YEppppppppppp TAXI

Les vacances d’hiver sont en général les préférées d’Olivia. Elle adore l’ambiance qu’il règne dans les rues, les lumières de noël, l’odeur de marrons chaud, les vitrines décorées, et les gens emmitouflés dans leurs gros manteaux avec la panoplie complète gants et écharpe. Enfin ça, c’est à New York, un état froid et souvent enneigé pour noël. Désormais c’est en Californie qu’Oli passe ses vacances de décembre, loin de la neige et du froid. A San Francisco même s’il ne fait plus dans les vingt degrés, le temps est tout de même beaucoup plus doux que sur la côte Est. Alors évidement quand c’est les vacances, on a toujours du temps libre à gaspiller et Olivia ne manque pas à la règle. Si elle est allée passer le réveillon et le vingt cinq décembre avec sa famille, c’est bien à SF qu’elle passera le trente et un et attendant cette fameuse date synonyme de fête et déboires, c’est en flânant en centre ville qu’elle passe le temps. Une heure, puis deux, puis trois… en général elle peut rester à se balader ainsi pendant plusieurs bonnes heures, être seule lui permet de penser à certaines choses qui la préoccupent ou tout simplement à se relaxer. C’est un peu égocentrique de dire ça, mais Olivia adore passer du temps avec elle-même. Observer les gens, faire un peu de shopping, s’arrêter de temps à autres pour boire un coup ou tout simplement marcher sans vraiment avoir de destination précise. Les choses banales qu’à peu près tout me monde fait je pense non ?

Aujourd’hui, comme souvent donc, elle avait passée la journée dehors, elle s’était promené le long du port, avait observé les bateaux se balader sur l’eau et elle était même allée jusqu’à la Coït Tower, juste parce qu’elle s’amuser bien à monter l’énorme rue en pente qui y menait. Et puis de toute manière avec tout ce qu’elle avait englouti durant les fêtes, elle avait besoin d’exercice pour perdre les calories gagnée durant les deux gigantesques repas de famille qu’elle avait « subi ». En fin d’après midi elle était déjà complètement claquée, presque dans l’incapacité de faire un pas de plus. Lorsqu’un taxi se présenta à deux pas d’elle, elle s’avança pour y entrer lorsqu’elle vit de l’autre côté une jeune femme venir ouvrir la portière arrière et s’y engouffrer. Elle passa à son tour la tête à l’intérieur du véhicule. « Excusez moi, je crois que vous ne m’avez pas vu mais j’allais prendre ce taxi…avant vous… » Elle ne voulait pas froisser la personne, mais en même temps hors de question de se laisser faire. On ne la lui fait pas à elle, c’est une véritable New Yorkaise et comme tout New Yorkais qui se respecte, elle sait se défendre contre les voleurs de taxi. C’est tellement monnaie courante là bas, tout le monde s’est déjà fait voler au moins une fois sa place pour un taxi. A ce jeu ce qu’il faut c’est soi être le plus rapide, soi être capable de crier plus fort que l’autre personne et en dernier recours être le plus riche pour pouvoir promettre le plus gros pourboire au chauffeur. En général ce dernier truc marche bien. Olivia en sait quelque chose, même si elle n’aime pas jeter l’argent par les fenêtres ou trop montrer qu’elle en a, lorsqu’elle est vraiment pressée, soi parce qu’elle est en retard soi parce qu’elle… et bien en fait c’est surtout qu’elle est souvent en retard alors… Enfin tout ça pour dire que quand elle est dans la précipitation, elle n’hésite pas à glisser un petit billet ou deux au chauffeur histoire qu’il la laisse embarquer et que l’autre personne soit éjectée. En y pensant c’est vrai que ce n’est pas très sympa, ni juste mais bon il faut bien être un peu dur dans cette ville de brute qu’est New York. Cela dit ici c’est SF et les gens sont réputés pour être plus sympa que dans la grosse pomme. Et puis cette jeune femme a peut-être réellement cru qu’elle était la seule à vouloir prendre ce taxi, elle ne l’a peut-être pas fait exprès. Olivia ne peut pas lui jeter la pierre sans savoir. Elle releva les yeux et observa la jeune femme, celle-ci lui rappelait fortement quelqu’un mais Oli n’arrivait pas à remettre le doigt dessus. Un prénom lui titillait la langue mais elle ne pouvait pas s’en rappeler… Long cheveux brun, des jambes magnifiquement longues, un corps mince et élancé, un visage d’ange… Elle connaissait des dizaines de filles comme ça, mais celle-ci lui semblait véritablement familière. La tête toujours penchée dans le taxi, elle attendait une réaction de l’autre fille, tout en examinant avec précision son visage. Elle était presque sûr de la connaitre mais d’un autre côté lui poser directement la question aurait été un peu… bizarre et inattendu vue la situation.

D’origine mexicaine, Calla a toujours rêvé d’une chose étant petite ; celle de voir la neige. Elle la voyait certes à la télévision dans les centaines de téléfilms qui étaient diffusés durant cette période, mais jamais elle ne l’avais vu en vrai. La petite fille devait alors se contente de l’imaginer. Elle s’était imaginé des milliers de fois la sensation que cela pouvait faire ; le froid, puis la fonte. Après tout, cela devait un petit peu fonctionner comme des glaçons, non ? Mais enfin, lorsque la jolie brune déménagea à New York, il y a de cela environ cinq ans maintenant, elle était loin de s’imaginer que pour qu’il neige, il devait faire si froid. A Acapulco, la ville où elle est née il y presque 22 ans, il ne fait jamais froid, à vrai dire, c’est même la canicule toute l’année. Et devoir vivre tout un hiver avec une température moyenne de -5° degrés, c’était un petit peu difficile pour Calla. En revanche, la neige ne l’a pas déçue, puisque c’était encore plus magique que tout ce qu’elle avait pu rêvé depuis toutes ces années. Désormais, Calla vit à San Francisco et pour tout dire, la température lui convient assez bien mais elle aimerait bien qu’il fasse un peu plus chaud de temps en temps, car dès qu’il y du vent – chose courante en Californie – il est plus prudent de sortir avec une jaquette voire même une petite veste ou un coupe-vent. A San Francisco, il fait 20 degrés environ toute l’année, il n’y a donc pas de neige. Après avoir passé quelques hivers à New York, Calla trouve bizarre de passer Noël au chaud, sans pouvoir s’emmitoufler dans une grande veste et sans devoir porter des gants, sous peine d’avoir les mains gelées. Mais bon, elle commençait à s’y faire désormais.

Bien qu’elle soit actuellement en vacances, Calla avait du mettre son réveil la veille au soir afin qu’elle puisse se réveiller ce matin pour un entretien d’embauche. En effet, bien qu’elle ait reçu une bourse d’étude – sans quoi elle ne pourrait jamais étudier dans une telle université – Calla galère un peu pour payer son loyer. Son colocataire, Jayan, est plein aux as et les deux étudiants vivent dans une maison plutôt jolie et luxueuse. Jayan avait proposé à Calla de payer l’entier du loyer, mais de nature fière et indépendante, Calla avait insister pour au moins y participer. Mais ces temps, et surtout après les fêtes de Noël, ses finances n’étaient pas au meilleur de leur forme. Elle avait trouvé un petit article dans les annonces du journal de l’université de Berkeley que le Starbucks Coffee cherchait de nouvelles serveuses pour des raisons personnelles. Ainsi, Calla décida de sauter sur l’occasion, mais malheureusement, les places s’arrache super vite et du coup la gérante du faire des entretiens d’embauche. En bref, elle n’avait pas intérêt à être en retard. Lorsque son réveil sonna ce matin, Calla appuya sur la fameuse touche « snooze » qui consiste à stopper la sonnerie et à la faire se répéter une dizaine de minutes plus tard. En bref, c’est deux « snoozes » plus tard que Calla ouvrit un œil en se rendant compte qu’elle était à la bourre puisqu’elle s’était lever avec une vingtaine de minutes trop tard. Elle fila sous la douche afin de se rafraichir le visage, et en profita pour se laver les cheveux en vitesse. Elle n’allait tout de même pas se présenter là bas avec les cheveux gras. Elle se sécha en vitesse et se maquilla ; un brin de fond de teint, de l’anti-cernes, un petit peu de crayon noir sur les paupières, ainsi que du mascara, chose indispensable pour la demoiselle. Côté vestimentaire, elle enfila son pantalon noir en coton et opta pour une petit haut rouge un petit peu large mais décolleté, qui la mettait en valeur. Tenue tout à fait élégante et non provocante ou vulgaire. Parfait. Elle enfila ses ballerines rouges assorties pour ajouter une touche d’originalité à sa tenue. Il était déjà 9h30 et Calla avait rendez-vous de l’autre côté de la ville à 10h15, il fallait faire vite.

Elle pris son sac à main mango noir et argent, ferma la porte de la maison à clé et se dépêcha de se rendre sur la route afin de trouver un taxi au plus vite. Avec la chance qu’elle avait, Calla allait encore devoir galérer pendant des dizaines de minutes avant d’en trouver un de libre. En effet, elle habitait sur une route relativement beaucoup fréquentée et cela n’était pas très pratique quand il s’agissait de trouver des taxis. Le bon point était que beaucoup de taxis passaient, malgré que le fait que la plupart d’entre eux étaient déjà pris par d’autres personnes. Mais enfin, elle en vit un de libre et lui fit signe de s’arrêter. A peine planta-t-il les freins que Calla était déjà à l’intérieur. Alors qu’elle s’apprêtait à indiquer au chauffeur le lieu de sa destination, elle s’aperçut qu’une autre jeune femme était en train de s’asseoir à côté d’elle. Et elle n’avait pas l’air contente. « Excusez moi, je crois que vous ne m’avez pas vu mais j’allais prendre ce taxi… avant vous… », fit la jeune femme. Non mais c’est une blague ? Calla était plus que pressée, et d’ailleurs, elle n’avait même pas fait attention à la présence de la jeune femme. La jolie sampi n’avait donc aucune idée de qui était arrivée la première. Mieux vallait rester calme. « Pour être tout à fait honnête, j’ai un entretien à l’autre bout de la ville dans à peine une demi-heure, donc je suis super stressée et je ne vous ai pas vu, ce qui fait que je n’ai sincèrement aucune idée de qui était la en premier. Tout ce que je sais, c’est que je suis pressée. Alors si ce n’est pas votre cas, je vous prierais de me laisser le taxi. Et si vous êtes tout aussi pressée que moi, on peut toujours essayer de regrouper nos courses en une seule et faire un petit détour. Nous n’avons pas de temps à perdre à discuter pendant des heurs. Vous allez où ? » lança Calla énergiquement et en une seule traite. Tandis que la jeune demoiselle l’écoutait, son visage disait quelque chose à Calla, mais elle était impossible de se rappeler de qui il s’agissait. Une fille qui était dans sa classe ? Une fille qui patinait avec elle lorsqu’elle était encore apte à faire du sport ? Calla n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais elle n’avait pas le temps de se prendre la tête avec cela maintenant.

Spoiler:

Ne sachant que faire, Olivia hésita un instant, surprise par la réponse de la jeune femme. Elle n’avait jamais partagé un taxi avec quelqu’un d’inconnu, c’était plutôt rare que les gens proposent d’ailleurs. Mais après tout, pourquoi pas. Pressée par la jeune femme, Olivia grimpa dans la voiture et cala son sac à main à ses pieds. Mal à l’aise, elle tenta d’établir le contact. «Un entretient hein ? Serait-ce trop indiscret de demander pourquoi ?» Elle fit un sourire à la jeune fille assise sur le siège d’à côté. Elle réalisa qu’elle en avait oublié ses bonnes manières. Elle tendit sa main vers son interlocutrice et se présenta comme elle savait si bien le faire, à la manière gracieuse de sa mère. «Je m’appelle Olivia Wexner, enfin Olivia Grace mais tout le monde m’appelle Olivia. Et vous ?» Elle ne s’était pas encore permis de la vouvoyer. Elles avaient beau avoir le même âge, Oli avait toujours trouvé déplacer de s’adresser à quelqu’un de manière familière si l’on n’y avait pas été invité auparavant. Le taxi enchainé les rues les unes après les autres, il roulait relativement vite mais alors qu’Olive s’apprêtait à reprendre la parole, la voiture s’arrêta à un feu rouge. L’autre fille avait vraiment l’air pressée, et elle ne semblait donc pas prête à perdre une seule minute. Livia en avait elle finit avec sa journée, elle n’attendait plus qu’une seule chose, se poser dans son lit, retirer ses chaussures et lire un bon bouquin jusqu’à l’heure du diner. Elle bougea nerveusement sur la banquette et regarda sa montre. Puis elle s’avança vers l’avant de la voiture pour indiquer sa direction au chauffeur. «Je vais sur le campus de Berkeley, vous n’aurez qu’à me déposer à l’entrée, je pourrai marcher jusqu’à chez moi.» Elle était complètement épuisée certes, mais elle n’aimait pas trop rentrer en taxi, elle trouvait que cela faisait trop voyant, elle préférait largement traverser le campus elle-même, et puis c’est toujours agréable et l’on y croise toujours quelqu’un. De nouveau la jeune Sampi se tourna vers la jolie brune et lui sourit. «Et vous, où est-ce que vous allez ? Je suppose que si votre destination est plus proche on peut très bien y aller en premier. Je ne suis pas aussi pressée que vous je crois.». La jeune Olivia posa ses mains sur ses genoux et cessa de bouger un instant. Même après avoir marché toute la journée elle avait encore la bougeotte, c’était assez énervant. Petite elle avait été diagnostiquée avec le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité et depuis même si elle s’était beaucoup calmée en grandissant, elle avait toujours plus ou moins beaucoup d’énergie à revendre, en tous cas elle avait besoin de se dépenser deux fois plus que tout le monde. Si ce petit souci lui posait parfois des problèmes pour rester en place plus de cinq minutes, elle n’était cependant pas handicapée dans ses études. Lorsqu’elle était enfant, elle avait bien du mal à se tenir tranquille pendant la classe, aussi elle en faisait toujours des tonnes et finissait souvent par se faire punir, mais une fois son hyperactivité détectée, elle montra au monde entier, enfin surtout à ses professeurs et sa famille, à quel point elle était douée et depuis, elle n’a plus eu de problèmes de ce côté-là. Et comme ses études lui demandent donc une grande concentration, elle est forcément obligée d’évacuer d’une manière ou d’un autre. Aujourd’hui elle se sentait réellement infatigable et même si elle semblait être prête à tourner de l’œil d’une minute à l’autre, elle savait très bien qu’en rentrant à la maison de confrérie, elle ne pourrait pas s’endormir. Elle avait des fourmis dans les jambes, comme si elle s’apprêtait à courir un marathon, ses mains toujours posés sur ses cuisses, l’aidaient à rester calme jusqu’à ce qu’elle puisse descendre de voiture. Elle tenta de se concentrer sur autre chose. Olivia tenta une fois de plus de creuser dans sa tête pour trouver où elle avait pu croiser cette jeune femme auparavant. Soudain une idée lui vint et elle ne pu s’empêcher d’interroger la jeune femme. «Vous ne seriez pas à Berkeley par hasard ?! Ca va vous paraitre bizarre mais j’ai vraiment l’impression de vous connaitre… Je suis seulement en première année alors j’ai un peu de mal à mémoriser tous les prénoms, les visages, etc… On rencontre tellement de gens, tous les jours! Enfin je ne sais pas, mais il me semble vous avoir déjà croisé, peut-être même dans la maison de confrérie où je loge… Sampi ?». Oui, Olivia sentait qu’elle s’en rapprochait, elle avait définitivement déjà vu cette fille dans les couloirs de sa résidence. Peut-être appartenaient-elles à la même confrérie?! Liv’ n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer tout ses camarades, mais elle avait essayé de tout de même mémoriser un maximum de visage afin d’à peu près savoir qui est qui. Même sans connaitre les prénoms, c’était toujours utile de pouvoir reconnaitre les gens, on ne sait jamais qu’on ai besoin d’un coup de main et qu’on croise justement quelqu’un appartenant au même cercle que nous. Et puis même si on ne connait pas quelqu’un, il ne faut pas avoir peur de demander. Olivia elle-même savait très bien cette règle. A l’université chacun se retrouve livré à soi-même alors il faut bien se serrer un peu les coudes parfois, et les confréries c’est un peu comme les familles des étudiants. Si les membres d’un même clan ne s’entraident pas, alors personne n’aide personne. Enfin heureusement quand même quand même que les gens vont outre les barrières des confréries, on peut très bien trouver des Alphas, des Iotas ou même des Sigma gentils et prêts à filer un coup de main, même si ils n’appartiennent pas à la même «équipe». Toute cette organisation avait beaucoup fascinée la jeune New Yorkaise de tous justes dix huit ans. Comme maintenant, partager un taxi… avec les filles de son ancien lycée, c’était totalement impossible à imaginer. Et puis à New York la mentalité est différente de toute manière, c’est plus «chacun pour sa poire» si vous voyez ce que je veux dire.