Un nouvel éclair balaye d'une lumière inquiétante la chambre de la petite fille, achevant de la tirer du demi-sommeil dans lequel l'obscurité l'avait plongé. Loua n'a jamais aimé devoir aller se coucher en plein orage. Non pas parce que le tonnerre ou la foudre l'effraye, non certainement pas. Mais bien parce que ces stries de lumière tombés droit des nuages la fascinent et qu'elle aimerait pouvoir rester accoudée au rebord de sa fenêtre tout le long pour ne rien louper du spectacle météorologique. Et entre le vent qui secoue les arbres, la pluie battante sur le carreau et les grondements du ciel, le show de ce soir est grandiose. Impossible de trouver le sommeil pour notre petite Louna, assise en tailleur dans son lit de princesse dans sa chemise de nuit préférée, rose pour changer. Mais elle s'ennuie. Si regarder par la fenêtre l'a amusé quelques minutes, elle préférerait maintenant pouvoir parler à quelqu'un même si Alfred avait établi le couvre-feu en la bordant il y a de ça une heure. D'ailleurs à qui aurait-elle pu parler à part lui ? Deidi est en dîner d'affaire et parler à Pantoufle, c'est amusant 5 minutes mais même à 6 ans, on se lasse assez vite de faire la discussion à un matou qui préfère dormir que vous écoutez. Mais soudain, elle se redresse. Mais oui, elle n'est pas seule dans la maison ! Comment a-t-elle fait pour l'oublier aussi facilement. Depuis quelques jours, une amie de Deidi a élu domicile dans la chambre d'amis, voisine de celle de la fillette. Les deux n'ont pas eu l'occasion d'échanger beaucoup, la jeune femme semblant ne pas trop savoir s'y prendre avec les enfants et Louna n'avait pas voulu insister par timidité. Mais ce soir, au diable la timidité ! Elle ne voulait pas dormir et quand la petite Irlandaise avait une idée en tête, bonne chance pour la lui faire oublier. La fillette sort donc de son lit sans prendre le temps d'aller la lumière. Mieux vaudrait éviter de se faire prendre quand on enfreint les règles d'Alfred ! Enfin, il ne la punirait sûrement pas bien méchamment mais la petite Louna n'a jamais beaucoup aimé les remontrances. Autant dire que ce n'est pas ce soir qu'elle va apprendre à les apprécier.

Au bout du couloir du premier étage, un filet de lumière s'échappe de sous une porte. Bonne nouvelle, Aengus ne dort pas et elle va peut-être bien vouloir passer un peu de temps avec elle le temps que le sommeil la gagne. Elle s'approche de la chambre à pas feutrés et toque un coup avant de tourner la poignée.
« Aengus ? J'arrive pas à dormir. Tu dors toi ?[b] »
Elle cherche du regard la jeune femme mais sa vue va bientôt se retrouver légèrement entraver. Dans un bruit sec, toutes les lumières du château viennent de s'éteindre en même temps. Sûrement une coupure d'électricité liée à l'orage. Mais Louna n'en perd pas pour autant sa motivation en avançant à tatons dans la pièce. Elle chuchote à présent mais continue à chercher.
« [b]Aengus ? Aengus t'es là ? »
Les mains de la fillette tombent enfin sur quelque chose de tout mou mais apparemment, c'est le lit, et pas quelqu'un d'humain. Bon, il va falloir encore chercher dans ce cas-là.

Je ne fais que des bêtises, des bêtises...
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Avec Louna O'Malley

C’était de trop. Pas juste, un peu trop mais réellement de trop. Le malaise ne cessait de grandir, devenant plus imposant que le domaine lui-même ou elle tentait de dormir actuellement. Le luxe en attirait plus d’un, l’argent faisait briller les yeux et la réussite sociale provoquait l’admiration. Aengus s’effrayait devant cette immense bâtisse et elle n’avait qu’une envie : déguerpir. Pourtant tout était fait pour la mettre à l’aise. Une chambre confortable ayant probablement la superficie de son ancien studio à New York, de bons repas, une agréable compagnie, tout ce dont elle avait besoin s’offrait à elle mais… ce n’était pas son univers. Ici, Aengus se sentait comme la poubelle ou la petite tâche qu’on ne parvenait pas à effacer. Ses tenues restaient modestes, sans la moindre marque, son langage familier et ses manières parfois sauvages. En somme, elle était la sorcière de l’histoire ou la famille crapaud hébergeant le prince transformé en crapaud.

Alors elle essayait de bien faire, une erreur venant de sa part. Plus elle s’entêtait à vouloir briller et plus elle s’humiliait. C’était la dure loi d’être Aengus. La seule consolation dans cette histoire était la possibilité de voir James. Néanmoins, cette étalage de réussite lui rappelait à quel point elle n’était rien et que sa vie n’était qu’une sombre merde. Tournant et retournant dans son lit, Aengus ne parvenait à trouver le sommeil. La blondinette ne supportait pas la nuit. Elle apportait son lot de question, des ténèbres qui la remuaient et divers autres petits désagréments. L’insomnie faisait des siennes, comme toujours. Se ne fut qu’en remarquant la rayure d’un éclair au travers la fenêtre qu’elle se redressa dans son lit. L’Irlande offrait toujours de magnifique spectacle et elle rappelait toujours lorsque son père la poussait devant la fenêtre pour la forcer à regarder les éléments se déchainer. Les premières fois, elle avait tremblé comme une feuille pleurant et implorant son père de la laisser se réfugier sous la couette. La correction reçue cette fois là avait été assez importante pour ne plus jamais laisser ‘Gus implorer et supplier, qu’importe la raison. Une chose était sûre cependant, l’orage rapportait toujours le même inconvénient…des coupures d’électricité.

Dans un soupir, Aengus tourna l’interrupteur pour allumer la lampe de chevet. Il était temps d’aller fouiller un peu dans son sac de voyage. Elle était sûre d’avoir une lampe de poche. C’était tellement pratique durant ses explorations nocturnes. Il lui sembla entendre quelques coups frapper à la porte. Le regard pâle de la blonde se tourna alors en direction de la porte. Merde… Louna. Avait elle un souci ? Les plombs avaient ils sauté uniquement dans sa chambre ? Etait elle malade ? Avait elle faim ? Pourquoi n’allait-elle pas voir James ? La réponse s’offrit à elle rapidement. James n’était pas là. Se mordant la lèvre inférieure, ‘Gus n’eut pas le temps de s’interroger sur la meilleure méthode à emprunter avec la petite. La lumière se coupa net, pile à l’ instant où un éclair fendait le ciel. Continuant de fouiller dans le sac, elle retrouva enfin sa lampe de poche. Poussant le bouton de sa petite lampe, elle tourna ensuite la lumière vers la fille de James. Que devait elle faire avec une enfant ? Elle n’avait pas la moindre idée des codes sociaux ou de la meilleure façon de se comporter avec une petite fille. Elle-même n’avait pas réellement était une petite fille alors…

« Je suis là. »

Se signala enfin Aengus sans bien savoir quoi dire de plus. Elle se redressa, abandonna son sac à dos ouvert contre le mur de la pièce. Que portait-elle déjà avant de coucher ? Habituellement, elle dormait nue… ou en culotte mais dans ce grand château ou tout le monde semblait tirer à quatre épingles, ‘Gus préférait portait un long T-shirt d’un vieux groupe de rock. Pour cette fois, c’était Mötley Crüe. Ce n’était probablement pas le meilleur exemple à donner à Louna que la vie alcool, sexe et rock n’ roll mais sur l’instant, ‘Gus n’y pensait pas. Elle était habillée et c’était le principal. Ses jambes, longues fines se marquaient ca et là de bleus et petites bosses. Se penchant à nouveau vers le sac, elle tira un pantalon. Elle avait pour habitude de se présenter toujours totalement habillée.

« Qu’est ce…que…que veux tu ? »

‘Gus tentait tant bien que mal de se montrer poli et intéressée quant au motif de la visite de la jeune fille. Cependant, ‘Gus n’avait pas réellement de tact et elle n’en avait d’ailleurs jamais eu ou très peu. Elle demeurait du genre direct et sa timidité la poussait parfois à parler avec trop d’empressement ou de fermeté.

La fillette cligne des yeux et tente de se protéger de la lumière vive qui l'éblouit à présent. Les traits tordus dans une grimace, le temps de s'habituer un peu à cette soudaine luminosité. Mais apparemment l'invitée de son père ne semble pas en mener plus long qu'elle par cette nuit d'orage puisqu'elle était debout à l'autre bout de la chambre, bien loin du lit sur lequel avait échoué la gamine.
« Baisse la lumière. J'vois rien ! »
C'est vrai qu'avec l'obscurité de sa chambre dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs heures et maintenant, ses yeux sont plus habitués à déceler les ombres de la nuit qu'à affronter la lampe de poche de Gus. Un grand sourire s'étire sur les lèvres de Louna. Au moins elle n'est plus seule maintenant. A la fenêtre, la pluie continue de battre fort, créant un fond sonore répétitif et étrangement rassurant pour la petite fille.
« Qu’est ce…que…que veux tu ? »
Bon eh ben si elle le demande, Lou ne va se gêner pour entraîner la blonde gracile dans ses envies d'enfant. Assez vite, elle bondit sur le sol, pieds nus et dans sa chemise de nuit toute rose pour attraper la main de Gus et l'entraîner aussitôt dans le couloir en sautillant.
« J'arrive pas à dormir. T'arrives à dormir toi ? On va manger un truc ? Allez, viiiiens. S'il-te-plaît. »
Le regard un peu suppliant, elle continuera à tirer sur le bras de cette fille dont elle ignore tout jusqu'à ce qu'elle cède et la suive jusque dans la cuisine. Arrivée dans la grande pièce, la fillette retrouve son sourire. Deidi pas là, Alfred encore dans sa chambre vu qu'il est censé la surveiller pendant cette soirée où exceptionnellement, son paternel ne rentrera pas avant une heure très avancée de la nuit. Et comme tout père responsable et malgré son affection pour la jeune blonde, on ne laisse pas son enfant avec quelqu'un qui lui est parfaitement inconnu, ne serait-ce que pour rassurer le bout de chou. Bon, en ce qui concerne Louna, elle ne souffre aucunement de timidité et le fait de ne pas connaître plus que ça Aengus ne l'empêche pas de la « kidnapper » pour un pique-nique improvisé. La fillette tire une chaise doucement pour ne pas faire de bruit et grimpe dessus pour accéder au buffet. De là, elle ouvre le placard et en sort son saint Graal : le pot de Nutella. Et attention, il ne faut pas s'attendre à trouver un pot tout neuf ! Chez les O'Maley, le Nutella est une religion et les pots s'enchaînent si bien que celui qu'elle tend maintenant à Aengus est déjà bien entamé. Après le chocolat mou, elle lui lance un paquet de brioche tranchée avant de remettre pied à terre. La question de : tu aimes le chocolat ? Ne se pose même pas pour la jeune Irlandaise qui ne conçoit absolument pas qu'on puisse éprouver de la réversion pour son aliment favori. Pour finir d'accessoiriser leur pique-nique, elle tend un couteau à Aengus avant de plonger le sien dans le pot et de l'étaler sur une tranche moelleuse. Mais un bruit suspect se fait entendre dans le couloir, figeant Lou sur place.
« Miss Louna ? Vous êtes debout ? »
La voix d'Alfred. Il ne parle pas très fort au cas où la petite dormirait en fin de compte mais suffisamment pour être entendu. Et si elle ne veut pas se faire rouspéter, elles auraient tout intérêt à se cacher vite fait bien fait.

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Avec Louna O'Malley

Pouvait-on casser un enfant en lui tenant la main ? C’était la question que se posait ‘Gus juste quand elle sentit la peau de la jeune fille glisser sur la sienne. Maladroite et extrêmement peu délicate, Aengus n’en ratait jamais une. Elle avait toujours une tonne d’idées saugrenues et chacune d’elle apportait son lot d’ennuis. Les ennuis. A force de les fréquenter, une sorte d’instinct venait à se peaufiner et permettait de savoir quand les autres vous conduisez dans les ennuies. Alfred rodait dans le coin et Aengus voyait en lui une sorte de vieux pervers ou de parasite. Elle mixait peut être les deux. Si James et Louna semblait beaucoup apprécier Alfred, Aengus nourrissait envers le vieil homme une sorte de crainte et de méfiance qu’elle vouait à tout étranger approchant de trop prés ses proches. Certes, elle était jalouse mais elle n’en toucherait rien à personne. Elle aussi voulait une place de choix auprès de James, une place qu’elle avait l’impression de ne plus réellement avoir ou juste d’avoir eu dans ses lettres, une relation chimérique.

Mais revenons-en à nos moutons et plus spécialement au mouton Aengus qui suivait bien sagement son petit berger : Louna. Cette dernière semblait parfaitement capable de se guider dans les immenses couloirs de cette baraque. Finalement, elle atterrissait dans une cuisine bien trop immense pour être réelle. Aengus se demanda un instant si elle dormait encore mais elle se rappela bien vite que James possédait de généreux comptes en banque et que ce château en plein Amérique lui appartenait. C’était fou ! Elle ne s’y ferait pas ! Un château en Amérique !!!!

Louna tira la chaise et Anegus approcha pour s’assurer qu’elle ne se ramasserait pas du haut de son perchoir. Bien qu’elle-même montait souvent sur des choses plus dangereuses. Elle était surtout là pour récupérer ce qu’elle lui tendait. Aengus était anorexique et le Nutella ne remportait pas un réel succès auprès de la blonde. Manger n’était pas une chose qu’elle appréciait. Elle suivait un régime strict pour intégrer l’équipe d’escalade et avoir une chance de devenir champion. C’était son rêve. Mais si la petite avait envie d’un petit repas nocturne, alors pourquoi pas ? Elle attrapa le Nutella que lui tendit Louna et tourna le couvercle après avoir coincée la lampe de poche entre ses dents. L’odeur de sucre et de noisette lui envahi les narines et elle cru bien qu’elle allait vomir sur le champ. L’anorexie était assez ennuyante comme trouble de l’alimentation. Elle vous poussait à refuser la moindre nourriture et elle se forçait déjà à manger durant les repas pour ne pas céder plus tard à une fringale nocturne comme celle-ci pour ensuite se rendre malade dans les toilettes.

La blonde attrapa la brioche de son unique main libre et recula tant bien que mal jusqu’à la table. Le pot trouva la surface de bois dans un petit bruit mat et sec. Mauvais calcule de la blonde. Le noir et la lumière dansante ne lui permirent pas d’évaluer correctement la distance.

« Bon appétit » Déclara enfin Aengus qui avait été muette jusqu’ici.

Lorsque la voix du majordome se fit entendre, elle tourna la tête mollement vers le bruit. Elle, elle n’avait réellement peur de se faire chopper en pleine nuit dans la cuisine. Elle n’avait pas d’ordre à recevoir de cet homme. Cependant, ca ne semblait pas être le cas de Louna qui semblait préferer se cacher. Aengus n’avait rien contre l’idée. Une partie de cache-cache pour faire tourner en bourrique le vieux, ca lui convenait. Ce n’était qu’un jeu peu méchant, Alfred ne pourrait leur en vouloir de s’amuser un peu ? Si ? Pour mieux passer inaperçue, Aengus baissa l’intensité de la lumière en tourna le fond de la lampe.

Il devait bien y avoir une autre sortie quelque part ! Comment Alfred pouvait il demander à Louna si elle dormait alors qu’ils étaient dans la cuisine ? Pas son problème. D’un geste souple, Aengus plongea le doigt dans le pot de Nutella. Elle en ressorti un peu du chocolat et tartina deux traits sur chacune de ses joues puis si Louna ne bougeait pas sur les siennes.

« Camouflaaaaage. » Chuchota t elle avant de refermer le pot avec habilité et choper la brioche de son autre main. Le tout remit à leur place, elle se décida à prendre une autre sortie en longeant le mur comme un agent secret. Elle se pencha doucement pour vérifier que personne ne serait là puis fit signe à Louna que le passage était libre.

Mince et mince. Si Alfred la trouve dans la cuisine, elle va avoir de gros gros ennuis et Deidi la grondera sûrement à son retour, ce qu'elle redoute plus que tout. Etre fille unique a certes ses avances comme un favoritisme évident et logique mais aussi ses désavantages à savoir qu'elle ne voudrait pour rien au monde décevoir son père. Sans sa mère, il reste son seul parent vivant et donc le seul à rendre fier et à ne surtout pas se mettre à dos. Vite, en un bond elle se cache sous l'îlot central de la cuisine, histoire d'être totalement invisible si jamais il décidait de passer par là. Un peu inquiète, elle n'ose pas trop gigoter et sursaute quand elle voit que Aengus l'a suivi dans sa cachette sous le meuble de cuisine. Il faut dire que la jeune femme n'est pas bien et n'aura aucun mal à se faire aussi discrète que la fillette pour le coup. A sa grande surprise, elle ne fuit pas simplement le majordome comme elle mais elle semble vouloir tirer profit de la situation pour faire tout autre chose que de sagement attendre de passer inaperçu. Non, apparemment, leur virée nocturne sera basée sur l'amusement, voilà tout. Lou pose une main sur sa bouche pour s'empêcher de rire alors que la jeune femme lui applique sa tenue d'agent secret sur les joues, à savoir deux traits de nutella de chaque côté. Mais bien vite, leur partie de cache-cache va s'avérer plus mouvementer. Aengus se faufile le long d'un mur, disparaissant quelques secondes, avant de lui faire signe de s'avancer à son tour. Discrètement, la fillette court sur la pointe des pieds jusqu'à se retrouver sur le mur voisin de celui de sa comparse de bêtises à venir. De là, elles ont une vue sur le salon, entièrement plongé dans le noir. Seul Pantoufle, le gros matou est étalé de tout son long sur le fauteuil et les observe sans bouger. Lou pose un doigt sur ses lèvres à l'attention du chat qui pour toute réponse, s'étire un peu plus avant de rouler sur le dos. Décidément, le jeu des humains ne l'amuse absolument pas et il s'en contrefiche. Tant pis pour lui, ce n'est pas ce qui va décourager Louna et sa coéquipière de mission secrète de mener à bien leur objectif : échapper au Big Boss Alfred. Comme c'est à son tour, elle s'assure que les lieux sont sûrs et dans deux trois pirouettes, rejoint la pièce suivante avant de faire signe à Gus d'approcher. A leur gauche le jardin. A cette époque de l'année, il ne fait pas très frais et ce serait même amusant de courir au milieu de l'herbe ou encore de grimper se réfugier dans sa cabane dans l'arbre. A leur droite, un autre couloir qui mène à la salle à manger et où Alfred rode sûrement. La fillette se retourne vers la frêle jeune femme, les doigts rassemblés en mimant un revolver fictif. « Où allons-nous agent Gus ? Je connais une planque dans le jardin sinon il faudra continuer à éviter le Big Boss. » Les films d'espionnages font partie des choses inhabituelles que la petite fille de tout juste 7 ans adore plus que tout et qu'elle prend un grand plaisir à reproduire seule. Alors là, se trouver une compagne de jeu, rien ne pouvait la rendre plus heureuse pour l'instant.

Louna semblait se prendre au jeu. Probablement une des qualités dues à l’age de la demoiselle. Muni de son maquillage de guerre et de camouflage, elle se lança dans le couloir dans une jolie pirouette. Aengus sourit doucement. Il était bon, parfois, de retrouver son enfance. Depuis combien de temps ne l’avait elle pas tâté ? En s’avança à son tour, Aengus veilla à ce qu’aucune trace de leur passage ne puisse être remarquées. Il ne faudra pas mettre la puce à l’oreille de ce majordome. Quoique, se serait aussi très plaisant de le voir s’évertuer à dénicher Louna et ‘Gus de leur cachette. Se changer en espion d’envergure international sur le point de sauver le monde et transformer Alfred en big boss n’avait rien de surprenant. Le château laissait imaginer multitudes de possibilités. Il était digne des meilleurs déco de film d’espionnage ou même d’horreur. Chasser le fantôme pourrait être amusant !

Aengus se penche vers le sol attendant le signal de Louna avant de se laisser rouler adroitement et retomber pile à coté de Louna. On n’était pas gymnaste pour rien non ? Une simple roulade ne la tuerait pas. A la proposition d’aller dans le jardin, Aengus leva un sourcil interrogatif avant de jeter un coup d’œil dans le jardin. Les éclairs fendaient le ciel d’où s’échappait des flots de pluies. L’orage grondait toujours et ses menaces pour l’électricité imposaient le noir de la nuit sur le château. Bien qu’un véritable espion n’hésiterait pas à sortir prendre une douche pour échapper au big boss, Aengus ne désirait pas finir trempée puis malade. De plus, elle estimait que la santé de Louna méritait autant d’égare que la sienne. Aussi, elle eut une bien meilleure idée. Glissant sur le mur pour se mettre à la portée de Louna, elle murmura :

« Attention à son bras droit Pantoufle. »

Elle pointa du doigt le chat qui se prélassait sur l’un des canapés. Le type de chat de luxe au poil parfait et à la dentition admirable. Ca ne l’empêchait pas de puer de la gueule et aussi, ‘Gus poursuivit :

« Il peut envoyer un gaz toxique. Mais avant toute chose nous devons aller récupérer les dossiers secrets et délivrer le président. »

Autant s’inventer une superbe mission à l’intérieur que de sortir sous la pluie battante. Un coup d’œil derrière elle lui permit d’entrevoir un rayon de lumière. Probablement Alfred et une lampe torche. Tapotant l’épaule de Louna, elle lui fit signe de rapidement avancer pour ne pas finir rattrapé par le majordome.

La fillette regarde en souriant sa comparse d'espionnage réalisée une roulade parfaite avant de se positionner à ses côtés. Elle n'avait jamais appris à en faire d'aussi belle et se contentait en général de faire des tentatives peu constructives sur son lit ou celui de son père le dimanche matin. Toujours soucieuse de faire le moins de bruit possible, elle se penche à l'oreille d'Aengus à présent à sa hauteur pour lui chuchoter quelques mots.
« Tu pourras m'apprendre à faire ça un jour ? »
Puis se reconcentrant sur leur mission première à savoir échapper au big boss et à son bras droit, elle positionne ses mains comme si elle tenait un revolver contre sa poitrine avant d'oser un coup d'oeil vers le salon. Traverser la pièce ne serait pas une chose simple. Pantoufle veillait même si de prime abord, il avait surtout l'air d'être endormi et de n'en avoir absolument rien à faire. Lou échangea un regard amusé avec Gus quand elle évoqua le gaz toxique. C'est vrai qu'un chat, ça ne sent pas très bon et c'était une manière parfaite de présenter la chose. Reprenant son sérieux, elle repositionne ses petites mains contre sa poitrine, prête à passer à l'action.
« Très bien agent Gus ! Nous ne devons pas perdre une seule seconde ! Occupons-nous de neutraliser le bras droit tant que le big boss n'est pas dans les parages ! »
Lentement et en longeant le canapé à moitié accroupi de façon à être aussi discrète que possible, elle approche de la position stratégique de Pantoufle, le chat devenu contre son gré un participant actif de leur histoire inventée de toute pièce. Elle pointe le bout de son revolver fictif vers son ventre en faisant mine de le prendre par surprise. Mais le chat, peu enclin à participer, se contente de rouler sur le dos en baillant avant de se mettre à ronronner comme un vieux moteur. L'agent secret Lou n'en perd pas moins son sang froid. Elle accourt vers sa co-équipière avant de se recacher contre le mur.
« Il a utilisé son alarme ultra secrète qui transmet des vibrations jusqu'au Big boss ! Il nous faut trouver une autre cachette avant d'atteindre l'endroit où est retenu le président. »
Toute trace de sommeil a quitté la petite fille et ce n'est sûrement pas l'orage qui continue à gronder au dehors qui l'effrayerait. Cela n'ajoute que plus de réalisme à leur thriller improvisé. Mais une lumière blafarde vient d'apparaître de l'autre côté du couloir. Sûrement Alfred …. enfin le Big Boss ! Lou attrape la main de Gus avant de l'entraîner dans le salon.
« Vite agent Gus ! Pantoufle vient de transmettre notre position ! Il faut qu'on se cache ! Derrière le canapé vite ! »
L'espace qui se trouve à cet endroit est étroit et à peine suffisant pour permettre à une petite fille et à sa comparse toute fluette de s'y faufiler et de rester cacher à l'ombre.

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Avec Louna O'Malley

Aengus sourit à l’idée d’apprendre à la demoiselle comment faire une roulade. Elle le ferait probablement. Que risquait-elle après tout ? Néanmoins, il faudrait l’autorisation de James. Imaginez que la petite ait des problèmes de dos. Enfin, de toute façon il n’était pas question de faire des galipettes dans le salon pour le moment.

Doucement, elle suivit Louna. Il était important de jouer le jeu et de marcher aussi proche du sol que possible. Impossible de se faire repérer. Les éclairs zébraient le ciel tandis que la pluie battait de plus en plus fort contre les carreaux de la maison. Enfin, si on pouvait appeler cet endroit une maison. C’était un immense espace pour aussi peu de personne à loger. Aengus emboita le pas à la petite. Lorsqu’elle pointa son arme imaginaire sur le ventre de Pantoufle, la blondinette sorti à son tour son arme imaginaire. Deux doigts en forme de canon, elle couvrit les arrières de la petite.

Elle roula donc derrière le canapé comme l’avait précisé Louna. Le besoin de se camoufler et de se replier pour éviter que le chat bras droit des vilains ne transmette leur position. ‘Gus fini par s’allonger au sol. Ramper lentement pas à pas sur le sol pour essayer de rester le plus discrète possible. Elle avança ainsi jusqu’à un fauteuil contournant le chat avec brio.Il était important de trouver le centre de toutes les opérations pour libérer le président.

« Tu sais ou se trouve le big boss ? » Demanda Gus en jetant un regard à la plus jeune.

Elle ne connaissait pas aussi bien le château que la jeune demoiselle. De plus, il ne fallait pas oublier que le majordome trainait toujours dans le coin. Il pouvait se montrer moins enclin à jouer que Louna et elle.

Prenant très au sérieux son rôle d'agent numéro deux dans une mission à portée mondiale, la fillette ne tarde pas à s'allonger à son tour sur le sol et à se mettre à suivre son aînée sur le sol. Bien sûr, même debout, légèrement courbée, elle serait restée invisible derrière le sofa mais il était bien plus amusant de suivre l'agent numéro un dans cette position qui ajoutait au réalisme. Dans le plus grand silence, elles réussissent à contourner le large fauteuil dans lequel se prélasse le chat, gradé au rang de bras droit du Big Boss, mijotant un plan diabolique destiné à perturber la paix internationale. Mais elles ne comptaient pas en rester là. L'Amérique avait placé tous ses espoirs en leur personne et elles ne pouvaient se permettre d'échouer. Leur seul moyen d'éviter un drame diplomatique ou pire encore si le président ne se présentait pas au conseil au sommet, comme l'espérait le Big Boss, était de le retrouver et de le ramener sain et sauf dans un endroit où il pourra être évacuer sans risque pour sa vie. Autrement dit, leur mission était risquée et le temps leur manquerait bientôt si elles ne gagnaient pas les étages supérieurs. Pendant quelques instants alors que la fillette se colle à nouveau contre un mur, fière comme un coq de son maquillage de guerre au Nutella et de ses petites mains censées mimées un revolver, elle se prend même à oublier sa robe de chambre et à s'imaginer dans l'une de ces combinaisons en simili-cuir excessivement moulante qu'on voyait dans tous les films d'espionnage. Leurs gilets pare-balles bien fermés sur leur poitrine, on les verrait courir entre des lasers, éviter des balles ou encore mettre une raclée à une poignée d'hommes en smocking et lunettes noires. Alors elles se rejoindraient au centre de l'écran pour clore ce générique, dos à dos, avec de vraies armes en main cette fois, les cheveux au vent et le regard dans le vide, la musique de Wonderwoman dans le fond. Nul doute que cette série d'espionnage ferait un tabac, enfin surtout dans le cœur de Lou mais décidément, cette gamine avait trop d'imagination. Revenant un peu sur terre, elle se tourne vers Gus pour réfléchir où Alfred … enfin le Big Boss … pourrait bien se cacher en ce moment même.
« Il doit être en train d'inspecter la salle à manger ou la salle télé. Nous pouvons en profiter pour progresser vers la prison du président qui doit se trouver tout en haut de cette forteresse. En route agent Gus ! »
Plus déterminée que jamais, elle bondit de sa cachette et monte les marches en prenant de grandes précautions.
« Attention aux lasers détecteurs de mouvement ! »
La fillette enchaîne les pas un peu étrange, mimant qu'elle échappe de justesse à plusieurs rayons qui avertiraient le majordome de leur position et enfin, elles gagnent le premier étage, celui des chambres, rempli de nouveaux pièges.