Il fallait que j'arrive à me contrôler, car si je continuais ainsi, j'allais réellement le blesser et même s'il me rendait fou de haine, je ne voulais pas en arriver là. Pourtant, il n'y avait rien à faire. C'est comme si au final, je n'arrivais plus à contrôler mon corps, comme si mon bras agissait tout seul, relié à un autre cerveau. J'avais beau penser non, mon corps, lui, disait oui. Et, ''heureusement'', Andrew réussit à me repousser pour me faire tomber en arrière. Il prit donc le dessus et cette fois ci, certainement pour ne pas commettre la même erreur que tout à l'heure, il décida de m'immobiliser entièrement. Les jambes en s'asseyant dessus. Les bras en m'immobilisant les poignets avec force. Je fronçais les sourcils, tout en tentant de me débattre. Rien à faire, il ne voulait plus me lâcher.

« Oui c’est triste et ça fait mal, mais tu dois passer au-dessus de ça. Je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais tu devras toujours faire face à la perte d’un être cher et tu n’y pourras jamais rien. » Qu'avait-il avec ses belles paroles ? Pensait-il réellement être le premier à les prononcer ? Je n'avais qu'une envie, qu'il ferme sa grande gueule. Mais je n'eus pas vraiment le temps de le lui dire, dans la mesure où je me pris deux violents coups dans les côtes. Il n'y allait pas de main morte. Le premier coup porter à droite laissa un râle de douleur s'échapper de mes lèvres. Et alors que je pensais en avoir fini avec cela, je m'en pris un second à gauche. Je me tordais de douleur, tandis que j'avais l'impression que mon souffle était parti. Aucun son n'arriva à sortir de ma bouche. Je me recroquevillais contre moi, comme si cela allait atténuer la douleur en train de m'assaillir. C'est là que le poing d'Andrew rentra en collision violente avec mon visage. Ça y est, c'était à lui de ne plus réussir à se contrôler. Nouveau gémissement de douleur. Je tentais de me protéger avec ma main libre – celle qu'il n'immobilisait pas –. Non, il s'en servit pour m'agripper par les cheveux et m'obliger à le regarder. Puis j'eus le droit à un nouveau et dernier coup de poing.

Si je n'avais pas eu un égaux démesuré, je l'aurais supplié d'arrêter, de me laisser tranquille. Mais il en était hors de question. Je préférais encaisser, plutôt que de me rabaisser à lui demander de stopper sa pluie de coups. Je sentais mon visage me brûler, ce qui me fit comprendre que je devais avoir de ''belles'' marques. C'était donc loupé pour la discrétion. Je restais là, totalement sonné par ce qu'il venait de me faire subir. À peine se leva-t-il que je me recroquevillais sur moi-même, restant là, au sol. Mes côtes me faisaient atrocement souffrir. « Casse toi, et ne t'inquiète pas, on ne s'adressera plus la parole. À partir de ce jour, tu n'es plus rien, tu n'existes plus. Casse toi maintenant ! », lui lançais-je avec mauvaiseté, alors que la douleur continuait de me mettre en position d'infériorité. Je n'avais même plus la force de me lever, car je savais qu'à peine debout, je tomberais.

L’énervement, la colère, tout y passait entre les deux hommes. L’enseignant en théâtre savait que son collègue était plus qu’énervait et la violence de ses coups en disant long sur son état. Ne voulant pas en sentir plus, Andrew parvint à prendre le dessus. Bloquant les jambes et les bras de son assaillant, il lui parla pour lui faire comprendre certaines choses. Mais ça faisait penser à Andrew aux personnes qu’il avait perdues. Ses amis africains quand il était petit, son père dont il n’avait découvert l’identité que très tard, la mère d’Alexis et bien d’autres personnes encore. Finissant par frapper Edward, à certains endroits pour mieux l’empêcher de retrouver le dessus, il se redressa et essaya de retrouver une respiration à peu près normale. Ecoutant l’irlandais lui dire de partir, Andrew prit quelques minutes pour pouvoir avancer. Allant vers la scène, il descendit les quelques marches avec difficultés et arriva dans la salle. Allant vers les portes, il dû prendre du temps pour pouvoir essayer de trouver assez de force pour sortir la tête haute. Heureusement pour lui, Cheyenne ne travaillait plus au sein de l’université, vu qu’elle avait un remplaçant. Prenant quelques minutes, il regarda derrière lui, mais toujours pas d’Edward. Il devait lui aussi avoir du mal à se remettre des coups reçus. Prenant donc un peu de temps, il se redressa et sortit de la salle. Baissant la tête, il essaya de passer inaperçu, mais en entendant chuchoter, il releva la tête et entendit des cris choqués. Il ne devait donc pas du tout être beau à voir. Allant vers les toilettes, il se retrouva devant un des miroirs et il pû en effet le constater par lui-même.

Lèvre fendue, bleus sous l’œil droit, coupures sur les joues. Déjà son visage ne ressemblait plus à rien. Soulevant son tee-shirt, il grimaça et soupira. Il avait de beaux bleus. Il savait qu’il allait vraiment avoir du mal à se déplacer sans souffrir dans les prochaines semaines. Se passant un peu d’eau sur le visage, ça lui fit siffler. Il grogna également, avant de se reprendre. Il devait rentrer chez lui, mais avant ça, il devait passer à la pharmacie. Là-bas, il demanda des crèmes, il en aurait besoin. Même si ça n’était que des bleus, il aurait besoin de quelque chose pour apaiser tout ça. Une fois dans sa voiture, il savait qu’il devait rentrer chez lui, mais il savait aussi que là-bas les paroles allaient couler à flot. Rentrant, il soupira et ouvrit la parole. La première chose qu’il entendu fut le cri d’horreur de sa fille et le fait qu’elle vienne se jeter dans ses bras. Relevant la tête, il croisa le regard noir de sa mère et il vit ensuite le visage de Cheyenne. Il savait qu’il allait prendre pour son grade, mais il ne se laisserait pas faire cette fois-ci. Il n’avait pas cherché, il s’était même retenu au maximum, mais ça avait été plus fort que lui. Les propos d’Edward l’avait blessé et Andrew se sentait déjà tellement coupable de ne pas avoir été là pour Cheyenne, que son corps avait agit avant son cerveau. Maintenant, il allait en payer les conséquences.