Sydney avait quitté la réception de Berkeley de façon extrêmement ponctuelle… vous me direz, elle était toujours dans les starting-blocks quand il s'agissait de se ruer à la sortie des bureaux, mais ces derniers temps, elle le faisait plus "discrètement". Ses parents adoptifs récemment décédés - pour une raison qui lui était encore obscure - elle ne cessait pas de recevoir d'étranges coups de téléphone anonymes… autant sur son portable que parfois même au bureau. De cabines téléphoniques, impossible de retrouver l'auteur des faits. Mais à chaque fois il s'agissait de menaces sous-entendues, scandées par une voix grave et truquée… une voix démente à faire passer L'Exorciste pour un vulgaire film jeunesse. Pour l'instant, hormis des frayeurs quotidiennes et quelques légers troubles du sommeil, elle arrivait à gérer la situation. Elle n'en avait parlé à personne, jugeant sans doute en son for intérieur que cela reviendrait à rendre cette menace vraiment dangereuse… lui donner une sorte de statut "réel" alors que l'ignorez reviendrait plutôt à la faire passer pour de simples blagues douteuses.
L'égyptienne avait donc décidé de flâner sur Ocean Avenue après avoir passé une bonne heure à rester face au Pacifique… la seule vision qui arrivait vraiment à la détendre, elle l'Australienne d'adoption. La mer, c'était son refuge. Plusieurs bouffées d'iode pur plus tard, la miss traîna avec une allure déjà bien plus assurée et relaxer… elle s'autorisa même une virée dans le vernissage d'une exposition dans l'une des nombreuses galeries que comprenait cette artère vitale de San Francisco. Pour la beauté des œuvres ? D'une, c'est déplacé de dire que quelque chose est beau ou ne l'est pas et de deux, la conception de l'art lui passait à des années lumières au-dessus du cigare. Non, en réalité, elle avait été attirée par le buffet divin et les coupes de champagne qu'on pouvait apercevoir depuis l'extérieur à travers la vitrine.
Elle déambula donc dans les quelques couloirs sans prendre la peine de mimer le moindre intérêt pour les croûtes que les prétentieux ayant l'arrogance de s'auto-nommer "artistes". Quoiqu'à y réfléchir, elle leur accorda un minimum de crédit tant que cela lui permettait de ne pas passer pour une profiteuse d'un buffet gratos et de champagne à volonté. Elle croisa plusieurs jeunes hommes qu'elle alluma d'un regard comme elle seule savait en faire puis lorsqu'elle fut ennuyée, elle repartit aussi simplement qu'elle était venue. 5 numéros de téléphone dans la poche de sa veste, la fashionista avait fait mouche.

Une fois seule, elle décida de rentrer chez elle en prenant grand soin d'emprunter les voies les plus fréquentées… malheureusement, pour les rejoindre, elle devait prendre une ruelle assez sordide… et c'est à compter de ce moment que ce qui aurait pu se passer comme une soirée enfin "normale" vira au cauchemar. La sœur de Nephthys tourna la tête en prenant son mini miroir pour se recoiffer et elle aperçut dans la petite glace ronde qu'un homme la suivait. Col du manteau relevé, un chapeau sur la tête… et il ralentissait dès qu'elle ralentissait aussi. Inquiète, la belle déglutit et accéléra le pas en faisant claquer ses talons aiguilles sur le bitume, mais au détour d'un virage, elle tomba sur deux hommes avec le même look qui lui barraient le passage à distance vers la grande avenue. Sydney voulut se retourner mais l'homme dans son dos faisait lui aussi office d'impasse.

"Qu'est-ce que vous me voulez, à la fin ?!
- Tu as reçu nos appels ?
- Je reçois des tonnes d'appels, c'est mon boulot, espèce de crétin.
- Sydney Satis Khelos, 21 ans, domiciliée à San Francisco depuis 3 mois, réceptionniste & secrétaire à l'université de Berkeley, sœur biologique de Nephthys Célina Khelos et fille adoptive du couple R…
- Com… laissez-moi tranquille !
- Pas tant que tu ne seras plus une menace pour notre patron."

L'un des trois hommes proches de l'avenue resta en retrait pour faire office de couverture pendant que les deux derniers encadrèrent la jolie blonde qui se retrouva très vite aculée contre le mur. Par réflexe et n'ayant pas le temps d'appeler les secours, elle en frappa un avec son sac à main puis envoya son talon aiguille dans l'entrejambe du deuxième avant de prendre la fuite… malheureusement, dans sa précipitation et la force de sa course, elle cassa un talon et s'étala sur le sol d'une manière assez lamentable. Avant d'arriver à se relever, une douleur irradia son dos : l'un des agresseurs l'avait rattrapée pour lui infliger un violent coup de pied dans le dos pour la bloquer sans qu'elle puisse se débattre. Il la releva en la tirant par les cheveux avant de la plaquer sans ménagement contre le mur. Tétanisée, elle ne put que recevoir le coup de poing qu'on lui asséna en plein visage avant de voir la lame d'un couteau se profiler.

"Ce sera rapide, chérie, t'en fais pas…
- Lâc-lâchez m-moi, pitié…" implora-t-elle avec du sang au coin de sa bouche enflée comme des larmes au bord des yeux.

Sans avoir prêté attention au jeune homme qui avait malheureusement perdu son tableau, Sydney ferma les yeux en sachant que de toutes manières elle ne pourrait pas s'en sortir. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle n'avait absolument aucune idée de la raison pour laquelle on la harcelait depuis quelques jours… Soudain, la poigne de celui qui la tenait par les cheveux se desserra complètement et la jolie blonde se laissa tomber sur le sol. D'abord surprise, elle finit par rouvrir les yeux pour voir ce qui s'était passé : l'un de ses agresseurs venait de tomber par terre à ses pieds en gémissant de douleur. Sydney leva timidement les yeux et vit enfin le jeune homme qui venait de s'armer d'une barre de fer pour en découdre avec les trois inconnus visiblement décidés à ne pas se laisser faire… pendant un moment, elle fut tellement choquée qu'elle commença à avoir des réflexes un peu stupides. Comme celui de prendre son sac à main tombé au sol et le serrer contre elle de peur qu'on lui vole. Oui, dans une situation pareille, vous conviendrez que ça ne rime à rien, mais elle était tellement désorientée qu'elle ne faisait plus tellement attention à ses faits et gestes.
En voyant cet inconnu la défendre avec une telle rage et une telle violence, l'égyptienne se recroquevilla encore davantage sur le sol, à se demander si les agresseurs étaient la raison de sa terreur ou bien l'attitude limite forcenée de cet homme. Des bruits de métal, de gémissements, de chute, de coups… une confusion qui renforça la peur d'une femme qui la cachait pourtant très souvent derrière un masque d'arrogance. Alors qu'elle cherchait à dérober son regard, elle ne put s'empêcher de voir qu'après avoir désarmé un des hommes de son arme à feu, le jeune homme retourna l'arme contre son propriétaire…
Impossible d'ouvrir la bouche pour lui dire de ne pas le faire, impossible de bouger pour dévier sa main. Tétanisée par la peur, Sydney se surprit à penser qu'au fond, elle n'aurait peut-être pas été déçue de voir ce type s'affaisser sur le sol, une balle dans la tête. La réceptionniste en resserra davantage son sac contre elle et ramena ses jambes contre sa poitrine. Un cauchemar, rien de plus qu'un cauchemar… et encore, elle n'avait pas réalisé qu'elle avait cassé un talon (l'apocalypse pour une fashionista dans son genre).

Quand la baston toucha à sa fin, la secrétaire de Berkeley ne put s'empêcher de déglutir en entendant cette menace de la part d'un des agresseurs qui prit la fuite d'un pas pressé et claudiquant suite à la raclée qu'ils venaient de prendre. Ce n'est pas fini… non, elle n'était qu'au début. C'était incompréhensible qu'on puisse s'acharner sur elle pour une raison totalement inconnue, pour le moment… Elle leva les yeux vers le jeune homme et sursauta quand elle entendit la barre de fer tomber au sol.

"Ou-oui, je crois…"

Ses yeux restaient vissés sur l'arme à feu qu'il n'avait pas lâché, en revanche. Il venait sans doute de lui sauver la vie, mais un blocage s'effectuait dans sa tête : pistolet = danger. La blondinette tenta de se remettre debout en s'appuyant contre le mur et gémit en passant une main sur sa cheville qu'elle s'était vrillée en voulant s'échapper.

"Merci… je crois que je vais… je vais rentrer…"

Son air habituellement pimpant, joyeux, un brin prétentieux et pétillant avait cédé sa place à un visage livide, inexpressif, désorientée. Tremblant de tout son corps, le contrecoup de l'agression commençait à arriver, amenant avec lui son lot d'émotions contradictoires et violentes. Sydney resta appuyée le long du mur et voulut s'éloigner sans trop savoir où aller mais au moment où elle trébucha, la belle se rattrapa à l'épaule du peintre et déposa sa tête contre son torse avant de laisser éclater des sanglots.

Une sorte de blackout complet s'était installé dans l'esprit de Sydney, blackout durant lequel elle ne cessa pas de pleurer sur l'épaule de Stephen sans avoir à l'esprit de s'arrêter… elle avait juste besoin de tout évacuer d'un coup pour mieux repartir ensuite. Elle en était même rendue au stade où elle ne prêtait absolument pas attention à l'attitude sans doute gênée du jeune homme qui ne savait pas tellement comment s'y prendre avec elle dans ce genre de situation. Qu'importe, il était là et c'était tout ce qui comptait… elle avait eu très peur de lui en se remémorant la scène du canon de l'arme à feu posée sur la tempe d'un des agresseurs, mais dans un sens, cette image ne l'effrayait plus autant qu'elle la rassurait, à présent.
Oui, ils étaient partis et pour le moment, l'égyptienne préférait penser que leur menace n'était que du bluff et qu'ils ne reviendraient pas. Elle soupira une dernière fois puis se détacha un peu plus du peintre pour le laisser de l'air et de la liberté. Sa voix et le contact de sa main sur son bras suffisaient très largement à la calmer même dans un état de choc semblable à celui dans lequel elle s'était trouvée quelques minutes auparavant. Au terme de deux ou trois profondes inspirations, elle retrouva un visage bien plus assuré, détaché et serein, une attitude qui lui ressemblait déjà bien plus même si elle n'était guère en état de se remettre en mode "arrogance et supériorité" avant au moins le lendemain.

"Oui, ça va aller, merci… je crois que je p… Ooooooh, les ordures !!!" scanda-t-elle avec un air outré.

Ding ! Ca y est, la lumière s'est faite dans l'esprit de la jolie blonde lorsqu'elle voulut faire un premier pas : le talon d'un de ses escarpins était cassé. 400$ la paire, datés d'une semaine. Elle les retira et jeta l'escarpin fichu dans une poubelle d'un geste rageur, une mine boudeuse sur le visage.

"La prochaine fois, c'est moi qui les cogne…" murmura-t-elle comme une petite fille contrariée.

Sans lui demander son avis, Sydney passa son bras autour de celui de Stephen et commença à marcher pieds nus avec lui dans la rue avant de s'arrêter devant ce qu'il restait de sa toile. D'un regard, elle comprit qu'il en était l'artiste… elle n'avait que rarement la moindre considération pour les autres, mais là elle se sentait vraiment désolée pour lui. En la prenant, cette contrariété se lisait sur son visage : s'il n'était pas venu à son secours, il aurait pu repartir chez lui avec son tableau. Elle leva la tête vers le beau brun avec des yeux de cocker battu… ou de Chat Potté, au choix.

"Est-ce que je… enfin, est-ce que vous pourriez passer la nuit chez moi ? Vous n'êtes pas obligé bien sûr, mais j'ai juste peu… enfin je ne me vois pas dormir toute seule cette nuit…? Au fait, je m'appelle Sydney."

Pour une fois que la réceptionniste proposait à un garçon aussi mignon de passer la nuit chez elle et qu'il n'y ait a priori aucune arrière-pensée sexuelle, c'était très rare ! Après, il n'était forcément pas obligé d'accepter, etc., mais la jolie blonde ne se voyait pas passer la nuit toute seule, pas ce soir. Peu importe l'endroit où elle dormirait si elle arrivait à fermer l'œil.

Sydney laissa Stephen reprendre son tableau pour finir de le briser totalement… elle ne put s'empêcher de sursauter très légèrement : décidément, il était du genre brutal lorsqu'il était sur les nerfs, cet homme-là. Dans un sens, il ne devait pas être souvent importuné par des agresseurs en général vu sa stature et son attitude : tout à l'heure, ça l'avait effrayée, mais maintenant, ça la rassurait. Elle pouvait comprendre que la destruction de son œuvre puisse le mettre hors de lui : de façon plus superficielle, la jolie blonde avait été littéralement furieuse en constatant que cette altercation lui avait coûté une précieuse paire de talons aiguilles… et encore, elle n'avait pas encore observé son reflet dans une glace pour constater que sa lèvre était en partie fendue. Quoiqu'il en soit, elle hocha la tête avec un air satisfait lorsqu'il accepta au moins de la raccompagner chez elle, ça lui éviterait de passer son temps à psychoter et regarder dans son dos en permanence de peur d'être suivie.
Elle attrapa donc le bras que lui proposa l'artiste à nouveau puis se mit à marcher d'une manière bien plus détendue dès qu'elle avait un contact avec lui. C'est simple : un chat serait sorti par surprise d'une poubelle, elle lui aurait sauté dans les bras sans réfléchir. Elle haussa un sourcil appréciateur en tournant la tête dans sa direction lorsqu'il lui fit remarquer qu'elle était la standardiste de Berkeley.

"Eh oui, la bombe qui se cache derrière la jolie voix du standard, c'est moi…" lança-t-elle avec amusement en désignant ses courbes.

Quand elle commençait un peu à se mettre en valeur, cela signifiait qu'elle reprenait un minimum confiance en elle. Ils débouchèrent enfin sur la grande avenue et l'égyptienne commença à remonter l'artère urbaine en compagnie de son protecteur pour se diriger tranquillement vers les logements de classe moyenne. Ses questions firent à nouveau naître une pointe d'inquiétude chez Sydney mais avant tout une grande incompréhension.

"Je n'en sais rien du tout, c'est ça le pire ! Ils m'ont balancé un truc comme quoi je ne devais plus être une menace pour le patron… à part pourrir la messagerie d'un mec, je ne vois pas en quoi je suis vraiment menaçante. A moins que le patron soit une patronne, auquel cas je suis forcément une menace…"

Un grand sourire fier et un peu arrogant flotta sur les lèvres de la sœur de Nephthys : se cacher derrière son physique en cas de crise, ça la rassurait. Puis au bras d'un garçon dans le genre de Stephen, c'était pour se mettre en confiance. Esquivant d'autres éventuelles questions pour le moment.

"Et dis-moi : les artistes sont toujours aussi bourrins dans l'âme ? On dit qu'ils sont torturés, sensibles… enfin, je ne me les imagine pas cogner à coups de barre de fer ou… tirer sur un inconnu. Mauvaise soirée aussi ?"

Le tutoiement était venu naturellement pour elle, sans même qu'elle pense que cela puisse mettre Stephen mal à l'aise… vu son tempérament, il ne devait pas être à une formule de politesse près.

"Je n'ai pas envie que ça retombe sur des gens inconnus ou innocents… j'espère qu'ils ne te chercheront pas plus tard."

"Moi aussi, j'ai mes moyens de persuasion…" lança-t-elle presque innocemment en bombant un peu sa poitrine, un sourire arrogant sur les lèvres.

Bon, c'est sûr, ça fait beaucoup moins peur qu'un pistolet ou une barre de fer, mais rien ne dit que c'est moins efficace, ce genre d'arme de séduction massive. Relativiser l'évènement un peu traumatisant de ce soir en jouant sur son narcissisme ou sa vanité, c'était un moyen simple et presque enfantin pour elle d'esquiver la déprime ou l'inquiétude. Sydney était loin d'être une fille compliquée, réservée, mystérieuse, toujours à surveiller ses sentiments… bref, loin du cliché de la fille "insondable", on pouvait au contraire lire en elle comme dans un livre ouvert et c'était souvent cette facilité qui en déconcertait plus d'un. Tenez, rien que le regard appréciateur et entendu que lui glissa Stephen au sujet de son corps suffisait à lui faire retrouver le sourire !
A la manière qu'il avait de ne pas la regarder - ou de regarder devant lui, au choix - Sydney comprit que son interlocuteur avait lui aussi quelques lourds bagages avec lui et qu'il n'était pas à l'aise pour en parler… logique: ils venaient de se rencontrer "grâce" à une altercation vraiment dangereuse. Mais le fait qu'il ait fait preuve d'une telle violence et d'un sang-froid presque terrifiant dans la manière qu'il avait eu de menacer ce type avec son arme à feu, cela suscitait quelques questions dans l'esprit souvent trop curieux de l'égyptienne. Pour esquiver ce malaise et décoincer un peu la situation, la réceptionniste caressa un peu le biceps de Stephen sans forcément avoir d'arrière-pensée même si ce geste le mimait bien.

"Ce n'est pas une critique, j'ai toujours eu un faible pour les bad boys à tendance gros bras… oui, ça m'a été utile, c'est vrai. Tu prends cher, comme garde du corps, ou tu fais des tarifs préférentiels pour les jolies filles comme moi ?"

A l'entendre, on pourrait se demander s'il s'agissait de la même fille qui, pas plus tard qu'il y a dix minutes à peine, pleurait sur l'épaule de l'artiste qu'elle taquinait en ce moment… Elle avait cette faculté souvent reconnue chez les enfants de pouvoir passer d'une émotion à l'autre en un quart de seconde. Puis si la conversation était légère et qu'elle leur permettait à l'un comme à l'autre de pouvoir laisser derrière eux le choc de cette agression, c'était le principal. Pour répondre à sa question, elle haussa les épaules en regardant ailleurs, elle aussi.

"Je rentrais chez moi… et je broyais sans doute du noir à cause d'une soirée assez peu agréable aussi, j'imagine. On ne traîne pas dans des "ruelles aussi lugubres" juste par plaisir… ou alors, faut vraiment avoir un grain."

Malgré ses tentatives pour essayer de passer outre les questions cruciales que pouvait se poser Stephen, la fashionista sentait que son interlocuteur restait un peu inquiet ou sur la défensive. Elle roula des yeux puis se décida à parler plus honnêtement tout en se mettant à suivre les lumières des enseignes commerciales le long de l'avenue.

"On m'a contactée pour me dire que mes parents adoptifs venaient de mourir et que j'étais la principale héritière de ce qu'ils possédaient. C'est à partir de là que ce genre de scénario a commencé… menaces téléphoniques ou par courrier anonyme, on a même voulu saccager mon appartement. J'imagine que ça doit être lié, sauf que je ne sais pas encore de quoi j'ai hérité. Voilà, c'est à peu près tout ce que je sais pour l'instant, histoire que tu ne sois pas pris… au dépourvu. Au cas où."

Sydney détourna les yeux en déglutissant, prenant de grandes bouffées pour ne pas avoir à respirer uniquement que le parfum âcre de la culpabilité. Plus elle en disait à quelqu'un et plus elle avait peur d'impliquer cette personne dans ses déboires. Stephen avait juste été un sauveur quasi "anonyme" et même si elle se fichait souvent des autres en règle générale, elle ne voulait pas qu'un homme aussi prévenant avec elle ou prévenant tout court puisse subir des représailles pour un acte héroïque. Il devait avoir des proches, des amis, une famille, une petite copine qui sait ? L'impliquer lui reviendrait à les impliquer eux aussi de manière indirecte… et ça, elle ne pourrait pas le souffrir.