il y a deux choses que je sais à propos de Noah : c'est mon meilleur ami et lorsqu'il a une idée derrière la tête, il n'y pas la moindre chance pour que vous parveniez à lui faire renoncer. Voilà pourquoi lorsque j'ai entendu ce gros barjot frapper à ma porte comme un dégénéré, je n'ai même pas eu besoin de connaître les détails de son plan pour la soirée que je savais déjà que les choses allaient se barrer en sucette. Comment le savais-je ? Je fréquente ce mec depuis bien trop longtemps maintenant. Peut-être devrai-je d'ailleurs commencer à poser des limites quant à cette relation.

« Quelque soit le plan, oublie Clives. Je ne suis pas d'humeur. » Fut la seule réponse sortant de ma bouche une fois que j'eus ouvert la porte pour ensuite l'entendre me dire que ce soir, nous sortons. Je fronce les sourcils. Comment sait-il que ma fille n'est pas avec moi ce soir ? C'est clair, ce mec en sait réellement trop sur moi et ma vie de tous les jours. Oui bon, d'accord, j'ai juste que je garde les mêmes habitudes et que ce soir, Hannah est chez une copine à elle. Une pyjama party version 8-10 ans, autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas franchement inquiet. Revenez me parler d'inquiétude parentale lorsqu'elle aura quinze ans et là... Là oui je paniquerai. J'ai d'ailleurs pour plan (depuis sa naissance) de l'enfermer dans sa chambre une fois que la puberté aura pointé le bout de son nez. Hors de question de prendre des risques avec la prunelle de mes yeux.

Bref, revenons-en à nos moutons. Ou plutôt à notre Clives. « Je suis sérieux, je n'ai aucune envie de sortir. Je préfèrerai tout autant savourer un bon verre de vin en regardant un film. » Lui dis-je tout en sachant que cela ne fonctionnera pas. Je suis foutu et je le sais d'avance. Mais je n'ai vraiment pas envie de sortir, c'est bien ça le pire.

Vous savez quel est le problème quand vous êtes habitués à quelqu'un, tel que votre meilleur ami par exemple ? C'est que quoiqu'il dise ou quoi qu'il fasse, vous savez que si cela concerne une boîte de nuit, pardonnez-moi l'expression mais cette idée pue la merde. Je connais très bien Noah et bien que je sais qu'il va parvenir à m'entraîner dans cet endroit pourri qu'est le 30/30 (je ne connais même pas cet endroit bon dieu), j'espère intérieurement qu'il va vite abandonner l'idée.
Sauf que voilà, Noah Clives ne lâche jamais prise. Je le vis subitement aller dans ma chambre où je le suivis pour le découvrir en train de fouiller dans mes vêtements dans le but ultime de me trouver quelque chose à me mettre. « T'es tout de même pas sérieux là, si ? »

(…)

Comment expliquer tout ça...
Il est une heure et demie du matin, je suis au beau milieu d'un night club bourré à craquer de gens chauds comme la braise — surtout des femmes — et les quatre verres que je me suis enfilé depuis mon arrivée au club ne m'aide plus à y voir très clair. Bon d'accord, j'abuse. En fait, je vois beaucoup mieux qu'avant — du moins c'est ce que Clives m'a dit avant de partir roucouler avec une femme sur la piste de danse.

Il y a cette fille qui me regarde. Elle doit à peine avoir la trentaine. Et je peux vous jurer qu'elle me regarde avec une intensité qui en dit long sur ses intentions. Elle me veut. Mais est-ce que c'est réciproque ? Les gars, j'ai bientôt quarante ans. Qu'elle se trouve donc un mec de sa catégorie. Moi je suis entré dans celle des vieux croulants. D'ailleurs, ne devrais-je pas être au lit à une heure pareille ? « Bonsoir. » Merde, quand est-ce qu'elle s'est rapprochée de moi sans même que je l'ai remarqué ? « Moi c'est Olivia. » Joli prénom vous avouerez. Il n'y a d'ailleurs pas que le prénom qui est joli. « Nick, enchanté. » Et là, c'était le début de la fin.