Après tout, quand on sème le vent, on récolte la tempête. Etrange comme ce proverbe allait comme un gant à la jolie Cassandra. Blonde, certes, mais loin d'être écervelée. D'ailleurs, ce stéréotype de la blonde sans cervelle n'avait jamais paru si faux qu'avec la belle Italienne. Une mémoire d'éléphant, voilà ce qu'elle avait. Et elle se souvenait de tout, dans les moindres détails. Mais encore plus de ce qu'elle n'aimait pas. Certaines personnes préfèrent effacer et oublier à jamais les mauvais événements de leur existence, mais Cassandra préfère les garder bien en tête pour ensuite en faire des dossiers. Oui, vous voyez les vieux dossiers, que l'on réutilise dans une dispute, ou du moins lorsque l'occasion s'y présente. Eh bien oui, il s'agissait là de la technique Cassandra. Il n'y avait rien de plus et rien de moins que des archives dans sa petite tête, qui malgré sa taille, contenait bien des choses. Bref. La jeune femme avait, justement, prévu d'utiliser ses archives pour donner une bonne leçon à l'un de ses exs. Il s'était mal comporté, il était donc de son devoir de le punir, voyons. Certes, elle ne savait pas encore très bien comment s'y prendre, mais elle s'adonnait à son jeu en lui faisant croire qu'il était le plus malin, histoire de le faire tomber dans son propre jeu à la fin de la partie. Une bonne idée, en somme. Oh ? Rancunière ? … Et pas qu'un peu. Cassandra ne pardonne pratiquement jamais rien. Pourquoi pardonner ? Les autres n'avaient qu'à y penser au moment des faits. Si Dieu leur a offert un cerveau, c'est pour qu'ils puissent s'en servir. Certes, les humains lambadas n'atteignent pas un niveau d'ingéniosité et d'intelligence aussi élevée que celui de la blondinette mais... Tout de même. Enfin, ils pourraient au moins faire un effort. La jeune femme prend généralement le temps de bien réfléchir à ses actes, ils n'ont qu'à en faire de même. Enfin, généralement... Vraiment généralement. Et non pas généralement, donc toujours. Lorsqu'elle est au volant de sa voiture, elle ne pense pas une seconde à ses actes. Si elle y pensait, elle ne serait plus de notre monde depuis bien longtemps. Eh bien oui... Imaginez un peu qu'elle pense aux conséquences de sa manière de conduire. Non, ce serait catastrophique, surtout vu la manière dont elle joue avec sa voiture. On se croirait dans un parc d'attraction avec des auto-tamponneuses. Non, il vaut mieux qu'elle n'y pense jamais, qu'elle ne pense jamais au nombre d'accidents qu'elle pourrait causer, cela risquerait de vraiment l'affecter, la pauvre choute, donc mauvaise idée.

« BOUGE DE LA MERDE. Apprends à conduire ! » Comique, tout de même. Cassandra qui demandait aux autres d'apprendre à conduire. Enfin, pas qu'elle ne sache pas conduire... Disons juste qu'elle n'en faisait qu'à sa tête, et n'écoutait rien, aucun conseil. Car voyons, il s'agit de sa voiture, elle en fait ce dont elle a envie. Les autres humains sur la route ? Mais voyons, ce n'est pas si grave, ils ne craignent rien avec elle. Balivernes. Mais, tenter de lui faire changer d'avis ne serait qu'une perte de temps. Bref. Après un petit moment en voiture, à batailler avec les autres conducteurs – et c'est étrange comme la plus part finissaient par se mettre sur le côté pour lui laisser la priorité. D'un autre côté, en la voyant foncer dans le tas avec un tel bolide, n'importe quel individu un minimum conscient la laisserait passer. Donc, elle finit par arriver à destination. Donc, à l'université. Eh bien oui, elle avait passé sa mâtiné dehors, à faire du shopping. Le coffre de sa voiture était plein à craquer, la banquette arrière aussi. Mais, avant de ranger quoi que ce soit, elle allait traîner un peu sur le campus. Sa voiture dans le parking, ses clés dans son sac, elle avançait tranquillement, la tête haute et le dos droit, faisant claquer ses talons sur le sol. Eh bien oui, vous vous attendiez à quoi ? Cassandra, baisser la tête ? Jamais de la vie voyons. Il s'agit de l'être supérieur, donc pourquoi aurait-elle à baisser la tête ou quoi que ce soit ? Ahlalalala, les gens, vraiment. Bref, elle avait jeté son dévolu sur un petit café, très fréquenté par les étudiants, et plutôt agréable. Certes elle pouvait avoir beaucoup mieux si elle le souhaitait, il lui suffisait de remonter dans sa voiture et zou. Mais allez savoir pourquoi, une petite voix lui disait que c'est là-bas et seulement là-bas qu'elle devait se rendre. Si Cassandra ne suivait généralement que son propre avis et ses propres envies, elle décida cette fois-ci de suivre les conseils de cette petite voix. … Bon, d'un autre côté, cette petite voix provenait de son cerveau, cela explique peut-être pourquoi est-elle si docile envers elle.

« Cassandra » Aha. Cette petite voix avait bien vu, dit-donc. La jolie blonde tourna doucement la tête, un petit sourire amusé – voir même sadique si l'on y regarde de plus près – vers cet individu à la voix si familière. Elijah. « Tiens donc. Comme on se retrouve ! » Il n'aurait pas à boire son café seul, non. Et il allait l'inviter, oh oui. C'est la moindre des choses voyons, elle lui avait bien prêté de l'argent sans plus en voir la couleur par la suite. Enfin, elle était bien décidée à lui prendre ce qui lui était du. Ou à découvrir ses manigances, au choix. « Sauf si tu es pressée et dans ce cas, on remettra à plus tard histoire de rattraper le temps perdu.  » Son sourire s'agrandit, et l'air impassible, elle reprit la parole. « Oh mais non, ne t'en fais pas voyons, je ne suis pas pressée du tout. J'ai toute la journée de libre, toute la soirée, toute la semaine même. On va pouvoir rattraper le temps perdu, c'est le moins que l'on puisse dire. » dit-elle avant de s'engouffrer dans le café, le devançant alors. « Tu sais très bien que même si tu m'offres un café, ça ne change rien à la petite dette que tu me dois, n'est-ce pas ? ~ » Elle lui sourit alors. Qu'elle était l'utilité de cette phrase ? Lui faire comprendre qu'elle n'avait rien oublié, et qu'elle y tenait, à être remboursée.