Que lui avait-il pris de prendre la voiture et de quitter la ville ? Elle s’en souvenait maintenant, elle avait eu besoin de quitter son train-train quotidien pour quelque temps. Ce n’était pas trop demander, de tout quitter pendant quelques heures et de laisser le monde tourner sans elle. Ce n’était pas comme si elle était si indispensable, si ?! D’accord, son médecin n’aurait peut-être pas approuvé qu’elle prenne la voiture dans son état pendant des heures, il n’aurait surement pas tord. Seulement, la jolie Sigma se souciait peu de ce que son médecin pensait à cet instant précis. Elle était enceinte, pas impotente et elle avait besoin de changer d’air, ce qu’il n’aurait surement pas compris. Raison pour laquelle elle avait quitté la ville sans prévenir qui que ce soit. Mauvaise idée surement mais, c’était la seule façon pour elle d’échapper à sa vie pendant quelque temps. La nuit était tombée alors que la jeune femme n’était pas encore de retour à San Francisco, ça ne la dérangeait guère mais, il n’était pas prudent de conduire en pleine nuit, encore moins dans son état. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua qu’un peu tard l’homme au milieu de la rue. Heureusement pour eux, elle réussit à l’éviter de justesse. Mais que diable avait-il dans la tête ? S’il voulait se tuer, il aurait pu au moins choisir une autre voiture que la sienne. Reprenant ses esprits, elle sortit de sa voiture, elle avait deux mots à lui dire. « Vous êtes inconscient, ma parole…Vous auriez pu nous faire tuer tous les deux ! » soufflant un bon coup pour dissiper la tension qui avait élu domicile dans son corps, elle s’approcha de lui. Après tout, elle était tout autant responsable. « Vous n’avez rien ? » Demanda-t-elle lorsqu’elle arriva à sa hauteur. A bien y regarder, cet homme semblait frigorifié et avec la nuit qui s’annonçait, cela était tout à fait normal. « Je vais à San Francisco, si vous voulez, je peux vous ramener ? » Ce n’était peut-être pas prudent de demander à un parfait inconnu de le ramener, il pouvait être un tueur en série ou un violeur ou même un cannibale, qu’en savait-elle ? Et elle, elle lui proposait son aide comme si de rien n’était. Ne jamais parler aux inconnus, sa mère le lui avait assez répété pourtant. Seulement, elle n’avait guère le cœur à le laisser au beau milieu de nulle part avec ce froid et surtout à cette heure-ci. Elle lui offrit un maigre sourire, tout ce qu’il pouvait espérer de mieux de la part de la brunette.

uLa jolie grecque se rendait compte qu’elle était de mauvaise foie, cet homme n’était pas totalement fautif dans cette histoire. Si elle avait fait plus attention à la route plutôt que d’être perdue dans ses pensées, elle aurait surement remarqué ce pauvre homme. « Non, c’est à moi de m’excuser, je n’ai pas pour habitude d’être si désagréable. » Lâcha-t-elle en soufflant. La nuit était déjà bien entamée et s’ils ne se décidaient pas au plus vite sur ce qu’ils voulaient faire, ils risqueraient de rester au milieu de nulle part, à la merci de n’importe quel fou furieux du coin. « Ne vous en faîtes pas pour moi, je vais bien et le bébé aussi…Plus de peur que de mal ! » Articula-t-elle un léger sourire effleurant ses lèvres. Certes, elle avait eu les mêmes craintes quand à son bébé mais, elle ne ressentait aucune douleur, aucun changement, rien de plus qu’une belle frayeur, cela voulait bien dire qu’elles allaient bien. « Enchantée de faire votre connaissance. Esmeralda Williams. Et bien, on va éviter de se faire dévorer à deux, il est préférable pour nous de quitter cet endroit au plus vite, si ça ne vous dérange pas ?! » Non pas que cette route déserte l’effrayait mais, elle ne préférait pas tenter le destin en s’y attardant encore plus qu’elle ne l’avait déjà fait. Retournant à sa voiture en compagnie de Noah, elle démarra pour prendre le chemin de San Francisco. Malheureusement pour eux, un problème arrivait rarement seul. Très rarement. Quelques kilomètres plus tard, la voiture dévia de la route, la jeune femme n'aurait su expliquer comment ils en étaient arrivés là mais, une chose était sûre: ils étaient maudits. Dévalant la pente en moins de temps qu'il fallait pour le dire, les deux passagers se retrouvèrent au fond d'un ravin. « C’est pas mon jour, c’est pas mon jour, c’est pas mon jour ! » Grommela-t-elle entre ses dents tandis qu’elle essayait tant bien que mal d’ouvrir sa portière. Comment avait-elle fait pour se retrouver dans cette situation alors que la seule chose qu’elle voulait en quittant San Francisco ce matin était de laisser les problèmes derrière elle. Se retournant vers le blondinet qui avait réussit, lui aussi, de sortir de la voiture, elle croisa son regard avant d’exploser littéralement. « Il y a toujours autant de catastrophes quand vous êtes dans les parages ou j’ai le droit à un traitement spécial ? » La jolie grecque détourna le regard pour inspecter les environs. La nuit était tombée depuis un bon moment déjà et malheureusement pour elle, aucun réseau. Elle était maudite, c’était là l’unique raison valable à tout ce qui se passait. « Il ne nous reste plus qu’à nous débrouiller seuls pour se sortir de là… » Lâcha-t-elle toujours sur la défensive. Il n’avait pas finit de l’entendre, elle ne comptait surement pas lui faciliter les choses en restant aimable et gentille tout au long du trajet. Enfin, s’ils réussissent à s’en sortir sans aucun psychopathe sur les talons, ce qui était bien moins sûr au vue des environs.

Elle sourit aux propos du blondinet, il n’avait pas totalement tord. « En partie oui… » Et aussi parce qu’elle se retrouvait au milieu de nulle part avec un parfait inconnu en pleine nuit. Quitter San Francisco n’avait pas été sa meilleure idée de l’année. De toute manière, cette année avait été peuplée de mauvaises décisions et d’évènements inattendus, elle n’était pas à ça de près. Le bon côté des choses était que Noah ne semblait pas être le psychopathe sans scrupule prêt à la découper en petits morceaux avant de la jeter à la mer dans des sacs poubelles. S’il se souciait de son état et de celui du bébé, c’était qu’il n’était pas complètement mauvais. Non ?! Mieux ne valait pas trop approfondir cette idée, elle risquerait de prendre des proportions inconsidérées. S’armant de tout le courage qu’elle possédait dans une telle situation, elle sourit à cet homme qui allait devenir son compagnon de la route. « Et bien, pas spécialement des chacals…Loups, psychopathes, cannibales, on a l’embarras du choix… » Laissa-t-elle échapper de sa bouche. Mauvais idée. Encore une fois. Ce n’était carrément pas le moment de faire de l’humour quand ce qu’elle disait pouvait s’apparenter à la réalité. Ni l’un, ni l’autre ne pouvait savoir ce qui rôdait dans les environs par cette nuit glaciale alors, mieux ne valait pas tenter le destin. Lui offrant un sourire qu’elle se voulait rassurant, elle démarra la voiture dans l’espoir de regagner San Francisco au plus vite. Malheureusement, une fois de plus, rien ne se passait comme prévu. Heureusement, Noah et elle n’avaient rien, elle sentait le bébé bouger, c’était un point positif. Seulement, ils étaient loin d’être sortis d’affaire. Comment allaient-ils faire pour quitter ce fossé au plus vite et regagner leurs chez eux respectifs. « Je conduisais très bien avant que vous ne décidiez que se mettre en pleine route relevait de l’intelligence…Qui plus est, tout se passait bien avant que nos chemins ne se croisent… » Esme était à bout, la journée avait été longue et rien n’allait en s’arrangeant. Elle n’allait surement pas écouter cet homme l’accusait de leurs problèmes sans réagir. C’était mal la connaitre. « Je vous en prie, dites tout de suite que ma grossesse pose problème ! » Lâcha-t-elle en le fusillant du regard. A ce stade là, les hormones n’étaient plus les seules en cause de son état. La peur et le froid y étaient pour beaucoup aussi et étant donné que Noah était le seul sur qui elle pouvait déverser sa frustration, il allait en subir les conséquences. « Après vous Sherlock ! Vous semblez vous y connaitre mieux que moi…Vous êtes surement habitué à ce genre d’incidents… » Bien que cette situation l’énervait, elle avait la présence d’esprit de rester très près du blondinet, pas besoin d’être à des mètres l’un de l’autre pour retrouver leur chemin. Quelques minutes plus tard, la brunette décida que le mieux à faire était de changer de sujet avant que l’un des deux ne décident de commettre un meurtre sur la personne d’à côté. Mais, elle ne promettait rien. « Vous faites quoi dans la vie Noah ? »

Elle avait froid, elle avait faim et pire que tout, elle était enceinte. Non pas que cela soit un problème en soi mais, ses hormones ne l’aidaient pas à avoir les idées claires, loin de là. Et cela n’était qu’une partie du problème. La jeune femme se retrouvait en compagnie d’un parfait inconnu, à devoir retourner chez eux à pieds. Elle n’était pas spécialement pessimiste mais, en cet instant, elle aurait pu jurer que le monde entier était contre elle. « Premièrement, je sais conduire, la preuve tout allait bien avant de vous croiser…Ensuite, avouez que tous les problèmes les plus improbables du monde vous tombe sur la tête…La preuve, votre voiture tombe en panne, je manque de vous écraser et maintenant, on est condamné à retourner chez nous à pied… » Elle commençait sérieusement à perdre patience, tout comme son compagnon actuel. « N’allez pas me dire que c’est une pure coïncidence…Je suis dans le regret de vous dire que vous êtes un aimant à problème, très cher… » Calmer le jeu aurait été une meilleure idée surtout s’ils devaient retrouver leur chemin par leurs propres moyens, se taper dessus ne leur servirait à rien. Seulement, Esme ne semblait pas vouloir lâcher prise et têtue comme elle était, cela ne risquait pas de changer maintenant. « C’est vous qui le dites ! » Lâcha-t-elle sans même s’en rendre compte. Mauvaise foie quand tu nous tiens. En temps normal, elle aurait réagit d’une toute autre manière, surement à l’opposé d’aujourd’hui ou de ce soir, plus exactement, seulement, elle voulait rentrer chez elle et ça ne semblait pas être pour l’immédiat. Noah allait devoir faire avec, même si de son côté non plus, les choses n’allaient pas mieux. Ils faisaient bien la paire tous les deux, à se tirer dans les pattes au lieu de mettre tout en œuvre pour trouver un moyen de se sortir de cette histoire malencontreuse. Marchant côte à côte, ils tentèrent de faire profil bas, pour ne pas envenimer la situation. « Je suis étudiante à Berkeley. » Elle posa une main sur son ventre, là où sa fille faisait acte de présence. « Et vous écrivez quel genre de livres, si ce n’est pas indiscret ? » Il faisait nuit noire et le chemin semblait encore plus long que prévu. Pas sûr qu’ils tiennent tous les deux jusqu’au bout. « Avec un peu de chance, quelqu’un viendra vous chercher en ne vous voyant pas arriver, non ?! » La jolie brune n’y croyait pas vraiment mais, il n’était pas interdit d’espérer.