PERDITA & SHAWN

Une femme, un homme.

Sa décision avait été prise après s’être expliqué quelques jours plus tôt avec la jolie blonde. Il allait partir, faire le point sur sa vie, sur ce qu’il voulait devenir surtout. Depuis des années on avait voulu choisir à sa place ce qu’il deviendrait, et Shawn, qui avait été ravi de ce chemin tout tracé, commençait à ne vouloir qu’une seule chose : emprunter un chemin adjacent. C’était devenu tellement tentant qu’une fois s’être assuré que la rancœur que pouvait éprouver Perdita était à présent amoindrie, il passa ses examens, et prit la route pour l’aéroport. Tout s’était passé si vite l’année passée, qu’il avait besoin de remettre les compteurs à zéro. Et surtout de rester l’homme qu’il avait toujours voulu être, celui qui ne s’attacherait à personne pour pouvoir avancer. Après tout, changer de filles comme de cravate lui avait si bien réussi qu’heureusement qu’il ne les rangeait pas dans son dressing. Ce voyage dont la destination restera inconnue pour le moment, afin de préserver le suspense et de garder encore quelques cartes pour la suite.

Il était de retour sur le continent américain depuis moins d’une semaine. Le décalage horaire n’avait pas été méchant avec lui et sans problèmes, il s’était habitué au fuseau horaire californien. Il était donc grand temps pour le jeune héritier de reprendre la route des bancs des amphithéâtres et donc de Berkeley. Nostalgique de ses vacances, Shawn parcourait les couloirs dans une tenue qui lui était peu commune. Vêtu d’un jean de couleur foncé, bien coupé, et sans trou évidement, et d’une chemise blanche dont les deux derniers boutons n’avaient pas été boutonnés. Evidement, dans cette tenue, Monsieur Williams entrait facilement en boîte mais ça détonnait avec son ancienne tenue classique qui consistait en un costume parfaitement taillé et d’une cravate. Bref, le Shawn d’aujourd’hui était déjà bien différent du Shawn d’il y a quelques mois. Confiant et toujours aussi certain de lui, il passait dans les couloirs sans adresser le moindre regard à toutes les personnes qui ne nécessitait pas son attention. Le regard marron planté dans l’horizon du couloir, il n’aura parlé à presque personne tout le long de sa journée, si ce n’est à ses frères de la confrérie des Epsilon. Et voilà, une des premières choses qui n’avait pas changé. Et croyez moi ce n’était pas la seule.

Chose qui n’avait pas changé également, c’était son assiduité et son abnégation pour son cursus scolaire. Assis dans le fond de la grande salle ou de l’amphithéâtre, Shawn écoutait et copiait son cours magistral consciencieusement, tout en réfléchissant et analysant les faits, tirant ses propres conclusions, et surtout ne se gênant pas pour interrompre le professeur. Quand il faisait cela, l’étudiant sentait qu’il devenait le centre de l’attention, admiré par ses camarade, craint par le maître de conférence, il ne se gênait que rarement pour faire des remarques assassines, et prenait un plaisir presque malsain à soulever tous les paradoxes et les incohérences. Evidement, en ce jour de rentré, il l’avait fait encore une fois. Satisfait de ne pas avoir changé ses habitudes, Shawn se rendit sur le parking où tous les étudiants, toutes sessions, promotions et confréries confondues garaient leur voiture. Shawn, n’échappant pas à la règle, traversa la longue rangée de voiture, se moquant des vielles voitures qui n’avait pas du coûté bien cher, et qui avait surement connu la révolution industrielle. Il se moqua également de voiture de couleur trop criarde, ainsi que celles qui avait des rayures et, ou des salissures. Quand enfin son regard s’arrêta sur une merveille, des courbes à en faire pâlir un homme digne de ce nom, une silhouette unique et reconnaissable rapidement. Un large sourire vient intégrer le visage du jeune brun, en se rendant compte qu’elle lui avait incroyablement manqué. Ces mois sans elle, ce n’était pas la même chose. Quand il l’avait quitté avant de partir en voyage, c’était le cœur brisé qu’il l’avait laissé seule sans plus d’explications. Oui, Monsieur Williams avait eu le cœur serré en quittant sa voiture.

Mais à peine avait il approché de sa superbe voiture de couleur noir, achetée juste avant son départ que Shawn fronça les sourcils et quitta son sourire. On avait osé mettre un papier sous ses essuies glace. Pire, on avait osé lui mettre un papier vert bouteille sur sa voiture. Alors qu’il allait secouer la tête et lancer le papier par terre quand il reconnu les lettres grecques d’une confrérie. Soucieux de ne pas donner une mauvaise image au système grec qui est bien trop souvent controversé ces temps ci, il prit même le temps de lire et à haute voix ce qui se trouvait sur ce simple papier.

« Fête pour la rentrée, chez les Gamma … Mhm … 20h00 … Mhm … », la suite s’étouffa dans un simple grognement. Alors qu’il allait tout simplement mettre le papier dans sa voiture et partir, il remarqua qu’une personne propriétaire d’une voiture adjacente avançait elle aussi vers sa voiture. Rapidement, Shawn comprit qu’elle ne l’avait pas de suite reconnu. Ce ne fut qu’en regardant comment il était habillé qu’il comprit qu’il avait changé ses vielles habitudes vestimentaires et qu’il remettait de ce fait tout en question. Il se retourna donc vers elle, la main sur la portière ouverte de sa voiture. Et sans autre préambule, il se contenta de lui lancer quelques mots.

« Tiens, je savais pas que les gens qui étudiaient le droit avait des journées qui se finissait après 19h30 en début d’année. Tu te dépêches de te préparer pour ça ? », Ajouta il en montrant le papier qu’il tenait entre ses mains et en faisant un signe de tête vers la jeune femme qui avait le même sur son pare brise. Lui qui avait essayé de la chasser de son esprits pendant ses nombreux mois savait déjà que si elle y allait, il irait. Et dans le cas contraire, il trouverait toujours un moyen pour que ces quelques secondes de rencontre au hasard dure un peu plus longtemps.