Sujet: What if I'd die tomorrow? [Pv Camille] Mer 1 Juin - 14:43
Tout le monde meurt un jour. C'est là la seule certitude que l'on peut avoir en ce monde. Celle que l'on va mourir. Mais la plupart des gens ignore quand et comment cela va arriver. Alors, ils préfèrent ne pas y songer plus que de raison. Chuck ne faisait pas partie de ces personnes. Elle ne savait pas quand elle allait mourir exactement, mais elle savait que l'échéance se rapprochait peu à peu. Elle savait comment. Cette épée de Damoclès, elle la sentait au-dessus de sa tête plus que quiconque. Elle tentait de ne pas y songer, mais elle savait qu'elle était différente des autres. Elle ne pouvait pas faire de projet d'avenir, car elle n'avait aucun avenir. La leucémie était un poison qui la dévorait de l'intérieur. Elle la combattait, et chaque fois qu'elle pensait l'avoir fait reculer, c'était pour mieux la voir revenir vers elle, tel un boomerang. Elle ne se marierait jamais. N'aurait jamais d'enfant. Y penser lui faisait bien plus de mal qu'elle n'aurait su le dire. Son existence se limiterait à ses rechutes, et à ses rémissions, et ce jusqu'à sa mort. Elle avait cru pouvoir guérir, au début. Mais après plus de six ans de cette routine, elle avait compris qu'il faudrait un miracle. Et elle avait de plus en plus de mal à croire aux miracles. Elle avançait sans pour autant savoir durant combien de temps elle pourrait le faire. Tout ceci n'était qu'un mensonge, au fond. L'université, la confrérie, les amis. Jamais elle ne serait normale, et ce malgré tous ses espoirs. Elle devait s'y faire, vivre avec cette idée. Déjà, ceux qui savaient la regardaient avec cette expression douloureuse, comme si elle était sur le point de succomber. Pour la plupart, ils n'en avaient aucune conscience, mais elle pouvait le sentir.
Le seul moyen pour elle de penser à autre chose était de se plonger dans ses études, et dans la danse. Dans ces moments-là, elle avait au moins la possibilité de ne pas se trouver face à sa maladie. Elle sortait justement de cours. Il devait être approximativement dix-sept heures trente. Elle comptait travailler à un devoir d'astronomie ce soir, devoir pour lequel elle devait attendre que le soleil se soit couché, et que la nuit soit relativement avancée. Elle bailla. Un café ne serait pas de trop. Elle se dirigea vers la machine et y glissa une pièce. Tandis qu'elle regardait le café couler dans le gobelet, elle sentit quelque chose couler de son nez. Lorsqu'elle baissa les yeux, elle vit une petite tâche rouge sur son chemisier. Puis une autre goutte lui succéda, qu'elle reçut sur la main. Elle soupira, et prit un mouchoir dans son sac, pour arrêter le sang. Oubliant là son café, elle se précipita dans les toilettes des filles. Un saignement de nez était bien la dernière chose dont elle avait besoin. Elle ouvrit le robinet et se passa de l'eau froide. Mais le saignement semblait ne pas s'arrêter, au contraire, au point que les serviettes en papier qui restaient dans le distributeur n'y suffirent pas. Elle se mit peu à peu à paniquer. Elle ne savait que trop bien ce que cela pouvait signifier, ce que c'était très probablement. Elle eut un haut le cœur et cracha encore du sang dans le lavabo. Elle avait les larmes aux yeux mais ne s'en rendait pas vraiment compte.
Tout le monde meurt un jour. C'est là la seule certitude que l'on peut avoir en ce monde. Une certitude qui l'envahissait de plus en plus. Déjà, elle sentait la mort. Ses vêtements étaient couverts de sang, de même qu'une bonne partie du sol. Il lui semblait que peu à peu ses jambes prenaient la consistance du coton. Elle se laissa tomber sur le carrelage froid. Elle n'avait pas même la force, ni la présence d'esprit d'appeler à l'aide. Elle avait simplement envie de fermer les yeux et de se laisser emporter par ce quelque chose qui semblait avoir tant d'emprise sur elle. Dans son état semi-comateux, elle parvint pourtant à voir la porte des toilettes s'ouvrir.
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Sujet: Re: What if I'd die tomorrow? [Pv Camille] Jeu 16 Juin - 14:09
❦ and i find it kinda funny, i find it kinda sad;
The dreams in which I'm dying Are the best I've ever had I find it hard to tell you Cause I find it hard to take When people run in circles It's a very, very mad world • CHUCK & CAMILLE
La vie semblait ne pas vouloir faire de cadeau à Camille. Il suffisait que les jours s’écoulent pour que les catastrophes les accompagnent, parfois graves, parfois moins, parfois atroces. Depuis la mort de Claire, le destin semblait se jouer de Camille, comme s’il désirait le mettre à l’épreuve pour voir jusqu’où il tiendrait avant de craquer à son tour. Dire qu’il n’y avait eu que quelques semaines entre les accidents quasi fatals de Nina et d’Evan… Risquer de perdre tour à tour son ancienne petite amie et son ancienne meilleure amie dans les mêmes circonstances que celles qui avaient eu raison de sa petite sœur, quelques mois plus tôt, avait été atrocement douloureux pour Camille, qui se sentait sans cesse ramené en arrière, à l’époque où sa vie s’était écroulée de tout son long. Mais chaque fois, animé par une force dont il ignorait l’origine et surtout dont il se demandait comment elle parvenait encore à exister, face à tout le désespoir qui le harassait au quotidien, Camille finissait par se relever et s’efforçait de poursuivre tant bien que mal la vie difficile et truffée de catastrophes qu’il menait depuis des mois qui semblaient être des années. Camille se sentait un vieil homme, après tous ces événements qu’il était impossible de gérer à un intervalle aussi ridicule. Il ne savait même pas comment il parvenait encore à se lever tous les matins, alors que le souvenir atroce du cadavre de sa sœur dans son cercueil lui revenait sans cesse à l’esprit, ravivé par les récents événements qui donnaient une atroce sensation de déjà-vu. Camille ne comprenait pas comment c’était possible que le destin semble s’acharner à tel point sur lui. Mais il découvrirait bien assez vite qu’il n’avait encore rien vu et qu’il était loin d’être arrivé au bout de ses peines.
Chuck Flint. Le nom lui était bien entendu familier. La personne aussi. Une petite rousse, aux grands yeux doux et déterminés, au sourire d’ange et aux traits quasi marmoréens. Il va sans dire que Camille s’était rapidement attaché à elle – y voyant, en certain points, comme le fantôme de Claire, sa petite sœur. Chaque fois qu’un des traits de caractère de Chuck lui rappelait Claire, Camille avait senti son cœur se serrer, mais il avait toujours ignoré ce sentiment en vertu d’un autre, bien plus agréable – cette familiarité, ces retrouvailles avec des détails qu’il avait tant affectionnés. Camille avait vu en Chuck comme une seconde petite sœur, une amie hors pair, une jeune femme à qui il s’était rapidement attaché et qu’il avait malgré lui prise sous son aile. Mais les choses avaient fini par basculer, lorsque Camille découvrit que Chuck était malade. Très malade – car la leucémie, ce n’était pas une maladie avec laquelle on pouvait se permettre de plaisanter. Aussitôt, lâchement, le Français s’était éloigné de Chuck, conscient de la douleur qu’il lui infligeait mais incapable de rester auprès d’elle. Ce n’était pas qu’il ne voulait pas s’encombrer d’une malade ou quoi que ce soit d’autre – Camille n’était pas de ceux qui se détournaient de leurs amis dès que la moindre difficulté se mettait en travers de leur chemin, même si récemment, il avait plutôt tendu à prouver le contraire. La seule raison pour laquelle Camille s’était éloigné, c’était parce qu’il avait conscience qu’il risquait, une fois de plus, de perdre quelqu’un à qui il tenait déjà énormément. Il savait qu’au stade où il en était dans son amitié avec Chuck, il serait déjà dévasté si quelque chose arrivait à la jeune femme – et il savait que s’ils continuaient à se fréquenter, sa disparition serait infiniment plus douloureuse, et Camille n’avait pas le courage d’affronter une telle épreuve. Perdre Chuck si peu de temps après s’être vu arracher Claire était trop dur. Et bien qu’il sût qu’il était égoïste en agissant de la sorte, Camille avait plus ou moins coupé les ponts, incapable de fournir une explication correcte à Chuck lorsqu’elle lui en demanda une. Peu à peu, le contact s’était effacé. Il la devinait amère et furieuse, mais il ne fit jamais rien pour réparer les choses.
Jusqu’à ce jour. Camille ne sut même pas comment il était parvenu là, et n’osait même pas imaginer ce qui serait arrivé s’il n’avait pas eu la chance d’être précisément aux alentours à ce moment-là. Toujours est-il qu’en sortant d’une salle de cours, Camille attendit quelques minutes dans le couloir, face aux toilettes des filles. Il attendait son professeur qui lui avait demandé de rester afin d’échanger quelques mots à la fin du cours, et ce fut de mauvaise grâce que le jeune homme patienta, les yeux rivés sur la porte face à lui, qui s’était fermée au moment même où il était arrivé dans le couloir. Il avait cru apercevoir un éclair écarlate au moment où la porte s’était refermée, mais conclut que c’était tout simplement dû à son manque de sommeil. Toujours est-il que, dans le silence anormal qui régnait aux alentours, Camille put entendre chacun des bruits qui émanaient de la pièce en face. Le robinet coulait sans interruption depuis longtemps – très longtemps. Mais le son de l’eau qui coulait ne parvint pas à surplomber celui d’un choc sourd qui retentit au bout de quelques minutes, et alerté, Camille se hâta auprès de la porte sans réfléchir. Lorsqu’il l’ouvrit, un spectacle quasi apocalyptique se déroulait devant ses yeux – Chuck, trempée dans une flaque d’eau et de sang, son sang. Paniqué, il se précipita auprès d’elle, s’agenouillant à ses côtés. « Chuck ! Chuck, tu m’entends ? » Il savait que non, mais ne parvenait pas à garder l’esprit calme et clair. « Putain… Chuck ! Tu m’entends, Chuck ? » Au bout de quelques secondes sans réaction de la part de la jeune femme, Camille sembla se réveiller et il se saisit hâtivement de son portable pour appeler les secours, balbutiant des paroles incohérentes, avant de faire un considérable effort pour se ressaisir et articuler clairement la situation catastrophique dans laquelle il était fourré. Lorsqu’il raccrocha, incapable d’attendre sans agir, Camille se mit à hurler : « À L’AIDE ! ELLE A PERDU CONSCIENCE ! » Des personnes se hâtèrent dans la pièce, mais Camille ne voyait plus rien, terrifié. Sa main s’était emparée de celle de Chuck, qui semblait beaucoup plus froide que la sienne. Il était trempé aussi, maintenant, mais n’y prêtait aucune attention – tout ce qu’il voyait, c’était le visage inanimé de la jeune fille qui était étendue à côté de lui, semblable à une poupée de porcelaine. Les minutes passèrent dans un brouhaha et un fracas inimaginables, mais Camille n’entendait rien, la terreur qu’il éprouvait avait enflé au point de l’enfermer dans une bulle de silence. C’est alors que les secouristes finirent par arriver, poussant le jeune homme sans ménagement pour s’occuper de Chuck. Ils eurent tôt fait de la hisser sur un brancard et de se diriger, déjà, vers la sortie des toilettes. Automatiquement, Camille se releva et les suivit, son cœur toujours serré dans un étau de panique, ses pensées filant à la vitesse de la lumière dans son esprit éveillé par la peur. Et si elle ne s’en sortait pas ? Il n’osait pas l’imaginer.
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Sujet: Re: What if I'd die tomorrow? [Pv Camille] Ven 19 Aoû - 22:25