Les premiers rayons de soleil étaient venu à éclore, à San Francisco : ce qui n'était pas pour déplaire à la jolie blonde, celle-ci se pavanant avec fierté sur les bords de la Marina. Il avait beaucoup plu ces derniers jours, le temps aussi humide que grisâtre ayant irritée l'anglo-américaine avec un franc succès. Elle avait été d'une telle aigreur que beaucoup l'eurent éviter, les fortes têtes y compris, ceux-ci ne désirant aucunement subir les foudres de la jeune femme : impétueuses. Son tempérament d'un ordinaire si colérique n'avait été qu'un souvenir rempli de nostalgie pour les victimes de sa mauvaise humeur, c'était pour ainsi dire dans quel état de furie la Bêta s'était trouvée. Sa chevelure d'or vaguant librement dans le vent, l'héritière avait opté pour une balade près de l'eau, désirant y tremper ses pieds comme lorsqu'elle n'était encore qu'une gamine de six ans : aussi arrogante et hautaine qu'elle ne pouvait l'être aujourd'hui. L'eau n'était que très légèrement tiède, la période étant encore trop instable pour une température idéale, malgré les courageux baigneurs : la belle les considérant comme purement débiles bien qu'elle restait totalement indifférente aux sourires / regards insistants des quelques surfeurs du coin. La voix de l'autre côté du combiné s'était accaparée de son attention la plus totale, ainsi trop occupée pour rentrer dans le jeu de séduction d'un séduisant blond. « Je ne rentrerai nul part : c'est certain (..) Et oui, tu peux hurler. Je m'en contre-fou ». Le ton emprunté était habité par une curieuse pointe d'autorité : la jeune femme s'adressant à son paternel : assurée tant dans ses actes / paroles, elle ne lui avait jamais paru aussi tenace. « Allô ? » s'emportait Lady Windsor, le combiné encore collé à son oreille. Avec stupéfaction, elle constatait la capitulation de son père : surement avait-il une idée en tête quant à la volonté de faire venir sa seule et unique fille à lui, avec ou sans son consentement. La blondinette en redoutait fortement : ce n'était là que le commencement d'une querelle entre un homme caractériel avec sa fougueuse enfant.

Exaspérée, Kiara reprenait ses esprits face à la mer : l'air pur et la vision de l'horizon l'apaisant. Elle n'était vêtue que d'une petite robe en coton de couleur noir, ses escarpins dans la main : celle qui ne tenait pas son mystérieux sac. Ses veines étaient gagnées par un sentiment d'intense sérénité : faisant abstraction de tout individu / volatile dans son entourage. C'était de cette façon qu'elle n'avait pas remarqué la présence du bellâtre à ses côtés, celui-ci venant tout juste à l'aborder. S'y attardant momentanément, l'étudiante fronçait les sourcils. « Qu'on me fiche la paix, peut-être ? ». Sa réponse avait été claire et brutale : résonant plus comme une déclaration qu'une question. Lui souriant de façon sarcastique, une vague d'incompréhension la submergea tout aussi abruptement. Son visage ne lui était pas inconnu. « Il me semble que l'on se connait. Je me trompe ? ». Elle était bien loin de se douter que l'adolescent qu'elle avait pris pour cible des années auparavant été face à elle, sur la plage de San Francisco : plus séduisant que jamais.

Nombreux avaient été les individus que la jeune femme avait pu rencontrer durant toute son existence, vivant dans le milieu mondain de la riche société franco-américaine. Par plusieurs centaines de fois, elle s'était vu rencontrer des individus issus des quatre coins du monde : européens, africains, américains ou bien asiatiques. Il lui aurait été impossible de se remémorer de chacune de ses rencontres, ni même de l'identité des employés qui furent aux bons et loyaux services de sa famille durant plus de vingt ans. Elle se souvenait néanmoins très nettement de la gouvernante qui l'éleva, que Kiara avait secrètement considérée comme sa mère d'adoption : Gloria. Celle-ci lui en avait toujours fait voir, coupable d'une multitudes de bêtises, car aimant tester les limites de quiconque venait à elle. Une petite peste dans sa perfection qui s'était rapidement entichée de cette afro-américaine, une quadragénaire dont six enfants étaient déjà siens. Les années s'étaient écoulées et de nouveaux visages avaient fait leur apparition dans l'une des nombreuses demeures Windsor : une femme dont le fils était du même âge que l'héritière, son ainé de quelques années. Mignon, mais beaucoup trop naïf et réservé pour que l'adolescente qu'était Kiara s'y intéresse pleinement. Il n'avait représenté qu'une vague occupation à ses yeux d'adolescente, aimant jouer de ses charmes et de son influence en son égard pour parvenir à ses fins et se distraire comme bon lui semblait.

Un sourire en coin se dessinait au bord des lèvres rouges de la blonde tumultueuse. Selon les dires de Jean-Thomas, cette dernière n'avait guère changé. Peut-être que son minois n'avait que faiblement de différence depuis ces dernières années, mais son mental en avait subi bien des changements. Miss Windsor était tout bonnement plus diabolique et fougueuse que jadis, ce qui n'était peut-être pas en la faveur du jeune homme, une nouvelle fois. « Je ne pourrais pas dire la même chose de toi.. » murmurait-elle, tandis que ses yeux de fauve balayait le corps de l'étudiant de bas en haut. Plus grand et doté d'une carrure imposante, ce qu'elle se surprenait à apprécier grandement. « Tu as quelque peu changé, Thom'.. ». Le regard de la sirène se replongeait librement dans le sien, alors que sa silhouette généreuse se rapprochait dangereusement du sien. « Je n'aurais jamais pensé pouvoir te rencontrer, ici » avouait-elle en passant une main dans sa chevelure d'or. « Qu'es-tu devenu ? Et ta mère ? ». Bien qu'elle se contrefichait totalement du devenir de celle-ci, la blondinette cherchait à converser : ou à l'attirer dans ses filets, à l'instar du bon vieux temps où tout deux n'étaient que deux mômes issus de milieux totalement différents.