Trois ans que la jeune Williams était à Berkeley, trois ans qu’elle avait quitté sa ville, ses amis et sa vie à New York. La jeune femme n’avait plus aucun contact avec son ancienne vie ou presque. Sa vie à New York était bien différente de celle-ci, là-bas, elle n’avait pas besoin de jouer un rôle, de faire semblant que tout allait bien même quand elle était au fond du gouffre, là-bas, elle avait une famille sur qui elle pouvait compter, des amis à qui se confier et des personnes vers qui se tourner.
A San Francisco, tout était différent, il y avait certains sujets que la Sigma ne pouvait aborder, elle ne pouvait pas non plus faire confiance à la première personne venue, c’était tout simplement impossible pour elle. Elle se plaisait bien dans cette ville, dans sa nouvelle vie mais, parfois son passé semblait la rattraper et la nostalgie gagnait du terrain. Et aujourd’hui n’échappait pas à la règle, assise seule dans ce café, elle se remémorer ses jours passés dans cette ville qui était autrefois la sienne.
Cela faisait plus d’une heure que la jolie Sigma était assise dans ce café à siroter un chocolat chaud qui était devenu froid à force de se perdre dans ses souvenirs. Elle en avait recommandé un deuxième qu’elle bu à petites gorgées, toujours perdue dans ses pensées. A son arrivée, elle avait pris place autour d’une table près de la porte d’entrée, face à l’une des vitres du café d’où elle pouvait contempler l’effervescence dans cette partie de la ville. Toujours plongée dans ses pensées, Esmeralda ne remarqua pas la personne qui venait de passer devant le café et d’y pénétrer. Ce n’est qu’en entendant cette voix qu’elle ne connaissait que trop bien qu’elle reconnu enfin la silhouette qui était passée quelques minutes plus tôt devant elle sans qu’elle ne le remarque. Ambrae.
Entre les deux demoiselles, c’était loin d’être l’amour fou qui les réunissait mais plutôt de la jalousie. Enfin, c’était surtout Esme’ qui était jalouse d’Ambrae et ce depuis un certain temps, depuis qu’elle et Anton sont en froid à vrai dire. Anton Miller faisait parti de ces rares personnes que la jeune femme connaissait depuis toujours, en effet, les deux jeunes gens se connaissaient bien avant Berkeley. Ils se connaissaient depuis qu’ils étaient haut comme trois pommes, ils étaient très vite devenus amis, de très bons amis, les meilleurs amis. En arrivant à Berkeley, Anton et Esme’ avaient pu compter l’un sur l’autre, s’aider mutuellement à s’adapter à ce nouvel environnement, ils étaient restés proches durant toutes ces années jusqu’au où jour où tout bascula. Anton s’était dès lors sentit trahi et la confiance qui était la base de leur relation avait volé en éclat et malheureusement, Ambrae faisait les frais de cette dispute.
Dans d’autres circonstances, elles auraient pu être amies, devenir proches mais, cela était impossible. Esmeralda ne l’avouerait jamais mais, elle était jalouse de la brunette et même si cette dernière ne sortait plus avec Anton, la Sigma savait pertinemment qu’il tenait toujours à elle et ça en lui-même l’exaspérait. Cette situation la frustrait, toute cette histoire la frustrait mais, ça aussi, elle ne l’avouerait jamais. Elle décida néanmoins d’être un peu plus aimable avec la Iota. Elle la laissa passer près d’elle avant de l’aborder d’un simple « Salut ! ». La brunette d’abord surprise se reprit très vite avant de répondre à son tour par un autre « Salut ! ». La jolie Sigma fit signe à sa vis-à-vis qu’elle pouvait prendre place ce qu’elle fit. Puis, elles se mirent à se regarder sans prononcer aucun mot, chacune perdue dans ses pensées.