Période d'examens en route pour Berkeley, cela voulait donc dire un travail encore plus conséquent pour les professeurs. A son arrivée ici, Joe avait déjà songé à aménager son emploi du temps afin que cet emploi d'enseignant à temps partiel ne lui dévore pas l'intégralité de son emploi du temps déjà rigoureusement étudié. Il était un véritable carriériste dans l'âme et n'avait donc pas peur des longues journées à travailler, des extras imprévus, des dossiers de dernière minute ou bien des copies supplémentaires à corriger à l'université. Il lui suffisait de regarder la prospérité de sa maison d'édition ainsi que son colossal compte en banque pour retrouver le sourire. A compter du moment où il se ménageait du temps pour passer ses soirées en compagnie féminine et malmener les draps de son lit jusqu'à pas d'heure, tout allait pour le mieux... D'autant plus qu'il n'était pas un professeur tout à fait comme les autres. La sympathie, très peu pour lui. La moquerie, en revanche, était un art qu'il maîtrisait avec une telle rigueur qu'elle en devenait redoutable dès qu'elle s'appliquait à un élève ou même à l'un de ses collègues qui ne lui plairait pas. Tout en finesse, éducation anglaise oblige, mais avec un tel mordant qu'il en était parvenu à faire pleurer quelques découragés de troisième classe. L'éditeur partait du principe que si l'on souhaite se lancer dans des études, on est prêt à en payer le prix fort et à souffrir pour réussir. Joe avait passé un peu plus de dix ans dans deux universités différentes, ressortant avec quatre diplômes en poche menés de front par paire. Deux masters en droit et en économie, puis un doctorat en littérature & édition couplé à un master d'histoire. Voilà pourquoi il avait souvent tendance à mépriser les héritiers qui peuvent s'asseoir confortablement sur une grosse somme d'argent et se prétendre les maîtres du monde. Ils n'ont pas la moindre notion du travail et, par conséquent, ne seront jamais préparés à faire face à des requins tels que Joe Shark.

A la sortie de son cours de littérature anglaise et les impacts de Roald Dahl sur la jeunesse, il rangea ses affaires en précisant une dernière chose. "Les examens approchent, j'attends donc de vos copies un soin tout particulier aux sujets que je vous aurais concocté. Je précise, pour les plus désespérés d'entre vous, que j'accorde un quart de point à quiconque saura orthographier son prénom. Alors, révisez au moins vos papiers d'identité pour ne pas commettre deux fois la même erreur, monsieur Turner." Le regard bleu lagon de Joe se posa avec insistance sur le principal intéressé, non sans afficher un subtil sourire en coin qui fit rougir de honte l'étudiant en question. L'humiliation publique, c'est l'El Dorado du métier de professeur. Sur ces bonnes paroles, l'Anglais prit sa serviette en cuir puis sortit de la salle d'un pas vif et souple.
Direction le bâtiment administratif. Il avait quelques bricoles à voir avec les secrétaires du pôle financier et du gringue à faire à la réceptionniste. Il n'avait pour l'instant couché qu'avec 60% du personnel féminin de cette administration, il comptait bien s'occuper des 20% restants. Les derniers 20% sont des thons qui n'auront jamais leur place dans le lit de Shark. Celui-ci franchit les portes vitrées de l'entrée et s'arrêta à la réception en affichant son sourire le plus charmeur et poli qui soit. "Nancy, toujours aussi belle... toujours aussi mariée ? - J'en ai bien peur, Monsieur Shark. Vous la faites à toutes vos secrétaires, cette vanne ? - Parfaitement, mais la différence avec vous, c'est que je ne vous ai pas encore mise dans mon lit." Il arqua un sourcil en penchant la tête sur le côté, lui susurrant un murmure sur un ton grave et amusé. "N'ayez crainte, vous aussi vous aurez envie de céder à la tentation un jour..." Il repartit comme une fleur, laissant à la réceptionniste le soin de se débrouiller avec son sourire béat.

Tandis qu'il regardait le courrier qu'il avait récupéré au passage, une silhouette familière passa dans son champ de vision. Joe marqua l'arrêt, entama une marche arrière et tourna la tête en apercevant Timmy. Un élève Gamma qui faisait une mascotte formidable pour représenter tous les cancres de Berkeley qui ne prêteraient pas un soupçon d'attention à leurs études. Sa relation avec un élève sans la volonté de travailler et ne fréquentant même pas la moindre matière littéraire dans son cursus ? Elle est simple : Joe a-do-rait se la jouer "prof modèle" juste pour l'enfoncer davantage. Un connard ? Bien sûr, cela va sans dire. Mais par respect, on dit Monsieur connard. Il s'approcha du jeune homme puis mit une main dans la poche de son pantalon de costume. "Eh bien, en voilà une surprise. Pourquoi diable êtes-vous devant le bureau du doyen, monsieur Sanders-Tägtgren ? Venant de l'étudiant le plus sérieux de cette université, j'avoue être étonné." Ironie, quand tu nous tiens... C'était aussi divertissant que fricoter avec les ravissantes secrétaires de ce bâtiment.

Alors, on a encore fait une bêtise?

♥ « Les devoirs c'est sacré, or je ne touche pas à ce qui est sacré. » Depuis que j’étais arrivé, j’avais du passé dans le bureau du doyen une bonne vingtaine de fois. Sans bien sur qu’il m’engueule vraiment. De toute façon, il ne le pouvait pas. Il savait très bien que quoiqu’il dise, il ne pourrait me virer. Il ne sait pas qui je suis réellement, mais les ordres supérieurs sont bien plus importants. On lui a ordonné de me garder dans cette université, quoique je fasse. Ils l’avaient prévenu, du moins c’est ce que le doyen m’avait dit lors de notre premier entretien. Qu’il savait à qui avoir affaire. C’était encore plus intéressant pour moi. Franchement, que c’est bon de pouvoir faire tout et n’importe quoi, en sachant qu’on ne pourrait en aucun cas se faire renvoyer. Bien sur, il était obligé de me convoquer de temps en temps, sinon les soupçons se feraient tout de suite. Il me donne des heures de colle, que je ne fais jamais. Ici, personne n’a de pouvoirs sur moi. Que ce soit mes soit disant professeurs, les autres professeurs ou le doyen. Ils ne peuvent rien contre moi. Lorsque les ordres viennent d’en haut, on n’y peut rien. Comprenez un peu alors pourquoi je me sens tout puissant ici. En quelque sorte, je le suis. Personne ne peut m’atteindre. Pas même ce professeur Shark, que je ne connais de nulle part, et pourtant il semblerait qu’il m’ait dans sa ligne de mire. Cool. Même les professeurs qui ne m’ont pas, s’intéressent à moi. En même temps, un même comme moi, ça ne peut qu’être intéressant. On ne peut que vouloir trainer avec moi, ou même m’adresser une seule fois la parole. Bref. J’étais convoqué pour avoir insulté mon prof de psycho. Mais quel con celui-là. Comme s’il pouvait me tenir tête. C’est limite si je n’ai pas son âge, et il me prend de haut. Sa vie est naze, il est professeur quoi, et il se prend pour un bête de mec. Le pauvre. Je vous avoue que je le plains un peu. C’est vrai qu’il doit mettre un peu de piquant dans sa vie, sinon il s’y ferait totalement chier. Et bien je suis son piquant. Avec moi, il ne risque pas de s’ennuyer. C’est vrai que je n’y suis pas allée de main morte, mais il fallait aussi que je montre à toute la classe quel genre de mec je suis. A quoi ils doivent s’attendre avec moi. Ils l’ont vu. Je n’ai pas peur. Et ce n’est avec aucun stress que je vais voir le doyen. Encore une fois, il ne pourra rien dire. A part me donner je ne sais combien d’heures de colle, et me demander de faire mes excuses à ce professeur. Et puis quoi encore ? Je n’ai pas que ça à faire, et c’est totalement vrai. J’ai bien d’autres choses à faire ici, dans cette université, cette ville. Je ne sais pas ce que ce Joe Shark attend de moi, ou même souhaite faire avec moi, mais il n’y arrivera pas. Il veut me faire chier, je le ferais aussi en cherchant dans son passé. C’est ce que je sais le mieux faire ici lorsque quelqu’un me cherche des noix. Je cherche, et je leur lance ça en pleine figure. Ils n’ont ensuite plus rien à dire, ils ont voire quasiment peur. Tout le monde ment, et tout le monde cache quelque chose dans son passé. Personne n’est tout blanc. On peut-être d’un gris très pâle, mais jamais tout blanc. J’en avais la preuve. Cette jeune adolescente qui avait commit un meurtre, sans même savoir exactement ce qu’elle venait de faire. La vie est une biatch. Mais que voulez-vous ? Il faut bien qu’elle le soit pour qu’on avance. « Si seulement tu savais à quel point je peux l’être, sérieux Joe. » Je l’avais toujours tutoyé. Et dès la deuxième rencontre, je l’appelais par son prénom, grâce à une petite recherche faite. Diable pourquoi devrais-je le vouvoyer ? Il n’est rien pour moi, à part un sale type qui n’a rien d’autre à faire de sa vie. Il a peut-être le double de mon âge, mais ce n’est pas pour autant qu’il a fait plus de chose que moi. Parce que oui, entant qu’agent depuis six ans, j’en ai fait de ces choses, j’ai voyagé à travers le monde. Et oui, une fois que je suis à fond dans une mission, je deviens extrêmement sérieux, au contraire de ce qu’il venait d’insinuer ce ridé. Putain mais le pauvre quoi. A quarante ans et voilà qu’il avait déjà de ces rides. Même mon père n’est pas aussi ridé que lui. En plus il se croit trop beau à draguer toutes ces meufs. Ouais bon, malgré toute cette vieillesse, je l’avoue, qu’il n’est pas mal du tout pour son âge et pour un mec aussi con que lui. « Qu’est ce que je fais ici ? La même chose que toi. Je viens tenter ma chance avec Nancy. Mais entre nous deux, elle n’a pas besoin de faire un choix. » Sur le coup, il me donnait envie de poser un lapin au doyen et de continuer cette super conversation de mecs.

Il y a des professeurs modèles qui font tout pour voir leurs élèves réussir. D'une pédagogie irréprochable, toujours prêts à dispenser des cours supplémentaires pour les soutenir jusqu'au bout, souriants à tout bout de champ, toujours le mot pour faire plaisir, l'inquiétude pour le succès de sa classe à l'approche des examens... et il y a les professeurs comme Joe Shark. Businessman avant d'être enseignant, il avait la fibre des affaires à défaut d'avoir celle de la pédagogie. Règle n°1 : tirer le groupe par le bas et n'avoir d'attention que pour les moins faibles qui parviendront à se hisser la tête hors de l'eau. Écraser les misérables qui pleurnichent à la moindre remarque vexante, s'abstenir de toute forme de compassion et effectuer ainsi un tri drastique sur une masse d'étudiants pour la plupart insignifiant et sans goût pour l'ambition. Certains pourraient penser qu'avec une attitude pareille, Shark prenait son travail par-dessus la jambe, mais c'était tout l'inverse : il offrait une chance aux meilleurs d'accomplir leurs rêves au contact d'un professionnel indétrônable dans le milieu éditorial, médiatique et littéraire. Les autres n'auront plus qu'à se trouver un temps plein dans un fast food morbide pour payer les factures et entretenir le fantôme d'une vie de famille dans un appartement minable. Ainsi va la vie : le luxe pour les meilleurs et la crasse pour les plus faibles.
Voilà pourquoi, dans son incroyable don pour énerver son monde, exposer son arrogance et appliquer sa cruelle vision de la vie, Joe ne manquait jamais une occasion d'enfoncer les cancres qui passaient dans son champ de vision. Disons qu'avec son statut, il pouvait se le permettre. Il n'était peut-être pas un professeur apprécié, mais il était au moins respecté. Davantage par crainte, la majeure partie du temps. En revanche, il y avait un élève qui sortait du lot à Berkeley : Timmy. Cet étudiant était une véritable énigme à lui tout seul. C'était bien le seul qui osait le tutoyer d'une façon aussi familière et déplacée, lui l'aristocrate britannique et snob par excellence. Il ne doutait de rien et pourtant, il avait l'air de très bien vivre avec... ne faisant ainsi que renforcer l'envie sincère que Shark nourrissait à vouloir lui rendre la vie infernale jusqu'à ce qu'il daigne se mettre un jour au travail. "Ah oui ? Ce n'est guère étonnant, cela dit. Dans votre cursus « tourisme » avec une spécialisation en « dilettante scolaire », il semble évident que vous ne trouverez jamais quelqu'un qui vous arrive à la cheville." A ces mots, l'Anglais lui accorda un regard pour le moins amusé bien que son visage demeure toujours aussi neutre. La politesse et l'ironie des Britanniques sont absolument inimitables... certains la trouvent vieux jeu, mais il faut avant tout reconnaitre qu'elle ne manquait ni de classe ni d'élégance. Timmy pourrait même l'insulter que Joe ne perdrait peut-être jamais cette patience froide et sarcastique.

Le professeur de littérature pencha un instant la tête sur le côté en arquant un sourcil. Avait-il deviné les intentions salaces qu'il nourrissait pour cette réceptionniste ? En même temps, la réputation de l'éditeur Shark ne faisait pas l'objet d'un quelconque mystère et malgré sa flemingite aigüe en matière d'études, Timmy était tout sauf un idiot. Il croisa ses bras sur son torse et ne put s'empêcher d'émettre un subtil sourire du bout des lèvres. "Voyez-vous ça... il est vrai que le choix risque d'être rapide. Entre un blanc-bec inexpérimenté et certainement précoce à bien des niveaux, ou un homme d'expérience avec de l'endurance au compteur, j'imagine qu'elle préfèrera certainement l'assurance d'une extase qui dure plus de... je dirais une minute trente." ajouta-t-il en glissant à peine un regard sur l'entrejambe de Timmy avant d'arquer un sourcil pour le narguer. Il n'y a pas pire pour provoquer un homme que de remettre ses performances sexuelles en question. Joe accusait ces blagues sans s'énerver lorsqu'elles étaient dirigées contre lui et, au fond, il se doutait que Timmy ne devait pas être un aussi mauvais amant qu'il voulait bien le dire. En comparaison, il lui arrivait peut-être au niveau de l'orteil, et encore. "C'est donc uniquement pour prétendre à séduire une femme qui ne nourrit pas le moindre intérêt pour vous que vous avez fait du bureau du Doyen votre lieu de séjour favori ? Ou est-ce par peur d'être assiégé par la connaissance que vous évitez soigneusement des lieux un peu plus culturels ?" Un véritable connard, tout en finesse et en élégance. Dieu qu'il aimait ces joutes verbales avec cet étudiant en particulier. Car il ne se laissait jamais faire.

Alors, on a encore fait une bêtise?

♥ « Les devoirs c'est sacré, or je ne touche pas à ce qui est sacré. » Si seulement il savait une seule seconde ce que je fichais ici, il me laisserait surement tranquille. Mais en y réfléchissant un peu, j’aime bien ce côté chieur qu’il a envers moi. Il m’en devient presque une attraction. Certes, je manque de respect à pas mal de mes professeurs, mais avec lui c’est totalement différent. Ce n’est pas du respect qui manque, c’est tout autre chose. A croire qu’il s’en fiche du manque d’autorité qu’il peut avoir sur moi. A croire qu’il sait que quoiqu’il fasse ou dise, ça ne changera rien à mon comportement envers lui. Il fait avec, et moi de même. En fait, cette situation nous convient à tous les deux. Il peut être le prof bien emmerdeur avec moi, il sait que je vais lui répondre, peut-être que ça l’excite au fond. Ouais c’est ça, je dois l’exciter. Bon après les meufs, les mecs se mettent sur moi. Cool. Quand je dis que personne ne peut me résister. Et puis je dois l’avouer que je l’apprécie quand même bien au fond. Joe c’est mon pote. Mais on n’entretient pas une amitié comme avec les autres. Et s’il avait été mon professeur, ça aurait pire que la catastrophe. Ca aurait été une tornade chaque jour de nos cours. Je crois même que les autres étudiants auraient décidé de ne plus venir. Le cours n’aurait plus existé. Oh le paradis ! Il pensait peut-être me faire chier avec ce qu’il venait de dire, mais au fond il a raison. Je suis ici plus en mode touriste qu’en étudiant. Si seulement il savait il en rigolerait moins. « Et toi dans ton genre emmerdeur, chieur, insupportable, tu es le meilleur. Je t’aurais bien offert un petit truc pour te féliciter, mais la prochaine fois promis. » Le pire dans tout cela c’est que j’en étais vraiment capable. Il se croyait le roi, mais ici c’est moi qui le suis. Vu tous les gens haut placé que je connais, en un seul jour il pouvait se faire virer d’ici. Mais je l’aime trop pour ça. J’aime trop l’envoyer boulet en réponse à tout ce qu’il peut me dire. Il se prend pour le meilleur, mais sérieusement à son âge quoi, il n’a rien d’autre à faire ? Il n’a pas de famille ce con ? Ah ouais tiens, je ne me suis jamais posé la question. Il est seul comme mec ? Question à un peu plus creusé pour notre prochaine rencontre. Je suis désolé mais un mec comme lui, il doit bien avoir une femme, et des enfants, voire même des enfants qu’il ne connait pas étant donné qu’il fourre tout ce qui bouge et qui a un vagin .Ah merde alors, je n’aurais aucune chance avec lui. Dommage. Lorsque ce professeur se mit à me parler de nos expériences respectives sur nos vies sexuelles, je me mis à rire. Certes, je suis plus jeune, mais ça ne veut rien dire. Moi au moins j’ai encore une bonne endurance, lui commence à se faire vieux. Mais là, il me tendit une énorme perche, peut-être la sienne d’ailleurs. « Et bien écoutes, on a qu’à lui proposer un petit threesome pour qu’on voit en live ce qu’elle préfère. A moins que tu ais bien trop peur. » Mais ce n’était pas forcément obligé qu’il s’agisse d’elle. « Bon après, elle est mariée, ne la faisons pas trop chier. Allons en chercher une de libre. » J’avais été marié. Je savais ce que le pourrait ressentir. Je pouvais être un salaud de première base, mais au fond de moi il me restait toujours des sentiments que je pouvais ressentir. Des sentiments que j’avais ressentit durant tout le long de mon mariage qui n’avait pas duré bien longtemps. Elle était plus vieille que moi, c’est donc que j’étais à la hauteur non ? « Ah mais tu ne savais pas ? Je me fais le doyen. C’est un trop bon coup. Si jamais tu es intéressé par une expérience homosexuelle, je te le conseille. A ton avis pourquoi je passe le plus clair de mon temps dans son bureau, ou plutôt en dessous. C’est pour prendre mon pied et non son pied à mon cul. C’est aussi pour cela que je ne me ferais jamais viré. » Ce que c’était bon de dire de telles conneries. Même derrière le cul de ce doyen j’arrivais à le faire chier, parce que oui je savais que ça arriverait aux oreilles d’autres gens et que cette rumeur circulerait dans pas longtemps. Franchement, moi je m’en touche que tout le monde me pense gay, mais lui. Se faire un élève comme moi. Mhh. C’est trop orgasmique, sérieusement.

Si Timmy avait été l'un de ses élèves, la relation que Joe aurait eu avec lui aurait été radicalement différente. Il lui aurait littéralement pourri la vie jusqu'à lui en faire faire une vraie dépression nerveuse. S'il y a bien une chose qu'il ne supportait pas, c'est le manque de sérieux et d'ambition dans le travail. Lui-même n'avait jamais hérité de quoique ce soit, il s'était forgé un empire médiatique et éditorial au prix d'efforts colossaux qui lui offraient aujourd'hui une vie de rêve, baignant dans un luxe immodéré qu'il prenait plaisir à exagérer pour oublier un peu son enfance et son adolescence dans un milieu trop modeste qui l'avait étouffé. Il n'acceptait donc aucune excuse de la part des tire-au-flanc en cours de littérature : non content de se tamponner allègrement de leurs notes désastreuses, il prenait même un plaisir vicieux à les enfoncer. Et en public, s'il vous plaît, sinon ce n'est pas drôle. Ainsi, si le jeune homme avait pris place dans l'un de ses cours, l'Apocalypse aurait eu des allures de brise printanière à côté de ce qu'ils auraient pu s'envoyer dans la tête. Mais les choses étaient différentes. Timmy suivait un cursus sans lien avec le sien, il n'était pas son professeur et n'avait aucune raison de le devenir. Ils pouvaient donc se chercher et se colleter de la sorte pour leur bon plaisir : il n'y aurait pas la moindre incidence sur aucun d'entre eux. "Trop aimable." avait-il simplement rétorqué lorsque le jeune homme avait précisé qu'il lui décernerait un prix pour son caractère profondément pénible. Si toutes les femmes qu'il avait mises dans son lit devaient lui offrir une rose, par exemple, à chaque fois qu'il leur avait brisé le coeur - pour ne pas citer un autre organe - autant dire que la maison de Joe Shark serait carrément un nouveau microcosme.
L'enseignant arqua un sourcil sceptique à l'idée d'un plan à trois... already done, dude. Si tu penses que je t'ai attendu pour faire tourner une femme de mes bras à ceux d'un ami. Ses pensées se tournèrent vers Cheyenne et Logan, deux collègues, dont son meilleur ami. Son tout dernier plan à trois. La maison de l'éditeur se souvenait encore de cette nuit de folie qu'ils avaient passé tous les trois, catapultant Cheyenne dans les sommets de l'extase aussi longtemps que leurs corps le leur avaient permis. "Désolé, je ne partage qu'avec un ami. Et encore, il faut qu'il arrive à tenir la distance... tu ne remplis aucun de ces critères." Il ne put toutefois retenir un bref sourire carnassier en entendant les hésitations de Timmy. "On aurait des remords à séduire une femme mariée. Petit joueur..." remarqua-t-il sur un ton tout à fait détaché et moqueur à la fois. Joe en avait brisé, des couples, juste pour satisfaire l'envie de conquérir une femme. Dormait-il mal pour autant ? Certainement pas. Après tout, il partait du principe que si la femme en question n'avait pas été pour l'adultère, elle n'aurait jamais cédé, même pas à lui. On dira ce qu'on voudra, mais il n'avait jamais forcé qui que ce soit à coucher avec lui, il y a des limites.

Cette fois, le Britannique fronça les sourcils en l'entendant répliquer sur la raison de sa présence ici. Bisexuel, gay ? Qu'importe... tant qu'il ne venait pas le peloter par derrière, il partait du principe que quiconque fait ce qu'il veut de sa vie sexuelle. "Proposition intrigante, j'en conviens, mais tu manques de poitrine pour attiser ma curiosité. Et au-delà de ça, je m'en voudrais d'être responsable de ton manque de mobilité après pour te rendre en cours." 3615 les allusions cochonnes, bonjour ! Joe était pourtant resté parfaitement stoïque. Timmy était attirant, il voulait bien le reconnaître, mais d'une façon purement objective. Il n'avait jamais été tenté par la moindre expérience avec un homme et n'en voyait d'ailleurs pas l'utilité. Partant du fait qu'aucun homme ne prendra Joe Shark, s'il prenait lui-même un homme, les sensations seraient sans doute similaires à une femme. Il n'y avait rien de plus extraordinaire à coucher avec un homme, donc autant s'en passer. "Ravi de constater que tu parviendrais tout de même à mettre ta dignité masculine au vestiaire pour être sûr de rester à Berkeley. Pourquoi tant d'acharnement à rester dans cette université alors que tu n'en rames pas une ? Quand bien même ce cher Doyen serait un bon coup, admettons ?" Voilà ce qui interpelait davantage l'éditeur. Timmy ne travaillait pas et ne faisait pas en sorte de changer cela. Pourtant, il s'en sortait toujours et demeurait un élève présent quoiqu'il arrive. Les vrais cancres ne s'accrochent pas plus que ça à une université, alors pourquoi n'était-ce pas le cas du Gamma ? Qu'est-ce qui pouvait bien le retenir ici.

Alors, on a encore fait une bêtise?

♥ « Les devoirs c'est sacré, or je ne touche pas à ce qui est sacré. »Non mais sérieusement, il ne faut pas croire qu’il n’existe pas un mec bien derrière mon portrait de salaud. On cache tous quelque chose. On joue tous un certain rôle. Sérieusement, mais celui qui pense que tout le monde, ou même que quelqu’un n’est pas hypocrite, il est vraiment naïf. On est tous hypocrite, on cache tous quelque chose, on ment tous, on est tous prêt à n’importe quoi pour arriver à ses fins. On est tous moche, intérieurement. Heureusement que certain comme moi, ou Joe, sont beaux physiquement. Ca fait déjà mieux passer la pilule du connard. Mais je peux vous dire que les pires sont ceux qui font mine d’être gentils, adorables. Ce sont eux qui font les pires crasses lorsqu’on ne s’y attend le moins. Ils vous poignardent dans le dos, et ils n’atterrissent même pas en prison. Je peux vous dire par expérience, qu’il y a vraiment des gens qui ne le méritent pas qui finissent en prison. Et d’autres qui le méritent et qui continuent leur vie comme s’ils n’avaient rien fait. La vie est moche. Alors pourquoi essayer d’être beau ? On n’est qu’un petit grain de sable sur terre, ce n’est pas un petit grain de soleil, de beauté, qui va rendre la vie meilleure. Bref. J’ai compris la vie, moi. Joe aussi. C’est pourquoi au fond je l’apprécie pas mal. Mais comprenez que deux hommes comme nous ne peuvent pas se le dire. Ni le montrez. Que ce soit publiquement ou en privé. Ca ne serait plus drôle après. Le plus fun c’est cette amitié qu’on entretient à se lancer des piques dès qu’on le veut. Bon c’est vrai qu’il y a vraiment des fois où je le déteste, comme dans toute amitié quoi. Donc ouais, bien sur que je pouvais être aimable comme venait de le dire ce cher Joe, même si c’était sur un ton plutôt ironique. Jamais content celui-là. Je n’imagine pas sa crise de la quarantaine…ah non il l’a déjà dépassé, bon la cinquantaine alors. Mais c’est qu’il se fait vraiment vieux celui-là. Je l’écoutais tranquillement. Il me faisait rire, vraiment. N’a-t-il jamais entendu qu’on ne devait jamais faire un threesome avec un de ses potes ? Ah ouais non ça doit être sa génération. Pour le coup je ne peux pas lui en vouloir. Comment pourrais-je en vouloir à un vieux. Ah, mon père en train de faire un threesome avec sa femme donc ma mère. Ah ouais pas mal. Je devrais leur poser cette question. « Papa, Maman, vous avez déjà fait un threesome ? » Ce qui serait drôle c’est que les deux n’aient pas la même réponse. Sans pour autant que ça foute en l’air leur couple, parce que le couple que forment mes parents c’est le meilleur ! Oui même encore à mon âge je le dis encore que mes parents sont les plus géniaux. On le dit tous. « Ce que tu peux être compliqué avec tes critères, nous ne sommes pas sur un site porno où on doit choisir des critères, tu mélanges tout mon vieux ! » Autant on peut se ressembler, autant on peut être très différent. On n’a pas de cœur, ou du moins tout simplement lui, car moi tout simplement je le cache. Mais c’est vrai que lorsqu’on n’a jamais connu l’amour, le mariage on ne peut pas comprendre. Ca ne me dérange pas de casser des couples, je le fais très souvent. Mais pas tout un mariage. « Petit joueur qui n’a pas le critère femme mariée dans son répertoire. Moi je remplis tous les critères sauf celui-là. » Lui lançais-je avec un clin d’œil. Il veut jouer, et bien il a le bon joueur en face de lui. Et voilà qu’on en arrivait à un tout autre sujet. Moi et Joe ? Joe et moi ? Peu probable, voire quasi impossible. Franchement quoi. Il n’est pas mal du tout, mais au moins dans les mecs je ne me ferais jamais d’aussi vieux. Je préfèrerais les plus jeunes. Eh oh je ne me suis pas encore fait de mecs, et je ne sais pas si ça arrivera, mais j’y pense tout simplement. Moi au moins je suis jeune et je peux faire tout plein de projets. J’ai la vie devant moi. « Oh ne t’en fais pas, j’ai du m’en prendre des bien plus grosses que la tienne… Rien que celle du doyen quoi… Je suis sur que personne ne s’en doute mais putain ce qu’il est bien membré celui-là. » Pour le coup, il m’avait un peu coincé. Avec lui je parle trop, surtout en disant des conneries, qui me voudront un jour ma couverture. Il faudrait que je pense à arrêter de parler, surtout avec celui-là. Lorsque deux têtes comme les notre se rencontrent ça en fait un feu d’artifice. Euh, ouais ou pas. Et là d’un coup, je lui sortis sans même savoir pourquoi « Je suis de la SFPD et je cherche dans ton passé, et pour cela il faut que j’en sache plus sur ton présent. » Il n’allait pas me croire. Un mec comme moi dans la police ? Impossible ! Bah ouais, moi je tape dans les plus grosses agences, mais je ne suis pas là pour lui. C’est juste pour qu’il se la ferme un peu. A voir sa réaction, ça peut être pas mal. Mais je rajoutais tout de même un peu après « Non sérieusement, je te dirais mon secret une fois que tu m’auras coincé dans un de tes amphi et tu m’auras fait jouir sur ton bureau ! » On ne peut pas dire que c’est pas du cru entre nous. On sort de ces choses obscènes, comme si c’était tout à fait normal. Mais ça l’est. Pas de notre faute si les autres sont des coincés du cul.

"C'est bien ce que je dis, petit joueur." Joe ne savait pas que Timmy avait été marié, mais combien d'hommes l'éditeur avait-il déjà croisé qui n'osaient jamais tenter l'adultère avec une femme mariée de peur de représailles de la part du mari ? Trop. Des lâches, des beaux parleurs. A quoi bon s'arrêter à de futiles détails comme la présence d'un bout de métal autour d'un doigt ? Ces conventions sont tout à fait stupides et, quand bien même le mari voulait s'en prendre à l'amant, il réfléchirait sans doute à deux fois avant de s'attaquer à quelqu'un comme Shark. Profondément malsain et calculateur de nature, il n'avait aucun scrupule à briser la vie d'un homme juste pour s'assurer que les orgasmes qu'il aura procuré à sa femme ne viennent pas déranger ni sa vie ni son business. L'avenir d'un homme pour le plaisir de ce qui se trouvait entre ses cuisses... équitable comme deal, non ?
Ces chamailleries avec Timmy lui plaisaient réellement car il lui semblait que le jeune homme n'avait pas vraiment peur de grand-chose. Au-delà d'une insolence peu commune, il faisait preuve d'un sans-gêne incroyable qui aurait mis n'importe quel Anglais typique tel que lui dans l'embarras. Certes, Joe ne rougissait jamais ou n'éprouvait pour ainsi dire jamais de gêne, mais il ne pouvait que saluer silencieusement la performance de cancre insupportable de cet étudiant. Il avait très largement sa place chez les Gammas. Sa manière plus que directe de lui raconter ses frasques avec le Doyen - bien que le Britannique doute fort qu'elles soient réelles, étant donné la personnalité du propriétaire de ce bureau - lui tira tout de même un air assez surpris et, malgré son amusement, rien ne traversa l'impénétrable masque énigmatique qui prenait empire sur ses traits. "Cela lui fait au moins un petit bonheur personnel dans une vie qui doit être bien triste, s'il en est rendu à retenir les élèves les plus désespérants de Berkeley par la braguette... entre autres." So british. Être cru, mais toujours avec un minimum syndical d'élégance dans la façon de s'exprimer. Vrai ou non, rares seront désormais les fois où Joe arrivera à ne pas visualiser le Doyen culbutant Timmy sur son bureau dès que l'éditeur le croiserait dans les couloirs de l'établissement. Vivement les vacances, il aura le temps de ne plus y penser.

Sceptique, Joe arqua un sourcil. La police. Sérieusement ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, il se méfia pendant un instant. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il y a quelques mois, Joe avait assassiné la femme qui avait osé enlever son fils Connor pendant quelques heures afin de faire pression sur lui. Attention, il ne s'agissait pas d'un meurtre passionnel ou sous le coup de la colère : c'était un assassinat en bonne et due forme, parfaitement calculé de sang-froid, réglé comme du papier à musique et maquillé si efficacement que la police londonienne n'avait eu aucun mal à adopter la thèse du suicide étant donné des circonstances favorables. Néanmoins, même si cette mort ne pesait en aucun cas sur la conscience de Joe - encore aurait-il fallu qu'il soit doté de sentiments pour s'émouvoir d'un meurtre - il demeurait toujours sur ses gardes face aux forces de l'ordre. Mesure de précaution. "Je me doutais bien que le niveau d'entrée dans les services de police avait diminué, mais de là à ce que notre sécurité soit assurée par... ça... pas vraiment." nota-t-il en snobant son interlocuteur de bas en haut. Non, il ne le croyait pas. Ou plutôt, il hésitait. Ce satané Gamma l'avait induit dans le doute, maintenant... il allait devoir vérifier cela par le biais de ses propres services de renseignement.
Joe ne put s'empêcher d'émettre un rire si bref qu'on aurait pu douté qu'il ait existé, suite à la proposition qu'il lui fit. "Proposition remarquablement séduisante, j'en conviens... mais non merci. J'ai si peur que tu ne puisses plus t'en passer ensuite que je préfère t'épargner cette tentation. Crois-moi, tu ne serais pas le premier à devenir... accro. Quoique tout bien réfléchi, tu serais le premier accro, face à tant de femmes qui en redemandent déjà." L'humour anglais, décidément inimitable. C'était quand même difficile d'imaginer Timmy dans une relation entre hommes. Joe n'avait jamais eu forcément l'envie d'y céder pour deux raisons : la première, c'est qu'aucun homme n'avait su attirer son attention à ce niveau. Autant il avait des critères de sélection pour les femmes (seins, fesses, jambes, cambrure, cheveux... bref, des critères uniquement physiques), mais il n'avait jamais regardé un homme en se disant que sa chute de reins lui faisait envie. Et de deux, c'est qu'il était déjà si comblé au niveau du sexe avec les femmes qu'il doutait fort qu'un homme puisse lui offrir la moindre nouveauté. Il préféra éviter de poursuivre de peur de voir Timmy commencer à devenir un peu trop entreprenant, on ne sait jamais. "Et autrement, pourquoi t'accrocher autant à Berkeley ? Il y a tellement d'autres universités prestigieuses ailleurs... même en Californie. Hormis pour ta baise hebdomadaire avec le grand manitou et l'immense honneur de te retrouver en ma présence, j'ai du mal à comprendre ce qui te retient ici. Oh, pardon... ou plutôt ce que la police pourrait trouver de si passionnant à surveiller ici ?" ajouta-t-il sur un ton hypocrite au possible. Game on, man. Tu as titillé le requin curieux, à toi de t'en sortir pour t'épargner d'autres questions gênantes... si tant est que tu y parviennes réellement, car le Shark est tenace.

Alors, on a encore fait une bêtise?

♥ « Les devoirs c'est sacré, or je ne touche pas à ce qui est sacré. »Enfin de compte, nos conversations n’ont aucun but précis. On s’envoie chier mutuellement, mais pour quelles raisons ? Aucunes en particulier. Juste la joie de pouvoir emmerder l’autre. Et puis, j’en suis sur qu’à beaucoup de moments, nous parlons de choses dont nous savons rien sur l’autre. Il pense m’avoir cerné, alors que pas du tout. Non, je ne suis pas un simple étudiant chiant qui ne sait pas quoi faire de sa vie, à part faire chier les autres. Je ne suis pas ce canadien qui était architecte et qui souhaite changer de vie, de métier. Mais j’aime le fait qu’il y croit, et qu’il me parle tout comme. Joe pensant parler à un imbécile de service. Il faut le dire : j’en joue pas mal. De son côté, il doit bien rire aussi. Je ne connais rien de sa vie présente ou passée. Je parle, mais je ne sais pas. Ce qui n’est pas un bon travail de ce que je suis. Un agent se renseigne toujours. Lorsque cela peut sembler intéresser, parce que ouais, désolé mais je ne pense pas que la vie quelle qu’elle soit de Joe soit intéressante à mes yeux. Il a due être prof durant toute sa vie, d’où son putain de caractère de merde. A croire qu’il veut plomber la vie future des jeunes étudiants juste pour se venger d’avoir une vie si pourrie. Super le professeur, non ? Moi, personnellement, j’adore. Il a bien raison de pourrir leur vie. Il faut être cinglé pour aller à la fac. En quelque sorte, il leur dit de se casser, pour leur bien. Ce n’est pas son but premier, ou même dernier, mais comme quoi ce cher professeur peut aussi faire des choses utiles dans sa vie. Il faut bien de tout dans la vie. Et avec Joe et moi, on a déjà un long spectre. Il doit être me seul professeur comme ça, et je suis heureux de l’avoir rencontré. Il n’y a vraiment qu’avec lui que je peux raconter n’importe quoi sur le doyen. Avec qui je peux m’inventer une soit disante vie sexuelle avec. Bien sur que j’ose dire cela, tout comme j’oserais le dire avec n’importe quel autre professeur ou personne au sein de l’établissement. A me demander si j’oserais dire la même chose le concernant, cela pourrait être fun aussi. Why not one day ? « Il sait bien que grâce à moi certains professeurs sont de meilleure humeur. C’est pourquoi il me garde. Il avait pensé à te proposer mes services, mais j’ai refusé. S’il faut que j’te fasse quelque chose, ce sera gratuit, et ça se fera tout seul mon chaton. Et puis moi je t’aime bien, toi et ton caractère de porc. » Ouais ouais on dit caractère de cochon, mais là « porc » ça allait mieux au vieux Joe. Que ce soit niveau caractère, ou ses paroles ou pensées obscènes. Quoique, je parle, mais je pense être pareil. Je vous assure qu’on pourrait être les meilleurs amis au monde. On s’entendrait trop bien, avec nos conneries respectives. Mais disons aussi que notre ressemblance frappante nous met aussi en compétition, d’où cette manie à nous charrier dès qu’on se croise. C’est notre façon de s’amuser, et de passer un bon moment. « Je n’ai pas précisé quelle police mister Shark. N’as-tu jamais vu un policier faire un strip-tease ? Bref, si oui, tu as vraiment cru qu’il s’agissait de vrais policiers ?... Encore plus con que ce je pensais. Quoique, ça n’existait peut-être pas à ton époque. Si c’est le cas, je veux bien être tolérant, cette fois. » Eh bien oui, tout à l’heure je sous entendais être un prostitué au sein de l’établissement, alors pourquoi pas continuer en m’inventant une vie de strip-teaseur ? J’ai toujours voulu faire rêver des nanas devant mon corps. Et puis, on ne sait pas pourquoi, dès qu’il s’agit d’un mec en uniforme, elles sont encore plus excitées. De vraies fontaines d’eau celles-là. Elles pourraient presque aider les pompiers avec toute cette mouille. Malheureusement, les policiers n’ont pas vraiment besoin de ça. Trop triste pour elles. « Depuis tout à l’heure tu ne fais que parler de femmes, et moi je te fais des propositions. Ne connais-tu pas les transsexuels ? » Vous avez certainement du mal à nous suivre, je sais bien que c’est dur, mais accrochez vous, ce n’est pas si dure que cela. J’essaie juste de le rendre fou. Ca m’amuse. Bien que je doive avouer qu’il est bien fort. Tous deux avons un niveau assez haut. Tous deux savons sortir de ces trucs juste pour faire chier l’autre. Des trucs totalement hors sujet ou, des trucs sortit de nulle part et qui ont pourtant un point en commun avec ce que l’on raconte. Bref. Vous n’avez rien compris. C’est normal. Peu de personnes comprennent ce que je souhaite raconter, et c’est bien mieux ainsi car je raconte trop de merde. « Ici, il y a toi. Je ne trouverais nulle part ailleurs un mec comme toi. Tu fais tout le charme de cette université, et la raison de pourquoi je m’y suis attaché. Fais gaffe, tu vas recevoir très bientôt des lettres d’amour dans ton casier. » Le professeur s’y tient, il veut absolument savoir la vérité du faux. Mais il n’ira pas bien loin avec moi. A moins qu’il s’immisce dans mon jeu, et veuille bien partager un bon moment d’intimité avec moi. Peut-être là il saura, who knows.

"Voudrais-tu bien cesser avec ces surnoms ridicules ? Ils sont pratiquement aussi grotesques que tes résultats scolaires. Ou que ton sex-appeal." dénigra Joe avec un regard profondément exaspéré. Chaton, caractère de porc, et j'en passe... L'Anglais désespérait de voir Timmy cesser un jour de lui faire autant de rentre-dedans, tant et si bien qu'il en vienne à se demander s'il plaisantait réellement ou bien si c'était juste pour se payer sa tête. Avec cet étudiant, on pouvait s'attendre à tout, c'était peut-être pour ça qu'il l'appréciait autant qu'il le méprisait par moments. Qui aime bien châtie bien, pas vrai ? Puis qui des deux est le plus cochon, sérieusement, c'est à voir. Sachant qu'aucun des deux ne voudrait reconnaitre que l'autre est meilleur, il faudrait presque organiser des olympiades du sexe pour arriver à les départager, et encore. Vu toutes les allusions en dessous de la ceinture que le Gamma était capable de débiter dans une phrase, sans même parler de tous ces gestes et mimiques qui ne trompent personne, autant dire qu'il ne valait pas mieux que lui dans le registre des obsédés. Quoiqu'il en soit, même si l'éditeur aimait ce genre d'accrochage verbal avec le seul étudiant qu'il "autorisait" presque à lui parler sur ce ton, il n'en restait pas moins que ses mises en avant restaient toutes plus pathétiques les unes que les autres. Et voilà, ça continue, voilà qu'il insinuait qu'il était trop vieux pour imaginer qu'il existe des costumes pour hommes spécialement destinés à être arrachés par des femelles en chaleur... avec policier, pompier et constructeur en tête de liste. Pour un peu, il lui aurait bien collé une tape derrière la tête pour lui remettre les idées en place. Sale gosse. Oui, c'était sans doute ce qui collait le mieux à Timmy : sale gosse.

"Transsexuel ? Seigneur, je viens de manger, Timmy..." Rien que l'idée qu'on puisse se faire opérer pour changer de sexe, c'était profondément rédhibitoire. Il sentit une sorte de malaise dans tout le corps, s'imaginant privé de sa virilité... Il aurait préféré se pendre plutôt que ça n'arrive. Quoiqu'il en soit, Timmy avait l'art et la manière de changer de sujet dès que ça commence à devenir trop sérieux ou bien que cela dérive faire quelque chose qu'il souhaite éviter. Nice try. C'était encore plus évident que s'il s'était mis à rougir, bien que cela ne soit certainement pas son genre. Depuis le début, il se doutait qu'il cachait quelque chose car autrement, il ne serait pas resté à Berkeley. Jamais l'idée que quelqu'un puisse le retenir ici ne l'avait effleuré, l'étudiant n'était pas du genre à s'attacher suffisamment à quelqu'un pour changer son comportement. Tandis que faire chier le monde jusqu'à ce que dépression nerveuse s'ensuive pour les plus faibles, là c'est du Timmy tout craché. "Arrêtes un peu avec ton charabia. Et si tu penses sérieusement qu'on arrive à m'avoir avec des lettres d'amour, c'est que tu te trompes d'interlocuteur, petit." lança-t-il avec un sourire narquois. Des lettres d'amour... à part pour alimenter un feu de cheminée ou participer activement à la déforestation, il n'en voyait pas l'utilité. L'amour était inutile, blessant et affaiblissait les esprits... Non,Joe était un homme éternellement voué aux plaisirs de la chair et de la luxure sans aucune attache. C'est sécurisant de savoir qu'on peut voguer d'une conquête à une autre sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit.

Ce qui caractérisait le plus le lien étrange entre Timmy et lui, c'est qu'ils pouvaient parler de tout à condition de ne pas parler d'eux-mêmes. Plutôt étrange, pas vrai ? Et le tout avec une honnêteté rarissime. Si l'étudiant avait parlé comme ça à n'importe lequel de ses collègues, ce dernier ne se serait pas embarrassé plus longtemps d'un cancre dans son genre : il l'aurait envoyé direct chez le Doyen. Joe, lui, s'en fichait complètement. Après tout, il était prof de littérature, Timmy étudiait - enfin, assistait à quelques cours de temps en temps - en diplomatie et psychologie. Rien à voir, aucun rapport, alors libre à eux d'entretenir la relation qui leur plairait. Et de se parler librement. "Je vais finir par croire que tu veux sérieusement coucher avec moi, tu sais. Mon assistant me bave dessus depuis des années, il est homo jusqu'au bout des ongles, et je ne lui ai jamais rien accordé." Il arqua un sourcil en s'asseyant, jugeant qu'il avait finalement du temps à perdre pour entretenir la discussion avec Timmy. "Puisqu'il est maintenant clair que tu n'as pas rendez-vous avec le Doyen avant un bon moment et que tu essaies d'esquiver la conversation, je serai curieux de savoir ce qu'un homme peut apporter de plus dans le sexe qu'une femme. Toi qui a l'air de passer ta vie sous les bureaux, ou même dessus, pour divertir le personnel de Berkeley, tu dois en savoir quelque chose." Bam. Ca continue. Un léger sourire moqueur s'était presque dessiné sur le visage de Shark qui attendit sagement une réponse de son vis-à-vis... non sans oublier le but réel de cette conversation. Pour le moment, du moins. Il souhaitait aussi satisfaire une certaine curiosité car il ne comprenait absolument pas l'intérêt de coucher avec un homme là où une femme serait sûrement cent fois plus divertissante. Expérience à l'appui. "Hormis la satisfaction évidente que t'apporterait un fantasme vivant tel que moi, cela va de soi." précisa l'éditeur avec un air toujours plus prétentieux et moqueur à la fois.