L’automne approchait à grands pas, pour le plus grand malheur de Leyna. Ainsi lorsqu’elle se leva ce matin en voyant le beau temps et le soleil resplendissant qui surplombait la ville, elle ne pu s’empêcher d’être bien contente d’avoir opté pour la côte ouest des Etats-Unis, elle qui ne supporte pas le froid. Passionnée par ses études, elle s’estimait même très chanceuse de se lever tous les matins tout en étant ravie de se rendre en cours. La photographie, il n’y a que cela qui puisse lui remonter le moral en un rien temps. Bien que ses grands-parents lui manquent, elle ne regrette pas une seconde d’avoir tout plaqué pour s’adonner à sa passion et enfin se libérer de l’emprise de ce que l’on appelle généralement parents. Si la jolie brunette s’était lancée dans une carrière d’avocate ou de médecin, comme ses géniteurs le voulaient, il est évident qu’elle vivrait un enfer. Mais enfin, en ce merveilleux jour de septembre, Leyna était particulièrement heureuse puisqu’elle n’avait cours que le matin, un de ses professeurs ayant du se libérer pour une cause personnelle plus ou moins urgente. Ainsi, elle avait différents cours d’art ce matin, et ne cessait de regarder sa montre, attendant midi avec impatience. En effet, Leyna est une vraie gourmande. Et pourtant, elle déteste le sport ; jamais vous ne la verrez dans une salle de fitness ou même au club de natation du coin. Et pourtant, elle affiche une silhouette svelte et agréable depuis toujours, bien qu’elle n’en soit pas forcément consciente. Perdue dans ses pensées, l’heure avança relativement vite et voilà que la sonnerie de 12 :00 pétante annonçait la pause de midi. N’ayant pas de programme pour l’après-midi, l’idée de se reposer ou d’appeler quelques amis lui traversa l’esprit. Elle passa d’abord à son casier afin de poser son matériel – puisqu’il se trouvait être assez lourd – puis elle se rendit à la cafétéria, n’ayant pas envie de rentrer tout de suite et ainsi devoir se faire à manger. La demoiselle n’aime pas particulièrement cuisiner, surtout lorsque son estomac crie famine et qu’elle ne serait pas chez elle avant une bonne demi-heure. Alors qu’elle entra dans la cafétéria, elle ne fut pas surprise de voir que toutes les tables avaient été prises d’assaut, tout comme elle savait que passer à son casier ou ne serait-ce qu’aux toilettes à midi vous garantit de ne pas avoir de place où s’asseoir. Les gens parlaient fort et étaient nombreux ; pourtant, Leyna ne voyait personne qu’elle connaissait, personne avec qui elle pourrait s’asseoir. Normal, se dit-elle. Après tout, ses camarades de cours étaient tous rentrés, vu qu’ils étaient libérés cet après-midi. Puis, perdue dans ses pensées, Leyna sursauta lorsqu’elle senti des mains de poser sur son front. Dans l’immédiat, elle se demandait bien de qui il pouvait s’agir, pensant à Dmitri ou à Noah, qu’elle n’avait pas vu depuis des jours, ce qui n’est pas du tout dans ses habitudes. « Devine qui vient te faire un petit coucou ? », lança une voix d’homme. Leyna gloussa, mais ne dit rien, bien qu’il ne lui fallu qu’une demi seconde pour reconnaître la voix de son ami. « Je vais t’aider. Je suis blond, de sexe masculin et je porte une chemise à carreaux bleu clair… et non, ce n’est pas Brad Pitt. » Leyna ne pu s’empêche de rigoler et de pouffer comme une gamine, puis se retourna et pris son ami dans le bras. « Noaaaah, ça me fait trop plaisir de te voir ! Qu’est-ce que tu fais là ? », lança la petite brunette d’un ton chaleureux, le sourire jusqu’aux oreilles. « J’ai congé cet aprem, tu te joins à moi pour manger hein ?! », continua-t-elle, sans trop lui laisser le choix et en le tirant vers les plateaux.

Spoiler:

Des potes, Leyna en a plein. Des filles et des garçons tous plus fous les uns que les autres, tous très différents et tous lui apportent plein de choses. Et pourtant, la jeune fille avait, dès son plus jeune âge, compris que les « vrais amis » pouvaient se compter sur les seuls doigts d’une main. Vous savez, ces amis en qui on voue une confiance totalement aveugle, ces amis que l’on peut appeler à toute heure du jour et de la nuit et qui seront toujours là pour vous, ces amis se soucient plus de votre bonheur que du leur. Ces amis se font rares, et lorsque vous avez la chance d’en rencontrer un, vous y tenez dur comme fer et surtout, vous ne le laissez pas partir comme cela. Ainsi, Noah Clives est, pour Leyna, un de ces amis-là. Bien que leur différence d’âge soit tout de même conséquente, ces deux-là ont de nombreuses choses en commun, dont leur humour parfois idiot et leur tendance à agir comme des enfants de cinq ans. Lorsqu’ils sont ensemble, Leyna oublie tout ses soucis ; elle ne se confit pas forcément d’office à Noah, mais elle sait que s’il est a besoin de se changer les idées et de passer du temps sans penser à ses soucis, elle sait que Noah est la personne qui fera l’affaire. Jamais il ne la jugera, jamais il ne la méprisera. Après tout, il est pour elle un subtil mélange du père et du frère qu’elle aurait toujours voulu avoir.

Le brouhaha de la cafétéria se faisait de plus en plus conséquent, ce que Leyna n’aimait pas beaucoup. En effet, la jeune demoiselle avait toujours préféré manger dans le calme, ne serait que pour être en mesure de comprendre ce que votre interlocuteur vous dit lors d’une conversation banale d’un jeudi à midi. Bien que Leyna soit souvent affublée de surnoms tels que Ley’ ou Drea par ses amis, Noah est et a bien toujours été le seul à l’appeler « mon chou ». Voilà une des nombreuses choses que cette homme ne fait pas comme tout le monde et une des nombreuses raisons qui font que Leyna l’affectionne particulièrement. Noah est le genre d’ami qui viendra vous voir sur votre lieu de travail en pleine journée, juste pour le plaisir de vous voir ; la preuve, aujourd’hui. « Et quelle surprise ! » lança Leyna sur un ton sincère et non ironique, comme elle a l’habitude de le faire. « Non reste » le supplia-t-elle en rigolant gentiment. « C’est exactement ce dont j’avais besoin », continua la jeune australienne. Leyna n’était pas une grande fan de la cafétéria, raison pour laquelle elle prenait souvent des plats préparés à l’avance et profitait de les mange dehors au soleil. Mais, avec la rentrée, elle n’avait pas eu le temps. Du coup, lorsque Noah proposa d’aller manger dans un « vrai » restaurant, elle accepta avec grand plaisir. « Quelle bonne idée, je peux plus la voir cette cafétéria. Tu veux manger quoi ? Italien, indien, japonais, chinois… ça m’est égal. Mais comme tu le sais, je n’aime pas trop les fast-foods ». Leyna se moquait bien de ce qu’ils allaient manger, rien que l’idée d’être en compagnie de son ami lui donnait le sourire aux lèvres. Et bien que ses finances ne soient pas au meilleur point, elle n’allait pas accepter de se faire invité par son ami. « Et non, cette fois, c’est moi qui t’invites, non mais ! En plus, j’ai eu une petite augmentation au travail, ça tombe bien » lança-t-elle en souriant et sans vraiment laisser le choix à Noah. Puis, tandis qu’ils étaient toujours en train d’errer dans la cafétéria de l’université, Noah tendit un petite boîte à Leyna. * Miam *, se dit-elle. « Merci beaucoup, je risque de le dévorer un cinq minutes ». Leyna adorait quand Noah lui amenait des restes de sa cuisine, puisqu’il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il maîtrisait cela, contrairement à elle et ses plats au micro-onde. « Et sinon, comment tu vas ? Qu’est-ce que j’ai raté depuis deux semaines sans véritables nouvelles de ta part ? » lui demanda-t-elle gentiment, mourant d’envie de tout savoir.

Bien que ses relations avec ses parents soient quelque peu tumultueuses et pas franchement sympathiques, Leyna avait toujours fait des efforts, se disant que si ses parents étaient si froids et méchants avec elle, elle devait bien y être pour que chose. Elle avait une fois pensé à un terrible secret de famille, mais elle s’était résolue à la simple idée qu’elle devenait paranoïaque. Ainsi, elle décida de quitter le pays et de tourner la page, n ‘ayant plus rien pour la retenir en Australie, son pays d’origine. Prendre le large… c’était sans compter la terrible révélation qui attendait Leyna quelques années plus tard. En effet, tandis que la jeune brunette était au bureau des administrations il y a trois semaines de cela, elle croisa une jeune demoiselle qui lui ressemblait très fortement. Pour être honnête, cette jeune femme était même carrément le double, le copier/coller de Leyna. Très rapidement la nouvelle tomba ; elle avait une sœur jumelle. Sous le choc, Leyna ne pensait pas que les choses pouvaient être pire, et pourtant lorsqu’elle apprit le pourquoi du comment de cette histoire, elle cru ne jamais pouvoir s’en remettre. Lorsque la situation avait été expliquée aux deux sœurs, Leyna cru d’abord qu’il s’agissait d’une farce. Mais enfin, Leyna n’en avait encore parlé à personne, bien trop honteuse de ce que sa mère avait fait.

Leyna était bien consciente que les choses allaient finir par se savoir, elle savait également qu’en parler lui ferait du bien. Noah serait d’ailleurs la personne idéale envers qui se confier, mais comme ils ne s’étaient pas vu depuis un certain temps, elle n’avait pas du tout envie de l’ennuyer avec ses histoires de familles, bien souvent compliquées et sans intérêt. « Va pour chinois alors. J’adore leur poulet à base de curry vert et lait de coco, je me relèverai la nuit pour ça, si tu savais ! » lança Leyna d’un ton enthousiaste. Leyna aimait bien quand Noah la prenait dans ses bras. Elle savait bien que cela n’était qu’un geste purement affectueux, et c’est exactement ce dont elle avait besoin ; un peu de réconfort. Heureusement, étant bonne actrice, elle allait très certainement parvenir à ne éveiller les soupçons de Noah, qui connaît bien la jeune femme. Tellement bien qu’il a l’art de deviner lorsque quelque chose ne va pas. « Ah les jeunes, tu les empêcheras pas de manger du McDo’, mais ne t’inquiètes pas, ça finira bien par leur passer un jour », continua-t-elle sur un ton amical et amusé. Leyna avait déjà eu l’occasion de rencontré Connor, le plus jeune, mais elle n’avait encore jamais croisé Benedikt, bien qu’elle en ait entendu parlé de nombreuses fois. Et oui, Noah ne tarit pas d’éloges sur les personnes qu’il aime de tout son cœur. « Peu importe qui c’est l’homme ici, c’est moi qui t’invites ! » répondit Leyna en rigolant, puis d’un air plus sérieux « Non mais franchement, laisse moi t’inviter ne serait-ce qu’une fois, rien ne me ferait plus plaisir, vraiment ». Leyna souria, espérant de tout cœur que son ami allait céder, pour une fois. « Bon, tu peux m’offrir ton dessert si tu veux, mais tout le reste, y compris le les boissons, c’est pour ma pomme ! ». Leyna adorait que Noah cuisinait trop, car il lui proposait souvent les restes, qui étaient toujours excellents. « Ah bon ? Et qu’est-ce que tu attendais pour me le dire ? Et qui est l’heureuse élue ? J’ai ma petite idée, mais bon, je ne veux pas m’avancer, avec tout le succès que tu as ! » rétorqua Leyna en rigolant, sachant qu’il s’agissait très probablement, et même sûrement, de Sydney. Pas étonnant, depuis le temps qu’ils se courraient après. « Je suis super contente pour toi, en tout cas, j’espère vous serez heureux, tu le mérites ! », susurra Leyna doucement, avant de prendre son ami dans ses bras.

L’heure avançait à un telle vitesse que les deux amis ne se rendirent pas compte que cela faisait déjà près d’une demi-heure qu’il discutait du lieu de leur repas en tête à tête. Leyna était une réelle gourmande, son petit ventre est toujours là pour la rappeler à l’ordre. De nature peu sûre d’elle, la jolie australienne était bien forcée de reconnaître une chose ; elle peut manger ce qu’elle veut, et ce, sans prendre un gramme. En même temps, heureusement, vu son aversion pour le sport… Dès qu’un ami lui proposait d’aller faire un jogging ou pire, d’aller dans une salle de fitness, elle trouvait toujours la meilleure excuse possible pour y échapper. Mais enfin, elle avait bien de la chance, car elle pouvait goûter à toutes les recettes que Noah voulait bien lui donner. « Ouais c’est vrai, les mines thaï c’est bon aussi » concéda-t-elle à son ami. « J’en doute pas pour Joe. Je ne le connais pas personnellement mais tu m’en as tellement parlé que c’est tout comme. Ceci dit, il vaut mieux montrer l’exemple en tant que parents, mais j’aurais du mal à manger des légumes verts et du tofu 7 jours sur 7. C’est un peu le concept du ‘faites ce que je dis, pas ce que je fais’ » ajouta-t-elle en rigolant, faisant allusion à son addiction aux pizzas. Après avoir réussi à convaincre son ami de la laisser l’inviter, Noah semblait curieux de savoir si Leyna savait réellement avec qui il venait de se mettre en couple. « Et bien, je pense qu’il s’agit de Sydney, mais comme ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu et que tu as un succès fou avec les femmes, que tu le veuilles ou non, je dois dire qu’on ne sait jamais… Alors, dis moi, j’ai raison ? » le taquinait-t-elle. Leyna connaissait bien Noah, et lorsqu’elle venait sur un sujet qui le concernait, il aimait bien changer de sujet. Surtout lorsqu’il s’agissait de sa vie amoureuse. « En tout cas, je pense vous allez très bien ensemble » termina-t-elle- « Oh moi… non, je n’ai personne. Faut dire que je suis tellement compliquée, et franchement, je n’ai pas beaucoup de chance, je tombe toujours sur des idiots. Je parlais avec un type sur internet dernièrement, un truc que je ne fais pourtant jamais, mais on avait tellement en commun que je me suis laissée prendre au jeu. Et la semaine passée on a finalement décidé de se rencontrer. Là, le choc, c’était ce crétin d’Andrew que je ne peux pas voir en peinture ! » lança-t-elle sur un ton emballé mais déçue. « M’enfin, quelle idée aussi d’aller parler sur internet avec des inconnus. On ne m’y reprendra pas, ça c’est sûr ! », continua Leyna sur un ton quelque peu énervé. Enervé, car le simple de fait de parler d’Andrew la mettait dans un état de colère. « Au fait, c’est un peu hors sujet mais… ça te dirait de venir manger à la maison un de ces quatre ? Avec l’incident des omégas j’attends de savoir où je vais dormir prochainement, mais dès que je sais, je te tiens au courant ! Tu pourras venir avec ta dulcinée, si tu veux », ajouta Leyna en taquinant son ami.