the great escape
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On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan]

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MessageSujet: On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] EmptyLun 8 Juin - 15:57

On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] Willa3 On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] Jamie411

« Nous préférons garder
nos distances, car nous
préférons ceux qui ne savent
rien de nous à ceux qui en
savent trop
»


    Le soleil venait de décliner lentement à l’horizon, abandonnant les habitants de San Francisco jusqu’à sa prochaine apparition, gardant égoïstement le ciel vide de toute présence avant son retour. Seules quelques étoiles trouaient la toile sombre, brillant à travers une mince couche de nuages poussés par le vent. La nouvelle lune ne permettait pas d’éclairer d’un mince rayon le ponton de bois que foulaient les pieds de River, mais cela ne semblait pas la gêner outre mesure. La demoiselle se repérait grâce à la pâle lueur des lampadaires qui diffusaient une lumière jaunâtre. Au bout de cette construction pourtant, plus aucun réverbère n’était planté le long de la promenade, afin de dissuader les plus curieux de s’aventurer près du bord une fois que la pénombre se serait emparée des lieux, un avertissement implicite qui n’empêcha guère l’étudiante de poursuivre sa route. Elle s’arrêta juste devant le lac, cette étendue calme que rien ne semblait pouvoir perturber en dehors de quelques rides à la surface, témoins de la légère brise chaude qui caressait agréablement la peau de River. Elle aimait particulièrement ces longues ballades solitaires sous le manteau de l’obscurité, ces instants où elle se retrouvait seule avec ses pensées et les problèmes qu’elle ne confiait à personne. Ils imaginaient tous que la vie de la Thêta était un long fleuve tranquille ou tout était rose et merveilleux, ne se souciant pas même de savoir si ce masque de bonheur qu’elle affichait sans cesse ne servait pas de temps à autres à dissimuler son chagrin, sa colère, sa frustration. Mais elle s’en moquait de toute manière, car elle aurait prétendu que tout allait pour le mieux en étirant ses lèvres de l’un de ses plus beaux sourires. River avait appris à écouter les autres, à leur prodiguer ses conseils et les aider. Néanmoins lorsqu’il s’agissait de ses propres ennuis, c’était une histoire bien différente. A ce niveau, elle faisait un sacré blocage. Pour elle, ce n’était qu’une façon de se préserver. En vérité Miss Fitzgerald venait juste d’apprendre qu’elle avait une demi-sœur qu’elle s’était faite une joie de détester jusqu’alors, ce qui signifiait tout simplement que son géniteur n’était pas celui qu’elle avait cru durant toutes ces années. Ce qu’elle devait faire, elle n’en avait pas la moindre idée. Et le pire était sans doute de ne pouvoir révéler cette découverte à quiconque. Approchant un foulard sombre de son visage, elle fit un effort afin de retenir les larmes qui paraissaient vouloir forcer le passage pour couler le long de ses joues. Hors de question qu’elle se montre si faible alors qu’elle avait résisté à tant d’épreuves plus douloureuses par le passé. Mais une trahison était toujours dure à encaisser, particulièrement de la part d’une mère qu’elle ne pouvait plus voir. L’objet dont elle humait le parfum lui avait appartenu jadis, et la jeune fille l’avait récupéré juste avant son internement à l’hôpital psychiatrique, pour conserver d’elle un souvenir impérissable. Quoi de mieux qu’un morceau de tissu …

    C’était alors que River se débattait avec le passé que ses jambes faiblirent sans crier gare, incapables de la porter plus longtemps, et en une fraction de seconde la demoiselle comprit. Elle su aussitôt qu’un autre épisode de sa maladie allait se produire sans lui laisser le temps de se préparer, comme à chaque fois que le sommeil s’emparait d’elle. Impromptu, sournois, dangereux, il la saisissait toujours dans les moments les plus mal choisis, Morphée la dérobant à la réalité pour la transporter dans son monde sans s’inquiéter de son consentement. Mais face à la Narcolepsie, l’étudiante était parfaitement impuissante. Cet adversaire lui était bien trop supérieur pour qu’elle puisse lutter contre lui, et elle ne pouvait que se contenter d’espérer que les conséquences ne lui seraient pas préjudiciables. Elle parvenait parfois, dans un éclair bref et lucide, à se rendre compte qu’elle serait assoupie au prochain ‘tic’ de sa montre. Néanmoins cette prise de conscience ne lui permettait pas de l’éviter, de prévenir autrui par un mot, de s’écarter d’un danger comme elle aurait dû le faire à cet instant précis. En bref, il était parfaitement inutile qu’elle interprète les symptômes pendant cette milliseconde, puisque son sort était déjà scellé. Ses paupières étaient closes au moment où ses genoux fléchirent, ses doigts lâchant le foulard noir qu'ils serraient auparavant, elles l’étaient également lorsque son corps heurta la surface du lac avant de glisser lentement vers les profondeurs, ne s’ouvrant de nouveau que pour laisser River apprécier la température glaciale de l’eau qui étreignait chacun de ses muscles. La fraîcheur anormale du milieu dans lequel elle avait été précipitée l’avait aussitôt éveillée, cependant peut-être aurait-il mieux valu qu’elle reste inconsciente durant le voyage qui la conduirait dans l’au-delà. Une expression de frayeur déforma les traits de son visage tandis qu’elle observait l’obscurité inquiétante qui l’entourait, cette épaisse couche d’un liquide qui transperçait son corps de millions d’épines invisibles en un supplice terrifiant.

    L’air lui manquait, et des mèches de cheveux châtains flottaient autour d’elle dans une danse sinistre. Agitant ses bras avec frénésie, elle parvint à émerger sa tête à la surface paisible de l’étendue silencieuse, hurlant son désespoir sans grand succès. Elle ne cessait de replonger dans ces eaux troubles et paralysantes, sa silhouette disparaissant régulièrement, se rendant compte avec angoisse que son père avait raison. Ne pas apprendre à nager avait sans doute été la plus grosse erreur de son existence, et celle-ci allait la conduire directement auprès de Dieu. Ou pire, de Satan. Lutter contre la mort était aussi difficile que combattre ses épisodes d’assoupissement, ceux-là même qui l’avaient conduite à sa perte en la jetant dans ce lac. Elle était tombée du mauvais côté, comme une balle de tennis qui hésite sur le filet avant de se décider à toucher la terre battue, faisant irrémédiablement un gagnant, et un perdant. C’était incroyable à quel point l’existence était fragile ; rompre un seul fil pouvait briser une vie entière. Le hasard s’était souvent métamorphosé en déveine auprès de River, par conséquent cette situation n’avait rien pour l’étonner … Pourtant elle essayait vainement de survivre, battant désespérément des bras au dessus de l’eau, ses beaux yeux bleus étant parfaitement incapables de distinguer quoi que ce soit au-delà d’un mètre à cause de la pénombre, et des gouttes qui ne cessaient de troubler sa vue. Mourir si bêtement, si facilement, était à la fois frustrant et ironique. A bout de forces la jeune fille se résolut à abandonner le combat, stoppant tout mouvement qui pourrait la maintenir au dessus de l’eau, inspirant profondément sa dernière bouffée d’air avant de laisser son corps replonger vers le fond du Lac. Etrangement toute panique avait quitté son esprit. River se sentait apaisée, prise d’un étourdissement qui brouilla sa vue et la fit basculer dans le voile noir de l’inconscience. Cette fois, c’était bel et bien terminé.
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MessageSujet: Re: On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] EmptyMar 9 Juin - 1:09



      « T’es un salop Yoan ! »
      « Pourquoi ? »
      « Tu ne vois vraiment pas ? »
      « Je vais fumer dehors. »
      « POUR CA ! »
      « A tout à l’heure. »


    Yoan avança calmement vers la baie vitrée, laissant Leath à sa colère. Elle y survivrait, ce n’était pas la première fois que la scène se produisait. Le jeune homme avait l’impression de vivre une chanson dont le disque était rayé, on n’arrêtait pas d’y répéter le même refrain. Il était fatigué d’entendre les mêmes conneries, fatigués de ne pas avoir le courage de faire réparer le disque. Yoan s’était mis à draguer une demoiselle bien à son goût, Leath n’avait pas vraiment apprécié. Ils ne s’arrêtaient pas à ce genre de détails. D’habitude ça éclatait plus autour d’un paquet de cigarettes disparus. Mais ils ne s’étaient pas disputés de la journée. Leath devait trouver ça trop niais à son goût. Elle était allée chercher la petite bête. Comme si elle n’avait pas elle-même passé la soirée à allumer tout le monde. Yoan franchit la baie sous le regard narquois de Cecil. Il lui répondit d’un regard assassin avant de sortir complètement de la maison. Il les aimait, Leath et Cecil. Seulement ils avaient le don de tout compliquer, de créer des tensions impensable, de tordre le plus simple. Mais comment s’en plaindre quand il était lui-même comme ça. Il ne pouvait pas leur en vouloir, pas quand il n’imaginait pas ses journées à Berkeley sans eux. Ou plutôt ses soirées. Quoiqu’ils passaient plus de temps ailleurs que dans l’enceinte de l’université. Et la soirée n’avait pas échappé à la règle, ils s’étaient donnés rendez-vous à la maison près du lac d’un Oméga. Mais avant même que la fête ne commence, Yoan en avait eu marre. Il ne voulait pas s’énerver. Il avait trop de choses en tête pour laisser une dispute empiéter sur son humeur. Il sortit le paquet de cigarettes dont il avait été question plus tôt et marcha en direction du lac. Il était déjà venu auparavant, s’était perdu plus d’une fois. Mais il n’en prit pas compte, il voulait se perdre. S’éloigner du boucan, de la fumée, des gens, du chaos. Il alluma une cigarette et la porta à sa bouche. Il inspira la fumée. La gardant au font de sa gorge quelques secondes, ressentant tout l’effet lénifiant de la nicotine. Puis recracha tout en un souffle. Il passa quelques secondes à contempler les volutes de fumées s’envoler vers le ciel, y devinant des âmes montant se reposer dans l’au-delà. Il se plaisait à croire qu’il y avait un au-delà, qu’on ne vivait pas sans raison. Qu’il y avait justement une raison à tout, qu’on prendrait compte de ses actes plus tard, que tout n’était pas vain, qu’on n’existait pas que pour exister. Des foutaises dans le genre.

    Il continua d’avancer, il sentait à présent ses pieds s’enfoncer dans l’herbe. Il s’était éloigné du chemin pavé, apercevait dorénavant les reflets de l’eau du lac. Yoan n’avait jamais comprit d’où pouvaient provenir ces reflets. Aucune source de lumière ne se trouvait à proximité. Le lac avait un secret, un terrible secret. Le jeune homme en était persuadé mais préférait laisser l’enquête aux frères Winchester et autres Sherlock du monde fantastique. Sa cigarette s’était réduite en un minable mégot. Ce qu’il aurait aimé avoir la vie de cette cigarette. Temps limité, plaisir assuré. Yoan s’était réveillé avec l’étrange sentiment de ne servir à rien. De rester immobile, les bras croisés pendant que le monde tournait, qu’il se laissait faire. Pour qui est-ce qu’il comptait ? Personne, réellement. Mais il l’avait voulu et ne s’était jamais plaint de sa solitude, y avait toujours vu une force. Tenir tout le monde à distance pour ne pas souffrir. Eviter les regrets, vivre pleinement mais avec soi-même. Gardant quiconque susceptible de constituer une attache loin de lui. Pour ça qu’il n’avait pas de meilleurs amis. On lui avait ôté sa seule meilleure amie. Non, il avait détruit sa seule meilleure amie, sa sœur. Il avait fait du mal à la seule personne qui avait réellement de l’importance. Il ne la remplacerait pas. Ne se permettrait pas de commettre deux fois la même erreur. La première, les liens du sang avaient tranchés sans son accord. Mais dorénavant, il était prudent, se cachant sous ses sourires. Condamné à feindre. Tout en analysant la stratégie qu’il avait élaborée peu après la mort de sa sœur, il sortit une seconde cigarette. La seconde cigarette du quatrième paquet de la journée. Sachant que sa journée avait commencé à quatorze heures, il allait mourir d’un cancer des poumons. Seul. Une mort minable mais une mort qui ne l’effrayait pas. L’étrange impression se résumait en un désir de disparaitre.

    Inspiration. Effet. Expiration. Contemplation. Envier une cigarette. Pouvait-on faire plus minable ? Il s’accroupit pour s’asseoir en tailleur sur l’herbe. Son regard se posa sur le lac, à quelques mètres à peine de l’endroit où il s’était posé. L’herbe y était d’ailleurs humide. Il sentit des frissons monter le long de sa colonne vertébrale. Un soleil. Il aperçut un soleil dans l’eau. Des rayons fins. Des cheveux. Il écarquilla les yeux. Le soleil avait disparu. L’eau faisait des vagues. Il y avait donc réellement quelque chose d’étrange dans ce lac. Yoan souhaitait que ce soit une vie. Une étrange créature poilue qui y vivait, peut être fluorescente. Ce qui expliquerait les reflets dans l’obscurité. Le jeune homme hésita un instant puis se leva pour jeter un regard. Il se pencha en avant. Son souhait s’était réalisé, il y avait bien une vie dans ce lac. Mais une vie en danger. Yoan paniqua, il souffla, réfléchit une fraction de seconde puis se jeta dans l’eau. La fraicheur de celle-ci le surprit, il s’immobilisa un instant. La panique troublait sa vue, il n’arrivait pas à voir grand-chose. Sa main heurta un os, le corps descendait lentement vers le fond. Il prit une grande inspiration puis plongea tête en avant. Ses mains s’attachèrent à la taille. Légère. C’était une fille, les longs cheveux chatouillant le menton du jeune homme l’avaient confirmé. Il réussit à porter la jeune fille jusqu’au rivage. Il la hissa jusqu’à la déposer au bord puis sortit de l’eau. Heureusement qu’il portait son maillot sur lui. Son tee-shirt lui collait à la peau, il le retira à la volée puis se pencha sur la demoiselle. Elle était inconsciente et glacée. Il voulut appeler une ambulance, mit la main dans sa poche mais se rendit compte que son téléphone avait coulé au fond du lac. De toute manière elle aurait mis trop de temps à arriver. Il devait s’occuper d’elle tout seul. La porter jusqu’à la maison ? Trop de temps, il avait bien mis trente minutes pour arriver. Il cria à l’aide mais la musique devait être trop forte pour qu’on l’entendît. Bordel. Il avait raté les cours de secourisme au collège. Ou plutôt n’en avait jamais reçu. Il continuait à regarder le corps, hébété. Merde. La faute aux cours par correspondance. La faute à son oncle et ses tournées. La faute à sa mère qui l’avait abandonné. La faute à sa mère si elle mourrait. Il ne voyait pas vraiment qui ça pouvait être dans l’obscurité. Il pouvait très bien la connaitre. Les films ! Le bouche à bouche. Il s’approcha maladroitement, pris les lèvres de la jeune femme puis y souffla. Très maladroitement. Il posa ses mains sur son thorax et pratiqua un massage cardiaque qui ne ressemblait pas vraiment à un massage cardiaque. Peut être qu’elle n’avait même pas besoin de ça. Et s’il la tuait ? Yoan avait la larme à l’œil. Non, il n’aimait pas ce genre de situation. Il avait la vie d’une personne entre les mains et n’y pouvait rien. Impuissant, voilà ce qu’il était. Il tira le corps jusqu’aux niveaux des réverbères. Sûrement pour regarder à quoi ressemblait la personne qu’il laissait mourir. Il la connaissait. River. Il la connaissait. C’était River. Son amie River. Pire. Non, il ne pouvait pas vraiment la laisser mourir. Il essaya une seconde fois le bouche à bouche, puis le massage cardiaque. Une fois, deux fois, trois fois… Il jeta l’éponge, ça ne servait à rien. Il s’écroula.

      – Pourquoi ?


    Il murmurait. Il se leva, infligea une claque à la pauvre victime, puis deux. Surprise.
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MessageSujet: Re: On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] EmptyMar 9 Juin - 22:52


    C’était un spectacle étrange de contempler le corps inerte de River, elle qui d’habitude respirait la vie et la bonne humeur. Toujours en action, le sourire aux lèvres et un mot réconfortant pour autrui, la voilà désormais immobile et pâle comme la mort. L’observation de cette silhouette constituait un paradoxe angoissant. Telle une statue de marbre, étendue sur le bois, son corps était raidi et glacé. Elle semblait soudain si fragile et si inoffensive sans ce souffle de vie qui l’habitait. Comme un pantin inanimé, une poupée de chiffon que l’on a négligée, le morceau d’une épave échouée sur la grève : River avait laissé la faucheuse prendre son âme. Sa peau avait légèrement bleuie, lui conférant un aspect plus qu’inquiétant accentué par la lueur blafarde diffusée par le lampadaire sous lequel Yoan l’avait traînée. Plus aucune sensation ne parvenait à susciter une réaction de sa part, aucune émotion ne la traversait. Rien. Elle était plongée dans le néant, les traits de son visage conservant cette impassibilité anormale et sinistre. Aucune réponse ne fit écho lorsque le jeune homme posa ses mains sur son thorax dans l’espoir de ranimer son cœur éteint, elle n’esquissa pas non plus le moindre geste au moment où leurs lèvres s’effleurèrent dans une tentative maladroite de la sauver. Plus proche du grand portail de l’au-delà que du ponton de San Francisco, River était sur le point de faire le grand saut. La première gifle se contenta de faire légèrement basculer la tête de la demoiselle sur le côté droit, mais la deuxième eut un effet tout à fait inattendu. Les paupières de l’américaine se soulevèrent brusquement tandis que le sang affluait de nouveau à son cerveau, la jeune fille s’appuyant fébrilement sur un coude afin de rejeter l’eau verdâtre qui était restée prisonnière de son corps, agitée d’une toux violente. Au bout de quelques secondes elle sembla se calmer, inspirant l’air chaud qui s’engouffra dans ses poumons avec délice sans comprendre immédiatement ce qui se passait. Ce furent les tremblements qui secouèrent sa frêle silhouette, les mèches de cheveux collées contre son visage surpris, ainsi que les vêtements froids plaqués contre son corps comme une seconde peau qui la ramenèrent à la dure réalité. D’un mouvement elle tourna son regard égaré vers le lac, puis porta ses iris céruléens sur le garçon qui se tenait à ses côtés, la bouche entrouverte comme si elle s’apprêtait à prononcer un mot, une phrase, quelque chose. Pourtant elle se contenta de clore ses lèvres, sa main droite s’enroulant autour de son front. Elle ferma les yeux quelques instants, juste le temps de reprendre ses esprits, tentant d’imaginer ce qui avait pu s’ensuivre lorsqu’elle avait perdu connaissance.

    Son dernier souvenir, c’était la présence de cette eau glaciale qui la tirait vers les profondeurs dans le but de la faire sombrer. Mais de toute évidence, elle avait échoué. Frottant ses bras dans l’espoir vain de réchauffer son corps frissonnant, elle en déduisit que l’Omega l’avait secourue, une hypothèse qui se confirma tandis qu’elle détaillait l’étudiant. Tout aussi trempé. Et, à moins qu’il ait plongé dans une piscine tout habillé avant d’arriver ici, il était fort probable que Yoan ait été contraint de s’immerger dans ces eaux glaciales pour la sortir de là. Son regard plongea dans l’océan de son semblable un bref instant avant que River ne baisse les yeux comme parcourue d’une décharge électrique, honteuse d’un millier de choses à son égard. Elle craignait d’affronter celui-ci, d’être jugée, questionnée. Il devait songer que c’était du River tout craché, ne manquant pas une occasion de se fourrer dans les problèmes jusqu’au cou, de narguer la mort un peu trop souvent. Insouciante, elle l’était certainement. Mais elle ne souhaitait en aucun cas qu’on lui fasse la morale, pas maintenant. Bien sûr elle n’avait pas pu être extirpée de ce lac par un illustre inconnu, non. Comme les ennuis ne venaient jamais seuls, voilà qu’il la conduisait directement dans les bras de celui qu’elle cherchait à éviter depuis cinq jours. Cinq jours douloureux durant lesquels elle se refusait à rechercher sa présence, réprimandait silencieusement ses pupilles lorsqu’elles s’égaraient sur sa silhouette, obligeait ses talons à se tourner quand elle l’apercevait au bout d’un couloir. Elle n’aurait pas pu imaginer que se priver du jeune homme serait aussi difficile, un tourment sans doute accentué par la perte jumelée de son unique confident. Elle s’était habituée à tout un tas de choses irremplaçables, un réconfort évident qu’il n’avait certainement pas conscience de lui apporter. A ces sourires équivoques qu’ils partageaient, ces gestes en l’apparence innocents qui signifiaient beaucoup, et ces mails aussi, qui constituaient son seul exutoire. Si seulement ces deux personnes étaient deux individus différents, la jeune fille n’en aurait pas fait toute une histoire. Mais les faits étaient là, et elle devait faire son maximum pour s’éloigner de cette pernicieuse tentation qui ne la mènerait qu’à sa perte, une autre désillusion. Le risque était trop grand, mieux valait prévenir que guérir à ce que l’on prétendait.

    D’un autre côté Yoan venait tout simplement de lui sauver la vie, alors comment pourrait-elle mettre à exécution ce plan sordide qui consistait à le repousser aussi loin que possible, de toutes ses forces, et avec toute son âme ? Elle ne pouvait s’empêcher de songer à sa sœur décédée, celle dont l’auteur anonyme lui avait parlé après des mois de conversations. Cette responsabilité qu’il endossait, et qui le détruisait de l’intérieur car il ne souhaitait pas s’en défaire, refusant de comprendre que personne n’était capable d’anticiper les évènements qui s’étaient déroulés ce jour là. Si River était morte entre ses mains elle aussi, elle n’aurait sans doute fait qu’accroître ce sentiment d’impuissance face à la mort de ses proches. L’étudiante secoua la tête pour chasser ces pensées qui la suppliciaient, ce n’était pas la première fois qu’elle allait devoir se montrer cassante et sèche. Torpiller ses meilleures relations était une habitude, néanmoins il fallait avouer que les circonstances rendaient la tâche bien plus complexe à l’américaine, quoique l’on pouvait penser qu’il ne la haïrait que davantage de son comportement odieux tandis qu’il venait de préserver sa pauvre existence. River se releva avec difficulté, poussant un petit grognement en constatant que ses jambes étaient molles et tremblantes. Glissant une main dans ses cheveux afin de les écarter de son visage, elle tenta d’afficher un air fier et arrogant.

      « Merci. Elle le regarda à peine, lui crachant ce mot comme s’il lui avait demandé des efforts insurmontables. Mais ne crois pas que je me sente redevable. »


    Sur ce elle poursuivit son chemin sans se retourner vers des coins plus éclairés, oubliant totalement le foulard qui voletait quelques mètres derrière elle dans l’obscurité, plantant là son sauveur. Son cœur se serrait un peu plus à chacun de ses pas, et ses forces l’abandonnaient petit à petit comme si elles agissaient du côté de Yoan, ripostant contre les paroles blessantes qu’elle venait de lui asséner. Deux réverbères plus loin elle s’appuyait contre un banc de métal, se laissant retomber sur le sol. De toute évidence, elle n’était pas aussi forte qu’elle l’aurait imaginée. Elle ne pouvait pas l'être alors qu'elle avait frôlé la mort, non. C'était une chose impossible pour n'importe qui ... Retenant des larmes d'impuissance, River se mordit violemment la lèvre inférieure. Mon dieu, qu'est-ce que le jeune homme allait penser d'elle. Pitoyable, voilà que la demoiselle qui tentait de faire la fière s'effondrait comme un château de cartes. Cela ne l'étonnerait guère qu'il la laisse ainsi, néanmoins elle pariait sur sa curiosité et son désir de comprendre son changement soudain d'attiture pour ne pas partir simplement. Dans un souffle, elle ne parvint qu’à lâcher un simple :

      « Merde … »

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MessageSujet: Re: On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] On sous-estime souvent les dangers que recèle l'obscurité [PV Yoan] EmptyJeu 11 Juin - 0:27


    Pas un mot de plus que ce pourquoi n’avait pu sortir de sa bouche. Pourquoi devait-il toujours se retrouver dans ce genre de situations ? Pourquoi ce soir ? Pourquoi elle ? Pourquoi pas lui ? Un millier de questions qui ne trouveraient pas réponse. Il avait paniqué, était sur le point de pleurer mais avait fini par baisser les bras. Il ne pouvait pas défier le destin, changer le cours des choses. Il avait sûrement fait tout ce qui était en son pouvoir. Il infligea quand même deux gifles à la pauvre River comme pour l’engueuler, la réprimander d’être allé se balader si près du lac. Il l’aurait fait avec elle s’il avait été là, connaissant son insouciance mais elle n’aurait quand même pas dû. Il s’allongea aux côtés du corps et ferma les yeux. Fatigué, mais surtout con. Il effleura la main de River, la prit entre ses paumes un instant. Mais aussitôt qu’il sentit le froid, comme s’il avait touché la mort, il la relâcha. Bien assez brusquement pour prendre le réveil de River pour le choc de son bras contre le sol. Il ne s’en voulait pas particulièrement. Il ne réalisait pas tout à fait qu’elle était morte. Peut être qu’après tout il vivait un mauvais rêve et que dans deux petites minutes les cris de Leath le réveilleraient. Mais non, tout semblait réel, et surtout il était lucide. Pourquoi n’était-il pas juste resté là-haut ? Il se mit à réfléchir à ce qu’aurait pu être River. Il ne la connaissait pas parfaitement, mais avait passé assez de temps à ses côtés pour savoir qu’elle ne méritait pas un tel sort. Il aurait voulu être à sa place. Son désir le plus fort étant de mourir jeune. Mais le ciel n’avait pas encore décidé qu’il était l’heure pour lui de rejoindre sa sœur. River aurait du vivre, elle aurait continué à être cette jeune fille pleine de vie, souriante et toujours partante pour plus de sensations fortes. Elle se serait calmé plus tard en rencontrant un con qui l’aurait comblé en lui faisant sa demande, elle aurait eu deux enfants, un garçon et une fille : Thomas jeune délinquant & Andy gothique suicidaire, et puis finalement, elle aurait regretté sa jeunesse, son insouciance, se serait sentie coincé dans un mauvais mariage, s’y serait accommodé ou aurait demandé le divorce. Elle l’aura échappé belle.

    Mais juste au moment où il arriva à la conclusion que c’était un mal pour un bien, Yoan dû ouvrir les yeux. Quelque chose bougeait à ses côtés. Il retint une intonation de surprise, se leva d’un bond. River était toujours vivante. Elle recrachait de l’eau. S’il avait eu la présence d’esprit nécessaire à cet instant là, il le lui aurait déconseillé. Il ne faut pas vider les poumons d’une victime de noyade. La raison ? Des risques qu’il ne faut pas prendre. Seulement, à cet instant, il pensait à tout sauf à cela. River était bien vivante, finalement elle vivrait assez pour rencontrer le con et vivre malheureuse. Quel dommage. Mais au moins, il pourrait continuer d’être son ami, de la voir sourire et de l’entrainer dans ses conneries. Il se demanda s’il devait faire quelque chose, elle tremblait de froid, son regard était vide, et son teint avait pris la couleur d’un zombie. Il n’avait pas de couverture à lui tendre, et la cigarette qu’il aurait pu lui offrir en guise de réconfort devait se trouver dans les profondeurs du lac. Il continua à l’observer, se sentait de trop, ne savait que dire. D’habitude en présence de la jeune femme, il n’avait pas besoin de chercher ses mots. Mais concédons que l’occasion n’est pas tout à fait ordinaire. Elle semblait embarrassée, il ne comprît pas pourquoi une tel gêne. Elle le regardait à peine. Avait-il fait quelque chose de mal ? Peut être qu’elle avait senti les baffes et qu’elle n’avait pas vraiment apprécié. Avec les filles, Yoan avait souvent du mal. Il avait passé le plus clair de son enfance entouré de filles, des amies de Lilas, les copines de Connors, les groupies du groupe mais jamais il n’avait pu percer à jour le secret de leurs humeurs. Il se plaisait à analyser tout un chacun mais quand il était question des femmes, le jeune homme séchait plus qu’autre chose. Il ne perdait pas pour autant espoir. C’est bien en forgeant que l’on devient forgeron ! Dans son cas, le jeune homme mit l’attitude de la demoiselle sur le compte de l’embarras, peut être de la panique, de la peur. Après tout, il ne pouvait pas vraiment savoir ce qui pouvait passer par la tête d’une demoiselle qui a échappé à la mort. Premièrement, c’était une demoiselle et deuxièmement il n’avait jamais été aussi près de mourir. Il avait bien perdu conscience une ou deux fois, avait été conduit aux urgences également, seulement il n’avait jamais souffert ce qu’avait dû ressentir River dans l’eau. Il s’était encore moins imaginé que la demoiselle pouvait le fuir ou lui en vouloir pour quoique ce soit. Pas même quand elle détourna le regard, pas même quand elle se leva.

    C’est le merci brusque que lâcha la jeune femme qui lui mit la puce à l’oreille. Il fronça les sourcils, ressentant son merci comme une insulte. Yoan ne s’était jamais considéré comme un héros. Pas un instant, il n’aurait relevé si elle ne l’avait pas remercié. Mais une telle intonation, suivie d’un regard aussi dur et arrogant, il ne pouvait que trouver cela dégradant. Pas particulièrement fier pourtant le jeune homme. Il ne se mit pas pour autant en colère, il pouvait trouver de la patience quand cela l’arrangeait. Et après avoir cru qu’elle avait rendu l’âme, il avait plus que de la patience à offrir à la demoiselle. Si elle n’avait pas pris un tel air, il lui aurait sauté au cou, l’aurait empêché de se lever seule, enfin bon, aurait sorti l’attirail de l’ami-attentionné-au-petit-soin-de-son-amie-en-détresse. Malheureusement, elle n’en voulait pas de ce type un peu collant et lourd sur les bords malgré toutes les bonnes intentions du monde. Et puis finalement, après avoir lancé une deuxième réplique bien cassante, elle s’était tout simplement sauvée sous le regard halluciné de l’Omega.

    Le foulard de la jeune femme volait en même temps que toute logique en Yoan disparaissait. Ils avaient l’air de bien s’entendre la dernière fois qu’ils s’étaient vus, non ? Tout en suivant le chemin de River, le jeune homme essayait de se souvenir d’un incident qui aurait pu fâcher son amie. Il était tellement souvent con et maladroit qu’il ne s’en rendait même plus compte. Il ne l’avait pas vu depuis ce qui semblait comme une éternité. Yoan n’avait généralement pas peur des embrouilles, mais appréciait qu’on l’avertisse ou qu’au moins on lui dise ce qui ne va pas. Ce qui n’était évidemment pas le cas de la jeune THETA. Perdu dans ses pensées, il avait tout simplement perdu sa trace. Il regarda autour de lui, mais la lumière des réverbères blanchissait sa vue. Heureusement, il pût apercevoir, une ombre contre un poteau. Une ombre qui ne pouvait appartenir qu’à River. Yoan savait bien qu’elle ne réussirait pas à aller bien loin. Il s’approcha d’elle discrètement. Elle s’était écroulée contre un banc, il s’assit sans un mot à ses côtés. Elle devait se sentir mal, ayant encore moins bonne mine que quand il l’avait sortie de l’eau. Ca n’avait pas de sens, à moins qu’elle ait chopé une infection ou un rhume. Lui-même était parcouru de frissons de temps à autre, il avait d’ailleurs abandonné son tee-shirt au bord du lac. Il mourrait d’envie de lui demander si elle avait quelque chose contre lui, s’il avait merdé en quelque chose mais l’état de la jeune femme le préoccupait. De plus il faisait froid et elle n’avait pas vraiment l’air d’être consciente. Il glissa une main sous les genoux de la demoiselle et porta l’autre au niveau de sa taille, il réussit ensuite sans beaucoup de mal à la porter. Il sentit qu’elle allait riposter, se débattre dans le sens où bougeait son corps, il chuchota un « Chuuuut ! » Mais il ne fallait pas pour autant qu’elle s’endorme où qu’elle sombre dans l’inconscience, il devait donc la tenir éveillé. Il essaya avec le plus grand sérieux du monde à chercher une histoire qui pourrait la divertir. Au bout de cinq minutes de recherches, il réussit à débiter sur un ton assez énergique une histoire bidon mais dont Yoan ne s’était jamais lassé.



      - « C’est l’histoire de Mr Lapin dans la jungle. Mr Lapin courait dans les bois, entre les arbres quand il rencontra Mr Eléphant en train de se fumer un pétard, alors Mr Lapin dit à Mr Eléphant : Noon Mr Elephant, il ne faut pas toucher à la drogue, viens courir avec moi ! Mr Elephant à contre cœur accepte, il commence à courir avec Mr Lapin quand ils rencontrent Mme Girafe, ils la trouvent en train de s’enfiler des raies de coc’, Mr Lapin intervient alors avec le même refrain et Mme Girafe se retrouve à courir à leur côtés… Au bout d’un sprint de plusieurs kilomètres, ils se retrouvent chez le roi Lion, seulement lui aussi est en plein shootage de héroïne, alors en chœur Mr Lapin, Mme Girafe et Mr Elephant lui font la morale et l’invitent à se joindre à leur course, alors le roi Lion réplique : Mais ça va pas ? A chaque fois que ce foutu lapin prend de l’ecsta’ il veut faire courir avec lui toute la jungle ! »




    Se tordant de rire tout seul, il réussit après quelques secondes à ouvrir les yeux et jeter un œil à River. Ils avaient bientôt atteint la maison mais Yoan voulait retarder leur arrivée. Il Il essayait de détendre l’atmosphère en évitant le conflit mais il voulait lui dire, il voulait lui demander. Savoir, comprendre. Mais il n’osait pas. Peut être se faisait-il des idées après tout.

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