« Qu'est-ce que tu fabriques Dawnie ? » Me demande une voix que je reconnaitrais entre mille. Je redresse la tête et la tourne en direction d'où provient la voix. « Eh bien je fais mes valises je pense que ca se voit. » Dis-je sur un ton neutre avant de me reconcentrer sur mes bagages. Une des raisons pour laquelle je voulais partir de la maison de confrérie était Déborah, ma fameuse voisine de chambre qui me colle du matin au soir. C'est bien simple, je n'en pouvais tout simplement plus. Je me sentais presque étouffée. Dans tous les cas je savais que le fait de rester chez les Sigmas n'était qu'une situation provisoire. Bien que j'aime être avec les gens, j'avais aussi besoin de ma part de tranquillité. Ici ce n'était pas vraiment possible. Il y avait toujours du monde qui allait et venait. Bien entendu j'avais mis un certain temps avant de prendre une telle décision. Quitter la confrérie pour m'aventurer dans un appartement rien qu'à moi en ville n'était pas quelque chose à prendre à la légère. D'autant plus que je ne parlais plus à mes parents depuis que j'étais partie du jour au lendemain afin de m'éviter un mariage forcé. Autrement dit, je ne pouvais plus dépenser de l'argent à volonté. Bien entendu il me restait de l'argent que j'avais placé, mais cela ne suffirait pas. Depuis que j'avais trouvé un petit boulot de serveuse en ville qui me payais plutot bien, j'avais alors pris cette grande décision que d'emménager dans mon chez moi. L'appartement se situait dans un des quartiers de Eastern San Francisco, donc à deux pas de l'université. Moi qui ai toujours du mal à me lever le matin, il était donc préférable que je n'habite pas à trois plombes de Berkeley. Passant une mèche de ma chevelure rouge derrière mon oreille, je reste agenouillée tout en pliant avec soin mes affaires. Si il y a bien quelque chose que je ne supporte pas c'est le désordre et que tout soit mis n'importe comment. Je ne me qualifierai pas de maniaque mais plutot de fille ordonnée. Que voulez-vous, le bordel a le dont de m'angoisser. Depuis que je suis gamine, je suis le genre de fille qui range tout. Ma mère en devenait presque folle de me voir refaire les poussières de ma chambre alors que la femme de ménage les avaient faites quelques minutes plus tot. J'aurais presque été ravie d'avoir un chiffon de greffé à la main. Je ne sais pas du tout d'où cette obsession pour le ménage et la propreté me viens mais je le vis très bien. Au moins lorsque l'on arrive chez moi, on sait où mettre les pieds.

« Oh tu vas me manquer mon Donnut ! » S'exclame ma voisine de chambre en se ruant limite sur moi afin de me prendre dans ses bras. Je reste surprise pendant quelques secondes et fini par lui tapoter doucement l'épaule. « Oui, toi aussi. » Lui dis-je sur un ton qui ne se veut pas vraiment sincère. Je n'aime pas faire du mal aux gens alors je préfère que nous nous quittions en bon terme, même si personnellement, je suis heureuse à l'idée de ne plus avoir cette sangsue collée à moi. C'est qu'elle m'étoufferais presque à me serrer contre elle de cette façon là ! Je fais en sorte de la repousser gentiment tout en affichant un sourire. Une fois ma valise bouclée, je me redresse sur mes deux jambes et passe mes mains sur mon jean afin de le nettoyer brièvement. Passant une main dans ma chevelure, je fronce le nez tout en me frottant le front. J'ai l'impression que ma chambre n'est remplie que de valises et de sacs à main. « Le taxi ne devrait pas tarder. » Affirmais-je en rassemblant mes bagages afin d'y voir un peu plus clair dans tout ce foutoir. « T'es sure que tu ne veux vraiment pas rester ? En plus vivre seule en ville c'est pas toujours facile. » Me dit-elle en s'asseyant sur mon lit. Enfin lit...Etant donné qu'il ne reste plus que le cadrant du lit je ne sais pas si on peut le considérer comme tel. « J'ai besoin de vivre ma vie de mon coté tu comprends. » Dis-je en enfilant la veste que j'avais mise de coté avant que le klaxon du taxi ne retentisse. […] Vingt bonnes minutes plus tard j'arrivais enfin en bas de mon immeuble. Je ne savais pas vraiment à quoi ressemblaient mes voisins, tout ce que je savais, c'est qu'ils étaient assez jeunes comme moi. Le seul inconvénient qu'il y a, c'est que je suis obligée de monter trois étages à pied car je suis claustrophobe. Mais bon, ce n'est qu'un petit détail ca. Une fois arrivée sur mon palier, j'enfonce la clef dans la serrure et tente de passer la porte tout en étant chargée comme une mule.

La tête que j'ai tiré en voyant le salon rempli de cartons. J'eu comme l'impression que je n'allais jamais m'en sortir. Les déménagements qu'est-ce que c'est chiant. Posant mes sacs sur le sol la première chose que je fais est d'aller m'assoir cinq minutes sur le canapé histoire de reprendre mon souffle. J'aurai couru le marathon, ca aurait été exactement la même chose. Quelques minutes plus tard je finis par me redresser et enfile une tenue décontractée. Autrement dit un pantalon et un débardeur vieux comme Mathusalem. Cheveux attachés en queue de cheval, je suis maintenant parée pour commencer tout ce rangement. Sauf que mon estomac se met subitement à gargouiller. En bonne morfale que je suis, je préfère céder aux plaintes de mon estomac. Le rangement, ce sera pour tout à l'heure. Une fois en bas de mon immeuble, je repère rapidement le fast food qui fait l'angle de la rue. Ce sera parfait pour moi. Avant de rentrer dans l'établissement j'écrase la fin de ma cigarette sous ma chaussure. La porte passée, je constate qu'il y a énormément de monde. Heureusement pour moi, une caisse s'ouvre ce qui me permets d'aller passer rapidement commande. Une fois servie, je me dirige prêt de la vitre et m'installe afin de savourer mon repas à peine calorique.

Ethan & Dawn

Je sentais que ma vie changeait. Elle allait vers du positif, certes, mais elle changeait. Et étrangement, j'avais l'impression de perdre le contrôle sur ma vie. Qu'est ce que ça voulait dire alors ? Que tant que je la contrôlais, j'avais une mauvaise influence dessus ? Pourtant, depuis que je suis seul, j'ai toujours fait en sorte de pouvoir me débrouiller sans l'aide de personne. Mais, je me souviens qu'une fois, mon oncle m'a dit " Tu sais Ethan, l'homme n'est pas fait pour vivre seul " et je ne le savais que trop bien. Ces derniers temps, j'avais fait la rencontre de deux belles personnes. Et les deux étaient complétement différentes. L'une, extravagante, avec qui je pouvais rire de tout, et surtout pour rien. La deuxième, plus introvertie, c'était Dawn. Avec elle, tout était différent. Elle m'avait montré que je pouvais commencer à tenir à quelqu'un réellement. Elle semblait tellement différente de toutes celles que j'avais l'habitude de croiser. J'avais alors prié pour la recroiser, ayant vraiment peur d'avoir laissé passer ma chance. Et puis, nous nous étions rencontrés à nouveau, elle et moi. Le courant était tout de suite passé, à nouveau. A nouveau, je ressentais ce que j'avais déjà senti la première fois avec elle. De la fraicheur, du nouveau. J'avais envie de la connaitre. J'avais envie de passer du temps avec elle. Je sortais enfin de ma bulle, je vivais à nouveau. J'avais envie d'être avec elle.

Seulement, je vivais toujours dans cette maison abandonnée. Depuis que ce qu'il s'est passé s'était passé... L’innommable, quoi.. Eh bien, je n'avais pas eu la force de quitter la maison. De toute manière, où pouvais-je bien aller ? Pour la propre sécurité de tout le monde, je devais faire le mort un moment alors ... j'avais fait le mort. Et plutôt bien. Mais voilà, maintenant, il était temps de tourner la page. Je m'étais toujours dit que je quitterais la maison le jour où je me sentirais prêt à passer à une nouvelle étape. Et je crois que Dawn, malgré elle, et surtout malgré moi, avait été le déclencheur de la nouvelle étape. Il était temps pour moi de me trouver un véritable lieu où me loger, et de préférence avec quelqu'un. Ça faisait des années que je vivais seul et j'avais du mal à me sociabiliser. Mais il fallait que je passe outre ça, je le savais, et c'était la raison pour laquelle j'avais fait une demande de collocation. J'avais trouvé une annonce, avec une fille, qui faisait partie de ma confrérie. Coleen, qu'elle s'appelait, ou quelque chose de ce gout là. Mais malheureusement, je ne devais pas être à son gout, puisqu'elle n'a même pas pris la peine de me répondre. Génial. Déjà que l'idée de vivre à deux me freinait pas mal, mais si en plus les gens ne faisaient pas d'effort...

Il fallait que j'aille faire un tour, pour me changer les idées. J'avais faim, et il fallait que je fasse le tour des appartements disponibles. L'idée de loger vers la confrérie ne me semblait pas une bonne idée pour le moment, pour la simple et bonne raison qu'il y avait des risques que je puisse tomber sur ma sœur. Et même si j'étais prêt à vivre en société, voire même de la revoir, je pense qu'elle n'était pas encore prête à connaitre la vérité, et même pas encore prête à la voir tout court. J'avais pris beaucoup de temps à la camoufler, alors je pouvais au moins prendre le temps de bien faire les choses. Un fast food, bon choix pour manger rapidement, en parlant au minimum de gens possible. On y entre, on commande, on mange et on se tire. Ça, ça me plaisait. Seulement, il fallait avant que je vérifie si il y avait du monde à l'intérieur. J'approchais mon visage de la vitre, et, hasard ou non, je tombais nez à nez, avec une vitre qui nous séparait, en face de Dawn. Ma belle aux cheveux rouge. T'avais le chic pour apparaitre dans les endroits les plus improbables. Je décidais alors de lui faire la surprise, d'aller commander un truc rapidement pour la rejoindre à la table. Plateau en main, je venais à coté d'elle, pour lui faire ma demande : « Bonjour mademoiselle. Vous accepteriez que je vous tienne compagnie, ou la place est-elle déjà prise ? »

Les déménagements n'étaient pas vraiment pas tasse de thé. Le tout premier que j'ai vécu j'avais trois ans lorsque j'ai quitté la Hongrie, mon pays natal pour aller vivre dans celui de mon père. Autrement dit les Etats-Unis, plus précisément au Texas. N'ayant pratiquement aucun souvenir de la Hongrie, je me suis toujours raccrochée à mes souvenirs d'enfance que j'avais eu à Houston en compagnie de toute ma famille. La grande demeure dans laquelle nous vivions était si agréable à vivre, chaleureuse et familiale. Jamais je n'aurais imaginé quitter un jour tout ce que j'avais pu connaître jusqu'à maintenant. J'avais toujours été le genre de fille qui aimait passer beaucoup de temps avec sa famille car c'est là que je me sentais le plus en sécurité. Tout du moins c'est ce que je pensais jusqu'à ce que mes parents décident un beau jour de me présenter un garçon que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam afin de me marier. J'avais pris ca comme une trahison de leur part. Moi qui pensais mener une petite vie tranquille jusqu'à la fin de mes jour à Houston et bien je m'étais trompée. Quitte à me mettre toute ma famille à dos, j'avais alors décidé de quitter le Texas la veille du mariage afin d'aller en Californie et recommencer ma vie. Partir de chez moi, m'éloigner de ma famille qui m'avait en quelque sorte toujours empêché d'agir comme je voulais m'avais fait le plus grand bien. Adieu la petite fille sage qui obéit à tout ce qu'on lui dit. Je voulais porter un pantalon imprimé léopard ? Avoir les cheveux rouge et des piercings ? Tout m'étais permis à présent. Il avait fallu que cette épreuve m'arrive pour que je puisse enfin me libérer de l'influence de mes parents. En y réfléchissant bien, je me demande ce qui a bien pu leur passer par la tête pour oser me faire une chose pareille. Marier sa fille alors qu'elle n'a seulement vingt ans. Nous n'étions plus au dix-huitième siècle à ce que je sache. Alors les mariages arrangés, très peu pour moi. De toute façon, je ne suis pas certaine d'être faite pour ce genre d'engagement. Moi j'aspire à la liberté et non pas aux contraintes. Et à mes yeux le mariage est une véritable contrainte pour le moment.

A l'heure actuelle, les relations amoureuses n'étaient pas du tout pas préoccupation. Bien entendu j'avais déjà eu des petits-copains par-ci, par-là mais rien de jamais vraiment sérieux. Il faut dire que j'avais tendance à très vite me lasser, c'était peut-être à cause de ca que je n'avais encore jamais couché avec un mec en fait. Premièrement parce que je n'en avais jamais eu envie et deuxièmement parce qu'avec ma religion, il m'était impossible de coucher avant le mariage. C'est là que le dilemme arrive puisque je ne veux pas me marier non plus. Je crois bien que je vais me reconvertir en tant que bonne soeur à ce rythme là. J'avais beau ne plus parler à mes parents, je respectais énormément ce que l'on m'avais enseigné. Bon d'accord, je n'étais pas une catholique coincée vu le style vestimentaire que j'adoptais mais avec les garçons j'étais tout de même assez réservée. Et puis il avait fallu qu'Ethan croise ma route après un concert. Quelle drole de rencontre. Nous ne nous connaissions pas depuis très longtemps et pourtant je me sentais vraiment très bien en sa compagnie. La légère gêne que je ressentais à notre première rencontre avait rapidement disparue au fil de nos conversations. C'était un garçon que j'appréciais beaucoup, avec lequel j'aimais passer du temps mais de là à penser qu'il pourrait y avoir plus qu'une simple amitié entre nous, je n'en croyais pas un mot. Ou peut-être que je ne préférais pas y penser car cela me mettais beaucoup trop mal à l'aise je n'en sais trop rien.

Il faut dire que j'avais autre chose à penser en ce moment même. J'étais bien plus tracassée à l'idée de m'installer dans mon nouvel appartement plutot qu'à ce que je pouvais bien ressentir vis à vis d'Ethan. Moi l'angoissée du ménage et du rangement, j'étais complètement obsédée par l'installation de mes meubles et de comment j'allais tout organiser chez moi. C'est d'ailleurs pour ca que je n'avais même pas remarqué qu'Ethan était debout devant moi à attendre que je le remarque enfin. « Bonjour mademoiselle. Vous accepteriez que je vous tienne compagnie, ou la place est-elle déjà prise ? » Sa voix me fit sortir brusquement de mes rêveries. Dans la seconde qui suivait je relevais immédiatement le tête afin de voir qui s'adressait à moi. « Euuuh...Je...Oui. Tu peux t'assoir. » Balbutiais-je en le fixant d'un drôle d'air. Attrapant mon gobelet d'une main, j'enfonçais ma paille entre mes lèvres afin d'aspirer un peu de ma boisson. « Qu'est-ce que tu fais par ici ? » lui demandais-je après avoir reposé ma boisson sur la table. Puis je passais brièvement ma main dans ma frange rouge. Mon Dieu, l'allure que j'avais aujourd'hui avec mon look de déménageuse. La honte. Bon, il faut dire que je n'allais pas dans le lieu le moins fréquenté de la ville en allant me remplir l'estomac dans un fast food. Mais les probabilités que j'y rencontre Ethan aujourd'hui même, à cette était de combien ? Une sur un milliard ? C'est un fait, j'ai une poisse phénoménale.

Ethan & Dawn

J'en avais marre de tout ce qu'il pouvait bien se passer au final. Était-ce une vie que de vivre seul, en hermite, éloigné de tous. Certes, j'allais à l'université et ce n'était pas le monde qui manquait. Mais je ne parle pas de ça, oh non. Ce dont je parle, c'est d'une attache. D'un lien à tisser au jour le jour. D'avoir quelqu'un avec qui partager au moins ses pensées. Je crois que j'avais besoin de sortir de ce trou dans lequel je m'étais terré depuis bien trop longtemps. Et je voyais en Dawn le choix idéal. Pas maintenant, c'est sûr. Mais elle, elle avait tout ce qu'il fallait pour m'aider à en sortir. De par la nature de notre relation déjà. Je m'entendais à merveille avec elle et je dois dire que c'était assez rare et exceptionnel pour le souligner. Alors, quand je la vis, là, à travers la fenêtre, j'en avais profité pour aller la voir. Je n'avais pas de raison particulière pour le faire, j'avais juste envie de le faire, et je crois que ça c'était déjà bien suffisant, n'est ce pas ?

« Euuuh...Je...Oui. Tu peux t'assoir. » Il fallait la voir sortir de ces rêves. C'est en partie ça qui me faisait craquer chez elle. Entre autre. « Qu'est-ce que tu fais par ici ? » « Eh bien je passais par là et je n'ai pas pu résister à l'idée de me taper un bon hamburger. C'était plus fort que moi aujourd'hui » Quelle excuse de naze. Franchement, j'aurais vraiment pu trouver mieux, mais ça pouvait quand même passer. Je ne saurais pas dire pourquoi mais, j'étais tellement attiré par cette femme que je n'osais rien faire du tout. Bon déjà, je pense que mon manque d'expérience là dedans devait jouer pas mal, mais il n'y avait pas que ça. Même si quand elle se trouvait près de moi, elle me lâchait un million de sourire et était la femme la plus adorable du monde, j'avais peur. Je flippais carrément à l'idée de pouvoir faire un truc de travers. Et puis, comment pouvais-je avancer, hein ? Je ne pouvais même pas passer une nuit avec elle tout simplement parce que je n'avais pas de vrai chez moi. J'habitais ma maison abandonnée, alors je pense qu'il y a mieux comme soirée romantique. Non, assurément, je n'avais pas les armes avec moi pour assurer avec elle. Pas maintenant en tout cas. Il fallait vraiment que je me trouve un appartement. « Et toi alors ? C'est ton ventre qui t'a également poussé ici, ou bien autre chose ? » Je regardais instinctivement autour de moi. Après tout, elle était peut être venue accompagnée et j'occupais peut être la place de quelqu'un d'autre.

Prendre son indépendance. Il n'y avait rien de mieux dans la vie. En quittant le domicile familial, je ne cache pas avoir eu un pincement au coeur. Quitter et par la même occasion devoir tirer un trait sur tout ce que j'avais pu connaître était plutôt difficile dans les premiers temps. Et pourtant, une fois assise confortablement dans le train me menant droit vers la Californie, je me sentais tout de même libérée d'un énorme poids. Parce que pour une fois dans ma vie je me sentais vraiment libre, je pouvais enfin agir comme bon me semblait et je crois bien que ca n'avait pas de prix. Mais dans un sens je me sentais coupable d'être partie comme ca, du jour au lendemain, sans leur laisser le moindre mot. Mon état actuel était assez paradoxal en fait. J'étais tiraillée entre mon ancienne vie, cette famille que je quittais et en même temps par cette nouvelle vie qui s'offrait à moi. Si j'ai songé à faire marche arrière ? Bien évidemment que oui. Je me suis même demandée si je ne faisais pas la plus grosse connerie de ma vie en me barrant de cette façon là. Et puis je me suis rapidement rendue compte que je n'avais pas la moindre envie de me marier avec un type que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam, que je ne voulais pas faire comme si j'étais la femme la plus heureuse du monde avec cet homme pour lequel je n'éprouvais absolument aucun sentiment. Merci mais nous ne vivions plus au dix-huitième siècle. Les mariages forcés, très peu pour moi. De toute façon je savais très bien que cette idée de me marier à un soit disant « fils de bonne famille » était une idée de ma très chère mère. Il n'y avait qu'elle pour avoir de telles idées. Tellement dans sa religion, le respect des traditions et tout le tralala qu'elle avait oublié que nous étions au vingt-et-unième siècle. D'ailleurs, je ne comprends pas comment mon père à pu se laisser embrigader dans ce genre de truc. Lui qui était pourtant si rebelle – il m'avait quand même donné le prénom de Sid en quatrième nom en l'honneur du bassiste des Sex Pistols - avec qui j'avais toujours été très complice. Quelque chose ne tournait pas rond pour le coup. Je crois bien que ma mère a envouté mon père. Alors oui, j'avais surement fait le meilleur choix en quittant le Texas. Depuis que j'étais petite j'avais eu envie de partir de cet Etat seulement je n'en avais jamais eu le courage. Mais l'idée de devoir me présenter à l'hotel afin de passer le restant de mes jours avec ce type sorti de nul part m'a provoqué une sorte de déclic.

Qui aurait pu croire que j'en arriverai jusque là franchement ? Pas moi en tout cas. J'avais toujours aimé les défis et le goût du risque. Alors prendre un appartement en ville était pour moi une nouvelle étape que je me devais d'affronter. Après tout, un bon nombre d'étudiants vivent dans des appartements loués pas trop cher et qui ne ressemblent pas pour autant à des taudis. Bon et puis ce n'était pas comme si je n'avais aucune rentrée d'argent puisque je bossais en tant que serveuse dans un bar en dehors des cours. Histoire de m'aider un peu, j'avais commencé à songer à un futur colocataire. Mais pour l'heure je n'étais certaine de rien. C'était vraiment en cas de nécessité. Je voulais d'abord m'installe tranquillement dans mon nouveau chez-moi, être certaine d'arriver à me débrouiller comme une grande fille avant de parvenir à ce recours. Et puis je n'allais pas prendre n'importe qui de toute façon. Il ne manquerait plus que je tombe sur une sorte de psychopathe qui passe son temps à fouiller dans mes affaires, à épier mes moindres faits et gestes, à me mater sous la douche. Rien que d'y penser j'en ai des frissons. Afin de chasser ces sombres pensées de ma tête, j'attrape mon gobelet remplis de Coca et porte la paille à ma bouche afin d'aspirer un peu de liquide. Parfois je me dis que je me fais vraiment trop de film. Il faut dire que j'ai tendance à me foutre la trouille toute seule et à paniquer pour un oui ou pour un non. Alors que je fourre une frite dans ma bouche, une voix se fait entendre. Je releve alors la tête et constate qu'il s'agit d'Ethan. Tiens, je le vois partout celui-là. Je l'invite donc à prendre place et lui demande ce qu'il fabrique dans le coin. « Eh bien je passais par là et je n'ai pas pu résister à l'idée de me taper un bon hamburger. C'était plus fort que moi aujourd'hui  » Je laisse échapper un léger rire tout en avalant une nouvelle frite. La nourriture c'était en quelque sorte l'amour de ma vie. Chez moi, mes placards étaient toujours remplis à ras bord. Principalement de céréales et de gateaux en fait. Mon alimentation n'était absolument pas équilibrée et pourtant je ne prenais pas un gramme. Mère Nature avait été généreuse avec moi. Oh, il fallait bien que je compense ma petite taille par autre chose ! En tout cas c'était un bon point, Ethan aimait la Junk Food tout comme moi. Encore un point commun entre nous. « Et toi alors ? C'est ton ventre qui t'a également poussé ici, ou bien autre chose ?  » Me demande t-il. « Entre autre oui. » Dis-je simplement en continuant mon repas. « J'ai trouvé un appartement pas loin d'ici alors j'ai voulu venir me remplir l'estomac avant de devoir défaire tous mes cartons. »

Ethan & Dawn

Prendre son indépendance. Quelque chose qui m'était impossible pour le moment, et pourtant tellement indispensable. Cela résumait tout à fait la situation de merde que j'avais fait naitre et vivre alors que la solution aurait pu être toute trouvée. Seulement, il arrive que parfois, nous n'ayons pas le choix. Je déteste quand les gens disent "Tu sais mon p'tit, on a toujours le choix". Je les hais, parce que oui, nous avons toujours le choix si nous agissons de façon purement égoïste. J'aurais eu le choix de me faire placer avec mon oncle et ma sœur si je n'avais pensé qu'à moi et non à leur sécurité. J'aurais eu le choix de ne pas vivre quasiment seul pendant des années si j'en avais rien eu à faire des autres. Mais dès que quelqu'un entre dans l'équation, la résolution de celle ci n'est plus pareil. On y ajoute une inconnue, et le calcul devient tout de suite plus complexe. Seulement, de l'eau avait coulé sous les ponts maintenant, et je crois que j'étais peut être prêt à quitter le cocon familiale abandonné. En tout cas, c'est ce dont je tentais de me persuader, et je ne savais toujours pas si c'était une bonne idée. Quitter une maison vide et abandonnée pour vivre seul, je n'avais aucun bénéfice à le faire. Il fallait que je trouve quelqu'un. Et ce quelqu'un devait être parfait en tout point. Et ce quelqu'un était représenté par Dawn. Car Dawn sortait du sentier commun des filles que l'on peut rencontrer n'importe où, n'importe quand au sein de l'université. Des filles comme Dawn, il en existait peut être des autres, mais pas à la pelle. Seulement.. Comment lui dire que je voulais m'installer avec elle parce que j'en avais besoin ? " Hey salut, je vis tout seul dans une maison abandonnée et je t'apprécie tellement que je veux vivre avec toi. Tu veux ? " Ahah. Soyons réaliste une seconde. Quelle genre de filles resterait là à m'écouter et ne prendrait pas peur dans la seconde qui suit, hein ? Même quand j'essayais de trouver des solutions, et que j'avais l'impression d'avancer en prenant un autre chemin, je me retrouvais systématiquement dans une impasse. Devais-je y voir un signe ou un quelconque élément de réponse, ou était-ce un test pour tester ma persévérance ?

Maintenant, je me retrouvais devant celle que j'avais rêvé de pouvoir revoir, et devant celle maintenant avec qui je rêvais de vivre. J'étais entré simplement parce qu'elle était là, mais je n'avais pas assez d'assurance pour le lui avouer. « J'ai trouvé un appartement pas loin d'ici alors j'ai voulu venir me remplir l'estomac avant de devoir défaire tous mes cartons. » Je souriais alors, mais le genre de sourire qui nait en coin. Le genre de sourire quand tu te rends compte que la vie est étrange, et que tu commences à voir des signes partout. Était-ce un signe cette histoire d'appartement ? Devais-je y voir une perche ? Toujours est-il que je ne voulais pas laisser filer l'occasion. Je fonçais peut être tête baissée dans les ennuis, ou je ne sais quoi, parce que je n'avais pas pris le temps de réfléchir, mais qu'importe. « Oh .. Tu as décidé de t'installer toute seule, c'est ça ? » lui demandais-je alors. Je voulais savoir si elle avait trouvé quelqu'un. Dans sa vie ou en colloc'. Ou dans son cœur même. Je voulais tout connaitre de sa vie. Mais n'était-ce pas un peu too much de ma part ? Ma curiosité me rongeait cependant, et je savais que si je n'avais pas les réponses dont j'avais besoin une fois que nous nous serions quittés, je mènerais ma petite enquête, même si c'est sa vie privée. Parce que quelque part, je voulais faire partie de sa vie, à Dawn, mais je ne connaissais pas les codes pour y arriver. J'étais juste moi, ce petit garçon qui s'est fait tout seul, et qui a appris tout seul. Et au final, en terme de sociabilité, je n'y connaissais pas grand chose. De même qu'en amour. Pourtant, cette fille, je l'avais dans la tête. Mais que pouvait-elle bien en faire, elle ? « Et tu as besoin d'aide pour t'installer ou ça ira ? Ca me donnera un avant gout quand moi je devrais le faire comme ça. » rajoutais-je alors. J'allais bien voir de cette manière à quoi je m'attendais. Je lui glissais cependant dans la phrase que j'avais dans l'idée de me trouver un appartement. Je savais qu'elle était assez vive d'esprit pour comprendre. C'était ma seule manière de m'exprimer car je n'arrivais pas à dire les choses comme elle venait. Je savais juste que j'avais besoin d'elle et que je ne voyais pas de meilleure candidate qu'elle pour occuper cette place. Et puis, tant pis si ça ne marchait pas. Après tout, j'aurais essayé. La première fois que nous nous étions rencontrés, je m'en étais voulu d'avoir laisser passer ma chance. Alors, maintenant qu'une nouvelle s'offre à moi, il ne fallait pas que je fasse deux fois la même erreur. Car si j'avais eu la chance de pouvoir retomber sur elle, ça ne serait pas la même chose si elle venait à trouver quelqu'un. Celui là je ne pourrais pas le mettre dehors.