[Alex !! Comme on se retrouve =p]

Les parcs du campus, Alexis commençait à les connaître par coeur. Tous les jours depuis son emménagement à San Fransisco, elle faisait un tour à l'université, même si elle était pratiquement déserte pendant les vacances. Entre ceux qui rentrent chez eux et ceux qui partent en vacances, il ne restait que les plus téméraires, ceux qui travaillaient et les nouveaux. La jeune fille ne faisait partie d'aucune de ces catégories étant donné qu'elle n'était pas encore étudiante. C'était pourtant ce qu'elle attendait le plus au monde, finir enfin le lycée et commencer une vie en tant que jeune adulte. Car oui, elle n'avait même pas encore 18 ans, l'âge qu'elle rêvait d'avoir depuis... ben 18 ans ^^. Dans d'autres payse, cet âge représentait la majorité, mais aux Etats-Unis il fallait encore attendre trois ans de plus pour être considéré comme "légalement majeure et responsable". Ce n'était pas ce qui embêtait Alexis, elle n'était pas pressée d'être une adulte, puisqu'elle ne consommait pas d'alcool. Par contre, elle avait déjà son permis depuis un an, ainsi qu'une petite voiture d'occasion qu'elle avait en majorité payé grâce à des jobs d'été. Sa mère avait l'argent pour lui en payer une neuve, mais pourquoi dépenser autant d'argent pour une voiture alors qu'elle pouvait l'utiliser pour s'acheter des fringues ? La philosophie de Janet Daniels ressemblait étrangement à celle d'une adolescente pourrie gâtée. Mais bon, pourquoi parler d'elle, surtout sachant combien elle comptait pour Alexis...

En fait, sa présence à Berkeley avait deux raisons. La première était sa soeur Aileen. Celle-ci allait bientôt commencer sa deuxième année au sein de l'université, et la proximité rassurait la jeune soeur, qui considérait son aînée comme sa seule famille. La deuxième était plus logique, BCU serait sa future université, elle avait d'ailleurs déjà fait la connaissance de certains étudiants et professeurs. A ce rythme là, elle en oubliera vite qu'elle doit encore suivre une année au lycée de la ville. Enfin, ça ne risquait quand même pas d'arriver, vu la popularité qu'elle avait dans son ancienne établissement, il n'y avait aucune raison pour qu'ici cela change. Certes San Fransisco était beaucoup plus peuplé et riche, mais Alexis ne se faisait pas de soucis. Sa personnalité l'aiderait à se familiariser avec les lieux et se faire de nouveaux amis, des ennemis aussi sans doute. Bref, revenons à nos moutons. Alexis, par cette belle journée, se retrouvait à nouveau dans un des parcs bordant le campus de Berkeley. Celui qu'elle avait choisi n'était pas très fréquenté, elle allait donc pouvoir faire ce qui lui plairait sans déranger qui que ce soit. Elle avait emmené une mini radio ainsi que des baskets dans un sac à dos pour faire un peu de danse à l'ombre d'un arbre. Elle essayait d'être le moins possible enfermée dans une salle, l'air pur était tellement plus agréable. Surtout qu'en Californie il faisait beau presque toute l'année. Vêtue d'un short de sport et de la brassière assortie, elle était sortie de sa maison sans laisser le moindre mot prévenant du lieu où elle se trouvait. Sa soeur avait son portable au cas où et sa mère... et bien elle se moquait bien de ce qu'elle faisait de ses journées.

Après avoir marché quelques minutes le long du chemin, Alexis bifurqua et se retrouva sur le gazon, entourée d'arbres imposants qui la protégeaient des rayons du soleil. Elle posa son sac près de l'un deux et entreprit de s'attacher ses cheveux en une queue de cheval. Elle ôta ses lunettes de soleil qui n'avait plus aucune utilité à l'ombre puis alluma sa radio. Elle avait emmené divers CD de musique moderne sur lesquels travailler et en choisit un au hasard. Ses baskets enfilés, elle entreprit de s'échauffer les membres pour éviter de se faire mal. Ses sept années d'expérience en danse lui permettait de s'entraîner seule, à l'aide de pas qu'elle avait appris ou qu'elle inventait sur le tas. Son humeur était plutôt bonne ce jour là, elle n'aurait donc aucun mal à être créative. Les dix minutes d'échauffement passèrent assez rapidement, Alex avait toute la journée devant elle, elle pouvait danser des heures entières sans s'en rendre compte. A la fin bien sûr elle était morte de fatigue, mais dans le feu de l'action, elle ne remarquait rien, ni les passants qui s'arrêtaient pour l'observer, ni les oiseux qui gazouillaient au dessus de sa tête, ni même le jeune homme qui venait d'arriver...

Ce qu’Alexis était en train de faire ne ressemblait en rien à de la danse classique. La danse moderne pouvait utiliser des pas d’autres genres, mais jamais vous ne verrez la jeune fille avec une tenue de ballerine, elle était plutôt du genre à s’entraîner en jogging s’il faisait frais et en short s’il faisait beau comme ce jour là. Certains qualifient la danse comme un art plutôt qu’un sport, en un sens ils ont raison, puisqu’elle permet d’exprimer des sentiments et raconter des histoires. Néanmoins, ça n’en est pas mois un sport puisqu’aux dernières nouvelles, on se dépense en le pratiquant. Enfin, là n’était pas la question. De toute manière, la brunette se moquait bien des avis des autres, tant qu’elle appréciait ce qu’elle faisait et que son travail était récompensé. Elle avait failli participer à une compétition nationale il y a de ça deux ans, mais son professeur de l’époque n’avait pas cru suffisamment en elle pour l’inscrire. Ce fut une grave erreur, Alexis savait qu’elle aurait pu aller loin. Pas gagner, c’était certain, mais au moins monter un peu dans l’échelle, ça ne lui aurait fait que du bien. Et puis elle aurait eu une première approche du monde de la compétition, puisqu’elle voulait devenir une danseuse professionnelle, savoir comment gérer son trac devant un public autre que les parents aurait été gratifiant.

Le passé étant ce qu’il est, Alexis ne pouvait que faire en sorte qu’aucune erreur similaire ne se produise. Elle travaillait dur pour atteindre un haut niveau, et surtout rattraper les filles qui avaient commencé la danse alors qu’elles savaient à peine marcher. En cela, sa récente rencontre avec la prof de danse de l’université ne peut être que bénéfique, puisqu’avec de l’acharnement, des cours particuliers et des conseils avisés, elle ne pouvait que réussir non ? Combien de personnes pouvaient se dire aussi motivées franchement ? Pour ma part, je n’en vois pas beaucoup je l’avoue. En plus de ça, Alexis n’avait pas de difficultés dans les matières générales, elle avait même d’excellents résultats un peu partout. Donc au pire, si sa carrière devait s’arrêter avant d’avoir commencé, elle pouvait toujours se rabattre sur autre chose. La question était encore de trouver quoi.

Les musiques s’enchaînaient, ne fatiguant pas le moins du monde Alexis, à fond dans son art. Elle avait croisé quelques regards lorsqu’elle effectuait des rotassions mais elle ne s’y était pas attardée. Elle savait que si elle commençait à penser à autre chose qu’à ses pas, elle risquait de perdre cette concentration qu’elle avait mis si longtemps à atteindre. Et puis il est toujours agréable de sentir que ce que l’on fait est apprécié. Les minutes passèrent, et lorsque la dernière musique de la compilation fut terminée, Alexis s’arrêta. Elle n’était pas vraiment fatiguée, mais du repos ne lui ferait pas de mal. Elle sortit une bouteille d’eau fraiche de son sac et en but un bon quart d’un trait. En la rangeant, elle remarqua le jeune homme à terre non loin d’elle, qui venait de se redresser pour la regarder. Passant une main sur sa tête pour enlever les quelques mèches qui s’étaient enlevées de sa coiffure, la jeune fille rendit le sourire qu’on lui avait adressée, tout en reprenant une respiration plus naturelle. Elle lui répondit, en parlant assez lentement, à cause de l’effort qu’elle venait de fournir :

« Merci ! C’est gentil… tu m’observes depuis longtemps ? »

Elle ne demandait pas ça parce qu’elle le soupçonnait de quoi que ce soit, disons simplement qu’elle était curieuse. Et puis, vu qu’il était couché au sol, il devait être là depuis un moment. Si ça se trouve, elle était même arrivée après lui, mais elle l’aurait remarqué… Laissant là ses réflexions saugrenues, Alexis ajouta, ne perdant rien de son sourire :

« Tu veux que je te montres quelques pas ? »

Elle était très sérieuse, ce serait une façon à elle de remercier un amateur de son style. Tout en attendant sa réponse, elle prit une serviette dans son sac pour s’essuyer la sueur de son visage, la chaleur et l’exercice combinés pouvaient être extrêmement difficiles à supporter.

La critique faisait partie de l’homme c’était un fait, se moquer des performances des plus faibles permettait aux concernés de se sentir plus fort, alors qu’en réalité ils ne valaient pas mieux. Malheureusement, la plupart des gens ne cherchent pas vérifier cette théorie, ils se limitent à jouer les mauvaises langues, critiquant les faits et gestes, le style, le physique voire même l’intelligence d’autres personnes. Cette facette de l’homme n’est pas très glorieuse, et pourtant il faut l’accepter, car elle fait partie de nous. Bien sûr, il y a des cas particuliers qui prennent un malin plaisir à accentuer la critique au point de blesser, ce genre de réaction est pitoyable et pourtant très répondu également. A croire que l’homme ne peut pas vivre sans rabaisser les personnes autour de lui. L’esprit critique est important dans certains métiers, en économie notamment, mais ce n’est pas une raison pour l’utiliser à tord et à travers. Pour en revenir à Alexis, il lui arrive de critiquer, comme tout le monde, néanmoins lorsqu’elle regarde une performance sportive en direct ou à la télévision, elle ne se permet aucun jugement négatif, sachant pertinemment que si la personne est devant un public à ce moment là, c’était pour une raison. Elle avait travaillé pour, et malgré le trac, devait montrer de quoi elle était capable. C’était sans doute le plus difficile, sans compter la présence des proches qu’on ne tient pas à décevoir.

L’applaudissement du jeune homme suite à sa prestation lui avait fait plaisir, mais même sans cela, elle aurait gardé le sourire, tout simplement parce qu’elle avait passé des minutes entières à pratiques son art. Les compliments n’étaient qu’un simple bonus qu’elle ne regrettait pas le moins du monde. Surtout lorsqu’ils venaient d’un beau garçon, qui a vu d’œil devait faire trois ans de plus qu’elle minimum. Ca n’avait rien d’une critique, et de toute manière elle s’attendait à voir des étudiants. D’ailleurs, elle préférait mille fois les compliments d’un jeune homme d’une vingtaine d’année que ceux d’un garçon de 14 ans. Ce qui était compréhensible, les filles étaient connues pour être plus rapidement mature, elle optait donc pour des copains plus vieux qu’elle. Alexis n’était pas encore à la recherche d’un petit ami, elle préférait d’abord apprendre à connaître San Fransisco et ses habitants. Et puis elle n’avait que 17 ans, soit toute la vie devant elle. Pourquoi devrait-elle se presser de se caser ? Elle n’était pas volage pour autant, mais elle aimait s’amuser et l’assumait pleinement. Jamais son comportement la déshonora au point d’être traitée de garce. La brunette avait des principes et voler par exemple les petits amis des autres n’en faisait pas partie, contrairement à certaines autres filles.

Pour en revenir à nos moutons, Alexis venait de poser une question à l’inconnu, dont la réponse ne fut pas longue à venir. Ainsi il ne l’observait que depuis quelques minutes. Non pas que ce soit réellement important, ça avait permis à Alexis d’entamer la conversation et ça avait marché en un sens. A ce sujet elle n’ajouta rien, se contentant d’acquiescer. Elle ne voyait pas quoi ajouter de toute manière sans avoir l’air un peu trop inquisitrice. Qu’il soit assis ne signifiait pas qu’il était là depuis un baille après tout, il avait peut-être tout simplement eu envie de faire une pause. Sa deuxième question fut plus une proposition, dont elle ne connaissait pas du tout la réponse. Certaines personnes refuseraient de s’exposer devant tout le monde et tenter des pas qu’ils ne connaissaient au risque de se ridiculiser. C’était leur choix, et Alexis aurait très bien compris s’il avait décliné son offre. Mais il n’en fit rien, ce qui accentua un peu plus le sourire de la jeune fille. Elle lui rétorqua, tout en rangeant le CD de la radio :

« Okay, mais il va falloir que tu te lèves pour ça ! »

Elle attendit qu’il obtempère puis poursuivit en le regardant d’un air amusé :

« Au fait, si après ça tu te plains de douleurs, c’est que tu auras bien fait ton boulot. » Puis en observant les muscles saillant du jeune homme elle sourit une nouvelle fois et ajouta : « Vu ta musculature, tu dois être habitué aux courbatures, je me trompes ? »