Notre premier Spring Break aux États-Unis nous avait embarqué à Las Vegas et à vrai dire nous n'allions pas nous en plaire. Quoique ... Pour ma part, Las Vegas n'était pas une de mes villes préférées et pas un des endroits où je pouvais rêver de passer quelques vacances, si on pouvait appeler ça comme ça, mais je ne pouvais pas faire ma rabat-joie et annoncer à tout le monde que je restai à Berkeley. A Paris, j'aurai pu le faire. Là-bas je me fichais pas mal de ma réputation ou de l'image que les autres avaient de moi, je ne pouvais plus rien faire pour changer cela et je m'étais pas mal habituer à passer pour la "cinglée" de service. La fille qui s'habille très souvent en noir, qui sourit que très rarement et qui préfère rester seule plutôt qu'accompagner. Les Parisiens avaient compris que j'étais le genre de fille à ne pas me confier et ils avaient du mal à me cerner. Plutôt que chercher à me connaître et à comprendre la raison de mon comportement et de mon air si triste, ils restaient sur des préjugés et sur leurs premières impressions. Celles que je leur avais donné dès la rentrée. Seulement à ce moment-là ma dépression était à son apogée donc si on savait ça, on pouvait mieux comprendre pourquoi j'avais fait une si mauvaise impression aux autres étudiants. Et bien évidemment, beaucoup se fient à leur première impression et je n'ai pas pu me rattraper. J'ai dû faire avec cette image qui se trainait derrière moi. Quelques fois j'avais l'impression qu'un panneau me suivait, où il y avait marqué en très gros "Je suis folle ! Ne m'approchez pas, je peux mordre !". Je devais donc accepter la fatalité, qui se résumait à me faire une réputation de m*rde à l'Université où j'allais passer quelques années. Et j'avoue que quelques fois, quand j'étais de bonne humeur, je m'amusais avec cette image qui me collait. Beaucoup me prenait pour une gothique qui pensait qu'à la mort et qui rêvait d'être mordue par un vampire donc en classe, quand je pouvais placer une phrase un peu morbide je le faisais. Heureusement ce n'était que quand j'étais de bonne humeur et quand j'avais envie d'embêter les autres, ce qui n'arrivait pas souvent à Paris.

En regardant autour de moi, et voyant l'immense chambre dans laquelle j'avais la chance de dormir, je me rappelai pourquoi j'étais là. A vrai dire je ne le savais pas trop, c'était à cause d'un Spring Break qui se passait tous les ans. Je n'avais pas vraiment compris ce que ça signifiait mais tout ce que je savais c'est que cela m'avait amené dans cette chambre de palace et je n'allais pas m'en plaindre. Je n'avais jamais vraiment vécu dans le luxe. Papa et Maman avaient de l'argent certes, mais pas au point d'habiter dans un palace. Heureusement d'ailleurs car j'aurai sûrement fini telle une petite pouf capricieuse qui ne parle qu'en Gucci, Chanel ou Dior. Je suis une fille comme les autres, j'aime qu'on me couvre de cadeaux, surtout quand ceux-ci viennent d'un gentil garçon attentionné. Seulement quelques fois un simple bouquet de fleurs pouvait faire beaucoup plus plaisir qu'un collier en perles à 2 000 euros. Il suffisait que ce bouquet vienne du cœur et que ce soit un vrai cadeau, pas juste pour ramener quelque chose et impressionner. Nan, il signifiait beaucoup plus. La valeur des choses dépendent de que œil on les regarde. Et pour ma part, mon œil n'est pas intéressé que par l'argent ou le brillant. Les petites poufs me font bien rires d'ailleurs, toutes cherchant à impressionner la galerie et débourser des milliers d'euros juste pour un sac qui ne sera pas forcément plus beau que le dernier sac de la galerie marchande du coin. Je suis loin d'être une de ces petites gosses de riches qui se croient tout permis et qui pensent que si elles laissent tomber leurs livres, tout le monde accourra pour leur ramasser. Sûrement beaucoup de garçons qui ne peuvent s'empêcher de baver dès qu'il y a un peu de chair fraiche mais pas moi. Oh nan ! Je serai même capable de marcher sur ces livres, de la regarder pleurer ou ouvrir la bouche en me montrant ses amygdales avant de lui dire avec mon air de garce "Oops ! J'avais pas vu. Tant pis.". Je ne peux m'empêcher d'en rire rien que d'y penser. Bref, tout ce petit voyage à Las Vegas dans l'unique but que nous, Frenchies, nous nous rapprochons de nos chers correspondants Américains.

D'ailleurs, en parlant de correspondant j'avais rendez vous avec lui dans un bar, au rez de chaussé de l'étage. Pas un rendez-vous galant bien sûr que nan. Quoique je ne l'avais pas vu beaucoup de fois, mais il m'avait donné l'impression d'être plutôt beau garçon. Enfin, de toute façon si j'ai eu raison et qu'en effet il était plutôt pas mal dans son genre, cela signifiait forcément qu'il était pris ou gay. C'est bien connu que tous les beaux garçons sont soit gays soit pris ! Je ne me souvenais pas vraiment de lui, je ne lui avais pas accordé beaucoup d'importance. A vrai dire depuis un certain temps je ne regardais plus les garçons de la même façon. Je ne voyais plus en eux, tout ce que j'avais pu voir d'attirant auparavant. A présent ils étaient tous égoïstes, vantards et profiteurs à mes yeux. Seuls quelques uns avaient réussi à me prouver leur loyauté leur amitié comme Alban ou Maxime. Ils n'étaient pas comme les autres, du moins ne l'étaient plus. Ils ne cherchaient pas à me mettre dans leur lit et je n'étais pas une conquête de plus pour eux. Je pouvais compter sur eux, j'en étais persuadée. Et si j'avais des problèmes, ils viendraient à mon secours sans rien chercher en retour juste savoir que j'étais saine et sauve. C'était cela qui les importait. Bref. Je devais revoir mon correspondant et j'avoue que j'ai un peu une boule au ventre. Beaucoup de personnes se fient aux premières impressions, et en général je ne faisais rien pour donner une bonne impression de moi. J'allais devoir m'appliquer et essayer de faire aucune gaffe. Bon, commençons par le commencement. Son prénom. Un typiquement américain. Pas Brian. Ni John. Ça se rapprochait de John. John... John... Josh !!! Voilà. Il s'appelait Joshua. Ou quelque chose comme ça. Le mieux était que je le laisse se présenter. Il suffisait que je me trompe de prénom et je ficherai tout par terre. Je me présenterai et il le ferait ensuite, sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche entre temps. Il fallait que je fasse bonne impression. J'allais être lié à ce garçon, il valait mieux qu'il ait une bonne image de moi plutôt que le contraire.

J'enfila une petite robe beige, plutôt courte, qui mettait mes longues et fines jambes en valeur et un simple gilet noir au dessus. Je ne cherchai pas à le séduire, je voulais juste faire bonne impression. Donc une petite robe simple faisait toujours l'affaire. Au fur et à mesure il se rendra compte que j'ai mon propre style vestimentaire, au risque de paraitre vulgaire pour certains. Pour notre première rencontre, du moins la plus officielle, il me fallait quelque chose de simple. Il ne devait pas avoir peur de moi ! Ce n'était pas du tout le but... Je me maquilla très peu, sans trop accentué sur mes yeux. Il fallait bien qu'il voit qu'à la base j'ai les yeux bleus et je partis. Je respira un grand coup en prenant l'ascenseur. Je devais faire attention à mes mains, ne rien faire tombée pour ne pas avoir l'air d'une gourde. Je devais faire bonne impression. Bonne impression.... Ffffff... J'arrivai au bar et personne n'attendait. Il devait sûrement être en retard ou étais-je en avance ? Peu importe. Maintenant que j'étais là, autant y aller. Je m'asseya au bar et le barman vint de suite me voir, me demandant s'il pouvait prendre ma commande. J'hésitai un instant. Devais-je l'attendre ? Boire en attendant ? Je n'en savais trop rien. Je décidai de prendre quelque chose, ça ne me ferait pas de mal. Oui mais quoi ? Je ne devais pas passer pour une alcoolo non plus. Je regardai vite le barman, ne sachant pas quoi prendre. Il valait mieux que j'ai toute ma tête si je devais discuter avec lui pendant un certain temps. Je demanda donc un cocktail sans alcool. C'était bien la première fois que je me retrouvai à un bar sans prendre d'alcool. C'était vraiment pour cette fois ! Il ne me restait plus qu'à l'attendre ici. En espérant qu'il n'allait pas trop tarder, car mes mains commençaient à trembler. Pourquoi je redoutais tellement cette rencontre ? Je n'en savais trop rien mais je la redoutais, ça s'était certain.