❥ Hécatombe & Cassadorable & Paceypuceau & Cyarnaque.

QUEL GROS BOUFFON. Je jette mon sac à main manquant de le faire passer la fenêtre et je me laisse tomber sur le lit. Je sens un afflux de colère monter en moi et cela m'agace. Je m'énerve facilement et pour n'importe quoi. Mais aujourd'hui c'était tout simplement la goûte d'eau qui a fait déborder le verre... ou le vase, on s'en fout. J'avais enfin trouvé un job qui payait bien - d'ailleurs je viens de comprendre pourquoi. Mais comme toujours la perversion et les besoins sexuels incontrôlables des hommes sont venus tout gâcher. Mon boss - un vieux de soixante ans pourtant marié et ayant deux enfants - s'est avéré être un pervers de première classe. Parfois en me retournant je le surprends en train de me relooker sans se gêner mais je fais comme si de rien n'était. Après tout je suis une jolie fille et je suis habituée à ce genre de choses. Mais là, c'était tout simplement la limite à ne pas franchir, la ligne rouge. Alors que j'étais à la caisse il avait osé poser sa main hideuse et bien potelé - digne d'un bébé tout gros, tout moche - sur mon popotin. Au début, j'avais cru que ce n'était que le fruit de mon imagination mais en me retournant et en croisant son regard pervers j'avais réalise que ce n'était pas le cas. J'HALLUCINE. Dire que je le considérais un second père. Oh mon Dieu. Décidément ma mère avait raison en me disant que l'on ne pouvait guère faire confiance aux hommes même enfermés dans leurs tombes. Ne pouvant me contrôler je lui ai foutu une bonne claque et j'ai quitté le restaurant. Je comprends maintenant pourquoi ce travail payait bien mieux que tous les autres restaurants de la ville. Dégoûtant. Bref. Allongée sur mon lit je fronce les sourcils en me rendant compte que le silence régnait sur la maison. Bizarre. D’habitude ici c'est semblable à Bagdad, pire à la guerre mondiale. Avec quatre personnes bien dérangées - deux nymphomanes, un puceau et un arnaqueur - on ne s'ennuie jamais. Sans oublier bien sûr Roxie-le-chat-pervers. Me relevant brusquement je me dirige vers le salon qui sert la plus part du temps de chambre à coucher pour Cyann. Et merde. Roxie - très intelligent pour un chat plutôt laid - a réussi à sortir de sa cage. Cyann - dormant sur le canapé - ne s'était même pas rendu compte que Roxie était sur lui en train de ... faire des choses. Disons que notre cher animal de compagnie a des tendances dominantes envers ses maîtres. Montrant des pulsions sexuelles élevées pour un chat plutôt jeune, le vétérinaire nous avait conseillé de le castrer car il deviendra plus malléable à éduquer une fois castré. Mais on avait refusé. Du moins je l'ai fait. Certes je déteste les chats, je ne les supportes pas. Non pire, je ne peux me permettre de les toucher... c'est une phobie. Mais franchement le castrer ? C'était contre nature, ça. Hors de question. Après tout je suis une étudiante en Droit et je suis supposée défendre les Droits de l'Homme et bien je défends aussi les droits des animaux, tant qu'on y est. Bref. Explosant de rire je crie à haute voix: Pacey , Cassy ; venez voir. Apparemment Cyann a des tendances zoophiles.

« Putain de merde à la con fait chier. » Que c'est charmant, n'est-ce pas ? Et tout cela sortit tout droit de la bouche d'une jolie blondinette aux allures angéliques. Honnêtement, en voyant Cassandra avec ses jolies boucles blondes, son regard bleu... On pense à une barbie, ou à un ange. Et par principe, les barbies et les anges ne laissent pas sortir autant d'atrocités de leur jolie bouche. Cassandra est celle qui fait office d'exception à la règle. Certes, elle respecte tous les critères pour être vue comme une sainte, mais elle est loin d'en être une, et sous tous les points possibles et imaginables. Donc, par conséquent, lorsque cela concernait son langage aussi. Enfin, elle savait se comporter de manière décente lorsqu'elle était face à des gens importants, très importants, et qu'elle cherchait à leur extirper quelque chose. Mais dans le cas contraire... Pourquoi se fatiguer ? Surtout lorsqu'il n'y a personne dans les environs et qu'elle est seule. Enfin, d'un autre côté, elle avait ses raisons. Oui, elle avait des raisons plutôt valables pour se défouler ainsi. Ses pieds étaient en sang, et il ne s'agit là que d'un euphémisme. Eh bien oui, c'est cela de pratiquer de la danse classique. Les pointes, ces choses horribles... Elle avait passé une semaine à s’entraîner sans relâche. Eh oui, son perfectionnisme peut aller très loin, un peu trop loin même. Elle avait mangé très peu, et s'était beaucoup entraînée. Ce qu'il ne faut pas faire en général. Mais ce que l'on fait lorsque l'on souhaite devenir une ballerine, et pas n'importe laquelle, une danseuse étoile. Un rôle avait été mis en jeu, celui de l’héroïne du ballet, et elle le voulait. Alors elle a travaillé, sans relâche, et a fini par l'obtenir. Au détriment de sa jolie mine radieuse et de sa joie de vivre incroyable. … Bon, d'accord, pour la joie de vivre, ce n'est jamais ça, entraînement ou pas. Mais en tout cas, ce train de vie digne d'un sportif de haut niveau l'avait tout de même bien usée. C'est à peine si elle arrivait à marcher.

De la crème et des pansements, beaucoup de pansements. Encore un peu et elle allait ressembler à une momie. Le pire ? Le lendemain, elle portera des louboutins. Elle ? Masochiste ? Non voyons, du tout. Mais, c'est limite si elle ne ferait pas passer son apparence avant sa santé physique et son bien-être. Son soucis le plus important ? Toujours être parfaite, impeccable, irréprochable. Généralement, elle y arrive assez bien. Très bien. A la perfection. Encore ce mot, encore la perfection... Très présent lorsque cela concerne Cassandra, n'est-ce pas ? Mais, il faut dire la vérité, l'Italienne s'en rapproche beaucoup tout de même, de la perfection. Bon, bien sûr, pour une telle perfectionniste, s'en rapprocher ne suffit pas, il faut l'obtenir, être parfai-... « COMMENT ?! » Le débat sur la perfection allait être reporté, une chose d'une extrême importance était en train d'arriver. Cyann, des tendances zoophiles... Cela suffisait amplement pour la tirer de son lit.

Des bandages pleins les pieds, elle était presque sortie en trombe, oubliant alors sa douleur sur le moment mais s'en rendant rapidement compte quelques mètres plus loin. « Ah bah oui, là, pour des tendances zoophiles, ce sont des tendances zoophiles... » Dit-elle en ricanant légèrement. Joli trouvaille de la part de Hécate. D'ailleurs, elle lui adressa un clin d'oeil complice en lui donnant quelques coups de coude. « Où est l'appareil photo ? Il faut immortaliser ça, histoire qu'il puisse le montrer à ses enfants plus tard ! » Puis elle reporta alors son regard sur la belle au bois dormant, et son prince un peu pervers, c'est à dire Roxie. « Good job mon chou. Même si je crains pour ta vie une fois que Robinson Crusoé sera debout. »

Jetant un coup d'oeil à l'heure indiquée sur mon téléphone, je réalisai que la fête avait commencé depuis plus d'une heure. Je soupirai. J'étais décidément incapable d'arriver à l'heure où que ce soit. En plus de ça, ma voiture était encore hors service grâce au danger public qu'était ma colocataire. J'attrapai une veste, mes clés qui trônaient sur une table, avant de chercher un numéro dans mon répertoire pour déclencher un appel. « Oui, John, t'es déjà là-bas ? Non ? Tu peux me récupérer en passant ? Cool, à tout de suite. ». Ça, c'était réglé. Dix minutes plus tard, j'étais dans la voiture du dit John, en route pour la fête où plus d'une centaine de personnes avaient été invitées.
Après avoir poussé la porte de la maison qui accueillait la fête, je me rendis compte que la plupart des invités – ou des personnes incrustées – étaient déjà bien amochées. Déposant mes affaires un peu plus loin, j'attrapais un verre retourné sur une table avant de le remplir une première fois. Puis deux. Puis trois. Puis je perdis le compte.

Sept heures plus tard, le soleil recommençait à se lever, et les quelques personnes restantes étaient dans un état aussi pitoyable que moi. J'avais dormi pendant un peu plus d'une heure, affalé sur un sofa, mais ma tête tournait toujours tellement que je pensais être incapable de tenir debout. Pourtant, trente minutes plus tard, j'escaladais tant bien que mal les personnes allongées par terre pour rejoindre la porte d'entrée. Celui ou celle à qui appartenait la maison devait surement le regretter. Je me rendis à la fac en métro, avant de rentrer dans l'amphithéâtre où j'avais cours, avec une heure de retard, en essayant de me faire discret. La voix du prof résonnait tellement fort contre les parois de mon crâne que j'avais envie de me taper la tête contre la table. Ou de m'arracher la tête. Ou celle du prof, au choix.

En milieu d'après-midi, j'avais laissé tomber l'espoir d'être en mesure de suivre les cours, et j'avais regagné le loft en métro, puisqu'en plus de ça je n'avais pas de voiture sous la main. Ce qui valait mieux, vu la quantité d'alcool qui devait encore être présente dans mon sang à cet instant.
Je poussai la porte du bâtiment avant de me diriger tel un zombie endormi vers le premier objet à peu près moelleux qui s'offrit à mon regard. En me laissant tomber sur le canapé, j'eus le temps de réaliser qu'il n'y avait pas un bruit dans l'appartement, et donc que les autres devaient toujours être dehors, ou bien qu'ils étaient silencieux -pour une fois-, avant de fermer les paupières et de sombrer comme une masse pour plusieurs heures.

Des hurlements me sortirent brusquement de mon sommeil, avec la délicatesse d'un marteau piqueur. J'ouvris difficilement les yeux, posant ma main à moitié fermée devant mes paupières, dans l'espoir d'atténuer un peu la lumière qui venait agresser mes globes oculaires. Distinguant Cassandra et Hécate qui continuaient à s'exciter devant quelque chose d'apparemment exceptionnel qui se déroulait sur le canapé, je levais légèrement la tête au prix d'efforts démesurés. Je sentis alors du mouvement près de mon bassin, aperçut l'énorme chat couché là, et compris alors ce qui les faisait tant rire. Ce foutu félin à moitié mort était encore plus débile qu'il n'en avait l'air. Je l'aimais bien dans la mesure où il restait dans son coin à ronronner, ou à la limite quand il venait sur le canapé à une distance raisonnable. Mais là, il me prenait pour une femelle en chaleur prête à pondre des chatons. Je reposais lentement la tête sur le canapé en lâchant un soupir énervé tandis que les deux blondes continuaient à glousser.

- Allez mourir, vous deux.

Je remontais désespérément ma main près de ma tête, puis lançais le premier coussin qui passait à ma portée sur le tas de poil.

- ET TOI AUSSI. Surtout toi, serpillière ! Putain.

Pacey devait sûrement être dans le coin, et n'allait pas tarder à débarquer pour nous reprocher de maltraiter son chat. Fichu chat qui essayait de me violer par surprise. Il avait mal choisi son jour, celui là.