Voilà, nous étions enfin en fin d'année. C'était désormais le temps des examens et je devais avouer que je n'avais aucun mal à m'y préparer. Même si mon esprit était ailleurs, beaucoup trop occupé par certaines personnes en particulier qui soit, m'inquiétait ou qui réussissait à me refaire sourire vraiment. Lily par exemple. Ma petite Lily, ma petite blonde têtue, ma plus belle photographie. Si je devais un jour la prendre en photo je crois que ce serait l'une des meilleures représentations de ce que je ressens et de ce qu'elle ressent, en fait, de ce que nous ressentons toutes les deux. Nous étions passés par les mêmes évenements tragiques, on se comprenait. J'aurais pu tout donner pour cette blonde, je donnerais vraiment tout, quite à tuer quelqu'un pour la protéger, je le ferais. Me demandez pas pourquoi, je n'en sais absolument rien, seulement, elle avait réussi à me toucher, alors que généralement, rare était ceux qui y parvenait. Je l'aimais tellement, je tenais tellement à elle et pourtant, je la connaissais depuis peu mais elle était rare, une photo unique et magnifique. Puis, il y avait Raïser. Un des deux hommes qui avait réussi à me faire tomber dans ses bras. Je ne sais pas comment il avait fait, peut-être était-ce parce que j'avais sentis qu'il était différent et qu'il savait parfaitement ce que cela faisait d'être abandonné par un être cher auquel on tenait beaucoup. Puis, il me plaisait, je veux dire, il me plaisait vraiment, j'avais sans cesse cette envie d'être avec lui, de le sentir proche de moi et je crois que s'il décidait de me laisser, je chuterais de plus haut. Je ne sais pas vraiment comment ça allait se passer entre lui et moi mais il était clair que je ne voulais pas que ça se passes mal, je voulais connaître ne serait-ce qu'un bout de temps, la paix. Le calme. Enfin bref. J'étais sérieusement préocupée en ce moment.

Je me trouvais assise à une des nombreuses tables du restaurant universitaire, attendant Emy. Un de mes modèles. Elle posait pour moi, quand j'en avais besoin et ça lui servait aussi, puisqu'elle avait décider de se lancer dans le maquinnat. Puis, elle avait un assez bon profil pour mon style de photo, donc ça nous allait à toutes les deux. Je l'aimais bien même si j'aimais moins ses remarques sur ma façon d'être. Je détestais qu'on dise que j'étais d'un compliqué exaspérant. La pire chose qu'on pouvait me dire. Enfin bon, elle avait finit par le comprendre et on s'amusait assez, je dois l'avouer. Surtout lorsque je m'amusais à faire des photoshoot un peu tordu. Aujourd'hui, j'avais eu une nouvelle idée un peu .. spéciale et dur à interpréter, mais bon, je faisais toujours dans le difficile. Au bout de quelques minutes d'attentes, je la vis entrer dans le restaurant et je lui fis signe de me rejoindre, un petit sourire au coin des lèvres. « Salut ma belle, alors comment vas-tu ? » Je la regardais porter sa fourchette à la bouche et relevais les yeux vers les siens. « Salut Emy. Heum .. je vais bien, enfin, ça ne change pas de d'habitude. Et toi ? Tu m'as l'air un peu .. fatiguée et pâle. » Ma bouche se tordit à cette remarque. Etait-elle malade ? Si elle était malade, il fallait qu'elle se repose, on pourrait parler "affaire" plus tard. Je ne voulais pas que son état empire si elle était malade.

J'adorais Emy, elle était assez drôle, sympa et puis elle était toujours là quand on avait un problème, le seul problème, c'est son côté lunatique. Il m'arrivait même des fois de me demander si elle n'avait pas ses règles tout le temps, c'était phénoménal. Je lu dans son regard que je n'aurais pas du commenter son état physique et je me préparais mentalement à sortir les pires méchancetés qui soit. C'était la seule façon de calmer Emy, être tranchante. Je m'excusais toujours après. Je sursautais au bruit de la fourchette contre l'assiette et levait les yeux aux ciel. Mon dieu, je voyais déjà son discours d'ici. Elle désigna mon verre d'un signe de tête et je n'eus pas le temps de dire non que mon verre était déjà rempli. Merci. Je soupirais et me redressais lentement, croisant les bras sur la table, en l'écoutant. J'haussais un sourcil et soupira encore. « Si tu le dis. Néanmoins, si tu te sens fatiguée, on peut repousser la séance à plus tard. » Je continuais de la regarder, sachant qu'elle n'avait pas finis son discours précédent. Raïser. C'est la seule information que mon cerveau capta. Aussitôt, je me redressais comme un pique, attentive à chaque chose qu'elle me disait. Le simple fait qu'elle parle de mon petit-ami - oui parce que j'en était arrivé au stade où je le considérais comme tel - sans savoir qu'il l'était me faisait sourire, elle ne pesait pas ses mots. Seulement, au lieu de le prendre en souriant, chacune de ses paroles me frappait de plus en plus fort. Dire du mal des personnes que j'aime était la pire chose qu'on pouvait faire. Mon regard devint rapidement noir et j'avais les poings serrés. Oui, on pouvait m'énerver assez rapidement, surtout lorsqu'on disait du mal de mes proches. D'ailleurs, elle le remarqua assez vite. Elle avait au moins trouver le sujet de mon énervement. Néanmoins, je pris une profonde inspiration et la regarda droit dans les yeux. « À moins que tu ne le connaisses plus que de son statut d'éleve à Berkeley, je ne crois pas que tu puisses le juger. Surtout en ta position. Ce crétin comme tu dis c'est mon petit-ami alors je te prierais de bien vouloir peser tes mots et de ranger ta langue de vipère. Je suis persuadée qu'il essaye de t'aider, mais têtue comme tu es, tu ne vois que le côté négatif de la chose. Si tu te reposais et que tu arrêtais de faire des conneries, peut-être qu'il arrêterait de te suivre. » Je marquais une pause, reprenant mon souffle et en jetant un regard noir au reste du restaurant qui nous observait. Il est vrai que j'avais un peu trop haussé le ton et je n'y étais pas aller de main morte. « Autant que je t'apprécie Emy mais dans les moments comme ça, j'ai envie de t'étriper parce que là, c'est toi qui me sort par les yeux. Oh et si tu veux remettre ce rdv à plus tard, je n'y vois aucun inconvénient. D'autres personnes plus importantes m'attendent eux aussi. » Je la regardais, toujours aussi énervée. C'était la mauvaise période pour m'énerver, je n'étais pas dans un état de santé complet et dans ces moments là, je devenais encore plus lunatique que n'importe qui. Va-t-elle m'en vouloir ? Le contraire m'étonnerait bien.

Je crois bien que c'était la première fois que je me disputais avec Emy à cause d'un homme. Généralement, on se disputait pour des trucs sans importances et après, on s'excusait et hop c'était réglé on en parlait plus. Sauf que là, non. J'avoue que j'y étais aller un peu - beaucoup - fort et que j'avais trop vite démarrer au quart de tour ce qui n'était pas mon genre. En fait, je ne mesurais l'ampleur de mes paroles qu'après les avoir dites à voix haute, elles sortaient comme ça et je ne réfléchissais pas. C'était assez problématique oui car je pouvais dire des choses que je ne pensais pas du tout, comme je le faisais toujours avec Emy. La plupart des choses qu'elle entendait de méchant venant de moi, je ne les pensais pas. Certaines oui. Et le pire dans tout ça c'est quand on demandait d'expliquer pourquoi je disais ça, j'étais incapable de le faire. Je ne savais pas quoi répondre et je passais pour une cruche alors je finissais par changer de sujet ou de me calmer. D'ailleurs, mon amie - je l'adore quand même j'y peux rien - me posa une colle, ce qui me fit soupirer. Très bien, la prochaine fois je réfléchirais avant de parler, ça m'évitera de dire n'importe quoi. D'ailleurs, je ne lui répondis pas et j'écoutais ce qu'elle me disais. Bim, prends toi ça dans la face Isis. Je l'avais vraiment énervée et blessée. A croire que j'étais douée pour ça. Néanmois je fis mine de rien, comme si ça ne me touchait pas alors que c'était tout le contraire. « Je pense Emy que si j'en disais autant de Mike, tu ne le prendrais pas du bon côté ! Alors ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse. Ou dise, d'ailleurs. Oui, on ne peut pas aimer tout le monde, certes, mais j'ai l'impression que tu n'aimes pas grand monde, vois-tu. » Puis là, elle me balança des paroles qu'elle n'aurait jamais du me balancer. Je me levais en me penchant sur la table, les yeux humides. Je ravalais mes larmes. « Tu ne connais rien de moi, tu ne sais pas pourquoi je suis comme ça ! Tu n'as pas à juger sans connaître mon passé ! Je t'interdis de dire ça. Si je suis comme je suis c'est qu'il y a des raisons ! » J'étais devenue la personne que j'étais aujourd'hui après la mort d'Isaac et de Liam, j'avais complètement changée. D'abord, j'étais devenue une garce qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui couchait avec tout le monde, laissant de côté la personnalité de la petite fille sage. Puis, j'avais rencontré Liam. J'étais devenue moins garce, fidèle. Sauf qu'il était mort. Et j'étais retombée. Froide, distante, désagréable, insociable et j'en passe. Je ne pouvais tout bonnement pas accepté qu'on critique mon caractère, car la plupart des gens ne savaient pas pourquoi j'étais devenue ainsi. Là, elle voulut partir et je me rendis compte de mon erreur. Je culpabilisais toujours après avoir été blessante. « Emy .. » Son plateau tomba et le bruit resonna dans tout le restaurant universitaire ce qui attira le regard de plusieurs. Je soupirais et me baissa pour ramasser ce que je pouvais ramasser et je fis assoir Emy. « Ecoute .. » je m'assis à mon tour, en croisant les bras sur la table. C'était la première fois que j'allais le dire et c'était la dernière. « Je sais que je suis compliquée - je levais les yeux au ciel - et que je peux vraiment être une garce quand je veux mais .. comprend-moi .. je fais partie de ces gens qui ferait tout pour leur proche, alors le simple fait que tu dises que Raïser est un crétin, m'énerve. Excessif, je sais. Et si on disait que t'étais une garce, je m'énerverais tout autant. Enfin bref. Je te demande seulement de .. de peser tes mots. Puis, quand tu t'y mets, tu peux vraiment être .. irritante tu sais. » Pour la première fois de ma vie, j'avais réfléchis avant de parler. Certes je m'étais excusée mais je savais qu'à un moment ou à un autre, on allait encore se disputer. C'était un cercle vicieux et nous ne pouvions pas nous en échapper.

Il m'arrivait parfois d'être une cruauté inimaginable, plus jeune, j'étais une garce de première. Je prenais les gens de haut, je pensais être la meilleure de toute, chaque homme qui passait dans mon lit n'était pas n'importe qui, il m'arrivait même de me concentrer sur son compte en banque plutôt que sa famille. Oui, j'étais comme ça, mais je ne le suis plus. C'est à cause de la mort de mon frère que je suis devenu le pire cauchemard de n'importe qui mais c'est aussi grâce à ma rencontre avec Liam que je me suis assagie. A vrai dire, quand je l'ai rencontré j'ai fais exactement la même chose qu'avec les autres, je l'ai rabaissé, humilié. Sauf qu'il a persisté, contrairement aux autres, j'ai finis par comprendre qu'il était comme moi. Dès qu'il voyait une fille, il s'imaginait tout de suite l'avoir dans son lit sauf que j'avais été beaucoup plus difficile que les autres. Puis, il m'a eu et de là est partie toute notre histoire qui un beau jour c'est terminé en une seconde, comme s'il ne s'était jamais rien passé. Et au lieu de redevenir une garce - quoi que .. - je me suis complètement fermée. Au lieu de remonter la pente, je me suis laissé couler, totalement consciente de ce que je faisais. J'ai bu, pendant pas mal de temps et j'ai eu du mal à décrocher. Là, Emy me prouvait encore une fois que mon côté garce n'avait pas encore refait surface mais que ça n'allais pas tarder, même si j'allais le regretter. Que devais-je faire ? Détruire le semblant d'amitié qui nous restait ou la détruire elle ? Ce serait surement la seule avec qui j'aurais ce comportement inhumain, ou même cette simple question. Je l'écoutais, parler, me balancer son venin à la gueule, avec un air amusé au visage. Au fond, elle ne me touchait pas. Je l'appréciais beaucoup, j'étais cruelle avec elle, sans savoir pourquoi et pourtant je l'appréciais. Pourquoi avoir ce comportement avec elle ? Franchement je n'en ai aucune idée. J'attendais qu'elle finisse de parler, histoire que je lui lâche en gros bloc ce que j'avais à dire. Je l'avais énervée, ça se voyait et ça s'entendait même dans ses paroles. Tout ce qu'elle pouvait dire sur moi m'amusait un peu, ce n'étais pas la première fois qu'on me disait ça et à force j'avais appris à ne pas y faire attention. À la base, c'était partit de Raïser et maintenant on s'étalaient sur plusieurs sujet à la fois, sans y faire attention. Le restaurant tout entier nous observait, curieux de savoir pourquoi on se disputait, curieux de savoir si cela allait se finir en combat physique. Quand elle me compara au lichen je lâchais un petit rictus discret. Elle avait des façons amusantes de dire ce qu'elle pensait et ses comparaisons étaient bien trouvées. J'avais réfléchis à ce que j'avais dis sauf qu'elle l'avait mal pris, c'était ça le problème avec Emy, il fallait sans cesse faire attention à ce qu'on disait, même si c'était la même chose avec moi. Elle se leva et sortit rapidement du réfectoire. Je soupirais une fois de plus en levant les yeux au ciel et la suivit, avant de l'intercepter dans le couloir. Je lâchais mes affaires au sol et la forcais à me regarder dans les yeux, en évitant évidemment d'avoir un regard noir. « Alors primo, je sais parfaitement que tu n'es plus avec Mike mais il fait quand même partit de toi, donc, tu n'apprécierais pas que j'en dise du mal. Je suis ton amie sauf que tu compliques la tâche avec ton caractère de cochon et je sais très bien que le mien n'est pas mieux et si tu penses que je suis une garce, dans ce cas, pourquoi tu as décidé d'être mon amie ? Non parce que là c'est vraiment incompréhensible vois-tu ! Tu l'aimes pas, c'est ton problème mais arrête de te fonder sur la première impression. T'essayes même pas de connaître les gens. » Je marquais une pause. Tout ce que j'allais lui dire n'allais pas du tout lui plaire mais à vrai dire, ce n'étais pas le but recherché. Elle allait m'en vouloir et j'en étais consciente mais je détestais ne pas dire ce que je pensais vraiment. « Secondo, je n'ai jamais dis que j'étais en cristal mais si tu savais vraiment ce qui m'est arrivé, tu ne dirais pas ça. Pour le lichen, c'est vraiment un coup bas venant de ta part mais je vais prendre ça comme un compliment. Ensuite, je ne reste pas dans mon petit coin comme tu dis si bien parce que sinon on ne serait pas là en train de se balancer des saloperies à la gueule et je n'aurais pas Raïser, ni Holli, ni Lily, ni tout les autres ! Mon monde n'est pas parfait, loin de là et je m'en contente, tu me juges sans me connaître vraiment. Spéciale ? Si ça te pose tant de problème que je sois spéciale, je vois pas pourquoi tu restais avec moi alors. Et rassures toi, j'ai d'autres intérêts que la photo dans la vie, seulement tu ne veux pas comprendre que cette passion je la tiens de quelqu'un et que c'est pour lui que je fais tout ça. Je m'en fiche que tu ai beaucoup d'amis ou pas, ou même que tu sois appréciée, ça change pas le fait que même si je suis horrible avec toi, je t'aime bien dans le fond. » Mon souffle se faisait de plus en plus court, c'était agaçant de tout enchaîner comme ça, comme une cassette. Sauf que moi, je ne pouvais pas faire marche arrière. « Et, je n'ai pas dis que c'était de ta faute. J'ai simplement dis qu'il t'arrivait d'être irritante. C'est de ma faute et ça je le sais. Maintenant, j'ai finis. Balances-moi encore des saloperies à la gueule et après, je rentrerais. » C'est ce qu'on appelait avoir une journée riche en émotion.