Finalement, c’est fini par arriver. J’ai enfin réussi à trouver qui manquait dans mes comptes, la seule personne que je n’aurais soupçonnée. Une jeune fille, bien évidemment ; il n’y a qu’elle que je ramène chez moi, mais au lieu de penser que ce soit une fille que je pensais proche de moi et qui n’aurait pas osé faire ça, j’ai pensé que ça serait une fille d’un soir qui voulait me faire une mauvaise blague. Je ne l’avais pas perdu en faite, on me l’avait pris, pris pour éviter que je m’en aille, et cela je ne pouvais le reprocher aux autres. J’ai envie de rester, mais je n’ai pas le choix, j’ai un couteau sur la gorge, et plus je prends de temps, plus je mets mes proches en danger, et je ne veux pas qu’ils leur arrivent quelque chose, je m’en voudrais à vie s’il leur arrivait un drame par ma faute. J’ai donc fait toute l’université, de fonds en combles, cherchant cette mystérieuse demoiselle qui a réussi a percer mes défenses et a prendre ce qu’elle avait voulu, je me souviens quand je l’ai connu, elle était toujours comme ça, farceuse et elle avait tenté de m’empêcher de faire une bêtise à ces yeux. Malheureusement pour elle j’ai enfin découvert que c’était elle qui avait mon passeport. J’en suis sûr et de toute façon, je ne la lâcherais pas tant qu’elle ne m’aura pas prouvé le contraire, que ce n’est pas elle qui l’a. Mais je sais que c’est elle et personne d’autre qui me l’a pris pour ne pas que je ne parte à mon destin. Je rentre dans le bâtiment ou elle est censé se trouver, je montrais ma carte d’étudiant à la personne qui s’occupait de gérer l’informatique et si les élèves étaient là, ou pas, en clair pouvoir voir le dossier et pour la sécurité il fallait prouver que l’on faisait bien parti de Berkeley. On me confirma cela et on me donna la salle, je devais finalement prendre l’ascenseur et actionna le bouton du 4iéme étage. Lorsque les portes s’ouvrirent je croisais son regard et je souris, alors qu’elle entrait dans l’ascenseur, actionna le bouton du rez-de-chaussée, elle partant, nickel. Mon identité sortit de ces belles lèvres et mon sourire ne fit que s’agrandir. En y pensant, cela faisait un bon temps qu’elle & moi nous ne nous étions pas vu. Mais maintenant, j’allais rattraper le temps perdu d’une manière ou d’une autre, je ne lui laissais pas le choix. Je ne répondis pas tout de suite mais j’attendis un peu, laissant le silence faire son boulot, mettre un peu de sa lourdeur avant que je ne fasse quelques mouvements et appuyer sur le bouton rouge de l’ascenseur pour le bloquer. Elle semblait surprise et elle pouvait l’être, en tout cas j’ouvrais enfin la bouche pour répondre à toutes ces questions, du moins, sa question. Moi j’avais des questions, en faite, une, mais qui a de l’importance « Alice, je sais tout. Je sais que tu as mon passeport, je suis sûr que tu t’attendais à ça. – Je m’approche d’elle et passe mon bras contre le mur pour me soutenir et rester proche d’elle, mon regard dans le sien, ne le lâchant pas – Je veux que tu me le rendes ma belle. – Un nouveau blanc, mais moins long. – Je vais bien sinon et il ne se passe rien de beau à part ça ma belle, et toi ? » Un sourire espiègle sur mes lèvres, je n’allais pas la lâcher. Mon regard était moitié sérieux, moitié dragueur, une fille comme elle ça plaisait, surtout l’intimité que nous avions tout deux à cet instant précis. Je ne disais rien d’autre, j’attendais juste qu’elle réponde. Elle & moi ça remontait à la rentrée je crois, même un peu après, avant que je ne parte pour la France avec Aislynn, tout était bien dans ce temps là, je n’étais pas seul et j’avais une belle fille avec moi ; pas qu’Alice est moche. Mon père adoptif était là pour m’écouter, mais comme d’habitude, il fut un temps ou tout bonheur explose et me voilà asservi par moi-même. Je n’ai plus rien, à part mon propre corps qui décide encore ce que je veux faire ou ne pas faire, et heureusement d’ailleurs. Je ne sais pas si elle va résister ou pas, en tout cas je ne l’espère pas, je suis un peu las. Même si j’ai un sourire de triomphe sur les lèvres d’avoir enfin une certitude ou se trouve ce foutu passeport, je ne suis pas encore gagnant, et c’est bien là le problème de notre histoire, à elle & moi.

Encore une fois la demoiselle essayait de démentir ; je n’avais que des suppositions c’était certain, mais j’en étais presque certain. Je ne lâcherais donc pas le morceau jusqu'à qu’elle cède, elle. A quoi jouait Alice ? Je ne savais pas, et je ne voulais pas vraiment savoir, je voulais juste récupérer mon passeport et faire voile vers la Corse. Vers mon destin et rien d’autre, une issue sans secours, j’irais vers les ombres de mon passé sans que je ne puisse en faire autrement. Voilà ce qu’est la vie, et Alice voulait me mettre un peu d’espoir en bouche, mais ce n’était pas de l’espoir à mes yeux, mais de la bêtise, de la sottise à l’état pur, et un manque de compréhension de sa part. Personne ne pouvait me comprendre, personne n’était à ma place et personne ne le seras jamais. Je devrais faire avec et j’écoutais ces mensonges les uns après les autres, je savais qu’elle mentait, j’en étais persuadé, mais au fond, si je me trompais, on pourrait croire cela à une prise de démence. Merde. Elle m’embêtait en plus, me provoquer, elle ne prenait pas les risques de la vie à l’état pur, elle n’avait jamais eu la vie de quelqu’un sur les épaules, et encore moins sur la conscience, ce n’était pas mon cas non plus mais ça avait failli l’être, foutu corse de père. Je devais les rejoindre et donc avoir mon passeport et donc être là-bas à cette date butoir sinon ils viendraient, je le savais. Elle ne me donnerait rien, elle était résolue et malheureusement pour elle je suis aussi têtue qu’elle, alors elle devra se montrer patiente si elle voulait sortir d’ici. Moi aussi, je n’allais pas être énervé, je ne l’étais pas, j’étais juste à cran et je ne la comprenais pas, comme elle ne pouvait pas me comprendre. Nous étions donc deux incompris dans un ascenseur que j’avais bloqué pour récupérer un soi-disant passeport qu’elle avait en sa détention. Je ne répondais rien, je laissais ce blanc et j’écoutais toutes ces réponses à mes questions, mon regard la déshabilla de haut en bas, oui, je la matais et alors ? J’avais bien le droit, elle me mettait dans un état pareil alors que la vie de mes proches ; elle comprit, pouvait être mise en danger. Si jamais je dois crever en allant là-bas, je ne voudrais pas avoir une mort sur la conscience, là seul mort que j’ai est celle de mon père que je n’ai point aimé, juste haï. Je devais lui répondre car je ne supportais plus ce silence, je ne jouais pas, mais je ne voulais pas lui faire peur, mais à part la peur chez les gens, comment leur faire comprendre à quel point nous sommes sérieux ? Je ne sais pas mais en tout cas je lui ferais dire ce que je veux, d’une manière ou d’une autre. Je m’approchais d’elle, mes deux mains autour d’elle à présent, je pouvais avoir l’air menaçant, et je rapprochais mon visage du sien, on pourrait croire à une intimité accrue et que j’allais l’embrasser, mais je gardais quand même une marge de sécurité ou elle pensait que je sois un gros pervers qui allait la violer dans cet ascenseur. « Ce que tu ferais avec mon passeport ma belle ? M’éviter de partir voir ma chère famille Corse, car je sais que tu es au courant pour moi, alors, s’il te plaît Alice.. Rends-le-moi, j’en ai besoin. » Je ne voulais pas me répéter et j’espére qu’elle allait coopérer, mais bien sûr ça ne serait pas le cas, sinon ça aurait bien trop été facile. Elle ne semblait rien caché sur elle à part son sac de cours que je fouillerais si je perds patience, et si elle ne coopère pas. Mon regard dans le sien, les murmures que je lâche ne sont que mes réponses à son égard, et je ne veux pas qu’elle se sente mal, je voulais au contraire là mettre bien, en aise. Car voyez-vous, Alice est attirante, elle n’est pas moche, et elle me plaît. Si je devais payer de mon corps pour avoir mon passeport, je n’hésiterais pas à le faire, mais pour l’instant je devais me montrer patient et vigilant, c’est une Omega, pas pire qu’une Gamma mais je savais qu’elle était maline et aussi têtue que moi, ça suffisait à mettre en garde un moi qui soit aussi proche d’elle, un coup de genou dans les parties et je verrais les étoiles. Je prendrais garde, je ne m’inquiète pas et je réponds encore une fois, dans un murmure « Excuse moi si je t’agresse beauté.. je suis juste venu chercher ce que je sais que tu as, et j’en ai marre de me répéter, alors, bon dieu, rends-le moi Alice ! » Je ne m’énervais pas, je suis juste impatient, et je suppose qu’elle peut le comprendre si c’est elle qui l’a. Je plante mon regard dans le sien, et par envie je frôle ces lèvres, puis je recule, je ne veux pas abuser des bonnes choses alors je préfère rester raisonnable, ce n’est pas son corps, ni faire l’amour dans un ascenseur que je suis venu chercher, mais bien mon passeport. Je ne pense pas qu’elle l’ait gardé sur elle, mais je vérifierais sa chambre s’il le faut. Je recule et me colle au mur d’en face, pour éviter son courroux, la regardant dans les yeux, je suis à côté des boutons et je surveillerais ces boutons si elle tente quoique ce soit pour s’échapper ; j’ai l’air un peu dément je l’avoue, mais j’ai réellement besoin de ça, je murmure alors de nouveau « Ce passeport est mon billet de sortie de Berkeley, si je n’y vais pas, des choses que je ne voudrais pas pourrait se passer, je ne tiens pas à avoir ça sur la conscience, tu préfères les avoir toi ? » Voilà qui donnait à réfléchir et j’espérais qu’elle allait réfléchir, ou bien m’embrasser.