14h23. J'étais en retard, dommage, le temps ne me dicterait jamais mes règles de bonne conduite. Je cliquais sur l'icons skype, démarrant le programme, les prunelles plantées sur mon ordinateur. Augusto et moi avions convenu, dans une logique imparable, d'utiliser mon ordinateur et de se placer en vidéoconférence à deux dans ma chambre, histoire de régler ça rapidement et surtout pour plus de simplicité. Ah les joies de la colocation, le bas peuple allait avoir l'occasion de converser avec les deux grandeurs que nous étions, en même temps. Que demande le peuple. Evan Callaway is calling . Je levais les yeux au ciel, quoi qu'intéressée par l'idée de converser librement avec mes camarades présidents de confrérie. Evan Callaway, la voleuse de Petrov-Versier. Celle qui avait eut l'occasion de vivre avec ma Manon durant l'année où la bougresse avait jugé plus agréable l'air parisien. Et une pestiférée de plus, une ! Toutefois, elle ne m'avait rien fait directement et comme nous nous devions tous d'être professionnel, la sagesse restait de mise. « Augusto, Skype ! » hélais-je à l'intention de mon délicieux colocataire. Le temps d'une réunion au sommet sonnait, je répondais à l'appel tandis qu'Augusto s'installait à mes côtés, écoutant d'une oreille attentive le discours de la orange. « .Tu proposes quoi Callaway, une alliance entre confrérie ? . » persifflais-je narquoise. Alliance entre confrérie my ass. La seule alliance que j'avais bien envie de faire se trouver à côté de moi et n'avais qu'à se déplacer dans mon lit juste derrière pour être bouclée. Enfin bref. Play nice La Tour Dubois. Nous étions là pour plus important que de simple querelle entre confréries, nous devions faire face à un ennemi commun. Reprenant un ton plus sérieux, j'enchainais. « La nomination de cet insecte ne fait pas l'unanimité, autant chez nous étudiants que chez les professeurs. J'ai entendu certains de nos profs plaisanter sur une possible mutinerie. Enfin, on plaisante on plaisante, je suis convaincue que certains ne sont pas aussi plaisantins qu'ils le prétendent. » Ce crétin m'agaçait. Peut-être parce qu'en lui je m'y retrouvais un peu, insensible, obstiné. Sauf que je n'aimais pas qu'on me dicte mes lois et que je ne l'autoriserais jamais, ni pour moi, ni pour mes rouges. J'étais la seule à pouvoir dicter les règles. « Nous devrions sonder nos professeurs, je suis sûre que nous y trouverions des alliés. » Mode manipulatrice, on. « Mutinerie. Investir l'Université et l'utiliser à notre avantage. Fredericksen joue avec nous, autant jouer sur le même terrain que lui, mais mieux. Qu'est-ce qu'il déteste le plus ce vieux Doyen ?. » Les mots d'une manipulatrice, prononcé avec un ravissant accent français, j'adressais un regard ravis à Augusto, impatiente de mettre le plus aiguisé de mes talents à l'épreuve, la manipulation d'autrui. Comment, je ne savais pas. Mais monsieur se disait maitre de Berkeley. Autant utiliser Berkeley U. contre le maitre. Après tout, nous étions tous maitre de l'université. Sans nous elle n'existerait pas.

Étant donné que tous les présidents de confréries étaient censés se retrouver sur skype à 14h00 ce samedi. Eirik avait invité sa co-pdc à venir dans la chambre de la confrérie afin qu'ils puissent être côte à côté pendant cette réunion et ce pour des raisons pratiques, même si au final les deux sampis seraient sur deux ordinateurs différents. Lorsqu'il se connecta, il y avait déjà plusieurs personnes de présentes et très rapidement tout le monde fut présent. A 14h30, la discussion put commencer et ce fut Evan qui commença à parler bientôt suivi par Constance. Le sampi jeta un regard à Dylan et finalement décida de prendre la parole à son tour en espérant qu'il ne couperait la parole à quelqu'un Une alliance semble quand même un bon compromis non ?! Ou une trêve appelez cela comme vous voulez... Peace & love quoi. Le sujet était assez important pour que l'on oublie pendant un moment ces querelles entre confréries, même si c'était sûrement plus facile à dire qu'à faire, même si mettre de côtés certaines rancunes passées serait assez compliqué, mais il fallait que tout le monde se serre les coudes s'ils voulaient arriver à quelque chose de correct. Eirik laissa passer quelques secondes et finalement continua Il est certain que l'on doit faire quelque chose, mais quoi après ?! Vous croyez vraiment qu'une mutinerie arrangerait les choses ?! Sincèrement je ne pense pas, ça ne ferait que les aggraver. C'est sûrement un peu vieux jeux mais la violence ne résout rien, il joue à un jeu, il faut que l'on joue comme qui, à qui serait le plus intelligent, et sur ce terrain on peut gagner en unissant nos efforts. Je suis certain que l'on peut trouver un moyen de le.. disons le mettre hors d'état de nuire et lui montrer ce qu'on pense de lui sans violence, en étant juste plus malin que lui... Comme cela a été souligné on aura sûrement des profs avec nous et c'est déjà un grand avantage., enfin en principe. Maintenant, il restait à savoir qui serait prêt à les suivre sans se défiler et ça serait certainement la tâche la plus difficile. Arriver à en trouver à qui faire confiance, totalement confiance... Ce qu'il déteste le plus ?! Le désordre ou qu'on lui désobéisse très certainement... et surtout le faire discrètement vu qu'il a les yeux et les oreilles qui trainent un peu partout ! Eirik jeta un regard à Dylan, maintenant il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils trouvent tous un terrain d'entente et vu les différentes personnalités cela risquait d'être assez difficile.

A peine commencée que les chamailleries éclataient. Evan ne put s'empecher de lever les yeux au ciel. On était quoi, en maternelle ? Si le temps de la La Tour Dubois l'exaspérait déjà, elle ne pouvait toutefois pas répliquer sans prendre le risque que l'on en oublie le sujet principal. Et puis le but était bien de trouver une solution, aussi déplaisante soit-elle, n'est-ce pas, donc mieux valait mettre temporairement de coté les affinités, ou plutot le manque d'affinités entre chaque confrérie. "Pour toi ça sera Evan, comme tout le monde. Et oui, c'est plus ou moins l'idée". Elle écouta avec attention les propositions de chacun de ses confrères, acquiesçant pour elle-meme, puisque personne ne la voyait, lorsqu'une idée évoquée lui semblait intéressante. "Déjà, avant meme de sonder les professeurs, meme si c'est une très bonne idée à travailler, il faudrait déjà voir entre confréries. Je sais que pour la plupart, nous n'apprécions pas la moitié des gens dans cette discussion mais pour une fois, faire preuve de maturité nous serait grandement utile, mettons de coté les guéguerres, et puisque nous avons un ennemi commun, détruisons-le. De là à parler d'alliance, il n'y a qu'un pas, à vous de voir si vous voulez le franchir. Pour les professeurs, je rejoins Camille, si l'on tombe sur un de ses alliés, nous sommes foutus, et c'est là que je rejoins Constance et son art de la manipulation. Prechons le faux pour avoir le vrai, faisons en sorte qu'ils nous entendent nous plaindre du Doyen, voyons leur réaction, ou alors allons les voir, faisons comme si de rien n'était et à un moment, on leur demande de but en blanc ce qu'ils pensent du Doyen, on peut leur dire qu'on le trouve un peu sévère, sans aller plus loin, et voir s'ils nous suivent ou pas. En fonction de ça, on voit qui est dans notre camp et qui ne l'est pas. En tout cas, je pense qu'on est tous d'accord sur la meme chose : la discrétion est de rigueur. Etre alliés ne veut pas dire le montrer, rien ne doit laisser suspecter qu'il se trame quelque chose." Evan attendit quelques secondes avant de reprendre la parole. "Fredericksen nous reproche de trop nous exposer ? Très bien, alors faisons quelque chose qui ne soit pas exposé, en tout cas pas à ses yeux. Quelque chose qui inclurait le maximum de personnes et qui pourrait mettre en cause son règne. Bref, il nous faut une idée de génie pour le rendre dingue, sans risquer trop de choses, qui soit discret mais qui fasse le maximum de vagues dans l'université. Vous avez des idées ? Parce que moi pas la moindre..."

Merde, j'étais en retard pour la discussion entre présidents de l'université qui avait été organisé en douce. Personne n'était au courant sauf nous et j'avouais que cette idée de complot me plaisait particulièrement. Enfin de retour chez moi, j’allumai l'ordinateur portable qui était posé à côté de Vraona ma colocataire et après un regard vers elle, alluma skype, pris l'ordinateur portable et l'emmena dans ma chambre. Les secrets faisaient toujours partie des complots c'était bien connut ! Une fois connectée, je vis de suite que la conversation était déjà bien amorcé et j’écoutai les propos d'Evan. Une idée pour se rebeller, ça m'allait. Mais quoi ? Désolé du retard ... J'aurais bien des idées mais elles sembleraient peut-être trop radicales. Effectivement, les gammas étaient réputés pour avoir les plus gros coups de gueule incontrôlables. Rien qui ne plairait sûrement aux autres présidents. Il est de toute manière impératif d'organiser un grand évènement pour marquer le coup ! Après tout, Fredericksen a aussi déplacé les gammas chez les Bêtas/Deltas ce qui est sûrement le plus insupportable dans toutes les décisions qu'il a dû prendre. Et nos deux confréries sont totalement d'accord sur ce point là. Il veut créer une guerre et bien il va l'avoir. Il cherche ainsi à détruire les confréries. Alors rendons lui l'appareil d'un manière plus subtil. Il nous faudrait un évènement qu'il nous interdirait de faire et que bien sûr, nous ferions avec l'ensemble des étudiants de l'université ... Je réfléchissais. D'habitude, j'aurais été sûrement beaucoup plus bavarde mais en présence d'autres présidents dont je sentais la pression montée du fait de quelques gueguerres personnelles, je ne pouvais me livrer totalement à exposer nombre d'idées machiavéliques qui me venaient à présent en tête. Souvent ingérables pour la plupart certe.

La ponctualité n’était pas mon fort, et voilà que je venais de le prouver, à nouveau. Je savais pertinemment que j’avais une réunion en direct, sur skype, à 14h30 précises. Mais non, je n’avais pas été foutu d’être là. Si mes retards fréquents ne m’avaient pas posé de problèmes jusqu’à maintenant, aujourd’hui, c’était bien différent. Depuis que Fredericksen était là, j’avais eu l’immenseeee honneur de me retrouver en tête à tête avec mon doyen préféré une paire de fois. L’affront avait été des plus difficiles à vivre, et j’avais mal vécu le fait d’être réduit à un mois que rien. « Du même avis qu’Ebony. Pour une fois que deux confréries opposées peuvent s’accorder sur un point… » Lâchais-je en roulant des yeux. Franchement, vivre en colocation avec les Bêta et les Delta six mois de plus ? Non merci. Quotidiennement, nous frôlions l’apocalypse, la troisième guerre mondiale, les remix de Saw. Bref, autant le dire, la situation n’était pas au bout fixe, et j’avais hâte que les choses se remettent en place. Donc, si jamais les autres présidents de confrérie avaient une idée, j’étais preneur. « Sonder les profs n’est pas une mauvaise idée. Mais honnêtement, vous n’avez pas l’impression qu’ils risquent de nous la faire à l’envers ? » Demandais-je. Faire notre petit truc, qui allait en devenir un gros, dans notre coin, ça me convenait. Mais de là à en parler aux professeurs, j’étais tout de suite plus méfiant. D’un côté, ils pouvaient nous être d’une aide précieuse. Mais je ne pouvais m’empêcher de voir en eux des représentants de l’autorité, qui allait nous tomber dessus au moindre faux pas. « Une fête, oui. Mais en quel honneur ? Quels sont les prochains événements à venir ? » Demandais-je en fronçant les sourcils. Puisqu’apparemment nous étions tous d’accord sur l’idée de manigancer contre le doyen, il nous fallait désormais un prétexte pour le faire, et vite. Et une fois que nous aurions trouvé ce fameux prétexte, il ne nous resterait plus qu’à mettre en place le déroulement de la soirée. Show must go on, comme on dit.

Je me délectais déjà de l'ambiance électrique, plus il y avait d'animosité, plus mon sourire s'intensifiait. J'adressais parfois des regards amusés à outrance à mon colocataire, écoutant avec mépris, mais d'autant plus d'amusement les remarques de mes homologues présidents. «.Garde tes conseils pour toi, prince des têtes d'ampoules.» Alpha. Ierk. Je savais que je devais garder mes réflexions personnelles pour moi, n'étant pas la plus conciliante des présidents de confréries de Berkeley, toutefois, disons que celle-ci était sortie toute seule. Régler ça comme des adultes qu'il disait. Tu veux pas une licorne pour Noël aussi tant que t'y es. Quant à la Callaway, elle avait déjà un enfant, un ventre plein de vergeture, pas la peine de répondre à sa on ne peut plus futile réflexion. Ces deux-là faisaient bien la paire en y pensant. Evan la fille au prénom de garçon, Camille le garçon au prénom de fille. Marriez-vous, faites de enfants. Bref, play nice La Tour Dubois, je levais les yeux au ciel, impatiente d'en finir avec cette mascarade et d'aller vaquer à des occupations beaucoup plus saines et distrayantes à mes yeux. Je laissais mes camarades énoncer leurs idées avec attention et après les gamma de la bande, décida d'annoncer la couleur. « récapitulons. Un événement qu'il nous interdirait de faire et qui le mettrait en rogne. A organiser dans l'ombre avec nos étudiants et pourquoi pas, certains de nos professeurs. Hé bien, question événement, officiellement le prochain c'est le bal de fin d'année. Sauf que c'est bien trop loin, nous devons trouver quelque chose de plus immédiat. Quitte à faire dans l'effet de surprise, autant jouer la carte de l'officieux et prendre une date qui n'est pas sur le planning des activités scolaires à venir. Un événement que l'énerverait, proche... » Je réfléchissais, passais en revu les défauts et les traits de caractères les plus virulents de notre cher doyen, détournant mes prunelles sur le calendrier me faisait face, à la recherche d'une date. Mais LA date. Nous étions le 23 janvier et avions besoin d'un événement rapidement. «.La Saint-Valentin. » annonçais-je. Bingo Jackpot. Sortez les violons. «. Je paries que Monsieur Fredericksen, réfractaire à toute forme de sentiments, compassion et romance, ferait une jaunisse si nous décidions de célébrer la Saint-Valentin. » ajoutais-je en ricanant. Le tout était de savoir comment s'y prendre. Là était toute la clef d'un plan, si nous voulions que l'alliance inter-confrérie fonctionne, la cohésion. Toutefois je tirais une grimace, célébrer la fête des amoureux, oh madre ! J'allais baigner dans un monde de sentiment et de romance le temps d'une soirée. Allez, take one for the team Constance, tant que ça peut emmerder le doyen, c'est parfait.