San Francisco, appartement de thea, 14h56. Décidément, cette semaine n'était pas la mienne. Entre le départ de Cyann et l'affaire avec Gaulthier, je ne savais plus où donner de la tête. J'étais rarement préoccupé mais quand cela arrivait, c'était une prise de tête infernale et vraiment difficile à en sortir. Cette sensation d'être perdu alors que l'on a les deux pieds sur terre était déconcertante et je n'y étais pas du tout habitué. De plus, j'avais la sensation d'être sale et souillé depuis que j'avais couché avec Gaulthier. L'avoir prit pour Edward et ensuite couché avec lui. Brrr, rien que d'y penser j'avais la nausée. Sans être violée, j'avais l'impression de l'être tout de même. Cette soirée en boîte avait été désastreuse, du début à la fin. J'avais bu plus que je ne le faisais habituellement, si Joey m'avait vu cette nuit-là, elle aurait hurlé de rire. Mais c'était Kira qui avait été là. Kira. Celle qui m'avait poussé dans les bras de Gaulthier sans se douter une seule seconde que je n'avais pas conscience de qui il était pour de vrai. Que je ne connaissais pas sa véritable identité. Passant une main sur mon visage, je pris un grand souffle avant de monter dans ma voiture. J'avais décidé de me rendre au centre commercial, histoire de me défouler avec ma carte de crédit et de renouveler ma garde robe qui commençait à dépasser quelque peu mais pas trop. De plus, j'avais eu un gros cachet la semaine dernière et mon compte en banque avait reçut un bon coup de pouce de quelques zéros. Non pas qu'il en avait besoin, mais c'était toujours rassurant de voir qu'on était à l'abris du besoin. Même si on savait que l'on était à l'abris du besoin pour encore des décennies. Certaines personnes me trouvaient hautaine, prétentieuses, narcissique et complètement égoïstes. C'était la parfaite vérité jusqu'à ce que l'on creuse un peu et que l'on voit que j'étais aussi attentionnée, douce et calme. Je ne montrais pas cette facette de moi à n'importe qui et je pense que les seules personnes qui peuvent prétendre vraiment me connaître sont Esmé et Edward. Deux personnes chères à mon coeur et qui comptent plus que tout pour moi. Ils sont mes piliers, mes centres de gravité. En avoir perdu un durant deux ans m'avait littéralement tué de l'intérieur, et savoir qu'il était dans la même université que moi sans qu'on puisse se parler était très difficile. Je commençais tout juste à m'y faire, mais c'était toujours douloureux de le voir pratiquement tous les jours sans lui adresser la parole. La voiture était silencieuse. Trop silencieuse. Je ne supportais plus le silence, il me mettait la tête en vrac. Le centre commercial n'était plus très loin, mais je mis la radio juste pour être sur de ne plus entendre ce silence épuisant pour les cents prochains mètres.

San Francisco, centre commercial, 15h45. SAN FRANCISCO'S MALL. C'était ce qu'affichait la devanture du magasin. Centre commercial de SF, me voilà, moi et ma platinium méga chargé. Mes talons claquaient sur le sol en marbre de l'établissement. J'avais une robe légère blanche et des bottes en daim noires qui couvraient mes jambes jusqu'au bas du genoux. Mes cheveux relevé en une haute couette d'où s'échappait quelques mèches folles. J'avais réussi à ne plus penser à cette maudite soirée depuis à peu près une heure en faisait griller littéralement ma carte de crédit dans pratiquement tous les magasins du centre. Me voilà à présent attablé devant une table du starbuck du magasin avec un moka à la vanille de Madagascar. Délicieux. Le liquide chaud me réchauffait dans la climatisation qu'il avait mis à moins quinze. Mais quelle idée de mettre la clim aussi bas tout de même. D'accord, il faisait chaud dehors, mais on se les gelait ici. Ma boisson était presque finie, j'étais prête à redescendre de mon nuage de détente et de repartir à l’assaut des magasins. Je n'avais pas encore fait tout le centre et il me fallait absolument ce sac que j'avais vu hier mais que je n'avais pas pu prendre faute de temps. Oui, j'étais déjà là hier, mais je n'avais pas tout prit de ce que j'avais à prendre. Déposant mes articles dans mon casier réservé à l'accueil, je demanda à la secrétaire de les déposer dans ma voiture. J'avais demandé à avoir un service spécial moyennant finance pour être sur de de ne pas perdre mes affaires. De plus, j'étais une très bonne cliente du centre alors il pouvait bien me faire cette faveur. Mes courses entrent de bonnes mains, je me dirigea vers les boutiques qui m'attendaient à bras ouverts quand j'aperçut Kira. La blondeur de ses cheveux pouvaient rivaliser avec la mienne, mais elle ne le faisait pas. Je remporterais la manche à coup sur. Elle était peu être belle, moi même je le reconnaissais, mais elle n'avait pas ma classe. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, on était amies. Oui, vous avez bien entendu. Mais elle avait fait l'erreur de ne pas me dire la vérité. De me mentir. Cette fameuse soirée avec Gaulthier était entièrement sa faute. Elle m'avait poussé dans ses bras et avait omis de me dire certains fait juste avant. Quelle amie fait ce genre de chose ? Kira Lynn à coup sur. Elle était comme moi dans certains côtés, mais la loyauté envers ses amis en moins. Je ne comprenais toujours pas le pourquoi du comment. N'empêche que je comptais bien remettre les pendules à l'heure avec cette garce. « Tiens, la garce de première qui n'hésite pas à foutre le bordel ! Qu'est-ce que tu fous là ? » J'étais énervée. Oui ! Vraiment ! Mais aucune marque de colère ne défigurait mon beau visage. Je gardais mon sang-froid, comme toujours. Enfin, à part cette fois là sur le port avec mon ex patron, Angel, mais j'avais des circonstances atténuantes ce jour-là. J'étais planté devant elle. Elle allait voir de quel bois je me chauffe. On ne sent prend pas à moi sans en subir les conséquences.

La pression est une bonne chose parfois pour moi. Elle me permet de me surpasser, de donner le meilleur de moi-même et ne pas m'inquiéter des conséquences que pouvait avoir certains de mes actes. Pourtant, celle que Kira avait mise sur moi lors de cette soirée en boite avait été malsaine, trop malsaine. J'aurais du faire plus attention, certes, mais je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi elle avait agis ainsi. Qu'est-ce qui l'avait incité à me faire cette blague de très mauvais goût ? Ennuie ? Envie de me voir plus bas que terre ? Nous n'étions pas amis, au mieux, nous nous supportions plus ou moins, mais je n'aurais pas eu l'idée de lui faire ça à elle. J'étais peut-être une garce de première, mais avec ceux que je n'aimais pas. Ceux qui m'était indifférent, comme elle, ne valait pas la peine que j'use de ma cervelle pour leur nuire alors qu'il ne m'avait rien fait. J'aurais pu la mépriser pour la pauvreté de son compte en banque, un millième du mien en fait, et pourtant, j'y faisais rarement allusion. « Tu devrais éviter ce genre de langage, ça te donne l'air encore plus vulgaire que tu ne l'es déjà. » Vulgaire ? Moi ? Elle se foutait ma gueule la blonde décoloré ou quoi ? La vulgarité était une chose que je ne supportais pas chez une femme. C'était justement pour ça que je donnais l'exemple à des millions de jeunes filles sur la planète depuis mon adolescence. Liberté mais classe. Les seules erreurs que j'ai commise sont la vente de drogue et la soirée avec Gaulthier. A part ça, je me faisais un devoir de ne pas enfreindre certaines limites qui pouvaient être répréhensible. « Premièrement, je ne suis pas vulgaire. Quand tu ne sais pas la bonne définition d'un mot, abstient toi de l'utiliser. Deuxièmement, le seul mot outrageux dans ma phrase était bordel qui le synonyme familier de désordre. Une chambre en bordel tu connais ? » Etudiante en communication ma vielle, tu avais oublié peut-être ? Ce n'était pas parce que j'étais blonde que j'étais aussi ignare que toi. Il ne faut pas essayer de se mesurer à moi Kira, tu n'y arriveras pas comme ça. Un petit sourire ironique pour la route. « Le shopping n'est pas uniquement réservé aux riches, tu sais. » Ah, mais ça je le savais bien vu que tu étais dans le centre commercial alors que je venais de claquer le salaire de toute ta famille réunis en une seule fois. Je n'empêchais personnes de faire du shopping, chacun avait le droit de dépenser son argent comme il l'entendait. Mais ne vous étonnez pas après d'avoir votre compte à découvert parce que vous avez acheté une paire de chaussure qui avait prit tout votre salaire. Et bien plus. « Mais tu fais du shopping comme tu veux petite blonde ! Je me demandais seulement pourquoi les agents de sécurité n'avait pas vu quelle malhonnête petite fille tu étais. » La guerre était déclarée entre elle et moi. Sa vision devant mes yeux m'était insupportable. Elle m'avait trahis, trompé, mentis. Quelle genre d'amie, aussi superficielle que l'on pouvait l'être, faisait une chose pareille ? Je n'en revenais toujours pas. Mon visage n'exprimait rien, mon habituel masque de froideur était en place. Seul un rictus au coin de mes lèvres pouvait trahir le dégoût que j'exprimais pour elle. Enfin, il me fallait ces p**** d'explications. Maintenant. « Tu peux m'expliquer ce qui t'as poussé à faire ça l'autre soir ! Pas que j'en ai besoin pour vivre, mais même des "amies" aussi peu proches que nous avons droit à une part de vérité. » Ma tête se pencha sur le côté. « Tu ne penses pas ! » Je pris le reste mon café et le jeta dans la poubelle la plus proche. Ecolo la blonde. Mon sac contenant mes nouvelles chaussures que j'avais acheté dans une petite boutique vintage à la sortie du centre à la main, je pris la direction du guichet pour payer ma consommation et me prendre un cookie tout chocolat noir sans gluten à emporter. Il était tout près de ma table, aussi je n'eus pas à aller très loin. Jetant un coup d'oeil par dessus mon épaule, je vis que Kira était toujours là. J'avais l'impression désagréable que notre confrontation était loin d'être finie.

Être libre de mes mouvements et consciente de mes actes étaient quelques chose de très important pour moi. Le contrôle me procurait ce plaisir jouissif qui pouvait être qualifié de presque malsain. Quand j'avais été sous l'emprise de l'alcool, je l'avais perdu. J'avais vu flou, avait crut ce qu'on me disait et avait été malade comme un chien le lendemain matin. J'avais été vulgaire sur ce coup là. Alors quand Kira m'avait dévisagé de bas en haut comme on analyse une poupée gonflable dans un sex shop, je me suis sentie quelque peu gênée. Je n'avais pas l'habitude de ce genre de chose à mon égard. C'était nouveau car justement, le contrôle m'échappait. « Il suffit de te regarder pour en comprendre la signification. Et épargne-moi tes leçons d'anglais, n'as-tu rien de plus intéressant à me raconter ? » Oh, la garce ! Avec ma robe blanche et mes bottes noires, j'avais l'impression d'être cette poupée gonflable tout à coup. Jugée sur l’apparence et non sur le fond de ma pensée. J'étais peut-être vulgaire à certains moments, ayant des moeurs légères, mais je ne me considérais pas comme telle et qu'elle le fasse était dérangeant. Je répliqua en la traitant de malhonnête petite fille. J'avais tapé dans le mille apparament. Un éclair est passé dans ses yeux. La petite Kira qui se croit parfaite à fait quelques conneries dans sa jeunesse. Moi la drogue, toi sans doute le vol. « Il faut croire qu'ils sont aussi naïfs que tu l'as été. De plus je trouve bien audacieux qu'une fille qui ne sait pas contrôler ses pulsions sexuelles après quelques bières me fasse la leçon. » De la bière ? J'avais ingurgité ne serais-ce qu'une demi bouteille de whisky avec du coca, et elle me disait que j'avais bu de la bière ? Elle avait de la merde dans les yeux cette fausse blonde ou quoi ! Et puis, en quoi mes pulsions sexuelles la concernait ? Je baisais avec qui je veux et je contrôlais cette partie de moi, même en étant soûle. Si je l'avais fait avec Gaulthier ce soir là, c'est que j'en avais vraiment envie, pas que c'est venue sur un coup de tête. Même si son identité ne m'a été révélé que plus tard, sur le moment, il avait été Edward. « Merci de t'inquiéter de ma naïveté, mais je n'avais aucune connaissance de Gaulthier avant ce soir là. Entendu parler oui, mais jamais vu ! Alors excuse moi d'avoir fait erreur sur la personne. De plus, je fais ce que je veux avec mon corps. Je ne regrette pas d'avoir été sauté par lui, mais plutôt de ne pas avoir su son nom plus tôt. » Non mais ! Elle était frustrée ou quoi l'autre blonde. Apparemment, chez les Oméga, ça n'y allait pas très fort niveau sport de chambre. Cependant, la vérité n'était toujours pas dite, et malgré que j'avais mon cookie extra chocolat dans la main, j'avais toujours autant envie de trouver une réponse à ses actes. « Poussée à faire quoi ? Je t'ai simplement indiqué un charmant jeune homme - bien que, dans ton état, un laideron aurait très bien pu faire l'affaire - que tu t'es empressée d'aller séduire sans une once de délicatesse.» Un laideron ? Même bourrée, je ne mettrais pas un laideron dans mon lit. Et si je l'avais séduit sans une once délicatesse, je doute fort qu'il aurait accepté de coucher avec moi le Levy-Carcenac. Il avait du goût tout de même. « C'est sur que tu aurais pu choisir pire ! Ça, je te l'accorde ! Et je n'étais pas si soûle que ça tout de même. » Un peu de respect jeune demoiselle. « Ce n'est pas mon problème si tu t'attendais à passer la nuit avec Edward plutôt qu'avec son sosie. » Le pire dans l'histoire, c'est qu'elle savait qui était Edward. Et j'étais sure et certaine qu'elle avait conscience que Gaulthier n'était pas Edward. « C'est sur que quand tu connais pas le sosie d'une personne, c'est difficile de faire la différence. De plus, je te ferais dire que Gaulthier n'est pas à sa première fois pour se faire passer pour Edward. Alors tes leçons de morales gardent les pour toi ! » Je croqua dans mon cookie et secoua la tête d'un air énervé. je voyais bien que ma colère l'amusait et cela m'horripilait encore plus. Je m’exhortais au calme et à la patience. Ce qu'elle me racontait me semblait complètement absurde. De telles personnes me sortaient par les yeux. S'amuser en blessant quelqu'un. En même temps, je me disais ça, mais je faisais la même chose avec des gens parfois. Sauf que je prenais ceux que je n'aimais pas, qui me sortaient par les yeux, n'ayant aucun intérêt pour moi. « Tu as beau vouloir dire ce que tu veux, je veux juste savoir si c'est quelque chose que tu as contre moi qui t'as donné l'envie de faire ça ! Si au moins, tu avais une raison valable. » Là était la question. La raison ! Jalousie, envie, haine, ennui, ou autre ! Juste une putin de bonne raison. Si elle me disait qu'elle s'ennuyait, j'aurais compris. Je faisais la même chose avec Aurea. Tu t'ennuis, tu prends une cible et tu lui fais vivre un enfer. Mais pourquoi sur moi ? Je n'avais jamais rien fait à Kira alors ça me restait un peu en travers de la gorge cette histoire. « Même si c'était par ennui, j'aurais compris. Je veux juste une raison. »