Ca faisait une semaine que Lexie était embauché dans le cabinet de Cooper. Seulement il lui avait dit de ne pas mettre les pieds dans le bâtiment tant qu’elle n’aurait pas finit de passer ses examens. Autant il pouvait être littéralement chiant et mauvaise, autant il savait qu’avoir ses examens étaient importants. Il avait eu besoin de ça pour s’en sortir, alors il ne plomberait jamais les examens des étudiants. Il avait même aidé certains à se remettre à niveau en droit, à l’université de Berkeley. Il savait que les examens devaient encore être passés par d’autres, mais pour Lexie, ça semblait bon, vu qu’ils avaient pû convenir d’un samedi à passer au cabinet. Ses collègues n’étaient pas là, il serait donc seul avec Lexie, enfin en plus de la secrétaire d’accueil qui avait des dossiers à ranger et des choses à faire. Elle venait de temps en temps, mais ne restait jamais bien longtemps. Lui, avait disposé les dossiers qu’il voulait voir avec la jeune femme dans la journée. Il voulait voir comment elle allait se débrouiller. Il lui avait donné dans le courant de la semaine, un dossier. Il voulait qu’elle l’étudie, qu’elle se pose le plus de questions possible et qu’elle soit prête, pour lui faire face aujourd’hui. Il était déjà 9h et Cooper attendait Lexie. Allant dans la cuisine, il entendit la secrétaire lui dire qu’elle partait et qu’elle avait vu Lexie arriver. La remerciant, il alla dans le bureau et il attendit la jeune femme qui arrivait.

Bonjour.

Malgré son caractère, il était toujours poli avec, en général, tout le monde. La laissant se mettre à une place autour de la table, il prit place en face d’elle. Attendant qu’elle ait sortie ses affaires et qu’elle soit prête, il pû enfin attaquer.

Avec le dossier que je vous ai fournit, vous allez pouvoir m’interroger.

En effet, il voulait d’abord qu’elle travaille sur comment gérer un client.

Je récapitule l’affaire. Deux jeunes hommes ont été arrêtés pour possession de drogue. Le premier est le fils d’un homme plutôt riche et qui voulait payer sa caution, chose que le juge a refusé. Le second doit rester en prison, parce qu’il n’a pas de quoi payer la caution. Nous, nous défendons le second.

Il regarda la jeune femme, pour voir si elle suivait jusque là et qu’elle soit d’accord avec lui.

Je vais faire le second jeune homme, que j’ai déjà pû interroger, je pourrai donc mieux vous montrer sa façon d’être et vous pourrez me dire sur quoi je dois jouer la prochaine fois que je le verrai.

Prenant place dans son fauteuil, Cooper sourit à la jeune femme.

Allez-y.

Une chose que Cooper n’avait pas dit délibérément, c’était que le jeune homme qu’ils devaient défendre avait été entraîné par le premier. Il voulait voir si Lexie allait jouer sur cette carte là en attaquant tout de suite ou s’il comme le pensait, elle allait être plus subtile que ça.

Comme elle l’avait dit, Lexie était largement à l’heure pour ce tout premier essai de jeu de rôles. Cooper semblait y tenir, et c’était bien normal : Il était hors de question qu’il lui confie la moindre affaire si elle n’était pas capable de se dépatouiller en pleine situation de stress. C’était sûrement pourquoi Lexie avait fait un effort de tenue, optant pour un tailleur dont elle avait récemment fait l’acquisition. Elle n’était pas allée faire du shopping, comme n’importe quelle fille de son âge, elle avait plutôt fait du troc de vêtement auprès de la secrétaire de Cooper, ayant une fille de son âge et possédant de nombreux tailleurs. Une chance que Lexie sache se vendre et faire accepter tout et n’importe quoi aux personnes qui la côtoyaient. Ainsi, lorsqu’elle pénétra dans le bureau de l’avocat, l’air sérieux et la démarche on ne peut plus assurée, elle ne pu s’empêcher, après avoir écouté chaque parole de Cooper, de faire remarquer sa tenue on ne peut plus inhabituelle : « Vous pouvez noter que j’ai échangé mes vêtements passablement trempés pour une tenue plus seyante. » Cette réflexion ne faisait pas avancer le débat, et ne lui garantissait certes pas de briller durant ce jeu de rôles, mais après tout, Lexie était ici pour apprendre. Si elle se trompait, elle aurait sûrement l’opportunité de pouvoir recommencer…A ceci près qu’elle soit en mesure de douter que Cooper soit le genre d’homme à être excessivement patient lorsqu’il n’obtient pas ce qu’il veut. Elle prit donc rapidement place, se souvenant de chaque détail qu’il avait précédemment énoncé en parlant de l’affaire : Il faisait office de petit jeune ayant été arrêté en possession de drogue et elle se devait de l’interroger. Bien évidemment, Lexie avait aussitôt reniflé le piège : En tout cas, elle se doutait qu’il y en avait forcément un à voir le visage on ne peut plus sérieux de Cooper. Il n’y avait pas de quoi rire ou même plaisanter, mais il ne fallait pas oublier que s’il se retrouvait en face de quelqu’un dont la maturité n’était plus réellement à prouver, et qui possédait une capacité de travail redoutablement impressionnante, elle avait tout juste vingt ans. Il lui arrivait donc d’avoir des faiblesses et, en l’occurrence, des réflexions qui ne faisaient qu’accentuer son charme tantôt mature, tantôt enfantin. « C’est drôle, mais j’aurais presque du mal à vous imaginer en jeune délinquant…Bref, ce n’est point le propos, commençons. » Lexie ne cherchait nullement à gagner du temps, mais plutôt à détendre une atmosphère qu’elle sentait on ne peut plus tendue. Elle cessa pourtant de sourire et se redressa sur sa chaise avant de soupirer légèrement pour tâcher de se détendre elle-même. Après tout, ce n’était pas elle qui subissait l’interrogatoire, elle le menait plutôt. Ou était censée le mener, tout du moins… « D’après votre dossier et le rapport de votre arrestation, vous avez été en possession de drogue. Vous étiez également accompagné par votre acolyte, dont la caution a été refusée par le juge, certes, mais cela vous met sur un même pied d'égalité, ce qui n'est guère négligeable. Je pense ne rien omettre, et je suis ici pour vous aider. Vous vous imaginez que ce ne sera pas sans contrepartie…J’aimerais que vous m’énonciez clairement les faits que je n’aurais pas encore en main, jusqu’au moindre petit détail qui pourrait m’aider à défendre votre cause. Rien de ce que vous direz ne sortira d’ici si ce n’est pas utile à l’avancement de votre dossier, n’ayez crainte. » Lexie n’avait jamais aimé interroger autrui. Elle trouvait que c’était une intrusion même dans l’âme d’autrui, et cette pratique la mettait passablement mal à l’aise…Mais plutôt que d’avoir le réflexe stupide de sauter sur l’occasion pour harceler son interlocuteur de questions, elle lui donnait tout d’abord une chance de s’exprimer de son plein gré. S’il voulait lui parler de son acolyte, alors la conversation dévierait sur celui-ci. Sinon, Lexie gardait cette carte pour la suite…Parce que, mine de rien, elle demeurait cette matrice à plan b extraordinaire, capable de se sortir des pires situations, et des pires conversations.

C’est sûr qu’avec votre tailleur, on vous regarde dans les yeux et plus, plus bas. Quoi que si vous êtes de dos ...

En même temps avoir une tenue trempée et se présenter sans veste, ça faisait que son regard avait dévié parfois vers la poitrine de la jeune femme.

Mais c’est également votre boulot d’être habillée ainsi et pas négligemment.

Cooper ne voulait pas être agréable. Pas aujourd’hui. Il voulait qu’elle soit face à des personnes qui seraient détestable, lui le premier. Ne pouvant s’empêcher de sourire à la réflexion de la jeune femme, il la fixa.

Vous pourriez être étonné.

Souriant, il reprit finalement son air sérieux. Il était donc le second jeune homme, qui avait été entraîné par le fils de riche, à aller acheter de la drogue. C’était là qu’il s’était fait avoir et qu’il n’avait pas pû payer sa caution, parce qu’il n’en avait pas les moyens. Ecoutant alors la jeune femme parler, il fronça les sourcils.

Vous avez quel âge ? Non, parce que vous semblez bien jeune.

Cooper haussa un sourcil. Lui aussi avait eu le droit à la question, mais en « bien vieux ». Ce qu’il n’avait pas particulièrement apprécié, mais il n’avait pas eu le choix et il avait dû rester professionnel.

Vous allez vraiment pouvoir m’aider ? Parce que franchement j’ai aucune chance.

Oui, le gars en question était lucide. Il n’avait pas beaucoup d’argent et il n’avait pas de travail fixe.

C’est Jason qui m’a dit de venir avec lui, parce qu’il avait trouvé un bon revendeur.

Jason étant le fils de riche. Ca Cooper l’avait apprit et il devait avouer qu’il avait voulu en savoir plus, mais il n’y était pas parvenu à cause des requins d’avocats du père.

Il ne fallut pas plus de quelques secondes à Lexie pour se rendre compte de la manœuvre de Cooper : Soit il voulait accentuer le poids sur ses frêles épaules, soit il souhaitait tout simplement être désagréable. A croire qu’il fasse le métier le plus difficile du monde, le poussant à supporter des personnes peu agréables à longueur de journée. Dans une certaine mesure, c’était vrai, cela dit. Lexie n’en n’avait pas encore totalement conscience, mais elle apprenait sur le tas. Plutôt que de se plaindre de l’éventuelle dureté de Cooper, elle mettait ses états d’âme de côté pour analyser chaque détail qu’il lui offrait, fidèle à ses habituelles analyses sur la race humaine. Lexie avait beau prétendre ne pas être intéressée une seconde par ses semblables, il n’en demeurait pas moins qu’elle passait le plus clair de son temps à analyser leurs moindres faits et gestes. C’était comme une idée fixe chez elle, et c’était ce trait de caractère qui allait bientôt faire d’elle un atout de choix pour Cooper. Elle n’en n’avait pas encore la moindre idée, mais elle allait lui apporter autant qu’il allait lui apporter. Ce n’était plus un simple rapport d’employé et de patron, mais plutôt un échange de bons procédés, une collaboration étroite dépassant nettement la relation qu’il entretenait sûrement avec la plupart de ses stagiaires, qui l’ennuyaient la plupart du temps à n’en point douter. Sans sourire, Lexie écouta donc chaque parole prononcée au sein de ce jeu de rôle, s’imprégnant de la situation et du dossier au fur et à mesure, sans jamais céder à la tentation de prendre une pause. Lexie n’était pas du genre à se reposer tant que le travail n’était pas achevé, aussi, tant que Cooper ne lui aurait pas ouvertement dit qu’il était satisfait de l’effort fourni, elle était prête à coucher au bureau s’il le fallait. C’était une boulot maniaque, ne l’oublions pas ! La seule chose qui la fit sourire légèrement, de compassion évidemment, ce fut la remarque de Cooper sur la chance de l’accusé : Tout le monde a droit à être défendu, et justement à avoir une chance. « Présumé innocent tant que le procès n’a pas été achevé. Vous avez oubliez ce que le mot chance signifie, et si je suis ici, c’est afin de vous aider à vous en souvenir. » Lexie aurait fait un très bon coach, du reste. Elle avait souvent été amenée à aider les autres en leur apprenant comment se comporter. Ce genre de conseils, elle ne les appliquait évidemment pas à elle-même, mais il n’en demeurait pas moins qu’elle soit douée pour charmer les gens. Son surnom de charmeuse de serpents n’était pas trop fort en soit, après tout. « Vous devez savoir que l’âge n’est qu’une indication très sommaire face à une situation donnée. Pour être franche avec vous, et ainsi vous prouver que je ne suis pas là pour vous mentir mais bien pour vous sortir d’une situation fâcheuse, j’ai vingt ans. Aussi, je ne dirais pas que je comprends ce que vous ressentez, ou que je suis passée par là. En revanche, je connais suffisamment la vie pour savoir qu’à chaque problème donné, une solution finit par nous parvenir d’une façon ou d’une autre. D’après ce que j’ai compris, Jason, votre acolyte, vous a demandé de venir avec vous en choisissant le revendeur…Pourriez-vous m’en dire un peu plus ? Plus j’en saurais, mieux nous préparerons votre défense ensemble. » A partir de là, Lexie venait de marquer un grand point et de frapper un grand coup : Elle n’avait pas surestimé ses capacités, simplement énoncé des données dont elle était sûre dans faire des suppositions dans le vague. Elle avait rassuré son client sans entrer dans le passage de pommade et n’avait sourit que brièvement. Une sorte de relation de confiance commençait peu à peu à s’instaurer, mais elle ne criait pas encore victoire : Tant que l’affaire n’était pas claire, rien n’était encore gagné et Lexie n’avait aucune intention de se reposer sous ses lauriers.

Il pouvait dire tout ce que le jeune homme avait déjà dit. Cooper avait vu l’air de son client et il savait que ça n’était pas toujours simple d’aider ce genre de personne. Ce jeune homme se fichait bien de finir en prison. Il semblait même très défaitiste à ce sujet, ce qui pouvait exaspérer vraiment l’avocat. Il pouvait parfaitement ne pas le défendre, mais il avait été son avocat commis d’office, alors autant qu’il en profite et qu’il aide Cooper à le sortir de là. Après avoir écouté la jeune femme parler, ils commencèrent donc l’interrogatoire. L’écoutant avec attention, il imprimait ce qu’elle disait et la façon qu’elle avait de réagir. Elle semblait professionnelle pour le moment et semblait savoir où elle voulait l’amener pour qu’il parle.

Ma vie n’a été qu’une succession de malchance, alors pourquoi serai-je chanceux aujourd’hui ?

Haussant les épaules, il fixa la jeune femme qui vint sourire légèrement. Fronçant les sourcils, il l’écouta faire la lumière sur elle et son âge, ainsi que sur ce qu’elle était venue faire pour le voir. Levant un doigt, Cooper se leva et retira sa veste. Il regarda autour d’eux, mais il n’y avait pas ce qu’il cherchait. Retirant sa cravate, il la posa avec sa veste sur la table, un peu plus loin et il sortit du bureau. Allant dans les autres bureaux, il trouva enfin ce qu’il cherchait. Passant la casquette, visière sur le côté droit, il revint dans la pièce. Levant les manches de sa chemise, il alla s’asseoir, ou plutôt s’affaler dans le fauteuil. Après tout, autant prendre l’apparence du jeune homme qui était leur client.

Après les cours, ont est allés voir des amis de Jason. Ils ont donnés leur commande à Jason et ont est partit voir le revendeur. Là-bas, il nous a dit qu’il lui fallait quelques minutes pour aller chercher tout ce qu’on demandait. Seulement, quand il est revenu, la police nous est tombée dessus. J’ai essayé de fuir, mais ils ont réussit à me rattraper et pareil pour Jason.

Se redressant dans le fauteuil, Cooper se mit à sourire.

Vous devez partir tout de suite après m’avoir interrogé ? Parce qu’on pourrait discuter encore tout les deux.

Il fallait non seulement qu’il fasse en sorte que Lexie soit professionnelle, mais qu’elle sache aussi se défendre verbalement face à un type comme leur client ou même face à tout homme qui lui ferait ce genre de sous-entendus, peu importe la situation. Se levant, il alla sur le fauteuil à côté de celui de la jeune femme et il garda son sourire, tout en la fixant.

Lexie eut du mal à en croire ses yeux lorsqu’elle vit Cooper réapparaître dans le bureau, affublé du dernier objet au monde qu’elle s’attendait à le voir porter : Une casquette, et mise de travers en plus. C’était le comble du ridicule, et si elle avait été suffisamment franche du collier, elle le lui aurait certainement fait remarquer. Mais c’était son patron, bien qu’il soit de la race des patrons plutôt cools, Lexie n’était pas stupide au point de se jeter à corps perdu dans la gueule du loup. Jusqu’au bout, elle écouta son « client » s’exprimer, prenant note dans son esprit de chaque détail qu’il lui offrait : Que ce soit sa posture, sa manière de s’exprimer, et même cette délicate provocation à laquelle il la confrontait. Jusqu’au bout, il souhaitait savoir si elle aurait les épaules suffisamment solides pour la suite, et c’était tout à son honneur. Il en fallait bien plus pour faire flancher le calme olympien de Lexie, tout comme sa diplomatie légendaire. D’ailleurs, le plus dur dans les minutes qui s’écoulèrent, ce fut de retenir cette envie indicible de rire qui s’était emparée d’elle. La tâche fut plus qu’ardue, car la simple image de Cooper avec cette maudite casquette façon petit jeune délinquant était tout bonnement une torture de chaque instant. Son ton laissait clairement entrevoir qu’elle se retenait autant qu’elle le pouvait, mais que c’était un effort constant que cela lui demandait. Elle finit par reprendre la parole, avec toute la conviction dont elle était capable, et ce sans même laisser échapper autre chose qu’un petit rictus qu’elle parvint à peu près à contrôler. « La chance est capricieuse. Parfois, elle est présente, parfois, elle est absente. Mais elle ne s’absente jamais pour toujours, sachez-le. Vous pouvez me croire sur parole. » Lexie en était un spécimen rêvé. Elle était passée par toute sorte de péripéties dramatiques, et pourtant, elle était encore là. Elle avait su créer sa propre chance, en sachant s’entourer, et en travaillant d’arrachepied pour obtenir gain de cause. Ce n’était pas un chemin tranquille qu’elle avait suivi, certes, mais elle était fière de ses choix, et c’était ça l’important. Si elle devait se remémorer point par point chaque difficulté qu’elle avait dû surmonter, effectivement, son semblant de fou rire se serait vite évanouit. Mais Lexie s’en défendit au moment même où son cerveau commença à mouliner tout seul dans son coin. Elle se racla légèrement la gorge, puis, dans un élan de sincérité qu’elle ne pu contrôler, elle lança : « Vous préférez que nous discutions de la pluie et du beau temps ou que je mette à profit un temps précieux à votre défense ? Je pense donc que nous pouvons poursuivre. » Joliment tourné. Lexie venait de refuser une invitation tout ce qu’il y avait de plus déguisé par un non tout ce qu’il y a de plus déguisé. Pourtant, travailler dans ces conditions n’était pas la chose la plus aisée qu’elle ait eu à faire dans sa vie : Cooper était bien trop beau pour porter ce genre de frusque, et c’était gâché que de s’enlaidir, bien que ce fut pour les besoins d’un jeu de rôles. Lexie finit par ne plus y tenir d’ailleurs, et dû passer subrepticement sa main contre ses lèvres, afin de faire en sorte de gommer un rire qui se préparait à apparaître. Ce n’est qu’au bout de longues minutes qu’elle finit par dire, n’y tenant plus : « Désormais, il me serait difficile de ne pas vous imaginer avec des…Accessoires plus spéciaux ! » Fallait-il que Lexie ait un self-control passablement impressionnant pour se maîtriser à ce point. Rien que pour cela, si Cooper n’était pas satisfait de son bras droit, c’était à désespérer.

Porter la casquette sur le côté n’était pas quelque chose que Cooper faisait souvent. Il ne le faisait d’ailleurs jamais, ou alors parce qu’il y avait un pari à gagner. Mais aujourd’hui, il voulait juste montrer l’allure physique de leur client. Il voulait mettre au maximum la jeune femme en face du client. Il avait la vingtaine, mais il était plus âgé que Lexie. Il avait ce look débraillé et qui se la joue cool. Il avait la casquette sur le côté, des marcels ou tee-shirts et surtout des pantalons beaucoup trop grands pour lui. Cooper n’avait pas cela sur lui et il se passerait bien d’en porter, même si c’était pour mettre la jeune femme dans l’ambiance. Puis, parlant avec elle, il finit par se rapprocher, sur la chaise juste à ses côtés, en lui faisant une proposition de coucher ensemble, non subtile et surtout inapproprié. Il n’y avait pas eu le droit, mais il avait vu que le client regardait le peu de femmes qui passait dans la prison. Quand Lexis parla de chance, Cooper pensa à lui-même. Elle n’avait pas tort. Lui n’avait jamais eu de chance, enfin pas vraiment. Il en eu uniquement quand il pû avoir son diplôme de droit, quand il tomba amoureux de Seth, quand il ouvrit son cabinet d’avocat et qu’il pû trouver des gens compétents pour devenir leur patron. Ce pendant, il n’ajouta rien à ses propos et il la laissa agir et reprendre la parole comme bon lui semblait. Il ne pû s’empêcher de sourire à la remarque de la jeune femme sur les accessoires.

Si vous saviez.

Il laissa un sourire planer sur ses lèvres.

N’hésitez pas à passer chez moi à l’occasion, je vous montrerez ces fameux accessoires.

Gardant son sourire quelques secondes, il reprit son sérieux et se concentra à nouveau sur ce qui les faisaient être là aujourd’hui.

Vous savez, on peut parler de beaucoup de choses. De la pluie, du beau temps, de ma défense et puis on peut également agir tout en parlant.

Passant son pouce sur sa lèvre, il haussa un sourcil en la fixant. Il fallait qu’il la pousse à bout à un moment ou à un autre. Il voulait qu’elle voit que certains clients risquaient d’être trop proches et que même si elle avait envie de les gifler, elle devait une autre façon de faire. Il posa ses mains sur la chaise de la jeune femme pour la rapprocher de lui et il la fixa dans les yeux.

Alors, de quoi parlons-nous … maître ?

Autant jouer jusqu’au bout et voir si elle allait réagir convenablement, mais également si elle voudrait peut-être des conseils ou si elle penserait au fait que lui serait là pendant l’interrogatoire et qu’un seul regard de sa part, le ferait agir pour dégager le client plus loin.

Lexie était d’une patience d’ange, et ce depuis son plus jeune âge. Il était relativement difficile de la faire sortir de ses gongs ou de la voir perdre tout bonnement le contrôle de son calme. Mais pour le coup, elle devait admettre que Cooper mettait la barre très haute pour cet interrogatoire et que bien qu’il ait raison, un peu plus de douceur n’aurait pas été moins bien perçu. Elle prit sur elle pour ne rien laisser paraître, et de son envie de rire, et de cette peur panique ayant tendance à l’envahir depuis quelques minutes. Jusqu’où était-il prêt à aller pour lui faire entendre son point de vue ? Certains clients n’étaient pas faciles, et allaient sûrement agir ainsi, d’accord. Seulement Lexie n’était pas idiote et avait pleinement conscience qu’il y aurait de bons jours et de mauvaises années. Elle avait assimilé la chose au moment même où elle lui avait demandé du travail et qu’il lui avait fait signer son contrat. Lexie savait à quoi elle s’engageait…Ce fut sans doute pourquoi elle réagit en professionnelle et ne bougea pas d’un millimètre. Bien qu’il se soit rapproché d’elle, il restait tout de même à une distance raisonnable et elle n’avait pas à paniquer pour l’instant. De plus, elle savait d’ors et déjà ce qu’elle avait l’intention de lui répondre. Ce silence qu’elle laissait planer dans l’atmosphère n’était qu’un silence dramatique en vue de ce qu’elle comptait répondre. « Je pense que parler de votre défense est la chose la plus intelligente. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce qu’il y a peu de chances que vous puissiez continuer à me proposer ce genre de choses si je ne vous défends pas comme il faut. Pour cela, il vaudrait mieux que vous me disiez toute la vérité et que vous me fassiez part des moindres détails…Car il ne manque, n’est-ce pas ? » Lexie était restée relativement froide et stoïque, sans pour autant opter pour un ton glacial, bien au contraire. Elle n’était pas réellement chaleureuse, parce qu’elle ne savait pas au juste comment l’être devant Cooper et ses idées plus que tordues, mais elle venait de montrer par a+b qu’elle en avait dans le ventre et qu’il n’avait pas de soucis à se faire : Avec son aide, ils accompliraient sûrement de grandes choses, ne lui en déplaise. Sûrement attendait-il la preuve du fait qu’elle soit capable de se planter, mais elle ne souhaitait aucunement lui faire ce plaisir. Au contraire, Lexie aimait d’ors et déjà ce qu’elle faisait, et ce sans avoir été en interrogatoire ou en audience pour l’instant. Ce qui ne l’empêcha pas de faire un signe de la main pour signifier le temps mort, et qu’elle s’adressait à l’avocat et non plus à l’accusé présumé. « Vous laisseriez un client s’adresser à moi et faire des sous entendus ? J’entends par là, est-ce que vous interviendriez ou me laisseriez-vous me débrouiller toute seule ? Histoire que je sois parée à l’éventualité, évidemment. » Lexie ne voulait pas qu’il l’accuse de ne pas s’être renseignée quand il le fallait, car ce n’était pas la vérité, bien au contraire. Elle préférait poser les questions nécessaires au bon déroulement de la suite, quitte à ce qu’il soupire ou lui fasse comprendre qu’elle était aussi pénible qu’une pluie torrentielle. « Vous me conseillez de rester stoïque dans ce genre de situation, j’imagine ? Cela vous est probablement arrivé avant, je suppose. »

Cooper n’avait pas prévu d’aller aussi loin avec elle, mais les choses évoluant, il allait au fil des propos de la jeune femme et au fil du comportement que pourrait adopter leur client. Parlant un peu de l’affaire, il reprit ses avances non cachées et il se rapprocha plus près encore de la jeune femme. La fixant dans les yeux, il l’a vit qui ne bronchait pas. Elle semblait avoir un sacré contrôle et il devait avouer que c’était plaisant à voir. Elle devait être en train de le traiter de tous les noms dans son esprit, mais elle ne se laissait pas démonter et il pû encore plus le comprendre quand elle parla. Haussant les sourcils, il finit par sourire en coin.

Ca veut dire que si vous me défendez comme il faut, je pourrai continuer ? Intéressant à savoir.

Continuant de fixer la jeune femme, il la vit finalement lever les mains et il se redressa dans la chaise. L’écoutant alors parler, il comprit pourquoi elle avait demandé un temps mort.

Ca m’est en effet arrivé, la première fois c’est assez étrange je l’avoue.

Il se souvenait de la première personne qui lui avait fait ça. Il s’agissait d’une femme qui lui avait clairement fait des avances, prête même à se déshabiller sur le champ. A l’époque il était jeune et il avait été très vite déstabilisé.

En effet, vous devez parler et répondre comme vous venez de le faire. Mais si jamais vous ne vous sentez pas à l’aise, vous n’avez juste qu’à me regarder et je prendrai les choses en main.

Ile ne la laisserait pas tomber comme ça. Il savait que certains hommes pourraient être très agressif verbalement parlant et être pire que lui en ce moment, alors il valait mieux qu’elle lui jette un simple coup d’œil et il comprendrait. Attendant de savoir si la jeune femme avait d’autres questions, il attendit un peu, avant de reprendre le jeu de rôle. Se remettant à sa place, il fronça les sourcils.

Quels détails il manquerait ?

Il voulait reprendre au moment où elle avait parlé de ça, pour savoir de quoi elle allait parler exactement.