Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas aperçut Thom dans les couloirs de la confrérie, loin d'être inquiet, et pensant qu'il était retourné à Pacifica, cela soulageait même le Thêta de ne pas le voir. Ainsi, il arrivait peu à peu à oublier la rancoeur qu'il avait contre lui. Il lui en voulait toujours pour ce qui c'était passé en novembre même s'il savait, qu'au fond le pauvre Erzak n'y était pour rien... A vrai dire cette haine qu'il ressentait à l'égard de son meilleur ami il n'arrivait à la dissimuler, à la calmer comme il le souhaiterait.
Le jeune homme ferma les yeux, prenant son téléphone, hésitant à l'appeler, il avait peur que, rien qu'en entendant sa voix il l'envoie bouler. Il lui faisait déjà assez de mal comme cela, pas la peine d'en rajouter... Et puis, il faut dire qu'il avait d'autres soucis en tête, notamment le fait qu'il avait certainement mis enceinte, quelques jours auparavant Holly. Il n'en avait parlé à personne et ne comptait pas le faire tant qu'il ne serait pas certain à 100% que la belle Thêta porte vraiment leur enfant.
Alors qu'il tripotait son portable, celui-ci se mit soudainement à sonner, sursautant, il regarda qui l'appelait, voyant que c'était Nolan qui décrochait. Pendant un bref instant il eut peur que ce dernier ait appris ce qui c'était passé cette fameuse nuit du 28 décembre... mais comment cela pouvait être possible?

A peine avait-il entendu la réponse qu'il raccrocha presque au nez de son père adoptif, prit les clefs de sa voiture et partit en trombes vers celle-ci, avant de conduire le plus possible -tout en respectant les limitations de vitesses-, vers l'hôpital où Thomas se trouvait.
D'après ce qu'il avait compris cela faisait plus d'une semaine que son meilleur ami se trouvait là-bas mais il venait juste d'en être informé... L'autre Thêta devait sacrément lui en vouloir pour ne pas lui avoir dit, ce qui était tout à fait normal vu la réaction de Turner durent ces deux derniers mois...
Arrivé à l'accueil, il demanda où se trouvait la chambre. Dès qu'il obtint le numéro, il prit les escaliers, qu'il monta quatre à quatre, et alors qu'il ouvrit la porte et un peu trop pressé il se vautre comme une merde dans le couloir. Ni vu, ni connu -ou presque (a)-, il se releva, s'épousseta tout en râlant haut et fort

Pourquoi cela faisait il aussi mal d’aimer ? Pourquoi l’amour pouvait être aussi cruel ? La vie aussi l’était. Pourquoi il n’y avait pas laissé la sienne lorsque sa voiture croisa tragiquement le chemin du poids lourd ? Ce n’était pas à ses deux anciens camarades de partir. C’était à lui. C’était lui qui les avait tués. Erzak ne se pardonnerait jamais ô grand jamais leur mort. Swen avait été blessé. Heureusement, le jeune Turner n’eut aucune séquelle. Quant à Thomas, il perdit l’usage de ses jambes. C’était une bien dure punition mais nettement méritée. Cela faisait quatre ans maintenant qu’il ne savait plus marcher. Jamais Thomas ne s’était plaint de son handicap. Jovani et Stephen n’avaient pas à perdre leurs âmes de par sa faute. Erzak avait encore sa vie lui. Il ne la méritait pas. Il ne méritait pas de vivre confortablement…

Il y a deux mois, Swen et Thomas découvrirent un lourd secret de famille. Le jeune Erzak était en réalité le fils biologique de l’un des pères adoptifs du jeune Turner. Cette nouvelle changea absolument tout dans le rapport entre les deux garçons. Triste et jaloux, Swen rejeta Thomas. Anéanti, ce dernier avait fait multiples tentatives pour se réconcilier avec son meilleur ami mais rien ne changeait. Swen ne voulait pas pardonner cette horrible erreur à son pote. A croire que le garçon en fauteuil roulant avait voulu naître. A croire qu’il avait demandé que Steve soit son père. C’était de la connerie pire et dure. Erzak n’avait jamais rien demandé. Au contraire, tout ce qu’il désirait depuis quatre ans, c’était mourir. Partir à jamais pour ne plus faire souffrir personne. Thomas voulait être le seul à endurer ses souffrances physiques et morales. Il ne tolérait pas que les autres compatissent à ça. Il ne voulait pas que Swen en souffre tout simplement. Le premier garçon avait toujours eu des sentiments forts pour le second. Des sentiments au-delà de la simple amitié. Turner était tout pour lui. C’était uniquement pour l’autre étudiant si Erzak avait encore la force de rester sur cette maudite terre. Même s’il savait que ses sentiments n’étaient et ne seraient partagés de la même façon. Que son amour n’était point réciproque. Avec le temps, Thomas s’était fait à l’idée de rester célibataire et de n’avoir jamais de petite amie si son cœur ne désirait pas changer de cible. Mais le fait que Swen ne veuille plus être son ami, le mit plus bas que terre. A force d’échec, cela malgré les dires réconfortants de Chris, Thomas était persuadé que jamais Swen ne revienne vers lui. Et ça, le jeune homme handicapé ne le supportait pas.

La fin d’année, les fêtes de Noël. Tant de rires et de joies dans l’air. Cela sentait la gaieté pour beaucoup de monde. Mais que ressentaient les personnes seules et dépressives durant cette période ? C’était horrible ! La solitude ne se faisait pas plus ressentir qu’un autre temps. Elle était cruelle. Elle vous déchirait les entrailles. Savoir les personnes que l’on aime heureux sans vous n’était point assez. Les fêtes signifiaient qu’on devait tous se réunir dans la joie et la gaieté. Pour les personnes isolées, cela ne signifiaient qu’encore plus l’exclusion et le rejet des autres. C’était à cause de cela que, le soir de Noël, Thomas n’avait plus supporté sa situation. Il ne supportait plus que Swen le rejette. Le garçon, qui n’avait pas voulu rentrer chez lui pur les fêtes, s’était rendu sur le toit d’un des nombreux bâtiments du campus. Désespéré, pensant fortement au garçon qu’il avait toujours aimé mais qui à présent le rejetait, Thomas se jeta du haut du bâtiment. Espérant de tout cœur tomber sur la tête et ainsi ne plus jamais se réveiller. Malheureusement, quand on a la malchance…

Une dizaine de jours plus tard…

Aujourd’hui était le jour de la sortie de Thomas. Quelqu’un devait venir le chercher pour le ramener chez lui. Son père faisait une garde, l’homme ne pouvait pas. Erzak attendait l’ambulance. Le temps était interminable. Lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit, le garçon resta bouche bée face à son visiteur. Mal à l’aise, espérant de tout cœur que personne ne lui a dit qu’il avait tenté de se suicider pour lui, le patient baissa la tête en rougissant. Il était triste et heureux à la fois de revoir Swen. L’autre lui avait il enfin pardonné ?

Thomas : " – Swen… Que… Qu’est ce que tu fais là ? “

Il ne savait pas quoi lui dire. Comment se comporter face à lui. S'excuser aurait sûrement été la meilleure des solutions mais il ne se sentait pas encore prêt pour le faire. Oui, il lui en voulait toujours beaucoup, et comme il savait pertinemment que Thomas n'avait rien demandé dans l'histoire, il s'en voulait de lui en vouloir. Toujours aussi complexe le Turner! Pourquoi faire simple quand on peut compliqué n'est-ce pas ? Swen resta donc interdit quelques secondes face à son meilleur ami, cherchant les mots les plus adéquats à une telle situation. Il fallait qu'il le dise "Pardon". Deux syllabes, ce n'était pourtant pas bien compliqué. Pardon. Le pire c'est qu'il le pensait vraiment. il ouvrit la bouche, mais aucun son de sortir, se ravisant alors, il se passa une main dans les cheveux, avant de se racler la gorge et de finalement dire:

Ne sachant plus quoi dire, il préféra s'asseoir et ne plus rien dire, pour éviter de s'enfoncer. Il ne fallait pas qu'il parle plus, il n'avait pas d'excuses sur ce qu'il avait fait à ce pauvre Thomas. Dire qu'il n'allait pas bien et qu'il avait du mal à surmonter la situation et compagnie ne changerait rien. Il préférait se mettre tout sur le dos, c'était plus simple. Et pourtant, il allait vraiment mal, au point, où, quelques jours après que Steve lui ait dit qu'il préférait Thom que lui, il avait voulu mettre fins à ces jours, et si Loyenz n'était pas arrivé au bon moment il aurait certainement réussi... Puis, il y avait eu sa rupture avec le Sigma qui l'avait mis plus bas que Terre, sans compter l'histoire avec David, et comme si ce n'était pas suffisant, depuis un peu plus d'une semaine cette histoire de bébé avec Holly... Et tout ça en à peine deux mois. Alors oui, dans un sens il avait des circonstances atténuantes, mais jamais, au grand jamais il n'aurait dû parler ainsi à son meilleur ami.
Le garçon ferma les yeux quelques secondes. Même si personne ne lui avait dit, il se doutait que c'était de sa faute si Thom était aujourd'hui dans cet état... Enfin, il ne lui avait pas demandé de sauter ou quoi que se soit, mais en reniant son amitié, il lui avait beaucoup de mal, sans vraiment le vouloir...
Se rongeant nerveusement les ongles il regardait son meilleur ami dans l'attente d'une réponse quelle quelle soit. Finalement, le Thêta reprit:

En arrivant à l’hôpital, Steve avait voulu prévenir Swen que son meilleur ami était arrivé en urgences. L’homme avait cru que c’était dû à un stupide accident jusqu’à ce qu’on lui dise que l’étudiant avait fait une tentative de suicide. Curieux, aussi bien lui que Chandler, les deux hommes, sachant leur gamin en froid avec Swen, avait attendu le réveil de ce dernier pour avoir des explications. Pourquoi avait il fait cela ? Avait il tout simplement refusé de revenir à Pacifica pour les fêtes de fin d’année ?Pourquoi avait il choisi le jour de noël pour attenter à sa vie ? Tellement de questions qui furent un véritable mystère. Chandler avait cru que si Thomas ne souhaitait pas revenir, c’était tout simplement parce que son fils avait trouvé une petite amie et qu’il voulait profiter d’elle avant de reprendre les cours. L’homme n’était pas loin de la réalité. A son réveil, l’étudiant eut le droit à un interrogatoire des deux hommes. Gêné, le pauvre s’était vu obligé de leur avouer qu’il aimait Swen plus qu’il ne devrait, que cela avait toujours été comme ça. Que tant qu’ils étaient, cela pouvait aller. Même s’il en souffrait secrètement, au moins Swen était à ses côtés. Mais que depuis le rejet du Thêta, Thomas avait tout perdu. Il avait essayé de surmonter ça mais il n’y arrivait pas. Il ne pensait qu’à son « frère ». Il se détestait pour faire souffrir l’autre. Il avait tellement honte de tout.

Afin de laisser Thomas se reposer à l’hôpital, les deux hommes avaient décidé qu’il était préférable que Swen et Nolan ne soient pas de suite au courant de cette hospitalisation. Ce fut vers la fin de ce séjour que Thomas osa enfin demandé pourquoi il n’avait pas vu ni Nolan ni Swen. Si les deux hommes étaient énervés contre lui au point de le laisser mourir ici sans qu’ils n’en aient rien à battre.

Jour J.
Le jeune Erzak était encore allongé dans son lit d’hôpital. Déjà habillé, prêt à partir, mais encore dans ce maudit lit médicalisé. Le patient contemplait une tache humide sur son pantalon quand Swen arriva. Surpris de cette visite, Thomas en oublia presque sa tache. Son visiteur venait lui présenter des excuses. Rien que le fait de le voir et qu’il lui parle, Thomas en était très ému. Il fut tellement soulagé qu’il esquissa un bref sourire. Il ne trouvait pas les mots pour lui dire qu’il ne lui en voulait pas. Qu’au contraire il comprenait ses sentiments. Le patient ne sut que lui faire signe de venir s’asseoir sur le lit, près de lui. Thomas voulait prendre Swen dans ses bras. Mais il n’osa pas.

Thomas : " – Ce n’est rien… “

Répondit enfin le garçon. Thomas baissa les yeux puis fixa à nouveau cette tache humide sur son pantalon. Elle se situait entre ses jambes. Le pauvre mit aussitôt le drap dessus pour que Swen ne voie pas cela mais il était trop tard. L’autre garçon resta bouche béé. Thomas appuya sur la sonnette pour faire venir une aide soignante. Il se mit à pleurer. Il cacha son visage entre ses mains.

Thomas : " – Désolé… Désolé que t’as vu ça… Snifff… “

En entrant, l’aide soignante demanda devant Swen si c’était pour changer à nouveau Thomas. Le voyant en pleurs elle fit sortir Swen. Quelques minutes plus tard, en sortant de la chambre, l’aide soignante expliqua à Swen que Thomas était devenu incontinent suite à sa chute. Elle lui expliqua ce qu’il était arrivé au jeune Erzak puis partie.

Le Thêta fit un sourire à son ami lorsque celui-ci lui déclara que ce n'était rien. Tant mieux, au moins Thom n'était pas très rancunier comme garçon. Le jeune homme allait se remettre à parler mais son regard se porta sur une tache qu'avait l'autre garçon au niveau de l'entrejambe, avant qu'il y ait pu synapser réellement quelque chose, l'autre c'était mis à pleurer en s'excusant. Il aurait bien voulu le réconforter, mais les mots ne venaient pas, il prit alors simplement l'autre garçon dans ses bras, enfin pas pour bien longtemps car une une infirmière arriva rapidement, et demanda à son ami s'il fallait encore le changer. Turner n'eut même pas le temps d'ouvrir à nouveau la bouche qu'il s'était limite fait mettre à la porte de la chambre. Il ferma les yeux et tenta d'analyser la situation. Il ne voyait qu'une seule solution à cela malheureusement... Cette solution se confirma dès que l'infirmière sortit lui expliquant que Thomas était devenu incontinent et qu'en gros, il avait fait une tentative de suicide. Le Thêta avait donc vu juste, l'état actuel de Thom était tout simplement de sa faute... enfin en grande partie de sa faute. Malheureusement pour le plus âgé, lui, il n'avait eu personne pour l'empêcher de commettre l'irréparable.. En effet quelques jours après qu'il ait manqué de coucher avec David, Turner avait voulu prendre toute une boite de somnifère accompagnés d'autres cachets, mais Chris était arrivé juste à temps.

Après avoir laissé écouler une bonne minute, le garçon entra de nouveau dans la chambre, et retourna s'asseoir auprès de son ami. Il ne reprit pas la parole. Qu'est-ce qu'il aurait bien pu dire de toute manière ? " Alors quoi de neuf" . Vu les derniers jours que venaient de passer Thomas, l'autre pouvait très bien se passer de cette question stupide. Lui faire la morale ou autre n'aurait pas été bien malin non plus... les sujets de conversassions étaient ainsi vite écoules... Mieux valait certainement que se soit Thomas qui reprenne la parole... Et si l'autre lui demandait comment il allait, qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir répondre ?! Il se doutait que Chris avait parlé longuement avec Thom' et que l'autre devait par conséquent savoir qu'il était allé vraiment mal au point de tenter de mettre fins à ses jours, qu'il n'était plus avec Chris ... Et maintenant il allait pouvoir en plus rajouter à ce "palmares" qu'il avait mis enceinte une autre fille ... A part que sa vie était en trin de prendre un nouveau tournant, qu'il était à moitié détruit par ce qui ce passait avec Steve, Chris...

Le silence devenant vraiment trop pesant, il lui dit finalement, histoire de parler

Lorsque Swen vit le pantalon mouillé de Thomas, le garçon fut exemplaire. Alors que l’autre Thêta se mit à pleurer, Turner le prit dans ses bras pour le réconforter. Thomas avait apprécié ce geste. Celui qui était pour lui son frère de cœur ne s’était pas moqué de lui. Lorsque l’aide soignante arriva, Thomas se sentit rabaissé et humilié à cause de sa façon de parler. Comme si elle avait besoin de faire cette remarque là. Était-elle obligée de préciser qu’il fallait le changer ENCORE ? Le pauvre se sentait très honteux. Il ne savait plus où se mettre. Enfin si seulement il n’était pas cloué au lit à cause de son handicap moteur, Thomas aurait certainement pris les jambes à son cou et se serait enfuit loin, très loin pour se cacher. Et si cela avait été possible, il se serait mis dans un trou de souris.

Swen sortit de la chambre, Thomas déboutonna son pantalon et l’aide soignante le lui retira ainsi que son slip. Malgré que cela fasse quatre années que l’accident avait eu lieu, le Thêta était toujours autant mal à l’aise que l’on s’occupe de lui. C’était fou comme cela pouvait être très gênant et stressant de se retrouver le pénis à l’air devant des inconnus. Surtout lorsque c’étaient des femmes. Celle qui était actuellement avec lui devait peut être avoir dix huit voire dix neuf ans à tout cassé. Alors que l’aide soignante lui enfilait une protection (couche si vous préférez), Thomas la regardait faire en se disant que ce n’était pas normal qu’elle fasse ça. Ce n’était pas normal qu’il doive porter des couches. Ce n’était encore moins normal qu’il ne savait plus se retenir. Thomas ne sentait même pas quant il avait envie d’aller sur le toilette. Intrigué, le garçon demanda combien de temps cela allait durer. La fille lui répondit du tac-o-tac qu’il avait de fortes chances de rester comme cela. Elle lui rajouta même de façon assez vulgaire qu’il ne pourra plus bander devant une grosse poitrine. Perdu et choqué à la fois de ces propos, Thomas ne comprenait pas où elle voulait en venir. L’aide soignante lui baissa la couche. Elle ouvrit sa blouse et montra ses seins au pauvre patient qui détourna aussitôt la tête en rougissant comme une pivoine. Elle lui fit voir la non réaction de son entrejambe. L’aide soignante n’hésita pas à rajouter qu’un garçon normalement constitué n’aurait aucun problème à la lever avec la vue qu’elle venait de donner. En se rhabillant et finissant le change du Thêta, la fille expliqua d’un air ironique qu’elle espérait qu’il avait bien joué avec son petit oiseau avant sa tentative de suicide parce que maintenant il était trop tard. Vu la tête du patient, l’aide soignante comprit sa gaffe. Pour tenter de se racheter, elle lui déclara qu’il ne devait pas perdre espoir et qu’un jour peut être il aura la chance de trembler son biscuit. Thomas restait désespérément silencieux. N’ayant plus de temps à perdre, l’aide soignante l’installa dans son fauteuil et sortit de la chambre en lui souhaitant un bon retour à la maison.

Thomas resta une voir deux bonnes minutes seul dans sa chambre. Il avait eu le temps de verser quelques larmes avant le retour de Swen. Le silence était total. A la tête de Turner, Erzak comprit que l’autre savait à présent pourquoi il était ici à l’hôpital. Il ne manquerait plus que Swen se sente coupable. Le président des Naturals l’était en rien dans les faits et gestes de P’tit Thom. Les minutes passèrent mais le temps semblait s’être arrêté. Le silence était trop lourd. Pour détendre l’atmosphère, Swen annonça à son ami que c’était lui qui venait le chercher. Les yeux encore rougis à cause de ce qu’il venait de se passer, le garçon en chaise roulante prit son sac qu’il mit sur ses genoux et roula vers la sortie.

Thomas : " – On y va ? “

Sans même attendre la réponse de son frère, Thomas se trouvait déjà dans le couloir, extrêmement pressé de partir à jamais de cet hôpital. Extrêmement pressé de ne plus avoir à faire à cette salope d’aide soignante. Thomas était sûr que si elle aurait pu, elle l'aurait violé sur place. C’était un miracle pour lui s’il n’avait pas eu d’érection dans la chambre. Mais cela voulait il dire qu’il n’en aurait plus jamais ? Le garçon se posait mille et une questions dans sa tête. Il était visiblement très contrarié. Le Thêta était persuadé à présent qu’il mourra puceau et célibataire. Et cela, Erzak ne voulait pas. Il aimerait tellement avoir au moins une fois dans sa vie une petite amie. Il aurait adoré la satisfaire. Mais si cela lui était réellement impossible, le pauvre devra faire une croix sur une potentielle vie intime. Voir aussi une potentielle vie amoureuse.

Thomas : " – Dis moi qu’est ce que tu racontes de beau depuis le temps ? “

Cette question pour Swen était complètement stupide. Thomas savait plus ou moins ce qu’il en était. Mais il avait tellement besoin de se changer les idées, d’arrêter de se torturer l’esprit qu’il en devenait très maladroit. Remarquez, la maladresse de Thomas était déjà légendaire en temps normal.

Le garçon acquiesça doucement lorsque son ami lui demanda s'ils pouvaient y aller. Il prit le sac de Thom sur ses épaules pour ne pas trop encombrer son ami et le suivi. Turner manqua de s'étouffer à la question "quoi de beau depuis tout ce temps?" . Cette question était simplement une blague vu toutes les merdes qu'il avait accumulé ces derniers temps... Il jeta un regard à son ami, il était presque certain que Thomas était au courant de tout, ou presque : aussi bien de sa dispute avec Steve, que Nolan avait déménagé, qu'il avait manqué de faire une tentative de suicide, que David s'était montré une fois de plus complètement égoïste, qu'avec Chris c'était fini... Le seul point que l'autre Thêta devait ignorer c'est qu'il avait mis enceinte Holly... Vu les circonstances, il ne savait pas trop comment aborder le sujet, ou même comment répondre à la question de son ami. S'il ne disait rien, l'autre risquait de mal le prendre, s'il lui mentait ça serait pire, et il n'avait pas envie de se rappeler comment ce mois de décembre avait été merdique... Après quelques secondes de silence, il dit finalement

La question de Thomas était d’une stupidité sans borne. Evidemment que le Thêta était au courant de tout cela. Enfin tout… A l’exception de la dernière nouvelle que prononça Swen. Sur le coup, Thomas ne réagissait pas. Il continuait son chemin à côté de son frère vers les ascenseurs pour sortir de l’hôpital. Il ne répondit absolument rien. Les mots venaient percuter son esprit lorsque Swen rajouta maladroitement qu’il ne devait pas lui demander de détail parce qu’il ne s’en souvenait plus. A cette phrase, sur ces quelques mots, Thomas se sentit très mal à l’aise. Il le prit pour un affront à sa virginité. Le fait qu’il n’a jamais eu de relation amoureuse, même platonique. Le jeune homme fut profondément blessé. Surtout après ce qu’il venait de se passer dans la chambre. Erzak avait la mauvaise impression de se prendre humiliation sur humiliation. Que les gens se moquaient ouvertement de son inexpérience. A croire qu’il était le seul puceau de vingt deux ans sur cette terre. Légèrement énervé qu’on l’embête avec ça, le garçon ne put s’empêcher de répondre.

Thomas : " – Tu sais Swen, ce n’est pas parce que je ne l’ai jamais fait et que je resterais puceau toute ma vie que je ne sais pas comment on fait les bébés ! “

Thomas avait été sec dans ses paroles. Il fixait son ami avec un tel air de reproche que cela n’était pas habituel chez le jeune Erzak. Ayant légèrement haussé le ton, le garçon en fauteuil roulant surpris deux filles qui rigolaient derrière son dos. Elles avaient probablement entendu ce qu’il venait de dire à Turner. Elle devait probablement aussi se moquer de lui pour sa virginité tardante et désespérante. Le garçon était de plus en plus mal à l’aise à cause de son aveu. Le fait d’être inexpérimenté, il s’était toujours sentit inférieur des autres mecs. Et là qu’il venait d’apprendre que le peu d’espoir qu’il avait d’en avoir un jour était tombé à zéro le minait littéralement. Arrivé devant l’ascenseur, Thomas appuya sur le bouton pour appeler l’engin. Avec son handicap et son fauteuil, il ne pouvait se permettre de prendre les escaliers. Sous l’air effaré de Swen, Thomas se calma.

Thomas : " – Excuse moi Swen… Tu… Tu prends l’ascenseur avec moi ? “

Dans l’attente de sa réponse ainsi que l’arrivé de l’appareil, le Thêta reprit le fil de leur conversation avant qu’il ne s’énerve que l’autre pauvre Natural.

Thomas : " – Avec Holly vous avez décidé que vous allez faire quoi de l’enfant ? Vous n’êtes même pas ensemble. Elle va avorter ? “

Le garçon était à mille lieu de penser que Swelly était devenu un couple et qu’ils formeraient d’ici neuf mois une famille.

Le garçon regarda Thom bizarrement lorsque celui-ci reprit la parole et d'une manière assez agressive. Il voulut lui répondre au tac au tac et sur le même ton mais s'en empêcha... Mais, ce n'est pas pour autant qu'il aimait la remarque, il se renfrogna et continua de suivra l'autre garçon sans rien dire! Le pire dans tout cela, c'est qu'il ne se rappelait vraiment pas ce qui c'était passé, et ce qu'il voulait vraiment dire c'est pourquoi on ne s'est pas protégés alors que c'est un geste habituel. Il soupira et continua de fermer sa bouche, histoire de ne pas être très désagréable, et c'est là qu'ils arrivèrent au niveau d'un ascenseur et que l'autre Thêta lui posa la question qui tue; est-ce qu'il voulait prendre cet engin maudit ?! La réponse était pourtant si évidente... Thom qui le connaissait depuis plus de 13 ans aurait pourtant dû connaitre la réponse. Et oui, étant claustrophobe à un niveau assez haut Swen évitait le plus possible ces engins. C'était peut-être stupide, mais s'il se faisait enfermer la dedans il faisait des crises d'angoisses, et cela pouvait aller jusqu'au malaise, voir même pire... Et tout ça Thom le savait, alors pourquoi lui poser une question aussi conne ?! A croire que l'autre voulait le voir pleurer. Cela, rajouté à la petite scène précédente étant un petit trop pour lui... Alors qu'il allait répondre Thomas prit encore une fois la parole, et encore une fois il mit les pieds dans le plat... Et là ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase: