Aujourd’hui, Logan n’était réellement pas motivé. A vrai dire, il avait passé une semaine atroce… Non seulement ses résultats en cours n’étaient pas glorieux, mais en plus, il passait son temps à se prendre la tête avec les autres étudiants. C’était bien simple, ceux-ci refusaient tout bonnement d’intégrer l’androgyne dans leur groupe. Certes… ça blessait ce dernier mais ce n’était pas une raison pour l’insulter de toutes les façons possibles et imaginables. Logan a bien souffert durant sa jeunesse, et voilà que maintenant, alors que la plupart des adolescents ont autour de 20 ans, ça recommençait. Comme quoi… la mentalité n’évoluait pas beaucoup.

Maintenant qu’il sortait de cours, le beau brun se rendit chez lui, la tête pleine de mauvaises pensées et de regrets. Que faisait-il ici ? C’était la principale question… Logan avait tout quitté : sa famille, ses amis, son petit-ami… Ce dernier lui manquait horriblement et le jeune Davies commençait sérieusement à se demander pourquoi il était parti de Londres… là où il avait absolument tout. Jamais il ne pourrait retrouver son chéri, il en était malheureusement convaincu. Ses études ? Au jour d’aujourd’hui, il s’en fichait totalement. C’est vrai qu’il rêvait de travailler dans le stylisme, de pouvoir faire ses propres vêtements etc., mais à quel prix ? Tout ça ne le mènerait nulle part puisqu’il ne pourrait pas affronter les éventuelles difficultés seul. Logan avait besoin de soutien.

Quoi qu’il en soit, après toutes ces choses sombres énoncées, il était normal que Logan veuille s’aérer l’esprit, qu’il veuille oublier ses soucis et qu’il cherche donc à penser à autre chose. Bien que cela soit extrêmement difficile.
Le jeune homme se prépara donc habituellement : un jean moulant, tout comme son t-shirt. Son maquillage, une coiffure lisse au possible etc. Un Logan Davies comme on en avait l’habitude de le voir. Maintenant, où aller ? Très simple, le jeune androgyne allait tout simplement se rendre au bar du coin et se boire tous les verres d’alcool possible jusqu’à ce qu’il ne sache plus comment il se prénommait. C’était grave d’en arriver là… mais que voulez-vous, chacun noie ses problèmes comme il le peut, même si d’énormes risques pourraient lui faire regretter son acte.

Sur le chemin, tout se passa normalement, jusqu’à ce que le brun croise 2 garçons, sur le trottoir. Ceux-ci le prirent, visiblement, pour une femme puisqu’ils se mirent à le siffler sans gêne. L’un d’eux eut ensuite la bonne idée de passer une main aux fesses du beau Logan, qui ne pût retenir sa langue. Comme toujours… sauf que cette fois-ci, ça ne lui portera pas chance.

-Putain mais vous vous prenez pour quoi là !?

Et là… un des garçons s’attarda plus longuement sur sa voix. Certes, celle-ci n’était pas très grave, mais elle annonçait pourtant fortement qu’elle provenait de cordes vocales masculine. C’était indéniable. Le plus baraqué de tous s’avança alors vers l’androgyne et l’attrapa brusquement par le bras avant de l’amener près de son « ami », hilare.

-C’est un mec !

Les paroles à ne pas dire. Logan crispa ses dents parfaitement blanches avant de donner un énorme coup de poing dans le ventre de son agresseur, qui se plia en deux sous l’effet de surprise, et de douleur. Le brun s’apprêta à fuir mais malheureusement pour lui, l’autre garçon le rattrapa afin de le coller au mur, et lui mettre le même coup mais dans la mâchoire. Davies ne fût pas assez résistant. Il s’agenouilla sur le sol, la bouche en sang et le visage crispé à cause de sa soudaine souffrance.

-Salaud !

Logan se défendait toujours, quoi qu’il advienne. Il donna un coup de pied dans les parties intimes de son agresseur et se jeta sur lui sans réfléchir. Malgré tout, à deux contre un -puisque le premier homme avait reprit du poil de la bête-, l’androgyne ne faisait pas le poids. Il se retrouva rapidement plaqué au sol, avec la lèvre inférieure rouge de sang, et son t-shirt complètement déchiré sous sa veste ouverte.
Les vainqueurs s’enfuirent à toutes jambes, laissant le corps de Logan, gisant sur le sol sec mais extrêmement frais. Il souffla doucement, ravalant ses larmes, avant d’aller s’adosser contre un mur. Ses longues jambes étaient repliées contre son torse et sa tête reposait contre son front. Finalement, l’androgyne n’irait pas boire ce soir… Il n’en avait plus envie.
Malgré le fait qu’il se soit défendu, il se sentait minable… et horriblement seul.

Tout ce que souhaitait l’androgyne en cet instant-même, c’était évidemment qu’on le laisse tranquille, que personne ne vienne le secourir et vienne lui poser d’interminables questions. Il ne supportait pas la curiosité mal placée… bien que parfois, c’était bien intentionné. Quoi qu’il en soit, pour le moment, Logan préférait ne pas bouger. La douleur ne venait qu’après-coup et il ne pouvait nier le fait que ses agresseurs ne l’avaient pas raté. Le balancer aussi brutalement sur le sol pour le frapper ensuite était vraiment un acte inhumain et incroyablement barbare. Les fesses du garçons le faisaient souffrir, tout comme sa lèvre qui semblait se déchirer un peu plus à chaque fois qu’il passait sa langue percée dessus. Il grimaçait, se retenant de gémir de douleur… A quoi cela servirait, hormis avertir les éventuels passants ? Logan redressa sa tête pour la laisser retomber lourdement derrière lui, contre le mur, puis crispa instinctivement ses mains manucurées sur l’arrière de ses frêles cuisses. Peut-être que s’il dispersait ses différents lancements, ça irait mieux… mais non. Il ne fallait pas trop rêver.

Et puis à force d’attendre on ne sait quoi, Logan eut évidemment la malchance, ou la chance -tout dépend du point de vue-, d’entendre des bruits de pas se rapprocher de lui. Tout sauf ça… c’est ce qu’il ne cessait de se dire dans sa tête. A quoi devait-il s’attendre ? Les mêmes agresseurs ? D’autres ? Ses amis ? Pour la dernière solution, Logan pouvait oublier. Ses véritables amis à lui vivaient à Londres… La ville qu’il n’aurait jamais du quitter. Instinctivement, le beau brun serra les dents, enfonça ses ongles dans son jean, tout en se collant un peu plus contre le mur de béton derrière lui, comme s’il cherchait à se confondre avec celui-ci.
Les pas se firent rapprochés, rapides… puis plus lents. Logan ne pouvait éviter ceci de toute évidence. Ses yeux maquillés se levèrent vers cette présence alors qu’il se léchait les lèvres, une fois de plus. A croire que ce sang ne s’arrêterait jamais de couler.

« Laisse-moi voir ça… »

Logan ne pût se montrer réticent avant que la main de la jeune fille ne s’empare de son menton. Celle-ci lui redressait son visage, doucement et avec tendresse. C’était vraiment rare ici. Si rare que l’androgyne eut l’impression de rêver. On ne sait jamais… la douleur peut causer de dangereux problèmes psychologiques si les coups portés ont été trop violents.

« Il faudrait désinfecter ça rapidement, sinon, tu risques de ne pas pouvoir embrasser personne pendant quelques semaines. »

Embrasser quelqu’un ? Ca faisait une éternité que Logan n’avait pas goûté aux lèvres de la personne qu’il aimait. Malheureusement, les mots choisis par la jeune inconnue firent plus de mal que de bien à notre blessé. Il souffrait non seulement physiquement, mais aussi mentalement. A vrai dire, cette ville était la cause de tous ses problèmes : il était rejeté, bousculé, agressé, et seul. Bon sang mais qu’attendait-il pour retourner à Londres ?
Logan ne prit pas le temps de répondre, du moins, pas avant de voir la main de la jeune femme se tendre vers lui. Il hésita puis tendit la sienne, manucurée à la perfection et douce au possible. Des mains de filles… on pourrait y croire et pourtant. L’androgyne était bel et bien un garçon, qui prenait soin de lui et qui vivait comme il avait envie de vivre. La preuve.
Finalement, ses doigts agrippèrent gentiment la main de l’inconnue avant qu’il ne force sur ses fines jambes pour se redresser. Un exercice assez simple et qui avait demandé étonnement beaucoup d’efforts. Une fois debout, Logan retira sa main et s’en servit pour rassembler les deux pans de sa veste, cachant alors son torse dénudé à cause de son t-shirt déchiré. Il soupira silencieusement et regarda son état du haut de son mètre quatre-vingt passé. Son jean était sale, mais il n’était pas foutu… c’était déjà ça de gagner.

-Merci…

Après avoir passé une nouvelle fois sa langue sur sa lèvre inférieure ensanglanté, Logan pût reprendre la parole. Ce sang avait un goût de rouille totalement dégoutant mais il ne pouvait faire autrement, malheureusement. Le pire reste qu’il allait certainement devoir reproduire ce geste des dizaines de fois avant que le sang cesse de couler.

-Je n’embrasserais personne ici… C’est pas si grave.

Pas si grave ? Quand même ! Ce n’était pas une raison pour se laisser frapper dessus. Evidemment, Logan s’était défendu mais ça n’arrêterait certainement jamais les hommes aussi peu tolérants. Ces derniers passaient leur temps à faire souffrir ceux qui sont différents, qu’il en soit ainsi… Mais jamais l’androgyne ne se laissera marcher sur les pieds, même si pour cela, il doit se battre plus violemment encore.

-T’en fais pas pour moi, j’ai l’habitude maintenant. Tu peux faire ce que tu voulais faire au départ…

Logan ne voulait pas évincer cette jeune femme mais il ne voulait pas non plus la retenir. S’il y avait bien quelque chose qu’il détestait, c’était la pitié. Heureusement, elle ne semblait pas le prendre avec ce sentiment mais sait-on jamais. Il esquissa un léger sourire, avant de s’humidifier les lèvres.

« De rien monsieur l’Inconnu. »

C’était une façon comme une autre qu’utilisait certainement la jeune femme pour avertir Logan qu’elle ne connaissait toujours pas son prénom. Pardonnez-le, à Londres, il avait tellement l’habitude qu’on le reconnaisse, qu’il ne prenait même plus la peine de donner son identité. Peu importe, ici, c’était une tout autre vie qui débutait -malheureusement- et l’androgyne avait complètement oublié qu’ils étaient en train d’entamer une conversation sans s’être présentés. Il esquissa donc un très léger sourire avant de répondre, d’une voix douce et posée. Il ne pouvait faire autrement… Le froid lui glaçait les cordes vocales en plus de rendre son épiderme remplie de petits points autrement appelés frissons.

-Logan… J’m’appelle Logan.

Finalement, le sujet qu’avait entamé le beau brun - quand il assurait à la jeune inconnue qu’elle pouvait partir - refit surface. Décidément… Elle semblait réellement aussi têtu que pouvait l’être le garçon. Un peu de ressemblance ne leur ferait pas de mal… Pour Logan qui pensait vraiment être différent de tous, le voilà rassuré. Il est vrai que depuis qu’il était en Californie, les gens le regardaient tel un pestiféré et le jugeaient sans même le connaitre. A croire que le look et l’apparence faisaient tout… N’importe quoi. Au fond, Logan se révélait être un garçon très sensible, très gentil et incroyablement serviable. Evidemment, il choisissait ses amis. Peu de personnes pouvaient le prendre pour un imbécile.
Quoi qu’il en soit, la jeune femme s’affirma directement :

« Non, vois-tu, je ne peux pas te laisser ici dans cet état. Pourquoi ? Ne me le demande pas, je l’ignore autant que toi. Mais mon instinct me dit que ce n’est pas aujourd’hui que je vais récupérer mon portable. Dooonc, j’me plierai devant les volontés des forces suprêmes. »

Face à cette réplique, Logan ne pût que sourire, gentiment certes, mais avec un profond amusement. La jeune femme pouvait rester si ça lui plaisait, mais malheureusement, elle risquait de s’ennuyer avec cette énergumène… à en croire ce qu’on pourrait lui dire à son sujet. Finalement, peut-être que sa réputation en prendrait même un coup. Que d’ironie… Mais les gens sont d’une mentalité tellement révoltante que parfois, l’androgyne s’abaissait à leur niveau. Juste pour voir à quel point ils pouvaient être idiots. Malgré tout, ce n’était pas la nature du jeune garçon. Lui était beaucoup plus réfléchi et ne se basait pas sur de simples préjugés.

-Très bien. J’insiste pas… Pour ce qui est de mon état, ne t’en fais pas… J’ai juste très froid maintenant.

Logan baissa ensuite un peu les yeux pour voir les yeux de la miss. Sa taille n’était pas comparable à celle du garçon. La seule chose que l’on pouvait dire, c’est que les centimètres qui les séparaient étaient largement mesurables.

« Il est tombé à l’eau savonnée ce matin et depuis, il est mortifié dans son plastique. »

Triste vie pour un téléphone. Celui de Logan avait connu sensiblement la même chose. Finalement, leur regard se croisèrent encore une fois. A croire que l’androgyne avait réellement quelque chose d’intriguant.

« En ce qui concerne le fait d’embrasser quelqu’un ici… J’suis capable de te comprendre. Là d’où j’viens les gars étaient tellement gentleman ! Mais bon, États-Unis et Angleterre, Californie et Londres, ce n’est pas la même chose... Du tout… »

Londres… C’était le seul mot que retenait le beau brun de toute cette tirade de mots. Inconsciemment, un large sourire prit possession de ses lèvres, refusant de s’effacer. C’était décidemment la seule ville au monde à pouvoir faire rêver Logan, à pouvoir lui redonner la joie et l’envie de vivre. Malheureusement, il se trouvait très loin de cet endroit paradisiaque. Car oui, pour lui… sa vie là haut était un paradis. Il n’y avait pas de meilleur endroit pour être heureux. Sa famille, ses amis, son chéri… Ils étaient tous Londoniens.
Mais… La jeune femme semblait vraiment connaitre cette ville. Elle y avait vécu ? Ca serait tellement beau… Logan rêvait de pouvoir partager ses souvenirs avec quelqu’un qui aimait Londres.

-M’en parle pas… Londres c’est tellement… J’ai même pas de mots. Hormis le fait que je regrette d’être parti de là haut… J’avais tout. Tu as vécu à Londres ?

« Logan ? Un nom assez particulier… et original. Moi c’est London. »

Ow… Logan avait l’habitude que l’on attribue un petit commentaire face à l’annonce de son prénom. Oui, celui-ci était original, hors du commun mais c’était bien pour ces raisons-ci que l’androgyne adorait se présenter. Son prénom, il l’appréciait beaucoup, contrairement à certains qui se rabaissaient eux-mêmes sur leur propre prénom. Les parents Davies avaient fait un excellent choix. Malgré tout, ce n’était pas le moment de répondre face à ce détail. La jeune femme venait de se présenter à son tour, arrachant un léger sourire au garçon. London. C’était aussi très original.

-Et bien… enchanté London.

Logan lui adressa un autre sourire. Sourire qui disparut bien rapidement à cause de cette brise fraîche qui venait lui brûler la peau. Assez contradictoire comme phénomène et pourtant… L’androgyne ressentait cette effet glacial qui lui faisait mal au point de lui donner une sensation d’acuponcture. Il se mordit assez fortement la lèvre inférieure tout en serrant un peu plus les pans de sa veste blanche. Enfin…celle-ci n’était peut-être plus aussi blanche qu’elle ne devrait l’être au départ. Les agresseurs du garçon l’avaient tellement traîné sur le sol… Malgré cela, il prit quelques secondes afin de fermer la fermeture de son seul vêtement encore capable de cacher son torse ainsi que son énorme tatouage [http://img184.imageshack.us/my.php?image=tokioflopk2yv1ek5.jpg]. Il refusait de s’afficher.

« Je ne crois pas que mon manteau te sert, et je pense même que le tien est plus chaud que le mien alors...Viens, on va quelque part pour ne pas que tu prennes froid. »

En effet, Logan était déjà assez efféminé en plus de ça, pour se trimballer avec un manteau de femme sur le dos. Il esquissa un plus large sourire avant de se mordre la lèvre inférieure. Le sang ne coulait plus à présent et c’était loin de lui déplaire. Quant au fait d’aller dans un endroit réchauffé, le beau brun n’était pas sur de lui. Le fait que les gens puissent le regarder de cette façon et aussi librement ne l’enchantait pas… mais d’un autre côté, que pouvait-il faire d’autre ? Rentrer chez lui et sombrer encore dans un moment de dépression suite à l’absence de sa famille ? Non… La présence de la jeune London était loin d’être désagréable alors pourquoi ne pas en profiter un moment ? De plus, elle avait vécu dans la seule ville que Logan aimait plus que tout. Ca pourrait l’aider à aller mieux… Juste le temps d’une soirée. Au fond, ça ne lui ferait pas de mal.
Finalement, Logan n’eut pas le choix : London venait de l’emporter avec elle en l’attirant par la manche de sa veste. Le garçon se laissa totalement faire mais eut malgré tout, un reflexe tout à fait humain. Ses yeux allèrent de gauche à droite, s’assurant alors que ses agresseurs étaient bels et bien partis. Qu’ils reviennent… L’androgyne les attendait. Ce dernier ne les craignait absolument pas malgré leur différence de corpulence.

-J’te suis.

Assez bref comme réponse mais l’air pensif de London attira l’attention du garçon qui ne put s’empêcher de la dévisager gentiment.

« Oui, j’y suis née… »

De la mélancolie. C’était la seule chose que ressentait Logan en cet instant même. A première vue, London souffrait tout autant que lui suite à ce départ. A croire que cette ville avait ce petit détail -que les autres n’avaient pas- qui créait directement un sentiment de tristesse quand on s’en éloignait. Le jeune Davies hocha doucement la tête positivement, sans pour autant répondre. Il savait à quel point ça faisait mal…

« Moi aussi j’avais tout, sauf mon futur. Mais j’ai dû quitter ce que j’avais pour construire mon avenir. »

Tout sauf son futur ? Logan pensait la même chose avant, mais le fait de se sentir aussi rejeté dans cet endroit lui avait fait comprendre le contraire. Son futur, c’était quoi ? C’était tout simplement sa famille, son copain… Celui avec qui il voudrait construire quelque chose. Et si maintenant, à cause de son départ, plus rien n’était possible ? Et si jamais son homme -de son côté- était passé à autre chose ? L’androgyne avait souvent ses périodes de doute comme ça… mais depuis de nombreux jours, il ne cessait de se remettre en question. C’était simple : Logan se haïssait pour tout ce qu’il avait fait… Il avait fait souffrir sa famille en pensant que sa carrière avancerait, mais il n’y arrivait pas. En réalité, le jeune brun était parti inutilement.

-Du moment que tu y arrives… C’est tout le mal que j’te souhaite. Moi je regrette… J’aurais jamais dû partir. J’suis pas à ma place ici, les gens me traitent comme un pestiféré. J’suis pas aussi fort que j’aurais voulu l’être.

Mais Logan n’était pas du genre à parler de lui comme ça, étaler sa vie pour gagner du réconfort. Ce n’était réellement pas son but. En disant cela, le bel androgyne voulait juste montrer à London qu’elle pourrait tomber plus bas… Elle, elle était belle, intelligente et sûrement beaucoup mieux acceptée et intégrée dans cette ville.
Finalement, à force de marcher sans vraiment faire attention, les deux jeunes connaissances se retrouvèrent devant un bar. L’agressé ouvrit doucement la porte et fit passer sa main manucurée devant son corps frêle afin de faire comprendre à la belle qu’elle pouvait passer. La galanterie avant tout…

-Va-y.

« Pourquoi tu ne reviens pas alors ? Peut-être que ça s’arrangerait pour toi. »

Si seulement Logan pouvait le faire… Il en rêvait d’ailleurs. Pouvoir retourner en Angleterre - Londres- et revoir sa famille ainsi que l’homme qu’il aimait. Mais malgré tout, il hésitait. Il hésitait pour une simple et bonne raison : Ses études. Celles-ci étaient vraiment très importantes et primordiales s’il voulait faire ce qu’il aimait dans la vie, à savoir, le stylisme. Croyez-vous sincèrement que son style excentrique et fantaisiste lui soit venu comme ça ? Non. Pendant des années, le jeune garçon à prit le temps de dessiner ses vêtements, et il a également prit soin de les confectionner. A son actif, il n’avait pas grand-chose mais c’était déjà un excellent début. Il était fier.
Quoi qu’il en soit, Logan devait maintenant s’expliquer sans trop parler de lui non plus, puisqu’il détestait quand la conversation tournait autour de sa propre personne. Egoïste, il l’était, certes, mais pas à ce point. Surtout devant une inconnue aussi serviable qu’elle.

-Ca s’arrangerait certainement. Mais j’me suis inscrit ici parce que cette université me donnait la possibilité d’atteindre mes objectifs. Seulement… tout seul je n’y arrive pas. J’me rend compte que j’ai besoin du soutien de ma famille et de…

Heureusement, Logan n’eut pas besoin de continuer sa phrase : le bâtiment réchauffé était juste sous leurs yeux.
De qui ? Très simple : de son copain mais voyez-vous, le jeune Davies avait tellement l’habitude qu’on le « casse », qu’on le critique là-dessus, qu’on le rabaisse qu’il ne voulait même plus qu’on lui parle d’amour. C’était pourtant la chose la plus belle qui soit -quand c’est réciproque-, mais pour l’androgyne, ça n’a jamais été une partie de plaisir. En effet, longtemps et à plusieurs reprises, il aurait voulu répondre quelque chose du genre « Ce n’est pas parce que j’suis efféminé que j’suis gay ! » mais il ne pouvait pas tout simplement parce qu’en ce moment-même, et depuis un an déjà, il sortait avec un autre garçon.
Peu importe, la vie était mal faite mais Logan ne s’en plaignait pas… Son caractère était un atout, comme on avait pût le voir lors de son agression, mais il n’avait pas que ça. Ses amis étaient derrière lui et ça, c’était un élément important qui lui permettait d’avancer.

Au moment où les deux jeunes gens entrèrent dans le bar, Logan eut un moment de doute et de légère panique. Au fond, à une table isolée, discutaient deux garçons qui ressemblaient fortement à ses agresseurs. Heureusement, ce n’était qu’une très forte coïncidence… L’androgyne les aurait reconnu ; il n’y avait alors aucun danger pour le moment. Tranquillement et tenant toujours les pans de sa veste blanche -au niveau de son col-, le garçon suivit la jeune London jusqu’au comptoir. A vrai dire, les endroits comme ça ne le dérangeait absolument pas… sauf dans de telles situations. Honnêtement, qui ne se retournerait pas sur son passage ? Logan avait le pantalon plein de poussières, tout comme sa veste, et quelques traces de sang s’incrustaient même le long de sa mâchoire. Malgré cela, à peine eut-il le temps de soupirer que la miss lui demanda poliment ce qu’il voulait.

-Une vodka… et tu me laisses t’inviter n’est ce pas ?

A vrai dire, ce n’était pas vraiment une question. London avait été la seule personne à venir en aide au garçon, ce dernier lui devait donc bien cela. Il esquissa un léger sourire puis sortit déjà son portefeuille noir, qu’il déposa sur le comptoir en attendant que la serveuse lui donne l’addition. Ca marchait souvent comme ça ici…Les consommateurs avaient à peine le temps de toucher à leur verre que cette petite feuille blanche où reposait le prix leur était presque jetée au visage. Logan haïssait ces manières mais encore une fois, il ne pouvait pas changer le monde. Et encore moins les gens.
Finalement, une fois qu’il eut son verre en main -de même pour London-, il s’humidifia les lèvres.

-Tu fais quoi ici alors ? Enfin j’veux dire…comme études ou comme métier d’ailleurs…

Puisque tous les deux étaient ici, prêt à prendre un verre et partager un bon moment ensemble, pourquoi ne pas en profiter pour faire plus ample connaissance ? Ca éviterait les longs instants de fixation dans le blanc des yeux qui mettraient trop facilement Logan mal à l’aise.
Enfin, attendant la réponse de la jeune femme, le garçon sortit un mouchoir. Par chance, juste en face de lui, il y avait une espèce de petit miroir qui lui reflétait son piteux état. Un grimace étira ses lèvres alors qu’il se penchait par-dessus le comptoir pour mouiller son essuie-tout sous le robinet. Sans gêne le Davies mais on s’y ferait rapidement…

-J’dois vraiment faire peur à voir…

Murmura t-il en lançant un petit regard en coin -y ajoutant un sourire- à son interlocutrice. Un peu plus et il s’excusait mais au fond… ce n’était pas sa faute.