. Ce meurtre me coûterait peut-être mon frère de coeur, mais j'avais empêché une folle de toucher à mon fils cadet. Et ça, n'en déplaise à l'Anglais, ça valait toutes les amitiés, aussi puissantes soient-elles.

A l'autre bout de la maison, Connor avait tourné la tête en revenant à la maison lorsqu'il entendit son oncle crier. Les yeux ronds, il vit son père se faire attraper par des policiers. "EEEH, LÂCHEZ-LE !!" cria l'enfant en se ruant à l'extérieur de la maison, vite poursuivi par Sophie et Sydney, ainsi que Max qui était descendu de sa chambre pour voir d'où venait tout ce tintamarre. Le groupe resta interloqué, hormis Connor qui se débattait furieusement contre un policier qu'il avait agrippé de toutes ses forces. "Laissez mon père tranquille, il a rien fait !! Lâchez-le, rendez-le moi !!" J'adressais un regard vif à Sophie qui, à contrecoeur et au bord des larmes, attrapa Connor pour le serrer contre elle le temps que l'escouade me fasse avancer à leur voiture. "Vous pourrez venir le voir d'ici dix-sept heures." annonça un officier à Noah et tout le monde avant de tourner les talons pour rejoindre ses collègues. Ils appuyèrent sur ma tête pour me faire rentrer à l'intérieur. J'étais resté silencieux. Et je m'empêchais de regarder dans leur direction lorsque la voiture démarra, direction Alcatraz. Les cris de Connor me brisèrent le coeur, de même que les sanglots de Sophie. Pour la seconde fois, je redécouvrais ce que le fait d'être père signifiait. Lorsqu'on vous arrache votre enfant, il manque quelque chose à votre vie. Je l'avais ressenti une première fois à cause de Norah. Je le ressentais une seconde fois aujourd'hui à cause d'elle également... mais aussi à cause de Benedikt. Le plus calme possible, je posais mes yeux bleu lagon sur la ville qui défilait sous mes yeux. Maintenant, gardes la tête froide, Shark. C'est ta liberté que tu joues. Sois méthodique, organisé et ne négliges rien.

Trois heures plus tard, je retournais en cellule, isolé du reste des prisonniers. J'étais affublé de cette fameuse combinaison orange. On m'avait tout retiré, il ne me restait que ma dignité anglaise que rien ne saurait ébranler. Je venais de subir un interrogatoire au cours duquel j'avais reconnu sans m'en cacher les faits qui m'étaient reprochés. Première partie du plan. Ne rien nier, n'avouer que la stricte vérité, ni plus ni moins. Oui, j'ai tué Norah Taylor. Et j'expliquerai les raisons qui m'y avaient poussé lors de mon procès qui devrait se tenir d'ici une semaine. Un temps record, puisque le dossier était déjà établi lors de la première enquête sur cette mort qui passait d'un suicide à un meurtre. Il n'y avait qu'à ressortir la famille de Norah, leur avocate, des jurés et roulez jeunesses. Assis sur la couchette dure qui se trouvait dans ma cellule, je poussais un soupir, le regard posé dans le vide. 1 à 0 pour Benedikt. Et il mène avec une bonne avance, pour l'instant.
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyDim 7 Oct - 18:59

Sans comprendre ce qui se passait, Noah gardait maintenant le silence. Le regard de Joe, ce regard blasé et taquin d’ordinaire, il l’avait perdu. Joe avait baissé les yeux, ce qui impliquait, qu’ils avaient raison. Qu’il était bien coupable de ce dont on l’accusait. C’est alors qu’une foule de questions lui traversa l’esprit. Il était déçu, oui, mais la déception passait après la tristesse, la colère de n’avoir rien su. Pas contre Joe, contre lui-même. Parce qu’il n’avait pas compris, parce qu’il n’avait cherché non plus. La tristesse, parce qu’il avait les mains liées, au sens littéral du terme, obligé de regarder son frère de cœur se faire amener par des hommes en uniforme pour une histoire qui lui échappait totalement. Qui était cette Norah Taylor ? Et Joe, Joe, gentleman anglais réputé… pourquoi, comment avait-il pu tuer cette jeune femme ? Aucune réponse si ce n’était le silence. Et les cris de Connor. Noah n’avait même pas bronché. Il avait l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds, qu’un poids lourd de plusieurs kilos pesait sur ses épaules. Un cauchemar, il était en train de vivre un horrible cauchemar. Il allait sûrement se réveiller. Maintenant ! Pitié, faîtes qu’il se réveille … Hélas… Sophie avait rattrapé son fils, Sydney elle s’était approchée de son petit-ami, aussi perdue que lui, mais plus à même de retrouver ses esprits. Max était resté en arrière, veillant sur la petite Eléonora qui pleurait à pleins poumons. « Joe … » souffla une dernière fois Noah en regardant l’éditeur s’éloigner dans la voiture de police. Une larme avait même roulé sur sa joue, qu’il ne prit pas la peine de dissimuler aux yeux des femmes, là où d’autres auraient eu ce complexe orgueilleux fait homme. « Venez, les voisins… il vaut mieux que l’on rentre … Connor, viens par là… » Il l’avait pris dans ses bras, sans sourire, même ses yeux restaient bloqués sur un point invisible. Un geste mécanique tandis que tous rentrait à l’intérieur. Le reste de la journée fut marquée par des pleurs de Sophie, la colère de son fils, et l’incompréhension de l’écrivain. Il avait vainement tenté d’expliquer à Connor que tout irait bien, que c’était sans doute un malentendu, mais sa voix trahissait trop sa peur pour qu’il le convaincre. Et puis, un coup de téléphone, sur lequel il se jeta, tremblant, espérant qu’une voix policière lui dise qu’ils avaient fait une erreur. Mais non, l’espoir s’était déjà éteint. « Allo, Noah ? » C’était Benedikt. Le fils aîné de Joe. Comment lui apprendre la nouvelle sans le blesser ? Car Noah n’avait jamais eu réellement conscience des rivalités entre le père et le fils. Il songeait d’abord à les unir à nouveau, telle une belle et grande famille. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque l’étudiant reprit à son oreille, la voix grave, presque perverse. « Ils l’ont emmené, c’est bon ? » « Qu.. qu’est-ce que tu veux dire ? De quoi est-ce tu parles ? » Soudain, tout s’éclaircit. L’arrestation de Joe, les piques qu’ils se lançaient l’un et l’autre depuis la première rencontre, la haine que le Gamma avait toujours éprouvé à son égard. « Ben…Benedikt, ne me dis pas que tu es pour quelque chose dans cette histoire ? » Silence radio à l’autre bout du fil. L’angoisse qui monte d’un cran. « Il l’a bien cherché. J’ai fait que venger ma mère. » Ce que Noah n’avait pas prévu, c’était la présence de Connor à ses côtés. Il le croyait toujours à la cuisine, à consoler sa mère. Hélas, le mal était fait. L’enfant fait compris à qui il devait l’arrestation brutale de son père. « Connor, poussin… » Benedikt aussi venait d’entendre. La fierté d’avoir rendu justice à sa génitrice venait de laisser placer à un tout autre sentiment : la honte. « Co…Connor est avec toi ? » « Biensûr qu’il est avec moi ! Il a même assisté à l’arrestation de son père si tu veux tout savoir ! Devant sa propre famille, enfin Benedikt… comment as-tu pu …. » C’est à ce moment-là qu’il fut interrompu dans sa colère par le fils de Joe. Connor lui avait arraché le téléphone des mains. De grosses larmes coulaient maintenant le long de ses joues, qu’il s’empressait de chasser d’un revers de main. « JE TE DETESTE !! POURQUOI T’AS FAIT CA A PAPA ?!! T’ES PLUS MON FRERE !! JE VOUDRAIS T’AVOIR JAMAIS CONNU ! » Les cris d’un enfant qui avait du mal à comprendre l’envie de vengeance d’un autre enfant plus âgé, son frère qu’il aimait pourtant par-dessus tout. « Je suis désolé. Connor je … » « Il est parti. » murmura Noah qui avait rattrapé l’appareil avant que le petit ne le jette contre le mur. « Il faudra que tu m’expliques, Benedikt. Mais pas aujourd’hui, je n’ai ni l’envie de te parler, ni de t’entendre. Au revoir. » La première fois que Noah se montrait aussi expéditif. Il aurait tellement aimé en dire plus, mais il serait devenu comme Joe : cynique, blasé, aigri. Sur le coup, oui, il l’admettait il en voulait terriblement au garçon russe. Qu’importe ses raisons, valables ou non, il s’agissait de son frère de cœur. Celui qui s’était toujours préoccupé de sa santé, de sa vie… celui à qui il devait tout.
Deux jours plus tard, et la famille Clives et Shark ne s’en remettait toujours pas. Noah refusait obstinément de bouger de la maison, même pour les cours, même pour appeler Joe, comme si cette réalité lui serait encore plus perturbante lorsqu’il entendrait la voix fatiguée de l’éditeur de sa cellule. Jamais il ne se le pardonnerait si Joe était incarcéré, jamais. Qu’en est-il de Benedikt, le fils indigne ? Il avait décidé de rendre une dernière visite à son géniteur avant le procès. Qu’il voit une dernière fois son visage, la joie manifeste qu’il avait attendu si longtemps avant de pouvoir l’exprimer. L’appareil avait détecté plusieurs objets en métal. Des bijoux pour la plupart, ainsi que sa boucle de ceinture. Plus loin, on le fit passer à travers plusieurs portes qui toutes, se refermaient après son passage. La joie de l’incarcération. Joe allait enfin goûter à sa propre cuisine. « Bonjour, grand-père. » Il était là, étendu sur sa couchette. Il avait de la chance dans son malheur : aucun détenu avec lui. « Comment ça va ? Pas trop froid, j’espère ? » Et le voilà, le fameux sourire. Glacial, mesquin, punitif.« Pourquoi ce visage si sérieux ? »
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyDim 7 Oct - 20:06



Deux jours. Voilà deux jours que je croupissais dans cet Enfer sur Terre. On a tendance à faire des représentations télévisées sur la prison, dans des séries ou des films... c'est édulcoré. Vraiment. Le lendemain de mon incarcération, j'étais tombé sur une bande de marginaux, les plus dangereux de la prison. Qu'est-ce qu'on fait avec les nouveaux ? Comme à l'université : on les bizute. A ceci près que les bizutages universitaires restent en général acceptables. Ici, tu peux facilement y laisser un bras ou pire. Mis à l'écart, ils avaient voulu me tabasser en profitant de l'inattention d'un gardien. Je m'étais défendu comme j'avais pu, deux d'entre eux s'étaient retrouvés au service médical d'Alcatraz, mais les autres s'étaient jetés sur moi avec une violence au-delà de l'imaginable. Heureusement que les gardiens les ont neutralisé, je m'en sortais avec une côte fêlée, l'arcade gauche éclatée et quelques contusions. Pas grand-chose comparé à ce qu'ils auraient pu me faire.
Hormis cet épisode, j'organisais ma défense avec une minutie incroyable. Viviane avait quitté Londres et le Times pour me rejoindre illico. Viviane... mon meilleur atout sur le moment. Elle avait collaboré à l'enlèvement de Connor, mais je lui avais pardonné car elle n'avait fait qu'être au courant de l'affaire et ne visais que des objectifs professionnels, à savoir celui de me détrôner et s'emparer de la moitié de mon empire qu'elle aurait partagé avec Norah. Cette dernière, elle, avait voulu s'en prendre à ma famille pour me faire souffrir. Qui sait ce que cette folle aurait fait à mon fils si je l'avais laissée en vie. La prison n'aurait rien changé à sa détermination. Encore aujourd'hui, du fond de ce trou à rats, je ne regrettais pas mon geste. Mieux : je pouvais le revendiquer. Que tout le monde sache, lorsqu'on me donnera la parole, que le premier qui pose une main sur mon fils finira à la morgue. La diabolique métisse m'avait tenu compagnie une bonne partie de la journée, suivant chaque directive que je lui donnais. Elle était un peu mon alter-ego féminin, un tyran sur talons aiguilles peut-être aussi insensible que moi. Si ce n'est plus, selon le moment.

Mais une chose me blessait et me terrifiait. Je n'avais aucune nouvelle de Noah, de Connor, de Sophie. De personne. Je ne dormais qu'une ou deux heures par nuit, cogitant sur tout ce que Noah pouvait se dire. Et s'il m'en voulait à vie ? S'il me voyait comme un monstre alors que personne, en dehors de Viviane, Marc et moi ne savait ce qui s'était produit pour Connor ? J'aurais aimé qu'il me parle. En face ou par téléphone, je m'en moquais. Qu'il me crie dessus, qu'il pleure, qu'il me demande de lui expliquer. Qu'il fasse n'importe quoi d'autre tant qu'il ne me tenait pas dans ce silence infernal qui me rendait fou. Si je perdais cet être plus que cher à mon coeur de pierre glacée, la liberté me paraitrait certainement beaucoup plus fade. Le fait de ne pas savoir ce qu'il faisait ou ce qu'il pensait allait me faire péter les plombs. C'est le pire, dans la prison. Se retrouver assis avec ses seules pensées infernales pour compagnie. J'étais seul, mais au fond, je ne voyais pas ça comme une bénédiction. J'aurais préféré avoir un fou furieux dont me méfier en permanence et qui, indirectement, m'aurait forcé à ne pas réfléchir en permanence.
"Shark, t'as de la visite." Cette phrase m'avait fait bondir pour sortir de ma torpeur. Mais sitôt qu'on m'annonçait qu'il s'agissait de Benedikt, mon visage s'assombrit. "Je vais t'emmener en salle de... - Non. Laissez-moi là et faites le venir. Croyez-moi, il vaudrait mieux qu'il y ait ces barreaux entre lui et moi s'il veut pouvoir ressortir indemne de cette prison." Mon ton était glacial et pourtant très calme. La voix d'un assassin de sang-froid qui n'aurait apparemment eu aucun remord à écharper son fils vivant sous les yeux des gardiens. Le gardien me regarda avec surprise et méfiance tandis que j'allais m'allonger sur ma couchette. Qu'il vienne. Qu'il vienne me narguer et prendre ce qu'il était sans doute venu chercher : sa pleine vengeance.

Lorsqu'il se présenta, je le considérais sans la moindre expression sur le visage. Pourtant, on lisait une émotion particulière dans mon regard. Ce n'était pas de la haine car, au fond, la haine est motivée par un sentiment positif et dissimulé. Ce qu'on pouvait y lire était bien plus précis que ça : il s'agissait du mépris. Le mépris le plus complet que j'ai eu pour un être vivant de toute mon existence. Et pourtant, il y en a eu avant lui... Je restais silencieux face à ses questions principalement rhétoriques. Je le fixais avec cette même intensité. Biologiquement, tu es mon fils, petit. Mais un cloporte aurait le droit à plus de considération de ma part. Finalement, je venais taper dans mes mains comme un applaudissement, le son résonnant dans la pièce froide et sinistre. "Bravo. Tu as mis Joe Shark en prison, ce géniteur haï qui t'as considéré comme un moins que rien. Finalement, tu as montré que des Shark, tu n'en avais pas que le nom. Tu es devenu une ordure aussi pourrie jusqu'à la moelle que ton père." Un constat très simple qui lui ferait comprendre déjà pas mal de choses. Je fixais chaque parcelle de son visage dans ma mémoire. Cet air suffisant, victorieux, ravi. Comment l'en blâmer ? J'avais aussi fauté avec lui, sans le savoir puis de façon volontaire ensuite. A sa place, j'aurais sabré le champagne juste devant la cellule pour boire à son emprisonnement. "Alors, racontes-moi : qu'est-ce que ça te fait ? Heureux ? Je suis curieux de savoir ce que tout ceci t'apporte réellement. A part la perte des rares soutiens que tu as réussi à te faire dans ce pays, évidemment." Il voulait de la mesquinerie ? Je n'en manquais pas. Je ne savais pas ce que Noah pensait de moi, mais il avait vu Connor, il avait vu Sophie. Et j'avais eu vent, d'après Viviane et Marc, que tout le monde savait que Benedikt était à l'origine de cette histoire... et qu'ils lui avaient tourné le dos. Sans exception. J'affichais à mon tour un sourire en coin. Même derrière ces barreaux et réduit à l'état de simple détenu marqué d'un matricule, je ne te laisserai pas me planter davantage, microbe.

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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyDim 7 Oct - 20:40

Le gardien lui avait proposé une rencontre en face à face, puisqu’il était son fils. Les deux hommes avaient aussitôt refusé, pour des raisons divergentes, mais presque similaires. L’un ne se serait pas gêné pour frapper l’autre qui de son côté, se méfiait de son père comme d’une verrue sur une plaie déjà ouverte. Les barreaux au moins, lui éviteraient tout désagrément physique. Sitôt face au géniteur, Benedikt attendit, immobile. Son sourire ne se fana que progressivement, à mesure des mots de son père. Un moins que rien, non, il ne l’avait jamais considéré comme tel. Un salop de la pire espèce, certes, mais un homme qui avait construit un empire, qui vivait au dessus de ses moyens, qui savait se faire respecter, n’était pas un moins que rien, mais un gagnant. Tout le contraire de lui, en somme. Voilà pourquoi il était si fier d’avoir au moins remporté cette victoire là sur le puissant Joe Shark. Pourtant, il y a quelque chose qui clochait. Quelque chose qui ruinait son bonheur. Joe lui-même. Joe et sa façon d’en parler, son regard, son air suffisant qu’il continuait d’arborer. « Je ne suis pas comme toi. J’ai agi pour te prouver que sous cette carapace d’arrogance, sous l’air que tu te donnes, tu ne vaux pas plus que ma mère. Tu l’as traité comme une prostituée, ce qu’elle était, c’est vrai. Mais elle m’a élevé, et je lui dois tout ce que j’ai pu accomplir aujourd’hui. Alors, maintenant que je te sais hors d’état de nuire, je peux faire mon deuil, je sais qu’elle est fière de moi. C’est le cadeau que je me suis promis de lui faire avant de quitter Bogotol. » grommela le russe tandis qu’il retrouvait son habituel visage durci par ce qu’il avait vécu durant toutes ces années. Il n’aurait pas été aussi prompt à dénigrer ses origines anglaises si son père les avait comparées en fonction de son génie en tant que business man. Ou même en tant que manipulateur. Mais là, il le faisait passer pour une ordure, comme si ce qu’il avait fait n’avait aucune valeur, pas de crédit, juste les fantasmes d’un adolescent en manque de sensations fortes.

Joe continuait sa tirade, jouant un peu plus avec les nerfs de l’étudiant qui serrait déjà les dents. Finalement, ils auraient dû se rencontrer en cellule. Il aurait peut-être pris des coups, mais lui-même avait tellement envie de lui faire ravaler son ton condescendant. Il avait raison. Sur toute la ligne. Voilà où se situait le problème. A défaut d’être heureux, Benedikt se détestait d’être malheureux. Il n’avait aucune raison de l’être, lui qui avait tout préparé avec la minutie qu’on lui connait, pour que son père soit dans cette cage. Et pourtant, c’était le cas. Parce que Noah lui reprochait ce qu’il avait fait. Et qu’il appréciait cet oncle qu’il n’avait que très peu connu. L’impression de l’avoir trahi, lui qui avait été si bon, presque une figure paternelle à ses yeux. Et Sophie. Il n’avait même pas imaginé la douleur d’une femme toujours éprise de son homme. Rien que le fait d’y songer le renvoyait à une lointaine époque, lorsque sa mère lui cachait encore le fait que son père fut pire que l’homme qui l’eut engrossé : le salop qu’elle avait profondément aimé. Les larmes qu’elle avait versées pour lui … il n’avait jamais compris, et toujours pas aujourd’hui. Comment pouvait-on s’amouracher d’un homme comme Joe Shark ? Qu’importe, le mal était fait. Et Connor … ce qu’il lui avait crié au téléphone, les sanglots qu’il avait senti dans sa voix tremblotante. Sitôt après avoir raccroché, Benedikt avait été … anéanti. Il n’avait jamais voulu ça. Pas devant sa famille, la seule qu’il n’avait jamais eue. Pas de cette façon. Ce n’était pas prévu. Les policiers devaient arrêter Joe, certes, mais Connor n’aurait pas dû se trouver là, il le croyait encore à l’école à cette heure-ci… Grossière erreur qui lui avait coûté l’amour d’un frère qu’il avait d’ores et déjà perdu, et qui ne lui pardonnerait sûrement jamais. Malgré tout, malgré le cœur gros qui pesait sur sa conscience, Benedikt était à moitié britannique. Hors de question de montrer ses failles, sa faiblesse, la moindre émotion devant cet homme. Il avait beau avoir raison, il ne lui ferait jamais le plaisir de le reconnaître. « Ca n’a aucune importance. Ils… n’ont aucune importance à mes yeux. Tout ce que je voulais, c’était te voir derrière ces barreaux, le reste n’a jamais été que secondaire. J’veux même pas savoir pourquoi tu as tué cette femme, si elle l’avait mérité ou pas. Tout ça, je m’en fous. C’est fini maintenant, je suis libre de mon passé. » mentit le Russe en serrant les poings. « La visite est terminée. » Une heure, ça passe très vite. Mais alors pourquoi avait-il l’impression qu’il avait vieilli de plusieurs siècles et que ses muscles refusaient obstinément de le porter jusqu’à la sortie. « Do svidania, Joey Richard Shark. Et bons baisers de Russie. » articula t-il néanmoins avant de quitter la prison, laissant l’homme seul en proie à ses réflexions sur son avenir. Le procès allait débuter d’ici une semaine. Il serait là. Pour le regarder souffrir, se délecter de la vision de ce prisonnier anglais, mais aussi, pour parler à Connor qui, malgré ses nombreux coups de fils, refusait obstinément de lui adresser la parole. Il était jeune, c’est normal. Lorsqu’il lui dirait ce pourquoi il avait agi ainsi, par vengeance, il lui pardonnerait sûrement. Voilà ce que pensait le Russe en cet instant.
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyLun 8 Oct - 14:34



Qu'attendait-il franchement ? Que je prenne un air abattu ? Les plaies sur mon visage et cette côte qui me faisait un mal de chien étaient suffisamment éloquentes. Croyait-il que je me répandrais en excuses, que j'implorerais son pardon ? Non. En prime, il n'avait pas le pouvoir de me faire sortir d'ici et quand bien même il l'aurait eu, je n'accepte aucune faveur des êtres sous-évolués. Oui, je voyais maintenant mon fils non pas comme un jeune adulte machiavélique mais plutôt comme un enfant ingérable dans un corps d'adulte. La seule vengeance sans réfléchir aux conséquences est d'une puérilité sans nom. J'aurais pu cautionner un tel acte s'il avait été plus mûrement réfléchi, mais si c'était seulement pour me voir derrière des barreaux, privé de tout contact, alors je ne voyais cela que comme un acte désespéré. Inutile. Je le laissais donc s'exprimer par pure politesse britannique, muré derrière une dignité encore impossible à fragiliser. Un sourire en coin éclaira mes traits de diable, amusé par la manière dont il percevait son acte. Une vengeance au nom de sa mère. Charmant. Je vais finir par croire que cet enfant est plus dérangé que je ne l'aurais cru. Pas à un seul instant il n'avait songé à l'égoïsme de cette femme. J'étais peut-être un monstre insensible, mais je n'avais jamais kidnappé un enfant dans le seul but de satisfaire un plaisir personnel. Et je l'avais encore moins élevé dans la misère tout en l'exposant à un spectacle de dépravation quotidienne auquel il n'aurait jamais dû assister. Si j'avais eu des sentiments, j'aurais été désolé pour lui. Mais aujourd'hui, je m'en moquais.
Car au fond, lequel était le plus victorieux ? Celui qui a vengé sa mère ou celui qui observe la manière dont l'autre fait tout pour ne pas perdre son sang-froid ? "Secondaire, bien sûr, c'est évident. Tu vois, c'est là la principale différence entre nous, Benedikt : tu ne sais pas mettre tes sentiments en veilleuse. Qu'ils soient positifs ou négatifs." Cet enfant se laissait ronger par la haine, tout comme maintenant il se sentait souillé d'une culpabilité évidente. Je savais qu'il tenait à son petit frère, mais ce dernier le voyait désormais comme celui qui lui avait arraché son père. Qu'importe le motif plus ou moins valable qu'il pourrait lui sortir pour s'excuser, le Russe connaissait encore trop mal son cadet. Connor ne lui pardonnerait jamais. Je n'étais peut-être pas le père le plus affectueux et démonstratif de la planète, mais Connor s'était toujours senti en sécurité avec moi, même davantage qu'avec Sophie. Et Benedikt lui avait retiré ce roc, cette défense inébranlable. Il me tardait, de manière quasi vicieuse, de voir les regrets qui pourraient flotter dans le regard du Gamma lorsque son frère l'ignorerait ou irait jusqu'à lui crier voire lui taper dessus s'il l'abordait.

Tandis qu'il s'en allait, je rebondissais sur sa dernière phrase avant qu'il quitte la pièce. "Libre de ton passé, vraiment ?" J'approchais des barreaux de ma cellule, calmement. Je le fixais droit dans les yeux avec un sérieux froid et plus menaçant que jamais. "Je vais te donner un seul conseil, fils. Profites-bien de ce temps pour fuir et te cacher. Car quand je sortirais - et crois-moi, je sortirais - je n'aurais de cesse de te retrouver pour te rappeler qu'on ne se détache pas de son passé si facilement." En d'autres termes, peu importe l'endroit dans lequel tu voudras te terrer, il n'y a pas une place sur cette planète qui pourra te cacher à coup sûr. Je vais te traquer et te faire comprendre la signification réelle du mot 'vengeance'. Sans un mot de plus, je retournais me coucher sur cette banquette inconfortable. Une semaine. Plus qu'une semaine à attendre, maintenant.

Sept jours plus tard, l'audience commençait. J'étais assis à une table, du côté des accusés, avec mon avocat et Viviane. A la table de l'autre côté, l'avocate de la famille de Norah, le frère de la défunte et un autre bonhomme. Les jurés étaient à l'autre bout, puis la juge trônait en dominante au-dessus de tous. Une masse populaire et juridique presque exclusivement féminine. A cette idée, je compris où la justice voulait en venir. On voulait faire un exemple de mon cas. Enfoncer Joe Shark le plus possible pour s'assurer qu'il ne mettra plus le nez dehors. Derrière moi, dans le public, je sentais la présence de Sophie, Marc et... lui. Benedikt. Y avait-il Noah ? Je n'avais pas eu le temps de voir, en rentrant. Connor attendait à l'extérieur avec sa baby-sitter car, aujourd'hui, j'étais censé expliquer les raisons m'ayant poussé à tuer Norah. Je ne voulais pas qu'il m'entende car je risquais de me montrer d'une franchise à glacer le sang de toutes les personnes présentes. "Joe Shark, vous comparaissez aujourd'hui pour le meurtre de Norah Taylor, le 15 février 2012. La peine encourue est la prison à perpétuité. Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ?" Mon avocat se leva. Quelle mise en scène, c'est à se demander s'il y a une cérémonie de clôture à la fin de l'audience. "Mon client reconnait les faits qui lui sont reprochés et plaide coupable dans cette affaire." La juge hocha la tête, j'entendais Sophie soupirer dans mon dos. J'entendais même Marc se ronger les ongles. "J'appelle donc Joe Shark à la barre." lança l'avocate de la famille de Norah, me regardant avec une insistance toute particulière. Garce. Pourquoi ? Parce que cette femme fait partie de mes nombreuses conquêtes londoniennes et qu'elle va sûrement en profiter pour se venger aussi personnellement. La coalition est en marche. Digne et parfaitement calme, je me levais pour aller m'asseoir à droite de la juge après avoir prêté serment, face aux jurés, aux avocats et surtout face au public. J'attendis donc sagement qu'elle pose ses questions afin que j'explique mon geste. "Pouvez-vous nous expliquer votre relation avec mademoiselle Taylor ? - Elle a été une collègue businesswoman ainsi qu'une de mes maîtresses. - Quels étaient vos rapports avec elle après votre rupture ? - Inexistants jusqu'à ce qu'elle dépose plusieurs propositions de rachat du Times, dont j'avais la direction partagée à l'époque avec mademoiselle Slater ici présente. Je les ai toutes rejetées. - Pourquoi ? - Pour des raisons commerciales et personnelles. Je ne cède aucune part de mes propriétés ou de mes biens à une personne qui ne cherche qu'une vendetta ridicule pouvant nuire aux employés." L'avocate des Taylor arqua un sourcil puis croisa les bras sur sa poitrine. "Est-ce pour faire cesser ce bras de fer commercial que vous l'avez tuée, ou bien est-ce seulement en raison de votre ancienne liaison ? - Il ne s'agit pas d'un crime passionnel, mais bien d'un crime méthodiquement préparé." rectifiais-je avec un détachement incroyable. Les jurés se regardèrent entre eux, presque choqués. Tout autant que Sophie qui resta bouche bée. Et l'avocate des Taylor, elle, jubilait de voir son adversaire s'enfoncer. "Pourquoi l'avoir tuée, dans ce cas ?" Je pris une inspiration puis entamai ma dernière explication. "Plus tôt dans la journée, Norah a fait enlever mon fils par le biais d'un réseau spécialisé et illégal, à la sortie de son école. L'homme mandaté a fait croire à sa maîtresse qu'il était son oncle pour dissiper les soupçons. Il a ensuite emmené mon fils pendant quelques heures en voiture, le temps que je m'en aperçoive, avant de le déposer devant la chambre de sa mère alors plongée dans le coma, ici présente dans le public." Sophie fronça les sourcils, les jurés m'écoutaient avec la même surprise. "Lorsque j'ai récupéré mon fils, il avait un mot avec lui, stipulant très exactement, et je cite : "Sans un emploi aussi prenant, tu pourrais venir chercher ton fils à l'heure à l'école. Mieux vaut un père éditeur présent qu'un père PDG absent.". La lettre fait partie des pièces à conviction que mon avocat a fait ajouter au dossier. J'ai ensuite retrouvé ce kidnappeur qui m'a avoué que c'est une femme qui l'... - Objection !" interrompit l'avocate des Taylor, stupéfaite et agacée.

La juge ne me lâchais plus des yeux, j'avais captivé son attention. "Rejetée." lança-t-elle à l'avocate, pour me laisser poursuivre. "Une femme avait fait appel à ce réseau. En consultant les relevés téléphoniques de Norah, j'ai compris qu'elle en était à l'origine. J'ai donc pris mon arme, je me suis rendu chez elle, j'ai attendu son retour pendant deux heures, l'ai mise en confiance. Et lorsqu'elle s'y est attendue le moins, je lui ai tiré dessus en visant sa tempe. J'ai ensuite maquillé ce meurtre en suicide en effaçant les empreintes." Voilà, c'était dit. Froidement. Presque naturellement. La juge était bouche bée et l'avocate, ma foi... Ce nouvel élément fragilisait presque l'ensemble de son accusation. Je regardais Marc, Viviane, Sophie et les autres... Oui, j'ai abattu une femme en mon âme et conscience, mais je l'ai fait pour protéger mon fils. Mes yeux se posèrent sur Benedikt, le temps que l'audience, surprise et presque choquée, reprenne ses esprits.
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyLun 8 Oct - 16:23

« C’est faux !! Tu mens !! » lui asséna aussitôt en se jetant contre les barreaux de sa cellule et le gratifiant d’un regard noir de colère. Preuve que son père avait tout à fait raison. Il ne savait garder ses sentiments pour lui. Il n’était pas britannique, ce devait être ça. Ou le fait qu’il n’est pas été élevé dans une famille ‘normale’. Père absent, mère complètement paumée dans ses devoirs maternels, on ne peut dire qu’il n'avait pas reçu la même éducation que Joe. Il s’était endurci, c’est vrai, mais au-delà de cette carapace qu’il s’était forgée, il ne pouvait nier que l’enfant d’autrefois, existait toujours et s’enrageait contre les dires de cet homme tant haï. Hélas, il venait de perdre à son propre jeu en affichant ainsi ses émotions. Reculant de quelques pas, poussant un profond soupir pour se donner une contenance, le Russe lui jeta un dernier regard, avant de s’éloigner, ne s’immobilisant qu’après avoir compris qu’il ne pourrait s’en sortir, comme l’avait si bien dit l’éditeur, que dans l’exil. Il n’avait pas tremblé, pas émis un son, ni fait un seul geste pour se retourner et lui dire qu’au fond, lui proférer des menaces ne servaient à rien. Qu’il n’avait pas peur. Alors pourquoi ne l’avait-il pas fait ? Parce que son cœur s’était serré dans sa poitrine lorsqu’il avait senti la violence, la rancœur de Joe dans sa voix. Qu’il avait compris qu’il ne plaisantait pas, qu’il n’était plus désormais qu’un rebus, un vulgaire chien à ses yeux. Où était le problème ? C’était ce qu’il avait voulu dès le départ non ?! Ne pas être considéré comme l’un de ses pairs, que la vérité soit faite et basta. Les choses ne sont pas aussi simples. Après plusieurs mois passés en sa compagnie, Benedikt avait changé. En bien, en mal, il ne saurait dire, mais ses défenses, ses maigres défenses avaient peu à peu faibli face au titan. Il avait dû ruser pour vaincre, mais à quel prix ? La perte d’un ami, d’un frère. Il était désormais seul au monde, comme par le passé. Jamais il n’aurait pensé qu’il regretterait cette vie-là. L’Amérique qu’il avait tant reniée, dénigrée, voilà qu’elle lui manquait maintenant qu’il l’avait perdue pour de bon. Une semaine plus tard, et le procès avait lieu. Benedikt s’était assis tout derrière, histoire de ne pas se faire repérer, de personne, surtout pas d’un éventuel proche de Joe. Il connaissait suffisamment son bonhomme maintenant pour deviner qu’il n’aurait pas hésité une seconde à envoyer des hommes de main lui faire la peau en sortant du tribunal. Il était en noir, comme d’habitude. La couleur classe et sobre par excellence. Celle des déprimés aussi, à ce qu’on m’a dit. Ses yeux étaient encore baissés au sol, comme s’il était en proie à une profonde réflexion. Son sourire avait disparu, mué en une sorte de torpeur, un effroi muet. A l’opposé, devant tout le monde, se dressait Sophie, fière de combattre aux côtés de l’homme qu’elle avait jadis, - et sûrement encore aujourd’hui – aimé, et lui avait donné un enfant. D’ailleurs, où était-il ? Connor … Noah non plus n’était pas là. Sans doute veillait-il sur le petit à l’extérieur. Ah…non, le voilà qui entre sans faire de bruit, s’excusant malgré tout aux juges et aux jurys pour son retard, et allant s’asseoir aux côtés de la jeune femme. Costume sombre, il portait même une cravate. Livide. Les cernes sous leurs paupières ne trompaient personne quant aux nuits blanches qu’ils avaient passé pendant près de deux semaines. Même Benedikt, d’ordinaire si prompt à porter bracelets en métal et autres bijoux voyants, était ‘nu’ ce jour-là. Seules ses boucles brunes avaient été ramassées en une petite queue de cheval, histoire de ne pas trop clocher dans le décor. Ca y est, la juge s’est assise et commençait à nommer la procédure et ce qui pesait à la charge de l’éditeur. Etrangement, son cœur se serra à l’idée du verdict qui serait annoncé tout à l’heure. Pourquoi ? Joe n’était rien, il l’avait dit lui-même. Pourquoi ressentit-il autant de honte depuis sept jours, avait-il du mal à trouver le sommeil, à manger, à ne pas déprimer… La fatigue Beni, voilà tout. Ne te fais pas des idées, ça va passer. Voilà plusieurs jours qu’il se répétait ce même discours. En vain. Joe venait de se lever, affrontant le regard de la partie adverse, celui du jury, prêtant serment avant d’aller s’asseoir à la place de l’interrogé. Malgré le sentiment d’incompréhension qui le prenait depuis la nouvelle, Noah avait souri à son ami, espérant par là lui transmettre le peu de courage qu’il avait encore. « Je suis là, je ne t’abandonnerai pas, quelque soit la sentence » avait-il voulu dire en serrant fort la main de Sophie dans la sienne. Les dés étaient lancés. Hélas, Joe commit bientôt sa première ‘erreur’, en parlant implicitement de préméditation. Tout le monde dans la salle s’observait, était horrifié. Noah lui-même cherchait à comprendre dans les yeux de son ami, tandis que son fils aîné, loin derrière, l’écoutait avec plus d’attention que jamais. Ce n’est pas tous les jours que l’on apprend que son père est un meurtrier de sang froid. Vinrent alors les raisons qui l’avaient poussé à ce crime. Les traits de Noah changèrent du tout au tour, passant de l’incrédulité, à la surprise la plus totale, pour finir, comme sa voisine de droite, au soulagement – et oui – en apprenant que Joe n’était pas le psychopathe que l’on aurait pu croire. Merci seigneur ! Benedikt lui, avait les yeux grands ouverts, fixant son père comme s’il le voyait pour la première fois. Comprenant tout à coup le sacrifice qu’il était alors prêt à endurer, encore, pour sauver la vie de sa famille. De Connor. Une telle démonstration d’affection le troubla. Le toucha, plus qu’il ne l’aurait pensé au départ. Non, il ne pleurait pas, mais un goût amer avait envahi sa bouche. Il avait envie de vomir. Le dégoût de soi, la trahison, la culpabilité s’emparaient tour à tour de son âme… alors qu'il croisait le regard de son père. « Donc, vous avez abattu cette femme de sang froid, je cite « après l’avoir mise en confiance », est-ce à dire : alors qu’elle n’avait aucune idée du plan que vous aviez fomenté contre elle, et se trouvait ainsi, sans défense aucune, est-ce exact ? » insista l’avocate de la partie adverse en s’armant d’un sourire le plus diabolique que le monde ait pu connaître depuis une décennie. Le Diable s’habille en prada. « Il l’a fait parce que la vie de Connor était menacée, quel genre de femmes êtes-vous donc pour …. » « Monsieur, à la cravate bleue, vous n’avez pas autorisation de participer à cette audience, je vous prierai donc de vous asseoir et de vous taire ! Dernier avertissement avant que je demande à la sécurité de vous mettre dehors. » « Noah, assieds-toi, ça va aller. » C’était bien la première fois qu’il perdait son calme légendaire, notre bichon. « Pardon, votre Honneur. » soupira l’écrivain en jetant un regard exaspéré à l’avocate. « Votre nom, jeune homme ? » Mon nom, pourquoi faire ? Ne manquait plus qu’il se fasse arrêté à son tour pour injures à la Cour. « Euh… Noah. Noah Clives, votre Honneur. » « Etes-vous un ami de monsieur Shark ? » Une question qui d’instinct, l’avait fait sourire. « Oui votre Honneur, le meilleur qui soit. C’est la raison pour laquelle je … » « J’ai compris, monsieur Clives. Vous pouvez vous rassoir. » « Bien, madame. » Finalement, ce n’était qu’une question de politesse. Il est vrai que nul ne connaissait les proches du grand Shark, éditeur renommé et requin des affaires. La juge semblait l’apprécier. Malheureusement, aux Etats-Unis, seule la délibération du jury a une réelle importance sur l’avenir de l’accusé. « Bien. Maîtres, le jury va maintenant entendre votre dernière plaidoirie, avant de délibérer. »
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MessageSujet: Re: « Never put a Shark in prison. Rule number one. » « Never put a Shark in prison. Rule number one. » EmptyMar 9 Oct - 6:46




"Parfaitement. Elle était sans défense." Et vous n'avez même pas idée du pied que j'ai pris à la voir me faire confiance juste avant de l'abattre. Elle n'avait eu que ce qu'elle méritait. J'avais regardé Noah se lever pour essayer de prendre ma défense, un mince sourire vint éclairer mon visage fatigué et meurtri par les quelques blessures que j'avais récolté en prison. Il n'avait pas idée du soulagement que cela pouvait me procurer, de savoir que maintenant, il ne m'en voulait pas. Ou qu'il ne m'en voulait plus. Je voyais la fatigue sur son visage et, malgré la peine encourue, je m'inquiétais presque plus pour lui que pour moi. Il réussit à s'arranger avec la juge en charge de cette affaire, visiblement bien rattrapé dans cette intervention interdite. Je le regardais faire front avec Sophie, j'étais heureux de savoir qu'ils arrivaient à se serrer les coudes. Seule, Sophie n'aurait pas tenu. Noah non plus. Mais ensemble, ils s'en sortaient. Je posais mon regard sur Benedikt avec une certaine insistance. Eh oui, petit, je suis prêt à aller jusqu'au sacrifice d'une vie et de ma liberté si ça peut garantir la survie de ma famille. Dommage que tu t'en sois exilé de la sorte. Je voyais dans son regard qu'il était moins victorieux que la semaine dernière, en prison. Je l'avais déjà poussé à bout, je savais où appuyer pour le blesser. Et maintenant, c'était le point final. Shark persiste et signe.
La parole était à la défense, je regardais donc l'audience puis m'éclaircit la gorge après une gorgée d'eau, sous le regard malfaisant de l'avocate des Taylor qui avait encore le droit de parler. "Que les choses soient claires. Je ne regrette pas mon geste et je ne le regretterais jamais. N'attendez aucune excuse ou aucun remord de ma part. - Vous rendez justice vous-même, Monsieur Shark ? Vous auriez pu prévenir la police. - La police a-t-elle eu jamais vent des agissements de ce réseau mafieux ?" rétorquais-je poliment en fixant la jeune femme. Celle-ci soutint mon regard, lèvres pincées et vexée. "Vous êtes bien peu consciente du danger si vous pensez que des barreaux empêchent une femme ou un homme de pouvoir agir à son compte. L'argent mène le monde." Je la fixais droit dans les yeux, un vrai prédateur aurait été moins terrifiant. "J'ai fais ce que j'avais à faire pour protéger la vie de mon fils. Si c'était à refaire et que je savais que je finirais par me faire prendre, j'aurais d'abord veillé à torturé cette femme autant de temps qu'elle aura eu l'audace de m'enlever mon fils... avant de lui donner le droit de mourir." L'avocate avait baissé les yeux par réflexe, la juge me regardait avec une lueur surprise. Le message était clair, tous mes éventuels adversaires seraient mis au parfum : le premier qui approche Connor finira à la morgue dans d'atroces souffrances. Et ce n'est pas qu'une menace en l'air, je l'avais fait une fois et j'aurais été prêt à le refaire sans hésiter.

Viviane leva la main et demanda un droit d'intervention. La juge hocha la tête et la métisse se leva. Belle, impitoyable et déterminée. Une Joe au féminin. Godzilla sur talons aiguilles. "Votre Honneur, qu'y a-t-il de plus important en jeu, aujourd'hui ? La liberté d'un homme, d'un père, ou l'assurance que ce genre d'acte malfaisant ne se reproduira jamais ? A cause d'une ambition professionnelle et personnelle égoïste, un enfant a été enlevé. Je connais Joe Shark depuis des années, je dirige encore aujourd'hui une partie de ses journaux avec lui. C'est un homme droit, déterminé et un vrai battant. Qu'il tue pour ses rares proches ne surprendrait personne parmi ses amis ou sa famille." Les talons aiguilles de la diva diabolique résonnaient dans la salle, les jurés étaient captivés par son charisme. Quant à moi, je restais de marbre. Voilà l'arme de choc que j'avais dans ma manche. Viviane Slater. "Joe Shark a les informations nécessaires pour mettre un terme aux agissements du réseau dont mademoiselle Taylor s'est servie à l'époque... mais cet homme est un businessman. La liberté conditionnelle me semble être un gage de confiance suffisant pour qu'il aide la justice à mettre la main sur les vrais coupables. Qu'il répare ses erreurs grâce à son aide active. Je crois savoir que parmi vous, il y a des parents... qui est le coupable ? Le père qui défend son enfant, même de façon expéditive et préjudiciable ? Ou la maîtresse mécontente qui s'en prend à cet enfant pour parvenir à ses fins ?" Les jurés s'observèrent les uns les autres, jusqu'à ce que l'avocate de la famille Taylor se lève, à côté du frère de Norah qui fulminait sur son siège. "L'accusation demande à savoir si Joe Shark a agi seul." Cette fois, quelque chose d'étrange se produisit. Dans le public, Marc baissa les yeux en déglutissant. Je m'abstenais de le regarder, de même que Viviane qui demeurait toujours aussi indéchiffrable. "Oui, j'ai agi seul et n'ai reçu aucune aide de la part de qui que ce soit." Mensonge. Marc et Viviane ici présents étaient impliqués... mais je savais qu'il n'y aurait aucune preuve contre eux. Marc releva la tête et me regarda avec intensité. J'étais peut-être très exigeant avec lui, terrifiant, même... mais vous en connaissez combien, des patrons qui seraient prêts à prendre le blâme pour épargner leur assistant ?

La juge frappa son marteau contre son pupitre. "Les jurés peuvent se retirer pour délibérer. En revanche, je prendrais en considération l'avis des forces de l'ordre, au vu des nouveaux éléments apportés à l'affaire... Messieurs, rejoignez-moi dans mon bureau." Deux agents du FBI hochèrent la tête et sortirent en même temps que la juge, idem pour les jurés qui partirent dans leur salle. Quant à l'avocate des Taylor et le frère de Norah... ils semblaient bouillir de rage. Je regagnais ma table, adressant un vague sourire rassurant à Noah. Juste avant de poser mes yeux au loin sur Benedikt. Tu vois, gamin ? Ca ne pouvait être que temporaire. "Où est Connor ? - Dehors, il attend avec sa baby-sitter. - Vas avec lui, Marc. Dis-lui qu'il peut venir. - Mais si jamais ça... - Ca va bien se passer. Fais confiance à Viviane." ajoutais-je en regardant la métisse qui arqua un sourcil satisfait. C'est une garce que je ne supportais pas vraiment... mais je lui reconnaissais son indéniable talent. Professionnellement, elle forçait mon respect complet. "Joe, je voulais te... - Ne dis rien, Marc." L'assistant se leva et sortit de la salle pour aller rejoindre Connor qui attendait sagement à l'extérieur. Je pris la main de Noah dans la mienne, ainsi que celle de Sophie. "Ca va, vous ? Non, Sophie, ne commence pas à pleurer..." Oui, je m'inquiétais plus pour eux que pour moi.
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