Mercredi soir, comme tous les soirs depuis son anniversaire le garçon enchainait soirée sur soirée pour oublier ce qui c'était passé avec David, ou plutôt devrait-on dire ce qui ne c'était pas passé. Ce soir-là néanmoins il avait décidé de se saouler tout seul dans sa chambre afin d'être sûr d'être là quand Thomas arriverait le lendemain matin. Il avait peur de trop boire et de pas pouvoir rentrer s'il sortait en ville...
Turner avait réussi à rapporter en douce plusieurs bouteilles d'alcool, histoire de pouvoir boire ce qui lui chante. Il était près de minuit, le garçon déjà bien éméché se connecta sur msn dans l'espoir de pouvoir parler à quelqu'un. Or, à cette heure-ci il savait pertinemment qu'il n'y aurait pas grand monde sauf peut-être Chris. Son Chris. Car même si leur passé en commun était quelque peu houleux sur certains et que le brun aimait David, il considérait toujours l'autre garçon comme son Chris. Malgré tous ces efforts il n'arrivait décidément à oublier l'autre garçon, surtout depuis que le Sigma ayant appris que son ex était seul le draguait assez ouvertement. Mais au moins avec lui, il se sentait un minimum aimé!
Comme il l'avait prévu Loyenz était bien connecté sur msn, ils parlèrent longuement, comme chaque soir, de temps en temps le Thêta se resservait un verre. Il était plus de six heures du matin quand la fatigue pris le dessus sur tout le reste...

Toc. Toc. Toc Turner se réveilla en sursaut et se dirigea plus en titubant qu'autre chose vers la porte de sa chambre. Il avait une migraine assez conséquente, et avait du mal à se rappeler ce qu'il avait bien pu faire la veille, ou, pour être plus exact ce qu'il avait bien pu sortir comme ânerie à Chris. Il ouvrit la porte et surprit découvrit Thom devant.

Il jeta un rapide coup d'oeil à sa tenue et fort heureusement il s'était endormi habillé d'un jean. Il devait juste avoir l'air d'être tombé du lit, faisant un faible sourire à son ami il se passa une main dans les cheveux en guise de dire "je suis peigné", avant de repartir dans la chambre en laissant la porte grande ouverte.

Au bout d'environ deux minutes il mit enfin la main sur ce satané habit et rejoignit son ami.

Oui, au réveil, le garçon était bizarre et plutôt grognon, mais ça Thomas devait avoir l'habitude....

- Mercredi 18 Août 2010 –
C’était le grand jour. Le jour J pour finaliser ses valises. Vérifier s’il ne lui manquait rien, même si dans les premiers temps le garçon reviendrait tous les weekends chez ses parents. Le Thêta avait assez de sous vêtements de rechange pour sa demie semaine. Les chaussettes, pareil. Il ne prit qu’un tee shirt et un pantalon de ville dans son sac. Avec les habits qu’il aura à son départ, cela devait largement subir. Thomas prit aussi un gilet au cas où il ferait froid. Le futur étudiant n’avait pas pris ses appareillages de kiné avec lui. Pour deux jours cela n’était pas la peine. Ici, le jeune Erzak ne venait qu’en repérage à Berkeley. Rien de plus ni moins. Le garçon emménagera dès que son meilleur ami Swen pourrait l’aider. Le fils du chirurgien ne voulait pas l’implanter là comme ça comme un boulet et gâcher la journée de celui qu’il avait toujours considéré comme son frère de cœur à faire les navettes Pacifica Berkeley – Berkeley Pacifica x fois sur la journée pour trimbaler des cartons. D’autant plus que le nouveau Thêta avait rendez vous avec le directeur que le lendemain pour régler les dernières modalités. On pourrait réellement dire qu’être handicapé était handicapant dans tous les sens du terme. Thomas savait qu’en intégrant cette prestigieuse université, il n’y aurait pas beaucoup d’étudiants comme lui, assis, cloué là constamment en fauteuil roulant. Le pauvre s’attendait même à être le seul.

Vint l’heure d’aller se coucher. Chandler, le père de Thomas s’occupait de son fils depuis que Kimberley, l’auxiliaire de vie de ce dernier dût prendre un arrêt maladie. Voyant son fils stressé, le docteur voulut le rassurer.

Chandler: " – Ne t’inquiète pas P’tit Thom’. Tout va bien se passer là bas. J’en suis sûr. Et puis tu ne seras pas tout seul. Il y a Swen qui sera prêt de toi, mon fils “
Thomas : " – Mais Papa… Je ne pourrais pas coller Swen du matin au soir comme ça. Lui, il a déjà une vie là-bas. Des amis… “
Chandler : " – Et toi, tu es son meilleur ami…“
Thomas : " – Oui peut être mais… “
Chandler : " – Mais quoi Thomas ? “
Thomas : " – Papa, j’ai peur… Peur de revivre tous ce que j’ai vécu ici à Pacifica. Les gens sont tellement méchants… Et étant en fauteuil, je suis plus vulnérable qu’un autre garçon. “
Chandler : " –Ne penses pas à tout ça. Allé dors un peu mon fils. Demain on se lève de bonne heure pour charger la voiture. On a un peu de route à faire… “

L’homme embrassa son enfant sur le front. Il partit en éteignant la lumière derrière lui.

- Jeudi 19 Août 2010 –
Le réveil de Thomas sonna à 7hoo. Le garçon coupa l’appareil et se frotta les yeux. Sa chambre faisait vide. Pendant qu’il dormait encore, son père avait pris sa valise et avait déjà chargé le coffre. Il ne restait plus qu’une place pour le fauteuil roulant. L’homme aida son fils à se lever et à se préparer. Le temps de déjeuner et monter dans le véhicule, il était déjà 9h00. Les Erzaks arrivèrent à 10h00 au campus. Etant pressé, le chirurgien ne peut que déposer son fils devant la confrérie. Il l’aida à se rasseoir dans son fauteuil et lui posa son sac sur les genoux. Le chirurgien n’avait plus que le temps de retourner sur Pacifica. Il avait une intervention de programmée ce jour là. L’homme pria son fils de passer le bonjour à leur voisin et partit.

Devant la grande bâtisse, Thomas respira un grand coup.

Thomas : " – Allé bon, c’est parti ! “

Le garçon entra sans difficulté. Il n’y avait pas de marche à l’entrée. Il trouva assez facilement l’ascenseur. Il savait que la chambre de Swen se situait au premier étage. Elle portait le numéro 1. Sans doute celle réservé aux présidents de confrérie. Ca il ne le savait pas encore. C’était la première fois que P’tit Thom’ venait ici. Arrivé devant le logement de son ami, le garçon toqua à la porte. Swen lui ouvrit. Thomas ne put s’empêcher de rigoler en voyant la tête de son voisin. Turner laissa la porte ouverte pour qu’Erzak entre pendant qu’il était à la pêche au tee shirt.

Thomas : " – Tu ne me l’aurais pas dit, je ne l’aurai pas deviné Amigo ! Mieux vaut ne pas te demander qu’est ce que tu as encore fait cette nuit Swen… Sinon ça va bien. Un peu stressé mais bon… Ca devrait bientôt aller mieux je pense. Sinon il est 10h17. Et non non, je n’avais pas précisé d’horaire je crois. Sinon toi ça va ? “

Le Thêta mit un certain temps à comprendre ce que voulais dire son meilleur ami dans sa première phrase. ouais ça se voyait qu'il sortait tout juste du lit et alors? Il ne comptait aller nulle part excepté dans la chambre de Thomas, il ne "risquait" donc pas grand chose.. Et puis de toute manière ce n'était pas comme s'il était en tenue indescente non. Il avait juste le regard assez endormi, et la tête dans le cul.
Un petit sourire s'afficha sur le visage de Turner quand Thomas lui dit qu'il ne fallait pas aller chercher midi à quatorze heures sur ce qu'il avait fait cette nuit. Ah, cher amigo, il n'y était pas du tout...

Il bailla discrètement, et rajouta

Swen jeta un regard qui se voulait inquiet sur son ami avant d'éclater de rire, et de finalement rajouter

Cette fois-ci, il laissa un gros blanc, histoire que son meilleur ami puisse répondre

P’tit Thom’ connaissait bien Turner. Et pour cause, c’était tout simplement son ami d’enfance. Cela faisait quatorze ans qu’ils se connaissaient ces deux là. Ils étaient voisins. Ils avaient grandi ensemble. Il n’y avait que ces deux dernières années, depuis que Swen avait rejoins Berkeley, que les bests se voyaient moins. Thomas en avait souffert car depuis l’accident, il n’avait plus que ce Thêta comme ami. Depuis qu’il avait quitté l’école, le garçon ne voyait plus que lui, ses parents, ses soignants et ses proches voisins. Il n’était plus sorti de chez lui. Même ses cours, il les avait faits par correspondance. De part ce fait, le jeune Erzak n’avait pas à subir le regard de ses professeurs ni des autres élèves. Lui qui aimait sortir et faire la fête, qui était populaire autrefois, depuis le drame qui bouleversa son existence, le jeune homme n’était plus que l’ombre de lui-même. Et encore…

La tête que Swen avait le faisait rire. Thomas empoigna les barres de ses roues et les poussa légèrement vers le sol pour faire avancer son fauteuil dans la chambre. Puis il prit son sac de ses genoux pour le déposer un peu à terre. Pendant ce temps là, l’autre Thêta chercha son tee shirt qu’il enfila dès son bonheur trouvé. Turner expliquait à son ami qu’il se faisait des idées. Cela faisait plusieurs mois à présent que son best ne lui avait plus raconté ses prouesses avec tel ou telle. Lui qui avait toujours été assez porté sur la chose, Thomas se demandait pourquoi Swen avait cessé de se confier à lui. Ce à quoi le nouvel étudiant rappliqua à son pote quand l’autre lui laissa enfin la parole.

Thomas: “ – Swen, tu sais que tu peux tout me dire. Je ne t’en voudrais pas si tu me disais que tu es monté au septième ciel avec je ne sais qui tu sais. Bien au contraire je serai content pour toi. Et ce n’est pas parce que je suis encore puceau que je ne peux tout entendre. D’ailleurs avant ça ne te gênait pas. Alors je ne comprends vraiment pas pourquoi t’es devenu mystérieux d’un coup. Du jour au lendemain, t’as décidé de ne plus rien me dire c’est ça ? ” Il se tut un instant puis reprit avec une pointe d’amertume dans la voix. “ – Enfin si tu ne veux plus rien me raconter sur ce plan là, ce n’est pas grave. Mais sache que le jour où je le ferais, tu seras la première personne au courant. Enfin…” Il y eut un nouveau blanc. “ – Faut-il encore qu’une fille veuille bien coucher avec un handicapé. Et mise à part une prostituée contre de l’argent, aucune fille ne voudra de moi… ”

Thomas souffrait toujours autant de son handicap. Il se sentait seul. Terriblement seul. Le fait que Swen s’éloignait de lui, le garçon l’avait pris comme un rejet. Mais ça, il ne pouvait pas en vouloir à son meilleur ami. Il ne pouvait pas lui reprocher d’avoir une vie bien remplie. Enfin quelque chose qu’il n’aura plus. Avant que Turner ne lui réponde, le jeune Erzak enchaina sur le sujet de sa chambre. Si cela pouvait éviter à Swen de revenir sur cette conversation, Thomas ne pourrait s’en porter que mieux.

Thomas: “ – Je pensais que tu allais pouvoir me renseigner pour ma chambre. Parce que là je n’en ai encore aucune idée. Je n’ai rendez vous avec le directeur que cet après midi. Donc voilà je ne peux pas te dire pour le lit. Est-ce qu’il y a au moins des lits médicalisés ici ? Parce que sinon ça ne fera que compliquer les choses pour Elena et pour moi-même. Je n’ai pas envie qu’elle se fasse mal de ma faute… ”

Thomas avait seulement rougi en parlant de la Zêta. Faisant mine de rien, le garçon observa la chambre de son meilleur ami. Swen ne connaissait pas encore les sentiments de P’tit Thom’ pour l’étudiante.

Visiblement son ami ne croyait pas que depuis qu'il avait quitté David la première fois il ne s'était rien passé, c'était presque frustant de ne pas être cru de la sorte! Il se renfrogna légèrement,il n'aimait pas quand Thomas parlait de lui de la sorte, comme quelqu'un qui couchait à droite et à gauche alors que ça faisait bien longtemps que ce n'était plus le cas. Enfin, il est vrai que célibataire et en tant normal, lors de soirées bien arrosées cela avait bien du lui arriver mais pas de là à enchainer les conquêtes. Il voulait une relation stable, durable, sérieuse, un peu comme il avait eu avec Chris, sans la rupture bien entendu. De plus il voyait que Thomas lui en voulait.... Lui en voulait pour quelque chose qui n'avait même pas eu lieu.
Super, la journée commençait bien. Comme s'il ne sentait déjà pas assez mal d'être seul, loin de David -avec qui d'ailleurs il n'avait aucun rapport depuis environ 3mois et demis si ses comptes étaient bons-, il fallait en plus que son meilleur ami vienne le faire sentir coupable de ne plus se confier à lui. Ce n'était quand même pas de sa faute, si depuis des mois sa vie était plate, sans aucun interêt et compagnie. Si ça n'avait pas été Thomas il aurait carrément laissé le garçon en plan, mais il tenait trop à son meilleur pour s'engueuler avec lui pour un détail. Il décida donc de prendre sur lui et de faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes alors que ce n'était pas du tout le cas. Puis Thomas changea de sujet sur la première personne qui serait au courant quand il franchirait le pas. Hum, ouais enfin façon de parler, parce que la première vraiment au courant sera surtout la fille non?
Enfin soit, quand il put enfin en placer une, le garçon se racla la gorge avant de commencer

Il se trompait rarement sur les filles qui plaisait à son ami, et pour cause, il avait bien souvent tenter de jouer les entremetteurs, bien que le plus souvent cela avait été voué à l'échec... Il savait que Thomas finirait par lui dire si elle lui plaisait ou non, s'il ne voulait en entendre parler toute a journée, sans cesse, le pauvre Erzak avait pas bien le choix. Pas du chi**t le Turner quand il s'y met!

Quand Swen mit gentiment les points sur les I à son meilleur ami, Thomas se sentit bête et mal à l’aise sur le coup. Etant plus jeune, il avait tellement connu son voisin s’envoyer en l’air avec n’importe qui qu’Erzak ne pensait pas que Turner avait changé avec le temps. Là son best vivait une rupture sentimentale. A l’époque, quand Chris l’avait quitté, Swen s’était consolé comme à ça. Et aujourd’hui il ne voulait pas trompé son chéri alors qu’ils n’étaient même plus ensemble ? Thomas avait du mal à comprendre.

Thomas : “ – Mais ça ne te manque pas le sexe ? Enfin je veux dire… Je ne sais pas en fait. Euh… Ca doit être bien de sentir un corps chaud contre le tien, qui te caresse, qui te fait des bisous et tout et tout quoi… ” Il y eut un blanc. Le jeune garçon en fauteuil était bien triste. C’était si évident qu’il mourrait d’envie de connaitre tout cela. “ – Enfin, je suppose… ”

Quand Thomas disait que le jour où il passerait à l’acte, la première personne au courant serait Swen, c’était tout simplement parce qu’il n’avait pas l’intention de dévoiler sa virginité tardive à celle qui sera sa première partenaire. Du haut de ses 22 ans, Erzak avait un peu honte d’être encore puceau. Même s’il en parlerait librement avec son meilleur ami, il savait au moins Turner ne le châtierait jamais avec ça. Alors qu’une personne qu’il viendrait de rencontrer, ce serait totalement différent. Déjà que subir le regard des autres sur son handicap, alors si en plus les gens étaient amenés à découvrir son inexpérience… Soit ! Avec un peu de chances, la fille avec qui couchera Thomas ne se rendra pas compte de ce détail là. Dans ce cas là, le garçon pourra dire merci à son poignet.

Thomas : “ – Mais qu’est ce qui te fait dire que tu as encore toutes tes chances avec David ? Je pensais que c’était lui qui t’avait largué. Des fois j’ai vraiment du mal à vous suivre tous les deux. Vous êtres trop compliqués. Vous ne pouvez pas vous simplifier la vie de temps en temps ? Bon et puisque tu en parles, je veux bien que tu prennes mon sac s’il te plait. Il n’est pas lourd. Je n’ai pris des affaires que pour deux jours. Je repars chez mes parents ce weekend… ”

Thomas ne disait plus rien. Il avait volontairement omis de répondre au Thêta sur le sujet Elena.

Si ça ne lui manquait pas le sexe. Si bien sûr, mais il savait un minimum se tenir comme ça! Et puis, ce n'était pas comme s'il n'y avait que ça de bon dans la vie... Enfin bon, les dires de Thomas rendirent le Thêta nostalgique de son petit ami.

Thomas se remit ensuite à parler, disant qu'il n'arrivait pas à les comprendre avec David. A vrai dire même Turner n'arrivait pas à comprendre l'ex Alpha, alors pour les personnes extérieures à leur relation il est vrai que cela devait paraitre assez étrange et compliqué, surtout pour ceux qui connaissaient Flint et sa "réputation". Ne sachant pas trop quoi répondre, Swen se contenta de prendre le sac de son ami sans trop rien rajouter, il essayait de trouver la bonne formulation pour faire comprendre à son ami que lui-même était perdu dans cette relation, sans que toutefois Erzak se mette à détester Flint pour le mal qu'il faisait à son ami..
Pourquoi tout était toujours aussi compliqué? Il n'aurait pas pu tomber amoureux d'un garçon -ou d'une fille- "normal" qui ne lui causerait pas autant de problèmes et de soucis? Non, il avait fallu qu'il tombe sur le gros lot des emmerdes et des complications. Enfin, malgré tout il l'aimait son David, à la folie même et il n'aurait échangé sa place pour rien au monde.

Bon. Question ne pas monter Thomas contre David, il y avait encore des points à revoir, mais à vrai dire le Thêta n'avait pas trouvé d'autres formulations plus adéquates que celle-ci pour son ami.
Il se mit en suite en face de son ami et le regarda dans les yeux, sourire aux lèvres.

La dernière phrase n'était pas une menace, et voulait juste dire, que n'ayant aucun tact, si Thomas ne lui disait pas la vérité immédiatement, les pauvres jeunes femmes se nommant Elena seraient harcelées de questions assez personnelles...

Le jeune garçon en fauteuil roulant écoutait attentivement la réponse de son meilleur ami. Avoir des relations intimes lui manquait. Swen était comme nostalgique le temps de quelques secondes. Le président des Thêtas était absent. Son esprit s’était égaré dans ses songes. En l’observant, Thomas n’osait pas imaginer à quoi l’autre pensait. Erzak grimaça légèrement. Turner savait au moins ce que ça voulait dire d’avoir un partenaire et de lui faire l’amour. Lui, il ne savait pas. Le nouvel arrivant baissa la tête et ferma les yeux en soupirant profondément. Il rêvassait de sa belle Elena. Cette Zêta, cette merveilleuse brunette. Cette fille était parfaite à ses yeux. Enfin un joli petit rayon de soleil qui venait éclairer sa triste existence. Dans ses fantasmes, le nouveau Thêta s’imaginait être proche, très proche d’elle. Qu’il lui caressait tendrement la joue. Qu’il osait goûter à ses lèvres charnues. Se touchant la bouche, Thomas ne pouvait que se représenter la douceur de celle d’Elena. Dans ses utopies les plus folles, Thomas rêvait qu’il marchait, qu’il avait retrouvé l’usage de ses jambes et qu’il se baladait main dans la main sur une plage déserte avec sa belle. Rien que cela, rien que ses images lui brisaient le cœur. Le garçon en fauteuil roulant savait que tout cela n’était qu’illusion. Sa moelle épinière était foutue à jamais ! Il était condamné à vie sur cette maudite chaise qu’il haïssait tant ! L’envie de pleurer lui venait soudain à cause de cette dure et triste réalité qu’était la sienne, Thomas retira immédiatement ses doigts caressant la bouche. Voyant que Swen le fixait d’un air amusé, le pauvre baissa la tête. Il ne savait plus où se mettre. Le président des Thêtas ne se rendait pas compte des souffrances de son meilleur ami. Cela devait faire 8 ou 9 ans que Turner avait une vie privée, qu’il connaissait des histoires d’amour ou des simples aventures d’un soir. Erzak ne connaissait rien de tout cela. Son ami d’enfance vivait dans la réalité. Il avait des souvenirs plein la tête. Lui, il n’avait que son imagination. Si débordante elle pouvait être, cela ne remplacerait jamais une femme. Ni ses mains, la chaleur de son corps, ses baisers… Comme n’importe quel autre garçon, Thomas aurait pu avoir des amourettes à l’adolescence. Enfin… S’il n’aurait pas été aussi manchot et maladroit. S’il n’aurait pas préféré vivre pleinement son enfance avant de se compliquer l’existence avec des histoires de cœur. Puis il avait été amoureux de son voisin, de son ami d’enfance, de son meilleur ami. Oui ! Thomas avait été très attiré par Swen lui-même, en personne. L’autre n’avait jamais su les sentiments que nourrissait son acolyte envers lui. Chris était là. Les deux garçons vivaient une grande et belle histoire d’amour. Erzak n’avait pas le droit de gâcher leur bonheur. Il souffrait en silence seul dans son coin. La plupart du temps à trois, Thomas n’avait jamais rien di quand les deux autres s’éclipsaient au beau milieu d’un film ou autre, pensant qu’il dormait. Le désespérément célibataire savait pertinemment ce que Swen et Chris partaient faire. Depuis ce qu’il s’était passé sous la tente, Thomas savait que le couple avait une vie intime très intense. Il aurait fallu être bête pour ne pas s’en apercevoir. Puis vint l’accident. Son séjour interminable à l’hôpital. Son handicap… Thomas n’avait jamais eu la chance de connaitre l’amour. Et maintenant qu’il avait différent des autres, le garçon devait se rendre à l’évidence. Jamais aucune fille ne voudrait de lui. Et encore moins la belle Elena.

Pour faire passer son malaise, Thomas se mit à parler de David. Le copain de Swen. Il avoua ne pas les comprendre ensemble. Les incessants je t’aime moi non plus, Erzak ne comprenait pas pourquoi ils se compliquaient l’existence et qu’ils se déchiraient sans cesse alors qu’ils pouvaient vivre heureux et en paix.

Thomas : " – Hum… Si tu le dis… “

C’était tout ce que P’tit Thom’ trouva à répondre sur les explications de Swen concernant son couple.

Le pauvre avait malencontreusement énoncé le prénom d’Elena. Ce n’était pas rentré dans l’oreille d’un sourd. Thomas se mordait déjà les doigts. Swen lui barra la route en s’appuyant sur les appuis coudes du fauteuil de son ami. Il voulait à tout prix savoir qui était cette Elena. Thomas resta un instant interdit puis bafouilla en rougissant et changeant de sujet.

Thomas : " – El…Ele…Elena… C’est… Elle est juste ma nouvelle assistante de vie ! Enfin quand… Quand elle sera de retour de vacances. Voilà ! Bon… Euh… Tu… Tu me montres ma chambre s’il te plait Swen ? “

Thomas se défila le temps que Turner prenne son sac. Le jeune handicapé était déjà rentré dans sa nouvelle chambre quand Swen arriva. Le nouveau était à la fenêtre. Il observait la vue qu’il avait. Puis d’un coup, Erzak demanda à son meilleur ami.

Thomas : " – Comment tu fais pour draguer une fille ?... Enfin non, laisse tomber. C’est nul et stupide comme question… Surtout à 22 ans… “

Le jeune handicapé était nerveux. Jamais Swen ne l’avait vu comme ça. Thomas faisait les « 400 pas » dans sa chambre. Enfin… Disons plutôt qu’il roulait partout. A droite, à gauche, en avant, en arrière… Rien que d’imaginer que Swen découvre qu’il était amoureux de sa belle Elena le stressait à mort. Il n’osait même pas imaginer dans quelle gêne il se retrouverait si l’autre décidait de la trouver et tenter de lui arranger un coup avec. Il ne fallait pas oublier qu’Elena n’était pas n’importe qui. Cette fille allait partager des moments très intimes avec Thomas. Mais le cadre professionnel uniquement. Au grand regret de l’aidé.

Le garçon ne savait pas trop quoi répondre. Swen voyait bien que son meilleur ami s'était amouraché de la jeune femme dénommée Elena. Il fallait qu'il trouve une phrase intelligente à dire, histoire d'aider son ami, de lui dire qu'il avait toutes ses chances.

Il se tut un moment, le temps que Thom lui demande comment il fallait faire pour draguer une fille. Bonne question, et il ne savait pas trop quoi répondre, il n'avait pas une technique de drague particulière. Déjà, il préférait se laisser draguer, après il avait assez de tchatche et une bonne répartie, il était plutôt gentil et drôle, bref de quoi attirer les filles assez aisément. Après quelques secondes de silence, il reprit

Il fit un grand sourire à son ami. Oh oui il était capable d'aller s'habiller comme une fille quitte à finir dans le blog de WO, ce n'était pas grave. Que son ami trouve chaussure à son pied était bien plus important pour lui! Enfin maintenant il allait falloir que l'autre garçon accepte, et ça ce n'était pas du tout certain