Il n’y avait plus de cours, les vacances étaient enfin arrivées. Et pourtant Elzbieta se trouvait toujours sur le campus de l’université, à chercher quelque chose sur un des ordinateurs de l’université. Elle avait le sien, mais il était chez elle. Etant très flemmarde, elle avait préféré venir ici. Mais que pouvait-elle chercher ? Peut-être des billets d’avion, pour sa destination de vacances. A vrai dire, elle n’avait encore rien programmé pour ses vacances, elle était complètement libre, et c’est pourquoi elle se cherchait une destination. Elle avait tellement voyagé qu’elle ne savait plus où aller maintenant. Aucune idée ne lui venait à l’esprit. Elle était assise tranquillement au fond de sa chaise, à regarder l’écran de l’ordinateur, devant une fenêtre vide, la page internet n’était pas ouverte. Son regard était perdu dans le fond d’écran de cet ordinateur. Un fond d’écran pas vraiment intéressant, étant donné qu’il était tout simplement bleu, qui plus est, un bleu vraiment pas joli du tout. Aucun intérêt à faire perdre son regard dans un tel fond d’écran, et pourtant c’est ce que faisait Elzbieta. Elle se croyait seule, donc elle ouvrit la page de youtube, pour y faire lancer une musique. Pas trop forte quand même, mais assez pour qu’on puisse lui demander de mettre des écouteurs ou un casque s’il y avait eu quelques personnes dans la place, ce qui n’était pas le cas en ce moment. Enfin c’est ce qu’elle pensait. Elle mit en marche, une des nouvelles chansons de Britney Spears, et elle l’écouta tout en regardant le clip et en se mettant à chanter avec elle. Elle se mit même à se déhancher sur sa chaise au son du rythme de la musique qu’elle avait mise. Elle ne sentit même pas la présence de la personne derrière elle, ce n’est que lorsque la chanson prit fin qu’elle la sentit, elle se retourna et vit Aaron. Elle ferma tout de suite la fenêtre de youtube pour se lever et lui faire face. C’était instinctif. Pourquoi s’être levée ? Une nouvelle fois, instinctivement elle se passa la main dans les cheveux, une certaine forme de gêne. Elle ne voulait pas poser la question qui est souvent posée dans ces cas là « tu es là depuis longtemps ? ». Elle le regarda, dans les yeux, ne sachant pas quoi dire. Pendant, disons deux minutes, ils restèrent tous les deux dans un silence absolu, comme s’ils n’avaient pas besoin de se parler pour comprendre, ou tout simplement ils ne voulaient pas se parler, à savoir. Enfin, elle se décida à ouvrir la conversation, ils n’allaient pas restés là, à se regarder, sans aucunes paroles, ça serait le comble. Il peut y avoir un malaise, mais pas à ce point quand même. « Ca va Aaron ? ». Voilà la seule chose qu’elle avait trouvé à lui dire, ou alors qu’elle avait réussit à dire. C’était comme si elle était pétrifiée en sa présence. Eux qui avaient eu tellement de choses à se dire auparavant. Tout avait disparait. La magie avait disparu. Pourtant, rien n’avait été écrit pour eux deux, mais c’était tout comme. Ils s’en voulaient mutuellement. Mais cette situation était complètement stupide, et tout cela n’était que gaminerie. Mais qu’y pouvaient-ils ? Ils avaient surement besoin d’une conversation pour tout mettre au clair. Seulement, jamais ils n’étaient d’accord. Il y en avait toujours un qui voulait en parler mais l’autre non. Elzbieta se rassit sur la chaise, et enfin elle eut une idée de sa destination pour ses vacances. Il faut croire qu’Aaron lui avait donné l’idée. Elle le vit s’asseoir près d’elle, mais ne touchait pas à l’ordinateur, non, il l’observait elle. Elle arrêta donc ce qu’elle faisait, pour le regarder et lui demander « Oui ? Qu’est ce qu’il y a ? » Il souhaitait surement lui parler, Elz était prête. La situation allait surement s’arranger aujourd’hui, juste avant ces vacances d’été. Tout en attendant qu’il lui dise ce qu’il voulait dire, elle continua à chercher des billets d’avion, non pas qu’elle s’en fiche de ce qu’il pouvait lui dire, mais elle pouvait très bien faire les deux non ? L’écouter et chercher des billets. Elle voulait tout simplement voir ce qui était possible, les dates, les prix. Elle achèterait le tout, une fois chez elle. Elle préférait le faire avec son propre ordinateur, ce qui est tout à fait normal non ? Bref, elle cherchait des billets tandis ce que son ami lui parlait, elle l’écoutait de ses deux oreilles. Mais enfin lorsqu’il eut fini, elle arrêta ses recherches pour le regarder et peut-être décidée à lui répondre.

A peine fut-il entré dans la salle des ordinateurs, Aaron remarqua la présence d'une jeune femme qu'il ne connassait que trop bien. Pas besoin qu'elle se retourne pour qu'il soit certain absolument qu'il s'agissait bien d'Elzbieta. En l'entendant chanter, un large sourire se dessina sur son visage et il croisa ses bras devant lui, tandis qu'elle se déhanchait au rythme de la musique. Il avait toujours aimé ce petit brin de folie qui l'animait en toutes circonstances. Elle était une jeune femme fascinante pour ne pas dire incroyable mais entre eux, cela faisait des étincelles. Ils n'étaient pas capables de discuter sans que cela tourne au vinaigre et forcément, chacun d'eux tenait à avoir le dernier mot. Il ne se passa pas moins d'une minute avant qu'elle ne remarque sa présence et se lève machinalement. Cette attitude sembla beaucoup amuser Aaron qui ne tarda pas à porter une main à sa bouche, le temps de se reprendre et de ne pas éclater de rire. Elle n'avait pas à se sentir gênée d'une quelconque façon et ce n'était pas la première fois qu'il la voyait danser devant un écran d'ordinateur. Quand elle lui demanda si ça allait, il se contenta de faire signe que oui mais n'ajouta rien de plus, au risque de se mettre à rire. Le jeune homme n'avait pas la moindre envie de se moquer d'elle, disons juste qu'il trouvait la situation particulièrement cocasse pour ne pas dire improbable. Sans attendre, Aaron alla s'installer près d'elle et alluma un second ordinateur. En réalité, il n'avait aucune recherche particulière à y faire, mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour pouvoir lui parler sans faire appel à un autre stratagème auquel il aurait dû réfléchir durant des heures. Car oui, il se devait de calculer minutieusement son coup chaque fois qu'il souhaitait lui parler. A croire qu'ils n'avaient aucune notion de la communication et qu'ils en étaient restés à un stade primitif où l'on se contente de hurler sans prendre le temps d'écouter les propos d'autrui. Mais ce temps là était révolu et Aaron tenait à ce qu'ils prennent le temps de discuter sans que cela ne tourne au drame. Le temps que son ordinateur s'allume, il dévia son regard en direction de la jeune femme et l'observa attentivement. Elle semblait tendue et il osait croire qu'il n'était nullement responsable de cet état d'esprit. Après tout, pourquoi se sentirait-elle mal à l'aise en sa présence ? « Rien du tout. » Aaron appuya ses propos d'un hochement de tête de droite à gauche. Il n'y avait rien, si ce n'est ce désir de lui parler sans véritablement savoir par où commencer. Comme il le faisait chaque fois qu'il se sentait mal à l'aise, le jeune homme fit appel à une petite touche humoristique et tandis que son sourire s'accentuait légèrement, il continua: « Oh si en fait !! Je ne savais pas que tu dansais aussi bien … ni que tu étais fan de Britney au passage. » S'il se moquait gentiment, elle ne pourrait pas lui en vouloir, n'est-ce pas ? Du moins, il l'espérait car entre eux, le moindre sujet abordé était un motif parfait pour une éventuelle dispute. Comment en étaient-ils arrivés là au juste ? Difficile de le comprendre à moins de reprendre leur histoire depuis le début. Deux caractères forts, ça ne pouvait pas coller. « Détends-toi, je ne suis pas là pour qu'on se prenne la tête, je crois qu'on a suffisamment donné de ce côté-là. Tu penses que nous pourrions arriver à communiquer sans se sauter à la gorge pour une fois ? Ce serait une grande première mais ça vaut peut-être le coup d'essayer … En tout cas, je suis prêt à faire en sorte que ça puisse marcher, je te promets de ne plus me laisser emporter. Il faut qu'on apprenne à tirer un trait sur le passé et qu'on se fasse de nouveau confiance. » Naturellement, c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire !! Aaron avait pas mal de choses à lui reprocher puisque bien entendu, il pensait qu'elle était la seule et unique responsable de leur situation actuelle. Si elle s'était montrée légèrement plus tolérente, peut-être qu'ils n'en seraient pas là aujourd'hui !! Cela dit, il savait que de son côté, elle reportait la faute sur lui. En somme, ils se trouvaient au beau milieu d'un cercle vicieux. C'est le serpent qui se mord la queue, on prend les mêmes et on recommence. Machinalement, son regard se posa sur l'écran de la jeune femme et remarqua donc qu'elle était en train de consulter les offres de voyages. « Excellente idée ça, des vacances. Tu pars où ? » Voilà encore une preuve de sa bonne volonté d'apprendre à "discuter normalement" avec elle.

Une chose qu’Elz a bien comprit : dans la vie les situations peuvent bien vite changer. On peut avoir la situation en main, comme la prendre d’un instant à l’autre. Elle pensait que tout allait bien entre eux deux, mais … Comment en étaient-ils arrivés là ? Franchement ? Aucune idée ! Pour l’instant elle était plutôt submergée par cette petite haine qui la hantait. Elle n’était pas capable de réfléchir calmement à la situation. D’être diplomate. Elle avait besoin de rejeter la faute sur quelqu’un, et c’est sur lui que ça tombait. Elle n’essayait même pas d’imaginer une seule seconde si ça pouvait être de sa faute. Pour elle c’était tout simplement : Aaron le fautif, un point c’est tout. Mais apparemment, elle n’était pas la seule dans cette situation là, le jeune homme le pensait aussi, mais dans l’autre sens. Qu’il ne s’agissait là que de sa faute à elle. Et pourquoi ne pas dire qu’il y a deux fautifs dans l’histoire ? Elzbieta Strauty et Aaron Harrington. Peut-être tout simplement car ils n’arrivaient plus à se parler, même pas une moindre conversation qui pourrait durer deux minutes. A chaque réflexion de l’un, l’autre le prend mal, même si cette situation est plutôt pour Elzbieta. Elle est devenue hyper susceptible en ce qui le concerne. Elle ne peut s’empêcher de mal lui répondre, lui chercher des embrouilles. C’est mal, très mal, elle le sait, mais elle n’y peut tout simplement rien. Alors qu’elle s’amusait pensant être seule, elle remarqua sa présence. Oui, la première chose qu’elle pensa lorsqu’elle le vit fut « qu’est ce qu’il fout là lui ? ». Elle ne souhaitait pas le voir, ni lui parler. Et pourtant, en même temps, au fond d’elle, elle savait qu’ils devaient parler. Ils en avaient besoin tous les deux, pour continuer. Du coup, elle lui demanda si ça allait, ce qu’elle eut comme réponse un simple petit oui. Apparemment ce n’était pas de ça dont il voulait parler. Très bien. Elle laissa un blanc, ne sachant pas quoi d’autre dire. Avant cette crise ils avaient de la discussion, ils avaient toujours quelque chose à dire, mais tout cela était perdu maintenant. Elle le regarda s’asseoir à ses côtés, n’échangeant toujours pas un seul mot. Il la regardait. Elle cherchait un vol, sympathique comme situation non ? Voyant qu’il la regardait, soutenant son regard, elle lui demanda ce qu’il y avait. Bien qu’elle pensait qu’il n’y avait rien de spécial, mais tout de même, ce n’est jamais bien innocent lorsqu’on regarde de cette façon là une personne. « Rien du tout. » Cette réponse ne lui convenait pas, c’est pourquoi elle le regarda d’un regard interrogateur. Attendant une autre réponse, elle l’eut cette autre réponse. Une réponse qui la fit plutôt sourire, mais elle ne pouvait s’empêcher de trouver quelque chose à redire contre cette réponse. Elle pouvait très bien le prendre, mais elle n’en était pas capable. Elle ne pouvait y voire que du mal dans son autre réponse. « Oh si en fait !! Je ne savais pas que tu dansais aussi bien … ni que tu étais fan de Britney au passage. » Un petit sourire, certes. Mais elle ne se sentait pas complètement à son aise pour l’instant. Elle ne savait pas quoi lui répondre, ni si elle devait lui répondre quoique ce soit. Elle était perdue. Mais surtout, en sa présence, elle ne savait plus comment agir, quoi dire, quoi penser. « Et bien maintenant tu le sais, et il y a pleins d’autres choses que tu ignores à propos de moi !» Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être comme, c'est-à-dire, froide. Il tentait peut-être de la mettre à l’aise, de lui prouver sa volonté de bien faire, de vouloir avoir une petite conversation digne de deux adultes. Mais apparemment ça ne marchait pas ainsi avec la jeune femme. Elle se mit presque à l’ignorer en cherchant toujours ses vols. Elle cherchait l’occasion, la bonne heure, le bon prix, la bonne date. Elle était libre, totalement libre. « Détends-toi, je ne suis pas là pour qu'on se prenne la tête, je crois qu'on a suffisamment donné de ce côté-là. Tu penses que nous pourrions arriver à communiquer sans se sauter à la gorge pour une fois ? Ce serait une grande première mais ça vaut peut-être le coup d'essayer … En tout cas, je suis prêt à faire en sorte que ça puisse marcher, je te promets de ne plus me laisser emporter. Il faut qu'on apprenne à tirer un trait sur le passé et qu'on se fasse de nouveau confiance. » C’était une première ! La première fois depuis un certain temps qu’elle l’avait écouté jusqu’au bout, qu’elle ne l’avait pas interrompu, bien que l’envie l’en avait démangé. Elle avait voulu lui couper la parole, mais quelque chose l’avait retenu : la raison ? Surement ! Elle avait décidé de l’écouter, d’être enfin raisonnable. Après, bien sur qu’elle ne savait pas encore très bien quoi penser de ce qu’il lui avait dit, de ce qu’elle-même devait penser, et dire. Bien qu’elle ait décidé de devenir raisonnable, elle restait tout autant perdue. Elle se prit la tête dans les mains et respira un bon coup. Elle le regarda et lui répondit, doucement car elle réfléchissait tout en répondant. Ce qu’elle avait à lui dire n’était pas encore bien construit dans sa tête. Elle répondait au feeling. « Je suis peut-être d'accord avec ce que tu as dit… sauf la confiance. Je n’y arriverais pas. La confiance, à mon goût, c’est quelque chose qui est dur à gagner avec une personne mais tellement facile de la perdre, et encore plus dur à la retrouver. Donc oui, on avait peut-être confiance l’un en l’autre, mais je me connais et je n’y arriverais plus avec toi. Tout en perdant ta confiance, j’ai l’impression de t’avoir perdu aussi. C’est surement pour cette raison qu’on n’a plus rien à se dire. Pourquoi tenter à tout prix de retrouver ce qui y avait auparavant ? C’est peut-être mieux ainsi !»Elle lui avait dit ce qu’elle avait sur le cœur, ce qu’elle pensait. Peut-être que oui c’était mieux ainsi, qu’ils ne se côtoient plus, ainsi qu’ils ne se parlent plus. Peut-être que leur temps ensembles étaient terminés. Des fois, tenter de rabibocher des situations les envenime encore plus en fin de compte. On pourrait dire qu’ils ont besoin de temps, mais ils l’on eu ce temps. Il vit le site qu’elle regardait, et il fit une remarque, qui la fit sourire. Il avait réussi à faire ce qu’il voulait, la mettre à l’aise. « Excellente idée ça, des vacances. Tu pars où ? » Elle lui sourit et se mit à réfléchir, étant donné qu’elle ne savait pas encore où elle voulait exactement aller. « J’aimerais refaire la Finlande, ainsi que la Suède, Danemark et Norvège, ce petit coin de l’Europe. Et toi tu as des plans pour ces vacances ? » Et non pas qu’elle n’avait pas envie de continuer cette discussion, mais elle ferma la fenêtre de la page internet. Elle préférait tout simplement continuer à parler avec ce jeune homme.

Le cynisme dont faisait preuve la jeune femme n'échappa pas à Aaron qui songea cependant l'avoir bien mérité. Naturellement, il se disait qu'ils avaient tout deux une part de responsabilité dans cette histoire mais il aurait du se montrer plus intelligent que ça et tenter de réparer les pots cassés au lieu de retourner systématiquement la faute contre elle. Certes il y avait encore énormément de choses qu'il ignorait au sujet d'Elzbieta mais en dépit de tout ce qui avait bien pu se passer entre eux, Aaron ne demandait qu'à la connaître. Le jeune homme tenait réellement à tirer un trait sur le passé mais il se rendait bien compte désormais qu'il lui serait extrêmement difficile de regagner la confiance de la demoiselle. Mais qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ? Affichant un léger sourire, Aaron hôcha la tête pour lui faire comprendre qu'il avait parfaitement saisi le fait qu'elle ne désirait pas s'attarder en bavardage avec lui. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Que devait-elle penser à son sujet ? La dévisageant avec attention, il l'écouta lui exposer ses projets pour les vacances. Bien entendu, Aaron comprit rapidement qu'elle lui retournait la question dans l'unique but d'entretenir la conversation. A vrai dire, il était prêt à s'accrocher à n'importe quel prétexte pour qu'elle ne prenne pas la fuite et c'est sans doute la raison pour laquelle il tâcha de lui répondre le plus naturellement du monde.

« Excellent choix. J'ai eu l'occasion de voyager en Europe lorsque j'étais enfant et j'en garde un souvenir fabuleux. Ca me plairait bien d'y retourner à l'occasion. Mais pour répondre à ta question, je n'ai rien prévu de particulier pour cet été. Je vais sans doute improviser en dernière minute comme toujours. Je ne suis pas un as de l'organisation et la planification n'est pas mon point fort. »

Aaron nétait pas un jeune homme particulièrement organisé. En réalité, il détestait planifier à l'avance et préférait vivre au jour le jour. Puis avec sa fille malade, il avait appris à profiter pleinement de chaque instant, tout en évitant de songer au futur. Voilà pourquoi il allait probablement tâcher d'improviser un programme alléchant pour la puce, l'emmener à Disney World ou bien faire un tour par le ranch de sa soeur. Improviser un voyage à l'étranger demandait beaucoup trop d'organisation et il n'était d'ailleurs pas totalement certain que Morgan ait envie de partir à l'étranger. Elle se fatiguait beaucoup trop vite ces derniers temps et il n'avait pas envie de l'épuiser inutilement. Aaron ne tarda pas à laisser toutes ces pensées de côté afin de se concentrer sur la situation présente. Il savait qu'il ne serait pas facile de rétablir un semblant de confiance entre la jeune femme et lui. Ce serait probablement un travail minutieux, demandant une patience infinie.

« Je suis entièrement d'accord avec ce que tu as dit tout à l'heure. La confiance est quelque chose d'extrêmement difficile à conquérir mais d'incroyablement facile à perdre. J'en ai fait l'expérience et crois-moi, je le regrette sincèrement. Je ne dis pas que je ne suis pas responsable de ce qui nous arrive mais je pense que nous avons tout les deux engendré cette situation chaotique. L'erreur est sans doute partagée mais honnêtement, on se fiche de savoir qui est à l'origine de tout ça. C'était une bêtise. Une véritable bêtise et malheureusement, je m'en rends compte beaucoup trop tard. Elzbieta … regarde-moi ... »

Autant dire qu'il s'agissait là d'un miracle car Aaron n'était pas particulièrement enclin à reconnaître ses torts d'ordinaire. En règle générale, on pourrait même dire que le garçon était de mauvaise foi et que même en cas de culpabilité, il préférait plaider l'innocence la plus totale. Pas cette fois. Il savait que l'enjeu était énorme et il n'avait pas envie que la situation s'envenime davantage encore.

« Je suis désolé. Désolé si j'ai pu te faire du mal d'une quelconque façon. Je ne voulais pas qu'on en arrive là. Je crois que la situation nous a échappé et actuellement, on se trouve dans une véritable impasse toi et moi. Je sais que tu m'en veux mais ton attitude me blesse sincèrement. Si tu voulais te venger, laisse-moi te dire que tu ne pouvais pas mieux t'y prendre. Je ne supporte plus la façon dont tu m'ignores, la façon dont tu te caches de moi. Si tu n'as plus besoin de moi, sache que l'inverse n'est pas forcément vrai. »

Ils avaient tellement de choses à se dire, et voilà qu’ils parlaient de leurs vacances. Il y a encore quelques secondes, ils ne s’étaient pas adressés la parole depuis des jours, et voilà qu’ils parlaient comme si de rien n’était. Du moins, ils essayaient. Les deux en connaissaient des choses sur l’autre, mais apparemment pas assez. On peut toujours en apprendre davantage sur un ami. Un ami. Aaron était-il réellement un ami ? Il avait été un peu plus, pour passer d’une minute à l’autre à rien du tout vis-à-vis de la jeune fille. Et maintenant ils se parlaient comme de véritables amis, faisant preuve de maturité, d’intelligence pour essayer de recoller les bouts de leurs relations qui s’étaient perdus en chemin. Il leur en avait fallu du temps pour en arriver là, mais vaut mieux tard que jamais, non ? Il restait tout de même une petite gêne, surtout du côté d’Elzbieta bien qu’elle tentait de la mettre de côté, mais la situation restait bien trop étrange à son goût. Pourquoi leur avait-il fallu autant de temps pour se reparler ? Il n’y avait rien de bien compliqué là dedans, la preuve. Pourquoi ne s’étaient-ils pas comportés comme des adultes dès la minute où leur relation s’était dégradée ? Trêve de questions, tout cela n’est que pur passé, parlons plutôt du présent. « Excellent choix. J'ai eu l'occasion de voyager en Europe lorsque j'étais enfant et j'en garde un souvenir fabuleux. Ca me plairait bien d'y retourner à l'occasion. Mais pour répondre à ta question, je n'ai rien prévu de particulier pour cet été. Je vais sans doute improviser en dernière minute comme toujours. Je ne suis pas un as de l'organisation et la planification n'est pas mon point fort. » Là elle le reconnaissait bien, ce jeune homme non-organisé qui fait la majorité des choses au feeling, au dernier moment. Elle esquissa un petit sourire, car oui ça la faisait sourire de voir qu’il n’avait pas changé, toujours fidèle à lui-même. La jeune fille a ce petit don : déchiffrer une personne au premier regard, et plus elle devient proche de cette même personne elle en apprend plus. Pas besoin qu’on lui dise comment est la personne, elle le devine toute seule. Elle avait remarqué ce trait de personnalité chez Aaron, bien qu’il ne lui a jamais vraiment dit ou même montré. Elle l’avait juste deviné ainsi, étant un homme vivant au jour le jour. Elle en avait d’ailleurs fait aussi les frais. Elle est tout le contraire : une fille complètement organisée, prévoyant tout à l’avance, même ses journées. Elle planifie tout. Ca ne lui vient pas de sa mère, car elle est plutôt comme Aaron, et de même de son père. Ca lui vient surement du fait qu’elle devait du coup tout prévoir pour ses parents, pour elle c’est une chose tout à fait naturelle : de prévoir les choses à l’avance. Elle ne peut pas vivre autrement, lorsqu’elle ne prévoit rien c’est qu’elle risque de rester chez elle, à ne rien faire, devant la télé ou l’ordinateur. « Où est ce que tu as eu la chance de voyager en Europe ? C’est surement le continent que je connais le mieux, j’ai eu le droit d’y voyager énormément avec mes parents, et c’est pourquoi j’y voyage toujours maintenant. Parce que je suis tombée amoureuse de cette partie du monde, c’est tellement différent du reste. Je te reconnais bien là, à ne jamais prévoir à l’avance, tout le contraire de moi. » Jusque là, ils arrivaient assez bien à se parler normalement. Une conversation que n’importe quels amis peuvent avoir. Malheureusement, on peut toujours percevoir une certaine réservation dans les deux camps. Généralement deux amis ne parlent pas de cette façon-ci, comme deux vrais adultes. N’ayant pas de délires, ne rigolant pas. Une vraie conversation sérieuse. Après tout, ça ne peut pas faire de mal, si ? L’alpha avait vraiment envie de savoir où il avait pu aller, ils pourraient ainsi en parler, si elle avait eu la chance aussi d’y aller. Partager leur point de vue, ce qu’ils avaient aimé ou non. Et au pire si elle n’y était jamais allée, ça pourrait être une idée pour son prochain voyage, s’il le lui conseille. « Je suis entièrement d'accord avec ce que tu as dit tout à l'heure. La confiance est quelque chose d'extrêmement difficile à conquérir mais d'incroyablement facile à perdre. J'en ai fait l'expérience et crois-moi, je le regrette sincèrement. Je ne dis pas que je ne suis pas responsable de ce qui nous arrive mais je pense que nous avons tout les deux engendré cette situation chaotique. L'erreur est sans doute partagée mais honnêtement, on se fiche de savoir qui est à l'origine de tout ça. C'était une bêtise. Une véritable bêtise et malheureusement, je m'en rends compte beaucoup trop tard. Elzbieta … regarde-moi ... » Au fur et à mesure qu’il avait parlé, elle avait détourné son regard. Elle n’avait pas réussi à garder son regard dans le sien, alors qu’ils parlaient enfin de ce qui s’était passé. Ca la mettait mal à l’aise. Elle ne savait pas quoi répondre, elle faisait qu’écouter. Elle tenta de le regarder lorsqu’il le lui demanda, mais elle détourna tout de suite, de nouveau, son regard. La gêne était bien trop présente. Ne sachant même pas si elle devait répondre ou quoi, elle ne réussit qu’à répondre, un simple « Aaron… je ne sais pas quoi te répondre. » N’avait-elle eu rien d’autre à dire ? Pourquoi dire ça ? C’était bien trop con de sa part. Surtout qu’Aaron, avait prit sur lui. Elle le savait. Elle aurait pu mieux faire. Elle aurait du mieux faire. Elle n’est pas aussi stupide, elle doit trouver autre chose à dire, mais avant elle doit réussir à croiser son regard, ce qu’elle tenta bien que mal, avant de reprendre la parole. « Excuse-moi c’était con de ma part de répondre ça. Je …enfin, je pense que tu as raison. Et moi aussi je m’en rends compte trop tard, mais vaut mieux tard que jamais. Maintenant, on est d’accord et peut-être que… que… merde j’ai perdu le fil de mes pensées. Je ne sais plus ce que je voulais dire, tant pis. » Allez, encore un sourire, un. Peut-être qu’à la fin, ils arriveront à rire ensemble, de quelque chose de vraiment drôle. Peut-être auront-ils un petit délire qui marquera la fin de cette mésaventure entre eux deux. Ca serait tellement beau, oui ça serait beau. Un happy end. « Je suis désolé. Désolé si j'ai pu te faire du mal d'une quelconque façon. Je ne voulais pas qu'on en arrive là. Je crois que la situation nous a échappé et actuellement, on se trouve dans une véritable impasse toi et moi. Je sais que tu m'en veux mais ton attitude me blesse sincèrement. Si tu voulais te venger, laisse-moi te dire que tu ne pouvais pas mieux t'y prendre. Je ne supporte plus la façon dont tu m'ignores, la façon dont tu te caches de moi. Si tu n'as plus besoin de moi, sache que l'inverse n'est pas forcément vrai. » Elle tenta cette fois-ci de ne pas laisser échapper son regard du sien. Mais l’entendre dire tout cela, en le regardant, c’était trop dur. Elle eut envie de le prendre dans les bras. Il l’avait manqué et l’entendre dire de telles choses lui fit plaisir tout en lui faisant du mal. Certes, elle avait voulu être méchante avec lui, mais elle n’avait pas pensé y arriver et au fond elle n’avait pas souhaité l’être. Entendre qu’elle avait réussi son coup lui fit du mal. Pendant tout ce temps, ils avaient ressentit la même chose chacun de leur côté, maintenant qu’ils en parlaient, ils s’en rendaient compte. « Ne sois pas désolé. Je le suis aussi, mais ça ne sert à rien de l’être. C’est du passé. Et oui je t’en veux, mais maintenant je pense m’en vouloir plus à moi-même qu’à toi. Je m’en veux d’avoir réagit de cette façon vis-à-vis de toi. Je pense qu’on a rejeté la faute sur l’autre parce qu’on ne voulait pas assumer notre part de responsabilité dans cette histoire, enfin du moins en ce qui me concerne je crois bien que c’est pour cette raison. Ne dis pas que je n’ai pas besoin de toi, s’il te plait parce que j’ai toujours autant besoin de toi, de te savoir là pour moi. J’ai envie de te retrouver, qu’on se retrouve. » Pendant qu’elle parlait, elle se rapprocha de lui, tandis ce que sa main se rapprocha de la sienne, la prenant enfin dans la sienne. Un petit geste affectif qui pourrait améliorer leur relation, les aider.