Je ne sais pas pourquoi mais j’avais le sentiment que l’univers entier était contre moi aujourd’hui, je ne croyais pas au karma, aux diseuses de bonnes aventures et je ne sais quoi d’autres encore mais, si ça continuait, j’allais croire que j’étais maudite et pourquoi pas aller voir un exorciste tant que j’y suis. J’avais pris deux jours de congé pour avoir du temps libre et me consacrer à mes autres affaires que les étudiants et les cours que j’allais leur donner et comme un malheur ne vient jamais seul, l’administration de l’université m’en avait fait voir de toutes les couleurs avant d’accepter de me donner ces deux malheureux jours qui je dois le préciser étaient bien mérités. Passons. Il avait fallu ensuite faire garder Lukas parce que bien sûr, je n’étais pas en Angleterre et mes amis ne se bousculaient pas à ma porte pour me rendre service quand j’en avais besoin, non. Je vivais à San Francisco et malheureusement, rares étaient mes amis. En temps normal, cela ne m’aurait pas gêné, je me préoccupais que très peu du nombre d’amis que j’avais, l’important à mes yeux était d’avoir de véritables amis sur qui compter en cas de coups durs. Mais malgré ça j’avais réussit à trouver quelqu’un de confiance à qui confier mon petit bout de chou le temps de régler ces affaires qui visiblement me causaient plus de tort que de bien. Maudit pays et maudit business.

La journée avait très mal commencé, il fallait l’avouer. Tout d’abord, mon réveil qui m’avait fait faux bond, résultat : je me trouvais déjà en retard avant même d’avoir commencé ma journée. Gardant tout de même le sourire pour ne pas gâcher cette journée qui devait être bénéfique pour mon entreprise, je rejoignis la salle de bain, une bonne douche ne me ferait pas de mal, avais-je pensais bêtement. Et bien si ! Plus d’eau chaude, seulement de l’eau froide qui me réveillait certes mais surement pas de la bonne manière. La chaudière était tombée en panne au cours de la nuit. A cet instant, mon sourire commençait à s’effacer peu à peu mais, optimiste comme je le suis ou pas, je décidais que la journée ne faisait que commencer et que la suite des évènements seraient bien mieux. Doux euphémisme. Ce n’était que le début d’une très très longue matinée. Arrivée à la case cuisine, je me surpris à avoir des envies de meurtre. Plus de café et je ne peux pas sortir de chez moi sans café. Laissant échapper un soupir, je laissais tomber la partie petit-déjeuner pour retourner dans ma chambre et me préparer pour un rendez-vous prévu depuis quelques semaines déjà. Au moins, si j’arrive à conclure avec de potentiels clients, ça égaiera ma journée. Optant pour une robe noire, simple et sexy, m’arrivant légèrement au-dessus des genoux ainsi qu’une veste de la même couleur pour le froid et des escarpins, je fus prête en un quart d’heure. Laissant mes cheveux retomber sur mes épaules nues, je quittais mon appartement d’assez mauvaise humeur. Après avoir acheté un café noir, je repris le volant de ma porche Carrere GT, gris métallisé pour me rendre à mon rendez-vous. Heureusement que j’étais du genre prévoyante et que je ne fixais jamais mes rendez-vous assez tôt au cas où il y aurait ce genre de problèmes en cours de route. Enfin, ma dose de caféine dans l’organisme, la chanson « Break me out » résonnant dans l’habitacle de la voiture, je pu enfin retrouver mon sourire. Rester optimiste en toute circonstance, voilà ce qu’il fallait faire. Continuant à conduire et ne pensant à rien d’autre qu’au contrat que j’allais signer et aux clients que j’allais gagner, je ne fis même plus attention à la route. Grosse erreur. A peine eussè-je le temps de respirer qu’un bruit caractéristique se fit entendre. Mon pneu venait d’éclater. Au diable les bonnes résolutions. Me garant sur le bas côté de la route, je me rendis au coffre de la voiture pour en ressortir le pneu de secours. J’entrepris de le changer sans me soucier des autres conducteurs qui passaient à vive allure. Je ne fis même pas attention lorsqu’un beau brun s’arrêta et vint vers moi.

I want to break free by Queen

On m'avait appelé sur un tournage de film, ils avaient besoin de quelqu'un juste pour une scène de cascade, le héros devait faire un tonneau avec sa voiture. Les réalisateurs n'aiment pas faire prendre ce genre de risque à leur "vedette", ils préfèrent donc appeler des professionnels de la route comme ils disent, des pilotes qui savent vraiment ce qu'il faut faire avec les voitures. Je ne prend pas de risque énorme puisque je sais parfaitement ce que je fais, et puis même si je meurs au moins ce sera une belle mort dans une voiture à conduire comme j'aime le faire. Dalida chantait qu'elle voulait mourir sur scène et c'est je crois le mythe de tout chanteur de mourir sur scène, moi je veux mourir dans une voiture pas d'une crise cardiaque dans mon lit ou me faire écraser en traversant la route pour aller sur le trottoir opposé.

Je propose souvent mes services, ce n'est pas très bien payé pour les risques que l'on prend, on peut très bien ce faire tuer lors d'une cascade, mais j'aime l'idée qu'on est besoin de quelqu'un comme moi pour faire ce qu'on ne peut faire soit même. Et puis ce n'est pas non plus tout les quatre matins qu'on me demande de faire ça alors une fois comme ça je peux toujours me libérer pour trouver le temps de le faire. C'est une expérience assez incroyable, on a des tonnes de frisson parce que même si la scène n'est pas réelle on la vis, on se concentre pour que les choses se passent exactement comme les réalisateurs veulent. Je remarque que les réalisateurs sont assez précis en général sur ce qu'ils veulent, ils veulent absolument que la voiture arrive à tel endroit, dans telle position c'est assez chiant en général et ça casse un peu tout. Enfin bon tout les films sur lesquels on m'appelle ne sont pas Drive.

Après plusieurs jours de tournage, j'étais bien content de rentré, ce n'est pas que je suis fou de ma petite vie c'est juste que il y a tellement de pression sur un tournage, tout le monde est sous tension et c'est pour ça que la plupart des acteurs que j'ai croisé font la grosse fête une fois que tout est fini. Il faut bien décompressé et profiter de la vie tant qu'on peut le faire. Je n'ai jamais eu l'occasion de faire la fête avec eux et ça ne me manque pas, je ne connais pas ses gens, ne fais pas partie du métier alors de quoi voulez-vous qu'on parle de la pluie et du beau temps non merci. Je conduisais en direction de la maison, je jetais un œil sur l'horloge du tableau de bord, je pourrais passer au garage cet après-midi même si j'ai bien envie de m'allonger dans mon lit pour me reposer un peu. La route ça fatigue quand même. J'écoutais Queen un de mes groupes préférés, dommage que l'aventure se soit arrêté si vite pour eux, c'était tellement bien et la voix de Freddy Mercury était tout simplement magnifique. Mais bon à cette époque les groupes faisaient pas long feu en général. Je faisais attention où je roulais ce qui m'entourait, j'eus en effet la bonne idée de regarder sur les côtés, je vis une jeune femme qui était sur le bas côté et essayais de changer sa roue. En bon gentleman que je suis, je fis demi-tour pour aller sur le bas côté pour garer ma voiture juste derrière la sienne. Je coupais le contact de ma voiture et sortit en prenant bien soin de vérifier qu'il n'y avait pas de voiture qui pourrait m'embarquer en passant à côté de moi.

Bonjour, vous voulez un coup de main ?

Ce n’était pas comme si j’étais attendue quelque part ou que j’étais déjà en retard pour un rendez-vous très important. Bien sûr que non ! Je ne faisais ça que pour le fun, que croyez-vous. Je soufflais un bon coup avant de me reconcentrer sur ma tâche. Ce n’était décidément pas mon jour. J’étais tout à fait d’accord sur le fait que la femme d’affaires que j’étais pourrait très bien se débrouiller pour trouver d’autres clients mais avec les temps qui courraient, je ne pouvais pas me permettre de les perdre. Ce n’était pas une question d’argent, c’était uniquement du business et dans ce monde comme dans tous les autres, les gens parlaient, beaucoup trop à mon goût mais, je n’y pouvais rien. Je devais donc faire mon possible pour éviter que tous les regards soient braqués sur moi, ce serait mauvais pour les affaires. Je n’aurais aucun problème pour changer la roue de ma voiture, j’en avais l’habitude. De là où je venais, on apprenait aux filles à se débrouiller toute seule surtout dans ce genre de situation au cas où on se retrouvait sans aide possible un de ces jours comme ça l’était aujourd’hui. Ce qui me dérangeait c’était le fait que j’avais déjà parcouru la moitié de la distance qui me séparait au lieu du rendez-vous et que j’allais surement devoir annuler ou le reporter à un autre jour. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’était certainement pour m’enchanter. J’avais une folle envie de commettre un meurtre, si seulement cela était possible. Je devais me calmer et le plus vite serait le mieux, je détestais être dans cet état là où mes sentiments prenaient le pas sur la raison. J’étais le genre de personne qui gardait le contrôle sur tout, y compris ses sentiments. Pas d’excès de colère en public, pas de larme qui coule par inadvertance, pas de laisser aller devant les autres, j’étais maître de ma vie et de mes sentiments. Seulement, j’avais appris ces derniers temps, à mes dépens, que tout ne se passait pas toujours comme on le voulait. Douloureuse vérité.

« Ne vous donnez pas cette peine, je vais me débrouiller ! »

Politesse adieu, mauvaise humeur bonjour. C’était dans ces moments là qu’il valait mieux m’éviter. Mes amis, enfin ceux de ma vie d’avant, le savaient très bien, quand j’étais d’aussi mauvaise humeur, ils faisaient de leur mieux pour ne pas croiser mon chemin et pour cause. Sale caractère quand tu nous tiens. Je ne pouvais que remercier mon père pour ce beau caractère dont j’avais hérité. Russe jusqu’au bout des ongles et fière de l’être d’ailleurs. Me retournant légèrement vers mon interlocuteur, je le gratifiais d’un regard avant de reprendre.

« Vous devriez continuer votre route, je sais comment changer une roue, ce n’est pas la première fois mais merci quand même ! »

Revenant à mes occupations, je continuais à desserrer les boulons qui retenaient la roue pour pouvoir la retirer et la changer par la suite mais, le fait de le sentir toujours debout à me regarder me dérangeait au plus haut point. Je n’étais pas de nature prude ou le genre à être mal à l’aise lorsqu’on le regardait mais, ce n’était pas spécialement le meilleur moment pour ça.

« Vous n’avez rien de mieux à faire que de rester là à me regarder changer ma roue… Non pas que vous me dérangiez mais, un peu quand même ! »

Et comme tous les problèmes ne venaient pas seuls, à peine voulais-je retirer le pneu crevé que je me fis mal au poignet. Pensant n’être qu’un simple faux geste, je réessayais néanmoins de le retiré une nouvelle fois. Erreur. La douleur que je ressentis la seconde fois m’arracha un léger cri. Je venais bel et bien de me fouler le poignet. Au diable cette voiture et au diable mes clients. Autant rentrer chez moi et rejoindre mon lit, ce serait beaucoup plus constructif que tout ceci.

Cette jeune femme sur le bord de la route avait l'air déterminée à réparer toute seule cette crevaison, les femmes ont toujours besoin des hommes pour faire ce genre de besogne Sydney m'avait bien fait comprendre que en cas de problème avec des voitures il faut appeler des hommes beaux et forts. Je suis là devant elle, je me suis arrêté pour lui venir en aide parce qu'elle n'est pas très grosse donc je pense qu'elle doit être fragile. Mais tout ce qu'elle trouve à me dire c'est que tout va bien, elle va se débrouiller toute seule. Je ne vais pas partir on ne sait jamais elle pourrait avoir besoin d'aide pour remettre la roue en place et puis si jamais il lui arrivais du mal elle pourrait très bien me coller un procès aux fesses pour non assistance à personne en danger, il faut penser à tout on ne sait jamais sur qui on tombe.

C'est vous qui le dites

Je m'appuyais sur le capot de ma voiture, je la regardais essayant d'enlever les boulons de sa voiture, elle était tellement tendue qu'on aurait pu croire que sa peau allait se déchirer sous la tension. Elle se rendait compte qu'à force de s'énerver comme elle le faisait elle allait finir par faire une bêtise, c'est quand on est énervé qu'on fait des bêtises qu'on ne fait pas habituellement. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle ne voulait pas que je l'aide au moins elle aurait un œil sur moi si j'étais un tueur je pourrais la tuer tranquillement puisqu'elle est concentrée sur sa roue. Mais je ne suis pas un tueur juste un garagiste qui aide les autres c'est tout et elle n'est pas totalement concentré sur sa roue sinon elle ne verrait pas que je suis encore là à la regarder. Je ne sais pas si on lui disait souvent et je ne lui dirais pas mais cette fille est tout a fait charmante quand elle se met en colère, ses yeux pétillent et on dirait qu'elle va prendre le premier truc qu'elle a sous la main pour vous tuer. Je n'aime pas les gens violant mais là j'adore comment elle est quand elle est en colère, c'est vraiment charmant et je la trouve vraiment jolie comme ça.

Je n'ai jamais dit que vous n'arriveriez pas à changer cette roue, je n'en doute pas une seconde d'ailleurs c'est juste que vous êtes tellement énervé par le fait que je reste là alors que je veux juste vous aider, vous allez vous faire mal

Je ne savais pas qu'on pouvait s'énerver autant parce que quelqu'un vous regarde, qu'on le fasse de manière malsaine je comprendrais mais là je ne suis même pas en train de regarder ses fesses ou sa silhouette. Je pourrais le faire si je me plaçais ailleurs parce que de ma position je ne vois pas grand chose. C'est en tout cas bien la première fois qu'une fille me parle comme ça, pas du tout sympathique laissant bien traduire le fait qu'elle aimerait que je sois parti et encore elle ne me traite pas de gros con parce que j'ai bien cru qu'elle allait me le dire. Le fameux accident arriva, elle se fit mal en essayant d'enlever sa roue. Je m'approchais d'elle et lui tendit ma carte.

Je suis garagiste, vous auriez du me laisser vous aider vous ne vous auriez pas fait, je peux ?

Elle me dévisagea et garda sa main précieusement dans l'autre, comme si ça allait faire grand chose. Je me penchais vers la roue pour l'enlever délicatement, je la posais par terre horizontalement et plaça la roue de secours, il allait falloir maintenant qu'elle passe dans mon garage pour en chercher un autre un accident est si vite arrivé et les pneus ne sont pas toujours très résistant suivant la marque de la voiture qu'on a bien sur. Je commençais à remettre les boulons à leur place, je l'avais fait tellement de fois que maintenant je ne faisais même plus attention aux gestes que je faisais, j'aurais très bien pu faire la conversation en même temps ou me mettre à chanter mais je ne pense qu'elle veuille discuter avec moi elle devait être sûrement blessé dans son orgueil qu'un homme vienne l'aider, elle était peut-être féministe après tout ça expliquerait bien des choses.