Quelle est l'erreur. T'éviter ou t'apprécier? - KLAY & NINA

C'était en apparence une belle journée pour un mois d'avril. Des chambres étudiantes, on pouvait voir une masse d'élèves sur les pelouses verdoyantes de Berkeley ; chacun profitait de ce soleil éclatant sans modération. Même les plus reclus avaient enfilé un tee-shirt. Quand à Nina, elle était au gymnase. Comme tous les samedis, la jeune fille allait là-bas pour pratiquer son sport préféré : la boxe. Ok, ce n'était pas très féminin, ni rien. Mais elle aimait vraiment ça. Le simple fait de frappé dans un sac de sable lui faisait éprouver un sentiment de puissance incomparable. Elle avait besoin de cette sensation si particulière pour tenir le coup. Dans les eaux de quinze heures, elle entra dans les vestiaires, essuyant quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. On ne pensait jamais la trouver là, à faire du sport. Elle était d'une apparence si fragile... Un peu trop, en fait. Troquant son jogging et son tee-shirt pour un short et une blouse, Nina passa rapidement sous la douche, et se rhabilla avant de quitter la salle de sport. Aussi chaud dedans que dehors. C'en était presque insupportable.
Sur le chemin qui devait initialement la conduire à sa chambre, Nina regardait les gens. Certains riaient, d'autres bronzaient. Un grand nombre avaient opté pour l'option livre et pic-nique, ce qui en effet, était une bonne idée. Elle chercha des yeux une tête connue, et se joignît au petit groupe qui comportait Ebony, sa meilleure amie. Et puis, elle repartit. Sans savoir pourquoi, cette journée ne lui plaisait pas. Enfin si, elle savait pourquoi. Le matin même, elle avait pensé à Camille. Il y a quelques semaines, elle ne se souvenait même plus de ses traits, de son rire, rien. Mais maintenant, il était revenu. Revenu de France, où il était partit un an plus tôt, le jour de l'enterrement de sa soeur décédée dans un accident de voiture. Un jour déjà bien noir. Mais qui s'était noirci encore un peu plus, car c'était ce jour-là que Cam quitta Nina, sans aucunes explications. Elle avait eut du mal à surmonter ça, mais finalement, elle avait trouvé comment chassé cette image : Klay. Ca n'était pas venu comme ça, spontanément. Non, il avait fallu bien plus de temps. Il était d'abord son ami, avant la soirée où ça a dérapé. Après les remords et les fausses rigolades, Nina avait paniqué. La peur de le perdre, lui aussi. Alors elle avait proposé une chose qui semblait stupide. « Au pire, on recommence ? » . Elle était certaine qu’il dirait non, qu’il lui rirait au nez, sans comprendre. Mais il avait accepté. Leur relation était étrange, du point de vue de certain. Des amis qui couchaient ensemble pour ne pas avoir à se quitter. Et pourtant, ça convenait parfaitement à Nina. Une relation basé sur autre chose que l’amour, que demander de plus ?.. Elle était bien comme ça.
Mais il était revenu.
Alors tout s’embrouillait. Il ne savait même pas qu’elle était encore là, fidèle au poste. Elle, elle avait l’impression de le voir constamment. C’était pour ça qu’elle ne s’arrêtait pas, sur la route qui la menait à son refuge. Trop peur d’avoir à supporter son regard. Assez pathétique, oui, mais elle se fichait bien de connaître la propre opinion qu’elle se faisait d’elle. Alors elle marchait, sans un regard pour les étudiants qui la saluaient au passage.

Et puis, elle reconnut quelqu’un d’autre. Même allongé, elle reconnaissait sa tignasse brune soulevée par le vent. Lui aussi l’avait remarqué, mais faisait comme si c’était le contraire. Il était souvent comme ça, à l’éviter, lui mettre des vents... Parfois, cela durait des jours, sans qu’elle ne dise quoi que ce soit. Pourquoi ? Parce qu’il revenait. Il revenait toujours la rejoindre, et être là pour elle. Elle ne savait pas si c’était par pitié, ou parce que lui aussi ne pouvait pas penser un jour à ne plus lui parler. Elle ne lui en voulait jamais vraiment. À quoi bon ? Il revenait. C’était tout ce qui comptait.
Penchant la tête sur le côté, elle hésita à passer près de lui, en faisant mine de ne pas l’avoir vu. Mais c’était trop facile... Elle voulait savoir. Alors elle marcha dans sa direction, et, se plantant deux trois secondes au dessus de lui, finit par s’asseoir, puis s’allonger sur le béton, juste à côté de lui. Ils restèrent un long moment ainsi. Pas de paroles, pas de gestes... Juste du calme. Elle regardait le ciel, il faisait mine de dormir. Et maintenant, elle allait parler. Son poux partit en vrille, et dès qu’elle tourna la tête vers lui, Klay n’ouvrit toujours pas les yeux. Elle souriait, mais d’un sourire triste, délavé, presque faux. « Tu veux qu’on arrête ? » Elle aurait voulu ajouter un « Moi, non. » mais se retint. Il avait le droit de partir. Elle ne le tenait pas, il n’était pas attaché à quoi que ce soit. Il était juste un pilier de Nina. Un beau pilier, qui la faisait sourire depuis qu’ils avaient commencé à se fréquenter.