Gwendolyn aimait beaucoup les enfants. Leurs petits visages parfaits et leur innocence la faisait littéralement craquer. Elle rêvait de devenir maman, mais pour le moment, elle devait se concentrer sur ses études avant de penser à cela. Comme sa mère lui disait souvent : Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs : on assure sur avenir professionnel dans un premier temps, et on fonde une famille dans un deuxième temps. Pas l'inverse. C'est toujours ainsi que sa mère lui parlait, lorsque Gwendolyn, adolescente, aimait un garçon et qu'elle craignait que sa fille ne tombe enceinte prématurément. Elle avait toujours suivi ses conseils, et ne l'aurait d'ailleurs jamais contredit. Même si elle avait la folle envie de devenir mère qu'elle ne pouvait pas assouvir pour le moment, Gwendolyn s'occupait d'enfants. Parallèlement à ses études, elle gardait les enfants de ses amies, et publiait même des annonces en tant que baby-sitter. Ainsi, le week-end, elle était chargée d'occuper et de prendre soin d'enfants de tous âges. Les mères avaient confiance en la jeune femme, d'autant plus que les enfants l'aimaient beaucoup également. Gwendolyn disait souvent en rigolant que c'était un entrainement pour son futur rôle de maman. Changer une couche, préparer un biberon, laver un enfant faisait dores et déjà partie de son quotidien, en plus de ses cours de droit. C'était aussi une façon pour elle de se responsabiliser.
Justement, Gwendolyn se rendait chez l'une de ses meilleures amies, Lia, une jeune et jolie maman d'un petit garçon nommé Shown. La jeune juriste aimait particulièrement ce petit, qui était vraiment adorable. Elle l'emmenait souvent au parc, où le petit garçon avait toujours droit à une grosse glace. Lia avait quelque chose d'important à lui dire, et Gwendolyn était à la fois impatiente de savoir ce que son amie allait lui annoncer, et aussi angoissée parce qu'elle avait elle-même une annonce importante à lui faire. Elle savait que cet aveu allait quelque peu chambouler leur relation, mais la jeune femme espérait au fond d'elle-même que les dégâts seraient moindres. Lorsqu'elle pénétra chez Lia, les petits bras de Shown vinrent entourer les jambes fines de Gwendolyn. Cette dernière se baissa aussitôt avec un grand sourire pour prendre l'enfant dans ses bras. Elle baisa son petit front et Shown s'éclipsa. Gwendolyn embrassa Lia. Cette dernière était également en train de suivre des études de droit, et avec Gwendolyn, elles avaient pour projet de s'allier afin de créer leur propre cabinet. Elle s'avança dans la grande pièce à vivre, il manquait Holly. Les trois jeunes femmes avaient pour habitude de se réunir régulièrement pour discuter de tout et de rien ou encore pour jouer au poker, tout en mangeant des friandises. Cette fois-ci, elles étaient deux. La conversation allait être sérieuse, et Gwendolyn appréhendait cet instant. Elle n'aimait pas trop les tensions, c'est pourquoi elle avait emporté quelques douceurs à son amie : des cupcakes tout à fait ravissants et colorés, faits maison par Gwendolyn.
Tiens, c'est pour toi, je les ai faits moi-même ! dit-elle en lui tendant le petit panier rempli des délicieux gâteaux. Même si elle était plutôt tendue, Gwendolyn gardait son sang-froid et son joli sourire. Elle était vêtue d'une petite robe jaune pâle, et portait des talons beiges. Sa chevelure brune, dont elle prenait toujours grand soin, ondulait le long de son dos et descendait en cascade sur ses épaules. Gwendolyn s'était assise sur le canapé. Lia vint s'asseoir en face d'elle, et apporta sur la table du café et d'autres gâteaux. Les premiers mots de son amie firent battre son coeur encore plus fort qu'il ne battait avant. Nouvelle marraine ? Gwendolyn écarquilla ses yeux marrons, et reposa la tasse qu'elle avait porté à sa bouche.
Quoi ? tu .. tu veux que je sois la marraine de Shown ? Oh .. mais bien sur que oui ! je ne demandais pas mieux Lia ! Elle posa une main sur sa poitrine tout en souriant largement. Elle n'y croyait pas. C'était une fabuleuse nouvelle. Elle s'apprêtait à protéger le petit Shown et à veiller sur lui comme la prunelle de ses yeux. Son sourire, si étincelant, s'effaça pourtant lorsque Gwendolyn songea à ce qui l'amenait ici. En effet, sa nouvelle allait peut-être retourner la situation.
Oui, eh bien ... avant de me réjouir, en fait il fallait que je t'avoue quelque chose. Tu sais, je tiens beaucoup à toi, et c'est pour ça que je ne dois rien te cacher. Voilà, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Aaron et moi, nous sommes sortis ensemble en Angleterre. Mais je te rassure, tout est fini maintenant. Je voulais juste que tu le saches. Le plus gros était fait à présent. Le coeur de Gwendolyn frappait on ne peut plus fort sous sa poitrine. Elle ne savait plus où se mettre après cette révélation. A cet instant, elle aurait voulu être une petite souris pour se faufiler dans un trou afin qu'on ne la voie pas. Le point positif, c'est que maintenant, elle était soulagée, et s'était débarrassée d'un gros poids qui pesait lourd sur son coeur et sur sa conscience depuis longtemps. La jeune femme avait joué la carte de la sincérité. Gwendolyn espérait vraiment que Lia serait compréhensive. Elle n'imaginait pas perdre son amitié, ni celle de Holly, si précieuses à ses yeux.

Gwendolyn était tellement préoccupée qu'elle n'avait même pas fait attention que Lia n'avait pas mit ses gâteaux sur la table. Elle allait peut-être bientôt perdre une de ses plus belles amitiés, et c'était beaucoup plus important. Plus le temps passait et plus ses mains devenaient moites. L'angoisse et l'appréhension la gagnaient. Elle aurait voulu se réjouir de cette heureuse nouvelle. Devenir la marraine du petit Shown, c'était un cadeau d'une valeur inestimable que lui faisait Lia ! Elle lui offrait sa confiance, et lui prouvait son amitié. Gwendolyn, en récompense, venait lui avouer qu'elle avait eu une aventure avec le père de l'enfant. La jeune juriste se sentait fautive, elle avait l'impression de s'être comportée comme une fille volage, facile, qui trompe tout le monde or ce n'était absolument pas le genre de Gwendolyn. Elle se trouvait vraiment ridicule à ce instant, et aurait voulu que les secondes passent plus vite, que tout s'arrange au plus vite. Malheureusement, moins elle se sentait à l'aise, et plus le temps passait lentement. La jeune femme souriait timidement en guise de réponse, à chaque fois que Lia parlait. Elle avait besoin de confier ses problèmes avant de pouvoir se libérer, et discuter normalement.
Après s'être livrée entièrement à Lia, Gwendolyn ne fut pas surprise de découvrir la déception sur le visage de son amie. Elle aurait voulu que cet instant n'existe pas. Il n'aurait pas du exister, mais la jeune femme se devait de dire la vérité à Lia car la sincérité est un des plus gros piliers de l'amitié. Lia balbutia, évidemment, la pauvre ne savait plus quoi dire, tout comme Gwendolyn. L'atmosphère n'était plus aussi détendue qu'à son arrivée. Les questions se bousculèrent, et Gwendolyn répondit dans le plus grand respect envers Lia, et dans la plus grande sincérité : Bien sur que si Lia, ça te regarde, c'est pour ça que je suis là. Aaron est le père de ton enfant. Nous sommes restés un an ensemble. La jeune femme était calme, elle poussa un petit soupir, elle regrettait d'avoir été si stupide à cette époque. Elle ajouta, les yeux rivés sur ses mains : Tu sais, c'était surtout pour une histoire d'argent tout ça. Je me suis vite rendue compte que ce n'était que de l'amitié entre moi et Aaron. Si je suis restée avec lui, c'était surtout pour mes parents, qui se réjouissaient de notre couple. Excuse-moi, je n'ai jamais voulu te faire du mal ! Gwendolyn parlait beaucoup, ses phrases, ses excuses se succédaient, elle tenait absolument à se justifier, à tout expliquer à Lia afin de se faire pardonner. De plus, elle savait pertinemment que son amie avait souffert de cette relation. Elle en avait bavé, et cet aveu n'arrangeait pas les choses, il remuait plutôt le couteau dans la plaie. Gwendolyn ne voulait pas du tout faire du mal à son amie, mais lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur, quitte à la soutenir davantage. Maintenant, elle voyait apparaitre des larmes dans les yeux de Lia. Gwendolyn eu l'impression que son coeur se fendait à cet instant, et elle se leva pour s'asseoir à côté de sa meilleure amie. La jeune femme mit un bras autour de son dos, et passa sa main derrière son cou : Oh .. je suis terriblement désolée, mais je devais te le dire. Je comprends que tu m'en veuilles. Si tu veux que je m'en aille, je m'en irais sans me vexer, mais sache que je serais toujours là pour toi. Gwendolyn se mordait la lèvre inférieure, elle fixait le visage de Lia, comme pour attendre un signe de sa part. La jeune juriste prit la main de Lia dans la sienne, et lui sourit gentiment, le regard un peu attristé. Oui, Lia avait toujours été une amie fidèle, sincère et généreuse. Elle ne lui avait jamais fait de 'mauvais coup'. Gwendolyn, dans cette situation, se devait donc de la respecter et de respecter ses choix.